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Différences entre les versions de « Anton Losiak »

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|Contexte_fr='''«… car le patient se débattait avec ce qu’il lui restait de forces. » Le destin d’Anton Losiak'''<ref name="29b3a429a0b0152789ad01e781b92d3c2c62a87f">À propos de la question fondamentale de la méthodologie de reconstitution de biographies à partir des dossiers médicaux, voir par exemple : Ulrike Hoffmann-Richter & Asmus Finzen, « Die Krankengeschichte als Quelle. Zur Nutzung der Krankengeschichte als Quelle für Wissenschaft und psychiatrischen Alltag“, ’’Bios - Zeitschrift für Biographieforschung und Oral History’’ 11, Nr. 2 (1998): 280–97. Ulrich Müller, „Metamorphosen - Krankenakten als Quellen für Lebensgeschichten“, in „’’Das Vergessen ist Teil der Vernichtung selbst’’“ ’’Lebensgeschichten von Opfern der nationalsozialistischen Euthanasie’’, Petra Fuchs et al. (dir.) (Göttingen: Wallstein, 2007)..</ref>
 
Le 7 janvier 1944, Stanislaw Losiak, l’un des quelque 47 000 travailleurs « étrangers » transférés vers le ''Gau Baden-Elsass'',<ref name="198ac2ea3be38aed479c2ccc1b0b2a29d3384a6d">NSDAP-Gauleitung Baden, 17.7.1944: Bericht über den Einsatz und die Betreuung der fremdstämmigen Arbeitskräfte einschliesslich der Ostarbeiter im Monat Juni 1944 (Generallandesarchiv Karlsruhe, fonds 465c/16250, o.S.). [Direction NSDAP du Gau, 17 juillet 1944 : Rapport sur la mobilisation et l’encadrement de main-d’œuvre étrangère, y compris les travailleurs de l’Est, au mois de juin 1944].</ref> reçoit un télégramme envoyé de la petite localité d’Ensisheim près de Mulhouse (à l’époque Mülhausen) par le ''NS-Tötungsanstalt'' [établissement national-socialiste de mise à mort ] d’Hadamar :
 
<blockquote>« Cher Monsieur Losiak ! Votre frère A n t o n a été transféré à l’asile local le 6 juillet 1944. Les visites sont interdites pendant toute la durée de la guerre. »<ref name="804169e565cca73f9ea316f44bc12acd0df38db2">Telegramm der Anstalt Hadamar vom 7.01.1944 Stanislaw Losiak, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466. [Télégramme de l’asile d’Hadamar du 7 janvier 1944 à Stanislaw Losiak].</ref></blockquote>
 
Cinq jours plus tard – à 5 heures du matin, semble-t-il – Anton Losiak est déjà mort. Pour dissimuler ce meurtre, on attribue son décès à une gastroentérite et à une insuffisance cardiaque<ref name="8fcc075fd25a8e381ed4aa5e374f3764b49c3433">Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466. [Entrée du 12 janvier 1944 dans le dossier médical]</br> La « gastroentérite » compte, avec la « bronchopneumonie » et le « marasme », parmi les causes de décès les plus fréquemment avancées dans les dossiers médicaux à Hadamar, afin d’occulter délibérément les meurtres commis lors de la campagne « d’euthanasie » décentralisée. Pour aller plus loin, voir Dorothea Roer et Dieter Henkel (dir.): ''Psychiatrie im Faschismus. Die Anstalt Hadamar 1933-1945'', 5. (Frankfurt am Main: Mabuse, 1996). Uta George, ''Hadamar: Heilstätte, Tötungsanstalt, Therapiezentrum'' (Marburg: Jonas-Verlag, 2006)..</ref>.
 
Selon toute vraisemblance, Anton et Stanislaw Losiak sont arrivés en Alsace durant la guerre en tant que « main d’œuvre ». Il est également possible que les deux frères aient été chassés de leur village avec leurs familles dans le cadre de la stratégie de colonisation menée par les troupes d’occupation allemandes<ref name="814336091aaa3d4472d3c0c97223ea7abb7fcc8c">Aktenotiz des Direktors Sättel der Anstalt Hördt, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466 [Note du directeur Sättel de l’asile de Hoerdt jointe au dossier].</ref> Toutefois, nous ignorons tout des conditions de vie sur place. On sait bien peu de choses de la vie d’Anton Losiak avant sa déportation.
 
Il nait le 13 mai 1910 à Tymienica en Pologne. Il est le fils de Lukasz Losiak et de Wiktoria Jezierska. Il travaille à Tymienica comme ouvrier agricole et épouse Antonina Boleslawska, décédée le 6 septembre 1939. Le couple a une fille prénommée Halina qui décède le 24 septembre 1942 à l’âge de 3 ans. Le 22 novembre 1939, Anton Losiak épouse en secondes noces Stanislawa Bieganska, alors âgée de 26 ans, dans son village natal. Le 20 août 1940, la fille d’Anton et de Stanislawa Losiak – Krystyna Losiak – voit le jour à Tymienica.<ref name="155abf6880dfe7e07553c80ec4209b6ff4a19460">Renseignement fourni par le bureau de l’état civil de Chotcza, Pologne, du 10 février 2020. J’aimerais ici remercier Katarzyna Oleksiak pour ses recherches sur place. Mes remerciements les plus sincères vont à Dorota et Elzbieta Cieslik pour leur traduction de la correspondance..</ref>
 
[[File:Anton_Losiak_1943.jpg|frame|''Figure 1 : Photo tirée du dossier médical d’Anton Losiak, prise à l’asile de Hoerdt, vraisemblablement en juillet 1943. Archiv des Landeswohlfahrtsverband Hessen, K 12 Nr. 5458, Anton Losiak''.]]
 
Durant l’été 1943, Anton Losiak est victime d’une « crise de schizophrénie catatonique aiguë » et hospitalisé, dans un premier temps, aux ''Städtische Krankenanstalten'' (établissements hospitaliers municipaux) de Mulhouse. Si Losiak est jugé « inapte au travail » à son arrivée, le certificat médical généralement inclus au dossier de tout nouveau patient admis dans un asile public comporte un point d’interrogation qui laisse planer le doute quant à la possibilité de le voir un jour se rétablir. Les raisons ayant motivé son admission y sont exposées : « L.[osiak] est pris de violentes crises d’excitation, hurlant inlassablement le mot ''Boje''<ref name="66c791f1efce674fd9f56d905cd914727b845e6e">Eintragung in Krankengeschichte vom 9.09.1943, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hessen, Bestand 12, K 2466. [Entrée du 9 septembre 1943 dans le dossier médical.].</ref> »
 
La dernière note concernant Anton Losiak à l’asile psychiatrique de Hoerdt le décrit comme : « effacé »<ref name="1434f89c2486ad91c8037fdc264f154bba0b4c50">Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466. [Entrée du 12 janvier 1944 dans le dossier médical.].</ref> »
 
Anton Losiak est tombé malade après sa déportation en Alsace – très loin de chez lui et séparé de sa famille. En raison de l’inaptitude au travail qui en résulte, il est d’abord admis dans un établissement hospitalier régional avant d’être assassiné à Hadamar au terme d’un traitement peu concluant à l’asile de Hoerdt. Ses proches en Pologne ont été laissés dans le flou le plus total et on a menti délibérément à son frère en Alsace.  On ignore si son épouse Stanislawa a été informée de ce qu’il était advenu de son mari avant son propre décès le 23 mai 1944. Après la fin de la guerre, Krystyna Losiak, la fille d’Anton Losiak, a attendu en vain le retour de son père<ref name="82b25c6863f7b7e52597774f3c4f83f9c6e25d6e">Aly Götz, „Der saubere und der schmutzige Fortschritt“, in ''Reform und Gewissen. „Euthanasie“ im Dienst des Fortschritts'', Bd. 2, Beiträge zur Nationalsozialistischen Gesundheits- und Sozialpolitik (Berlin: Rotbuch, 1985). 26..</ref>.<br>
Outre le souvenir du destin spécifique d’Anton Losiak, il faut analyser les mécanismes à l’œuvre dans la sélection et l’anonymisation d’êtres humains et réfuter catégoriquement les arguments économiques avancés à cet effet dans les milieux médicaux à l'époque.
|Contexte_de='''„… da sich Patient mit letzter Kraft wehrte.“ Das Schicksal von Anton Losiak<ref name="373986179d21847b812c3beebcd1a519978e9c60">Zur grundlegenden methodischen Problematik der Rekonstruktion von Biographien anhand von Krankenakten vgl. beispielsweise: Ulrike Hoffmann-Richter und Asmus Finzen, „Die Krankengeschichte als Quelle. Zur Nutzung der Krankengeschichte als Quelle für Wissenschaft und psychiatrischen Alltag“, ''Bios - Zeitschrift für Biographieforschung und Oral History'' 11, Nr. 2 (1998): 280–97., Ulrich Müller, „Metamorphosen - Krankenakten als Quellen für Lebensgeschichten“, in „''Das Vergessen ist Teil der Vernichtung selbst''“ ''Lebensgeschichten von Opfern der nationalsozialistischen Euthanasie'', hg. von Petra Fuchs u. a. (Göttingen: Wallstein, 2007)..</ref>'''
 
Am 7. Januar 1944 wurde an Stanislaw Losiak, einer von den rund 47.000 „fremdländischen“ Arbeiter*innen, die ins Gau Baden-Elsass gelangt worden waren,<ref name="c4673532c92ad24c6e1a98ff3cfadd1525e21e6a">NSDAP-Gauleitung Baden, 17.7.1944: Bericht über den Einsatz und die Betreuung der fremdstämmigen Arbeitskräfte einschliesslich der Ostarbeiter im Monat Juni 1944 (Generallandesarchiv Karlsruhe, Bestand 465c/16250, o.S.)..</ref> in die kleine Ortschaft Ensisheim bei Mülhausen (heute Mulhouse) aus der NS-Tötungsanstalt Hadamar ein Telegramm mit folgendem Wortlaut versendet:
 
<blockquote>„Sehr geehrter Herr Losiak! Ihr Bruder A n t o n wurde am 6.7.44 in die hiesige Anstalt verlegt. Besuche sind für die Dauer des Krieges unzulässig.“<ref name="a5f03a97c1a6040253ae8d3c9ddd1984b2ee75a0">Telegramm der Anstalt Hadamar vom 7.01.1944 Stanislaw Losiak, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466..</ref></blockquote>
 
Fünf Tage später – angeblich um 5 Uhr morgens – war Anton Losiak bereits tot. Zur Verschleierung des Mordes wurde Darmgrippe bzw. Herzschwäche als Todesursache angeben.<ref name="2cc8849778ef2af23555f746f0272fe52eb913fb">Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466.</br>„Darmgrippe“ war neben „Bronchopneumonie und „Marasmus“ eine der häufigsten Todesursachen, die in Hadamar während der dezentralen „Euthanasie“ zur gezielten Vertuschung der Morde in die Krankenakten eingetragen wurde. Weiterführend siehe Dorothea Roer und Dieter Henkel, Hrsg., Psychiatrie im Faschismus. Die Anstalt Hadamar 1933-1945, 5. (Frankfurt am Main: Mabuse, 1996). Uta George, Hadamar: Heilstätte, Tötungsanstalt, Therapiezentrum (Marburg: Jonas-Verlag, 2006)..</ref>
 
Die beiden Brüder Anton und Stanislaw Losiak waren aller Wahrscheinlichkeit nach während des Krieges zum „Arbeitseinsatz“ ins Elsass gelangt. Möglicherweise wurden die beiden Brüder auch mit ihren Familien im Zuge der Siedlungspolitik der deutschen Besatzungsmacht mit ihren Familien aus ihrem Heimatdorf vertrieben.<ref name="3d94ab16eb0caabe215bcbda04ffbccfb0510038">Aktenotiz des Direktors Sättel der Anstalt Hördt, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466..</ref> Genaueres zu den Umständen vor Ort konnte nicht ermittelt werden. Über Anton Losiaks Leben vor der Deportation ist wenig bekannt.
 
Er wurde am 13. Mai 1910 als Sohn von Lukasz Losiak und Wiktoria Jezierska in Tymienica in Polen geboren. Er war dort als Landarbeiter tätig und heiratete Antonina Boleslawska, die am 6. September 1939 verstarb. Das Paar hatte eine gemeinsame Tochter mit dem Namen Halina, die am 24. September 1942 im Alter von 3 Jahren verstarb. Am 22. November 1939 heiratete Anton Losiak die damals 26-jährige Stanislawa Bieganska in seinem Heimatdorf. Am 20. August 1940 wurde die Tochter von Anton und Stanislawa Losiak –Krystyna Losiak – in Tymienica geboren.<ref name="373a3e48eeee2566fef3ffb3ffe56f7cca68ad8c">Auskunft des Standesamtes in Chotcza, Polen, vom 10. Februar 2020. An dieser Stelle möchte ich Katarzyna Oleksiak für die Recherche vor Ort danken. Mein herzlichster Dank gilt Dorota und Elzbieta Cieslik für die Übersetzung der Korrespondenz..</ref>
 
[[File:Anton_Losiak_1943.jpg|frame|''Figure 1. Abbildung 1: Foto aus der Kranken-geschichte Anton Losiaks, aufgenommen in der Anstalt Hoerdt, vermutlich Juli 1943''.]]
 
Anton Losiak erkrankte im Sommer 1943 an einem „akuten schizophrenen, katatonischen Schub“ und wurde zunächst in die Städtischen Krankenanstalten Mülhausen eingeliefert. Bei der Aufnahme war Losiak „arbeitsunfähig“, die Frage nach der Heilbarkeit der Erkrankung wurde zu diesem Zeitpunkt in dem in den Krankenakten üblicherweise vorhandenen Ärztlichen Zeugnis über die Aufnahme in eine öffentliche Irrenanstalt noch mit einem Fragezeichen versehen. Darin wurden die Gründe, die zur Aufnahme führten, folgendermaßen geschildert: „L.[osiak] hat heftige Erregungsanfälle, schreit dabei unaufhörlich immer dasselbe Wort ‚Boje‘<ref name="1884e51528bb8244d70b29404a38ba461cdb47f0">Eintragung in Krankengeschichte vom 9.09.1943, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hessen, Bestand 12, K 2466..</ref>
 
Der letzte Eintrag in der Heil- und Pflegeanstalt Hoerdt charakterisierte Anton Losiak als „unauffällig“.<ref name="a44bdc8b9344ab507fa2473eb7ac8fbe00031d07">Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466..</ref>
 
Anton Losiak erkrankte nach seiner Deportation ins Elsass – weit entfernt und getrennt von seiner Familie. Aufgrund der resultierenden Arbeitsunfähigkeit wurde er zunächst in ein regionales Krankenhaus aufgenommen und nach wenig erfolgreicher Therapie in der Anstalt Hördt schließlich in Hadamar ermordet. Seine Angehörigen in Polen blieben im Ungewissen und sein Bruder im Elsass wurde bewusst getäuscht. Ob seine Ehefrau Stanislawa vor ihrem Tod am 23. Mai 1944 noch vom Schicksal ihres Mannes erfuhr, ist unbekannt. Anton Losiaks Tochter Krystyna Losiak wartete nach dem Ende des Zweiten Weltkrieges vergeblich auf Ihren Vater.<ref name="8c62c3b7c5479546462a48a6db8cf7b2a526b145">Aly Götz, „Der saubere und der schmutzige Fortschritt“, in Reform und Gewissen. „Euthanasie“ im Dienst des Fortschritts, Bd. 2, Beiträge zur Nationalsozialistischen Gesundheits- und Sozialpolitik (Berlin: Rotbuch, 1985). S. 26..</ref> Neben der Erinnerung an das konkrete Schicksal Anton Losiaks sollen dabei die selektierenden und anonymisierenden Mechanismen analysiert und die ökonomische Argumentation innerhalb des ärztlichen Handels dezidiert zurückgewiesen werden.
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|auteurFiche=Lea Münch
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Version actuelle datée du 12 mai 2022 à 10:51


Anton Losiak
Prénom Anton
Nom Losiak
Sexe masculin
Naissance 10 mai 1910 (Tymienica (Pologne))
Décès 12 janvier 1944 (Hadamar (Hesse))


Biographie

«… car le patient se débattait avec ce qu’il lui restait de forces. » Le destin d’Anton Losiak[10]

Le 7 janvier 1944, Stanislaw Losiak, l’un des quelque 47 000 travailleurs « étrangers » transférés vers le Gau Baden-Elsass,[11] reçoit un télégramme envoyé de la petite localité d’Ensisheim près de Mulhouse (à l’époque Mülhausen) par le NS-Tötungsanstalt [établissement national-socialiste de mise à mort ] d’Hadamar :

« Cher Monsieur Losiak ! Votre frère A n t o n a été transféré à l’asile local le 6 juillet 1944. Les visites sont interdites pendant toute la durée de la guerre. »[12]

Cinq jours plus tard – à 5 heures du matin, semble-t-il – Anton Losiak est déjà mort. Pour dissimuler ce meurtre, on attribue son décès à une gastroentérite et à une insuffisance cardiaque[13].

Selon toute vraisemblance, Anton et Stanislaw Losiak sont arrivés en Alsace durant la guerre en tant que « main d’œuvre ». Il est également possible que les deux frères aient été chassés de leur village avec leurs familles dans le cadre de la stratégie de colonisation menée par les troupes d’occupation allemandes[14] Toutefois, nous ignorons tout des conditions de vie sur place. On sait bien peu de choses de la vie d’Anton Losiak avant sa déportation.

Il nait le 13 mai 1910 à Tymienica en Pologne. Il est le fils de Lukasz Losiak et de Wiktoria Jezierska. Il travaille à Tymienica comme ouvrier agricole et épouse Antonina Boleslawska, décédée le 6 septembre 1939. Le couple a une fille prénommée Halina qui décède le 24 septembre 1942 à l’âge de 3 ans. Le 22 novembre 1939, Anton Losiak épouse en secondes noces Stanislawa Bieganska, alors âgée de 26 ans, dans son village natal. Le 20 août 1940, la fille d’Anton et de Stanislawa Losiak – Krystyna Losiak – voit le jour à Tymienica.[15]

Figure 1 : Photo tirée du dossier médical d’Anton Losiak, prise à l’asile de Hoerdt, vraisemblablement en juillet 1943. Archiv des Landeswohlfahrtsverband Hessen, K 12 Nr. 5458, Anton Losiak.

Durant l’été 1943, Anton Losiak est victime d’une « crise de schizophrénie catatonique aiguë » et hospitalisé, dans un premier temps, aux Städtische Krankenanstalten (établissements hospitaliers municipaux) de Mulhouse. Si Losiak est jugé « inapte au travail » à son arrivée, le certificat médical généralement inclus au dossier de tout nouveau patient admis dans un asile public comporte un point d’interrogation qui laisse planer le doute quant à la possibilité de le voir un jour se rétablir. Les raisons ayant motivé son admission y sont exposées : « L.[osiak] est pris de violentes crises d’excitation, hurlant inlassablement le mot Boje[16] »

La dernière note concernant Anton Losiak à l’asile psychiatrique de Hoerdt le décrit comme : « effacé »[17] »

Anton Losiak est tombé malade après sa déportation en Alsace – très loin de chez lui et séparé de sa famille. En raison de l’inaptitude au travail qui en résulte, il est d’abord admis dans un établissement hospitalier régional avant d’être assassiné à Hadamar au terme d’un traitement peu concluant à l’asile de Hoerdt. Ses proches en Pologne ont été laissés dans le flou le plus total et on a menti délibérément à son frère en Alsace. On ignore si son épouse Stanislawa a été informée de ce qu’il était advenu de son mari avant son propre décès le 23 mai 1944. Après la fin de la guerre, Krystyna Losiak, la fille d’Anton Losiak, a attendu en vain le retour de son père[18].
Outre le souvenir du destin spécifique d’Anton Losiak, il faut analyser les mécanismes à l’œuvre dans la sélection et l’anonymisation d’êtres humains et réfuter catégoriquement les arguments économiques avancés à cet effet dans les milieux médicaux à l'époque.


Repères

Localisations

Nationalités

Confessions

Publications

1910-05-10T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1944-01-12T00:00:00Z
Vie privée
Décès
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Références

À propos de cette page

Rédaction : ©Lea Münch
Traduction : ©Céline Corsini



  1. Zur grundlegenden methodischen Problematik der Rekonstruktion von Biographien anhand von Krankenakten vgl. beispielsweise: Ulrike Hoffmann-Richter und Asmus Finzen, „Die Krankengeschichte als Quelle. Zur Nutzung der Krankengeschichte als Quelle für Wissenschaft und psychiatrischen Alltag“, Bios - Zeitschrift für Biographieforschung und Oral History 11, Nr. 2 (1998): 280–97., Ulrich Müller, „Metamorphosen - Krankenakten als Quellen für Lebensgeschichten“, in „Das Vergessen ist Teil der Vernichtung selbstLebensgeschichten von Opfern der nationalsozialistischen Euthanasie, hg. von Petra Fuchs u. a. (Göttingen: Wallstein, 2007)..
  2. NSDAP-Gauleitung Baden, 17.7.1944: Bericht über den Einsatz und die Betreuung der fremdstämmigen Arbeitskräfte einschliesslich der Ostarbeiter im Monat Juni 1944 (Generallandesarchiv Karlsruhe, Bestand 465c/16250, o.S.)..
  3. Telegramm der Anstalt Hadamar vom 7.01.1944 Stanislaw Losiak, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466..
  4. Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466.
    „Darmgrippe“ war neben „Bronchopneumonie und „Marasmus“ eine der häufigsten Todesursachen, die in Hadamar während der dezentralen „Euthanasie“ zur gezielten Vertuschung der Morde in die Krankenakten eingetragen wurde. Weiterführend siehe Dorothea Roer und Dieter Henkel, Hrsg., Psychiatrie im Faschismus. Die Anstalt Hadamar 1933-1945, 5. (Frankfurt am Main: Mabuse, 1996). Uta George, Hadamar: Heilstätte, Tötungsanstalt, Therapiezentrum (Marburg: Jonas-Verlag, 2006)..
  5. Aktenotiz des Direktors Sättel der Anstalt Hördt, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466..
  6. Auskunft des Standesamtes in Chotcza, Polen, vom 10. Februar 2020. An dieser Stelle möchte ich Katarzyna Oleksiak für die Recherche vor Ort danken. Mein herzlichster Dank gilt Dorota und Elzbieta Cieslik für die Übersetzung der Korrespondenz..
  7. Eintragung in Krankengeschichte vom 9.09.1943, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hessen, Bestand 12, K 2466..
  8. Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466..
  9. Aly Götz, „Der saubere und der schmutzige Fortschritt“, in Reform und Gewissen. „Euthanasie“ im Dienst des Fortschritts, Bd. 2, Beiträge zur Nationalsozialistischen Gesundheits- und Sozialpolitik (Berlin: Rotbuch, 1985). S. 26..
  10. À propos de la question fondamentale de la méthodologie de reconstitution de biographies à partir des dossiers médicaux, voir par exemple : Ulrike Hoffmann-Richter & Asmus Finzen, « Die Krankengeschichte als Quelle. Zur Nutzung der Krankengeschichte als Quelle für Wissenschaft und psychiatrischen Alltag“, ’’Bios - Zeitschrift für Biographieforschung und Oral History’’ 11, Nr. 2 (1998): 280–97. Ulrich Müller, „Metamorphosen - Krankenakten als Quellen für Lebensgeschichten“, in „’’Das Vergessen ist Teil der Vernichtung selbst’’“ ’’Lebensgeschichten von Opfern der nationalsozialistischen Euthanasie’’, Petra Fuchs et al. (dir.) (Göttingen: Wallstein, 2007)..
  11. NSDAP-Gauleitung Baden, 17.7.1944: Bericht über den Einsatz und die Betreuung der fremdstämmigen Arbeitskräfte einschliesslich der Ostarbeiter im Monat Juni 1944 (Generallandesarchiv Karlsruhe, fonds 465c/16250, o.S.). [Direction NSDAP du Gau, 17 juillet 1944 : Rapport sur la mobilisation et l’encadrement de main-d’œuvre étrangère, y compris les travailleurs de l’Est, au mois de juin 1944].
  12. Telegramm der Anstalt Hadamar vom 7.01.1944 Stanislaw Losiak, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466. [Télégramme de l’asile d’Hadamar du 7 janvier 1944 à Stanislaw Losiak].
  13. Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466. [Entrée du 12 janvier 1944 dans le dossier médical]
     La « gastroentérite » compte, avec la « bronchopneumonie » et le « marasme », parmi les causes de décès les plus fréquemment avancées dans les dossiers médicaux à Hadamar, afin d’occulter délibérément les meurtres commis lors de la campagne « d’euthanasie » décentralisée. Pour aller plus loin, voir Dorothea Roer et Dieter Henkel (dir.): Psychiatrie im Faschismus. Die Anstalt Hadamar 1933-1945, 5. (Frankfurt am Main: Mabuse, 1996). Uta George, Hadamar: Heilstätte, Tötungsanstalt, Therapiezentrum (Marburg: Jonas-Verlag, 2006)..
  14. Aktenotiz des Direktors Sättel der Anstalt Hördt, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466 [Note du directeur Sättel de l’asile de Hoerdt jointe au dossier].
  15. Renseignement fourni par le bureau de l’état civil de Chotcza, Pologne, du 10 février 2020. J’aimerais ici remercier Katarzyna Oleksiak pour ses recherches sur place. Mes remerciements les plus sincères vont à Dorota et Elzbieta Cieslik pour leur traduction de la correspondance..
  16. Eintragung in Krankengeschichte vom 9.09.1943, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hessen, Bestand 12, K 2466. [Entrée du 9 septembre 1943 dans le dossier médical.].
  17. Eintragung in Krankengeschichte vom 12.1.1944, Archiv des Landeswohlfahrtsverbandes Hesses, Bestand 12, K 2466. [Entrée du 12 janvier 1944 dans le dossier médical.].
  18. Aly Götz, „Der saubere und der schmutzige Fortschritt“, in Reform und Gewissen. „Euthanasie“ im Dienst des Fortschritts, Bd. 2, Beiträge zur Nationalsozialistischen Gesundheits- und Sozialpolitik (Berlin: Rotbuch, 1985). 26..