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Différences entre les versions de « Charles Maurer »

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|Resume_fr=Charles Maurer (1910-1975) est un médecin et radiologiste alsacien. Il a fait ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930, ainsi que son externat, son internat et son clinicat. Avec l’évacuation de l’université en 1939, il se rend à Clermont-Ferrand pour terminer son cursus universitaire et soutient sa thèse de doctorat réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard (1876-1962) en juin 1940.
|Resume_fr=Charles Maurer (1910-1975) est un médecin et radiologiste alsacien. Il a fait ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930, ainsi que son externat, son internat et son clinicat. Avec l’évacuation de l’université en 1939, il se rend à Clermont-Ferrand pour terminer son cursus universitaire et soutient sa thèse de doctorat réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard (1876-1962) en juin 1940.


Jeune docteur, il retourne à Strasbourg peu de temps après l’annexion de l’Alsace au Reich et obtient un poste d’''Assistenzarzt'' à l’hôpital civil allemand de Strasbourg dès la fin de l’été 1940. Intégrant la clinique médicale, il y travaille pendant près d’un an, oscillant entre la Médicale B et la Médicale A. Quelques semaines avant l’inauguration de la ''Reichsuniversität Strassburg'' en novembre 1941, Charles Maurer fait l’objet une mesure répressive de la part des autorités nationales-socialistes en raison de conflits avec la hiérarchie allemande de l’hôpital. Dès le 1er octobre 1941, il subit en effet la « déportation civile » en étant déporté de force en Allemagne, pour travailler jusqu’à la fin de la guerre dans un hôpital de la ville d’Heidelberg.
Jeune docteur, il retourne à Strasbourg peu de temps après l’annexion de l’Alsace au Reich et obtient un poste d’''Assistenzarzt'' à l’hôpital civil allemand de Strasbourg dès la fin de l’été 1940. Intégrant la clinique médicale, il y travaille pendant près d’un an, oscillant entre la Médicale B et la Médicale A. Quelques semaines avant l’inauguration de la ''Reichsuniversität Straβburg'' en novembre 1941, Charles Maurer fait l’objet une mesure répressive de la part des autorités nationales-socialistes en raison de conflits avec la hiérarchie allemande de l’hôpital. Dès le 1er octobre 1941, il subit en effet la « déportation civile » en étant déporté de force en Allemagne, pour travailler jusqu’à la fin de la guerre dans un hôpital de la ville d’Heidelberg.


De retour en Alsace dès le mois de mai 1945 et recevant une carte de rapatrié, Charles Maurer est d’abord rappelé dans l’armée. En octobre 1948, il est recruté à la clinique médicale B à Strasbourg désormais dirigée par l’un de ses anciens confrères de l’entre-deux-guerres et de la période allemande, le professeur alsacien Jules Stahl (1902-1984). Poursuivant sa carrière pendant plus de vingt-six ans, Charles Maurer se spécialise en radiologie, devient maître de conférences, agrégé d’électroradiologie et chef du service de radiologie de la clinique médicale B. En 1952, il épouse l’une de ses jeunes consœurs de la Médicale B avec qui il partage sa vie et fonde une famille jusqu’à son décès en mars 1975, à six mois de la retraite.
De retour en Alsace dès le mois de mai 1945 et recevant une carte de rapatrié, Charles Maurer est d’abord rappelé dans l’armée. En octobre 1948, il est recruté à la clinique médicale B à Strasbourg désormais dirigée par l’un de ses anciens confrères de l’entre-deux-guerres et de la période allemande, le professeur alsacien Jules Stahl (1902-1984). Poursuivant sa carrière pendant plus de vingt-six ans, Charles Maurer se spécialise en radiologie, devient maître de conférences, agrégé d’électroradiologie et chef du service de radiologie de la clinique médicale B. En 1952, il épouse l’une de ses jeunes consœurs de la Médicale B avec qui il partage sa vie et fonde une famille jusqu’à son décès en mars 1975, à six mois de la retraite.
|Contexte_fr='''Devenir médecin : de l’enfance aux études de médecine'''
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==Devenir médecin : de l’enfance aux études de médecine==
 
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Issu d’une famille catholique alsacienne, Charles Maurer passe toute son enfance dans sa région natale, ballotée entre l’Allemagne et la France. Né allemand, il obtient la nationalité française par réintégration aux lendemains de la Première Guerre mondiale et fait ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans l’entre-deux-guerres.
Issu d’une famille catholique alsacienne, Charles Maurer passe toute son enfance dans sa région natale, ballotée entre l’Allemagne et la France. Né allemand, il obtient la nationalité française par réintégration aux lendemains de la Première Guerre mondiale et fait ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans l’entre-deux-guerres.


''La famille Maurer et l’enfance de Charles''
===La famille Maurer et l’enfance de Charles===


Charles Maurer, de son nom complet Charles Victor Maurer, est né le 27 septembre 1910 à Schiltigheim près de Strasbourg dans une famille alsacienne aisée de confession catholique€€€ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., Acte n°395/1910. Notons que sur l’acte de naissance, c’est la forme germanisée des prénoms qui est donnée, à savoir « Karl Viktor ».€€€. À cette époque, l’Alsace et la Moselle faisaient partie intégrante du ''Reich'' wilhelmien et formaient le « ''Reichsland Elsaß-Lothringen'' », en application du traité de Francfort qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne environ quarante ans plus tôt (1871). Ses parents, tous deux issus de la génération née après la cession de l’Alsace au Reich, naissent avec la nationalité allemande, contrairement à leurs propres parents. Son père, Heinrich-Karl Maurer, né le 15 juillet 1879, est originaire de Niederhergheim au sud de Colmar dans le Haut-Rhin. Installé dans un premier temps à Riedisheim près de Mulhouse, il se destine à une carrière dans l’industrie ferroviaire en plein essor et exerce ensuite la profession d’assistant des chemins de fer (''Eisenbahnassistent''), puis d’ingénieur à la SNCF. Le 4 avril 1910, il épouse à Schiltigheim Auguste Emilie Grasser, née le 19 février 1888€€€Voir ADBR, 4E447/73, État civil de Schiltigheim, Acte de mariage de H. K. Maurer et de A. E. Grasser, Acte n°27/1910.€€€. Neuf mois plus tard, le couple donne naissance à Charles, qui grandit dans la maison familiale située au 3, route de Bischwiller à Schiltigheim€€€Informations communiquées par Monsieur Jean Maurer (mail du 19 juin 2021). Un grand merci pour ces informations.€€€.
Charles Maurer, de son nom complet Charles Victor Maurer, est né le 27 septembre 1910 à Schiltigheim près de Strasbourg dans une famille alsacienne aisée de confession catholique<ref name="8938f26485b894b31dee3e30fd91d8c8f17336aa">ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., , Acte n°395/1910. Notons que sur l’acte de naissance, c’est la forme germanisée des prénoms qui est donnée, à savoir « Karl Viktor ».</ref>. À cette époque, l’Alsace et la Moselle faisaient partie intégrante du ''Reich'' wilhelmien et formaient le « ''Reichsland Elsaß-Lothringen'' », en application du traité de Francfort qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne environ quarante ans plus tôt (1871). Ses parents, tous deux issus de la génération née après la cession de l’Alsace au Reich, naissent avec la nationalité allemande, contrairement à leurs propres parents. Son père, Heinrich-Karl Maurer, né le 15 juillet 1879, est originaire de Niederhergheim au sud de Colmar dans le Haut-Rhin. Installé dans un premier temps à Riedisheim près de Mulhouse, il se destine à une carrière dans l’industrie ferroviaire en plein essor et exerce ensuite la profession d’assistant des chemins de fer (''Eisenbahnassistent''), puis d’ingénieur à la SNCF. Le 4 avril 1910, il épouse à Schiltigheim Auguste Emilie Grasser, née le 19 février 1888<ref name="60c394c5c382d4f0c08da8c4b4950bf6fc68f8e2">Voir ADBR, 4E447/73, État civil de Schiltigheim, Acte de mariage de H. K. Maurer et de A. E. Grasser, Acte n°27/1910.</ref>. Neuf mois plus tard, le couple donne naissance à Charles, qui grandit dans la maison familiale située au 3, route de Bischwiller à Schiltigheim<ref name="493d3db38dedae25b40ac51d052a6a62324c853b">Informations communiquées par Monsieur Jean Maurer (mail du 19 juin 2021). Un grand merci pour ces informations.</ref>.


Né allemand, Charles débute sa scolarité obligatoire (''Schulpflicht'') sous le système éducatif allemand durant la Première Guerre mondiale, vers 1916-1917. À l’âge de six ans, il entre à l’école élémentaire (''Volksschule''), qu’il fréquente pendant environ deux ans. Comme ses parents et lui restent en Alsace à la fin de la Grande Guerre, il obtient la nationalité française « par réintégration » après que sa terre natale soit repassée sous le giron français. Il poursuit alors sa scolarité à l’école de la République française et entre dans le secondaire au collège Saint-Étienne€€€Informations communiquées par Monsieur Jean Maurer (mail du 19 juin 2021). Un grand merci pour ces informations.€€€, réussissant l’examen du baccalauréat certainement à la fin des années 1920, vers l’âge de dix-huit ans.
Né allemand, Charles débute sa scolarité obligatoire (''Schulpflicht'') sous le système éducatif allemand durant la Première Guerre mondiale, vers 1916-1917. À l’âge de six ans, il entre à l’école élémentaire (''Volksschule''), qu’il fréquente pendant environ deux ans. Comme ses parents et lui restent en Alsace à la fin de la Grande Guerre, il obtient la nationalité française « par réintégration » après que sa terre natale soit repassée sous le giron français. Il poursuit alors sa scolarité à l’école de la République française et entre dans le secondaire au collège Saint-Étienne<ref name="493d3db38dedae25b40ac51d052a6a62324c853b">Informations communiquées par Monsieur Jean Maurer (mail du 19 juin 2021). Un grand merci pour ces informations.</ref>, réussissant l’examen du baccalauréat certainement à la fin des années 1920, vers l’âge de dix-huit ans.


''Les études de médecine à Strasbourg et Clermont-Ferrand''
===Les études de médecine à Strasbourg et Clermont-Ferrand===


Les informations concernant ses études de médecine sont très lacunaires et rendent difficile la reconstruction de son parcours universitaire. Toutefois, comme de coutume en France, Charles Maurer débute son cursus universitaire par la préparation du certificat d’études Physique, Chimie, Sciences Naturelles (PCN) à la faculté des sciences. Il s’agit d’un diplôme, préparé en une année et instauré par décret sous la Troisième République, qui constitue un prérequis à la première inscription en médecine€€€Voir Didier Chatelus, ''Certificats d’aptitudes aux grades universitaires (1810-1905), Professions de santé (médecins, officiers de santé, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), Répertoire numérique des articles F/17/6084 à F/17/6570, Archives nationales'', dossier réalisé sous la direction d’Anne Lejeune, 1993, p. 2-3 . Disponible via : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/F17%206084-6570.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.€€€. Charles Maurer fait toutes ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930. Au cours de celles-ci, il réussit le concours de l’externat des hôpitaux, puis celui de l’internat des hôpitaux, exerçant alors en cette qualité à Strasbourg, avant d’y accomplir son clinicat, c’est-à-dire de travailler comme chef de clinique€€€Charles Maurer, ''Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension'', thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p. On remercie également très chaleureusement M. Jean Maurer pour son précieux témoignage.€€€.
Les informations concernant ses études de médecine sont très lacunaires et rendent difficile la reconstruction de son parcours universitaire. Toutefois, comme de coutume en France, Charles Maurer débute son cursus universitaire par la préparation du certificat d’études Physique, Chimie, Sciences Naturelles (PCN) à la faculté des sciences. Il s’agit d’un diplôme, préparé en une année et instauré par décret sous la Troisième République, qui constitue un prérequis à la première inscription en médecine<ref name="a8d1ce97f8efb6e2ef75db3d9110e1cfcd6f144d">Voir Didier Chatelus, ''Certificats d’aptitudes aux grades universitaires (1810-1905), Professions de santé (médecins, officiers de santé, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), Répertoire numérique des articles F/17/6084 à F/17/6570, Archives nationales'', dossier réalisé sous la direction d’Anne Lejeune, 1993, p. 2-3 . Disponible via : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/F17%206084-6570.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.</ref>. Charles Maurer fait toutes ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930. Au cours de celles-ci, il réussit le concours de l’externat des hôpitaux, puis celui de l’internat des hôpitaux, exerçant alors en cette qualité à Strasbourg, avant d’y accomplir son clinicat, c’est-à-dire de travailler comme chef de clinique<ref name="d3394beffd01b14da75beb734e8850057b4c5150">Charles Maurer, ''Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension'', thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p., On remercie également très chaleureusement M. Jean Maurer pour son précieux témoignage.</ref>.


Charles Maurer devient notamment l’un des élèves du professeur Léon Ambard (1876-1962), devenu directeur de la clinique médicale B en 1931 à la suite du décès du professeur Léon Blum (1878-1930). Universitaire et chercheur passionné, Ambard consacre la majeure partie de son temps à des travaux scientifiques sur le fonctionnement rénal, la sécrétion des chlorures, l’hypertension artérielle ou encore le diabète. Par ailleurs, tandis qu’il mène à la clinique ses diverses recherches, Ambard n’accorde que peu d’attention à la pratique clinique quotidienne, si bien qu’il délègue le soin des patients à ses collaborateurs et internes parmi lesquels Jules Stahl (1902-1984), le futur chef de service, et d’autres médecins comme Jean-Émile Kappler et Paul Meyer (1896-1971)€€€Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg'', La Nuée Bleue, 1997, p. 518 ; Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.€€€. De plus, au cours de ses études, Charles Maurer est appelé sous les drapeaux pour accomplir son service militaire. En raison de son statut d’étudiant en médecine, il avait obtenu un report légal, mais avait fini par devoir faire ses classes en 1936 (classe de mobilisation : 1936 II) . Un document administratif indique que son service a duré précisément six mois et vingt jours, avant d’être versé dans la réserve militaire comme sous-officier du corps médical, avec le grade de médecin auxiliaire, ce qui lui a permis de terminer ses études .
Charles Maurer devient notamment l’un des élèves du professeur Léon Ambard (1876-1962), devenu directeur de la clinique médicale B en 1931 à la suite du décès du professeur Léon Blum (1878-1930). Universitaire et chercheur passionné, Ambard consacre la majeure partie de son temps à des travaux scientifiques sur le fonctionnement rénal, la sécrétion des chlorures, l’hypertension artérielle ou encore le diabète. Par ailleurs, tandis qu’il mène à la clinique ses diverses recherches, Ambard n’accorde que peu d’attention à la pratique clinique quotidienne, si bien qu’il délègue le soin des patients à ses collaborateurs et internes parmi lesquels Jules Stahl (1902-1984), le futur chef de service, et d’autres médecins comme Jean-Émile Kappler et Paul Meyer (1896-1971)<ref name="20c453cd2bd9a6a9bc854820b7af8a8e351efdd9">Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg'', La Nuée Bleue, 1997, p. 518 ; Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.</ref>. De plus, au cours de ses études, Charles Maurer est appelé sous les drapeaux pour accomplir son service militaire. En raison de son statut d’étudiant en médecine, il avait obtenu un report légal, mais avait fini par devoir faire ses classes en 1936 (classe de mobilisation : 1936 II)<ref name="39f617e4a3a2004339baded059fce757c52c2546">Archives privées de la famille Maurer, Carte de rapatrié de Charles Maurer., Merci à M. Jean Maurer pour son partage.</ref>. Un document administratif indique que son service a duré précisément six mois et vingt jours, avant d’être versé dans la réserve militaire comme sous-officier du corps médical, avec le grade de médecin auxiliaire, ce qui lui a permis de terminer ses études<ref name="f0bedf64b86d87fdf1822a798d83ea8055b34102">ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Bulletin individuel.</ref>.
Avec la déclaration de la guerre en septembre 1939, l’université et l’hôpital civil de Strasbourg sont évacués, l’une vers Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme et l’autre vers Clairvivre près de Périgueux en Dordogne . Dans ce contexte, Charles Maurer fait visiblement partie des étudiants qui poursuivent leurs études à Clermont-Ferrand entre 1939 et 1940. En effet, c’est précisément au cours de cette période troublée sur le plan politique et militaire qu’il termine sa formation médicale en soutenant sa thèse de doctorat d’État de médecine en juin 1940 à l’âge de vingt-neuf-ans, devenant l’un des doctorants strasbourgeois à devenir docteur à l’université repliée à Clermont-Ferrand . Sa thèse, réalisée sous la présidence du professeur Léon Ambard, est intitulée « Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension » .
 
Médecin à l’hôpital civil allemand de Strasbourg (1940-1941)
[[fichier:Maurer_these_doctorat_PdeG.jpg|thumb|''Figure 1 : Page de garde de la thèse de doctorat de Ch. Maurer'' © UNC New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses.]]
 
Avec la déclaration de la guerre en septembre 1939, l’université et l’hôpital civil de Strasbourg sont évacués, l’une vers Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme et l’autre vers Clairvivre près de Périgueux en Dordogne<ref name="18ed98cc2b5f0229370abe468d480baa386e941a">Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg'', La Nuée Bleue, 1991, , p. 572-583, ici p. 573. Précisons avec le Dr. Rohmer que le nombre d’étudiants officiellement immatriculés ou inscrits à Clermont-Ferrand durant l’année universitaire 1939-1940 s’élevait à 529. Toutefois, le nombre de ceux qui étaient effectivement présents et qui suivaient les cours était bien moindre en raison de la mobilisation d’un certain nombre de jeunes hommes (88 en médecine et 27 en chirurgie dentaire).</ref>. Dans ce contexte, Charles Maurer fait visiblement partie des étudiants qui poursuivent leurs études à Clermont-Ferrand entre 1939 et 1940. En effet, c’est précisément au cours de cette période troublée sur le plan politique et militaire qu’il termine sa formation médicale en soutenant sa thèse de doctorat d’État de médecine en juin 1940 à l’âge de vingt-neuf-ans, devenant l’un des doctorants strasbourgeois à devenir docteur à l’université repliée à Clermont-Ferrand<ref name="f0bedf64b86d87fdf1822a798d83ea8055b34102">ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Bulletin individuel.</ref>. Sa thèse, réalisée sous la présidence du professeur Léon Ambard, est intitulée « Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension »<ref name="1c02b8b68c8904c11ed936ae672123ae85b11a65">Charles Maurer, ''Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension'', thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p., Voir aussi New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses, Box 17:19:11, Strasbourg, France (H00514658T), Thèse de doctorat de Charles Maurer. Disponible via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514658T.pdf, [en ligne], consulté le 6 mai 2021.</ref>.
 
==Médecin à l’hôpital civil allemand de Strasbourg (1940-1941)==


De retour en Alsace à l’été 1940, Charles Maurer cherche à obtenir un poste à l’hôpital civil de Strasbourg désormais devenu allemand depuis l’annexion de sa terre natale au territoire du IIIe Reich. Très rapidement, dès le mois de septembre 1940, les autorités nationales-socialistes lui confient un poste de médecin-assistant à la clinique médicale et Charles Maurer le conserve jusqu’en septembre 1941, avant de subir une mesure répressive et d’être envoyé en Allemagne.  
De retour en Alsace à l’été 1940, Charles Maurer cherche à obtenir un poste à l’hôpital civil de Strasbourg désormais devenu allemand depuis l’annexion de sa terre natale au territoire du IIIe Reich. Très rapidement, dès le mois de septembre 1940, les autorités nationales-socialistes lui confient un poste de médecin-assistant à la clinique médicale et Charles Maurer le conserve jusqu’en septembre 1941, avant de subir une mesure répressive et d’être envoyé en Allemagne.  


La réhabilitation par l’Occupant : le recrutement à l’hôpital civil allemand
===La réhabilitation par l’Occupant : le recrutement à l’hôpital civil allemand===
 
À la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, l’Alsace et la Moselle sont annexées de fait au territoire de l’Allemagne nazie. Dès lors, l’administration nationale-socialiste s’installe en Alsace et y importe à marche forcée ses structures politiques et étatiques afin de mettre en œuvre sa politique de mise au pas de ce territoire reconquis et de sa population. À cette époque, notamment en raison de l’évacuation de l’Alsace et du repli du personnel soignant, des malades et du matériel vers Clermont-Ferrand et Clairvivre, il y avait un besoin « urgent » (''drigend'') de personnel médical en Alsace pour assurer les soins de la population civile<ref name="a3908eab7e6f622a8a3212e79afae686eba1cb5a">Voir ADBR, 126 AL 37, dossier 1.</ref>. Dès le 12 août 1940, l’hôpital civil de Strasbourg rouvre ses portes, désormais sous l’étendard allemand et placé sous la direction de son ancien directeur, le Dr. Joseph Oster, un autonomiste et germanophile notoire. Très rapidement, ce dernier est chargé par le chef de l’administration civile en Alsace, le Gauleiter Robert Wagner, de diriger le retour (''Zurückführung'') des équipements, du matériel et du personnel médicaux de Clairvivre vers Strasbourg. Les autorités nazies, en quête de personnel, s’affairent en effet à obtenir le retour des médecins, des patients et du matériel strasbourgeois en Alsace au plus vite, ce qui se concrétise entre le 1er septembre et le 21 octobre 1940<ref name="19fab59dddd6d697de09e75c9a7d99905538fb69">Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, , p. 577.</ref>. C’est précisément à la même période que Charles Maurer, alors jeune docteur, retourne à Strasbourg et obtient un poste de médecin assistant à la clinique médicale allemande de l’hôpital civil en plein développement. Il convient de préciser qu’à ce moment-là, les nominations de médecins dans l’institution hospitalière allemande n’étaient toutes que « provisoires » (''kommissarisch'')<ref name="866c0119270894372c948624652f23775f436139">AVES, 7 AH 14, Directive du directeur général des hospices civils, 29 octobre 1940 : « ''Bis zur endgültigen Besetzung der ärztlichen Stellen erfolgen die Ernennungen von Ärzten lediglich kommissarisch. Die Ernennung der Chef- und Assistenzärzte untersteht der Genehmigung der Gesundheitsverwaltung'' ».</ref> et qu’une évaluation politique en bonne et due forme devaient être effectuée. De plus, ordonnance promulguée par le département médical de Gauleitung le 13 juillet 1940 prévoyait que le postulant devait recevoir au préalable une autorisation de la Gauleitung pour pouvoir exercer la médecine en Alsace et s’établir comme médecin dans cette terre du Reich<ref name="289783e98fd4de8ad40707d4347a792e4da15dd5">ADBR, 126 AL 37, dossier n°1, ''Anordnung des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass (Gesundheitswesen)'', 13 juillet 1940. Cet ordre a été transmis aux services des ''Straβburger Neuste Nachrichten'' qui ont publié un article à ce sujet dès le 20 juillet.</ref>.
 
Apparemment, c’est au cours du mois de septembre 1940 que le Dr. Charles Maurer – dont le prénom a été désormais germanisé en Karl – est admis dans l’équipe de l’hôpital civil de Strasbourg. Ayant obtenu l’agrément nécessaire des autorités allemandes, il obtient provisoirement un poste d’''Assistenzarzt'' à clinique médicale qui, au début du mois, ne comptait que neuf médecins, tous Alsaciens et placés sous la direction du ''Chefarzt'' Dolde<ref name="e2046b300a35d462c7dfc5dc708340c0142b2d10">AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , septembre 1940. Précisons que la clinique médicale était composée de la « ''Medizinische Abteilung'' » avec les Drs. Dolde (''Chefarzt''), Édouard Nonnenmacher (polyclinique), Ernest Aufschlager, Fitzenkamp, Paul Kern et Auguste Lieber ; mais aussi d’un service de radiologie (''Röntgenabteilung'') dirigé par le Dr. Frédéric-Auguste Schaaf (servant alors dans le bâtiment de la Chirurgie A) et un institut de radiologie et de radiothérapie (''Zentralröntenabteilung und Strahleninstitut'') composé du Dr. Auguste Gunsett et du Dr. Paul Haessler.</ref>. Le nom du Dr. Maurer apparaît pour la première fois sur la liste du personnel médical en poste à la clinique en date du 4 octobre 1940. À ce moment-là, la ''Medizinische Abteilung'', qui n’est pas encore divisée en clinique médicale A et B et qui avait pris provisoirement place dans le bâtiment de la clinique gynécologique (''Frauenklinik''), compte au total quatorze médecins. La moitié d’entre eux, dont Maurer, est employée dans le service de médecine interne, les autres étant ventilés dans les services qui dépendent de la clinique médicale comme la polyclinique médicale, la radiologie ou l’institut de radiothérapie. Plus précisément, l’ancien confrère de Maurer, le Dr. Jules (Julius) Stahl est alors nommé par les Allemands à la tête du service en qualité de ''Chefarzt'', en remplacement de Dolde. À ce moment-là, Stahl s’appuie sur une équipe d’''Assistenzärzte'' composée exclusivement de médecins alsaciens : les Drs. Paul Meyer, Peter Barthelme, Daniel Kuhlmann, Karl Maurer, Mademoiselle Fitzenkamp et Paul Kern<ref name="28a7442ec1938a9da4361443b0ca3762c5e941b2">AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , 4 octobre 1940.</ref>.


À la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, l’Alsace et la Moselle sont annexées de fait au territoire de l’Allemagne nazie. Dès lors, l’administration nationale-socialiste s’installe en Alsace et y importe à marche forcée ses structures politiques et étatiques afin de mettre en œuvre sa politique de mise au pas de ce territoire reconquis et de sa population. À cette époque, notamment en raison de l’évacuation de l’Alsace et du repli du personnel soignant, des malades et du matériel vers Clermont-Ferrand et Clairvivre, il y avait un besoin « urgent » (drigend) de personnel médical en Alsace pour assurer les soins de la population civile . Dès le 12 août 1940, l’hôpital civil de Strasbourg rouvre ses portes, désormais sous l’étendard allemand et placé sous la direction de son ancien directeur, le Dr. Joseph Oster, un autonomiste et germanophile notoire. Très rapidement, ce dernier est chargé par le chef de l’administration civile en Alsace, le Gauleiter Robert Wagner, de diriger le retour (Zurückführung) des équipements, du matériel et du personnel médicaux de Clairvivre vers Strasbourg. Les autorités nazies, en quête de personnel, s’affairent en effet à obtenir le retour des médecins, des patients et du matériel strasbourgeois en Alsace au plus vite, ce qui se concrétise entre le 1er septembre et le 21 octobre 1940 . C’est précisément à la même période que Charles Maurer, alors jeune docteur, retourne à Strasbourg et obtient un poste de médecin assistant à la clinique médicale allemande de l’hôpital civil en plein développement. Il convient de préciser qu’à ce moment-là, les nominations de médecins dans l’institution hospitalière allemande n’étaient toutes que « provisoires » (kommissarisch)  et qu’une évaluation politique en bonne et due forme devaient être effectuée. De plus, ordonnance promulguée par le département médical de Gauleitung le 13 juillet 1940 prévoyait que le postulant devait recevoir au préalable une autorisation de la Gauleitung pour pouvoir exercer la médecine en Alsace et s’établir comme médecin dans cette terre du Reich .
===Entre la clinique médicale B et la clinique médicale A===
Apparemment, c’est au cours du mois de septembre 1940 que le Dr. Charles Maurer – dont le prénom a été désormais germanisé en Karl – est admis dans l’équipe de l’hôpital civil de Strasbourg. Ayant obtenu l’agrément nécessaire des autorités allemandes, il obtient provisoirement un poste d’Assistenzarzt à clinique médicale qui, au début du mois, ne comptait que neuf médecins, tous Alsaciens et placés sous la direction du Chefarzt Dolde . Le nom du Dr. Maurer apparaît pour la première fois sur la liste du personnel médical en poste à la clinique en date du 4 octobre 1940. À ce moment-là, la Medizinische Abteilung, qui n’est pas encore divisée en clinique médicale A et B et qui avait pris provisoirement place dans le bâtiment de la clinique gynécologique (Frauenklinik), compte au total quatorze médecins. La moitié d’entre eux, dont Maurer, est employée dans le service de médecine interne, les autres étant ventilés dans les services qui dépendent de la clinique médicale comme la polyclinique médicale, la radiologie ou l’institut de radiothérapie. Plus précisément, l’ancien confrère de Maurer, le Dr. Jules (Julius) Stahl est alors nommé par les Allemands à la tête du service en qualité de Chefarzt, en remplacement de Dolde. À ce moment-là, Stahl s’appuie sur une équipe d’Assistenzärzte composée exclusivement de médecins alsaciens : les Drs. Paul Meyer, Peter Barthelme, Daniel Kuhlmann, Karl Maurer, Mademoiselle Fitzenkamp et Paul Kern .


Entre la clinique médicale B et la clinique médicale A
Les efforts du directeur général des hospices civils de Strasbourg, le Dr. Josef Oster, et des autorités allemandes pour combler le manque de personnel commencent à porter leurs fruits, puisqu’en octobre 1940, les cliniques de l’hôpital civil emploient au total quarante-six médecins – contre vingt-quatre au moment de la réouverture le 12 août 1940 –, soit quasiment un triplement du personnel en seulement deux mois (x2,75)<ref name="00449c3a0bb2a8df31aea987818342229d7f65d2">AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , 15 août 1940 et 4 octobre 1940.</ref>. Plus spécifiquement, l’augmentation du nombre de médecins, en particulier à la clinique médicale, est telle qu’Oster décide de la subdiviser comme auparavant, tout en poursuivant la spécialisation de son hôpital en diverses branches médicales. Dès le 10 octobre 1940, Oster précise dans une note d’information (''Mitteilung'') que


Les efforts du directeur général des hospices civils de Strasbourg, le Dr. Josef Oster, et des autorités allemandes pour combler le manque de personnel commencent à porter leurs fruits, puisqu’en octobre 1940, les cliniques de l’hôpital civil emploient au total quarante-six médecins – contre vingt-quatre au moment de la réouverture le 12 août 1940 –, soit quasiment un triplement du personnel en seulement deux mois (x2,75) . Plus spécifiquement, l’augmentation du nombre de médecins, en particulier à la clinique médicale, est telle qu’Oster décide de la subdiviser comme auparavant, tout en poursuivant la spécialisation de son hôpital en diverses branches médicales. Dès le 10 octobre 1940, Oster précise dans une note d’information (Mitteilung) que
<blockquote>« La clinique médicale sera divisée en deux, car, dans son état actuel, elle est devenue trop grande. Monsieur le Dr. Stahl assurera la direction par intérim de l’''Abteilung'' située au rez-de-chaussée et Monsieur le Dr. Paul Meyer la direction par intérim de l’''Abteilung'' située au premier étage »<ref name="9c0efdf7e365b29b88851e6cb0a68a16753114b9">AVES, 7 AH 14, Communication du directeur général des hospices civils de Strasbourg, 10 octobre 1940 : « ''Die Medizinische Abteilung wird getrennt, da sie in ihrem jetzigen Umfang zu gross geworden ist. Herr Dr. Stahl wird die kommiss[arische] Leitung der im Erdgeschoss gelegenen und Herr Dr. Paul Meyer die kommiss[arische] Leitung der im I. Stockwerk untergebrachten Abteilung übernehmen'' ».</ref>.</blockquote>
« La clinique médicale sera divisée en deux, car, dans son état actuel, elle est devenue trop grande. Monsieur le Dr. Stahl assurera la direction par intérim de l’Abteilung située au rez-de-chaussée et Monsieur le Dr. Paul Meyer la direction par intérim de l’Abteilung située au premier étage » .
En effet, le 20 novembre 1940, la « clinique médicale » allemande se divise en deux, avec l’ouverture officielle de la clinique médicale A qui se sépare de la clinique qui devient ensuite la Médicale B. Le Dr. Maurer et ses douze confrères alsaciens sont alors répartis dans ces deux établissements hospitaliers distincts. Le 14 novembre, Oster précise dans un courrier adressé au Medizinalrat, le Dr. Walther que le jour même de l’ouverture de la nouvelle clinique, le Dr. Maurer allait être « muté de la clinique médicale B vers la Médicale A » . Dans ce service, il travaille sous la direction du Dr. Paul Meyer (1896-1971) et aux côtés des Drs. René Piffert (1911-1991), Théodore Uhl (1914-2000), Paul Matthis (1913-?), Edgar Risser et Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952). Toutefois, Charles Maurer ne reste qu’un mois à la Médicale A, à une époque où, au 1er décembre 1940, soixante-quatre médecins occupent un poste aux hospices civils (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié d’entre eux est affectée aux cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%) .  
Finalement, au 1er janvier 1941, le Dr. Charles Maurer réintègre la clinique médicale B (rez-de-chaussée) dont la direction est assurée par l’Alsacien Jules Stahl, qui cède rapidement sa place de Chefarzt à l’Allemand Werner Jordan (1912-?). Il poursuit sa carrière, percevant une indemnité (Diäten) s’élevant à 433,34 Reichsmarks en mars 1941, alors même que le nombre d’Alsaciens en poste en clinique diminue fortement, puisqu’un certain nombre d’entre eux quitte l’hôpital au début de l’année 1941. D’ailleurs, au mois de mars 1941, Jordan ne dispose plus que d’un wissenschaftlicher Assistent (Charles Maurer) et de deux Volontärassistenten (Karl Heinz et Paul Kern) à la Médicale B, jusqu’à l’arrivée des Allemands Wilhelm Wagner et Guido Bommer au début du mois de juin . Le dernier document connu qui atteste la présence du Dr. Maurer comme Assistenzarzt à la « Medizinische Abteilung » des hospices civils de Strasbourg est une liste regroupant les noms des médecins en poste en juin et en juillet 1941. À ce moment-là, la clinique médicale (A et B) comptait au total onze médecins, auxquels s’ajoutaient les médecins du service des maladies chroniques (deux), ceux de l’institut de radiologie et de radiothérapie (quatre) et le Dr. Madeleine Uhrig placée à la tête du sanatorium de la Robertsau . Après environ un an de pratique à l’hôpital civil allemand de Strasbourg, le Dr. Charles Maurer quitte son poste à la suite d’une mesure politique appliquée à son égard par les autorités nationales-socialistes.  


La « déportation civile » en Allemagne
En effet, le 20 novembre 1940, la « clinique médicale » allemande se divise en deux, avec l’ouverture officielle de la clinique médicale A qui se sépare de la clinique qui devient ensuite la Médicale B. Le Dr. Maurer et ses douze confrères alsaciens sont alors répartis dans ces deux établissements hospitaliers distincts. Le 14 novembre, Oster précise dans un courrier adressé au ''Medizinalrat'', le Dr. Walther que le jour même de l’ouverture de la nouvelle clinique, le Dr. Maurer allait être « muté de la clinique médicale B vers la Médicale A »<ref name="f1cdd44c16e0dac465564612d6f7f566a8b5d2e1">AVES, 7 AH 14, Lettre du directeur général des hospices civils de Strasbourg au ''Medizinalrat'' Dr. Walther, 14 novembre 1940 : « ''Außerdem soll die Medizinische Abteilung A am 20 ds. Mts. Eröffnet werden. Herr Dr. Maurer Karl wird von der medizinischen Abteilung B nach der Abteilung A am gleichen Tage versetzt werden'' ».</ref>. Dans ce service, il travaille sous la direction du Dr. Paul Meyer (1896-1971) et aux côtés des Drs. René Piffert (1911-1991), Théodore Uhl (1914-2000), Paul Matthis (1913-?), Edgar Risser et Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952). Toutefois, Charles Maurer ne reste qu’un mois à la Médicale A, à une époque où, au 1er décembre 1940, soixante-quatre médecins occupent un poste aux hospices civils (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié d’entre eux est affectée aux cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%)<ref name="fcf799949a03eb87521c368e294ec2ab45a4f36f">ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste du personnel médical de l’hôpital civil de Strasbourg, état du 1er décembre 1940.</ref>.


Le 1er octobre 1941, le Dr. Charles Maurer est « déporté » en Allemagne. En raison de « conflits avec la hiérarchie allemande » à l’hôpital civil de Strasbourg, Maurer a fait l’objet d’une mesure de « déportation civile » outre-Rhin . La carte de rapatrié établi par le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés en juin 1945 précise en effet qu’il a travaillé à l’hôpital à Heidelberg . Son départ prématuré de la clinique, à quelques semaines de l’inauguration de la Reichsuniversität Strassburg du 23 novembre 1941, est en effet un moment crucial dans le parcours médical du Dr. Maurer. C’est très révélateur des mesures prises par les autorités nationales-socialistes à l’égard de certains médecins alsaciens. Si les nazis prévoyaient depuis l’été 1940 de créer en Alsace une université du Reich, pensée, conçue et voulue comme un « modèle », on constate qu’il y a une certaine méfiance du régime vis-à-vis du personnel autochtone. À de nombreuses reprises, il avait été prévu d’envoyer les médecins alsaciens outre-Rhin : il était question de soumettre tous les candidats alsaciens postulant un poste à la faculté de médecine de la Reichsuniversität Strassburg à un séjour de six à douze mois dans une clinique universitaire allemande. Cette mesure, discutée dès la mi-octobre 1940 entre le futur doyen de la faculté de médecine (Johannes Stein) et le futur administrateur en chef de l’université (Ernst Anrich) visait en réalité à les « familiariser avec les circonstances médicales et politiques allemandes sous la direction de médecins dont le NSD-DB considère qu’ils « sont compétents pour une telle éducation des chefs de cliniques alsaciens d’un point de vue tant scientifique qu’idéologique, mais aussi psychologique » . De plus, le 14 novembre 1940, le Reichsdozentenführer Walter Schultze évoque dans un courrier adressé à Max de Crinis, le Ministerialdirektor im Reichserziehungsministerium, cette politique en ces termes : « dans les cliniques strasbourgeoises, il y a un certain nombre de bons médecins assistants qui doivent absolument se rendre au moins une fois dans le Reich pour un an ou deux ». En réalité, cette mesure est envisagée pour que les Alsaciens et les Mosellans « baignent dans la pure atmosphère nationale-socialiste » et qu’ils sentent le bien-fondé de cette politique et qu’ils « réintègrent » par là même « leur peuple, le peuple germanique » .
Finalement, au 1er janvier 1941, le Dr. Charles Maurer réintègre la clinique médicale B (rez-de-chaussée) dont la direction est assurée par l’Alsacien Jules Stahl, qui cède rapidement sa place de ''Chefarzt'' à l’Allemand Werner Jordan (1912-?). Il poursuit sa carrière, percevant une indemnité (''Diäten'') s’élevant à 433,34 Reichsmarks en mars 1941, alors même que le nombre d’Alsaciens en poste en clinique diminue fortement, puisqu’un certain nombre d’entre eux quitte l’hôpital au début de l’année 1941. D’ailleurs, au mois de mars 1941, Jordan ne dispose plus que d’un ''wissenschaftlicher Assistent'' (Charles Maurer) et de deux ''Volontärassistenten'' (Karl Heinz et Paul Kern) à la Médicale B, jusqu’à l’arrivée des Allemands Wilhelm Wagner et Guido Bommer au début du mois de juin<ref name="7b3ce596fcb14bf4afc385b38f0b50a772ee9aaa">AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , 1941. Début janvier 1941, la clinique médicale B, dirigée par Jules Stahl, était composée des Drs. Karl Maurer Peter Barthelme, Karl Heinz, Paul Kern et Willy Herr. En juin, seuls Maurer et Kern sont encore présents à l’hôpital. Voir également BArch R4901/13518, Annexe 3, Annuaire du personnel médical des établissements hospitalo-universitaires de Strasbourg, état du 1er mai 1941, Bl. 220.</ref>. Le dernier document connu qui atteste la présence du Dr. Maurer comme ''Assistenzarzt'' à la « ''Medizinische Abteilung'' » des hospices civils de Strasbourg est une liste regroupant les noms des médecins en poste en juin et en juillet 1941. À ce moment-là, la clinique médicale (A et B) comptait au total onze médecins, auxquels s’ajoutaient les médecins du service des maladies chroniques (deux), ceux de l’institut de radiologie et de radiothérapie (quatre) et le Dr. Madeleine Uhrig placée à la tête du sanatorium de la Robertsau<ref name="f005a4a1eeafb0d35c59565c8b40c1981a0c1c85">ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Liste du personnel médical des établissements hospitalo-universitaires de Strasbourg, état des mois de juin-juillet 1941.</ref>. Après environ un an de pratique à l’hôpital civil allemand de Strasbourg, le Dr. Charles Maurer quitte son poste à la suite d’une mesure politique appliquée à son égard par les autorités nationales-socialistes.  
Dans ce contexte, l’ouverture prochaine de la Reichsuniversität Strassburg représentait un point de rupture. La période d’accommodement, au cours de laquelle les futurs responsables de l’institution universitaire nazie construisaient les structures de l’université et pourvoyaient les postes tout en composant avec les candidats alsaciens potentiels à un réemploi, était terminée. Alors que les dossiers de candidature pour un poste dans une clinique de la faculté de médecine nazie étaient instruits d’un point de vue politique par les services du NSDAP et du SD, les Alsaciens étaient à ce moment-là mis en demeure et placés devant le choix d’un alignement de plus en plus important, clair et manifeste sur la politique nationale-socialiste ou une mise en retrait, avec toutes les conséquences que cela implique. La déportation civile du Dr. Maurer dans un hôpital allemand peut ainsi être mise en parallèle avec le sort d’autres médecins. Par exemple, les démissions sans préavis et autres rétractations d’Alsaciens se multiplient à cette époque, comme le chirurgien Adolphe Jung (1902-1992) ou le pédiatre Charles Apffel (1910-1985) en octobre 1941 ; d’autres émigrent vers la France comme le dermatologue Pierre Baumeister (1911-1984) et d’autres sont envoyés en Allemagne pour servir dans des cliniques allemandes comme le chirurgien René Keller (1907-1985) . Mais il faut préciser que la mesure qui a visé le Dr. Maurer était plus sévère encore, car il n’avait visiblement plus la possibilité de retourner en Alsace avant la fin de la guerre. D’ailleurs, dès le mois de mai 1945, après avoir passé plus de trois ans et demi à Heidelberg, Charles Maurer rentre à Strasbourg et parvient à reprendre sa carrière à la clinique médicale B de Strasbourg dès 1948.


L’après-guerre : une brillante carrière médicale et scientifique à l’université Louis Pasteur de Strasbourg
===La « déportation civile » en Allemagne===
 
Le 1er octobre 1941, le Dr. Charles Maurer est « déporté » en Allemagne. En raison de « conflits avec la hiérarchie allemande » à l’hôpital civil de Strasbourg, Maurer a fait l’objet d’une mesure de « déportation civile » outre-Rhin<ref name="ec35570806b90bd4a8d1f05a2b194bf5815f7864">On remercie ici M. Jean Maurer pour cette précieuse information.</ref>. La carte de rapatrié établi par le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés en juin 1945 précise en effet qu’il a travaillé à l’hôpital à Heidelberg<ref name="020e16a05be63e4b6f2052ceffb8d8e509f9aa77">Archives privées de la famille Maurer, Carte de rapatrié de Charles Maurer., Merci à Monsieur Jean Maurer pour son partage (mail du 15 juin 2021).</ref>. Son départ prématuré de la clinique, à quelques semaines de l’inauguration de la ''Reichsuniversität Straβburg'' du 23 novembre 1941, est en effet un moment crucial dans le parcours médical du Dr. Maurer. C’est très révélateur des mesures prises par les autorités nationales-socialistes à l’égard de certains médecins alsaciens. Si les nazis prévoyaient depuis l’été 1940 de créer en Alsace une université du Reich, pensée, conçue et voulue comme un « modèle », on constate qu’il y a une certaine méfiance du régime vis-à-vis du personnel autochtone. À de nombreuses reprises, il avait été prévu d’envoyer les médecins alsaciens outre-Rhin : il était question de soumettre tous les candidats alsaciens postulant un poste à la faculté de médecine de la ''Reichsuniversität Straβburg'' à un séjour de six à douze mois dans une clinique universitaire allemande. Cette mesure, discutée dès la mi-octobre 1940 entre le futur doyen de la faculté de médecine (Johannes Stein) et le futur administrateur en chef de l’université (Ernst Anrich) visait en réalité à les « familiariser avec les circonstances médicales et politiques allemandes sous la direction de médecins dont le NSD-DB considère qu’ils « sont compétents pour une telle éducation des chefs de cliniques alsaciens d’un point de vue tant scientifique qu’idéologique, mais aussi psychologique »<ref name="97792c1f675d1bec82f5c4aeaf3a265fe0d16d9a">Anrich an NSDDB Schultze, 19.10.1940: NL Anrich 1/283. Cité selon Moehler, p. 727.</ref>. De plus, le 14 novembre 1940, le ''Reichsdozentenführer'' Walter Schultze évoque dans un courrier adressé à Max de Crinis, le ''Ministerialdirektor im Reichserziehungsministerium'', cette politique en ces termes : « dans les cliniques strasbourgeoises, il y a un certain nombre de bons médecins assistants qui doivent absolument se rendre au moins une fois dans le Reich pour un an ou deux ». En réalité, cette mesure est envisagée pour que les Alsaciens et les Mosellans « baignent dans la pure atmosphère nationale-socialiste » et qu’ils sentent le bien-fondé de cette politique et qu’ils « réintègrent » par là même « leur peuple, le peuple germanique »<ref name="dd27d2ff7eba7a09606397aef6589921041c153e">NSDDB Schultze an de Crinis, 14.11.1940, cité dans Rainer Möhler, ''Die Reichsuniversität Straβburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen'', thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019, p. 728 : « ''An den Straßburger Kliniken befinden sich eine Reihe von guten Assistenten, die unbedingt einmal auf ein bis zwei Jahre ins Reich müssen'' ». Voir également BArch R 21/800, Lettre de Schmidt à Wagner, 7 mars 1941, cité dans Patrick Wechsler, La faculté de médecine de la "Reichsuniversität Straβburg" (1941-1945) à l’heure nationale-socialiste, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université Louis Pasteur, 1991, p. 11.</ref>.
 
Dans ce contexte, l’ouverture prochaine de la ''Reichsuniversität Straβburg'' représentait un point de rupture. La période d’accommodement, au cours de laquelle les futurs responsables de l’institution universitaire nazie construisaient les structures de l’université et pourvoyaient les postes tout en composant avec les candidats alsaciens potentiels à un réemploi, était terminée. Alors que les dossiers de candidature pour un poste dans une clinique de la faculté de médecine nazie étaient instruits d’un point de vue politique par les services du NSDAP et du SD, les Alsaciens étaient à ce moment-là mis en demeure et placés devant le choix d’un alignement de plus en plus important, clair et manifeste sur la politique nationale-socialiste ou une mise en retrait, avec toutes les conséquences que cela implique. La déportation civile du Dr. Maurer dans un hôpital allemand peut ainsi être mise en parallèle avec le sort d’autres médecins. Par exemple, les démissions sans préavis et autres rétractations d’Alsaciens se multiplient à cette époque, comme le chirurgien Adolphe Jung (1902-1992) ou le pédiatre Charles Apffel (1910-1985) en octobre 1941 ; d’autres émigrent vers la France comme le dermatologue Pierre Baumeister (1911-1984) et d’autres sont envoyés en Allemagne pour servir dans des cliniques allemandes comme le chirurgien René Keller (1907-1985)<ref name="06ed25050e1b16c6e6be361733d73568035c4ddd">Voir leur notice biographique sur ce Wikipédia.</ref>. Mais il faut préciser que la mesure qui a visé le Dr. Maurer était plus sévère encore, car il n’avait visiblement plus la possibilité de retourner en Alsace avant la fin de la guerre. D’ailleurs, dès le mois de mai 1945, après avoir passé plus de trois ans et demi à Heidelberg, Charles Maurer rentre à Strasbourg et parvient à reprendre sa carrière à la clinique médicale B de Strasbourg dès 1948.
 
==L’après-guerre : une brillante carrière médicale et scientifique à l’université Louis Pasteur de Strasbourg==


Après la guerre, Charles Maurer réintègre l’équipe de la clinique médicale B du professeur Jules Stahl à Strasbourg. Se spécialisant en radiologie, il mène une brillante carrière et devient tout à la fois maître de conférences, agrégé d’électroradiologie et radiologiste à la Médicale B. Il travaille à l’hôpital jusqu’à son décès en mars 1975.
Après la guerre, Charles Maurer réintègre l’équipe de la clinique médicale B du professeur Jules Stahl à Strasbourg. Se spécialisant en radiologie, il mène une brillante carrière et devient tout à la fois maître de conférences, agrégé d’électroradiologie et radiologiste à la Médicale B. Il travaille à l’hôpital jusqu’à son décès en mars 1975.


Rapatrié et médecin réserviste
===Rapatrié et médecin réserviste===


De retour en Alsace après la Libération, Charles Maurer est « rappelé à l’activité » dans le service sanitaire de la réserve militaire. Au 29 mai 1945, quelques jours après son retour en France, il sert avec le grade de « médecin auxiliaire » puis, sur décret du 17 janvier 1946 émis par le Président provisoire du gouvernement portant nominations et promotions dans le cadre des officiers de réserve du service de santé, il est promu au grade de médecin sous-lieutenant dans l’armée française . Par ailleurs, le 18 juin 1945, le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés lui attribuent une carte de rapatrié pour la déportation civile dont il a fait l’objet entre le 1er octobre 1941 et le 8 mai 1945. On lui remet de l’argent (3000 francs), une « carte textile » pour obtenir des vêtements, du tabac ainsi que des tickets se procurer de la nourriture pendant dix jours . Finalement, environ trois ans après la Libération et son retour en Alsace, le Dr. Maurer reprend, à l’âge de trente-huit ans, ses activités à la clinique médicale B de l’université de Strasbourg le 1er octobre 1948.
De retour en Alsace après la Libération, Charles Maurer est « rappelé à l’activité » dans le service sanitaire de la réserve militaire. Au 29 mai 1945, quelques jours après son retour en France, il sert avec le grade de « médecin auxiliaire » puis, sur décret du 17 janvier 1946 émis par le Président provisoire du gouvernement portant nominations et promotions dans le cadre des officiers de réserve du service de santé, il est promu au grade de médecin sous-lieutenant dans l’armée française<ref name="020435f42ebd7d5b79fe5858cec9979260fa4cdd">Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, 78e année, n°31, 6 février 1946, p. 1037. L’article 1er de ce décret prévoit en effet la nomination « à titre temporaire, soit à compter du 1er septembre 1944, soit à compter du jour de leur rappel à l’activité ou de leur engagement (postérieur au 1er septembre 1945) les médecins sous-lieutenants à titre provisoire, les médecins aspirants et les médecins auxiliaires de réserve ci-après désignés ». Le nom de Charles Victor Maurer figure parmi les médecins auxiliaires au rang du 29 mai 1945 qui sont promus au grade de médecin sous-lieutenant.</ref>. Par ailleurs, le 18 juin 1945, le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés lui attribuent une carte de rapatrié pour la déportation civile dont il a fait l’objet entre le 1er octobre 1941 et le 8 mai 1945. On lui remet de l’argent (3000 francs), une « carte textile » pour obtenir des vêtements, du tabac ainsi que des tickets se procurer de la nourriture pendant dix jours<ref name="020e16a05be63e4b6f2052ceffb8d8e509f9aa77">Archives privées de la famille Maurer, Carte de rapatrié de Charles Maurer., Merci à Monsieur Jean Maurer pour son partage (mail du 15 juin 2021).</ref>. Finalement, environ trois ans après la Libération et son retour en Alsace, le Dr. Maurer reprend, à l’âge de trente-huit ans, ses activités à la clinique médicale B de l’université de Strasbourg le 1er octobre 1948.


Reprise de carrière à la clinique médicale B : maître de conférences, agrégé et radiologiste
===Reprise de carrière à la clinique médicale B : maître de conférences, agrégé et radiologiste===


À la suite du départ en retraite du professeur Léon Ambard en 1947, c’est l’Alsacien Jules Stahl (1902-1984) – un élève d’Ambard et un ancien confrère de Maurer – qui lui succède à la tête de la clinique médicale B pendant plus d’un quart de siècle, jusqu’en 1974. Charles Maurer intègre la clinique médicale B au 1er octobre 1948 et poursuit ainsi sa carrière médicale aux côtés de Stahl, se spécialisant très rapidement en radiologie.
À la suite du départ en retraite du professeur Léon Ambard en 1947, c’est l’Alsacien Jules Stahl (1902-1984) – un élève d’Ambard et un ancien confrère de Maurer – qui lui succède à la tête de la clinique médicale B pendant plus d’un quart de siècle, jusqu’en 1974. Charles Maurer intègre la clinique médicale B au 1er octobre 1948 et poursuit ainsi sa carrière médicale aux côtés de Stahl, se spécialisant très rapidement en radiologie.
Charles Maurer devient alors radiologiste et chef du service de radiologie à la Médicale B vers la fin des années 1960 . À cette époque-là, il est l’un des principaux collaborateurs de Jules Stahl aux côtés de Marc Dorner, Henri Jahn, du cardiologue Paul Meyer, dit Herzmeyer – qui succède à Henri Metzger –, et des internistes Paul Carlier, Étienne Mérian, Henri Halsdorf et Frédéric Stéphan (ce dernier étant également endocrinologue) . Par ailleurs, en plus de son activité à la clinique, Charles Maurer est aussi titulaire du corps enseignant de la faculté de médecine – ou Unité d’Enseignement et de Recherche (UER) des sciences médicales selon la nouvelle appellation depuis la loi Faure de 1968 – de l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Le 1er octobre 1967, à l’âge de cinquante-sept ans, il est nommé et titularisé comme maître de conférences praticien hospitalier, cumulant de fait à la fois des fonctions universitaires et des fonctions hospitalières au sein du Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Strasbourg . Dans les années 1960, il réussit également le concours de l’agrégation de radiologie (créé en 1952) et obtient ainsi le titre d’agrégé d’électroradiologie . Au début des années 1970, l’état de santé de Charles Maurer commence à se dégrader. L’« affection interne »  dont il souffre est si grave que l’État lui accorde au total une année de congé de maladie, du 1er avril 1973 au 31 mars 1974 .
Finalement, après sa guérison, Charles Maurer est réintégré dans ses fonctions le 1er avril 1974  et, alors qu’il voit la date de sa retraite approcher, il sollicite auprès des autorités un « recul de la limite d’âge », afin de pouvoir poursuivre sa carrière. Le 5 juillet 1974, le directeur de l’Unité d’enseignement et de recherche des sciences médicales de Strasbourg, le professeur François Isch (1918-2004), émet un « avis défavorable », estimant la requête non fondée, d’autant que le principal intéressé avait été « placé en congé de longue maladie pendant un an et n’a[vait] repris son service que le 1er avril 1974 » . L’arrêté du ministre de la Santé et le secrétaire d’État aux universités est sans appel. Charles Maurer est admis à faire valoir ses droits à pensions de retraite à compter du 27 septembre 1975, une date correspondant en réalité à sa « limite d’âge ». Cet arrêté, qui concerne des professeurs, maîtres de conférences et autres personnels des centres hospitaliers de toute la France, précise en outre à l’article quatre que « les intéressés seront maintenus en fonctions jusqu’au 30 septembre 1975 », c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’année universitaire en cours .


Décès  
Charles Maurer devient alors radiologiste et chef du service de radiologie à la Médicale B vers la fin des années 1960<ref name="b4a432ef550f5f701d8e4db75698c6142cb55487">En 1967, il est présenté comme un « maître de conférences, agrégé d’électroradiologie, électroradiologiste des hôpitaux, non chef de service ». Voir ''Santé publique et population'', 1967.</ref>. À cette époque-là, il est l’un des principaux collaborateurs de Jules Stahl aux côtés de Marc Dorner, Henri Jahn, du cardiologue Paul Meyer, dit Herzmeyer – qui succède à Henri Metzger –, et des internistes Paul Carlier, Étienne Mérian, Henri Halsdorf et Frédéric Stéphan (ce dernier étant également endocrinologue)<ref name="75ac5741eeb2567292dd4b288b27feec64e9c2f6">Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.</ref>. Par ailleurs, en plus de son activité à la clinique, Charles Maurer est aussi titulaire du corps enseignant de la faculté de médecine – ou Unité d’Enseignement et de Recherche (UER) des sciences médicales selon la nouvelle appellation depuis la loi Faure de 1968 – de l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Le 1er octobre 1967, à l’âge de cinquante-sept ans, il est nommé et titularisé comme maître de conférences praticien hospitalier, cumulant de fait à la fois des fonctions universitaires et des fonctions hospitalières au sein du Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Strasbourg<ref name="f0bedf64b86d87fdf1822a798d83ea8055b34102">ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Bulletin individuel.</ref>. Dans les années 1960, il réussit également le concours de l’agrégation de radiologie (créé en 1952) et obtient ainsi le titre d’agrégé d’électroradiologie<ref name="f784ea4df4013ad8b313593fd11b69788ade372b">ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer.</ref>. Au début des années 1970, l’état de santé de Charles Maurer commence à se dégrader. L’« affection interne »<ref name="faef6564d0815cd669b83547a769b9c9f01575dd">ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Certificat du Dr. Stahl sur la nécessité d’accorder au Dr. Maurer un congé de longue maladie, 31 juillet 1973.</ref> dont il souffre est si grave que l’État lui accorde au total une année de congé de maladie, du 1er avril 1973 au 31 mars 1974<ref name="08cca7d4092da2093ce680412fbdaf2ff8987aac">Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer. Il bénéficie d’abord d’un congé de longue maladie d’une durée de six mois (première période), qui est ensuite renouvelé. À chaque fois, un arrêté ministériel vient entériner la décision. Précisons également que le recteur de l’université indique que le comité médical départemental avait émis, dans sa séance du 27 septembre 1973, un avis favorable pour la prolongation de l’arrêt de maladie.</ref>.
 
Finalement, après sa guérison, Charles Maurer est réintégré dans ses fonctions le 1er avril 1974<ref name="ced8b565dae31d0832538a167d44b314ee640a27">Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Arrêté du ministre de la santé et du ministre de l’éducation nationale, , 24 mai 1974.</ref> et, alors qu’il voit la date de sa retraite approcher, il sollicite auprès des autorités un « recul de la limite d’âge », afin de pouvoir poursuivre sa carrière. Le 5 juillet 1974, le directeur de l’Unité d’enseignement et de recherche des sciences médicales de Strasbourg, le professeur François Isch (1918-2004), émet un « avis défavorable », estimant la requête non fondée, d’autant que le principal intéressé avait été « placé en congé de longue maladie pendant un an et n’a[vait] repris son service que le 1er avril 1974 »<ref name="ced8b565dae31d0832538a167d44b314ee640a27">Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Arrêté du ministre de la santé et du ministre de l’éducation nationale, , 24 mai 1974.</ref>. L’arrêté du ministre de la Santé et le secrétaire d’État aux universités est sans appel. Charles Maurer est admis à faire valoir ses droits à pensions de retraite à compter du 27 septembre 1975, une date correspondant en réalité à sa « limite d’âge ». Cet arrêté, qui concerne des professeurs, maîtres de conférences et autres personnels des centres hospitaliers de toute la France, précise en outre à l’article quatre que « les intéressés seront maintenus en fonctions jusqu’au 30 septembre 1975 », c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’année universitaire en cours<ref name="9d1a957048df7c7db1772fc97380a265af07ffe7">Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Arrêté du ministre de la santé et du secrétaire d’État aux universités, , 4 septembre 1974.</ref>.
 
==Décès==


S’il pouvait poursuivre sa carrière jusqu’à l’âge de soixante-cinq ans, Charles Maurer décède le 3 mars 1975 à Strasbourg avant même de prendre sa retraite. La nouvelle de son décès est communiquée le jour même au ministère et aux services de l’université par le nouveau directeur de l’Unité d’enseignement et de recherches des sciences médicales (UER), le professeur Jean Lavillaureix, qui écrit :
S’il pouvait poursuivre sa carrière jusqu’à l’âge de soixante-cinq ans, Charles Maurer décède le 3 mars 1975 à Strasbourg avant même de prendre sa retraite. La nouvelle de son décès est communiquée le jour même au ministère et aux services de l’université par le nouveau directeur de l’Unité d’enseignement et de recherches des sciences médicales (UER), le professeur Jean Lavillaureix, qui écrit :
« J’ai le regret de vous faire part du décès en date du 3 mars 1975 de M. le Docteur Victor Charles Maurer, maître de conférences, agrégé d’électroradiologie, électroradiologiste des hôpitaux, chef de service de radiologie à la clinique médicale B » .
 
<blockquote>« J’ai le regret de vous faire part du décès en date du 3 mars 1975 de M. le Docteur Victor Charles Maurer, maître de conférences, agrégé d’électroradiologie, électroradiologiste des hôpitaux, chef de service de radiologie à la clinique médicale B »<ref name="023a41399fe95c379941f98e37cade921d46a635">ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Lettre du directeur de l’UER des sciences sociales Fr. Isch au secrétaire d’État aux universités et au président de l’université, 3 mars 1975.</ref>.</blockquote>
 
Médecin doté d’une expérience de plus de trente ans de pratique médicale, Charles Maurer a ainsi travaillé pendant plus d’un quart de siècle à la clinique médicale B d’après-guerre, de 1948 à 1975.
Médecin doté d’une expérience de plus de trente ans de pratique médicale, Charles Maurer a ainsi travaillé pendant plus d’un quart de siècle à la clinique médicale B d’après-guerre, de 1948 à 1975.


Vie privée  
==Vie privée==
 
Après la guerre, Charles Maurer s’installe près de l’hôpital civil, au 1, rue Kageneck à Strasbourg. Le 17 janvier 1952, il épouse à Strasbourg, Marie-Louise Coen, une jeune femme de dix ans sa cadette qu’il a rencontrée alors qu’elle venait de finir ses études à Strasbourg après-guerre<ref name="4aeb0ba2e81fd3288a013e0b9aacd1ae15e567a7">ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., , Acte n°395/1910 (voir la note marginale). Merci également à M. Jean Maurer pour son témoignage.</ref>. Née à Colmar le 15 décembre 1921 Marie-Louise travaillait à la clinique médicale B et avait soutenu en 1952 une thèse de doctorat de médecine intitulée Azotémie post-hémorragique sous la direction de Jules Stahl<ref name="b845877a0c2bde0f59027adf46626bc13b224804">Marie-Louise Coen, Azotémie post-hémorragique, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université de Strasbourg, n°5, 1952.</ref>. Par la suite, le couple Maurer donne naissance à trois enfants qui sont d’ailleurs tous trois devenus médecins<ref name="a19a785394027c4a645a3503e4d66cd9991d656f">L’aîné est devenu médecin généraliste, tandis que les deux autres sont devenus ophtalmologistes. Voir l’avis de décès de Marie-Louise Maurer née Coen paru dans ''Les Dernières Nouvelles d’Alsace'' le 25 décembre 2013.</ref>. En 1967, la famille Maurer s’installe dans la maison parentale de Schiltigheim, dont l’adresse est devenue 168, route de Bischwiller à la suite d’un changement de numérotation<ref name="b576898db09bfbdcd24f798a236ebd59b4b24e0a">Un grand merci à Monsieur Jean Maurer pour son soutien et son témoignage (mail du 19 juin 2021).</ref>. Près de quarante ans après le décès de son mari en 1975, Marie-Louise Maurer s’éteint à Wolfisheim le 23 décembre 2013<ref name="553cb4a1c07c065f95338e488c5ca38984f97dea">Avis de décès de Marie-Louise Maurer née Coen paru dans ''Les Dernières Nouvelles d’Alsace'' le 25 décembre 2013. Voir sa fiche « Généafrance » via https://geneafrance.com/france/deces/?deces{{=}}31136438, [en ligne], consulté le 6 mai 2021.</ref>.
 
==Publication de Charles Maurer==
 
Charles Maurer, Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension, thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p.
 
==Sources==
 
ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer.
 
ADBR, 126 AL 37, dossier 1.
 
ADBR, 126 AL 37, dossier n°4.
 
ADBR, 126 AL 114, dossier n°10.
 
AVES, 7 AH 14.
 
ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., Acte n°395/1910.
 
ADBR, 4E447/73, État civil de Schiltigheim, Acte de mariage de H. K. Maurer et de A. E. Grasser, Acte n°27/1910.
 
Archives privées de la famille Maurer. Nous remercions encore très chaleureusement Monsieur Jean Maurer pour nos échanges, la relecture attentive de la présente biographie et toutes les informations communiquées.
 
BArch R4901/13518, ''Anlage 3, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitätsanstalten Straβburg, Stand vom 1. Mai 1941'', Bl. 220.
 
''Les Dernières Nouvelles d’Alsace'', 25 décembre 2013, Avis de décès de Marie-Louise Maurer née Coen.
 
''Généafrance.fr'', fiches de Charles Maurer et Marie-Louise Coen.
 
''Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces'', 78e année, n°31, 6 février 1946, p. 1037.
 
New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses, Box 17:19:11, Strasbourg, France (H00514658T), Thèse de doctorat de Charles Maurer. Disponible via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514658T.pdf, [en ligne], consulté le 6 mai 2021.
 
« Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 31. März 1941 », in ''Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass'', n°12, 4 avril 1941, p. 242.
 
==Bibliographie==
 
Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.
 
Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518.
 
Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.
 
Rainer Möhler, ''Die Reichsuniversität Straβburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen'', thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019.
 
Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, p. 572-583.
 
''Santé publique et population'', 1967.
 
United States Department of health, education and welfare, Public health service, ''Index-catalogue of the Library of the surgeon general’s office''. National library of medicine, fifth series, vol. 1, Authors and titles, Washington, United States Government printing office, 1959, p. 336.


Après la guerre, Charles Maurer s’installe près de l’hôpital civil, au 1, rue Kageneck à Strasbourg. Le 17 janvier 1952, il épouse à Strasbourg, Marie-Louise Coen, une jeune femme de dix ans sa cadette qu’il a rencontrée alors qu’elle venait de finir ses études à Strasbourg après-guerre . Née à Colmar le 15 décembre 1921 Marie-Louise travaillait à la clinique médicale B et avait soutenu en 1952 une thèse de doctorat de médecine intitulée Azotémie post-hémorragique sous la direction de Jules Stahl . Par la suite, le couple Maurer donne naissance à trois enfants qui sont d’ailleurs tous trois devenus médecins . En 1967, la famille Maurer s’installe dans la maison parentale de Schiltigheim, dont l’adresse est devenue 168, route de Bischwiller à la suite d’un changement de numérotation . Près de quarante ans après le décès de son mari en 1975, Marie-Louise Maurer s’éteint à Wolfisheim le 23 décembre 2013 .
Patrick Wechsler, ''La faculté de médecine de la "Reichsuniversität Straβburg" (1941-1945) à l’heure nationale-socialiste, thèse de doctorat de médecine'', Strasbourg, Université Louis Pasteur, 1991.
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Version actuelle datée du 7 avril 2022 à 17:46


Charles Maurer
Charles Maurer

Prénom Charles
Nom Maurer
Sexe masculin
Naissance 27 septembre 1910 (Schiltigheim)
Décès 3 mars 1975 (Strasbourg)
Profession du père Assistant des chemins de fer

These Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension (Clermont-Ferrand, 1940)
Directeur de thèse Léon Ambard
Titre Dr. med.

Identités Maurer Karl
Spécialités Radiologie, Electroradiologie


Charles Maurer (1910-1975) est un médecin et radiologiste alsacien. Il a fait ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930, ainsi que son externat, son internat et son clinicat. Avec l’évacuation de l’université en 1939, il se rend à Clermont-Ferrand pour terminer son cursus universitaire et soutient sa thèse de doctorat réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard (1876-1962) en juin 1940.

Jeune docteur, il retourne à Strasbourg peu de temps après l’annexion de l’Alsace au Reich et obtient un poste d’Assistenzarzt à l’hôpital civil allemand de Strasbourg dès la fin de l’été 1940. Intégrant la clinique médicale, il y travaille pendant près d’un an, oscillant entre la Médicale B et la Médicale A. Quelques semaines avant l’inauguration de la Reichsuniversität Straβburg en novembre 1941, Charles Maurer fait l’objet une mesure répressive de la part des autorités nationales-socialistes en raison de conflits avec la hiérarchie allemande de l’hôpital. Dès le 1er octobre 1941, il subit en effet la « déportation civile » en étant déporté de force en Allemagne, pour travailler jusqu’à la fin de la guerre dans un hôpital de la ville d’Heidelberg.

De retour en Alsace dès le mois de mai 1945 et recevant une carte de rapatrié, Charles Maurer est d’abord rappelé dans l’armée. En octobre 1948, il est recruté à la clinique médicale B à Strasbourg désormais dirigée par l’un de ses anciens confrères de l’entre-deux-guerres et de la période allemande, le professeur alsacien Jules Stahl (1902-1984). Poursuivant sa carrière pendant plus de vingt-six ans, Charles Maurer se spécialise en radiologie, devient maître de conférences, agrégé d’électroradiologie et chef du service de radiologie de la clinique médicale B. En 1952, il épouse l’une de ses jeunes consœurs de la Médicale B avec qui il partage sa vie et fonde une famille jusqu’à son décès en mars 1975, à six mois de la retraite.

Biographie


Devenir médecin : de l’enfance aux études de médecine

HalsdorfCharles MaurerMademoiselle UrbanMetzgerJules StahlKuhlmannPaul MeyerLevySchmidtBlumMolitorMarie-Louise CoenMadame HeumannHuttWagnerMarguerite MeschenmoserMademoiselle RogerDornerWilly Herr
Équipe de la clinique médicale B, photographie du 14 novembre 1949[1]. ©Collection privée de la famille Maurer. Avec l’aimable autorisation de Jean Maurer. Au 1er rang (de gauche à droite) : Halsdorf, Maurer, Urban, Metzger, Stahl, Kuhlmann, Meyer, Lévy. Au 2e rang : Schmidt, Blum, Molitor, Coen, Heumann, Hutt, Wagner, Meschenmoser, Roger, Dorner, Herr.


Issu d’une famille catholique alsacienne, Charles Maurer passe toute son enfance dans sa région natale, ballotée entre l’Allemagne et la France. Né allemand, il obtient la nationalité française par réintégration aux lendemains de la Première Guerre mondiale et fait ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans l’entre-deux-guerres.

La famille Maurer et l’enfance de Charles

Charles Maurer, de son nom complet Charles Victor Maurer, est né le 27 septembre 1910 à Schiltigheim près de Strasbourg dans une famille alsacienne aisée de confession catholique[2]. À cette époque, l’Alsace et la Moselle faisaient partie intégrante du Reich wilhelmien et formaient le « Reichsland Elsaß-Lothringen », en application du traité de Francfort qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne environ quarante ans plus tôt (1871). Ses parents, tous deux issus de la génération née après la cession de l’Alsace au Reich, naissent avec la nationalité allemande, contrairement à leurs propres parents. Son père, Heinrich-Karl Maurer, né le 15 juillet 1879, est originaire de Niederhergheim au sud de Colmar dans le Haut-Rhin. Installé dans un premier temps à Riedisheim près de Mulhouse, il se destine à une carrière dans l’industrie ferroviaire en plein essor et exerce ensuite la profession d’assistant des chemins de fer (Eisenbahnassistent), puis d’ingénieur à la SNCF. Le 4 avril 1910, il épouse à Schiltigheim Auguste Emilie Grasser, née le 19 février 1888[3]. Neuf mois plus tard, le couple donne naissance à Charles, qui grandit dans la maison familiale située au 3, route de Bischwiller à Schiltigheim[4].

Né allemand, Charles débute sa scolarité obligatoire (Schulpflicht) sous le système éducatif allemand durant la Première Guerre mondiale, vers 1916-1917. À l’âge de six ans, il entre à l’école élémentaire (Volksschule), qu’il fréquente pendant environ deux ans. Comme ses parents et lui restent en Alsace à la fin de la Grande Guerre, il obtient la nationalité française « par réintégration » après que sa terre natale soit repassée sous le giron français. Il poursuit alors sa scolarité à l’école de la République française et entre dans le secondaire au collège Saint-Étienne[4], réussissant l’examen du baccalauréat certainement à la fin des années 1920, vers l’âge de dix-huit ans.

Les études de médecine à Strasbourg et Clermont-Ferrand

Les informations concernant ses études de médecine sont très lacunaires et rendent difficile la reconstruction de son parcours universitaire. Toutefois, comme de coutume en France, Charles Maurer débute son cursus universitaire par la préparation du certificat d’études Physique, Chimie, Sciences Naturelles (PCN) à la faculté des sciences. Il s’agit d’un diplôme, préparé en une année et instauré par décret sous la Troisième République, qui constitue un prérequis à la première inscription en médecine[5]. Charles Maurer fait toutes ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930. Au cours de celles-ci, il réussit le concours de l’externat des hôpitaux, puis celui de l’internat des hôpitaux, exerçant alors en cette qualité à Strasbourg, avant d’y accomplir son clinicat, c’est-à-dire de travailler comme chef de clinique[6].

Charles Maurer devient notamment l’un des élèves du professeur Léon Ambard (1876-1962), devenu directeur de la clinique médicale B en 1931 à la suite du décès du professeur Léon Blum (1878-1930). Universitaire et chercheur passionné, Ambard consacre la majeure partie de son temps à des travaux scientifiques sur le fonctionnement rénal, la sécrétion des chlorures, l’hypertension artérielle ou encore le diabète. Par ailleurs, tandis qu’il mène à la clinique ses diverses recherches, Ambard n’accorde que peu d’attention à la pratique clinique quotidienne, si bien qu’il délègue le soin des patients à ses collaborateurs et internes parmi lesquels Jules Stahl (1902-1984), le futur chef de service, et d’autres médecins comme Jean-Émile Kappler et Paul Meyer (1896-1971)[7]. De plus, au cours de ses études, Charles Maurer est appelé sous les drapeaux pour accomplir son service militaire. En raison de son statut d’étudiant en médecine, il avait obtenu un report légal, mais avait fini par devoir faire ses classes en 1936 (classe de mobilisation : 1936 II)[8]. Un document administratif indique que son service a duré précisément six mois et vingt jours, avant d’être versé dans la réserve militaire comme sous-officier du corps médical, avec le grade de médecin auxiliaire, ce qui lui a permis de terminer ses études[9].

Figure 1 : Page de garde de la thèse de doctorat de Ch. Maurer © UNC New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses.

Avec la déclaration de la guerre en septembre 1939, l’université et l’hôpital civil de Strasbourg sont évacués, l’une vers Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme et l’autre vers Clairvivre près de Périgueux en Dordogne[10]. Dans ce contexte, Charles Maurer fait visiblement partie des étudiants qui poursuivent leurs études à Clermont-Ferrand entre 1939 et 1940. En effet, c’est précisément au cours de cette période troublée sur le plan politique et militaire qu’il termine sa formation médicale en soutenant sa thèse de doctorat d’État de médecine en juin 1940 à l’âge de vingt-neuf-ans, devenant l’un des doctorants strasbourgeois à devenir docteur à l’université repliée à Clermont-Ferrand[9]. Sa thèse, réalisée sous la présidence du professeur Léon Ambard, est intitulée « Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension »[11].

Médecin à l’hôpital civil allemand de Strasbourg (1940-1941)

De retour en Alsace à l’été 1940, Charles Maurer cherche à obtenir un poste à l’hôpital civil de Strasbourg désormais devenu allemand depuis l’annexion de sa terre natale au territoire du IIIe Reich. Très rapidement, dès le mois de septembre 1940, les autorités nationales-socialistes lui confient un poste de médecin-assistant à la clinique médicale et Charles Maurer le conserve jusqu’en septembre 1941, avant de subir une mesure répressive et d’être envoyé en Allemagne.

La réhabilitation par l’Occupant : le recrutement à l’hôpital civil allemand

À la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, l’Alsace et la Moselle sont annexées de fait au territoire de l’Allemagne nazie. Dès lors, l’administration nationale-socialiste s’installe en Alsace et y importe à marche forcée ses structures politiques et étatiques afin de mettre en œuvre sa politique de mise au pas de ce territoire reconquis et de sa population. À cette époque, notamment en raison de l’évacuation de l’Alsace et du repli du personnel soignant, des malades et du matériel vers Clermont-Ferrand et Clairvivre, il y avait un besoin « urgent » (drigend) de personnel médical en Alsace pour assurer les soins de la population civile[12]. Dès le 12 août 1940, l’hôpital civil de Strasbourg rouvre ses portes, désormais sous l’étendard allemand et placé sous la direction de son ancien directeur, le Dr. Joseph Oster, un autonomiste et germanophile notoire. Très rapidement, ce dernier est chargé par le chef de l’administration civile en Alsace, le Gauleiter Robert Wagner, de diriger le retour (Zurückführung) des équipements, du matériel et du personnel médicaux de Clairvivre vers Strasbourg. Les autorités nazies, en quête de personnel, s’affairent en effet à obtenir le retour des médecins, des patients et du matériel strasbourgeois en Alsace au plus vite, ce qui se concrétise entre le 1er septembre et le 21 octobre 1940[13]. C’est précisément à la même période que Charles Maurer, alors jeune docteur, retourne à Strasbourg et obtient un poste de médecin assistant à la clinique médicale allemande de l’hôpital civil en plein développement. Il convient de préciser qu’à ce moment-là, les nominations de médecins dans l’institution hospitalière allemande n’étaient toutes que « provisoires » (kommissarisch)[14] et qu’une évaluation politique en bonne et due forme devaient être effectuée. De plus, ordonnance promulguée par le département médical de Gauleitung le 13 juillet 1940 prévoyait que le postulant devait recevoir au préalable une autorisation de la Gauleitung pour pouvoir exercer la médecine en Alsace et s’établir comme médecin dans cette terre du Reich[15].

Apparemment, c’est au cours du mois de septembre 1940 que le Dr. Charles Maurer – dont le prénom a été désormais germanisé en Karl – est admis dans l’équipe de l’hôpital civil de Strasbourg. Ayant obtenu l’agrément nécessaire des autorités allemandes, il obtient provisoirement un poste d’Assistenzarzt à clinique médicale qui, au début du mois, ne comptait que neuf médecins, tous Alsaciens et placés sous la direction du Chefarzt Dolde[16]. Le nom du Dr. Maurer apparaît pour la première fois sur la liste du personnel médical en poste à la clinique en date du 4 octobre 1940. À ce moment-là, la Medizinische Abteilung, qui n’est pas encore divisée en clinique médicale A et B et qui avait pris provisoirement place dans le bâtiment de la clinique gynécologique (Frauenklinik), compte au total quatorze médecins. La moitié d’entre eux, dont Maurer, est employée dans le service de médecine interne, les autres étant ventilés dans les services qui dépendent de la clinique médicale comme la polyclinique médicale, la radiologie ou l’institut de radiothérapie. Plus précisément, l’ancien confrère de Maurer, le Dr. Jules (Julius) Stahl est alors nommé par les Allemands à la tête du service en qualité de Chefarzt, en remplacement de Dolde. À ce moment-là, Stahl s’appuie sur une équipe d’Assistenzärzte composée exclusivement de médecins alsaciens : les Drs. Paul Meyer, Peter Barthelme, Daniel Kuhlmann, Karl Maurer, Mademoiselle Fitzenkamp et Paul Kern[17].

Entre la clinique médicale B et la clinique médicale A

Les efforts du directeur général des hospices civils de Strasbourg, le Dr. Josef Oster, et des autorités allemandes pour combler le manque de personnel commencent à porter leurs fruits, puisqu’en octobre 1940, les cliniques de l’hôpital civil emploient au total quarante-six médecins – contre vingt-quatre au moment de la réouverture le 12 août 1940 –, soit quasiment un triplement du personnel en seulement deux mois (x2,75)[18]. Plus spécifiquement, l’augmentation du nombre de médecins, en particulier à la clinique médicale, est telle qu’Oster décide de la subdiviser comme auparavant, tout en poursuivant la spécialisation de son hôpital en diverses branches médicales. Dès le 10 octobre 1940, Oster précise dans une note d’information (Mitteilung) que

« La clinique médicale sera divisée en deux, car, dans son état actuel, elle est devenue trop grande. Monsieur le Dr. Stahl assurera la direction par intérim de l’Abteilung située au rez-de-chaussée et Monsieur le Dr. Paul Meyer la direction par intérim de l’Abteilung située au premier étage »[19].

En effet, le 20 novembre 1940, la « clinique médicale » allemande se divise en deux, avec l’ouverture officielle de la clinique médicale A qui se sépare de la clinique qui devient ensuite la Médicale B. Le Dr. Maurer et ses douze confrères alsaciens sont alors répartis dans ces deux établissements hospitaliers distincts. Le 14 novembre, Oster précise dans un courrier adressé au Medizinalrat, le Dr. Walther que le jour même de l’ouverture de la nouvelle clinique, le Dr. Maurer allait être « muté de la clinique médicale B vers la Médicale A »[20]. Dans ce service, il travaille sous la direction du Dr. Paul Meyer (1896-1971) et aux côtés des Drs. René Piffert (1911-1991), Théodore Uhl (1914-2000), Paul Matthis (1913-?), Edgar Risser et Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952). Toutefois, Charles Maurer ne reste qu’un mois à la Médicale A, à une époque où, au 1er décembre 1940, soixante-quatre médecins occupent un poste aux hospices civils (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié d’entre eux est affectée aux cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%)[21].

Finalement, au 1er janvier 1941, le Dr. Charles Maurer réintègre la clinique médicale B (rez-de-chaussée) dont la direction est assurée par l’Alsacien Jules Stahl, qui cède rapidement sa place de Chefarzt à l’Allemand Werner Jordan (1912-?). Il poursuit sa carrière, percevant une indemnité (Diäten) s’élevant à 433,34 Reichsmarks en mars 1941, alors même que le nombre d’Alsaciens en poste en clinique diminue fortement, puisqu’un certain nombre d’entre eux quitte l’hôpital au début de l’année 1941. D’ailleurs, au mois de mars 1941, Jordan ne dispose plus que d’un wissenschaftlicher Assistent (Charles Maurer) et de deux Volontärassistenten (Karl Heinz et Paul Kern) à la Médicale B, jusqu’à l’arrivée des Allemands Wilhelm Wagner et Guido Bommer au début du mois de juin[22]. Le dernier document connu qui atteste la présence du Dr. Maurer comme Assistenzarzt à la « Medizinische Abteilung » des hospices civils de Strasbourg est une liste regroupant les noms des médecins en poste en juin et en juillet 1941. À ce moment-là, la clinique médicale (A et B) comptait au total onze médecins, auxquels s’ajoutaient les médecins du service des maladies chroniques (deux), ceux de l’institut de radiologie et de radiothérapie (quatre) et le Dr. Madeleine Uhrig placée à la tête du sanatorium de la Robertsau[23]. Après environ un an de pratique à l’hôpital civil allemand de Strasbourg, le Dr. Charles Maurer quitte son poste à la suite d’une mesure politique appliquée à son égard par les autorités nationales-socialistes.

La « déportation civile » en Allemagne

Le 1er octobre 1941, le Dr. Charles Maurer est « déporté » en Allemagne. En raison de « conflits avec la hiérarchie allemande » à l’hôpital civil de Strasbourg, Maurer a fait l’objet d’une mesure de « déportation civile » outre-Rhin[24]. La carte de rapatrié établi par le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés en juin 1945 précise en effet qu’il a travaillé à l’hôpital à Heidelberg[25]. Son départ prématuré de la clinique, à quelques semaines de l’inauguration de la Reichsuniversität Straβburg du 23 novembre 1941, est en effet un moment crucial dans le parcours médical du Dr. Maurer. C’est très révélateur des mesures prises par les autorités nationales-socialistes à l’égard de certains médecins alsaciens. Si les nazis prévoyaient depuis l’été 1940 de créer en Alsace une université du Reich, pensée, conçue et voulue comme un « modèle », on constate qu’il y a une certaine méfiance du régime vis-à-vis du personnel autochtone. À de nombreuses reprises, il avait été prévu d’envoyer les médecins alsaciens outre-Rhin : il était question de soumettre tous les candidats alsaciens postulant un poste à la faculté de médecine de la Reichsuniversität Straβburg à un séjour de six à douze mois dans une clinique universitaire allemande. Cette mesure, discutée dès la mi-octobre 1940 entre le futur doyen de la faculté de médecine (Johannes Stein) et le futur administrateur en chef de l’université (Ernst Anrich) visait en réalité à les « familiariser avec les circonstances médicales et politiques allemandes sous la direction de médecins dont le NSD-DB considère qu’ils « sont compétents pour une telle éducation des chefs de cliniques alsaciens d’un point de vue tant scientifique qu’idéologique, mais aussi psychologique »[26]. De plus, le 14 novembre 1940, le Reichsdozentenführer Walter Schultze évoque dans un courrier adressé à Max de Crinis, le Ministerialdirektor im Reichserziehungsministerium, cette politique en ces termes : « dans les cliniques strasbourgeoises, il y a un certain nombre de bons médecins assistants qui doivent absolument se rendre au moins une fois dans le Reich pour un an ou deux ». En réalité, cette mesure est envisagée pour que les Alsaciens et les Mosellans « baignent dans la pure atmosphère nationale-socialiste » et qu’ils sentent le bien-fondé de cette politique et qu’ils « réintègrent » par là même « leur peuple, le peuple germanique »[27].

Dans ce contexte, l’ouverture prochaine de la Reichsuniversität Straβburg représentait un point de rupture. La période d’accommodement, au cours de laquelle les futurs responsables de l’institution universitaire nazie construisaient les structures de l’université et pourvoyaient les postes tout en composant avec les candidats alsaciens potentiels à un réemploi, était terminée. Alors que les dossiers de candidature pour un poste dans une clinique de la faculté de médecine nazie étaient instruits d’un point de vue politique par les services du NSDAP et du SD, les Alsaciens étaient à ce moment-là mis en demeure et placés devant le choix d’un alignement de plus en plus important, clair et manifeste sur la politique nationale-socialiste ou une mise en retrait, avec toutes les conséquences que cela implique. La déportation civile du Dr. Maurer dans un hôpital allemand peut ainsi être mise en parallèle avec le sort d’autres médecins. Par exemple, les démissions sans préavis et autres rétractations d’Alsaciens se multiplient à cette époque, comme le chirurgien Adolphe Jung (1902-1992) ou le pédiatre Charles Apffel (1910-1985) en octobre 1941 ; d’autres émigrent vers la France comme le dermatologue Pierre Baumeister (1911-1984) et d’autres sont envoyés en Allemagne pour servir dans des cliniques allemandes comme le chirurgien René Keller (1907-1985)[28]. Mais il faut préciser que la mesure qui a visé le Dr. Maurer était plus sévère encore, car il n’avait visiblement plus la possibilité de retourner en Alsace avant la fin de la guerre. D’ailleurs, dès le mois de mai 1945, après avoir passé plus de trois ans et demi à Heidelberg, Charles Maurer rentre à Strasbourg et parvient à reprendre sa carrière à la clinique médicale B de Strasbourg dès 1948.

L’après-guerre : une brillante carrière médicale et scientifique à l’université Louis Pasteur de Strasbourg

Après la guerre, Charles Maurer réintègre l’équipe de la clinique médicale B du professeur Jules Stahl à Strasbourg. Se spécialisant en radiologie, il mène une brillante carrière et devient tout à la fois maître de conférences, agrégé d’électroradiologie et radiologiste à la Médicale B. Il travaille à l’hôpital jusqu’à son décès en mars 1975.

Rapatrié et médecin réserviste

De retour en Alsace après la Libération, Charles Maurer est « rappelé à l’activité » dans le service sanitaire de la réserve militaire. Au 29 mai 1945, quelques jours après son retour en France, il sert avec le grade de « médecin auxiliaire » puis, sur décret du 17 janvier 1946 émis par le Président provisoire du gouvernement portant nominations et promotions dans le cadre des officiers de réserve du service de santé, il est promu au grade de médecin sous-lieutenant dans l’armée française[29]. Par ailleurs, le 18 juin 1945, le ministère des prisonniers, déportés et réfugiés lui attribuent une carte de rapatrié pour la déportation civile dont il a fait l’objet entre le 1er octobre 1941 et le 8 mai 1945. On lui remet de l’argent (3000 francs), une « carte textile » pour obtenir des vêtements, du tabac ainsi que des tickets se procurer de la nourriture pendant dix jours[25]. Finalement, environ trois ans après la Libération et son retour en Alsace, le Dr. Maurer reprend, à l’âge de trente-huit ans, ses activités à la clinique médicale B de l’université de Strasbourg le 1er octobre 1948.

Reprise de carrière à la clinique médicale B : maître de conférences, agrégé et radiologiste

À la suite du départ en retraite du professeur Léon Ambard en 1947, c’est l’Alsacien Jules Stahl (1902-1984) – un élève d’Ambard et un ancien confrère de Maurer – qui lui succède à la tête de la clinique médicale B pendant plus d’un quart de siècle, jusqu’en 1974. Charles Maurer intègre la clinique médicale B au 1er octobre 1948 et poursuit ainsi sa carrière médicale aux côtés de Stahl, se spécialisant très rapidement en radiologie.

Charles Maurer devient alors radiologiste et chef du service de radiologie à la Médicale B vers la fin des années 1960[30]. À cette époque-là, il est l’un des principaux collaborateurs de Jules Stahl aux côtés de Marc Dorner, Henri Jahn, du cardiologue Paul Meyer, dit Herzmeyer – qui succède à Henri Metzger –, et des internistes Paul Carlier, Étienne Mérian, Henri Halsdorf et Frédéric Stéphan (ce dernier étant également endocrinologue)[31]. Par ailleurs, en plus de son activité à la clinique, Charles Maurer est aussi titulaire du corps enseignant de la faculté de médecine – ou Unité d’Enseignement et de Recherche (UER) des sciences médicales selon la nouvelle appellation depuis la loi Faure de 1968 – de l’université Louis Pasteur de Strasbourg. Le 1er octobre 1967, à l’âge de cinquante-sept ans, il est nommé et titularisé comme maître de conférences praticien hospitalier, cumulant de fait à la fois des fonctions universitaires et des fonctions hospitalières au sein du Centre hospitalier et universitaire (CHU) de Strasbourg[9]. Dans les années 1960, il réussit également le concours de l’agrégation de radiologie (créé en 1952) et obtient ainsi le titre d’agrégé d’électroradiologie[32]. Au début des années 1970, l’état de santé de Charles Maurer commence à se dégrader. L’« affection interne »[33] dont il souffre est si grave que l’État lui accorde au total une année de congé de maladie, du 1er avril 1973 au 31 mars 1974[34].

Finalement, après sa guérison, Charles Maurer est réintégré dans ses fonctions le 1er avril 1974[35] et, alors qu’il voit la date de sa retraite approcher, il sollicite auprès des autorités un « recul de la limite d’âge », afin de pouvoir poursuivre sa carrière. Le 5 juillet 1974, le directeur de l’Unité d’enseignement et de recherche des sciences médicales de Strasbourg, le professeur François Isch (1918-2004), émet un « avis défavorable », estimant la requête non fondée, d’autant que le principal intéressé avait été « placé en congé de longue maladie pendant un an et n’a[vait] repris son service que le 1er avril 1974 »[35]. L’arrêté du ministre de la Santé et le secrétaire d’État aux universités est sans appel. Charles Maurer est admis à faire valoir ses droits à pensions de retraite à compter du 27 septembre 1975, une date correspondant en réalité à sa « limite d’âge ». Cet arrêté, qui concerne des professeurs, maîtres de conférences et autres personnels des centres hospitaliers de toute la France, précise en outre à l’article quatre que « les intéressés seront maintenus en fonctions jusqu’au 30 septembre 1975 », c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’année universitaire en cours[36].

Décès

S’il pouvait poursuivre sa carrière jusqu’à l’âge de soixante-cinq ans, Charles Maurer décède le 3 mars 1975 à Strasbourg avant même de prendre sa retraite. La nouvelle de son décès est communiquée le jour même au ministère et aux services de l’université par le nouveau directeur de l’Unité d’enseignement et de recherches des sciences médicales (UER), le professeur Jean Lavillaureix, qui écrit :

« J’ai le regret de vous faire part du décès en date du 3 mars 1975 de M. le Docteur Victor Charles Maurer, maître de conférences, agrégé d’électroradiologie, électroradiologiste des hôpitaux, chef de service de radiologie à la clinique médicale B »[37].

Médecin doté d’une expérience de plus de trente ans de pratique médicale, Charles Maurer a ainsi travaillé pendant plus d’un quart de siècle à la clinique médicale B d’après-guerre, de 1948 à 1975.

Vie privée

Après la guerre, Charles Maurer s’installe près de l’hôpital civil, au 1, rue Kageneck à Strasbourg. Le 17 janvier 1952, il épouse à Strasbourg, Marie-Louise Coen, une jeune femme de dix ans sa cadette qu’il a rencontrée alors qu’elle venait de finir ses études à Strasbourg après-guerre[38]. Née à Colmar le 15 décembre 1921 Marie-Louise travaillait à la clinique médicale B et avait soutenu en 1952 une thèse de doctorat de médecine intitulée Azotémie post-hémorragique sous la direction de Jules Stahl[39]. Par la suite, le couple Maurer donne naissance à trois enfants qui sont d’ailleurs tous trois devenus médecins[40]. En 1967, la famille Maurer s’installe dans la maison parentale de Schiltigheim, dont l’adresse est devenue 168, route de Bischwiller à la suite d’un changement de numérotation[41]. Près de quarante ans après le décès de son mari en 1975, Marie-Louise Maurer s’éteint à Wolfisheim le 23 décembre 2013[42].

Publication de Charles Maurer

Charles Maurer, Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension, thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p.

Sources

ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer.

ADBR, 126 AL 37, dossier 1.

ADBR, 126 AL 37, dossier n°4.

ADBR, 126 AL 114, dossier n°10.

AVES, 7 AH 14.

ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., Acte n°395/1910.

ADBR, 4E447/73, État civil de Schiltigheim, Acte de mariage de H. K. Maurer et de A. E. Grasser, Acte n°27/1910.

Archives privées de la famille Maurer. Nous remercions encore très chaleureusement Monsieur Jean Maurer pour nos échanges, la relecture attentive de la présente biographie et toutes les informations communiquées.

BArch R4901/13518, Anlage 3, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitätsanstalten Straβburg, Stand vom 1. Mai 1941, Bl. 220.

Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 25 décembre 2013, Avis de décès de Marie-Louise Maurer née Coen.

Généafrance.fr, fiches de Charles Maurer et Marie-Louise Coen.

Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, 78e année, n°31, 6 février 1946, p. 1037.

New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses, Box 17:19:11, Strasbourg, France (H00514658T), Thèse de doctorat de Charles Maurer. Disponible via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514658T.pdf, [en ligne], consulté le 6 mai 2021.

« Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 31. März 1941 », in Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass, n°12, 4 avril 1941, p. 242.

Bibliographie

Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.

Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518.

Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.

Rainer Möhler, Die Reichsuniversität Straβburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen, thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019.

Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, p. 572-583.

Santé publique et population, 1967.

United States Department of health, education and welfare, Public health service, Index-catalogue of the Library of the surgeon general’s office. National library of medicine, fifth series, vol. 1, Authors and titles, Washington, United States Government printing office, 1959, p. 336.

Patrick Wechsler, La faculté de médecine de la "Reichsuniversität Straβburg" (1941-1945) à l’heure nationale-socialiste, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université Louis Pasteur, 1991.


Repères

Localisations

Nationalités

  • Allemand (1910 - 1919)
  • Français (1919 - 1940)
  • Alsacien (1940 - 1944)
  • Français (1945 - 1975)

Confessions

  • Catholique

Publications

Liens à institutions

Université de Strasbourg, UdS, 1918-1939

Clinique médicale B, FMS-UdS, post-1945

Faculté de médecine, UdS-CF, 1939-1945

Medizinische Abteilung B, KA

Medizinische Abteilung A, BürgS

Clermont-Ferrand

Medizinische Abteilung B, BürgS

1910-09-27T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1975-03-03T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1940-01-01T00:00:00Z
Vie privée
Thèse
1910-01-01T00:00:00Z
1919-01-01T00:00:00Z
Vie privée
1919-01-01T00:00:00Z
1940-01-01T00:00:00Z
Vie privée
1945-01-01T00:00:00Z
1975-01-01T00:00:00Z
Vie privée
1940-01-01T00:00:00Z
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Vie privée
1930-01-01T00:00:00Z
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Carrière
1939-09-01T00:00:00Z
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Carrière
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Carrière
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Carrière
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Carrière
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Carrière
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Références

À propos de cette page

Rédaction : ©Loïc Lutz



  1. Collection privée de la famille Maurer. Un grand merci au Dr. Jean Maurer pour la mise à disposition de la photographie. Soulignons que les indications de noms des médecins visibles sur cette photographie ont été précisées par Marie-Louise Coen, la future épouse du Dr. Maurer
  2. ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., , Acte n°395/1910. Notons que sur l’acte de naissance, c’est la forme germanisée des prénoms qui est donnée, à savoir « Karl Viktor ».
  3. Voir ADBR, 4E447/73, État civil de Schiltigheim, Acte de mariage de H. K. Maurer et de A. E. Grasser, Acte n°27/1910.
  4. 4,0 et 4,1 Informations communiquées par Monsieur Jean Maurer (mail du 19 juin 2021). Un grand merci pour ces informations.
  5. Voir Didier Chatelus, Certificats d’aptitudes aux grades universitaires (1810-1905), Professions de santé (médecins, officiers de santé, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), Répertoire numérique des articles F/17/6084 à F/17/6570, Archives nationales, dossier réalisé sous la direction d’Anne Lejeune, 1993, p. 2-3 . Disponible via : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/F17%206084-6570.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.
  6. Charles Maurer, Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension, thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p., On remercie également très chaleureusement M. Jean Maurer pour son précieux témoignage.
  7. Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518 ; Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.
  8. Archives privées de la famille Maurer, Carte de rapatrié de Charles Maurer., Merci à M. Jean Maurer pour son partage.
  9. 9,0 9,1 et 9,2 ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Bulletin individuel.
  10. Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, , p. 572-583, ici p. 573. Précisons avec le Dr. Rohmer que le nombre d’étudiants officiellement immatriculés ou inscrits à Clermont-Ferrand durant l’année universitaire 1939-1940 s’élevait à 529. Toutefois, le nombre de ceux qui étaient effectivement présents et qui suivaient les cours était bien moindre en raison de la mobilisation d’un certain nombre de jeunes hommes (88 en médecine et 27 en chirurgie dentaire).
  11. Charles Maurer, Étude des prostatiques à la période de rétention chronique incomplète d’urine avec distension, thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du professeur Léon Ambard, Clermont-Ferrand, Université de Strasbourg, 1940, 48 p., Voir aussi New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses, Box 17:19:11, Strasbourg, France (H00514658T), Thèse de doctorat de Charles Maurer. Disponible via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514658T.pdf, [en ligne], consulté le 6 mai 2021.
  12. Voir ADBR, 126 AL 37, dossier 1.
  13. Francis Rohmer, « La Faculté se replie à Clermont-Ferrand, l’Hôpital à Clairvivre », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1991, , p. 577.
  14. AVES, 7 AH 14, Directive du directeur général des hospices civils, 29 octobre 1940 : « Bis zur endgültigen Besetzung der ärztlichen Stellen erfolgen die Ernennungen von Ärzten lediglich kommissarisch. Die Ernennung der Chef- und Assistenzärzte untersteht der Genehmigung der Gesundheitsverwaltung ».
  15. ADBR, 126 AL 37, dossier n°1, Anordnung des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass (Gesundheitswesen), 13 juillet 1940. Cet ordre a été transmis aux services des Straβburger Neuste Nachrichten qui ont publié un article à ce sujet dès le 20 juillet.
  16. AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , septembre 1940. Précisons que la clinique médicale était composée de la « Medizinische Abteilung » avec les Drs. Dolde (Chefarzt), Édouard Nonnenmacher (polyclinique), Ernest Aufschlager, Fitzenkamp, Paul Kern et Auguste Lieber ; mais aussi d’un service de radiologie (Röntgenabteilung) dirigé par le Dr. Frédéric-Auguste Schaaf (servant alors dans le bâtiment de la Chirurgie A) et un institut de radiologie et de radiothérapie (Zentralröntenabteilung und Strahleninstitut) composé du Dr. Auguste Gunsett et du Dr. Paul Haessler.
  17. AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , 4 octobre 1940.
  18. AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , 15 août 1940 et 4 octobre 1940.
  19. AVES, 7 AH 14, Communication du directeur général des hospices civils de Strasbourg, 10 octobre 1940 : « Die Medizinische Abteilung wird getrennt, da sie in ihrem jetzigen Umfang zu gross geworden ist. Herr Dr. Stahl wird die kommiss[arische] Leitung der im Erdgeschoss gelegenen und Herr Dr. Paul Meyer die kommiss[arische] Leitung der im I. Stockwerk untergebrachten Abteilung übernehmen ».
  20. AVES, 7 AH 14, Lettre du directeur général des hospices civils de Strasbourg au Medizinalrat Dr. Walther, 14 novembre 1940 : « Außerdem soll die Medizinische Abteilung A am 20 ds. Mts. Eröffnet werden. Herr Dr. Maurer Karl wird von der medizinischen Abteilung B nach der Abteilung A am gleichen Tage versetzt werden ».
  21. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste du personnel médical de l’hôpital civil de Strasbourg, état du 1er décembre 1940.
  22. AVES, 7 AH 14, Liste du personnel médical de l’hôpital civil, , 1941. Début janvier 1941, la clinique médicale B, dirigée par Jules Stahl, était composée des Drs. Karl Maurer Peter Barthelme, Karl Heinz, Paul Kern et Willy Herr. En juin, seuls Maurer et Kern sont encore présents à l’hôpital. Voir également BArch R4901/13518, Annexe 3, Annuaire du personnel médical des établissements hospitalo-universitaires de Strasbourg, état du 1er mai 1941, Bl. 220.
  23. ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Liste du personnel médical des établissements hospitalo-universitaires de Strasbourg, état des mois de juin-juillet 1941.
  24. On remercie ici M. Jean Maurer pour cette précieuse information.
  25. 25,0 et 25,1 Archives privées de la famille Maurer, Carte de rapatrié de Charles Maurer., Merci à Monsieur Jean Maurer pour son partage (mail du 15 juin 2021).
  26. Anrich an NSDDB Schultze, 19.10.1940: NL Anrich 1/283. Cité selon Moehler, p. 727.
  27. NSDDB Schultze an de Crinis, 14.11.1940, cité dans Rainer Möhler, Die Reichsuniversität Straβburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen, thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019, p. 728 : « An den Straßburger Kliniken befinden sich eine Reihe von guten Assistenten, die unbedingt einmal auf ein bis zwei Jahre ins Reich müssen ». Voir également BArch R 21/800, Lettre de Schmidt à Wagner, 7 mars 1941, cité dans Patrick Wechsler, La faculté de médecine de la "Reichsuniversität Straβburg" (1941-1945) à l’heure nationale-socialiste, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université Louis Pasteur, 1991, p. 11.
  28. Voir leur notice biographique sur ce Wikipédia.
  29. Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, 78e année, n°31, 6 février 1946, p. 1037. L’article 1er de ce décret prévoit en effet la nomination « à titre temporaire, soit à compter du 1er septembre 1944, soit à compter du jour de leur rappel à l’activité ou de leur engagement (postérieur au 1er septembre 1945) les médecins sous-lieutenants à titre provisoire, les médecins aspirants et les médecins auxiliaires de réserve ci-après désignés ». Le nom de Charles Victor Maurer figure parmi les médecins auxiliaires au rang du 29 mai 1945 qui sont promus au grade de médecin sous-lieutenant.
  30. En 1967, il est présenté comme un « maître de conférences, agrégé d’électroradiologie, électroradiologiste des hôpitaux, non chef de service ». Voir Santé publique et population, 1967.
  31. Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.
  32. ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer.
  33. ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Certificat du Dr. Stahl sur la nécessité d’accorder au Dr. Maurer un congé de longue maladie, 31 juillet 1973.
  34. Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer. Il bénéficie d’abord d’un congé de longue maladie d’une durée de six mois (première période), qui est ensuite renouvelé. À chaque fois, un arrêté ministériel vient entériner la décision. Précisons également que le recteur de l’université indique que le comité médical départemental avait émis, dans sa séance du 27 septembre 1973, un avis favorable pour la prolongation de l’arrêt de maladie.
  35. 35,0 et 35,1 Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Arrêté du ministre de la santé et du ministre de l’éducation nationale, , 24 mai 1974.
  36. Voir ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Arrêté du ministre de la santé et du secrétaire d’État aux universités, , 4 septembre 1974.
  37. ADBR, 2090 W 13, dossier Charles Maurer, Lettre du directeur de l’UER des sciences sociales Fr. Isch au secrétaire d’État aux universités et au président de l’université, 3 mars 1975.
  38. ADBR, 4E477/63, État civil de Schiltigheim, Acte de naissance de Ch. M., , Acte n°395/1910 (voir la note marginale). Merci également à M. Jean Maurer pour son témoignage.
  39. Marie-Louise Coen, Azotémie post-hémorragique, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université de Strasbourg, n°5, 1952.
  40. L’aîné est devenu médecin généraliste, tandis que les deux autres sont devenus ophtalmologistes. Voir l’avis de décès de Marie-Louise Maurer née Coen paru dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace le 25 décembre 2013.
  41. Un grand merci à Monsieur Jean Maurer pour son soutien et son témoignage (mail du 19 juin 2021).
  42. Avis de décès de Marie-Louise Maurer née Coen paru dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace le 25 décembre 2013. Voir sa fiche « Généafrance » via https://geneafrance.com/france/deces/?deces=31136438, [en ligne], consulté le 6 mai 2021.