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Ruth Lasch

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Ruth Lasch
Prénom Ruth
Nom Lasch
Sexe feminin
Naissance 4 février 1919 (Strasbourg (Bas-Rhin))
Décès 16 juin 1945 (Strasbourg (Bas-Rhin))
Profession du père Pasteur

Autorisation d'exercer la médecine 13 octobre 1941
Profession Médecin, Interniste

Titre Dr.

Spécialités Médecine interne


Ruth Lasch (1919-1945) est un médecin français né en Alsace. Elle effectue ses études de médecine à l’université française de Strasbourg de 1936 à 1939, puis à l’université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand (1939-1940) à la suite de l’évacuation de l’Alsace en septembre 1939. Après l’armistice de Compiègne, elle s’inscrit finalement à l’université d’Heidelberg en Allemagne pour terminer son cursus universitaire (1940-1941). Conformément à la réglementation allemande qui régit les études de médecine, elle achève sa formation académique en réussissant, à la mi-octobre 1941, l’examen médical d’État (medizinisches Staatsexamen) sans préparer en parallèle une thèse de doctorat de médecine.

Dès le 1er novembre 1941, Ruth Lasch retourne en Alsace, désormais annexée au Reich allemand, et débute sa carrière médicale à la Reichsuniversität Straβburg officiellement inaugurée le même mois. Elle commence par rattraper, pendant quatre mois et demi (1941-1942), un stage clinique obligatoire en Allemagne pour pouvoir exercer la médecine. Elle obtient ensuite un poste de Pflichtassistentin, puis de Volontärassistentin (1942-1943), avant d’être finalement nommée Assistenzärztin (1943-1944). Dès son arrivée en novembre 1941, Ruth Lasch est affectée à l’Abteilung II (Médicale A) de la clinique médicale allemande et se voit immédiatement chargée de la gestion d’un service (Station) composé d’une vingtaine de lits. Elle conserve sa fonction à la clinique jusqu’à l’évacuation de la Reichsuniversität Straβburg outre-Rhin en novembre 1944 et reste en Alsace aux côtés de sa mère après la Libération, sans que l’on puisse savoir si elle continue d’exercer. Célibataire, Ruth vit chez sa mère au Hamangasse 11 (actuelle rue Calvin) à Strasbourg jusqu’à son décès prématuré, le 16 juin 1945, à l’âge de vingt-six ans.

Biographie

De l’enfance aux études de médecine

Fille d’un pasteur protestant et issue d’une famille d’origine à la fois alsacienne et allemande, Ruth Lasch naît avec la nationalité française dans une Alsace redevenue française après la Première Guerre mondiale. Scolarisée pendant onze ans dans l’une des écoles supérieures de filles au centre-ville de Strasbourg, Ruth se destine ensuite, après l’obtention de son baccalauréat en 1936, vers une carrière médicale. Elle prépare d’abord le certificat PCB en 1936-1937, puis fait ses études de médecine à la faculté de médecine de l’université française de Strasbourg jusqu’à l’été 1940, avant d’achever son cursus à l’université d’Heidelberg en Allemagne entre 1940 et 1941.

Les origines familiales et la scolarité

Ruth Élisabeth Lasch est née le 4 février 1919 à Strasbourg dans le département du Bas-Rhin. L’Alsace étant redevenue française à la fin de la Première Guerre mondiale, Ruth naît avec la nationalité française, contrairement à ses parents, nés sous le Reich wilhelmien[1]. Elle est issue d’une famille de confession protestante (evangelisch) et dont les origines géographiques et nationales sont à la fois allemandes et alsaciennes. Son père, Gustave Lasch, est un pasteur protestant (Pfarrer) qui est né allemand le 7 mai 1874 à Strasbourg dans une Alsace rattachée depuis peu au Reich wilhelmien après la signature du traité de Francfort (1871)[2]. Lui-même fils du boulanger (Bäcker) d’origine badoise Friedrich Lasch (né le 13 décembre 1839 à Lichtenau et décédé le 21 décembre 1895 à Strasbourg) et de son épouse alsacienne Christine Becker (née le 8 avril 1837 à Brumath et décédée le 17 avril 1893 à Strasbourg)[3], Gustave Lasch grandit au centre-ville de Strasbourg, dans l’appartement familial situé le long des quais de l’Ill, au Finkweilerbadstraße 3, c’est-à-dire au 3 ruelle du bain Finkwiller.

À l’âge de dix-huit ans, Gustave Lasch débute des études de théologie à la Kaiser-Wilhelms-Universität de Strasbourg (1892-1895), puis s’inscrit successivement dans les universités de Marburg et de Paris (1895-1896). En 1900, il passe sa licence à l’université de Iéna en Thuringe, puis soutient sa thèse de doctorat de théologie à Erlangen en Franconie et obtient le titre « Dr. phil. ». Dans le même temps, il débute sa carrière ecclésiastique et devient vicaire en Alsace, d’abord à la paroisse Saint-Guillaume de Strasbourg (1899-1900), puis à celle du village de Mittelbergheim (1901-1902) en centre-Alsace[4]. Il devient ensuite pasteur dans la petite commune de Zittersheim (1902-1905), près de Saverne, où il épouse Hilda Spach le 2 février 1904[5]. Née le 22 juillet 1886 dans le village voisin de Lichtenberg, Hilda Spach est la fille du pasteur, poète et écrivain alsacien Édouard Spach[6]. Alsacien d’origine et français de naissance avant d’opter pour la nationalité allemande après 1871, Édouard Spach (né le 7 mars 1836 à Weinbourg et décédé le 1er avril 1909 à Strasbourg), qui était lui-même fils de pasteur protestant, avait desservi la nouvelle paroisse de Lichtenberg pendant près de quarante ans, entre 1866 et 1905 et avait également occupé la fonction de président du consistoire (Konsistorialpräsident). Il s’était marié avec Karoline Hostein (née le 6 janvier 1856 et décédée le 14 octobre 1934 à Brumath)[7].

En 1905, quelques temps après leur mariage, Gustave et Hilde Lasch quittent Zittersheim et s’installent à Strasbourg : Gustave devient le pasteur de la paroisse Saint-Guillaume, précisément celle où il avait débuté sa formation ecclésiale en tant que vicaire six ans plus tôt. Pendant plus de trente ans, entre 1905 et 1932, il officie à Saint-Guillaume et termine son ministère ecclésiastique en devenant président du consistoire pendant une année, jusqu’à sa retraite en 1933[8]. Ajoutons qu’en plus de ses activités pastorales au sein de l’Église protestante, Gustave Lasch est également connu en Alsace pour son œuvre littéraire composée essentiellement de pièces de théâtre populaire et des contes strasbourgeois, rédigés pour la plupart en alsacien. Écrivain germanophone et dialectophone, il écrit aussi des essais, des notices biographiques et des études historiques, notamment sur l’histoire religieuse alsacienne et strasbourgeoise[4]. En 1936, à l’âge de soixante-deux ans, il tombe malade et vit encore près de deux ans, jusqu’à son décès, le 7 août 1938 à Strasbourg[9].

C’est donc dans un contexte familial fortement marqué par la religion que Ruth voit le jour. Elle grandit à Strasbourg et y effectue l’intégralité de son cursus scolaire à l’école de la République française. En 1925, alors qu’elle est âgée de six ans, elle est scolarisée à l’école supérieure de filles à Strasbourg qu’elle appelle dans un curriculum vitae de 1942 la « Höhere Töchterschule » (correspondant à l’actuel lycée des Pontonniers). Pendant onze ans, jusqu’en juin 1936, elle fréquente cet établissement situé au centre-ville de Strasbourg, à quelques encablures de la maison parentale[10] et termine son cursus scolaire par l’obtention, le 7 juin 1936, de son diplôme du baccalauréat (« A prime Philo »)[11]. Ruth Lasch décide ensuite de suivre des études supérieures et s’immatricule à l’université de Strasbourg afin de devenir médecin.

Les études de médecine à Strasbourg, à Clermont-Ferrand et à Heidelberg (1936-1941)

L’année préparatoire : le certificat PCB (1936-1937)

Dès la rentrée suivante, en novembre 1936, Ruth Lasch s’inscrit à l’université française de Strasbourg pour débuter sa formation médicale[11]. Comme le prévoit la législation alors en vigueur en France, Ruth commence par préparer le certificat d’études physique, chimie et biologique (PCB) à la faculté des sciences. Mis en place par le président Albert Lebrun sur décret du 23 janvier 1934, le PCB – qui a été conservé jusqu’en 1961 –, était le successeur du certificat d’études physique, chimique et sciences naturelles (PCN) qui avait été instauré sous la IIIe République par décret du 31 juillet 1893. Même si le remplacement du PCN par PCB marquait la substitution des sciences biologiques aux sciences naturelles dans la formation initiale des futurs médecins, le PCB était sensiblement identique à son prédécesseur. Son obtention – en plus de l’admission préalable à l’examen du baccalauréat – était un prérequis pour prétendre à la première inscription en médecine. Une série d’épreuves finales était organisée à la fin de cette année de préparation, comprenant à la fois une interrogation et une épreuve pratique dans chacune des quatre disciplines du programme, à savoir la physique, la chimie, la biologie animale et la biologie végétale[12]. Brillante étudiante, Ruth son réussit son examen et obtient son certificat le 24 juin 1937[11].

Les études à l’université de Strasbourg : de Strasbourg (1937-1939) à Clermont-Ferrand (1939-1940)

Une fois le certificat PCB obtenu, Ruth s’inscrit à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg à la rentrée universitaire 1937. À cette époque-là, depuis un décret du président Albert Lebrun de mars 1934, la durée des études de médecine avait été allongée d’une année supplémentaire, portant le cursus médical à six années, auxquelles s’ajoutait l’année préparatoire du PCB. S’agissant des cours, la formation des futurs médecins conjuguait des enseignements à la fois théoriques et pratiques ; chaque année étant ponctuée par plusieurs stages en milieu hospitalier. Le tableau ci-dessous donne un aperçu général de l’organisation des études médicales et des enseignements dispensés aux étudiants en médecine et de la formation reçue par Ruth[13]

Tableau 1 : Répartition des enseignements en médecine (réforme de 1934)[14]
Année Enseignement théorique Enseignement théorique et pratique Enseignement clinique
1 Anatomie, histologie et embryologie, physiologie, physique médicale, chimie médicale Stages : médecine et chirurgie générales
2
3 Pathologie chirurgicale, pathologie médicale Anatomie pathologique, bactériologie, parasitologie, obstétrique, médecine expérimentale Stages : médecine et chirurgie générales, accouchements et spécialités, dermato-syphiligraphie, psychiatrie et neurologie, médecine infantile, etc.
4 Anatomie médico-chirurgicale et médecine opératoire
5 Hygiène, médecine légale et déontologie, thérapeutique et hydrologie, pharmacologie
6 Deux stages obligatoires : médecine ou chirurgie générales, obstétrique, spécialités ou sciences de laboratoires au choix des étudiants

Toutefois, dès le début de ses études, Ruth s’inquiète de ne pas pouvoir finir son cursus puisque son père est tombé malade en 1936. Comme elle vit toujours au domicile parental situé au 11 rue Calvin (Hamangasse) à Strasbourg et que la situation économique de la famille Lasch s’est alors considérablement détériorée (sehr schlecht), Ruth n’avait pas les moyens financiers suffisants pour poursuivre ses études supérieures et s’acquitter des frais d’inscription. Néanmoins, le doyen de la faculté de médecine de l’université française de Strasbourg, l’anatomiste alsacien André Forster (1878-1957), consent à lui attribuer une bourse d’étude (Stipendium). Par la suite, notamment après le décès de son père en 1938, sa bourse est renouvelée et Ruth assure également sa subsistance et celle de sa mère en donnant des cours particuliers (durch Stunden geben) en parallèle de sa formation médicale[11]. Au total, Ruth étudie pendant près de deux ans à Strasbourg, mais la déclaration de guerre en septembre 1939 provoque l’évacuation de l’Alsace, mais aussi le repli de l’université de Strasbourg et de l’hôpital civil vers Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme et vers Clairvivre en Dordogne. Ainsi, dans ce contexte inédit, Ruth quitte l’Alsace pour Clermont-Ferrand dès 15 septembre 1939 et s’inscrit à l’université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, Ruth Lasch suit les cours pendant une année sur place, jusqu’au début de l’été 1940. D’ailleurs, comme le rappelle le Dr. Francis Rohmer (1915-2008) dans l’ouvrage dirigé par Jacques Héran sur l’histoire de la médecine à Strasbourg (1991), le nombre d’étudiants officiellement immatriculés ou inscrits à Clermont-Ferrand durant l’année universitaire 1939-1940 s’élevait à 529. Toutefois, le nombre de ceux qui étaient effectivement présents et qui suivaient les cours était bien moindre en raison de la mobilisation d’un certain nombre de jeunes hommes (88 en médecine et 27 en chirurgie dentaire)[15].

De plus, l’organisation des études médicales en France prévoit que les étudiants de médecine se soumettent à cinq examens de fin d’année (épreuves théoriques et pratiques) organisés à la fin des cinq premières années du cursus. À la fin du cursus, le futur médecin présente trois examens cliniques portant sur trois épreuves distinctes (clinique médicale, chirurgicale et obstétricale) et conclut son parcours universitaire en soutenant une thèse de doctorat qui confère non seulement le titre de docteur en médecine, mais également le droit de pratiquer la médecine[16]. Dans son curriculum vitae rédigé en avril 1942 en langue allemande, Ruth évoque l’obtention de trois examens. Ces examens, qu’elle appelle erstes, zweites et drittes medizinisches Examen et qu’elle a obtenus respectivement le 28 juin 1938 à Strasbourg et les 25 octobre 1939 et 20 juin 1940 à Clermont-Ferrand, sont de toute évidence les trois premiers examens de fin d’année[11]. Dans le cadre universitaire français, Ruth Lasch était alors arrivée à la moitié de ses études de médecine. Normalement, si elle avait choisi de rester à Clermont-Ferrand comme plusieurs Alsaciens et Mosellans, elle aurait été médecin trois ans plus tard. Mais pour des raisons jusque-là inconnues, Ruth décide de rentrer en Alsace pour retrouver dans un premier temps sa mère.

La fin du cursus médical en Allemagne : Heidelberg (1940-1941)

À la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, qui a mis fin à la guerre de 1939-1940, l’Alsace et la Moselle sont annexées de facto au Reich allemand à partir de l’été 1940. Dans ce contexte, Ruth Lasch quitte Clermont-Ferrand dès le 1er août 1940 et retourne à Strasbourg, dans sa terre natale redevenue allemande. Elle ne fait que transiter brièvement par l’Alsace, puisque le 7 septembre, elle se rend à Heidelberg en Bade et s’immatricule à la Ruprecht-Karls-Universität pour mener à terme son cursus universitaire de médecine. Désormais intégrée au système universitaire allemand et soumise à la législation allemande réglementant les études médicales, elle poursuit sa formation clinique en suivant sur place trois nouveaux trimestres de cours. Dès son arrivée en septembre 1940, elle s’inscrit au NSD-Studentenbund, l’Union des étudiants nationaux-socialistes allemands, une organisation du NSDAP pour les étudiants. Finalement, sans présenter de thèse de doctorat, Ruth réussit l’examen médical d’État ([medizinisches] Staatsexamen) avec la mention « bien » le 13 octobre 1941[17]. L’admission à cet examen, qui clôture le cursus médical, est indispensable au futur médecin pour recevoir – à l’issue d’une nouvelle année de formation en clinique appelée « année pratique » ou Pflichtassistentenzeit à partir de 1939 – l’Approbation, c’est-à-dire l’autorisation d’exercer la médecine[18]. Rappelons que si la soutenance d’une thèse de doctorat est obligatoire en France à la fin de la sixième année du cursus, en Allemagne, seuls l’examen médical d’État et ensuite l’Approbation sont nécessaires pour pratiquer la médecine et porter le titre de médecin. Cela étant, de nombreux étudiants allemands parachèvent leur formation universitaire en préparant une thèse, quand bien même ils ne se destinent ni à une carrière dans la recherche scientifique, ni à une carrière académique. Par ailleurs, il est intéressant de remarquer qu’en allant étudier outre-Rhin, Ruth a bénéficié d’un aménagement de son cursus. En effet, les études médicales durant cinq ans en Allemagne (et non sept au total comme en France), on remarque que les Allemands ont compté l’année préparatoire du PCB dans les cinq années du parcours universitaire accompli par Ruth entre 1936 et 1941 à Strasbourg, Clermont-Ferrand et Heidelberg. Ainsi, à l’âge de vingt-deux ans, après avoir fait l’économie de deux ans d’études par rapport au cycle académique français, Ruth Lasch termine son cursus à Heidelberg à la fin de l’année 1941, devient médecin (sans avoir le titre de docteur en médecine) et entame immédiatement sa carrière médicale à la Reichsuniversität Straβburg en Alsace annexée.


La carrière médicale à la clinique médicale II de la Reichsuniversität Straβburg

Dès l’obtention de l’examen médical d’État, Ruth Lasch débute sa carrière à la clinique médicale de la Reichsuniversität Straβburg. Affectée à la Médicale A, qui devient l’Abteilung II, elle dirige seule dès son arrivée un service (Station), gagnant rapidement la confiance de ses supérieurs, notamment des Allemands Gunnar Berg (1907-1974) et Wilhelm Dieker (1906-1987) qui souhaitent la conserver dans leur équipe. De novembre 1941 à novembre 1944, elle travaille successivement comme Pflichtassistentin, comme Volontärassistentin et finalement comme Assistenzärztin jusqu’en novembre 1944. Présente à Strasbourg durant toute l’existence de la Reichsuniversität Straβburg, Ruth Lasch compte parmi les 16 femmes (sur un total de 81 médecins) qui ont exercé à la clinique médicale allemande de Strasbourg entre 1940 et 1944.

Le rattrapage d’un temps de stage clinique (Famulatur) et l’année pratique

Dès le 1er novembre 1941, Ruth Lasch intègre l’équipe médicale de la faculté de médecine de la Reichsuniversität Straβburg qui est en passe d’être officiellement inaugurée. Ainsi, un peu plus de deux semaines après avoir réussi l’examen médical d’État, qui marque la fin du cursus universitaire, Ruth quitte Heidelberg et se voit contrainte de reprendre une partie de sa formation clinique effectuée en France et en Allemagne pour valider les modalités de l’attribution du titre de médecin et de l’autorisation d’exercice de la médecine. Dans l’organisation de la formation médicale en Allemagne, les étudiants doivent acquérir, en parallèle de leur « formation scientifique » (wissenschaftliche Ausbildung), une « formation pratique » (praktische Ausbildung) constituée notamment d’une activité comme Famulus (stagiaire) pendant une durée totale de six mois. Comme Ruth l’indique dans son curriculum vitae, le temps des stages universitaires effectués durant ses études en France n’a pas été pris en compte par les Allemands, si bien qu’elle doive « rattraper quatre mois et demi de stage clinique » (4 ½ Monate Famulatur nachholen) avant de pouvoir exercer pleinement son métier. Les documents administratifs indiquent que Ruth accomplisse ce stage entre le 1er novembre 1941 et le 15 mars 1942 en étant rattachée à l’équipe de la clinique médicale (Abteilung II) à la Reichsuniversität Straβburg[19].

Dès son arrivée et malgré son manque d’expérience, Ruth Lasch occupe une fonction à responsabilité au sein de la clinique. En effet, l’Alsacien Paul Meyer (1896-1971), qui occupe alors le poste de chef de service par intérim (kommissarischer Chefarzt), lui confie immédiatement un service (Station) d’une vingtaine de lits[20]. Durant sa Famulatur, Lasch ne figure pas sur les listes du personnel médical, mais précisons tout de même qu’en novembre 1941, les cliniques médicales, dirigées par le professeur Johannes Stein (1896-1967), sont composées de vingt-cinq médecins titulaires. Plus précisément, sept hommes (28%) servent au sein de l’Abteilung II (Médicale A) du Dr. Meyer : six d’entre eux sont alsaciens (Paul Meyer, Frédéric-Auguste Schaaf, Auguste Bostetter, René Piffert, Théodore Uhl et Franz Koebele), et Josef Babillotte est le seul Allemand de l’équipe[21]. Le mois suivant, la direction de l’Abteilung II revient à l’Allemand Gunnar Berg (1907-1974) qui sert comme Oberarzt et qui dirige une équipe de sept médecins[22]. Si l’absence de Lasch des listes du personnel peut s’expliquer par son statut lié à la Famulatur (qui fait donc d’elle une étudiante), il faut noter qu’il existe une certaine incohérence dans les dénominations du statut occupé par Lasch dans les mois qui suivent son arrivée à Strasbourg. Sur les documents administratifs nazis, elle est considérée très tôt comme une Pflichtassistentin et aurait dû, en cela, figurer elle aussi sur les registres du personnel de la clinique (au même titre que son confrère alsacien Franz Koebele dont elle prend le poste).

Le recrutement comme Volontärassistentin : une femme médecin « très travailleuse et consciencieuse »

La demande anticipée de Gunnar Berg (février 1942)

Présente dans l’équipe de l’Abteilung II depuis le 1er novembre 1941, Ruth Lasch gagne très vite la confiance et l’estime de ses confrères et surtout de ses supérieurs. Appréciée pour son comportement, son dévouement, son autonomie, sa conscience professionnelle et ses compétences médicales, Ruth se fait remarquer par le nouveau chef de l’Abteilung II de la clinique médicale, le Dozent Gunnar Berg (1907-1974), interniste et spécialiste des maladies professionnelles. Avant même la fin de sa période de stage clinique (Famulatur), Berg envisage de la conserver dans son équipe et de lui offrir un poste de Volontärassistentin dès la fin de son stage. En effet, dès le mois de février 1942, il prend contact avec Richard Scherberger (1910-1979), le Kurator de la Reichsuniversität Straβburg, c’est-à-dire l’administrateur en chef de l’université. Le 17 février, d’un entretien téléphonique, Berg discute de la possibilité d’offrir à Ruth un tel poste et lui adresse un courrier en ce sens le jour-même, sans passer par la voie procédurière habituelle. Berg écrit :

« Mademoiselle Lasch est arrivée au sein de l’Abteilung II de la clinique médicale le 01/11/1941, après avoir réussi l’examen médical d’État à Heidelberg en octobre 1941. Mon prédécesseur, Monsieur le Dr. Paul Meyer, lui a immédiatement confié la gestion d’un service (Station). Au regard du manque de personnel, j’ai été contraint de lui laisser son poste indépendant de cheffe de station. Elle est très travailleuse et consciencieuse et j’ai eu une très bonne impression de ses connaissances médicales. Elle dirige à présent une salle de patients de sexe féminin (Frauenstation) composé de 25 lits médicaux.

Jusqu’au 15/03/1942, elle doit encore accomplir le temps requis du stage en milieu hospitalier (Pflichtfamulatur), puisque le temps de stage de la période française n’a pas été pris en compte. Je vous prie de bien vouloir offrir à Mademoiselle Lasch un poste de Volontärassistentin à compter du 15/03/1942. Je profite de ce courrier pour vous faire remarquer que Monsieur [Franz] Koebele, qui avait reçu un poste de Volontärassistent, a entretemps quitté le service puisqu’il a été muté en Bade »[23].

Apparemment pressé d’officialiser la promotion de Lasch, Berg commence déjà à remplir, le même jour, le formulaire de recrutement des médecins assistants (Antrag auf Einstellung eines Assistenten) et officialise ainsi la procédure, indiquant envisager de l’employer comme Volontärassistentin à partir du 16 mars 1942 pour une durée indéterminée (bis auf weiteres). Cette procédure anticipée et précoce met cependant du temps à aboutir, quand bien même le Kurator prend aussi position en faveur de Lasch, le 10 mars 1942, de manière non conventionnelle et un peu prématurée, puisque les différents chaînons de la chaîne de décision n’ont pas encore été avertis et n’ont pas encore donné leur avis. Ainsi, Scherberger déclare : « étant donné que les postes de Volontärassistent n’ont pas encore été tous pourvus à la faculté de médecine, je suis en principe disposé à accorder à Mademoiselle Lasch » un tel statut. Néanmoins, il ajoute que le recrutement doit s’effectuer conformément aux règles de la procédure et demande au doyen Johannes Stein de lui retourner différents formulaires pour qu’il puisse donner un « accord définitif » (endgültige Zustimmung)[24]. Étonnamment, le dossier traîne et les différents acteurs intervenant dans ce processus mettent près de trois mois pour le clôturer.

La procédure officielle : l’instruction du dossier de candidature

Dans le cadre du recrutement d’un médecin assistant à l’hôpital civil, il est nécessaire de rassembler dans un premier temps un certain nombre de pièces justificatives afin de vérifier que Ruth Lasch soit effectivement apte – d’un point de vue politique, racial et médical – et de s’assurer qu’elle ait évidemment les qualités professionnelles et humaines requises pour occuper une telle fonction à la Reichsuniversität Straβburg. Différents formulaires administratifs, personnels et politiques sont communiqués à Lasch, par lesquels elle doit notamment prouver son aryanité et son ascendance germanique en produisant les noms les dates de naissance et de décès, la profession et la confession de ses ancêtres directs sur deux générations. Elle remplit les différents formulaires le 9 avril 1942 et rédige également (à la troisième personne du singulier) un Lebenslauf, c’est-à-dire une forme de curriculum vitae et de récit de vie, où elle présente ses parcours scolaire et universitaire, en indiquant les principales dates d’examens et les activités occupées[11]. Dès le lendemain (le 10 avril), le doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein, transmet une partie des documents demandés[25]. Cependant, le dossier étant incomplet, le Kurator informe Ruth des dernières modalités exigées pour que les instances de l’université puissent statuer sur son dossier[26]. Certifiant sur l’honneur n’avoir « jamais appartenu à une quelconque loge »[27]. Le 21 avril, elle se présente à la visite médicale de contrôle au Gesundheitsamt de Strasbourg, où un médecin est chargé de vérifier que « Ruth Lasch […] soit, d’un point de vue de la santé, apte à être employée comme Volontärassistentin ». Ruth est interrogée sur ses antécédents médicaux personnels et ceux de sa famille et le médecin note qu’hormis une pneumonie contractée à l’âge de quatorze ans, Ruth « n’a jamais été gravement malade ». À l’examen clinique, Lasch est décrite comme étant une femme « de constitution robuste » (kräftiger Körperbau) qui n’a, hormis une myopie corrigée par le port de lunettes, aucun problème de santé. En signant son compte-rendu, le médecin conclut que « Mademoiselle Lasch Ruth est en bonne santé et qu’elle est apte à être employée comme Volontärassistentin »[28].

Une fois ces dernières pièces rassemblées et communiquées au doyen Stein, le dossier officiel de recrutement peut enfin transiter par la voie hiérarchique à partir de la deuxième quinzaine du mois d’avril 1942. En effet, après avoir donné son accord le 24 avril, Stein sollicite l’avis du Dozentenschaftsleiter Ernst Anrich (1906-2001) qui, le 28 avril 1942, donne également son aval, en indiquant qu’il ne voit « aucune objection d’ordre caractériel ou politique » à l’emploi de Ruth[29]. Deux jours plus tard, le recteur de l’université, Karl Schmidt (1898-1980), donne en dernier son accord et annonce sa décision au Kurator avec l’intégralité du dossier pour que le recrutement soit officialisé[30]. Justement, le 7 mai 1942, Ruth Lasch est informée de son nouveau statut de Volontärassistentin et de sa nouvelle rémunération qu’il s’élevait désormais à 200 Reichsmarks mensuels, payés par la caisse des établissements hospitalo-universitaires de Strasbourg (Kasse der klinischen Universitätsanstalten Straßburg) tous les quinze du mois[31].

Le travail à la clinique et la promotion comme faisant fonction d’assistante scientifique

La clinique médicale et son Abteilung II

Si Ruth Lasch est effectivement recrutée comme Volontärassistentin au début de l’année 1942, en réalité, tout laisse à penser qu’elle n’occupe qu’une fonction de Pflichtassistentin. Cela signifie qu’au cours de l’année qui suit, Ruth parachève sa formation médicale et réalise ce qui s’appelait avant 1939 l’« année pratique », bénéficiant de toute évidence d’un aménagement du parcours. Il faut en effet noter que sur les registres du personnel médical, Ruth est officiellement présentée comme une Pflichtassistentin entre mars et avril 1942 (avant le recrutement officiel), puis comme Volontärassistentin entre mai et juillet 1942 (donc dès que le Kurator a validé le recrutement). Mais entre août 1942 et le printemps 1943, elle est à nouveau qualifiée comme Pflichtassistentin. Si l’on tient compte du cadre normal de l’organisation des études de médecine en Allemagne, Ruth aurait dû finir sa Famulatur entre novembre et la mi-mars 1942, puis accomplir son année de formation comme Pflichtassistentin, ce qui suggèrerait que la procédure de recrutement initiée par Berg ait été extrêmement prématurée, puisque Ruth n’avait ni l’expérience requise, ni l’autorisation d’exercer la médecine. Si l’administration allemande s’est peut-être trompée dans le cas de Lasch en l’employant comme Volontärassistentin, en réalité, on obtient bien une période d’un an (mai 1942 à mai 1943) à laquelle Ruth intègre officiellement l’équipe médicale ; le rétablissement de statut son statut de Pflichtassistentin en août 1942 étant peut-être le signe de la reconnaissance de cette erreur. Mais de toute évidence, Ruth a bel et bien fini par être promue Volontärassistentin dès le printemps 1943, avant de poursuivre sa carrière médicale à la Reichsuniversität Straβburg.

Outre ce quiproquo de la part des services de l’université quant au statut de Ruth, on sait cependant que son supérieur, le Dozent Gunnar Berg, n’a pas retiré à Ruth la gestion de la salle (Station) que son prédécesseur lui avait confiée à son arrivée à la clinique en novembre 1941[32]. Dans son curriculum vitae, Ruth précise « diriger seule une salle »[11]. Jusqu’à la Libération, elle reste rattachée à l’Abteilung II et travaille parmi la quarantaine de médecins placés sous les ordres du professeur Stein aux cliniques médicales. Plus précisément, la Médicale A (Abteilung II) est dirigée par le professeur Werner Hangarter (Leiter der Abteilung) et le Dozent Gunnar Berg (Oberarzt). Ruth collabore au sein d’une équipe qui a compté, entre début 1942 et septembre 1943, une dizaine de médecins, parmi lesquels le radiologue alsacien Frédéric-Auguste Schaaf, Josef Babillotte, Auguste Bostetter, Günther Holzapfel, René Piffert, Erwin Seidel, Martin Conrath, Hermann Stricker et un au moins cinq autres femmes médecins dont Charlotte Petri, Else Heyl, Ilse Nocken-Bierbrodt, Irmgard Kessing, Hildegard Kummer-Dahle et Irmgard von Plehwe, sans oublier le Dozent Wilhelm Dieker (1906-1987) de l’Allgemeines Strahleninstitut und Röntgenabteilung qui assuré l’intérim de la direction de l’Abteilung II lorsque Hangarter a été mobilisé dans l’armée et envoyé au front en 1943 (im Felde)[33].

De plus, dans un rapport adressé chaque mois à la Gauleitung, le service administratif de l’université joint à la liste du personnel médical un compte-rendu détaillé du taux l’occupation des lits dans chaque clinique de la faculté. S’agissant des cliniques médicales, les données retrouvées sont incomplètes et ne concernent que la période allant de mars à décembre 1942. Une autre difficulté d’interprétation réside dans le fait que certains mois, les trois cliniques et l’hôpital-sanatorium de la Robertsau (Lungenheilstätte Ruprechtsau) sont clairement distinguées, tandis que parfois, toutes les données émanant de ces services sont fusionnées. Néanmoins, la clinique médicale A semble compter sur toute l’année 1942 un nombre total de 228 lits médicaux, ce qui en fait le service de la clinique médical le plus pourvu en lits. Sur la période considérée, le taux de saturation oscille entre 68% et 85% et semble stagner au niveau du taux moyen d’occupation de toute la clinique médicale, avoisinant les 80%. De plus, sur les 31 Stationen (salles) que compte la clinique médicale, dix se trouvent en Médecine III, dix en Médecine I, sept en Médecine II (auxquelles il faut ajouter le service de radiologie du Dr. Frédéric-Auguste Schaaf) et quatre au sanatorium de la Robertsau[34].

Enfin, d’un point de vue plus personnel, il est à noter que Ruth est célibataire et qu’elle est toujours domiciliée chez sa mère au 11 rue Calvin (Hamangasse) à Strasbourg. Sa mère, veuve depuis la mort de son mari à l’été 1938, ne bénéficie que d’une pension s’élevant à 130 Reichsmarks mensuels et Ruth n’hésite pas à solliciter des instances de l’université une « petite aide » (kleine Unterstützung) pour pouvoir soutenir financièrement sa mère, qui ne peut compter sur personne d’autre que sa fille pour pourvoir à ses besoins élémentaires[11]. De plus, ajoutons qu’entre le 25 août et le 9 octobre 1942, Ruth a été hospitalisée pendant plus de six semaines à la clinique en raison d’une « grave pneumonie grippale qu’elle a contractée dans le cadre de son service » à la clinique (infolge einer im Dienste sich zugezogenen schweren Grippen-Pneumonie). Étant donné qu’elle n’était pas assurée (pflichtversichert), faute de moyens financiers, et que les frais des treize premières semaines d’arrêt de maladie n’étaient pas pris en charge, Ruth n’a pas reçu d’indemnisation pendant toute sa période d’absence. Toutefois, elle bénéficie à nouveau d’une attention toute particulière des services de l’université, puisque le directeur administratif par intérim de l’université (kommissarischer Verwaltungsdirektor), le Dr. Barthelme, propose de lui attribuer une indemnisation de 269,95 Reichsmarks à charge de l’administration de l’hôpital (Klinikverwaltung)[35]. Plusieurs échanges épistolaires font état de cette proposition concernant Lasch – présentée d’ailleurs non pas comme une Volontärassistentin mais comme une Pflichtassistentin –, au début de l’année 1943. Celle-ci est finalement retenue et validée par le Kurator Scherberger qualifiant la maladie de Ruth de « maladie professionnelle » (Berufskrankheit), ce qui lui permet de percevoir une indemnisation substantielle[36].

Recrutée comme fonction d’assistante scientifique (1943-1944)

Finalement, au cours de l’été 1943, alors qu’elle travaille depuis près de deux ans à l’Abteilung II de la clinique médicale, Ruth Lasch se voit proposer par ses supérieurs une nouvelle évolution de statut. En effet, le Dozent Wilhelm Dieker, de l’institut de radiologie, qui assure l’intérim à la direction de l’Abteilung II durant l’absence de Hangarter et Berg, décide d’offrir une promotion à Lasch. Le 30 juillet 1943, il remplit le formulaire habituel de recrutement d’un assistant et indique qu’il « envisage de recruter la Volontärassistentin Ruth Lasch (…) comme faisant fonction d’assistante scientifique (…) pour la durée de la guerre ». Il s’agit ainsi de lui conférer le statut de Verwalterin einer wissenschaftlichen Assistentenstelle, le deuxième plus haut grade avant les fonctions dirigeantes et les titres de chef de clinique et de médecin-chef (Oberarzt, Chefarzt). Le 2 septembre, Stein donne son accord et le dossier remonte jusqu’au bureau du Kurator Scherberger qui officialise ce changement de statut. Le 30 septembre 1943, Scherberger écrit à Ruth pour lui notifier qu’elle recevait, « avec effet rétroactif au 1er juillet 1943, un poste de faisant fonction d’assistante scientifique à l’Abteilung II de la clinique médicale de la Reichsuniversität Straβburg pour toute la durée de la guerre ». En ce qui concerne sa rémunération, Ruth bénéficie d’un traitement s’élevant à 323,68 RM bruts mensuels en vertu de la réglementation alors en vigueur concernant la rémunération des médecins assistants célibataires en Alsace[37]. Désormais, Ruth figure sur les listes du personnel de la clinique médicale sous le statut d’Assistenzärztin, entre le mois de novembre 1943 et le mois de novembre 1944[38].

État de la clinique médicale en 1944

Au début de l’année 1944, à une époque où beaucoup de médecins de la Reichsuniversität Straβburg risquent d’être transférés en Allemagne pour travailler dans une clinique ou un cabinet, voire d’être enrôlés dans l’armée allemande, le doyen de la faculté de médecine et directeur de la clinique médicale, Johannes Stein, rédige un rapport qui détaille l’état de sa clinique. Dans son rapport adressé au Kurator de la Reichsuniversität Straβburg, Stein indique qu’au 5 janvier 1944, sur les 765 lits disponibles dans tous les services de sa clinique, 651 d’entre eux étaient occupés, ce qui porte le taux d’occupation global à environ 85%. De plus, le nombre de patients examinés (untersucht) et soignés (behandelt) de manière ambulatoire (ambulant) atteint un total de 734 patients par jour. À cette même date, même si la liste officielle du personnel médical de la clinique médicale compte quarante-quatre médecins (dont treize ont été appelés dans la Wehrmacht), Stein déclare être à la tête d’une équipe de vingt-neuf médecins. Conformément à la réglementation du nombre de médecin dans les cliniques universitaires (ratio médecin-patients), ce nombre aurait été largement suffisant pour assurer le bon fonctionnement de la clinique. Mais Stein explique qu’en réalité, il ne peut s’appuyer que sur dix-neuf assistants, puisque certains de ses collaborateurs sont mutilés de guerre ou malades, tandis que d’autres ne travaillent qu’à temps partiel à l’hôpital ou ont dû quitter la clinique (il en compte donc certains pour une « moitié »)[39]. Ainsi, si Stein estimait que le ratio médecin-patient était jusque-là convenable voire supportable, il précise que la « situation a complètement changé ces dernières semaines », et qu’« à [s]on avis, on ne peut pas dire que la clinique médicale possède trop de médecins-assistants (überbesetzt) »[40]. Ce manque de personnel observable au début de l’année 1944 semble d’ailleurs aggravé par les politiques appliquées par les autorités nationales-socialistes, civiles et militaires. En effet, si la plupart des médecins alsaciens font l’objet de mesures de rééducation idéologique en étant envoyé en Allemagne, l’élargissement de la conscription à de nouvelles classes d’âges concerne directement de nombreux médecins de la Reichsuniversität Straβburg, qu’ils soient Alsaciens ou non. Enfin, dans l’état d’urgence et afin d’assurer les soins aux populations civiles du Reich, les nazis cherchaient à organiser le remplacement des médecins ayant acquis un peu d’expérience à la Reichsuniversität Straβburg par des jeunes diplômés (ou des docteurs revenant du front) dans le cadre de la politique visant à assurer les soins aux populations civiles du Reich. Ruth Lasch, en poste depuis près de quatre ans à la clinique, est précisément visée par cette dernière mesure politique au cours de l’année 1944.

Vers un service médical obligatoire en Allemagne ?

Ruth Lasch continue de travailler à l’Abteilung II de la clinique médicale, à une époque où les conditions de travail se détériorent en raison d’un fort manque de personnel médical, une situation notamment aggravée par une politique de remplacement du personnel et d’envoi de plusieurs médecins outre-Rhin[41]. D’ailleurs, Ruth Lasch est directement concernée par ces mesures qui sont engagées et intensifiées en 1944. Le 12 avril 1944, la Gauleitung adresse à tous les Staatliche Gesundheitsämter d’Alsace une requête en ce sens. Il écrit :

« Avec le manque considérable de personnel médical, les difficultés liées à la mise à disposition de médecins suffisamment formés sur le plan clinique sont toujours plus grandes. Il n’est plus possible de continuer à envoyer des jeunes médecins au service médical obligatoire pour exercer la médecine seuls, alors qu’ils ont à peine reçu leur Approbation et qu’ils ne sont pas aptes, en termes d’expérience, à exercer seuls ni à assumer des responsabilités si rapidement après l’obtention de l’examen médical d’État […]. Le Reichsgesundheitsführer a ainsi ordonné que l’on commence immédiatement à transférer les médecins assistants qui ont déjà travaillé pendant une plus grande période en milieu hospitalier et en cliniques. Une exception pourra être accordée uniquement pour les médecins assistants qui ont été promus au rang de chef de clinique (Oberarzt) ou qui sont pressentis en raison de compétences particulières à présenter une habilitation, à occuper un poste de médecin-chef (Chefarzt) ou une tout autre position supérieure »[42].

À la suite de ce courrier, le Kurator Scherberger charge tous les directeurs de cliniques et d’instituts de l’université d’établir une liste de leurs assistants et d’indiquer les noms de ceux qui y travaillent depuis un an, depuis deux ans et depuis trois ans ou plus. Les directeurs ayant tardé à répondre, le Kurator n’adresse son rapport à la Gauleitung que le 29 juillet 1944, fournissant tout de même une liste comprenant cinquante-sept noms de médecins dont la faculté de médecine aurait pu, en principe, se séparer s’il fallait appliquer les mesures officielles. Ruth Lasch – présentée ici inexactement avec le titre de docteur – est l’une de ces personnes, et il est précisé que cela fait à peine un an qu’elle travaille à l’hôpital, comme ses confrères et consœurs Margrit Meschenmoser, Ilse Nocken-Biebrodt et Valentin Becker, ce qui fait sans doute référence à la durée de service comme faisant fonction d’assistante scientifique[43]. Les tractations se poursuivent entre l’université, les directeurs de cliniques et les autorités de la Gauleitung pour savoir quels médecins pouvaient effectivement être soustraits à la clinique : un mois plus tard, le Kurator indique avoir à nouveau redemandé aux directeurs « les noms des femmes médecins de leurs établissements qui pouvaient être remplacées par des femmes médecins plus jeunes », de même que les hommes dont un « échange pouvait être envisagé avec des médecins plus âgés qui se trouvent alors au front ». La réticence des directeurs de cliniques et d’instituts se traduit par une absence de réponse à la question posée, mais uniquement par l’envoi d’une liste de celles et ceux dont l’envoi en Allemagne était impossible, soit parce qu’ils étaient déjà en service outre-Rhin, ou qu’ils étaient malades voire en congé[44]. Grâce à la lenteur (peut-être volontaire de la part de la direction des cliniques) dans la gestion de cette affaire – visant à envoyer un certain nombre de médecins strasbourgeois en Allemagne pour assurer les soins à la population civile (Sicherstellung der ärztlichen Versorgung der Zivilbevölkerung') –, Ruth Lasch parvient à échapper à l’envoi en Allemagne et à rester en Alsace jusqu’à la Libération[45].


L’après-guerre : un décès brutal

La période entourant la Libération et la fin de la guerre reste très flou dans la carrière médicale de Ruth Lasch. De toute évidence, elle reste en Alsace lorsque la Reichsuniversität Straβburg se replie outre-Rhin face à l’arrivée des Alliés, mais rien ne nous permet d’affirmer qu’elle ait continué de travailler au sein de l’hôpital civil redevenu français après le départ des Allemands fin 1944. Dans l’état actuel des recherches, elle n’aurait pas été visée par une procédure d’épuration du corps médical, ni par une procédure civile ou civique d’épuration[46]. Enfin, Ruth Lasch décède brusquement le 16 juin 1945 à Strasbourg à l’âge de vingt-six ans[47].


Sources et bibliographie

Sources

ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch).

ADBR, 1558 W 677, dossier n°60991 (Raymond Koessler), Rapport du directeur Stein sur l’état de la clinique, 4 février 1944.

ADBR, 4E482/860, État civil de Strasbourg, Table des naissances (1913-1922), Acte de naissance de R. Lasch, Acte n°157/1919.

ADBR, 4E482/1284, État civil de Strasbourg, Table des décès (1943-1952), Acte de décès de R. Lasch, Acte n°1830/1945.

ADBR, 4E482/860, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de G. Lasch, Acte n°1342/1874.

ADBR, 4E482/273, État civil de Strasbourg, Acte de décès de F. Lasch, Acte n°3039/1895.

ABDR, État civil de Brumath (original en mairie), Acte de naissance de Ch. Becker, Acte n°40/1837.

ADBR, 4E482/252-253, État civil de Strasbourg, Acte de décès de Ch. Becker, Acte n°921/1893.

ADBR, 4E559/14, État civil de Zittersheim, Acte de mariage de G. Lasch et H. Spach, Acte n°1/1904.

ADBR, 4E265/15, État civil de Lichtenberg, Acte de naissance de H. Spach, Acte n°22/1886.

ADBR, 4E521/2, État civil de Weinbourg, Acte de naissance de É. Spach, Acte n°9/1837.

ADBR, 4E482/1131, État civil de Strasbourg, Table des décès (1933-1942), Acte de décès de G. Lasch, Acte n°2107/1938.

ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Listes du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg (1941-1943).

ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Meldung über die Zahl der in unserem Klinikum beschäftigten Assistenzärzte und Ärztinnen (1942)

ADBR, 126 AL 37, dossier n°1.

ADBR, 544 D 247, Tableau récapitulatif des procédures d’épuration du corps des médecins en Alsace.

AVES, 7 AH 15, Listes du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg (1941-1944).

BArch, R 76/IV 27, Annuaire du personnel de la Reichsuniversität Straβburg repliée à Tübingen, 26 mars 1945.

« Fünfte Verordnung zur Durchführung und Ergänzung der Reichsärzteordnung (Bestallungsordnung für Ärzte) vom 17. Juli 1939 », Reichsgesetzblatt, Teil I, 1939, n°130, 22 juillet 1939, p. 1273-1303.

« Rapport au président de la République » remis par le ministre de l’Éducation nationale Anatole de Monzie le 23 janvier 1934 et au décret du président Albert Lebrun du 23 janvier 1934, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°23, 28 janvier 1934, p. 833-835. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6545133s/f18.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.

Décret du président Albert Lebrun du 6 mars 1934, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°60, 11 mars 1934, p. 2529-2532. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546480s/f17.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.

D’après le décret du président Albert Lebrun du 6 mars 1931, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°60, 11 mars 1934, p. 2530. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546480s/f17.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.

Décret du président Albert Lebrun du 6 mars 1931, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°60, 11 mars 1934, p. 2529-2532. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546480s/f17.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.

Bibliographie

Marie-Joseph Bopp, Die evangelischen Geistlichen und Theologen in Elsass und Lothringen von der Reformation bis zur Gegenwart, Neustadt an der Aisch, 1959, p. 326.

Éric Ettwiller, L’enseignement secondaire des filles en Alsace-Lorraine et dans l’académie de Nancy de 1871 à 1940, réalisée sous la direction de Claude Muller, Strasbourg, Université de Strasbourg, 2017.

Raymond Matzen, « Lasch Gustave », Fiche biographique du Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne (NetDBA), 1994, disponible via https://www.alsace-histoire.org/netdba/lasch-gustave/, [en ligne], consulté le 11 avril 2021.

Rainer Möhler, Die Reichsuniversität Straβburg, 1940-1944. Eine nationalsozialistiche Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen, thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019.

Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, p. 572-583, ici p. 573.

Patrick Wechsler, La Faculté de médicine de la « Reichsuniversität Straβburg » (1941-1945) à l'heure nationale-socialiste, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université Louis Pasteur, 1991.


Repères

Localisations

Nationalités

  • Français (4 février 1919 - 16 juin 1945)
  • Alsacien (4 février 1919 - 16 juin 1945)

Confessions

  • Protestant (4 février 1919 - 16 juin 1945)

Publications

Liens à institutions

Höhere Tochterschule Straβburg

Faculté de médecine, UdS, 1918-1939

Faculté de médecine, UdS-CF, 1939-1945

Universität Heidelberg

Faculté des sciences, UdS, 1918-1939

Medizinische Abteilung II, RUS

1919-02-04T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1945-06-16T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1941-10-13T00:00:00Z
Vie privée
Autorisation d'exercer la médecine
1919-02-04T00:00:00Z
1945-06-16T00:00:00Z
Vie privée
1919-02-04T00:00:00Z
1945-06-16T00:00:00Z
Vie privée
1919-02-04T00:00:00Z
1945-06-16T00:00:00Z
Vie privée
1925-09-01T00:00:00Z
1936-06-07T00:00:00Z
Carrière
1937-11-01T00:00:00Z
1939-09-01T00:00:00Z
Carrière
1939-09-01T00:00:00Z
1940-07-01T00:00:00Z
Carrière
1940-09-01T00:00:00Z
1941-10-31T00:00:00Z
Carrière
1936-10-01T00:00:00Z
1937-07-01T00:00:00Z
Carrière
1941-11-01T00:00:00Z
1942-03-15T00:00:00Z
Carrière
1942-03-16T00:00:00Z
1943-03-31T00:00:00Z
Carrière
1943-04-01T00:00:00Z
1943-06-30T00:00:00Z
Carrière
Medizinische Abteilung II, RUS, Volontärassistent,
1943-07-01T00:00:00Z
1944-11-23T00:00:00Z
Carrière
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Références



  1. ADBR, 4E482/860, État civil de Strasbourg, Table des naissances (1913-1922), Acte de naissance de R. Lasch, Acte n°157/1919.
  2. ADBR, 4E482/860, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de G. Lasch, Acte n°1342/1874.
  3. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Fragebogen, 9 avril 1942 ; ADBR, 4E482/273, État civil de Strasbourg, Acte de décès de F. Lasch, Acte n°3039/1895 ; ABDR, État civil de Brumath (original en mairie), Acte de naissance de Ch. Becker, Acte n°40/1837 ; ADBR, 4E482/252-253, État civil de Strasbourg, Acte de décès de Ch. Becker, Acte n°921/1893.
  4. 4,0 et 4,1 Raymond Matzen, « Lasch Gustave », Fiche biographique du Nouveau Dictionnaire de biographie alsacienne (NetDBA), 1994, disponible via https://www.alsace-histoire.org/netdba/lasch-gustave/, [en ligne], consulté le 11 avril 2021.
  5. ADBR, 4E559/14, État civil de Zittersheim, Acte de mariage de G. Lasch et H. Spach, Acte n°1/1904.
  6. ADBR, 4E265/15, État civil de Lichtenberg, Acte de naissance de H. Spach, Acte n°22/1886.
  7. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Fragebogen, 9 avril 1942 ; ADBR, 4E521/2, État civil de Weinbourg, Acte de naissance de É. Spach, Acte n°9/1837 ; ADBR, 4E265/15, État civil de Lichtenberg, Acte de naissance de H. Spach, Acte n°22/1886.
  8. ADBR, 105 AL 2596 ; Marie-Joseph Bopp, Die evangelischen Geistlichen und Theologen in Elsass und Lothringen von der Reformation bis zur Gegenwart, Neustadt an der Aisch, 1959, p. 326.
  9. ADBR, 4E482/1131, État civil de Strasbourg, Table des décès (1933-1942), Acte de décès de G. Lasch, Acte n°2107/1938.
  10. Sur la question des établissements scolaires de filles en Alsace, on renvoie à la brillante thèse de doctorat d’histoire d’Éric Ettwiller, L’enseignement secondaire des filles en Alsace-Lorraine et dans l’académie de Nancy de 1871 à 1940, réalisée sous la direction de Claude Muller, Strasbourg, Université de Strasbourg, 2017.
  11. 11,0 11,1 11,2 11,3 11,4 11,5 11,6 et 11,7 ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lebenslauf de R. Lasch, 9 avril 1942.
  12. Sur la législation concernant le Certificat PCB, on renvoie notamment au « Rapport au président de la République » remis par le ministre de l’Éducation nationale Anatole de Monzie le 23 janvier 1934 et au décret du président Albert Lebrun du 23 janvier 1934, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°23, 28 janvier 1934, p. 833-835. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6545133s/f18.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.
  13. Décret du président Albert Lebrun du 6 mars 1934, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°60, 11 mars 1934, p. 2529-2532. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546480s/f17.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.
  14. D’après le décret du président Albert Lebrun du 6 mars 1931, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°60, 11 mars 1934, p. 2530. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546480s/f17.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.
  15. Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, p. 572-583, ici p. 573.
  16. Décret du président Albert Lebrun du 6 mars 1931, in Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis communication, information et annonces, 66e année, n°60, 11 mars 1934, p. 2529-2532. Disponible via https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6546480s/f17.item, [en ligne], consulté le 12 avril 2021.
  17. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lebenslauf de R. Lasch, 9 avril 1942 ; ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), Fragebogen, Ergänzung zum Formblatt 2, 9 avril 1942.
  18. « Fünfte Verordnung zur Durchführung und Ergänzung der Reichsärzteordnung (Bestallungsordnung für Ärzte) vom 17. Juli 1939 », Reichsgesetzblatt, Teil I, 1939, n°130, 22 juillet 1939, p. 1273-1303.
  19. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lebenslauf de R. Lasch, 9 avril 1942 ; ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), Lettre du Dozent Berg au Kurator Scherberger, 17 février 1942.
  20. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Dozent Berg au Kurator Scherberger, 17 février 1942 ; ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), Lebenslauf de R. Lasch, 9 avril 1942.
  21. AVES, 7 AH 15, , Liste du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg, État du 1er novembre 1941.
  22. AVES, 7 AH 15, , Liste du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg, État du 1er décembre 1941.
  23. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Dozent Berg au Kurator Scherberger, 17 février 1942 : « Fr[äu]l[ein] Lasch trat am 1.11.41 in die zweite Abt[eilung] der med[izinischen] Klinik ein, nachdem sie im Oktober 1941 ihr Staatsexamen in Heidelberg bestanden hatte. Ihr wurde von meinem Vorgänger, Herrn Dr. Paul Meyer, sofort eine Station übertragen. In Anbetracht des Ärztemangels war ich gezwungen, sie weiterhin in der selbständigen Stelle einer Stationsärztin zu belassen. Sie ist äußerst fleißig und gewissenhaft und ich habe einen guten Eindruck von ihren medizinischen Kenntnissen gewonnen. Sie führt jetzt eine Frauenstation mit 25 Betten. Bis zum 15.3.1942 wird die Zeit noch gewertet, als Pflichtfamulatur, da die Famulatur in de[r] französischen Zeit nicht angerechnet wurde. Ich bitte, Fr[äu]l[ein] Lasch die Stelle einer Volontär-Assistentin ab 15.3.42 zu übertragen. Ich darf bei dieser Gelegenheit bemerken, dass Herr Köbele, der eine Vol[ontär]-Assistentenstelle bekommen hatte, inzwischen ausgeschieden ist, da er nach Baden versetzt wurde ».
  24. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Kurator Scherberger au doyen Stein, 10 mars 1942.
  25. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du doyen Stein au Kurator Scherberger, 10 avril 1942.
  26. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Kurator Scherberger à Ruth Lasch, 15 avril 1942.
  27. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Erklärung über die Logenzugehörigkeit, 20 avril 1942.
  28. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Amtsärztliches Zeugnis, 20 avril 1942.
  29. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Antrag auf Einstellung eines Assistenten, février-avril 1942.
  30. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Rektor Schmidt au Kurator Scherberger, 30 avril 1942.
  31. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Kurator Scherberger à Ruth Lasch, 7 mai 1942.
  32. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Dozent Dieker au Kurator Scherberger, 17 février 1942.
  33. AVES, 7 AH 15 et ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Listes du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg (1941-1944).
  34. ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Meldung über die Zahl der in unserem Klinikum beschäftigten Assistenzärzte und Ärztinnen, Mars à décembre 1942. Sur ces fiches établies chaque début de mois figure le nombre de médecins en postes, mais aussi le nombre de lits disponibles et occupés.
  35. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre de Barthelme au Kurator Scherberger, 9 septembre 1943.
  36. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), , Lettre du Kurator Scherberger à Barthelme, 23 février 1943.
  37. ADBR, 1558 W 796, dossier n°78746 (Ruth Lasch), Lettre du Kurator Scherberger à Ruth Lasch, 30 septembre 1943.
  38. AVES, 7 AH 15, Listes du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg (1941-1944).
  39. ADBR, 1558 W 677, dossier n°60991 (Raymond Koessler), , Lettre de du directeur de la clinique médicale de la Reichsuniversität Straβburg au Kurator de la Reichsuniversität Straβburg au sujet du détachement du Dr. Koessler du service armé, 4 février 1944. Les deux Schwerkriegsversehrte sont Günther Holzapfel (amputé du bras droit) et Valentin Becker (qui a perdu un œil après avoir été touché par balle au niveau du front et qui a été amputé de plusieurs doigts de pieds à cause de gelures). De plus, il s’avère que les Alsaciens Charles Gunsett et Frédéric-Auguste Schaaf cumulent leurs activités hospitalières avec une pratique privée et que le Dr. Jordan subissait encore les séquelles d’une grave tuberculose (schwere Tuberkulose). Les assistants qui ont quitté la clinique médicale sont : les Drs. Wagner et Discher, qui ont été affectés à la clinique chirurgicale ; le Dr. Ernewein, qui a été enrôlé dans l’armée allemande (zum Wehrdienst verpflichtet) et le Dr. Conradt, qui a été soumis au service médical obligatoire en campagne (für eine Landpraxis dienstverpflichtet).
  40. ADBR, 1558 W 677, dossier n°60991 (Raymond Koessler), , Lettre de du directeur de la clinique médicale de la Reichsuniversität Straβburg au Kurator de la Reichsuniversität Straβburg au sujet du détachement du Dr. Koessler du service armé, 4 février 1944.
  41. Voir à ce propos ADBR, 126 AL 37, dossier n°1.
  42. ADBR, 126 AL 37, dossier n°1, Lettre de la Gauleitung (Verwaltungs- und Polizeiabteilung) aux Staatliche Gesundheitsämter en Alsace, 12 avril 1944 : « Bei dem erheblichen er Ärztemängel werden die Schwierigkeiten, klinisch genügend ausgebildete Ärzte zur Verfügung zu stellen, immer grösser. Es ist nicht möglich, weiterhin frisch approbierte Jungärzte, die erfahrungsgemäß sich nicht für die freie Praxis, wie überhaupt für verantwortliche Aufgaben, eignen, gleich nach dem Examen in die freie Praxis Notdienst zu verpflichten. [...] Der Reichsgesundheitsführer hat daher angeordnet, sofort mit der Überführung derjenigen Assistenten, die schon längere Zeit in Krankenhäusern und Kliniken sind, zu beginnen. Eine Ausnahme kann nur für solche Assistenten anerkannt werden, die zu Oberärzten aufgerückt sind, oder wegen besonderer Befähigung zur Habilitation, für Chefarztstellen oder sonstige Spitzenstellen vorgesehen sind ».
  43. ADBR, 126 AL 37, dossier n°1, Lettre du Kurator de la Reichsuniversität Straβburg à la Gauleitung (Verwaltungs- und Polizeiabteilung), , 29 juillet 1944.
  44. ADBR, 126 AL 37, dossier n°1, Lettre du Kurator de la Reichsuniversität Straβburg à la Gauleitung (Verwaltungs- und Polizeiabteilung), , 25 septembre 1944. Le Kurator écrit : « ich habe […] die Leiter der Universitätskliniken, bei denen Ärztinnen tätig sind, gebeten, mir solche Ärztinnen zu benennen, die gegen Jungärztinnen ausgetauscht werden können. […] Auf Ärzte, die zum Austausch mit älteren im Felde stehenden Assistenten in Frage kommen, sind mir nicht namhaft gemacht worden. Eine Überprüfung der in Kliniken beschäftigten Ärzte hat ergeben, daß die Anzahl der z. Zt. Vorübergehend abwesenden und seit 1.8.1944 ganz ausgeschieden sowie der demnächst ausscheidenden Ärzte weit höhe ist als die Zeit der seit diesem Zeitpunkt neu eingetretenen Ärzte ».
  45. AVES, 7 AH 15, , Liste du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg ; ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Liste du personnel médical de la Reichsuniversität Straβburg ; BArch, R 76/IV 27, Annuaire du personnel de la Reichsuniversität Straβburg repliée à Tübingen, 26 mars 1945.
  46. Voir par exemple ADBR, 544 D 247, Tableau récapitulatif des procédures d’épuration du corps des médecins en Alsace.
  47. ADBR, 4E482/1284, État civil de Strasbourg, Table des décès (1943-1952), Acte de décès de R. Lasch, Acte n°1830/1945.