Différences entre les versions de « Jules Stahl »
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Jules Stahl était en outre président de la Commission permanente médicale, président de l’Association européenne de médecine interne d’ensemble (1969-1973) et président du Conseil régional d’Alsace de l’Ordre des médecins (jusqu’1981). Nommé professeur des universités honoraire quinze jours après son départ en retraite, il est aussi officier de l’Ordre de la Légion d’honneur (1977) et officier de l’ordre des Palmes académiques (1949). | Jules Stahl était en outre président de la Commission permanente médicale, président de l’Association européenne de médecine interne d’ensemble (1969-1973) et président du Conseil régional d’Alsace de l’Ordre des médecins (jusqu’1981). Nommé professeur des universités honoraire quinze jours après son départ en retraite, il est aussi officier de l’Ordre de la Légion d’honneur (1977) et officier de l’ordre des Palmes académiques (1949). | ||
|Contexte_fr=Devenir médecin | |Contexte_fr==Devenir médecin= | ||
Né dans une famille alsacienne ayant obtenu la nationalité allemande à la suite du rattachement de l’Alsace au Reich wilhelmien en 1871, Jules Stahl grandit à Barr, une petite ville du centre-Alsace. Côtoyant le milieu médical très jeune avec son père pharmacien, Jules Stahl débute ses études de médecine dans les années 1920 à l’université française de Strasbourg. Étudiant brillant, il accomplit son externat, puis son internat des hôpitaux, entrant à la clinique médicale B et débutant sa carrière sa carrière scientifique aux côtés des professeurs Léon Blum (1878-1930) et Léon Ambard (1876-1962). | Né dans une famille alsacienne ayant obtenu la nationalité allemande à la suite du rattachement de l’Alsace au Reich wilhelmien en 1871, Jules Stahl grandit à Barr, une petite ville du centre-Alsace. Côtoyant le milieu médical très jeune avec son père pharmacien, Jules Stahl débute ses études de médecine dans les années 1920 à l’université française de Strasbourg. Étudiant brillant, il accomplit son externat, puis son internat des hôpitaux, entrant à la clinique médicale B et débutant sa carrière sa carrière scientifique aux côtés des professeurs Léon Blum (1878-1930) et Léon Ambard (1876-1962). | ||
La famille Stahl | ==La famille Stahl== | ||
Jules Stahl, de son nom de naissance Julius Stahl, est né le 6 octobre 1902 à Barr . Issu d’une famille alsacienne de confession protestante, son père, également prénommé Jules (1871-1951) , était un pharmacien strasbourgeois (Apotheker). Il avait fait ses études à la Kaiser-Wilhelms-Universität, l’université impériale de Strasbourg entre le semestre d’été 1894 et 1895 . Le 24 mai 1899 , il épouse à Épinal dans les Vosges Bertha Schmidt (1875-1939), la fille d’un pharmacien , puis s’installe à Barr dans le centre-Alsace pour ouvrir une officine au centre-ville, dans l’actuelle rue des Maréchaux. Le couple Stahl donne naissance à deux enfants Édouard Henri (1900-1979) et Jules (1902-1984). | Jules Stahl, de son nom de naissance Julius Stahl, est né le 6 octobre 1902 à Barr . Issu d’une famille alsacienne de confession protestante, son père, également prénommé Jules (1871-1951) , était un pharmacien strasbourgeois (Apotheker). Il avait fait ses études à la Kaiser-Wilhelms-Universität, l’université impériale de Strasbourg entre le semestre d’été 1894 et 1895 . Le 24 mai 1899 , il épouse à Épinal dans les Vosges Bertha Schmidt (1875-1939), la fille d’un pharmacien , puis s’installe à Barr dans le centre-Alsace pour ouvrir une officine au centre-ville, dans l’actuelle rue des Maréchaux. Le couple Stahl donne naissance à deux enfants Édouard Henri (1900-1979) et Jules (1902-1984). | ||
À la naissance des frères Stahl, l’Alsace faisait partie intégrante du Reich wilhelmien depuis la signature du Traité de Francfort du 10 mai 1871 qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Jules Stahl et son frère grandissent à Barr et suivent leur scolarité à l’école allemande jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Ensuite, avec le retour de l’Alsace à la France à l’issue de la Grande Guerre, la famille Stahl obtient la nationalité française par « réintégration » . | À la naissance des frères Stahl, l’Alsace faisait partie intégrante du Reich wilhelmien depuis la signature du Traité de Francfort du 10 mai 1871 qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Jules Stahl et son frère grandissent à Barr et suivent leur scolarité à l’école allemande jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Ensuite, avec le retour de l’Alsace à la France à l’issue de la Grande Guerre, la famille Stahl obtient la nationalité française par « réintégration » . | ||
Les études de médecine et le début de la carrière à la Médicale B | ==Les études de médecine et le début de la carrière à la Médicale B== | ||
Les études de médecine : de l’externat au clinicat | ===Les études de médecine : de l’externat au clinicat=== | ||
Au début des années 1920, Jules Stahl s’inscrit à l’université française de Strasbourg et débute un cursus universitaire de médecine. Comme le prévoit la législation en France, il commence par préparer le certificat Physique, Chimie, Sciences naturelles (PCN) à la faculté des sciences. Il entre ensuite à la faculté de médecine et réussit, en 1923, le concours de l’externat, étant alors aussitôt recruté comme externe des hôpitaux à Strasbourg . En 1925, il débute son internat des hôpitaux à Strasbourg . | Au début des années 1920, Jules Stahl s’inscrit à l’université française de Strasbourg et débute un cursus universitaire de médecine. Comme le prévoit la législation en France, il commence par préparer le certificat Physique, Chimie, Sciences naturelles (PCN) à la faculté des sciences. Il entre ensuite à la faculté de médecine et réussit, en 1923, le concours de l’externat, étant alors aussitôt recruté comme externe des hôpitaux à Strasbourg . En 1925, il débute son internat des hôpitaux à Strasbourg . | ||
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« Les expériences à l’origine de son travail mettaient en évidence une élévation initiale et franche de la glycémie chez le lapin soumis à l’injection d’extraits de pancréas bovin. Ce principe hyperglycémiant n’était rien d’autre que le glucagon contaminant les anciennes préparations d’insuline, insuffisamment purifiées à l’époque » . | « Les expériences à l’origine de son travail mettaient en évidence une élévation initiale et franche de la glycémie chez le lapin soumis à l’injection d’extraits de pancréas bovin. Ce principe hyperglycémiant n’était rien d’autre que le glucagon contaminant les anciennes préparations d’insuline, insuffisamment purifiées à l’époque » . | ||
Une parenthèse : le service militaire | ===Une parenthèse : le service militaire=== | ||
Avec le service et l’obligation militaires, la carrière médicale de Jules Stahl est doublée, dans l’entre-deux-guerres, par une préparation militaire et un engagement au service de la patrie. Étant né en 1902, Jules Stahl faisait partie de la classe de mobilisation de 1922, mais en raison de ses études, il avait pu obtenir un report du service. Néanmoins, en octobre 1927, alors qu’il était âgé de vingt-cinq ans et qu’il était rattaché au bureau de recrutement de Sélestat, il obtient son brevet de préparation militaire supérieure (section médecine) . Il semble d’ailleurs qu’il effectue son service militaire en Afrique du Nord au cours de l’année 1928 en qualité de médecin officier. En effet, dans un décret publié au Journal officiel de la République française au début de l’année 1929, on apprend que Stahl, qui faisait alors partie des « troupes du Maroc », était à présent affecté à la 20e région militaire, conservant son grade de médecin sous-lieutenant. Il a donc été versé dans le corps sanitaire de la réserve militaire de l’armée française et a été officier de réserve durant les années 1930 . | Avec le service et l’obligation militaires, la carrière médicale de Jules Stahl est doublée, dans l’entre-deux-guerres, par une préparation militaire et un engagement au service de la patrie. Étant né en 1902, Jules Stahl faisait partie de la classe de mobilisation de 1922, mais en raison de ses études, il avait pu obtenir un report du service. Néanmoins, en octobre 1927, alors qu’il était âgé de vingt-cinq ans et qu’il était rattaché au bureau de recrutement de Sélestat, il obtient son brevet de préparation militaire supérieure (section médecine) . Il semble d’ailleurs qu’il effectue son service militaire en Afrique du Nord au cours de l’année 1928 en qualité de médecin officier. En effet, dans un décret publié au Journal officiel de la République française au début de l’année 1929, on apprend que Stahl, qui faisait alors partie des « troupes du Maroc », était à présent affecté à la 20e région militaire, conservant son grade de médecin sous-lieutenant. Il a donc été versé dans le corps sanitaire de la réserve militaire de l’armée française et a été officier de réserve durant les années 1930 . | ||
Le début de la carrière scientifique | ===Le début de la carrière scientifique=== | ||
À l’issue de son clinicat, Jules Stahl se rend pendant une année aux États-Unis comme Rockefeller Fellow (en 1933-1934). Rattaché au Columbia Presbyterian Medical Center de New-York, il collabore avec les Drs. Robert F. Loeb (1895-1973) et Dana W. Atchley (1892-1982), avec qui il noue une grande amitié et publie deux articles scientifiques en 1935 et 1936 . C’est une période-clé dans sa propre formation scientifique et dans la construction de son approche de la pratique de la médecine interne : il est alors convaincu que la physiopathologie et l’investigation clinique sont essentielles et fondamentales dans la formation des internistes. La médecine interne devient à ce moment-là sa discipline de prédilection et ses trois principaux domaines de recherches dans sa carrière restent associés à ses premières expériences : la pathogénèse de l’œdème, les effets du glucagon sur le foie, ainsi que l’ammoniac sanguin et les pathologies hépatiques . | À l’issue de son clinicat, Jules Stahl se rend pendant une année aux États-Unis comme Rockefeller Fellow (en 1933-1934). Rattaché au Columbia Presbyterian Medical Center de New-York, il collabore avec les Drs. Robert F. Loeb (1895-1973) et Dana W. Atchley (1892-1982), avec qui il noue une grande amitié et publie deux articles scientifiques en 1935 et 1936 . C’est une période-clé dans sa propre formation scientifique et dans la construction de son approche de la pratique de la médecine interne : il est alors convaincu que la physiopathologie et l’investigation clinique sont essentielles et fondamentales dans la formation des internistes. La médecine interne devient à ce moment-là sa discipline de prédilection et ses trois principaux domaines de recherches dans sa carrière restent associés à ses premières expériences : la pathogénèse de l’œdème, les effets du glucagon sur le foie, ainsi que l’ammoniac sanguin et les pathologies hépatiques . | ||
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L’année 1938 marque pour Jules Stahl son entrée en fonction dans l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur. En effet, à la suite de la nomination du Dr. Vaucher comme professeur titulaire en 1938, le poste d’agrégé qu’il occupait jusque-là était devenu vacant à la Médicale B. Ainsi, à l’occasion d’un vote organisé lors de la séance du Conseil de la Faculté de médecine de Strasbourg du 16 juin 1938, Jules Stahl a été désigné pour remplir les fonctions d’agrégé . Il est alors « chargé de la suppléance dans les fonctions d’agrégé » et reste, en sa qualité d’agrégé délégué, l’un des principaux collaborateurs du professeur Ambard. Celui-ci s’intéressant davantage à la recherche scientifique qu’à la pratique clinique quotidienne, il reléguait en réalité le soin des malades à ses assistants, parmi lesquels Stahl ou encore les médecins de polyclinique Jean-Émile Kappler et Paul Meyer. Précisément, Stahl devient une personnalité très engagée dans la vie du service, très présente auprès des patients et occupe une place prééminente à la Médicale B . Toutefois, la Seconde Guerre mondiale représente un point de rupture dans la carrière médicale du Dr. Stahl. | L’année 1938 marque pour Jules Stahl son entrée en fonction dans l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur. En effet, à la suite de la nomination du Dr. Vaucher comme professeur titulaire en 1938, le poste d’agrégé qu’il occupait jusque-là était devenu vacant à la Médicale B. Ainsi, à l’occasion d’un vote organisé lors de la séance du Conseil de la Faculté de médecine de Strasbourg du 16 juin 1938, Jules Stahl a été désigné pour remplir les fonctions d’agrégé . Il est alors « chargé de la suppléance dans les fonctions d’agrégé » et reste, en sa qualité d’agrégé délégué, l’un des principaux collaborateurs du professeur Ambard. Celui-ci s’intéressant davantage à la recherche scientifique qu’à la pratique clinique quotidienne, il reléguait en réalité le soin des malades à ses assistants, parmi lesquels Stahl ou encore les médecins de polyclinique Jean-Émile Kappler et Paul Meyer. Précisément, Stahl devient une personnalité très engagée dans la vie du service, très présente auprès des patients et occupe une place prééminente à la Médicale B . Toutefois, la Seconde Guerre mondiale représente un point de rupture dans la carrière médicale du Dr. Stahl. | ||
Médecin en Alsace annexée | |||
=Médecin en Alsace annexée= | |||
À la suite de l’annexion de fait de l’Alsace au territoire de l’Allemagne nazie à l’été 1940, le Dr. Stahl fait partie des premiers médecins sélectionnés par les Allemands pour intégrer le corps médical de la future Reichsuniversität Strassburg. S’il débute sa carrière comme chef de service par intérim, il quitte ensuite le milieu de l’hôpital civil et se livre à la pratique médicale privée à son cabinet et à la clinique privée de Bethesda à Strasbourg. La guerre et l’arrivée des Allemands à Strasbourg avaient en réalité marqué un coup d’arrêt à sa carrière médicale et scientifique engagée dès les années 1930. | À la suite de l’annexion de fait de l’Alsace au territoire de l’Allemagne nazie à l’été 1940, le Dr. Stahl fait partie des premiers médecins sélectionnés par les Allemands pour intégrer le corps médical de la future Reichsuniversität Strassburg. S’il débute sa carrière comme chef de service par intérim, il quitte ensuite le milieu de l’hôpital civil et se livre à la pratique médicale privée à son cabinet et à la clinique privée de Bethesda à Strasbourg. La guerre et l’arrivée des Allemands à Strasbourg avaient en réalité marqué un coup d’arrêt à sa carrière médicale et scientifique engagée dès les années 1930. | ||
Le recrutement par les Allemands en 1940 | ==Le recrutement par les Allemands en 1940== | ||
Dès l’annexion de fait de l’Alsace au Reich, les nazis engagent des préparatifs liminaires en vue d’instituer une université du Reich (Reichsuniversität) à Strasbourg, devant supplanter l’université française qui s’était par ailleurs réfugiée à Clermont-Ferrand au début du conflit. Dans ce contexte d’installation du régime national-socialiste en Alsace et d’application des premières politiques de mise au pas de la population et du territoire alsaciens, il s’agit tout particulièrement de remettre rapidement en fonction l’hôpital civil, qui s’était lui aussi replié en France, à Clairvivre en Dordogne . Les autorités nationales-socialistes avaient rapidement constaté qu’il y avait un besoin « urgent » (dringend) en personnel médical en Alsace pour assurer les soins de la population civile . Jules Stahl compte ainsi parmi les médecins recrutés au cours d’une deuxième vague de recrutement, à l’automne 1940. Quand bien même la nomination des médecins alsaciens dans la nouvelle institution hospitalière allemande n’était que « provisoire » (kommissarisch) – dans l’attente d’un examen politique approfondi du postulant –, il s’agissait en réalité d’une première sélection d’ordre politique. En vertu d’une ordonnance promulguée le 13 juillet 1940 par le département médical l’administration civile en Alsace (également appelée Gauleitung), il était alors obligatoire d’obtenir au préalable une autorisation de la Gauleitung pour pouvoir exercer la médecine dans cette terre du Reich . | Dès l’annexion de fait de l’Alsace au Reich, les nazis engagent des préparatifs liminaires en vue d’instituer une université du Reich (Reichsuniversität) à Strasbourg, devant supplanter l’université française qui s’était par ailleurs réfugiée à Clermont-Ferrand au début du conflit. Dans ce contexte d’installation du régime national-socialiste en Alsace et d’application des premières politiques de mise au pas de la population et du territoire alsaciens, il s’agit tout particulièrement de remettre rapidement en fonction l’hôpital civil, qui s’était lui aussi replié en France, à Clairvivre en Dordogne . Les autorités nationales-socialistes avaient rapidement constaté qu’il y avait un besoin « urgent » (dringend) en personnel médical en Alsace pour assurer les soins de la population civile . Jules Stahl compte ainsi parmi les médecins recrutés au cours d’une deuxième vague de recrutement, à l’automne 1940. Quand bien même la nomination des médecins alsaciens dans la nouvelle institution hospitalière allemande n’était que « provisoire » (kommissarisch) – dans l’attente d’un examen politique approfondi du postulant –, il s’agissait en réalité d’une première sélection d’ordre politique. En vertu d’une ordonnance promulguée le 13 juillet 1940 par le département médical l’administration civile en Alsace (également appelée Gauleitung), il était alors obligatoire d’obtenir au préalable une autorisation de la Gauleitung pour pouvoir exercer la médecine dans cette terre du Reich . | ||
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Après plusieurs mois de préparations, à la mi-octobre 1940, Anrich établit une première liste, contenant les noms de trente-six médecins et universitaires alsaciens, dont les compétences et la fiabilité nationale-socialiste intéressent la Gauleitung pour une reprise de fonctions à la future faculté de médecine allemande. Le nom de Jules Stahl, spécialiste en médecine interne (Innere Medizin), est l’un d’eux . Dès le début, il fait partie des huit professeurs extraordinaires (Extraordinarien) qu’Ernst Anrich et le doyen-fondateur de la faculté de médecine, Johannes Stein (nommé le 16 août), envisagent de solliciter . Le 12 octobre 1940, Anrich et Stein transmettent cette liste à Ludwig Bennmann au Sicherheitsdienst (SD) afin d’entreprendre un examen de leur attitude politique antérieure (politische Überprüfung) et de leur aptitude à servir l’institution allemande . | Après plusieurs mois de préparations, à la mi-octobre 1940, Anrich établit une première liste, contenant les noms de trente-six médecins et universitaires alsaciens, dont les compétences et la fiabilité nationale-socialiste intéressent la Gauleitung pour une reprise de fonctions à la future faculté de médecine allemande. Le nom de Jules Stahl, spécialiste en médecine interne (Innere Medizin), est l’un d’eux . Dès le début, il fait partie des huit professeurs extraordinaires (Extraordinarien) qu’Ernst Anrich et le doyen-fondateur de la faculté de médecine, Johannes Stein (nommé le 16 août), envisagent de solliciter . Le 12 octobre 1940, Anrich et Stein transmettent cette liste à Ludwig Bennmann au Sicherheitsdienst (SD) afin d’entreprendre un examen de leur attitude politique antérieure (politische Überprüfung) et de leur aptitude à servir l’institution allemande . | ||
Chef de service à la Medizinische Klinik | ==Chef de service à la ''Medizinische Klinik''== | ||
Si l’hôpital civil de Strasbourg est rouvert par les Allemands dès le 12 août 1940, le Dr. Jules Stahl y est rapidement recruté et obtient une véritable promotion. Au début du mois d’octobre 1940, le premier chef de la clinique médicale, Alfred Doldé (1886-1965), quitte son poste pour se consacrer à son cabinet médical privé. C’est le Dr. Stahl qui le remplace, officiellement à partir du 7 octobre, en qualité de kommissarischer Chefarzt, c’est-à-dire de chef de service par intérim du service de médecine interne et en assurant une fonction de directeur de la clinique médicale . | Si l’hôpital civil de Strasbourg est rouvert par les Allemands dès le 12 août 1940, le Dr. Jules Stahl y est rapidement recruté et obtient une véritable promotion. Au début du mois d’octobre 1940, le premier chef de la clinique médicale, Alfred Doldé (1886-1965), quitte son poste pour se consacrer à son cabinet médical privé. C’est le Dr. Stahl qui le remplace, officiellement à partir du 7 octobre, en qualité de kommissarischer Chefarzt, c’est-à-dire de chef de service par intérim du service de médecine interne et en assurant une fonction de directeur de la clinique médicale . | ||
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Précisément, le 20 novembre 1940, la Médicale A se sépare de la clinique existante, qui devient la Médicale B. L’une est dirigée par Paul Meyer et l’autre Jules Stahl, deux confrères qui ont travaillé ensemble à la Médicale B de l’époque française dans les années 1930 . Jusqu’en décembre 1940, seule une poignée de médecins alsaciens sont en poste en médecine interne aux côtés du Chefarzt Jules Stahl . Ce dernier reste en poste jusqu’au début de l’année 1941 – au moins jusqu’en janvier –, cédant alors son poste à l’Allemand Werner Jordan (1912-1996), venu d’Heidelberg en vue de la création de la Reichsuniversität Strassburg. Jusqu’à ce jour, les motivations du Dr. Stahl ayant déterminé son départ de l’institution hospitalière allemande restent inconnues. Si certains ont dû quitter l’Alsace après avoir subi des mesures de déplacement de la part des autorités nationales-socialistes ou après avoir émigré, d’autres ont démissionné de leur poste sans préavis avant même l’inauguration de l’université nazie, parfois pour des raisons idéologiques, politiques ou personnelles. Quoi qu’il en soit, le Dr. Stahl a pu rester en Alsace après sa démission de l’hôpital et poursuivre une activité médicale. | Précisément, le 20 novembre 1940, la Médicale A se sépare de la clinique existante, qui devient la Médicale B. L’une est dirigée par Paul Meyer et l’autre Jules Stahl, deux confrères qui ont travaillé ensemble à la Médicale B de l’époque française dans les années 1930 . Jusqu’en décembre 1940, seule une poignée de médecins alsaciens sont en poste en médecine interne aux côtés du Chefarzt Jules Stahl . Ce dernier reste en poste jusqu’au début de l’année 1941 – au moins jusqu’en janvier –, cédant alors son poste à l’Allemand Werner Jordan (1912-1996), venu d’Heidelberg en vue de la création de la Reichsuniversität Strassburg. Jusqu’à ce jour, les motivations du Dr. Stahl ayant déterminé son départ de l’institution hospitalière allemande restent inconnues. Si certains ont dû quitter l’Alsace après avoir subi des mesures de déplacement de la part des autorités nationales-socialistes ou après avoir émigré, d’autres ont démissionné de leur poste sans préavis avant même l’inauguration de l’université nazie, parfois pour des raisons idéologiques, politiques ou personnelles. Quoi qu’il en soit, le Dr. Stahl a pu rester en Alsace après sa démission de l’hôpital et poursuivre une activité médicale. | ||
La clinique de Bethesda et la pratique privée | ==La clinique de Bethesda et la pratique privée== | ||
Après avoir quitté son poste à l’hôpital civil, le Dr. Stahl reste en Alsace annexée et se consacre pleinement à la pratique libérale de la médecine en gérant son cabinet strasbourgeois et sa patientèle. Il était parvenu à conserver son cabinet médical installé en ville, au 10 allée de la Robertsau (Ruprechtsauer Allee 10) . Comme beaucoup, la guerre et la période d’annexion avaient marqué un coup d’arrêt à sa carrière hospitalière. | Après avoir quitté son poste à l’hôpital civil, le Dr. Stahl reste en Alsace annexée et se consacre pleinement à la pratique libérale de la médecine en gérant son cabinet strasbourgeois et sa patientèle. Il était parvenu à conserver son cabinet médical installé en ville, au 10 allée de la Robertsau (Ruprechtsauer Allee 10) . Comme beaucoup, la guerre et la période d’annexion avaient marqué un coup d’arrêt à sa carrière hospitalière. | ||
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À Bethesda, le Dr. Stahl occupe une fonction de médecin interniste et de chef de service (Leitender Arzt) du service de médecine ; son confrère le Dr. Jean Kuntzmann obtient quant à lui la gestion du service de chirurgie. Jules Stahl reste en poste jusqu’à la Libération de l’Alsace à l’automne 1944, échappant notamment à l’attaque aérienne qui a visé Strasbourg le 25 septembre 1944. Ce jour-là, trois bombes avaient atteint la clinique, tuant trois sœurs de la clinique (Catherine Divoux, Anna Froels et Louise Ritzenthaler), ainsi que trois pensionnaires de la clinique . Avec la Libération de l’Alsace par les Alliés et le départ des Allemands, le Dr. Stahl parvient à reprendre une fonction à l’hôpital civil de Strasbourg redevenu français. | À Bethesda, le Dr. Stahl occupe une fonction de médecin interniste et de chef de service (Leitender Arzt) du service de médecine ; son confrère le Dr. Jean Kuntzmann obtient quant à lui la gestion du service de chirurgie. Jules Stahl reste en poste jusqu’à la Libération de l’Alsace à l’automne 1944, échappant notamment à l’attaque aérienne qui a visé Strasbourg le 25 septembre 1944. Ce jour-là, trois bombes avaient atteint la clinique, tuant trois sœurs de la clinique (Catherine Divoux, Anna Froels et Louise Ritzenthaler), ainsi que trois pensionnaires de la clinique . Avec la Libération de l’Alsace par les Alliés et le départ des Allemands, le Dr. Stahl parvient à reprendre une fonction à l’hôpital civil de Strasbourg redevenu français. | ||
Après-guerre : la direction de la Médicale B | |||
=Après-guerre : la direction de la Médicale B= | |||
Si la guerre avait été une rupture dans sa carrière médicale, hospitalière et universitaire, l’année 1945 représente pour le Dr. Stahl un nouveau départ. Échappant aux mesures d’épuration du corps médical et de la société civile, il est aussitôt réhabilité par les autorités françaises dans ses fonctions. Reprenant ses activités aux côtés du professeur Léon Ambard à la Médicale B en 1945, il est nommé agrégé en 1946, puis professeur des universités titulaire de la chaire de clinique médicale B en 1948, assurant la succession de Léon Ambard à la tête de la clinique pendant plus d’un quart de siècle, jusqu’en 1973. | Si la guerre avait été une rupture dans sa carrière médicale, hospitalière et universitaire, l’année 1945 représente pour le Dr. Stahl un nouveau départ. Échappant aux mesures d’épuration du corps médical et de la société civile, il est aussitôt réhabilité par les autorités françaises dans ses fonctions. Reprenant ses activités aux côtés du professeur Léon Ambard à la Médicale B en 1945, il est nommé agrégé en 1946, puis professeur des universités titulaire de la chaire de clinique médicale B en 1948, assurant la succession de Léon Ambard à la tête de la clinique pendant plus d’un quart de siècle, jusqu’en 1973. | ||
La réhabilitation après la guerre | ==La réhabilitation après la guerre== | ||
Dès la Libération de la ville de Strasbourg par les Alliés, le Dr. Jules Stahl retrouve son poste à la clinique médicale B et s’installe au 22, allée de la Robertsau . Très rapidement après la fin de la guerre, une commission d’épuration est mise en place pour vérifier l’attitude des médecins qui étaient en poste à l’hôpital civil durant la guerre et décider d’une éventuelle suite judiciaire. Le 12 juin, le Dr. Jules Stahl émarge une liste du personnel . Le 26 juin 1945, G. Arbogast, chargé du secrétariat de la Faculté de médecine, transmet au président de la sous-commission d’épuration pour l’enseignement supérieur deux listes du personnel de la faculté en poste à l’hôpital devant être soumis à un examen . Mais au final, Jules Stahl n’a fait l’objet d’aucune mesure d’épuration ayant visé le corps médical en particulier et la société civile de manière générale, ce qui est un indice d’une attitude jugée « correcte » sous le nazisme. | Dès la Libération de la ville de Strasbourg par les Alliés, le Dr. Jules Stahl retrouve son poste à la clinique médicale B et s’installe au 22, allée de la Robertsau . Très rapidement après la fin de la guerre, une commission d’épuration est mise en place pour vérifier l’attitude des médecins qui étaient en poste à l’hôpital civil durant la guerre et décider d’une éventuelle suite judiciaire. Le 12 juin, le Dr. Jules Stahl émarge une liste du personnel . Le 26 juin 1945, G. Arbogast, chargé du secrétariat de la Faculté de médecine, transmet au président de la sous-commission d’épuration pour l’enseignement supérieur deux listes du personnel de la faculté en poste à l’hôpital devant être soumis à un examen . Mais au final, Jules Stahl n’a fait l’objet d’aucune mesure d’épuration ayant visé le corps médical en particulier et la société civile de manière générale, ce qui est un indice d’une attitude jugée « correcte » sous le nazisme. | ||
Dans un premier temps, la clinique médicale B est dirigée par le professeur Léon Ambard, qui reprend sa place d’avant-guerre. À ses côtés travaillent également les Drs. Henri Metzger et Frédéric Stéphan. Plusieurs sœurs sont adjointes au service, dont sœur Anysia (1915-2009), à une époque où il y avait encore des « grandes salles de malades » avec environ 25 à 30 lits alignés dans d’immenses pièces. En outre, le Dr. Stahl dispose, au service 217 B, où est affectée sœur Anysia, d’une dizaine de lits privés. Reproduisant la pratique de son ancien maître Léon Blum, le Dr. Stahl avait l’habitude, une fois par semaine, de faire une « grande visite commentée avec son entourage de médecins, d’internes, d’externes et d’étudiants » . | Dans un premier temps, la clinique médicale B est dirigée par le professeur Léon Ambard, qui reprend sa place d’avant-guerre. À ses côtés travaillent également les Drs. Henri Metzger et Frédéric Stéphan. Plusieurs sœurs sont adjointes au service, dont sœur Anysia (1915-2009), à une époque où il y avait encore des « grandes salles de malades » avec environ 25 à 30 lits alignés dans d’immenses pièces. En outre, le Dr. Stahl dispose, au service 217 B, où est affectée sœur Anysia, d’une dizaine de lits privés. Reproduisant la pratique de son ancien maître Léon Blum, le Dr. Stahl avait l’habitude, une fois par semaine, de faire une « grande visite commentée avec son entourage de médecins, d’internes, d’externes et d’étudiants » . | ||
Agrégé de médecine à la Médicale B | ==Agrégé de médecine à la Médicale B== | ||
En fait, Jules Stahl est réinvesti dans l’ancien poste qui était le sien avant la guerre. Selon un annuaire du personnel enseignant et scientifique de la faculté de médecine établi en interne, on voit qu’au 15 octobre 1945, il était « délégué dans les fonctions d’agrégé » et qu’il n’avait pas quitté son logement de l’allée de la Robertsau . Toutefois, au début de l’année 1946 , il est officiellement reçu à l’« agrégation de médecine générale et de pathologie générale » et se voit alors titularisé dans le poste d’agrégé aux côtés du professeur Ambard. Sa fonction médico-scientifique s’accompagne en outre d’une « charg[e] d’enseignement à la faculté de médecine de Strasbourg », pour laquelle il reçoit, en 1946, les insignes d’officier d’académie, c’est-à-dire de chevalier de l’ordre des palmes académiques selon l’appellation alors en usage (avant 1955) . | En fait, Jules Stahl est réinvesti dans l’ancien poste qui était le sien avant la guerre. Selon un annuaire du personnel enseignant et scientifique de la faculté de médecine établi en interne, on voit qu’au 15 octobre 1945, il était « délégué dans les fonctions d’agrégé » et qu’il n’avait pas quitté son logement de l’allée de la Robertsau . Toutefois, au début de l’année 1946 , il est officiellement reçu à l’« agrégation de médecine générale et de pathologie générale » et se voit alors titularisé dans le poste d’agrégé aux côtés du professeur Ambard. Sa fonction médico-scientifique s’accompagne en outre d’une « charg[e] d’enseignement à la faculté de médecine de Strasbourg », pour laquelle il reçoit, en 1946, les insignes d’officier d’académie, c’est-à-dire de chevalier de l’ordre des palmes académiques selon l’appellation alors en usage (avant 1955) . | ||
Le 24 juin 1946, Jules Stahl est également élu à la présidence de la Commission permanente médicale, créée en 1943, pour représenter les praticiens hospitaliers auprès de l’administration hospitalière. Stahl occupe cette fonction jusqu’en 1960, étant ensuite remplacé par le professeur Théophile Kammerer (1916-2005), titulaire de la chaire de clinique psychiatrique . Jules Stahl conserve son poste d’agrégé à la Médicale B pendant seulement deux années, puisque le 1er mars 1948, il obtient une promotion. À seulement quarante-cinq ans, il est nommé professeur titulaire de la chaire de clinique médicale B, chef de service et obtient la direction de la clinique médicale B à la suite du départ en retraite du professeur Ambard. | Le 24 juin 1946, Jules Stahl est également élu à la présidence de la Commission permanente médicale, créée en 1943, pour représenter les praticiens hospitaliers auprès de l’administration hospitalière. Stahl occupe cette fonction jusqu’en 1960, étant ensuite remplacé par le professeur Théophile Kammerer (1916-2005), titulaire de la chaire de clinique psychiatrique . Jules Stahl conserve son poste d’agrégé à la Médicale B pendant seulement deux années, puisque le 1er mars 1948, il obtient une promotion. À seulement quarante-cinq ans, il est nommé professeur titulaire de la chaire de clinique médicale B, chef de service et obtient la direction de la clinique médicale B à la suite du départ en retraite du professeur Ambard. | ||
Professeur des universités et directeur de la clinique médicale B (1948-1974) | ==Professeur des universités et directeur de la clinique médicale B (1948-1974)== | ||
La carrière du Dr. Stahl connaît un nouveau tournant en 1948. Par décret du 12 mai 1948, Jules Stahl, alors « agrégé près la faculté de médecine de l’université de Strasbourg, est nommé, à compter du 1er mars 1948, à l’emploi de professeur de clinique médicale à ladite faculté et titularisé dans le grade correspondant » . Il est en même temps nommé chef de service et directeur de la clinique médicale B de la faculté de médecine de Strasbourg. | La carrière du Dr. Stahl connaît un nouveau tournant en 1948. Par décret du 12 mai 1948, Jules Stahl, alors « agrégé près la faculté de médecine de l’université de Strasbourg, est nommé, à compter du 1er mars 1948, à l’emploi de professeur de clinique médicale à ladite faculté et titularisé dans le grade correspondant » . Il est en même temps nommé chef de service et directeur de la clinique médicale B de la faculté de médecine de Strasbourg. | ||
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Jusqu’à sa retraite, Jules Stahl est très engagé dans la transmission et la formation médicales scientifiques, que ce soit à la clinique, devant ses patients et ses étudiants, ou à l’occasion de congrès médicaux. Même à plus de soixante-dix ans, il assiste à plusieurs colloques médicaux à travers le globe : en septembre 1972, il participe notamment au 12e congrès de médecine interne à Boston (États-Unis), puis à la réunion gastroentérologique à Marrakech (Maroc) en janvier 1973 et enfin au 12e congrès international de la société de médecine interne à Tel-Aviv (Israël) à quelques jours de sa retraite du 8 au 20 septembre 1974 . | Jusqu’à sa retraite, Jules Stahl est très engagé dans la transmission et la formation médicales scientifiques, que ce soit à la clinique, devant ses patients et ses étudiants, ou à l’occasion de congrès médicaux. Même à plus de soixante-dix ans, il assiste à plusieurs colloques médicaux à travers le globe : en septembre 1972, il participe notamment au 12e congrès de médecine interne à Boston (États-Unis), puis à la réunion gastroentérologique à Marrakech (Maroc) en janvier 1973 et enfin au 12e congrès international de la société de médecine interne à Tel-Aviv (Israël) à quelques jours de sa retraite du 8 au 20 septembre 1974 . | ||
La retraite, l’honorariat, la reconnaissance et les héritages | ==La retraite, l’honorariat, la reconnaissance et les héritages== | ||
Le 1er octobre 1974, le professeur Stahl prend officiellement sa retraite. Quinze jours plus tard, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing, le premier ministre Jacques Chirac et le secrétaire d’État aux universités Jean-Pierre Soisson signent un décret qui attribue à Jules Stahl l’honorariat et le titre de « professeur honoraire des universités » . | Le 1er octobre 1974, le professeur Stahl prend officiellement sa retraite. Quinze jours plus tard, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing, le premier ministre Jacques Chirac et le secrétaire d’État aux universités Jean-Pierre Soisson signent un décret qui attribue à Jules Stahl l’honorariat et le titre de « professeur honoraire des universités » . | ||
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« Homme d’une profonde honnêteté, d’une intelligence aigüe et d’une grande finesse, il marquera de son humanisme la clinique médicale B pendant plus d’un quart de siècle. Monsieur Stahl concevait la médecine interne comme une "médecine praticienne à un degré supérieur", c'est-à-dire comme la formation de base indispensable à tout médecin, quelle que soit son orientation ultérieure, mais aussi comme le creuset de la recherche appliquée, une recherche nourrie des questions suscitées par les discussions au lit du malade. […] Il avait pris à cœur la passion de la recherche, qu'il dirigeait d'une main de maître dans ses domaines de prédilection […]. Clinicien hors pair, armé de son vieux stéthoscope en bois dont il ne se séparait jamais, il accordait une importance majeure à l'écoute du patient et à l'examen clinique, avant toute investigation complémentaire. Ses qualités d'enseignant unanimement reconnu faisait accourir les à ses exposés commentés au lit du malade » . | « Homme d’une profonde honnêteté, d’une intelligence aigüe et d’une grande finesse, il marquera de son humanisme la clinique médicale B pendant plus d’un quart de siècle. Monsieur Stahl concevait la médecine interne comme une "médecine praticienne à un degré supérieur", c'est-à-dire comme la formation de base indispensable à tout médecin, quelle que soit son orientation ultérieure, mais aussi comme le creuset de la recherche appliquée, une recherche nourrie des questions suscitées par les discussions au lit du malade. […] Il avait pris à cœur la passion de la recherche, qu'il dirigeait d'une main de maître dans ses domaines de prédilection […]. Clinicien hors pair, armé de son vieux stéthoscope en bois dont il ne se séparait jamais, il accordait une importance majeure à l'écoute du patient et à l'examen clinique, avant toute investigation complémentaire. Ses qualités d'enseignant unanimement reconnu faisait accourir les à ses exposés commentés au lit du malade » . | ||
Non seulement apprécié et respecté, Jules Stahl apparaît ainsi sous les traits d’un médecin, d’un interniste, d’un chercheur et d’un universitaire brillant, qui s’est investi très largement à l’essor de la médecine interne. Son engagement en faveur de ses étudiants, l’enseignement par l’exemple et étant toujours à l’écoute du patient a sans aucun doute contribué à sa réussite. En cela, son passage a marqué durablement l’histoire de la clinique médicale B de l’hôpital civil de Strasbourg, mais a plus généralement marqué l’exercice de la médecine à Strasbourg, formant plusieurs générations de médecins. En somme, il avait participé à la création d’une « grande famille de la clinique médicale B », avec des médecins qui ont tous hérités une « certaine conception de la médecine léguée par le Patron, le professeur Stahl : la prééminence donnée à la prise en charge globale de l’homme malade » . | Non seulement apprécié et respecté, Jules Stahl apparaît ainsi sous les traits d’un médecin, d’un interniste, d’un chercheur et d’un universitaire brillant, qui s’est investi très largement à l’essor de la médecine interne. Son engagement en faveur de ses étudiants, l’enseignement par l’exemple et étant toujours à l’écoute du patient a sans aucun doute contribué à sa réussite. En cela, son passage a marqué durablement l’histoire de la clinique médicale B de l’hôpital civil de Strasbourg, mais a plus généralement marqué l’exercice de la médecine à Strasbourg, formant plusieurs générations de médecins. En somme, il avait participé à la création d’une « grande famille de la clinique médicale B », avec des médecins qui ont tous hérités une « certaine conception de la médecine léguée par le Patron, le professeur Stahl : la prééminence donnée à la prise en charge globale de l’homme malade » . | ||
Vie privée et famille | |||
=Vie privée et famille= | |||
Passionné de musique classique et plus précisément de musique de chambre , Jules Stahl mène une vie de famille heureuse à Strasbourg avec son épouse et ses enfants. Le 16 juillet 1936 , dans sa ville natale de Barr, il avait épousé la fille d’un tanneur (Lederfabrikant), Annette Simon, née le 7 août 1913 à Barr et décédée le 1er mars 2008 à Strasbourg . De cette union sont nés trois enfants, Jacques André (né en 1939), Nicole Berthe (née 1940) et Christiane Madeleine (née en 1945) . Jules Stahl s’éteint le 14 mars 1984 à Strasbourg, à l’âge de quatre-vingt-un ans . | Passionné de musique classique et plus précisément de musique de chambre , Jules Stahl mène une vie de famille heureuse à Strasbourg avec son épouse et ses enfants. Le 16 juillet 1936 , dans sa ville natale de Barr, il avait épousé la fille d’un tanneur (Lederfabrikant), Annette Simon, née le 7 août 1913 à Barr et décédée le 1er mars 2008 à Strasbourg . De cette union sont nés trois enfants, Jacques André (né en 1939), Nicole Berthe (née 1940) et Christiane Madeleine (née en 1945) . Jules Stahl s’éteint le 14 mars 1984 à Strasbourg, à l’âge de quatre-vingt-un ans . |
Version du 19 mai 2022 à 14:55
Jules Stahl | |
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Prénom | Jules |
Nom | Stahl |
Sexe | masculin |
Naissance | 6 octobre 1902 (Barr (Bas-Rhin)) |
Décès | 14 mars 1984 (Strasbourg (Bas-Rhin)) |
Profession du père | Pharmacien (Apotheker) |
These | Recherches sur un principe hyperglycémiant d’origine pancréatique (1931) |
Directeur de thèse | Léon Ambard |
Profession | Médecin des hôpitaux, Professeur des universités, Agrégé de médecine, Directeur de la clinique médicale B |
Titre | Professeur |
Spécialités | Médecine interne |
Jules Stahl (1902-1984) est un médecin alsacien, clinicien des hôpitaux, professeur des universités et directeur de la clinique médicale B de Strasbourg dans l’après-guerre. Fils d’un pharmacien formé à la Kaiser-Wilhelms-Universität de Strasbourg et gérant d’une officine située à Barr au centre-Alsace, Jules Stahl effectue ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1920, de l’externat (1923-1925) à l’internat (1925-1931) et au clinicat (1931-1933). Il intègre l’équipe de la clinique médicale B en 1926 et travaille aux côtés des professeurs Léon Blum (1878-1930) et Léon Ambard (1876-1962), soutenant sa thèse sous la direction de ce dernier en 1931.
Officier du corps médical dans la réserve militaire française dans l’entre-deux-guerres, Jules Stahl se rend aux États-Unis entre 1933 et 1934 comme Rockefeller fellow au Columbia Presbyterian Medical Center de New-York. De retour en Alsace, il continue sa carrière médicale et scientifique à la Clinique médicale B jusqu’à devenir délégué dans les fonctions d’agrégé en 1938. La guerre vient alors bouleverser son parcours.
Quelques mois après l’annexion de fait de l’Alsace au Reich nazi et la réouverture de l’hôpital civil de Strasbourg par les Allemands, Jules Stahl fait l’objet d’une attention des autorités nazies, afin de l’employer au sein de la future université allemande que les Allemands envisagent de créer à Strasbourg. D’octobre 1940 à janvier 1941, il est nommé kommissarischer Chefarzt, c’est-à-dire chef de service par intérim du service de médecine interne de l’hôpital civil allemand, assurant en même temps la direction de la clinique médicale B. Quittant l’hôpital, il cède sa place à l’Allemand Werner Jordan (1912-1996), venu d’Heidelberg, mais reste néanmoins en Alsace durant toute la période d’annexion et se consacre à son cabinet médical et à son activité de chef du service de médecine à la clinique Bethesda de Strasbourg.
Aux lendemains de la guerre, Jules Stahl est réinvesti dans ses fonctions d’avant-guerre, à savoir d’agrégé délégué. En 1946, il est nommé agrégé de médecine générale et de pathologie générale, puis accède au poste de professeur des universités en 1948. Pendant vingt-cinq ans, de 1948 à 1974, il dirige en qualité de chef de service la clinique médicale B de l’université de Strasbourg, intégrant en 1963 le corps enseignant et hospitalier du CHU de Strasbourg. Médecin passionné, scientifique dévoué et enseignant hors-pair, il joue un grand rôle à la reconnaissance de la médecine interne comme discipline médicale à part entière. À l’écoute des patients, il incarne une pratique de la médecine qui a participé à la formation de plusieurs générations de médecins, grâce à ses visites quotidiennes au chevet des patients, plaçant toujours la prise en charge globale de l’homme malade au centre de la pratique.
Jules Stahl était en outre président de la Commission permanente médicale, président de l’Association européenne de médecine interne d’ensemble (1969-1973) et président du Conseil régional d’Alsace de l’Ordre des médecins (jusqu’1981). Nommé professeur des universités honoraire quinze jours après son départ en retraite, il est aussi officier de l’Ordre de la Légion d’honneur (1977) et officier de l’ordre des Palmes académiques (1949).