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Différences entre les versions de « Frédéric-Auguste Schaaff »

De Commission Historique
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Le 11 décembre, le secrétaire général des hospices civils informe le Dr. Schaaff que son « opinion politique ne sembl[ait] pas fiable et qu’[il] dev[ait] en conséquence être démis de [s]es fonctions ». Le jour-même, Schaaff adresse un long courrier [voir annexe] à la ''Gauleitung'', afin d’invalider les graves allégations portées à son encontre et ainsi souligner l’engagement qui a été le sien en faveur de l’Allemagne au cours de sa vie. Faisant part de son incompréhension d’avoir « éveillé les soupçons » quant à son sentiment d’être pro-allemand (''deutsch gesinnt''), il détaille son parcours, notamment le fait d’avoir été élevé en Allemand (''deutsch erzogen'') et de n’avoir fréquenté que des écoles et des universités allemandes. Il évoque son activité pendant la Première Guerre mondiale, de son passage dans l’armée à ses fonctions hospitalières aux côtés de deux médecins juifs dont il précise qu’ils avaient été convertis et baptisés (''getauft''), à savoir Erich Meyer et Alfred Weil. Cette lettre peut assurément être perçue comme une déclaration d’allégeance, ou a peut-être été pensée telle par Schaaff pour pouvoir conserver son poste. Il explique s’être mis « immédiatement » à disposition des autorités allemandes en juillet 1940, avant de prendre la direction du service de radiologie des cliniques médicale et chirurgicale A. Il ajoute que « pendant les vingt-deux années de l’occupation française de l’Alsace [c’est-à-dire de 1918 à 1940] », il n’a jamais adhéré à la moindre organisation française ou francophile. Au contraire, « dans son cœur » (''in Fühlung''), il était « toujours avec le Reich allemand ». À la belle saison, il se rendait « presque tous les dimanches » dans le pays de Bade, où il se « sentait chez [lui] » (''heimisch fühlen'') et avait des amis. Cela lui aurait été « reproché » (''angefeindet'') par ses confrères qui lui disaient qu’il « louch[ait] en direction de l’autre côté du Rhin » (''nach den anderen Seite des Rheins schielen'')<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
Le 11 décembre, le secrétaire général des hospices civils informe le Dr. Schaaff que son « opinion politique ne sembl[ait] pas fiable et qu’[il] dev[ait] en conséquence être démis de [s]es fonctions ». Le jour-même, Schaaff adresse un long courrier [voir annexe] à la ''Gauleitung'', afin d’invalider les graves allégations portées à son encontre et ainsi souligner l’engagement qui a été le sien en faveur de l’Allemagne au cours de sa vie. Faisant part de son incompréhension d’avoir « éveillé les soupçons » quant à son sentiment d’être pro-allemand (''deutsch gesinnt''), il détaille son parcours, notamment le fait d’avoir été élevé en Allemand (''deutsch erzogen'') et de n’avoir fréquenté que des écoles et des universités allemandes. Il évoque son activité pendant la Première Guerre mondiale, de son passage dans l’armée à ses fonctions hospitalières aux côtés de deux médecins juifs dont il précise qu’ils avaient été convertis et baptisés (''getauft''), à savoir Erich Meyer et Alfred Weil. Cette lettre peut assurément être perçue comme une déclaration d’allégeance, ou a peut-être été pensée telle par Schaaff pour pouvoir conserver son poste. Il explique s’être mis « immédiatement » à disposition des autorités allemandes en juillet 1940, avant de prendre la direction du service de radiologie des cliniques médicale et chirurgicale A. Il ajoute que « pendant les vingt-deux années de l’occupation française de l’Alsace [c’est-à-dire de 1918 à 1940] », il n’a jamais adhéré à la moindre organisation française ou francophile. Au contraire, « dans son cœur » (''in Fühlung''), il était « toujours avec le Reich allemand ». À la belle saison, il se rendait « presque tous les dimanches » dans le pays de Bade, où il se « sentait chez [lui] » (''heimisch fühlen'') et avait des amis. Cela lui aurait été « reproché » (''angefeindet'') par ses confrères qui lui disaient qu’il « louch[ait] en direction de l’autre côté du Rhin » (''nach den anderen Seite des Rheins schielen'')<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.


Il estime même qu’il aurait certainement pu être arrêté par les Français en juin 1940 comme « défaitiste » et « suspect » si l’armistice n’avait pas été signé « si vite ». D’ailleurs, il se présente comme ayant été un homme qui « réprouvai[t] » sans ambages le Traité de Versailles et qui « haïssai[t] les Anglais, les Juifs et les Francs-Maçons ». Schaaff rappelle les noms de ses relations, à commencer par son frère ophtalmologiste, mais surtout son beau-frère qui n’est autre que l’oncle du Dr. Robert Ernst, le Generalreferent beim Chef des Zivilamts. En définitive, Schaaff écrit :
Il estime même qu’il aurait certainement pu être arrêté par les Français en juin 1940 comme « défaitiste » et « suspect » si l’armistice n’avait pas été signé « si vite ». D’ailleurs, il se présente comme ayant été un homme qui « réprouvai[t] » sans ambages le Traité de Versailles et qui « haïssai[t] les Anglais, les Juifs et les Francs-Maçons ». Schaaff rappelle les noms de ses relations, à commencer par son frère ophtalmologiste, mais surtout son beau-frère qui n’est autre que l’oncle du Dr. Robert Ernst, le ''Generalreferent beim Chef des Zivilamts''. En définitive, Schaaff écrit :


« Sur la base des déclarations qui précèdent, on comprend que je n’aie pas songé, en juin [1940], à m’enfuir vers la France, mais que j’ai voulue, au contraire, mettre mes toutes forces à disposition de l’Allemagne. En raison de mon éducation et de mon passé allemands, je voulais tout faire pour me familiariser rapidement à l’esprit du Troisième Reich, avec l’intention sincère de servir la Grande Allemagne comme un fidèle Volksgenosse.
« Sur la base des déclarations qui précèdent, on comprend que je n’aie pas songé, en juin [1940], à m’enfuir vers la France, mais que j’ai voulue, au contraire, mettre mes toutes forces à disposition de l’Allemagne. En raison de mon éducation et de mon passé allemands, je voulais tout faire pour me familiariser rapidement à l’esprit du Troisième Reich, avec l’intention sincère de servir la Grande Allemagne comme un fidèle ''Volksgenosse''.


Étant donné que je ne sois conscient d’avoir dit ou fait quelque chose qui aurait pu faire croire que je ne suis pas fiable politiquement, je vous prie de me dire de quoi l’on me soupçonne, afin que je puisse me corriger.
Étant donné que je ne sois conscient d’avoir dit ou fait quelque chose qui aurait pu faire croire que je ne suis pas fiable politiquement, je vous prie de me dire de quoi l’on me soupçonne, afin que je puisse me corriger.
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Je vous prie d’examiner ma requête avec bienveillance, afin que la justice triomphe.
Je vous prie d’examiner ma requête avec bienveillance, afin que la justice triomphe.


Heil Hitler! »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
''Heil Hitler!'' »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.


À la suite de cette lettre dactylographiée, le Dr. Schaaff ajoute, de manière manuscrite, les noms, prénoms et fonctions de certains « citoyens » (Bürger) pouvant attester, comme témoins, de la véracité de ses dires et surtout de sa conduite non francophile dans l’entre-deux-guerres : on retrouve le Dr. Josef Barthelmé, le Dr. Josef Oster, un médecin SS, le Dr. Froehlig, le Dr. Trensz et Maria Spack, l’une de ses assistantes de radiologie<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Cette dernière prend d’ailleurs la défense du Dr. Schaaff dans une longue lettre adressée au Dr. Benmann du Sipo-SD, afin de « rétablir la vérité »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Finalement, dès le 14 décembre 1940, grâce aux nouveaux renseignements rassemblés et grâce à un nouvel examen du dossier, le Kreispersonalamtsleiter de Strasbourg ordonne « l’annulation de la décision de licenciement du Dr. Schaaff de l’hôpital civil de Strasbourg »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. En conséquence, le 2 janvier 1941, l’administration nationale-socialiste entérine le retour en fonctions du Dr. Schaaff à l’hôpital civil de Strasbourg<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
À la suite de cette lettre dactylographiée, le Dr. Schaaff ajoute, de manière manuscrite, les noms, prénoms et fonctions de certains « citoyens » (''Bürger'') pouvant attester, comme témoins, de la véracité de ses dires et surtout de sa conduite non francophile dans l’entre-deux-guerres : on retrouve le Dr. Josef Barthelmé, le Dr. Josef Oster, un médecin SS, le Dr. Froehlig, le Dr. Trensz et Maria Spack, l’une de ses assistantes de radiologie<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Cette dernière prend d’ailleurs la défense du Dr. Schaaff dans une longue lettre adressée au Dr. Benmann du ''Sipo-SD'', afin de « rétablir la vérité »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Finalement, dès le 14 décembre 1940, grâce aux nouveaux renseignements rassemblés et grâce à un nouvel examen du dossier, le Kreispersonalamtsleiter de Strasbourg ordonne « l’annulation de la décision de licenciement du Dr. Schaaff de l’hôpital civil de Strasbourg »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. En conséquence, le 2 janvier 1941, l’administration nationale-socialiste entérine le retour en fonctions du Dr. Schaaff à l’hôpital civil de Strasbourg<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.


===Le recrutement à la Reichsuniversität Strassburg===
===Le recrutement à la Reichsuniversität Strassburg===
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====L’évaluation politique en vue de l’entrée à la Reichsuniversität Strassburg====
====L’évaluation politique en vue de l’entrée à la Reichsuniversität Strassburg====


Alors qu’il avait été remplacé par son confrère le Dr. Joseph Ohlmann (1892-1942) durant la période de son renvoi en décembre 1940<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>, Frédéric-Auguste Schaaff reprend son poste à la Médicale A dès le début du mois de janvier 1941 et poursuit ses activités durant l’année de transition à la création de la Reichsuniversität Strassburg. En réalité, dès l’été 1940, les préparatifs étaient engagés, mais à partir du 1er avril 1941, les événements s’accélèrent, avec l'incorporation de tous les établissements de santé de l’hôpital civil dans un ensemble formant les « établissements hospitalo-universitaires » (klinische Universitätsanstalten) de Strasbourg, marquant la future création de l’université sept mois plus tard. À nouveau, Schaaff fait l’objet d’une enquête approfondie en vue de son intégration dans le corps médical de la future université nazie. Dès le 9 août 1941, le doyen fondateur de la faculté de médecine de l’université nazie de Strasbourg, Johannes Stein, sollicite les autorités nazies de réaliser l’enquête de terrain pour vérifier si Frédéric-Auguste Schaaff est apte à être « employé comme chef de service (Chefarzt) du service de radiologie de la clinique médicale A et de la clinique chirurgicale A ». Très rapidement, le 1er septembre 1941, le Dr. Benmann du SD adresse un rapport préliminaire :
Alors qu’il avait été remplacé par son confrère le Dr. Joseph Ohlmann (1892-1942) durant la période de son renvoi en décembre 1940<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>, Frédéric-Auguste Schaaff reprend son poste à la Médicale A dès le début du mois de janvier 1941 et poursuit ses activités durant l’année de transition à la création de la ''Reichsuniversität Strassburg''. En réalité, dès l’été 1940, les préparatifs étaient engagés, mais à partir du 1er avril 1941, les événements s’accélèrent, avec l'incorporation de tous les établissements de santé de l’hôpital civil dans un ensemble formant les « établissements hospitalo-universitaires » (''klinische Universitätsanstalten'') de Strasbourg, marquant la future création de l’université sept mois plus tard. À nouveau, Schaaff fait l’objet d’une enquête approfondie en vue de son intégration dans le corps médical de la future université nazie. Dès le 9 août 1941, le doyen fondateur de la faculté de médecine de l’université nazie de Strasbourg, Johannes Stein, sollicite les autorités nazies de réaliser l’enquête de terrain pour vérifier si Frédéric-Auguste Schaaff est apte à être « employé comme chef de service (''Chefarzt'') du service de radiologie de la clinique médicale A et de la clinique chirurgicale A ». Très rapidement, le 1er septembre 1941, le Dr. Benmann du ''SD'' adresse un rapport préliminaire :


« Le Dr. Schaaff n’a pas un caractère particulièrement marqué (kein ausgesprochener Charakter). Après la Première Guerre mondiale, il a cherché pendant un certain temps des relations françaises, mais s’est ensuite finalement résolu à se reconnaître dans la germanité. D’un point de vue politique, il est aujourd’hui irréprochable et bon d’un point de vue professionnel »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
« Le Dr. Schaaff n’a pas un caractère particulièrement marqué (''kein ausgesprochener Charakter''). Après la Première Guerre mondiale, il a cherché pendant un certain temps des relations françaises, mais s’est ensuite finalement résolu à se reconnaître dans la germanité. D’un point de vue politique, il est aujourd’hui irréprochable et bon d’un point de vue professionnel »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.


Le 18 septembre, les fonctionnaires nazis du bureau de l’antenne locale du parti nazi (Kreisleitung) transmettent un rapport à la Gauleitung qui avalise le maintien en poste de Schaaff Buck dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Signé par le Kreisleiter et le Kreispersonalamtsleiter, ce rapport précise les points suivants :
Le 18 septembre, les fonctionnaires nazis du bureau de l’antenne locale du parti nazi (''Kreisleitung'') transmettent un rapport à la ''Gauleitung'' qui avalise le maintien en poste de Schaaff Buck dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Signé par le ''Kreisleiter'' et le ''Kreispersonalamtsleiter'', ce rapport précise les points suivants :






À la fin du mois, le lieutenant-colonel SS Paul Hirschberg (1901-1999) – un Alsacien devenu compagnon de route d’Adolf Hitler dans les années 1920 et occupant dès 1940 le poste de chef du Einsatzkommando III/1 du Sipo-SD à Strasbourg –, transmet à son tour son rapport :
À la fin du mois, le lieutenant-colonel SS Paul Hirschberg (1901-1999) – un Alsacien devenu compagnon de route d’Adolf Hitler dans les années 1920 et occupant dès 1940 le poste de chef du ''Einsatzkommando III/1'' du ''Sipo-SD'' à Strasbourg –, transmet à son tour son rapport :


« Schaaff a été appréhendé à la suite d’une action anti-francophile. Le 28 janvier 1941, après avoir reçu un avertissement (Verwarnung) du Sipo-SD, il a signé la déclaration de fidélité (Treueerklärung) qu’on lui a présentée. Les enquêtes qui ont été à nouveau réalisées ont cependant montré que Schaaff n’était nullement apparu comme francophile par le passé. Il n’avait certes pas une attitude complètement germanophile, mais il s’est toujours beaucoup intéressé (beschäftigt) à l’Allemagne et a souvent passé ses vacances en Allemagne. Sur le plan du caractère, Schaaff est absolument irréprochable. Il n’y a aucune réserve quant à l’emploi prévu pour lui »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
« Schaaff a été appréhendé à la suite d’une action anti-francophile. Le 28 janvier 1941, après avoir reçu un avertissement (Verwarnung) du Sipo-SD, il a signé la déclaration de fidélité (Treueerklärung) qu’on lui a présentée. Les enquêtes qui ont été à nouveau réalisées ont cependant montré que Schaaff n’était nullement apparu comme francophile par le passé. Il n’avait certes pas une attitude complètement germanophile, mais il s’est toujours beaucoup intéressé (beschäftigt) à l’Allemagne et a souvent passé ses vacances en Allemagne. Sur le plan du caractère, Schaaff est absolument irréprochable. Il n’y a aucune réserve quant à l’emploi prévu pour lui »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.

Version du 7 avril 2022 à 14:38


Frédéric-Auguste Schaaff
Prénom Frédéric-Auguste
Nom Schaaff
Sexe masculin
Naissance 8 mars 1884 (Strasbourg (Alsace))
Décès 8 décembre 1952 (Kilchberg (Suisse))
Profession du père Libraire (Buchhändler)

Autorisation d'exercer la médecine 1914
Profession Médecin, Radiologiste

Identités Schaaff Friedrich-August
Spécialités Radiologie


Frédéric-Auguste Schaaff (1884-1952) est un médecin et radiologiste alsacien qui a travaillé et dirigé le service de radiologie de la clinique médicale A de Strasbourg pendant près de quarante ans, à la fois sous l’ère impériale durant la Première Guerre mondiale, mais aussi durant la période française d’entre-deux-guerres, durant la période d’annexion nazie et finalement après la Seconde Guerre mondiale.

Fils d’un libraire strasbourgeois français d’origine, il est né au cœur d’une Alsace devenue allemande à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1903 au Gymnase protestant Jean-Sturm de Strasbourg, il débute un cursus supérieur à la Technische Hochschule de Berlin-Charlottenburg pour devenir ingénieur du génie civil (1903-1909), avant de s’engager dans un cursus de médecine. Il commence sa formation médicale l’université de Munich en Bavière (1909-1910), puis retourne en Alsace, où il s’inscrit à la Kaiser-Wilhelms-Universität de Strasbourg pour terminer ses études (1911-1914).

Après avoir été libéré du service armé par le médecin de la garnison de Strasbourg, Schaaff est affecté, le 1er novembre 1914, à la clinique médicale universitaire – la future Médicale A – auprès du professeur Erich Meyer. Il débute sa carrière médicale en qualité d’Hilfsassistent, puis de troisième et de premier assistant. Le 15 novembre 1918, il est nommé chef du service de radiologie de la Médicale A – en remplacement d’Alfred Weil – et conserve ce poste à responsabilités à l’université française de Strasbourg durant toute la période d’entre-deux-guerres.

En 1925, Schaaff devient fonctionnaire de droit local et poursuit sa carrière à la Médicale A, refusant l’usage du français dans son service et privilégiant le dialecte alsacien. Profondément germanophile, il se rend fréquemment outre-Rhin et reste très attaché à l’Allemagne, sa patrie de cœur, « qui l’avait formé intellectuellement et professionnellement »[1]. En septembre 1939, Schaaff est évacué vers Clermont-Ferrand, puis Périgueux, mais parvient à retourner en Alsace en janvier 1940. Il gagne alors le Hohwald, un petit village de montagne du centre-Alsace, où s’était réfugiée une partie de l’hôpital civil strasbourgeois et assure la direction du service de radiologie jusqu’à l’arrivée des troupes allemandes.

Avec l’annexion de fait de l’Alsace au territoire du IIIe Reich, le Dr. Frédéric-Auguste Schaaff se met immédiatement à la disposition des autorités nationales-socialistes pour participer à la remise en fonction de l’hôpital civil de Strasbourg. Dès la mi-août 1940, il transfère son service de radiologie du Hohwald vers Strasbourg. Pressenti pour intégrer la future université allemande que les nazis entendent créer à Strasbourg, Schaaff poursuit sa carrière médicale et fait l’objet de multiples évaluations politiques par les services du parti au sujet de son aptitude à servir la future institution universitaire nazie. Malgré plusieurs péripéties, il est maintenu en poste comme radiologiste de la Medizinische Abteilung II (Médicale A) de la Reichsuniversität Strassburg de novembre 1941 à 1944, s’illustrant notamment dans la résistance médicale.

Après la Libération, Frédéric-Auguste Schaaff parvient à échapper aux mesures d’épuration du corps médical et continue d’exercer à la tête du service de radiologie de la Médicale A. Radiologiste expérimenté, il est délégué dans les fonctions d’agrégé pour enseigner la radiologie aux étudiants strasbourgeois dès 1945. Maintenu en fonctions même après avoir atteint la limite d’âge, le Dr. Schaaff fait valoir ses droits à la retraite fin septembre 1951, puis se retire en Suisse pour des raisons de santé. Il s’éteint le 8 décembre 1952 à l’âge de soixante-huit ans.

Frédéric-Auguste Schaaff est le frère cadet du Dr. Ernest Schaaff, ophtalmologiste de la Reichsuniversität Strassburg.

Biographie

Les premières vies

Issu d’une famille alsacienne modeste de confession protestante installée à Strasbourg depuis plusieurs générations, Frédéric-Auguste Schaaff grandit au cœur d’une Alsace devenue allemande après la défaite française de 1871. Après l’obtention du baccalauréat, il part étudier l’ingénierie civile à la Technische Hochschule de Berlin-Charlottenburg, puis se réoriente vers la médecine, étudiant d’abord à l’université de Munich, puis à l’université impériale de Strasbourg. À peine devenu médecin, Schaaff se retrouve enrôlé dans l’armée allemande pour une courte période au début de la Première Guerre mondiale.

La famille Schaaff et l’enfance

Frédéric-Auguste Schaaff est né le 8 mars 1884 à Strasbourg[2]. Quelques mois plus tard, le 15 juin, il est baptisé dans la foi protestante par le pasteur Jung à l’église Saint-Pierre de Strasbourg[3]. Lui-même fils d’un jardinier d’art alsacien (Kunstgärtner), son père, Frédéric-Charles (Friedrich-Karl), est né le 21 août 1850 à Strasbourg, sous le régime de la Deuxième République[3]. Alsacien de nationalité française, il est devenu libraire (Buchhändler) à Strasbourg, restant dans sa terre natale après l’annexion allemande de l’Alsace en 1871. Le 8 juillet 1876, Frédéric-Charles Schaaff épouse la fille d’un commerçant strasbourgeois[3], Mathilde Ammel, née le 11 août 1854 à Strasbourg[3].

Le couple s’installe ensuite au 7, rue de la Nuée Bleue (Blauwolkengasse 7) dans le centre-ville de Strasbourg, au cœur d’une Alsace désormais allemande. Frédéric-Charles et Mathilde Schaaff donnent ensuite naissance à deux enfants, Ernest en 1877 (devenu ophtalmologiste)[3] et Frédéric-Auguste en 1884[3]. Élevés au sein d’un foyer protestant, tous deux fréquentent tous deux le Gymnase Jean-Sturm (protestantisches Gymnasium) à Strasbourg[3]. Frédéric-Auguste Schaaff y accomplit l’intégralité de son cursus scolaire. En 1903, il termine sa scolarité en réussissant l’examen du baccalauréat allemand (Abiturienten-Examen)[3].

Les études supérieures : d’ingénieur à médecin

Après avoir obtenu son baccalauréat en 1903, Frédéric-Auguste Schaaff s’oriente tout d’abord vers un métier de l’ingénierie civile. Entre 1903 et 1909, il fréquente la Technische Hochschule de Berlin-Charlottenburg pour obtenir une qualification d’ingénieur civil (Bau-Ingenieur). Passionné de musique, il s’inscrit aussi au conservatoire (Musikhochschule), où il apprend à jouer de la harpe. Une fois diplômé de l’école technique supérieure de Berlin, il quitte la capitale du Reich et se réoriente vers la médecine. Il s’immatricule dans un premier temps à l’université de Munich en Bavière (1909-1910), puis s’inscrit à la Kaiser-Wilhelms-Universität, l’université impériale de Strasbourg, qui compte à ce moment-là près de 2000 étudiants[3].

Retournant au domicile familial au Brandgasse 5 (l’actuelle rue Brûlée) au centre-ville de Strasbourg, Frédéric-Auguste Schaaff suit les cours durant sept semestres, précisément entre le semestre d’été 1911 et le semestre d’été 1914[3]. Le 2 août 1914, il obtient son examen médical d’État (medizinisches Staatsexamen), concluant le cursus universitaire de médecine et permettant, à l’issue d’une année de pratique en clinique, d’exercer seul la médecine et de s’établir comme médecin[3]. Il soutient également sa thèse de doctorat la même année, mais jusqu’à présent, il n’a pas été possible de déterminer le sujet de son travail ni la date de sa soutenance[3].

Le lendemain, le 3 août, Frédéric-Auguste Schaaff est enrôlé dans l’armée allemande. Entrant comme « réserviste à disposition non formé » (unausgebildeter Ersatz-Reservist), c’est-à-dire comme membre de la réserve n’ayant pas fait son service militaire ni ses classes, il est affecté auprès du médecin de la garnison de Strasbourg (Garnisonarzt). Celui-ci l’a très rapidement renvoyé, lui accordant une dispense du service armé (unabkömmlich) et l’affectant aussitôt à la clinique médicale universitaire de Strasbourg. Même s’il n’a jamais combattu, Schaaff a néanmoins reçu le Verdienstkreuz für Kriegshilfe au début du mois de novembre 1918, c’est-à-dire la Croix du mérite pour services de guerre, probablement pour les services médicaux qu’il a rendus à l’hôpital qui accueillait alors beaucoup de soldats allemands blessés[3].


La carrière à la Kaiser-Wilhelm-Universität et à l’université française de Strasbourg

En novembre 1914, Frédéric-Auguste Schaaff débute sa carrière médicale au sein de la clinique médicale universitaire de la Kaiser-Wilhelms-Universität en qualité d’assistant de radiologie. Quatre ans plus tard, il est nommé chef du service de radiologie de la clinique par les Allemands, et les Français le maintiennent en poste après la Première Guerre mondiale au sein de la nouvelle université française.

Radiologiste à la Medizinische Klinik

En étant détaché du service armé par le médecin de la garnison de Strasbourg, Frédéric-Auguste Schaaff, alors âgé de trente ans, obtient l’opportunité d’échapper à la guerre et de se consacrer à la pratique de la médecine à l’université impériale de Strasbourg. Dès le 1er novembre 1914, il débute sa carrière médicale auprès du professeur Erich Meyer à la clinique médicale universitaire en qualité d’Hilfsassistent. Il conserve ce poste au moins jusqu’au semestre d’hiver 1915-1916[3]. Plus précisément, Frédéric-Auguste Schaaff avait pris ses fonctions au service de radiologie, car depuis 1901, la clinique médicale allemande – devenant plus tard la clinique médicale A – possédait sa propre salle de radiologie[3].

Selon les propres indications qu’il dévoile dans un curriculum vitae destiné à l’administration nazie, le Dr. Schaaff précise son évolution de carrière au cours de la guerre. Quand bien même il déclare avoir débuté sa carrière médicale comme « troisième médecin-assistant » (IIIter Assistenzarzt) en 1914[3], tout porte à croire qu’il n’ait été nommé dans cette fonction qu’après 1916[3]. Il aurait néanmoins conservé cette fonction jusqu’au 31 juillet 1918, avant d’être promu « premier médecin-assistant » (Iter Assistenzarzt) au 1er août 1918[3].

Finalement, seulement trois mois et demi plus tard, le 15 novembre 1918, Frédéric-Auguste Schaaff remet sa charge de premier assistant pour remplacer le Dr. Alfred Weil et ainsi devenir chef du service de radiologie de la clinique médicale (Chefarzt der Röntgenabteilung der Medizinischen Klinik) à l’âge de trente-quatre ans[3]. Malgré les changements géopolitiques de l’année 1918-1919, Schaaff bénéficie d’un traitement relativement exceptionnel, puisqu’il parvient à conserver ce poste durant toute la période de l’entre-deux-guerres, étant même promu et distingué par les autorités françaises.

La carrière française : chef du service de radiologie de la Médicale A

Avec le retour de l’Alsace à la France à l’issue de la Première Guerre mondiale, les autorités françaises rouvrent l’université de Strasbourg. Dès le 1er novembre 1919, Frédéric-Auguste Schaaff est nommé radiologiste à la clinique médicale A, tandis que son confrère le Dr. Joseph Ohlmann (1892-1942) est nommé dans la même fonction à la clinique médicale B, avec un traitement de 6000 francs[3]. En fait, durant la période française, les grandes cliniques universitaires possédaient toutes leur service de radiologie : outre le service central de radiologie d’Auguste Gunsett (1876-1970), on compte le Dr. Frédéric-Auguste Schaaff à la Médicale A, le Dr. Joseph Ohlmann en Médicale B et le Dr. Robert Welsch (1892-1964) en Chirurgie B[3].

Au départ, de 1919 à 1925 perçoit un traitement de 6000 francs[3], avant d’être titularisé et fonctionnarisé en 1925 dans la catégorie des « préparateurs » du personnel scientifique de la faculté de médecine de l’université de Strasbourg[3]. Son traitement est ensuite doublé à partir de 1926 et Frédéric-Auguste Schaaff évolue très rapidement dans son parcours de carrière durant l’entre-deux-guerres, intégrant en janvier 1933 la « 1e classe » et percevant alors un traitement de 33000 francs . La période française marque sans aucun doute pour Schaaff la période de la reconnaissance de son travail de radiologiste.

Dans la période de préparatifs à l’établissement de l’université française, entre 1918 et 1919, c’est l’Alsacien Léon Blum, Privat-Dozent et chef du laboratoire de la Medizinische Klinik depuis 1906, qui est chargé de l’intérim de la clinique médicale. Georges Weiss, le futur doyen, choisit finalement Louis Bard (1857-1930), venu de Genève, qui prend ses fonctions à la tête de la clinique médicale A le 1er septembre 1921, tandis qu’il confie à Blum la seconde clinique médicale allemande (non universitaire) qui devient alors la clinique médicale B[3]. Durant la courte période où le professeur Louis Bard est présent à Strasbourg, jusqu’en novembre 1923, il s’entoure d’une équipe composée de deux chargés de cours (Paul Blum et Alfred Hanns), d’un médecin de polyclinique (Félix Humbert), d’un chef de clinique (Lux), d’un radiologiste (Schaaff), de six assistants ou internes (Masson, Weiss, Froehlich, Salmon, Zehnter et Cahn), de quatorze sœurs, d’une infirmière diplômée, d’une infirmière de polyclinique, de neuf infirmiers, auxquels s’ajoutent également un surveillant général, une couturière, une cuisinière, seize servantes et un concierge[3].

Avec le départ du professeur Louis Bard pour Lyon en 1923, c’est le professeur Prosper Merklen (1877-1939), né en Alsace et qui avait fait ses études à la faculté de Paris, qui prend la direction de la Médicale A[3]. Le Dr. Schaaff fait toujours partie de son équipe, au service de radiologie, travaillant aux côtés d’Alfred Hanns (agrégé), de Bicart, de Gounelle et de Robert Waitz (chefs de clinique et chefs de clinique adjoints), de Wolf (polyclinique), de Foncin (service des contagieux) ou encore du Dr. Paul Blum (chargé de cours), qui assume aussi la direction du service d’hydrologie et de climatologie installés dans les bâtiments de la clinique[3]. Frédéric-Auguste Schaaff conserve ainsi son poste de radiologiste à la clinique médicale A durant toute la période de l’entre-deux-guerres, tout comme son confrère Joseph Ohlmann à la Médicale B[3].

Un médecin ouvertement germanophile ?

Quand bien même le Dr. Schaaff poursuit sa carrière médicale à l’université française en devenant même agent de la fonction publique française, on constate qu’il ne nourrit pas de sentiments francophiles. Par exemple, même s’il est nommé « officier d’académie » (l’ancien nom du grade de chevalier de l’ordres des Palmes académiques), en même temps que son confrère radiologiste Joseph Ohlmann (1892-1942), lors de la promotion du 14 juillet 1937[3], il minimise l’attribution de cette distinction a posteriori. En effet, dans son dossier de recrutement à l’hôpital allemand de Strasbourg qu’il établit en novembre 1940, il fait savoir aux autorités allemandes qu’il est récipiendaire de cette médaille, mais il relativise en prétextant qu’il s’agit « d’une distinction qui est décernée sur proposition des autorités supérieures après plusieurs années d’expérience dans la fonction publique », jugeant utile de préciser qu’il ne l’a « jamais portée » (nie getragen)[3].

S’agissant de son attitude et de ses orientations politiques et nationales, le témoignage livré par l’une de ses assistantes de radiologie, Maria Spack, est ici très riche d’enseignements. Lorsque Schaaff a été soupçonné par les autorités nationales-socialistes, fin 1940, d’avoir eu par le passé une attitude anti-allemande (cf. infra), celle-ci estime qu’il était de son « devoir » de rétablir et de faire « triomphe[r] la vérité » en lavant la réputation de son ancien supérieur. Dans le long courrier qu’elle adresse au Dr. Ludwig Benmann du Sipo-SD, elle évoque sa rencontre avec Schaaff lorsqu’elle a pris son poste en radiologie en février 1921. Elle s’était d’abord enquise auprès de son prédécesseur de savoir quelles étaient les « convictions politiques » de son nouveau chef, précisant qu’elle n’aurait « jamais pu travailler […] avec une "Tête de Français" (Franzosenkopf) ». Dans ce document très orienté, le Dr. Schaaff est dépeint comme un homme totalement acquis à l’Allemagne, qui évoquait souvent ses « collaborations avec les collègues allemands » et insistait toujours sur les « meilleurs aspects » (das Schöne und Gute betonen), mais qui refusait aussi catégoriquement l’emploi du français dans le service et privilégiant l’usage du dialecte, y compris avec les patients. Maria Spack se souvient avoir entendu, au détour de conversations d’ordre politique, que « ses sympathies étaient tournées vers l’Allemagne », préconisant par exemple la coopération entre la France et l’Allemagne, le retour des colonies et l’effacement des dettes de guerres de l’Allemagne, ce qui lui aurait valu la réflexion suivante : « "vous êtes un autonomiste !" »[3].

Durant l’entre-deux-guerres, le Dr. Schaaff ne s’implique pas personnellement en politique, il ne devient membre d’aucun parti politique[3]. En sa qualité de médecin radiologiste, il adhère uniquement au syndicat des médecins de Strasbourg, ainsi qu’à la société de radiologie d’Alsace-Moselle. Très investi dans son métier, il reste célibataire et se passionne d’automobiles, devenant membre de l’Automobile club d’Alsace-Lorraine, qui compte une centaine de membres au sortir de la Première Guerre mondiale[3]. Très fréquemment, « presque tous les dimanches à la belle saison », Frédéric-Auguste Schaaff se plaisait à partir outre-Rhin avec sa voiture pour rendre visite à ses amis ou pour profiter des paysages du pays de Bade[3].

Sa germanophilie et ses sentiments anti-français sont encore plus manifestes durant l’année de guerre. Au début du mois de septembre 1939, dans le contexte d’embrasement de l’Europe, le Dr. Schaaff fait partie des médecins qui sont évacués avec l’université et l’hôpital civil de Strasbourg – et d’une partie de la population civile – hors de l’Alsace[3]. Il se rend d’abord à Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, puis à Périgueux en Dordogne pour une très courte période. Dès le mois de janvier 1940, il rentre en Alsace et assure la direction du service de radiologie de la clinique médicale rapatriée au Hohwald, un petit village de montagne situé dans le centre de l’Alsace[3]. Il passe les six derniers mois de la guerre au Hohwald avec une partie de son équipe[3].

Au sujet de ces événements de l’année 1940, Maria Spack écrit :

« J’ai encore pu constater clairement ses sympathies pour l’Allemagne au cours de l’année précédente, lorsque nous travaillions à l’Hôpital au Hohwald. En effet, alors que tant et tant d’histoires effrayantes [sur les Allemands] avaient cours, à tel point que cela m’a presque fait douter, c’est lui qui m’a répété à de nombreuses reprises : "Ne croyez donc pas cela des Allemands !". Il était le premier à m’avoir dit : "vous allez voir, nous redeviendrons allemands". Et nous nous réjouissions de cette nouvelle vie et du futur ordre dans le pays. Nous ne devions cependant pas dire cela tout haut, car nous aurions été à coup sûr soupçonnés. Un jour, j’ai même pu entendre que le Dr. Schaaff allait être arrêté comme "défaitiste" [en français dans le texte] »[3].

Selon Maria Spack, Schaaff avait également installé un appareil radiophonique au mess des médecins de l’hôpital (Ärzte-Casino), écoutant notamment la radio allemande, ce qui lui aurait valu de nombreuses critiques de la part de ses collègues. Il se serait également attiré des reproches de ses confrères après avoir accroché une carte physique de l’Europe sur l’un des murs du mess, et qu’« il marquait tous les jours l’avancée des Allemands avec des flèches rouges, de même que sur les cartes qui paraissaient dans le journal »[3]. Avec l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, les événements se précipitent, l’Alsace se retrouve rapidement annexée au territoire du Reich allemand et Frédéric-Auguste Schaaff se met aussitôt à la disposition des autorités allemandes.


Chef du service de radiologie de la Médicale A en Alsace annexée

Dès l’annexion de l’Alsace à l’Allemagne nazie, Frédéric-Auguste Schaaff est réinvesti dans ses fonctions de radiologiste. Il fait partie des tout premiers médecins alsaciens recrutés lors de la réouverture de l’hôpital civil de Strasbourg à la mi-août 1940, assurant ensuite la direction du service de radiologie de la clinique médicale A. À plusieurs reprises, il fait l’objet d’enquêtes par les services du parti nazi au sujet de son aptitude et de sa fiabilité politiques et idéologiques à intégrer l’institution hospitalo-universitaire nazie. Il poursuit sa carrière à la Reichsuniversität Strassburg de sa création en novembre 1941 jusqu’à son évacuation en 1944, affichant sur le papier un ralliement au nazisme qu’il n’a cependant jamais concrétisé dans les faits, puisqu’il a multiplié au contraire les actes de résistance médicale.

La reprise des fonctions à l’hôpital civil allemand de Strasbourg

La réhabilitation par les Allemands

Dès les premiers jours de l’annexion de l’Alsace au Reich, le Frédéric-Auguste Schaaff se met à disposition des Allemands, devenant selon son assistante Maria Spack, « celui qui a le plus œuvré, pour que l’hôpital soit réinstallé à Strasbourg le plus vite possible »[3]. Il est en effet très rapidement réinvesti dans ses fonctions de radiologistes, ce qui fait de lui l’un des tout premiers médecins alsaciens à réintégrer l’hôpital civil devenu allemand dès le 12-13 août 1940. En fait, en raison de l’évacuation de l’université et de l’hôpital civil de Strasbourg en septembre 1939 vers Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme et Clairvivre en Dordogne[3], les autorités nationales-socialistes avaient rapidement constaté qu’il y avait un besoin « urgent » (dringend) en personnel médical en Alsace. Il s’agissait en effet de remettre en fonction, le plus rapidement possible, l’hôpital civil pour assurer les soins de la population civile[3]. Le Dr. Schaaff compte ainsi parmi les médecins recrutés au cours de la première vague de recrutement, dès le mois d’août 1940, alors que l’hôpital civil réinvesti une partie de ses anciens bâtiments. En fait, la nomination des médecins alsaciens dans la nouvelle institution hospitalière allemande n’était en réalité que « provisoire » (kommissarisch)[3] et constituait le résultat d’une première sélection d’ordre politique, dans l’attente d’un examen politique approfondi du postulant[3].

Selon une liste officielle du personnel médical de l’hôpital civil de Strasbourg établie le 15 août 1940 par son directeur général, le Dr. Josef Oster, et transmise aux services de la nouvelle administration nazie en Alsace (Gauleitung), Schaaff fait partie des vingt-quatre praticiens hospitaliers en place dès la réouverture de l’hôpital. À ce moment-là, le service de radiologie (Röntgenabteilung) du Dr. Schaaff, qui prend place dans les locaux de la clinique chirurgicale A, sert à la fois aux cliniques médicale et chirurgicale[3]. Dans les mois qui suivent, l’hôpital se développe considérablement et parvient à attirer plus de médecins[3]. Ainsi, avant la fin de l’année, on compte un doublement du personnel en trois mois, portant l’effectif total à soixante-quatre médecins (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié est attachée dans les cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%)[3].

Par ailleurs, dans le contexte de réorganisation des hospices civils et de spécialisation des services, la direction générale de l’hôpital a très vite envisagé et décidé la division de la clinique médicale originelle en deux cliniques différenciées. Dès le 10 octobre 1940, le directeur général des hospices civils écrit que « la clinique médicale sera divisée, car dans son état actuel, elle est devenue trop grande. Monsieur le Dr. [Jules] Stahl assurera la direction par intérim de l’Abteilung située au rez-de-chaussée et Monsieur le Dr. Paul Meyer assurera la direction par intérim de l’Abteilung située au premier étage »[3]. C’est précisément le 20 novembre 1940 que la clinique médicale A se sépare de la clinique existante, qui devient la Médicale B. Le Dr. Frédéric-Auguste Schaaff est alors rattaché auprès du médecin alsacien Paul Meyer (1896-1971) à la Médicale A, dont il devient le radiologue (Röntgenarzt) en titre[3]. À ce moment-là, dix-neuf cliniques, instituts et centres spécialisés sont créés et le Dr. Frédéric-Auguste Schaaff travaille aux côtés des Dr. Charles Maurer (1910-1975), René Piffert (1911-1991), Théodore Uhl (1914-2000), Paul Matthis (1913-1993), Edgar Risser et de l’Allemand Josef Babillotte (1911-?)[3].

Pressenti pour intégrer la future université nazie de Strasbourg

Dès l’été 1940, les nazis engagent déjà des préparatifs en vue d’instituer une université allemande à Strasbourg, devant supplanter l’université française réfugiée à Clermont-Ferrand[3]. Le recrutement du Dr. Schaaff est donc également le fruit d’une réflexion engagée sur le temps long par de nombreux acteurs chargés par le régime de préparer la création de la nouvelle université allemande de Strasbourg. Le 29 juin – seulement dix jours après l’entrée des troupes allemandes à Strasbourg –, Robert Ernst, le futur Generalreferent et Oberstadtkommissar de la ville de Strasbourg et fondateur du Elsässischer Hilfsdienst (EHD), demande qu’une une première liste soit établie avec les noms d’enseignants et de chefs de clinique de l’université française susceptibles d’être réemployés dans la future université allemande. Quelques jours plus tard, le 2 juillet 1940, le ministre l’Éducation et de la Culture de Bade, Paul Schmitthenner (1884-1972), charge l’Alsacien Ernst Anrich, doyen fondateur de la faculté de philosophie et cheville ouvrière de la création de la Reichsuniversität Strassburg, d’engager les préparatifs de la création de cette université du Reich en Alsace annexée[3].

Après plusieurs mois de préparations, à la mi-octobre 1940, Anrich établit une première liste, contenant les noms de trente-six médecins et universitaires alsaciens, dont les compétences et la fiabilité nationale-socialiste intéressent la Gauleitung pour une reprise de fonctions au sein de la future faculté de médecine allemande. Le nom de Frédéric-Auguste Schaaff, spécialiste en radiologie, est l’un d’eux[3]. Dès le début, il fait partie des dix-neufs médecins-assistants et chefs de cliniques (Ober- u. Assistenzärzte) qu’Ernst Anrich et le doyen-fondateur de la faculté de médecine, Johannes Stein (nommé le 16 août), envisagent de solliciter[3]. À la mi-octobre 1940, Anrich et Stein transmettent cette liste à Ludwig Bennmann au Sicherheitsdienst (SD) afin d’entreprendre un examen de leur attitude politique antérieure (politische Überprüfung) et de leur aptitude à servir l’institution allemande[3].

Une mésentente : renvoyé pour des sentiments anti-allemands

Comme l’exige la procédure, le service de santé de la Gauleitung initie dès le 10 octobre 1940 la procédure d’évaluation politique (Politische Beurteilung). Le 3 décembre 1940, un premier rapport émanant de la section locale du parti nazi est renvoyé à la Gauleitung :

« Pendant la guerre [de 1939-1940], le Dr. Frédéric-Auguste Schaaff […] a été recruté à l’hôpital de Strasbourg, vraisemblablement pour récompenser sa fidélité envers la France. Schaaff doit être considéré comme un vrai franchouillard (ausgesprochener Französling). D’un point de vue politique, il est encore aujourd’hui un ennemi de l’Allemagne. S’agissant de son caractère, il a une nature particulièrement haineuse et acerbe. On doit lui dénier complètement toute fiabilité politique. Cette évaluation a été réalisée en consultation avec les services compétents du parti »[3].

Le 11 décembre, le secrétaire général des hospices civils informe le Dr. Schaaff que son « opinion politique ne sembl[ait] pas fiable et qu’[il] dev[ait] en conséquence être démis de [s]es fonctions ». Le jour-même, Schaaff adresse un long courrier [voir annexe] à la Gauleitung, afin d’invalider les graves allégations portées à son encontre et ainsi souligner l’engagement qui a été le sien en faveur de l’Allemagne au cours de sa vie. Faisant part de son incompréhension d’avoir « éveillé les soupçons » quant à son sentiment d’être pro-allemand (deutsch gesinnt), il détaille son parcours, notamment le fait d’avoir été élevé en Allemand (deutsch erzogen) et de n’avoir fréquenté que des écoles et des universités allemandes. Il évoque son activité pendant la Première Guerre mondiale, de son passage dans l’armée à ses fonctions hospitalières aux côtés de deux médecins juifs dont il précise qu’ils avaient été convertis et baptisés (getauft), à savoir Erich Meyer et Alfred Weil. Cette lettre peut assurément être perçue comme une déclaration d’allégeance, ou a peut-être été pensée telle par Schaaff pour pouvoir conserver son poste. Il explique s’être mis « immédiatement » à disposition des autorités allemandes en juillet 1940, avant de prendre la direction du service de radiologie des cliniques médicale et chirurgicale A. Il ajoute que « pendant les vingt-deux années de l’occupation française de l’Alsace [c’est-à-dire de 1918 à 1940] », il n’a jamais adhéré à la moindre organisation française ou francophile. Au contraire, « dans son cœur » (in Fühlung), il était « toujours avec le Reich allemand ». À la belle saison, il se rendait « presque tous les dimanches » dans le pays de Bade, où il se « sentait chez [lui] » (heimisch fühlen) et avait des amis. Cela lui aurait été « reproché » (angefeindet) par ses confrères qui lui disaient qu’il « louch[ait] en direction de l’autre côté du Rhin » (nach den anderen Seite des Rheins schielen)[3].

Il estime même qu’il aurait certainement pu être arrêté par les Français en juin 1940 comme « défaitiste » et « suspect » si l’armistice n’avait pas été signé « si vite ». D’ailleurs, il se présente comme ayant été un homme qui « réprouvai[t] » sans ambages le Traité de Versailles et qui « haïssai[t] les Anglais, les Juifs et les Francs-Maçons ». Schaaff rappelle les noms de ses relations, à commencer par son frère ophtalmologiste, mais surtout son beau-frère qui n’est autre que l’oncle du Dr. Robert Ernst, le Generalreferent beim Chef des Zivilamts. En définitive, Schaaff écrit :

« Sur la base des déclarations qui précèdent, on comprend que je n’aie pas songé, en juin [1940], à m’enfuir vers la France, mais que j’ai voulue, au contraire, mettre mes toutes forces à disposition de l’Allemagne. En raison de mon éducation et de mon passé allemands, je voulais tout faire pour me familiariser rapidement à l’esprit du Troisième Reich, avec l’intention sincère de servir la Grande Allemagne comme un fidèle Volksgenosse.

Étant donné que je ne sois conscient d’avoir dit ou fait quelque chose qui aurait pu faire croire que je ne suis pas fiable politiquement, je vous prie de me dire de quoi l’on me soupçonne, afin que je puisse me corriger.

Je vous prie d’examiner ma requête avec bienveillance, afin que la justice triomphe.

Heil Hitler! »[3].

À la suite de cette lettre dactylographiée, le Dr. Schaaff ajoute, de manière manuscrite, les noms, prénoms et fonctions de certains « citoyens » (Bürger) pouvant attester, comme témoins, de la véracité de ses dires et surtout de sa conduite non francophile dans l’entre-deux-guerres : on retrouve le Dr. Josef Barthelmé, le Dr. Josef Oster, un médecin SS, le Dr. Froehlig, le Dr. Trensz et Maria Spack, l’une de ses assistantes de radiologie[3]. Cette dernière prend d’ailleurs la défense du Dr. Schaaff dans une longue lettre adressée au Dr. Benmann du Sipo-SD, afin de « rétablir la vérité »[3]. Finalement, dès le 14 décembre 1940, grâce aux nouveaux renseignements rassemblés et grâce à un nouvel examen du dossier, le Kreispersonalamtsleiter de Strasbourg ordonne « l’annulation de la décision de licenciement du Dr. Schaaff de l’hôpital civil de Strasbourg »[3]. En conséquence, le 2 janvier 1941, l’administration nationale-socialiste entérine le retour en fonctions du Dr. Schaaff à l’hôpital civil de Strasbourg[3].

Le recrutement à la Reichsuniversität Strassburg

L’évaluation politique en vue de l’entrée à la Reichsuniversität Strassburg

Alors qu’il avait été remplacé par son confrère le Dr. Joseph Ohlmann (1892-1942) durant la période de son renvoi en décembre 1940[3], Frédéric-Auguste Schaaff reprend son poste à la Médicale A dès le début du mois de janvier 1941 et poursuit ses activités durant l’année de transition à la création de la Reichsuniversität Strassburg. En réalité, dès l’été 1940, les préparatifs étaient engagés, mais à partir du 1er avril 1941, les événements s’accélèrent, avec l'incorporation de tous les établissements de santé de l’hôpital civil dans un ensemble formant les « établissements hospitalo-universitaires » (klinische Universitätsanstalten) de Strasbourg, marquant la future création de l’université sept mois plus tard. À nouveau, Schaaff fait l’objet d’une enquête approfondie en vue de son intégration dans le corps médical de la future université nazie. Dès le 9 août 1941, le doyen fondateur de la faculté de médecine de l’université nazie de Strasbourg, Johannes Stein, sollicite les autorités nazies de réaliser l’enquête de terrain pour vérifier si Frédéric-Auguste Schaaff est apte à être « employé comme chef de service (Chefarzt) du service de radiologie de la clinique médicale A et de la clinique chirurgicale A ». Très rapidement, le 1er septembre 1941, le Dr. Benmann du SD adresse un rapport préliminaire :

« Le Dr. Schaaff n’a pas un caractère particulièrement marqué (kein ausgesprochener Charakter). Après la Première Guerre mondiale, il a cherché pendant un certain temps des relations françaises, mais s’est ensuite finalement résolu à se reconnaître dans la germanité. D’un point de vue politique, il est aujourd’hui irréprochable et bon d’un point de vue professionnel »[3].

Le 18 septembre, les fonctionnaires nazis du bureau de l’antenne locale du parti nazi (Kreisleitung) transmettent un rapport à la Gauleitung qui avalise le maintien en poste de Schaaff Buck dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Signé par le Kreisleiter et le Kreispersonalamtsleiter, ce rapport précise les points suivants :


À la fin du mois, le lieutenant-colonel SS Paul Hirschberg (1901-1999) – un Alsacien devenu compagnon de route d’Adolf Hitler dans les années 1920 et occupant dès 1940 le poste de chef du Einsatzkommando III/1 du Sipo-SD à Strasbourg –, transmet à son tour son rapport :

« Schaaff a été appréhendé à la suite d’une action anti-francophile. Le 28 janvier 1941, après avoir reçu un avertissement (Verwarnung) du Sipo-SD, il a signé la déclaration de fidélité (Treueerklärung) qu’on lui a présentée. Les enquêtes qui ont été à nouveau réalisées ont cependant montré que Schaaff n’était nullement apparu comme francophile par le passé. Il n’avait certes pas une attitude complètement germanophile, mais il s’est toujours beaucoup intéressé (beschäftigt) à l’Allemagne et a souvent passé ses vacances en Allemagne. Sur le plan du caractère, Schaaff est absolument irréprochable. Il n’y a aucune réserve quant à l’emploi prévu pour lui »[3].

Finalement, sur la base des informations recueillies, la Gauleitung avalise le recrutement du Dr. Schaaff à la tête du service de radiologie de la Chirurgie A et de la Médicale A de la Reichsuniversität Strassburg[3]. Les autorités nationales-socialistes voyaient donc en lui un homme compétent, fiable et potentiellement gagné au régime.

D’une « faiblesse passagère » à la Résistance

Ayant gagné la confiance des autorités allemandes, Frédéric-Auguste Schaaff poursuit sa carrière à la Reichsuniversität Strassburg. Il conserve jusqu’en juillet 1942 le statut d’« assistant scientifique » (wissenschaftlicher Assistent), puis obtient celui de médecin-assistant (Assistenzarzt) jusqu’à l’évacuation de l’université allemande en novembre 1944[3]. Il reste en poste à la Medizinische Abteilung II, c’est-à-dire la clinique médicale A, dirigée successivement par le cardiologue alsacien Paul Meyer (1896-1971), le Dozent allemand Gunnar Berg (1907-1974) et enfin le professeur strasbourgeois Werner Hangarter (1904-1982)[3].

Frédéric-Auguste Schaaff n’est en réalité employé qu’à temps partiel à la Reichsuniversität Strassburg et consacre l’autre moitié de son temps de travail à la gestion de son cabinet privé (Praxis). Selon le professeur Johannes Stein (1896-1967), directeur de la Medizinische Klinik, on apprend que le Dr. Schaaff – au même titre que son confrère le Dr. Gunsett – avaient eu le droit conserver la gestion d’une patientèle privée même après l’arrivée des Allemands[3]. Par ailleurs, les activités du Dr. Schaaff à Strasbourg ont fait l’objet, en juillet 1943, d’un examen approfondi des autorités du Reich à Berlin, après que l’administrateur-en-chef de la Reichsuniversität Strassburg ait déposé une demande de fonctionnarisation à son égard. Cette requête visait à lui accorder un droit de liquidation indépendant (selbständiges Liquidationsrecht) dans le traitement de ses patients hospitalisés au service de radiologie, mais aussi pour lui permettre de percevoir une partie des recettes du traitement en ambulatoire de ses patients[3].

Durant la période d’annexion, le Frédéric-Auguste Schaaff compte parmi les médecins – notamment les radiologistes – qui ont se sont engagés dans une forme de résistance médicale, usant de leur statut et de leurs connaissances spécialisées en faveur d’actes de Résistance. À cette époque, beaucoup de médecins ont pris des risques pour établir des certificats de complaisance afin de permettre aux jeunes Alsaciens d’échapper à la réquisition au service du travail et à l’enrôlement de force dans l’armée allemande. Dans ce contexte, les radiologues ont joué un rôle particulièrement important, en rédigeant des comptes-rendus alarmistes voire en truquant les clichés radiographiques. Par exemple, l’application de pâte de bismuth sur la peau du dos du patient permettait de simuler un voile au niveau du poumon, signe d’une affection pulmonaire sérieuse[3].

Concernant le Dr. Schaaff, un rapport officiel des Renseignements Généraux d’après-guerre signale qu’il a « rendu de nombreux et incontestables services à des compatriotes » et que le doyen de la faculté de médecine détiendrait « un dossier volumineux renfermant des documents irréfutables » établissant clairement qu’il a « servi la résistance alsacienne ». Par exemple, il aurait « truqué des films radiographiques » par centaines, il aurait « même pratiqué sur certains des interventions qui ont provoqué des symptômes de maladies, dans le but de les soustraire au service dans la Wehrmacht ». Il aurait en outre « remis gratuitement à ses protégés les produits pharmaceutiques nécessaires », dans une démarche totalement « désintéressée »[3].

En fait, les enquêteurs des Renseignements Généraux estiment que le comportement politique du Dr. Schaaff pendant la guerre, tout particulièrement ses rapprochements vis-à-vis de l’Allemagne et la fameuse lettre rédigée en décembre 1940 pour protester contre de son licenciement de l’hôpital, n’aurait été qu’une « erreur ». En effet, Frédéric-Auguste Schaaff a eu un « moment de faiblesse et s’est compromis par des écrits inconsidérés, pour échapper aux conséquences d’une mesure dont il venait d’être l’objet de la part du régime nazi [son renvoi en décembre 1940]. Par la suite, il s’est aperçu de son erreur et l’attitude qu’il a alors adoptée et qu’il a concrétisée par des actes [montre] qu’il n’est pas exagéré de qualifier de courageux le rapport aux risques qu’il a encourus [et] permet d’admettre qu’il s’est racheté et [qu’il] peut être considéré comme absou[s] »[3]. D’ailleurs, hormis sa germanophilie prononcée de l’entre-deux-guerres, son attachement à l’Allemagne, son engagement pour la remise en fonction de l’hôpital à l’été 1940 et sa lettre d’allégeance (peut-être opportuniste d’ailleurs), il convient de signaler que le Dr. Schaaff n’a jamais concrétisé dans les actes un quelconque ralliement politique ou idéologique au régime nazi. En effet, il n’a adhéré ni à l’Opferring, ni au parti nazi, ni à la moindre organisation idéologique, paramilitaire ou médicale nationale-socialiste.

La Libération : la nomination comme médecin-chef de l’Hôpital civil

Face à l’arrivée des troupes alliées, le ministre de l’Éducation du Reich, Bernhard Rust (1883-1945), ordonne avant la mi-octobre 1944 l’évacuation de la Reichsuniversität Strassburg et son repli de l’autre côté du Rhin[3]. Frédéric-Auguste Schaaff, manifestement plus attaché à sa terre natale, décide de rester en Alsace et ne suit pas les médecins allemands qui sont redirigés vers Tübingen[3]. Dès la Libération de Strasbourg et de l’hôpital civil, le général Schwartz, commandant de la place de Strasbourg désigne rapidement les nouveaux responsables des différentes cliniques. Le 23 novembre 1944, le Dr. Schaaff est nommé à la direction des hospices civils comme médecin-chef de l’hôpital. Il poursuit ses activités pendant quelques mois, avant de retrouver son poste de radiologiste et chef du service de radiologie de la Médicale A[3].


L’après-guerre : la fin de carrière à la Médicale A

S’il est visé par une enquête dans le cadre de l’épuration du corps médical, le Dr. Schaaff parvient à reprendre sa carrière de radiologiste à la clinique médicale A jusqu’à sa retraite. Délégué dans les fonctions d’agrégé de radiologie en octobre 1945, il obtient une charge d’enseignement. Maintenu en poste jusqu’en septembre 1951, le Dr. Schaaff quitte ensuite Strasbourg pour s’installer près de Zurich en Suisse. Malade, il meurt le 8 décembre 1952.

La procédure d’épuration du corps médical

Dans le contexte inédit de la Libération de l’Alsace et de la fin de la guerre, une section d’épuration est créée au sein du conseil régional des médecins d’Alsace à la suite d’une ordonnance officielle émise le 18 janvier 1945. Alors qu’il reprend ses fonctions de chef du service de radiologie de la Médicale A et qu’il obtient une promotion par l’université française en recevant une charge d’enseignement (cf. infra), le Dr. Schaaff ne fait l’objet, du moins au départ, d’aucune attention particulière de la part de la commission d’enquête.

Toutefois, au début de l’année 1946, une instruction est ouverte à son encontre « au sujet de son attitude durant l’occupation »[3]. Sollicitée par la section d’épuration des médecins d’Alsace le 28 mai 1946, la préfecture du Bas-Rhin précise qu’« aucun dossier concernant l’intéressé n’a été constitué par les services d’épuration de la préfecture » depuis la Libération[3]. De toute évidence, la procédure semble s’éteindre et le Dr. Schaaff n’est pas inquiété, ni dans le cadre de l’épuration de la société civile de manière générale, ni de l’épuration du corps médical en particulier[3].

Le nom du Dr. Schaaff apparaît une dernière fois dans les dossiers des Renseignements Généraux au début de l’année 1947, lorsque la préfecture du Bas-Rhin sollicite une enquête aux fins de lui attribuer la Médaille de la Reconnaissance française[3]. À la suite d’une investigation approfondie, les enquêteurs estiment que « dans l’intérêt de l’apaisement général, il paraît indiqué de faire à son encontre preuve de compréhension et de compassion et de ne pas lui tenir rigueur d’une faiblesse générale dans l’appréciation des faits de résistance qui existent réellement ». En effet, malgré ses activités passées, ses affinités avec l’Allemagne durant l’entre-deux-guerres, les actes de résistance prévalaient, au même titre que la « considération dont jouit [alors] le Dr. Schaaff dans les milieux universitaires et dans la société strasbourgeoise »[3]. Dès lors, Frédéric-Auguste Schaaff parvient à terminer les dernières années de sa carrière médicale, hospitalière et universitaire sans être inquiété pour ses activités sous la période d’annexion de l’Alsace.

Délégué dans les fonctions d’agrégé de radiologie

Dès la Libération, Frédéric-Auguste Schaaff est maintenu dans ses fonctions de radiologiste à la clinique médicale A de Strasbourg[3]. Médecin de valeur, disposant d’une grande expérience et d’une large maîtrise de la radiologie, Schaaff est rapidement appelé à exercer de nouvelles fonctions dans ce contexte de rétablissement de l’université de Strasbourg. À compter du 1er octobre 1945, Frédéric-Auguste Schaaff est chargé des « fonctions d’agrégé de radiologie » pour l’année scolaire 1945-1946 en remplacement du Dr. Auguste Gunsett (1876-1970)[3]. En réalité, le Dr. Gunsett était admis à faire valoir ses droits à la retraite et son poste était resté vacant durant quelques mois. Le Conseil de Faculté de la faculté de médecine avait déjà évoqué le nom du Dr. Schaaff pour assurer sa succession. La proposition est d’ailleurs adoptée à l’unanimité par le Conseil dans ses séances du 25 septembre et du 2 octobre 1945[3]. Dès le 2 octobre 1945, au lendemain de la rentrée universitaire, le doyen s’exprime en sa faveur, expliquant que Schaaff « possède toutes les qualités pour enseigner la spécialité, pour laquelle il possède une maîtrise bien qualifier »[3]. En fait, dans les mois qui suivent, le poste restant vacant, Schaaff décide, « en vue de sauvegarder les intérêts des étudiants »[3], de commencer à assurer « régulièrement » et « avec succès » le remplacement de Gunsett dans ses missions d’enseignement[3]. Quelques mois plus tard, le ministre de l’Éducation nationale entérine sa nomination avec effet rétroactif, lui accordant le traitement réservé aux agrégés disposant d’une charge d’enseignement s’élevant à 120.000 francs[3]. Le Dr. David Louis Sichel est alors nommé à la direction du service central de radiologie (jusqu’en 1960) et collabore pendant une courte période avec le Dr. Schaaff qui est plus spécifiquement chargé par la faculté de l’enseignement de la discipline à laquelle il se consacre depuis plusieurs décennies[3].

Radiologue apprécié à l’hôpital civil, le Dr. Frédéric-Auguste Schaaff est également distingué de la croix d’officier de l’instruction publique, c’est-à-dire officier des palmes académiques lors de la cérémonie du 14 juillet 1948, onze ans après la précédente promotion. Au cours de la même cérémonie, trois autres de ses confrères de l’Université de Strasbourg – le radiologiste de la Chirurgie B, Robert Welsch (1892-1972), le neurologue Louis Crusem (1890-?) et le professeur Jules Stahl (1902-1984) de la Médicale B – avaient été récompensés par la République française au titre de leurs activités hospitalières et enseignantes[3].

Le 28 février 1949, Frédéric-Auguste Schaaff écrit au ministre de l’Éducation nationale pour bénéficier d’un maintien en fonctions pendant deux années supplémentaires. En effet, au 8 mars 1949, il aurait atteint l’âge limite de soixante-cinq ans et avait effectué des démarches pour retarder l’âge de la retraite[3]. Il s’était rendu chez un médecin inspecteur assermenté de l’administration qui avait constaté que Schaaff remplissait les « conditions intellectuelles et physiques » requises et qu’il ne souffrait d’« aucune maladie ou [d’]affection d’ordre médical »[3]. Conscient que le Dr. Schaaff est un élément clé au cœur de l’hôpital civil, le doyen de la faculté de médecine de Strasbourg écrit :

« J’appuie d’autant plus volontiers d’un avis favorable la requête présentée par M. le Dr. Schaaff que son remplacement immédiat serait préjudiciable au bon fonctionnement du service radiologique de la clinique médicale A. Nous formons, actuellement, de jeunes spécialistes qui suivent les enseignements du Diplôme d’électroradiologie et dans deux ans, nous serons à même de remplacer ce fonctionnaire donc la grande compétence et le dévouement absolu nous sont aujourd’hui indispensables »[3].

Malgré quelques péripéties, le ministre de l’Éducation nationale confirme son maintien en poste pour deux années supplémentaires, soit jusqu’à la fin de l’année universitaire 1950-1951. Au 1er octobre 1951, Frédéric-Auguste Schaaff fait donc valoir ses droits à la retraite[3].

Une courte retraite

À peine quelques mois plus tard, l’état de santé de Frédéric-Auguste Schaaff, âgé de plus de soixante-sept ans, commence à se dégrader[3]. Très rapidement, il quitte Strasbourg, il vend son logement situé au 1, rue Victor Nessler dans le quartier de l’Orangerie[3] et se rend en Suisse pour bénéficier de soins et rester en convalescence. Il s’installe au Susenbergstraße 195 à Kilchberg dans le canton de Zurich – probablement chez sa compagne –, jusqu’à son décès, le lundi 8 décembre 1952. Après l’incinération en Suisse, l’urne contenant les cendres de Frédéric-Auguste Schaaff est rapatriée en Alsace en janvier 1953[3].

À son décès, la communauté médicale strasbourgeoise affirme perdre l’un de ses membres les plus importants : « avec le Docteur Schaaff disparaît l’un des plus anciens médecins de l’Hôpital Civil de Strasbourg » lit-on dans un article nécrologique publié dans le Journal de radiologie, d’électrologie et d’archives d’électricité médicale de 1954[3]. Assurément, Frédéric-Auguste Schaaff est l’un des médecins qui restent le plus associés à la clinique médicale A de l’hôpital civil de Strasbourg, et plus précisément à son service de radiologie où il a travaillé pendant près de trente-sept ans, de l’obtention de son doctorat en 1914 à sa retraite en 1951.


Repères

Localisations

Nationalités

  • Alsacien (8 mars 1884 - 8 décembre 1952)
  • Allemand (8 mars 1884 - 28 juin 1919)
  • Français (28 juin 1919 - 8 décembre 1952)

Confessions

  • Protestant (8 mars 1884 - 8 décembre 1952)

Publications

Liens à institutions

Röntgenabteilung, BürgS

Technische Hochschule Berlin-Charlottenburg

Röntgenabteilung, Medizinische Abteilung A, KA

Service de radiologie, Clinique médicale A, FMS-UdS, post-1945

Röntgenabteilung, Medizinische Abteilung II, RUS

Faculté de médecine, FMS-UdS, post-1945

Gymnase Jean-Sturm

Universität München

Faculté de médecine, UdS-CF, 1939-1945

Service de radiologie, Médicale A, FMS-UdS, 1918-1939

Röntgenabteilung, Medizinische Abteilung A, BürgS

Röntgenabteilung, Med Klinik KWU

Kaiser-Wilhelms-Universität Straβburg, KWU

1884-03-08T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1952-12-08T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1914-01-01T00:00:00Z
Vie privée
Autorisation d'exercer la médecine
1914-08-01T00:00:00Z
Vie privée
Thèse
1940-08-12T00:00:00Z
1940-11-20T00:00:00Z
Carrière
Röntgenabteilung, BürgS, Chef de service,
1903-01-01T00:00:00Z
1909-01-01T00:00:00Z
Carrière
1941-04-01T00:00:00Z
1941-10-31T00:00:00Z
Carrière
1945-10-01T00:00:00Z
1951-09-30T00:00:00Z
Carrière
1941-11-01T00:00:00Z
1944-11-23T00:00:00Z
Carrière
1945-10-01T00:00:00Z
1951-09-30T00:00:00Z
Carrière
Faculté de médecine, FMS-UdS, post-1945, Délégué dans les fonctions d'agrégé,
1890-01-01T00:00:00Z
1903-01-01T00:00:00Z
Carrière
1909-01-01T00:00:00Z
1910-07-01T00:00:00Z
Carrière
1939-09-01T00:00:00Z
1939-12-31T00:00:00Z
Carrière
1919-11-01T00:00:00Z
1939-09-01T00:00:00Z
Carrière
1940-08-12T00:00:00Z
1941-03-31T00:00:00Z
Carrière
1914-11-01T00:00:00Z
1916-01-01T00:00:00Z
Carrière
1916-01-01T00:00:00Z
1918-07-31T00:00:00Z
Carrière
1918-08-01T00:00:00Z
1918-11-15T00:00:00Z
Carrière
1918-11-15T00:00:00Z
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Carrière
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Carrière
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Références

  • ADBR, 4E482/91, 4E482/92, État civil de Strasbourg, Acte de naissance d’Ernest Schaaff, Acte n°1501/1877.
  • ADBR, 4E482/115, État civil de Strasbourg, Acte de mariage de Frédéric Charles Schaaff et Mathilde Ammel, Acte n°390/1876.
  • ADBR, 4E482/160, 4E482/161, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de Frédéric-Auguste Schaaff, Acte n°677/1884.
  • ADBR, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de Frédéric Charles Schaaff, Acte n°1422/1850 (original conservé aux AVES).
  • ADBR, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de Mathilde Ammel, Acte n°1362/1854 (original conservé aux AVES).
  • ADBR, 126 AL 37, dossier n°1, pièces administratives.
  • ADBR, 126 AL 114, dossier n°4, Listes du personnel médical de la Reichsuniversität Strassburg (1941-1943)
  • ADBR, 544 D 247, Liste des sanctions émises contre les médecins d’Alsace
  • ADBR, 1243 W, Procédures de la chambre civile de Strasbourg.
  • ADBR, 1558 W 556, dossier n°42675 (Frédéric-Auguste Schaaff).
  • 1 BA 1920, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1920, p. 814.
  • 1 BA 1921, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1921, p. 44.
  • 1 BA 1922, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1922, p. 44.
  • 1 BA 1923, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1923, p. 36, 674 et 1036.
  • 1 BA 1924, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1924, p. 46, 693 et 1063.
  • 1 BA 1925, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1925, p. 27, 675 et 1059.
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  • 1 BA 1927, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1927, p. 29, 713 et 1100.
  • 1 BA 1928, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1928, p. 26, 714 et 1089.
  • 1 BA 1929, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1929, p. 26, 725 et 1117.
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  • 1 BA 1931, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1931, p. 27, 747 et 1146.
  • 1 BA 1932, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1932, p. 27, 757 et 1154.
  • 1 BA 1933, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1933, p. 28, 778 et 1136.
  • 1 BA 1934, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1934, p. 27, 913 et 1333.
  • 1 BA 1935, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1935, p. 27, 943 et 1348.
  • 1 BA 1936, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1936, p. 28, 960 et 1352.
  • 1 BA 1937, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1937, p. 29, 985-986 et 1377.
  • 1 BA 1938, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1938, p. 29, 990 et 1376.
  • 1 BA 1939, Annuaire d’adresses de la ville de Strasbourg, 1939, p. 29, 982 et 1339.
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  • AVES, 7 AH 14, Listes du personnel médical de l’hôpital civil de Strasbourg et documents administratifs (1940-1941).
  • AVES, 7 AH 15, Listes du personnel médical de la Reichsuniversität Strassburg (1941-1944).
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  • AFMS, dossier administratif de Frédéric-Auguste Schaaff.
  • ADHVS, Cave 2, dossier personnel de Frédéric-Auguste Schaaff.
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  • BArch, NS 21/908, Lettre de Sievers à Hirt, 18 octobre 1944.
  • BArch R 2/12474/001 (cité dans Rainer Möhler, op. cit., p. 533).
  • BArch, R76-IV/27, Annuaire du personnel de la Reichsuniversität Strassburg repliée à Tübingen, 26 mars 1945.
  • Amtliches Verzeichnis des Personals und der Studenten der Kaiser-Wilhelms-Universität Strassburg für das Sommer-Halbjahr 1911, Strasbourg, Heitz & Mündel, 1911, p. 72.
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  • Kaiser-Wilhelms-Universität Strassburg. Personalverzeichnis im Winter-Halbjahr 1912/1913, Strasbourg, Heitz & Mündel, 1912, p. 75.
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  • Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, 69e année, n°162, 14 juillet 1937, p. 8001.
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  1. ADBR, 1558 W 556, dossier n°42675 (Frédéric-Auguste Schaaff), Rapport de l’inspecteur principal Fritsch au Commissaire principal, chef du service des Renseignements Généraux de Strasbourg, 26 mars 1947..
  2. ADBR, 4E482/160, 4E482/161, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de Frédéric-Auguste Schaaff, Acte n°677/1884..
  3. 3,00 3,01 3,02 3,03 3,04 3,05 3,06 3,07 3,08 3,09 3,10 3,11 3,12 3,13 3,14 3,15 3,16 3,17 3,18 3,19 3,20 3,21 3,22 3,23 3,24 3,25 3,26 3,27 3,28 3,29 3,30 3,31 3,32 3,33 3,34 3,35 3,36 3,37 3,38 3,39 3,40 3,41 3,42 3,43 3,44 3,45 3,46 3,47 3,48 3,49 3,50 3,51 3,52 3,53 3,54 3,55 3,56 3,57 3,58 3,59 3,60 3,61 3,62 3,63 3,64 3,65 3,66 3,67 3,68 3,69 3,70 3,71 3,72 3,73 3,74 3,75 3,76 3,77 3,78 3,79 3,80 3,81 3,82 3,83 3,84 3,85 3,86 3,87 3,88 3,89 3,90 3,91 3,92 3,93 3,94 3,95 3,96 et 3,97 référence.