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Différences entre les versions de « Robert Welsch »

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|ComImage=Figure 1 : Robert Welsch (vers 1940) © ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878
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===La famille Welsch===
===La famille Welsch===


Robert Ernst Welsch est né le 6 août 1892 à Strasbourg. Issu d’une famille alsacienne de confession protestante, Robert Welsch est le fils d’un pasteur protestant. Son père, Jacques (Jakob) Welsch est né sous la Deuxième République le 22 août 1848 à Bosselshausen, un petit village alsacien de quelque trois cents âmes, situé près de Bouxwiller dans le département du Bas-Rhin. Français de naissance comme ses propres parents, Jacques Welsch, était plus précisément missionnaire et représentant de la société missionnaire (''Vertreter der Missionsgesellschaft zu Basel'') de Bâle en Suisse (fondée en 1815). En 1871, à l’âge de vingt-trois ans, il est envoyé dans l’ouest de Inde, où il rencontre sa future femme, Karolina Sophia Vonthron, née le 14 décembre 1849 à Fréland dans le Haut-Rhin (''Urbach bei Kaysersberg''). Elle avait également été envoyée en mission depuis sa terre natale alsacienne, en 1872. La même année, le 9 décembre, Jacques et Caroline se marient en Inde, à Hubli (''Süd-Mahratta''). Bien que français de naissance, tous deux faisaient partie de ce corps missionnaire de la ''Deutsch-Evangelische Missionsgesellschaft'', parlant ainsi le français, l’allemand, mais aussi la langue autochtone.
Robert Ernst Welsch est né le 6 août 1892 à Strasbourg<ref name="194ecb0aa4de025d9da634365b9e16266c90e586">ADBR 4E482/233, 4E482/234, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de R. Welsch, Acte n°2273/1892..</ref>. Issu d’une famille alsacienne de confession protestante, Robert Welsch est le fils d’un pasteur protestant. Son père, Jacques (Jakob) Welsch est né sous la Deuxième République le 22 août 1848 à Bosselshausen, un petit village alsacien de quelque trois cents âmes, situé près de Bouxwiller dans le département du Bas-Rhin<ref name="1dcd01a904ab83ce21525f25853f6a81a4ceb302">ADBR 4E57/2, État civil de Bosselshausen, Acte de naissance de J. Welsch, Acte n°9/1848. Jacques Welsch est le fils d’un journalier né à Kirrwiller, Michael Welsch, et de son épouse Marguerite Mehl, originaire du village voisin de Bosselshausen..</ref>. Français de naissance comme ses propres parents, Jacques Welsch, était plus précisément missionnaire et représentant de la société missionnaire (''Vertreter der Missionsgesellschaft zu Basel'') de Bâle en Suisse (fondée en 1815)<ref name="86c08ad1662c9822d11e0b2994e78cfe193f0e0c">Sur la Mission bâloise, voir notamment http://www.baselmission.org, [en ligne], consulté le 28 mars 2021..</ref>. En 1871, à l’âge de vingt-trois ans, il est envoyé dans l’ouest de Inde, où il rencontre sa future femme, Karolina Sophia Vonthron, née le 14 décembre 1849 à Fréland dans le Haut-Rhin (''Urbach bei Kaysersberg'')<ref name="7c438e7cd693ce351a91620a9a60f52d85d39580">ADHR, 5E172, État civil de Fréland (1831-1862), acte de naissance de K. Vonthron, acte n°43/1849, p. 368. Signalons que Karolina Sophia Vonthron porte le patronyme de sa mère, « non mariée » lors de l’accouchement. Couturière de trente-deux ans, elle était originaire du petit village de Diebolsheim. Le nom du père est inconnu..</ref>. Elle avait également été envoyée en mission depuis sa terre natale alsacienne, en 1872. La même année, le 9 décembre, Jacques et Caroline se marient en Inde, à Hubli (''Süd-Mahratta'')<ref name="9cd568425ee4b549527f0ea2b1be349b600c2f18">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940..</ref>. Bien que français de naissance, tous deux faisaient partie de ce corps missionnaire de la ''Deutsch-Evangelische Missionsgesellschaft'', parlant ainsi le français, l’allemand, mais aussi la langue autochtone.


Jacques et son épouse ont passé plusieurs années en Inde à prêcher, à enseigner et à convertir les populations locales à la foi protestante. Le rapport annuel de la Mission de Bâle publié en 1875 fait état de leur présence parmi les « travailleurs européens » (''europäische Arbeiter'') et précise qu’ils auraient été en charge de la paroisse (''Gemeinde''). Ajoutons d’ailleurs qu’ au 1er janvier 1875, la mission était composée au total de 103 missionnaires (cinquante étant mariés), contre 108 l’année précédente. La majorité d’entre eux étaient affectés en Inde, avec 63 missionnaires (dont 35 étaient mariés), les autres étant envoyés en Afrique (29), en Chine (10) et en Perse (1). Au départ, le couple Welsch est établi à la mission (''Station'') de Hubli dans la province du ''Süd-Mahratta''. Elle avait été créée en 1839 et se trouvait à quatre heures de routes de Dharwad. Tous deux rejoignent ensuite Dharwad, où les chrétiens se sont installés dès 1837. Les biens de la mission (''Missionsgehöfte'') étaient situés à l’extrême sud de la ville et comportait une église, deux logements pour les missionnaires, des bâtiments annexes (cuisines, étables), mais aussi un cimetière et des bâtiments pour l’enseignement. Ainsi, pendant plusieurs années, Jacques et Caroline Welsch vivent dans la maison missionnaire de Dharwad et consacrent leurs efforts à la prédication. Comme l’écrit l’inspecteur de la mission, Josef Josenhans dans son rapport annuel pour l’année 1875,
Jacques et son épouse ont passé plusieurs années en Inde à prêcher, à enseigner et à convertir les populations locales à la foi protestante. Le rapport annuel de la Mission de Bâle publié en 1875 fait état de leur présence parmi les « travailleurs européens » (''europäische Arbeiter'') et précise qu’ils auraient été en charge de la paroisse (''Gemeinde'')<ref name="6a0ba34ead0aab48e247a21dd48a9a32d2733f10">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. XIV..</ref>. Ajoutons d’ailleurs qu’ au 1er janvier 1875, la mission était composée au total de 103 missionnaires (cinquante étant mariés), contre 108 l’année précédente. La majorité d’entre eux étaient affectés en Inde, avec 63 missionnaires (dont 35 étaient mariés), les autres étant envoyés en Afrique (29), en Chine (10) et en Perse (1)<ref name="82ab5a6fbb11307bb836b42b540b9b6e8f9dc5f0">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. VIII-IX et p. 24. Au début de ce rapport annuel, on trouve un tableau listant les missionnaires et de leurs femmes (le cas échéant) présentant l’état du personnel de la mission au 1er janvier 1875 en fonction de leur lieu d’affectation..</ref>. Au départ, le couple Welsch est établi à la mission (''Station'') de Hubli dans la province du ''Süd-Mahratta''. Elle avait été créée en 1839 et se trouvait à quatre heures de routes de Dharwad. Tous deux rejoignent ensuite Dharwad, où les chrétiens se sont installés dès 1837. Les biens de la mission (''Missionsgehöfte'') étaient situés à l’extrême sud de la ville et comportait une église, deux logements pour les missionnaires, des bâtiments annexes (cuisines, étables), mais aussi un cimetière et des bâtiments pour l’enseignement<ref name="c894a6c73341d5b9b179839e0047bebf2e47059c">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 45-46..</ref>. Ainsi, pendant plusieurs années, Jacques et Caroline Welsch vivent dans la maison missionnaire de Dharwad et consacrent leurs efforts à la prédication<ref name="d01513e0a92bb9c439f4d6f948829aa3ec33a765">On signale au passage l’existence de plusieurs photographies de la mission, parmi lesquelles une photographie d’identité de Jakob Welsch, une autre de la maison missionnaire où logeait Welsch et sa femme et une troisième qui présente le groupe des missionnaires à l’occasion de la ''Missionsfest'' de 1904. Voir http://digitallibrary.usc.edu/cdm/search/field/subjec/searchterm/Welsch,%20Jakob%20(Mr)/mode/exact, [en ligne], consulté le 25 mars 2021. Les photographies sont conservées aux archives de la mission protestante de Bâle, ''International Mission Photography Archives, Historical Photographs from the Basel Mission'', QS-30.001, mission 21, Basel Mission..</ref>. Comme l’écrit l’inspecteur de la mission, Josef Josenhans dans son rapport annuel pour l’année 1875,


« la province de ''Südmahratta'', au nord de Kanara, est depuis plusieurs années la région qui affiche le plus faible résultat de notre mission en Inde orientale (''das unfruchtbarste Arbeitsfeld unserer ostindischen Mission''). Au cours de l’année écoulée, elle a commencé à déployer plus d’activité spirituelle et de vie (''mehr Regsamkeit und Leben'') que jamais auparavant, comptant vingt-quatre nouvelles âmes ayant rejoint la communauté, parmi lesquelles sept nouveaux baptisés parmi les païens. Le nombre de chrétiens, en augmentation, s’élève à 436. Les écoles comptent 510 élèves, soit quatre de plus que l’an passé ».
« la province de ''Südmahratta'', au nord de Kanara, est depuis plusieurs années la région qui affiche le plus faible résultat de notre mission en Inde orientale (''das unfruchtbarste Arbeitsfeld unserer ostindischen Mission''). Au cours de l’année écoulée, elle a commencé à déployer plus d’activité spirituelle et de vie (''mehr Regsamkeit und Leben'') que jamais auparavant, comptant vingt-quatre nouvelles âmes ayant rejoint la communauté, parmi lesquelles sept nouveaux baptisés parmi les païens. Le nombre de chrétiens, en augmentation, s’élève à 436. Les écoles comptent 510 élèves, soit quatre de plus que l’an passé »<ref name="8784a38cfec3996a31134ede3e14dfaaff13f668">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 6-7 : « ''Die Provinz Südmahratta im Norden von Kanara, seit vielen Jahren das unfruchtbarste Arbeitsfeld unserer ostindischen Mission, hat im verflossenen Jahr mehr Regsamkeit und Leben zu entfalten begonnen, als längere Zeit, auch einen Gemeindezuwachs von 24 Seelen aufzuweisen, darunter 7 Neugetaufte aus den Heiden. Die Zahl der Christen ist auf 436 gestiegen. Die Schulen enthalten 510 Schüler, 4 mehr als voriges Jahr'' »..</ref>.


En ce qui concerne les deux territoires (''Stationen'') où les époux Welsch ont fait œuvre de missionnaires, le rapport annuel de la mission permet d’obtenir davantage d’informations sur le contexte. À Dharwad, où Jakob Welsch était missionnaire à cette époque, un catéchiste (''Katechist'') venait d’arriver, une salle de catéchisme (''Katechistenhaus'') venait d’être construite et une école dominical (''Sonntagsschule'') pour les Indiens de l’est ainsi qu’une école confessionnelle pour filles étaient ouvertes. À Hubli, où Jakob prêchait quelques années auparavant, il semble que les missionnaires obtiennent un certain succès, avec « beaucoup d’auditeurs désireux et peu d’opposition » (''viele willige Zuhörer, wenig Widerspruch''). De plus, le rapport annuel de 1875 contient plusieurs rapports de missionnaires, évoquant des moments particuliers de leur prédication. L’un d’entre eux, intitulé « la tempête à Hebbali » (''Der Sturm in Hebbali''), est rédigé par Jacques Welsch lui-même. Faisant état des péripéties vécues en avril 1875 à Hebbali, une ville libre située à trois heures de route à l’est de Dharwad, son récit évoque le déroulement de sa prédication dans cette localité, où il s’était établi pendant quelques jours pour prêcher. Après un certain succès rencontré les deux premiers jours – ayant pu vendre les tracts religieux pour deux ''Rupies'', il a ensuite rencontré une forte opposition de la part de certains habitants, notamment les brahmanes – une caste sacerdotale hindoue –, les contraignant de revenir sur leurs pas. Jacques Welsch y voit là purement et simplement l’action du Diable : « le méchant joue son jeu, en ce sens qu’il utilise les Brahmines comme ses instruments. Le pouvoir des brahmanes est grand, mais celui du Seigneur est encore plus grand ». Enfin, un autre récit permet d’approcher les activités de « frère Welsch », qui proposait également des cours en vue d’obtenir de baptême (''Taufunterricht''). Dans un autre récit, Welsch rapporte notamment le cas d’un jeune indien qui a « quitté ses proches et amis, païens, pour venir ici, afin de rester chez nous » et qui s’est fait publiquement baptiser en juillet 1875.
En ce qui concerne les deux territoires (''Stationen'') où les époux Welsch ont fait œuvre de missionnaires, le rapport annuel de la mission permet d’obtenir davantage d’informations sur le contexte. À Dharwad, où Jakob Welsch était missionnaire à cette époque, un catéchiste (''Katechist'') venait d’arriver, une salle de catéchisme (''Katechistenhaus'') venait d’être construite et une école dominical (''Sonntagsschule'') pour les Indiens de l’est ainsi qu’une école confessionnelle pour filles étaient ouvertes. À Hubli, où Jakob prêchait quelques années auparavant, il semble que les missionnaires obtiennent un certain succès, avec « beaucoup d’auditeurs désireux et peu d’opposition » (''viele willige Zuhörer, wenig Widerspruch'')<ref name="fd812eedb29d83afa2db3f8ed700a1c2ed5211bd">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 6-7..</ref>. De plus, le rapport annuel de 1875 contient plusieurs rapports de missionnaires, évoquant des moments particuliers de leur prédication. L’un d’entre eux, intitulé « la tempête à Hebbali » (''Der Sturm in Hebbali''), est rédigé par Jacques Welsch lui-même. Faisant état des péripéties vécues en avril 1875 à Hebbali, une ville libre située à trois heures de route à l’est de Dharwad, son récit évoque le déroulement de sa prédication dans cette localité, où il s’était établi pendant quelques jours pour prêcher. Après un certain succès rencontré les deux premiers jours – ayant pu vendre les tracts religieux pour deux ''Rupies'', il a ensuite rencontré une forte opposition de la part de certains habitants, notamment les brahmanes – une caste sacerdotale hindoue –, les contraignant de revenir sur leurs pas. Jacques Welsch y voit là purement et simplement l’action du Diable : « le méchant joue son jeu, en ce sens qu’il utilise les Brahmines comme ses instruments. Le pouvoir des brahmanes est grand, mais celui du Seigneur est encore plus grand »<ref name="8d8638ab465f2e11df0f82a0962498df38531692">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 54-55..</ref>. Enfin, un autre récit permet d’approcher les activités de « frère Welsch », qui proposait également des cours en vue d’obtenir de baptême (''Taufunterricht''). Dans un autre récit, Welsch rapporte notamment le cas d’un jeune indien qui a « quitté ses proches et amis, païens, pour venir ici, afin de rester chez nous » et qui s’est fait publiquement baptiser en juillet 1875<ref name="fcfbb12989fb6daec31d8d8755e931a6e7ebb810">Joseph Josenhans, ''Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875'', Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 47-48..</ref>.


Jusque-là, la fin de l’activité missionnaire de Jacques Welsch en Inde n’a pas pu être datée précisément, mais il semble qu’il soit toujours en Inde en 1881. Chargé de missions éducatives (''educational'') et de « prédication en langue vernaculaire » (''vernacular preaching''), Jacques Welsch était alors domicilié à Guledgudda (Guledgud) dans la région de Karnataka, à une centaine de kilomètres au nord-est de Dharwad. Toujours est-il qu’avant le début des années 1890 (au plus tard), le couple Welsch regagne leur Alsace natale, devenue allemande avec la fin de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Si le couple était resté sans enfant jusque-là, il finit par donner naissance, tardivement, à un fils, prénommé Robert Ernst. À la naissance de Robert, la famille Welsch est installée à Strasbourg et le père continue visiblement une certaine activité pastorale, puisqu’il est présenté sur l’acte de naissance de Robert comme étant un « ''Missionsprediger'' ». Remarquons enfin que les parents Welsch décèdent dans l’entre-deux-guerres à Strasbourg : Caroline meurt le 7 septembre 1919 dans sa soixante-neuvième année et Jacques s’éteint dix ans plus tard, le 3 août 1929 à près de quatre-vingt-un ans.
Jusque-là, la fin de l’activité missionnaire de Jacques Welsch en Inde n’a pas pu être datée précisément, mais il semble qu’il soit toujours en Inde en 1881. Chargé de missions éducatives (''educational'') et de « prédication en langue vernaculaire » (''vernacular preaching''), Jacques Welsch était alors domicilié à Guledgudda (Guledgud) dans la région de Karnataka, à une centaine de kilomètres au nord-est de Dharwad<ref name="acffcf34934f7d4ac8a3c86254c4d8f2548c05fb">Brenton, Hamline Badley, ''Indian Missionary Directory and Memorial Volume'', Lucknow, Methodist Episcopal Church Press, New-York, Philipps and Hunt, 1881, p. 148..</ref>. Toujours est-il qu’avant le début des années 1890 (au plus tard), le couple Welsch regagne leur Alsace natale, devenue allemande avec la fin de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Si le couple était resté sans enfant jusque-là, il finit par donner naissance, tardivement, à un fils, prénommé Robert Ernst. À la naissance de Robert, la famille Welsch est installée à Strasbourg et le père continue visiblement une certaine activité pastorale, puisqu’il est présenté sur l’acte de naissance de Robert comme étant un « ''Missionsprediger'' »<ref name="194ecb0aa4de025d9da634365b9e16266c90e586">ADBR 4E482/233, 4E482/234, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de R. Welsch, Acte n°2273/1892..</ref>. Remarquons enfin que les parents Welsch décèdent dans l’entre-deux-guerres à Strasbourg : Caroline meurt le 7 septembre 1919 dans sa soixante-neuvième année et Jacques s’éteint dix ans plus tard, le 3 août 1929 à près de quatre-vingt-un ans.




===La scolarité et les études de médecine===
===La scolarité et les études de médecine===


Établie à Strasbourg depuis la fin de leur voyage missionnaire en Inde, la famille Welsch demeure dans un appartement situé sur les quais de l’Ill à Strasbourg. Élevé dans la foi protestante par des parents très investis dans la religion, Robert Welsch grandit et passe toute son enfance dans sa ville natale. L’Alsace faisant alors partie du ''Reichsland Elsaß-Lothringen'', il effectue l’intégralité de son cursus scolaire obligatoire dans le système éducatif allemand. Il commence par fréquenter la ''Vorschule'', un type d’école assimilable à une école maternelle qui prépare à l’entrée au ''Gymnasium''. Robert Welsch est ensuite scolarisé Gymnase Jean Sturm (''protestantisches Gymnasium'') au centre-ville de Strasbourg, un établissement scolaire confessionnel privé où il étudie jusqu’à l’obtention de son baccalauréat (''deutsches Abitur'') en 1913, à l’âge de vingt-et-un ans. Élevé dans une famille cultivée, Robert Welsch est un élève brillant qui est aussi parfaitement bilingue, parlant et écrivant à la fois l’allemand (sa langue maternelle), mais également le français, une « langue étrangère » qu’il parle « parfaitement », comme il l’écrit dans un formulaire administratif nazi de 1940.
Établie à Strasbourg depuis la fin de leur voyage missionnaire en Inde, la famille Welsch demeure dans un appartement situé sur les quais de l’Ill à Strasbourg. Élevé dans la foi protestante par des parents très investis dans la religion, Robert Welsch grandit et passe toute son enfance dans sa ville natale. L’Alsace faisant alors partie du ''Reichsland Elsaß-Lothringen'', il effectue l’intégralité de son cursus scolaire obligatoire dans le système éducatif allemand. Il commence par fréquenter la ''Vorschule'', un type d’école assimilable à une école maternelle qui prépare à l’entrée au ''Gymnasium''. Robert Welsch est ensuite scolarisé Gymnase Jean Sturm (''protestantisches Gymnasium'') au centre-ville de Strasbourg, un établissement scolaire confessionnel privé où il étudie jusqu’à l’obtention de son baccalauréat (''deutsches Abitur'') en 1913, à l’âge de vingt-et-un ans. Élevé dans une famille cultivée, Robert Welsch est un élève brillant qui est aussi parfaitement bilingue, parlant et écrivant à la fois l’allemand (sa langue maternelle), mais également le français, une « langue étrangère » qu’il parle « parfaitement », comme il l’écrit dans un formulaire administratif nazi de 1940<ref name="9cd568425ee4b549527f0ea2b1be349b600c2f18">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940..</ref>.


Aussitôt son baccalauréat obtenu, Robert Welsch se « tourne vers des études médicales » et s’inscrit à la faculté de médecine de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'' de Strasbourg. Il suit à Strasbourg les cinq années de son cursus universitaire, entre le 6 mai 1913 et le 13 février 1918. Signalons qu’il n’a jamais accompli son service militaire (''gedient''). Né en 1892, il fait partie de la classe de mobilisation 1912, mais au moment de la conscription, il avait été classé inapte au service (''dienstuntauglich'') pour « raisons de santé » (''Gesundheitlich zum Heeresdienst untauglich''). En revanche, avec la mobilisation générale lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, Welsch est incorporé dans l’armée allemande dès le 1er septembre 1914. Plus précisément, il a servi pendant un an comme médecin auxiliaire dans un hôpital militaire de la ville de Strasbourg. Dans son curriculum vitae de 1940, destiné à appuyer sa candidature à un poste de fonctionnaire de l’administration nationale-socialiste, Robert Welsch précise avoir servi comme « ''Hilfsarzt im Festungslazarett XI zu Strassburg'' ». Strasbourg étant devenue une « ville hôpital » durant la Première Guerre mondiale, plusieurs bâtiments avaient perdu leur fonction originelle pour devenir un hôpital militaire de la place-forte de Strasbourg. Ainsi, l’École normale (''Lehrerseminar''), centre de formation des instituteurs, avait été transformée durant la Grande guerre en ''Festungslazarett XI'', l’un des plus de quarante hôpitaux militaires qui prenaient en charge les blessés de guerre à Strasbourg.
Aussitôt son baccalauréat obtenu, Robert Welsch se « tourne vers des études médicales » et s’inscrit à la faculté de médecine de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'' de Strasbourg. Il suit à Strasbourg les cinq années de son cursus universitaire, entre le 6 mai 1913 et le 13 février 1918. Signalons qu’il n’a jamais accompli son service militaire (''gedient''). Né en 1892, il fait partie de la classe de mobilisation 1912, mais au moment de la conscription, il avait été classé inapte au service (''dienstuntauglich'') pour « raisons de santé » (''Gesundheitlich zum Heeresdienst untauglich''). En revanche, avec la mobilisation générale lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, Welsch est incorporé dans l’armée allemande dès le 1er septembre 1914. Plus précisément, il a servi pendant un an comme médecin auxiliaire dans un hôpital militaire de la ville de Strasbourg. Dans son curriculum vitae de 1940, destiné à appuyer sa candidature à un poste de fonctionnaire de l’administration nationale-socialiste, Robert Welsch précise avoir servi comme « ''Hilfsarzt im Festungslazarett XI zu Strassburg'' »<ref name="9c980d9c0a6b367de5812b56e1b03ba698f3b8a0">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940. Robert Welsch précise que le ''Festungslazarett'' était situé dans le bâtiment du ''Lehrerseminar''..</ref>. Strasbourg étant devenue une « ville hôpital » durant la Première Guerre mondiale, plusieurs bâtiments avaient perdu leur fonction originelle pour devenir un hôpital militaire de la place-forte de Strasbourg. Ainsi, l’École normale (''Lehrerseminar''), centre de formation des instituteurs, avait été transformée durant la Grande guerre en ''Festungslazarett XI'', l’un des plus de quarante hôpitaux militaires qui prenaient en charge les blessés de guerre à Strasbourg<ref name="73c142c441926a2f0c6c26be68ffe046ec0635ef">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Lebenslauf'', 24 novembre 1940. Voir aussi Philippe Hurtscher, François Hoff, ''Les fortifications allemandes d’Alsace-Lorraine, 1870-1918'', Paris, Histoire et Collections, 2009, p. 50-51, p. 56-57..</ref>.


Le 31 août 1915, Robert Welsch cesse officiellement de servir dans l’armée allemande. Alors qu’il est démobilisé, il débute en réalité une carrière médicale en clinique. À compter du 1er septembre 1915, le ''Kurator'' de l’université le nomme « assistant auxiliaire (''Hilfsassistent'') à la clinique universitaire de chirurgie de Strasbourg » (''Bestallung durch den Kurator''). Élève du professeur Otto Wilhelm Madelung (1846-1926), il sert comme Assistent à la clinique chirurgicale de l’hôpital civil de Strasbourg pendant deux ans et demi, du 1er septembre 1915 au 14 mai 1918. Madelung est décrit comme un médecin dont la morale, l’éthique et les valeurs étaient exemplaires, ayant fait son maximum pour que les blessés, qu’ils soient français ou allemands, soient soignés de la même façon. Quittant momentanément la chirurgie pour la médecine interne, Robert Welsch travaille ensuite comme Assistent à la clinique médicale du professeur Erich Meyer (1874-1927) pendant un an, entre le 15 mai 1918 et 15 mai 1919.
Le 31 août 1915, Robert Welsch cesse officiellement de servir dans l’armée allemande. Alors qu’il est démobilisé, il débute en réalité une carrière médicale en clinique. À compter du 1er septembre 1915, le ''Kurator'' de l’université le nomme « assistant auxiliaire (''Hilfsassistent'') à la clinique universitaire de chirurgie de Strasbourg » (''Bestallung durch den Kurator''). Élève du professeur Otto Wilhelm Madelung (1846-1926), il sert comme Assistent à la clinique chirurgicale de l’hôpital civil de Strasbourg pendant deux ans et demi, du 1er septembre 1915 au 14 mai 1918. Madelung est décrit comme un médecin dont la morale, l’éthique et les valeurs étaient exemplaires, ayant fait son maximum pour que les blessés, qu’ils soient français ou allemands, soient soignés de la même façon. Quittant momentanément la chirurgie pour la médecine interne, Robert Welsch travaille ensuite comme Assistent à la clinique médicale du professeur Erich Meyer (1874-1927) pendant un an, entre le 15 mai 1918 et 15 mai 1919<ref name="9cd568425ee4b549527f0ea2b1be349b600c2f18">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940..</ref>.


Finalement, fréquentant à la fois les bans de l’université tout en étant confronté à la pratique clinique de la médecine – d’abord dans un hôpital militaire, puis à l’hôpital civil –, Robert Welsch obtient sa ''ärztliche Prüfung'' (ou ''Staatsexamen'') le 13 avril 1918. Présenté lors du dernier semestre, cet examen médical d’État conclut le cursus universitaire et son obtention est nécessaire à la délivrance de l’autorisation de pratiquer la médecine (''Approbation''). Aussi, durant les derniers mois de son cursus, qui s’accomplit indépendamment de la situation militaire, Robert Welsch prépare une thèse de doctorat de médecine intitulée « Une contribution à la connaissance des complications de la neurofibromatose » (''Ein Beitrag zur Kenntnis der Komplikationen der Neurofibromatose''). Son sujet semble témoigner d’un intérêt davantage centré sur la dermatologie et l’oncologie que sur la radiologie qui est par la suite devenue sa spécialité. En effet, la neurofibromatose, également connue sous le nom de maladie de Von Recklinghausen, est une pathologie génétique qui se caractérise par les tâches café au lait sur la peau et les tumeurs situées le long des nerfs (neurofibromes). En fonction de leur taille, de leur nombre et de leur emplacement, ces derniers peuvent entraîner des complications sérieuses et prédisposant au développement de tumeurs du système nerveux. Le 28 novembre 1918, quelques jours après l’armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et alors que l’Alsace est encore allemande et que la faculté de médecine est toujours dirigée par le doyen allemand Franz Keibel (1861-1929), Robert Welsch soutient sa thèse de doctorat (''Doktorpromotion'') et obtient alors le titre de docteur en médecine (''Dr. med.'').
Finalement, fréquentant à la fois les bans de l’université tout en étant confronté à la pratique clinique de la médecine – d’abord dans un hôpital militaire, puis à l’hôpital civil –, Robert Welsch obtient sa ''ärztliche Prüfung'' (ou ''Staatsexamen'') le 13 avril 1918<ref name="9cd568425ee4b549527f0ea2b1be349b600c2f18">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940..</ref>. Présenté lors du dernier semestre, cet examen médical d’État conclut le cursus universitaire et son obtention est nécessaire à la délivrance de l’autorisation de pratiquer la médecine (''Approbation''). Aussi, durant les derniers mois de son cursus, qui s’accomplit indépendamment de la situation militaire, Robert Welsch prépare une thèse de doctorat de médecine intitulée « Une contribution à la connaissance des complications de la neurofibromatose » (''Ein Beitrag zur Kenntnis der Komplikationen der Neurofibromatose'')<ref name="e2fc0641245d70b8b129ad7f90e1b407b697b6ab">Robert Welsch, ''Ein Beitrag zur Kenntnis der Komplikationen der Neurofibromatose'', thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Kaiser-Wilhelm-Universität, 1918. Voir ''New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses'', Box 17:19:2, Strasbourg, France (H00514949T), via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514649T.pdf, [en ligne], consulté le 23 mars 2021. Notons au passage que c’est bien en 1918 qu’il soutient sa thèse et non pas en 1914 comme on peut le lire dans la littérature scientifique disponible..</ref>. Son sujet semble témoigner d’un intérêt davantage centré sur la dermatologie et l’oncologie que sur la radiologie qui est par la suite devenue sa spécialité. En effet, la neurofibromatose, également connue sous le nom de maladie de Von Recklinghausen, est une pathologie génétique qui se caractérise par les tâches café au lait sur la peau et les tumeurs situées le long des nerfs (neurofibromes). En fonction de leur taille, de leur nombre et de leur emplacement, ces derniers peuvent entraîner des complications sérieuses et prédisposant au développement de tumeurs du système nerveux. Le 28 novembre 1918, quelques jours après l’armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et alors que l’Alsace est encore allemande et que la faculté de médecine est toujours dirigée par le doyen allemand Franz Keibel (1861-1929), Robert Welsch soutient sa thèse de doctorat (''Doktorpromotion'') et obtient alors le titre de docteur en médecine (''Dr. med.'')<ref name="a471e2d02de9c77415af26675bf127442e1f4566">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Lebenslauf'', 24 novembre 1940..</ref>.




===La carrière de radiologue à l’hôpital civil français de Strasbourg (1919-1940)===
===La carrière de radiologue à l’hôpital civil français de Strasbourg (1919-1940)===


Avec le retour de l’Alsace, de l’université et des cliniques à la France après la Première Guerre mondiale, Robert Welsch s’oriente vers une nouvelle spécialité médicale et débute une carrière médicale à l’hôpital civil français de Strasbourg. Dès le 15 mai 1919, il obtient un poste à la clinique chirurgicale B, où il avait déjà travaillé entre septembre 1915 et mai 1918. Selon ses propres mots, il sert désormais en qualité d’« assistant-radiologiste », une fonction qu’il lui-même traduit par ''Röntgenologe'' dans le formulaire de 1940. Obtenant la nationalité française par réintégration comme tous les autres Alsaciens restés sur place, Welsch entre également dans la fonction publique en étant nommé fonctionnaire du cadre local, avec un droit à la pension de retraite calculée à compter du 1er septembre 1915 (''Staatsstellung als Universitätsbeamter des Lokalkaders mit Pensionsberechtigung vom 1. September 1915''). Il s’agit ici de la date à laquelle Welsch avait commencé son activité médicale civile à la clinique chirurgicale de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'', après avoir été dégagé du service militaire actif. D’ailleurs, dans son curriculum vitae rédigé en 1940 dans le cadre de sa candidature officielle à un poste de fonctionnaire à l’hôpital civil allemand, il écrit :
Avec le retour de l’Alsace, de l’université et des cliniques à la France après la Première Guerre mondiale, Robert Welsch s’oriente vers une nouvelle spécialité médicale et débute une carrière médicale à l’hôpital civil français de Strasbourg. Dès le 15 mai 1919, il obtient un poste à la clinique chirurgicale B, où il avait déjà travaillé entre septembre 1915 et mai 1918. Selon ses propres mots, il sert désormais en qualité d’« assistant-radiologiste », une fonction qu’il lui-même traduit par ''Röntgenologe'' dans le formulaire de 1940. Obtenant la nationalité française par réintégration comme tous les autres Alsaciens restés sur place, Welsch entre également dans la fonction publique en étant nommé fonctionnaire du cadre local, avec un droit à la pension de retraite calculée à compter du 1er septembre 1915 (''Staatsstellung als Universitätsbeamter des Lokalkaders mit Pensionsberechtigung vom 1. September 1915'')<ref name="a471e2d02de9c77415af26675bf127442e1f4566">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Lebenslauf'', 24 novembre 1940..</ref>. Il s’agit ici de la date à laquelle Welsch avait commencé son activité médicale civile à la clinique chirurgicale de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'', après avoir été dégagé du service militaire actif. D’ailleurs, dans son curriculum vitae rédigé en 1940 dans le cadre de sa candidature officielle à un poste de fonctionnaire à l’hôpital civil allemand, il écrit :


« Après m’être spécialisé de la sorte en chirurgie et en médecine interne [entre 1915 et 1919] et avoir également occupé un poste d’interniste à la clinique chirurgicale universitaire (A) et à la centrale de radiologie (professeur Dietlen), je dirige depuis vingt ans le service de radiologie de la clinique chirurgicale universitaire B (3000-4000 patients par an) et le laboratoire de la clinique ».
« Après m’être spécialisé de la sorte en chirurgie et en médecine interne [entre 1915 et 1919] et avoir également occupé un poste d’interniste à la clinique chirurgicale universitaire (A) et à la centrale de radiologie (professeur Dietlen), je dirige depuis vingt ans le service de radiologie de la clinique chirurgicale universitaire B (3000-4000 patients par an) et le laboratoire de la clinique »<ref name="6ca8041dbc49c82ec38dcbd5502f0d57336251a3">ADBR, 1558 W 47, dossier 3878 (Robert Welsch), ''Lebenslauf'', 24 novembre 1940 : « ''Nachdem ich so in Chirurgie und innerer Medizin spezialistisch ausgebildet und dabei schon nebenbei internistisch in der chirurgischen Universitätsklinik (A), sowie in der Röntgenzentrale (Prof. Dietlen) röntgenologisch tätig gewesen, leite ich seit 20 Jahren die Röntgenzentrale der chirurgischen Universitätsklinik B (3000-4000 Patienten pro Jahr), sowie nebenbei das Laboratorium der Klinik'' »..</ref>.


Ce témoignage olographe indique que Robert Welsch aurait commencé à assurer un poste de direction à la radiologie de la Chirurgie B apparemment dès 1920. Il faut rappeler que la radiologie à Strasbourg est un héritage de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'', une université pionnière en la matière. Si Wilhelm Conrad Röntgen (1845-1923) a inventé les rayons X à Wurtzbourg en 1895, il ne faut pas oublier qu’il avait eu un poste de ''Dozent'', puis de professeur extraordinaire à Strasbourg au cours des années 1870. Le retentissement de cette découverte majeure a pour conséquence l’ouverture, dès 1901, d’une salle de radiologie (''Röntgenzimmer'') à la clinique médicale (A) de Bernhard Naunyn (1839-1925) et en 1914, de la nomination du Dr. Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952) comme assistant de radiologie à la clinique médicale A, où il a servi comme radiologue pendant près de quarante ans. Le premier professeur de radiologie à Strasbourg était le ''Dozent'' Hans Dietlen (1879-1955) ; c’est lui qui a fondé le service central de radiologie (''Institut für Roentgenologie und physikalische Therapie''). Cumulant à la fois les fonctions polyvalentes de service de radiodiagnostic, de physiothérapie avec bain médicinal et de radiothérapie – faisant ainsi fonction de centre anticancéreux –, l’institut de Dietlen était véritablement un centre d’avant-garde. Arrivé à Strasbourg en 1907, Dietlen avait passé son habilitation en 1909 et avait reçu une chaire de ''Roentgenologie'' en 1915. Véritable pionnier, il s’était spécialisé sur les pathologies cardiaques et pulmonaires et dirigeait un institut de radiologie considéré comme « exemplaire », avant de quitter l’Alsace à la fin de la Première Guerre mondiale et de s’investir, notamment, dans la stérilisation de force (''Zwangssterilisierung'') par radiation (''Strahlenbehandlung'') sous le national-socialisme. Dans l’entre-deux-guerres, le service central de radiologie de l’hôpital civil est confié au docteur Auguste Gunsett (1876-1970), qui en assure la direction depuis le retour à la France de l’hôpital et de l’université en 1919. Il obtient certes une charge d’enseignement de la part de la faculté de médecine en 1921, mais aucune chaire de radiologie n’est créée (elle n’a été instituée qu’en 1954), si bien qu’à ce moment-là, la radiologie est plus ou moins « mise en sommeil ». Par rapport à la période allemande de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'', l’essor de la radiologie universitaire est moindre à cette époque. Toutefois, un centre anticancéreux est créé en 1922 dans l’enceinte de l’hôpital civil, utilisant notamment le radium que Gunsett a personnellement introduit à Strasbourg. De plus, les grandes cliniques hospitalo-universitaires strasbourgeoises disposent toutes de leur propre service de radiologie : les Drs. Frédéric Auguste Schaaf (1884-1952), Joseph Ohlmann (1892-1942) et Robert Welsch (1892-1972) travaillent respectivement à la clinique médicale A, à la clinique médicale B et à la clinique chirurgicale B.
Ce témoignage olographe indique que Robert Welsch aurait commencé à assurer un poste de direction à la radiologie de la Chirurgie B apparemment dès 1920. Il faut rappeler que la radiologie à Strasbourg est un héritage de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'', une université pionnière en la matière. Si Wilhelm Conrad Röntgen (1845-1923) a inventé les rayons X à Wurtzbourg en 1895, il ne faut pas oublier qu’il avait eu un poste de ''Dozent'', puis de professeur extraordinaire à Strasbourg au cours des années 1870. Le retentissement de cette découverte majeure a pour conséquence l’ouverture, dès 1901, d’une salle de radiologie (''Röntgenzimmer'') à la clinique médicale (A) de Bernhard Naunyn (1839-1925) et en 1914, de la nomination du Dr. Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952) comme assistant de radiologie à la clinique médicale A, où il a servi comme radiologue pendant près de quarante ans. Le premier professeur de radiologie à Strasbourg était le ''Dozent'' Hans Dietlen (1879-1955) ; c’est lui qui a fondé le service central de radiologie (''Institut für Roentgenologie und physikalische Therapie''). Cumulant à la fois les fonctions polyvalentes de service de radiodiagnostic, de physiothérapie avec bain médicinal et de radiothérapie – faisant ainsi fonction de centre anticancéreux –, l’institut de Dietlen était véritablement un centre d’avant-garde<ref name="1b53953ee3c1a5c90bc772fda9326fe2130d1d46">Auguste Wackenheim, « Strasbourg et l’invention de la radiologie », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 414-416..</ref>. Arrivé à Strasbourg en 1907, Dietlen avait passé son habilitation en 1909 et avait reçu une chaire de ''Roentgenologie'' en 1915. Véritable pionnier, il s’était spécialisé sur les pathologies cardiaques et pulmonaires et dirigeait un institut de radiologie considéré comme « exemplaire », avant de quitter l’Alsace à la fin de la Première Guerre mondiale et de s’investir, notamment, dans la stérilisation de force (''Zwangssterilisierung'') par radiation (''Strahlenbehandlung'') sous le national-socialisme<ref name="bf2dc06616920fa45cbedc6d61cbf4bd7259d612">Sur Hans Dietlen, voir par exemple sa notice biographique via https://www.dgim-history.de/biografie/Dietlen;Hans;1122, [en ligne], consulté le 29 mars 2021. Voir aussi Heinz Lossen, « Prof. Dr. Hans Dietlen, 75 Jahre alt », ''RöFo'', vol. 80, n°4, 1954, p. 535-526..</ref>. Dans l’entre-deux-guerres, le service central de radiologie de l’hôpital civil est confié au docteur Auguste Gunsett (1876-1970)<ref name="9695f5e05f0949e4c7126786db3ca09130ff5aa9">On renvoie ici à la notice biographique d’Auguste Gunsett rédigée par Christian Bonah sur ce Wikipédia pour en savoir plus sur l’œuvre de Gunsett dans le domaine de la radiothérapie (Strahlentherapie, roentgenthérapie, curiethérapie et radiumthérapie), mais aussi sur le contexte historique et scientifique..</ref>, qui en assure la direction depuis le retour à la France de l’hôpital et de l’université en 1919. Il obtient certes une charge d’enseignement de la part de la faculté de médecine en 1921, mais aucune chaire de radiologie n’est créée (elle n’a été instituée qu’en 1954), si bien qu’à ce moment-là, la radiologie est plus ou moins « mise en sommeil ». Par rapport à la période allemande de la ''Kaiser-Wilhelm-Universität'', l’essor de la radiologie universitaire est moindre à cette époque. Toutefois, un centre anticancéreux est créé en 1922 dans l’enceinte de l’hôpital civil, utilisant notamment le radium que Gunsett a personnellement introduit à Strasbourg. De plus, les grandes cliniques hospitalo-universitaires strasbourgeoises disposent toutes de leur propre service de radiologie : les Drs. Frédéric Auguste Schaaf (1884-1952), Joseph Ohlmann (1892-1942) et Robert Welsch (1892-1972) travaillent respectivement à la clinique médicale A, à la clinique médicale B et à la clinique chirurgicale B<ref name="b40a60533aae4bd1aba7ff4f13b2fc4c8d81f215">Auguste Wackenheim, « La mise en sommeil de la radiologie universitaire et la fondation du centre anticancéreux », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 505..</ref>.


Le service de radiologie dirigé par Welsch se situe dans le complexe du bâtiment de la Chirurgie B, une clinique non universitaire construite en 1912 dans l’enceinte de l’hôpital civil. Avec le retour de l’Alsace à la France, cette clinique, qui prend le nom de clinique chirurgicale B, est alors dirigé par le professeur Albert Stolz (1870-1948). Résolument moderne et comptant quelque 320 lits d’hospitalisation, la clinique comprenait dès 1914 au rez-de-chaussée une vaste policlinique chirurgicale et un service de radiologie ; un laboratoire, une bibliothèque et une salle de réunion au premier étage ; et deux grandes salles d’opération. Dirigeant la clinique de 1919 à 1938, Stolz s’entoure d’une équipe spécialisée composée des Drs. Georges Sackenreiter (1886-1956) en tant que chirurgien chef de policlinique (jusqu’en 1938), Marcel Meyer en tant que chargé de cours de chirurgie orthopédique, mais également des Drs. Jacques Kuhlmann, Ernest Irrmann, Jean Kuntzmann (futur directeur du centre anticancéreux), Marcel Heller (chirurgien adjoint de policlinique et créateur du service d’urologie) et de celui qui était alors le plus jeune agrégé de France, Alfred-Georges Weiss (1898-1979). Au sein de cette équipe, Robert Welsch est le responsable du laboratoire et de la radiologie.
[[File:Equipe_Chirurgicale_B_1932.jpg|thumb|''Figure 2 © Héran, p. 527.'']]


Plus précisément, ce qui concerne ses titres et activités à la faculté de médecine française de Strasbourg, Robert Welsch débute sa carrière médicale française en chirurgie. Au 1er novembre 1919, il est en effet nommé « préparateur à la clinique chirurgicale B » d’abord pour une année, avant d’obtenir un renouvellement de son contrat pour les deux années suivantes, jusqu’au 31 octobre 1922, avec un traitement s’élevant à 6000 francs. À compter du 1er novembre 1922, Welsch est ensuite délégué pour un an, puis renouvelé comme « préparateur stagiaire au laboratoire de pathologie externe » (novembre 1922-octobre 1924). Il est finalement nommé « préparateur titulaire » au même laboratoire à partir du 1er novembre 1924 et conserve de toute évidence ce poste dans les années qui suivent, bénéficiant quasiment chaque année d’une évolution de sa rémunération. Il est en effet régulièrement versé dans une nouvelle classe de rémunération : de 6000 francs, il gravit très rapidement les échelons pour finir en 1935, à quarante-trois ans, avec un traitement s’élevant à 33000 francs. Par ailleurs, à partir du 1er avril 1929, Robert Welsch prend aussi en charge le service de radiologie de l’hôpital confessionnel (protestant) des diaconesses de Strasbourg. Sa mission sur place est d’effectuer des examens radiologiques (''Röntgenuntersuchungen'') et perçoit pour cela une rémunération d’un directeur médical (''Vergütung der ärztlichen Leitung''). De plus, en sa qualité d’« assistant au laboratoire de pathologie externe de Strasbourg », Robert Welsch est nommé « officier d’académie » le 14 juillet 1939 par Jean Zay (1904-1944), le ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du gouvernement Daladier IV sous le Front populaire. Il s’agit ici d’une décoration honorifique de la République française correspondant au grade de chevalier des Palmes académiques (créée en 1955) et qui laisse subodorer que Welsch ait eu un rôle important, reconnu et apprécié dans l’enseignement de la radiologie à la faculté de médecine française de Strasbourg.
Le service de radiologie dirigé par Welsch se situe dans le complexe du bâtiment de la Chirurgie B, une clinique non universitaire construite en 1912 dans l’enceinte de l’hôpital civil. Avec le retour de l’Alsace à la France, cette clinique, qui prend le nom de clinique chirurgicale B, est alors dirigé par le professeur Albert Stolz (1870-1948). Résolument moderne et comptant quelque 320 lits d’hospitalisation, la clinique comprenait dès 1914 au rez-de-chaussée une vaste policlinique chirurgicale et un service de radiologie ; un laboratoire, une bibliothèque et une salle de réunion au premier étage ; et deux grandes salles d’opération. Dirigeant la clinique de 1919 à 1938, Stolz s’entoure d’une équipe spécialisée composée des Drs. Georges Sackenreiter (1886-1956) en tant que chirurgien chef de policlinique (jusqu’en 1938), Marcel Meyer en tant que chargé de cours de chirurgie orthopédique, mais également des Drs. Jacques Kuhlmann, Ernest Irrmann, Jean Kuntzmann (futur directeur du centre anticancéreux), Marcel Heller (chirurgien adjoint de policlinique et créateur du service d’urologie) et de celui qui était alors le plus jeune agrégé de France, Alfred-Georges Weiss (1898-1979). Au sein de cette équipe, Robert Welsch est le responsable du laboratoire et de la radiologie<ref name="3953cf7d6be1ed978c39ed7738bf2928b93d7aaf">Louis-François Hollender, « Les débuts de la clinique chirurgicale B », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 525-528..</ref>.


Enfin, ajoutons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale, Robert Welsch n’avait pas été versé dans la réserve militaire de l’armée française, comme cela était le cas pour de nombreux Alsaciens qui avaient combattu dans l’armée allemande durant le conflit. Resté à la vie civile et poursuivant ses activités médicales, il ne participe pas non plus à la guerre de 1939-1940. Âgé de quarante-sept ans en 1939, il conserve son poste civil de radiologiste à l’hôpital civil, malgré la mobilisation générale de septembre 1939. Toutefois, avec l’évacuation de l’Alsace, le repli de l’université de Strasbourg à Clermont-Ferrand et celui des hospices civils à Clairvivre en Dordogne, Robert Welsch fait partie des médecins qui restent en Alsace. En effet, le 4 septembre 1939, il est affecté au Hohwald, un petit village de montagne dans le centre de l’Alsace, où une partie des hospices civils avait été déplacée. Il semble qu’il travaille sur place durant la « Drôle de guerre », jusqu’à ce qu’il obtienne un congé maladie au printemps 1940. En effet, le recteur de l’université lui avait accordé un « congé pour raisons de santé » du 15 avril au 14 juillet 1940, bénéficiant pendant ce trimestre d’absence d’un maintien total de son salaire et conservant son « traitement intégral ». Finalement, à la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, l’Alsace devient allemande et Robert Welsch reste à Strasbourg où il réussit à poursuivre sa carrière à l’hôpital civil.
[[File:Welsch_radiologie_chirurgicale_B_1921.jpg|thumb|''Figure 3 Robert Welsch au service de radiologie de la clinique chirurgicale B en 1921. © Héran, p. 528.'']]
 
Plus précisément, ce qui concerne ses titres et activités à la faculté de médecine française de Strasbourg, Robert Welsch débute sa carrière médicale française en chirurgie. Au 1er novembre 1919, il est en effet nommé « préparateur à la clinique chirurgicale B » d’abord pour une année, avant d’obtenir un renouvellement de son contrat pour les deux années suivantes, jusqu’au 31 octobre 1922, avec un traitement s’élevant à 6000 francs. À compter du 1er novembre 1922, Welsch est ensuite délégué pour un an, puis renouvelé comme « préparateur stagiaire au laboratoire de pathologie externe » (novembre 1922-octobre 1924). Il est finalement nommé « préparateur titulaire » au même laboratoire à partir du 1er novembre 1924 et conserve de toute évidence ce poste dans les années qui suivent, bénéficiant quasiment chaque année d’une évolution de sa rémunération. Il est en effet régulièrement versé dans une nouvelle classe de rémunération : de 6000 francs, il gravit très rapidement les échelons pour finir en 1935, à quarante-trois ans, avec un traitement s’élevant à 33000 francs<ref name="86d264bb958ea734a921e61ae1e0582b31bb714a">Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative..</ref>. Par ailleurs, à partir du 1er avril 1929, Robert Welsch prend aussi en charge le service de radiologie de l’hôpital confessionnel (protestant) des diaconesses de Strasbourg. Sa mission sur place est d’effectuer des examens radiologiques (''Röntgenuntersuchungen'') et perçoit pour cela une rémunération d’un directeur médical (''Vergütung der ärztlichen Leitung'')<ref name="1a818763018abcbded16e66231cdde987c581a70">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940. Voir aussi Werner Wenz, Manfred Elke, Auguste Wackenheim, ''Radiologie am Oberrhein'', 1895 bis heute, Berlin, Schering, 1987, p. 159..</ref>. De plus, en sa qualité d’« assistant au laboratoire de pathologie externe de Strasbourg », Robert Welsch est nommé « officier d’académie » le 14 juillet 1939 par Jean Zay (1904-1944), le ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du gouvernement Daladier IV sous le Front populaire. Il s’agit ici d’une décoration honorifique de la République française correspondant au grade de chevalier des Palmes académiques (créée en 1955) et qui laisse subodorer que Welsch ait eu un rôle important, reconnu et apprécié dans l’enseignement de la radiologie à la faculté de médecine française de Strasbourg<ref name="03ab27eef1811513690b56092d26bdf35880f6e3">''Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces'', 71e année, n°165, 14 juillet 1939, p. 9017..</ref>.
 
Enfin, ajoutons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale, Robert Welsch n’avait pas été versé dans la réserve militaire de l’armée française, comme cela était le cas pour de nombreux Alsaciens qui avaient combattu dans l’armée allemande durant le conflit. Resté à la vie civile et poursuivant ses activités médicales, il ne participe pas non plus à la guerre de 1939-1940. Âgé de quarante-sept ans en 1939, il conserve son poste civil de radiologiste à l’hôpital civil, malgré la mobilisation générale de septembre 1939. Toutefois, avec l’évacuation de l’Alsace, le repli de l’université de Strasbourg à Clermont-Ferrand et celui des hospices civils à Clairvivre en Dordogne, Robert Welsch fait partie des médecins qui restent en Alsace<ref name="bed687208e99897a53765daa680686f72200c784">Sur le repli de l’hôpital civil en Dordogne, voir Christophe Woehrle, ''La Cité silencieuse, Strasbourg-Clairvivre (1939-1945)'', Beaumontis-en-Périgord, Les Éditions Secrets de Pays, 2019..</ref>. En effet, le 4 septembre 1939, il est affecté au Hohwald, un petit village de montagne dans le centre de l’Alsace, où une partie des hospices civils avait été déplacée. Il semble qu’il travaille sur place durant la « Drôle de guerre », jusqu’à ce qu’il obtienne un congé maladie au printemps 1940. En effet, le recteur de l’université lui avait accordé un « congé pour raisons de santé » du 15 avril au 14 juillet 1940, bénéficiant pendant ce trimestre d’absence d’un maintien total de son salaire et conservant son « traitement intégral »<ref name="c8c0b0788cfb109773d0ee619cbbc7282c5e122a">Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative.</ref>. Finalement, à la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, l’Alsace devient allemande et Robert Welsch reste à Strasbourg où il réussit à poursuivre sa carrière à l’hôpital civil.




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===La réhabilitation par les autorités nationales-socialistes (1940)===
===La réhabilitation par les autorités nationales-socialistes (1940)===


Robert Welsch fait partie des médecins alsaciens qui sont très rapidement rétablis dans leurs précédentes fonctions au sein de l’hôpital civil désormais allemand. Dans le cadre de la politique de défrancisation, de décléricalisation, de germanisation, de nazification et au final de mise au pas de la population alsacienne au cœur de ce territoire reconquis et rattaché au IIIe ''Reich'', le régime nazi avait effectué des purges dans le personnel des administrations. S’agissant des médecins, l’administration civile en Alsace (ou ''Gauleitung''), dirigée par le ''Gauleiter'' Robert Wagner, pris des dispositions pour contrôler le personnel soignant qui exerce ou exercerait en Alsace. En effet, si Robert Welsch a pu retrouver son poste si vite, c’est uniquement parce que la nouvelle administration nationale-socialiste établie en Alsace l’avait bien voulu. Dès le 13 juillet 1940, une ordonnance promulguée par le département médical (''Gesundheitswesen'') de la ''Gauleitung'', prévoyait que tous les médecins désireux d’ouvrir un cabinet ou d’obtenir un poste en Alsace étaient obligés de recevoir, au préalable, une autorisation en bonne et due forme par les services du Gauleiter. Dès lors, seuls les médecins agréés par les fonctionnaires nazis pouvaient exercer leur art en Alsace, ce qui constituait une première étape de sélection. Dans le curriculum vitae qu’il écrit dans le formulaire de candidature à un poste de fonctionnaire à l’université allemande de Strasbourg en novembre 1940, Robert Welsch précise :
Robert Welsch fait partie des médecins alsaciens qui sont très rapidement rétablis dans leurs précédentes fonctions au sein de l’hôpital civil désormais allemand. Dans le cadre de la politique de défrancisation, de décléricalisation, de germanisation, de nazification et au final de mise au pas de la population alsacienne au cœur de ce territoire reconquis et rattaché au IIIe ''Reich'', le régime nazi avait effectué des purges dans le personnel des administrations. S’agissant des médecins, l’administration civile en Alsace (ou ''Gauleitung''), dirigée par le ''Gauleiter'' Robert Wagner, pris des dispositions pour contrôler le personnel soignant qui exerce ou exercerait en Alsace. En effet, si Robert Welsch a pu retrouver son poste si vite, c’est uniquement parce que la nouvelle administration nationale-socialiste établie en Alsace l’avait bien voulu. Dès le 13 juillet 1940, une ordonnance promulguée par le département médical (''Gesundheitswesen'') de la ''Gauleitung'', prévoyait que tous les médecins désireux d’ouvrir un cabinet ou d’obtenir un poste en Alsace étaient obligés de recevoir, au préalable, une autorisation en bonne et due forme par les services du Gauleiter. Dès lors, seuls les médecins agréés par les fonctionnaires nazis pouvaient exercer leur art en Alsace, ce qui constituait une première étape de sélection<ref name="61bd316e30c1ef7ec0be23dd80f0f70e414c6644">ADBR, 126 AL 37, dossier 1, ''Anordnung des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass (Gesundheitswesen)'', 13 juillet 1940. Cet ordre a été transmis aux services des ''Strassburger Neueste Nachrichten'' qui ont publié un article à ce sujet dès le 20 juillet..</ref>. Dans le curriculum vitae qu’il écrit dans le formulaire de candidature à un poste de fonctionnaire à l’université allemande de Strasbourg en novembre 1940, Robert Welsch précise :


« Depuis le mois d’août 1940, je suis en charge des préparatifs de remise en route des services de la clinique chirurgicale B qui me sont subordonnés et j’exerce à nouveau mon travail depuis la réouverture des services de soins (''Krankenabteilungen'') par l’administration de l’hôpital ».
« Depuis le mois d’août 1940, je suis en charge des préparatifs de remise en route des services de la clinique chirurgicale B qui me sont subordonnés et j’exerce à nouveau mon travail depuis la réouverture des services de soins (''Krankenabteilungen'') par l’administration de l’hôpital »<ref name="b0a2926bd47d4f30d10de7903097e8757433a1d4">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Lebenslauf'', 24 novembre 1940 : « ''Seit August 1940 leitete ich die Wiederinstandsetzungsarbeiten der mir unterstellten Abteilungen der chirurgischen Klinik B und versehe wieder meinen Dienst seit der Wiedereröffnung der Krankenabteilungen der Klinik durch die Spitalverwaltung'' »..</ref>.


Si Robert Welsch indique organiser les préparatifs de remise en marche de la clinique chirurgicale B et de tous ses services depuis le mois d’août 1940, on peut légitiment accorder du crédit à ses dires, quand bien même il ne figure pas sur la liste du personnel médical des hospices civils à cette période. On ne trouve son nom ni sur la liste du 15 août, ni sur celle du 28 août, mais on remarquera que sur cette dernière, la chirurgie strasbourgeoise est déjà séparée en deux. En effet, en plus de la « ''1. Chirurgische Abteilung'' » dirigée par le Dr. Edmond Allenbach et qui est installée dans le bâtiment de l’ancienne école de sages-femmes (''frühere Hebammenschule''), il est déjà indiqué l’ouverture (''Eröffnung'') de la « ''2. Chirurgische Abteilung'' » était prévue au 2 septembre 1940. Dirigée par le Dr. Frédéric Froehlig, cette dernière était de toute évidence l’ancienne clinique chirurgicale A. Ayant gagné la confiance des Allemands, comme d’autres médecins alsaciens alors en poste à l’hôpital dans ce contexte singulier, Robert Welsch parvient ainsi à continuer sa carrière médicale à l’université allemande.
Si Robert Welsch indique organiser les préparatifs de remise en marche de la clinique chirurgicale B et de tous ses services depuis le mois d’août 1940, on peut légitiment accorder du crédit à ses dires, quand bien même il ne figure pas sur la liste du personnel médical des hospices civils à cette période. On ne trouve son nom ni sur la liste du 15 août, ni sur celle du 28 août, mais on remarquera que sur cette dernière, la chirurgie strasbourgeoise est déjà séparée en deux. En effet, en plus de la « ''1. Chirurgische Abteilung'' » dirigée par le Dr. Edmond Allenbach et qui est installée dans le bâtiment de l’ancienne école de sages-femmes (''frühere Hebammenschule''), il est déjà indiqué l’ouverture (''Eröffnung'') de la « ''2. Chirurgische Abteilung'' » était prévue au 2 septembre 1940. Dirigée par le Dr. Frédéric Froehlig, cette dernière était de toute évidence l’ancienne clinique chirurgicale A<ref name="d79a0f3ecba98a2aeee8c310673229087bb58b7c">ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, ''Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 15. und 28. August 1940''..</ref>. Ayant gagné la confiance des Allemands, comme d’autres médecins alsaciens alors en poste à l’hôpital dans ce contexte singulier, Robert Welsch parvient ainsi à continuer sa carrière médicale à l’université allemande.


De plus, il semble même qu’il ait réussi à redevenir fonctionnaire, dans la mesure où il remplit, en novembre 1940, le formulaire de recrutement des fonctionnaires et autres employés de l’université de Strasbourg dans la période de transition et d’installation de la ''Reichsuniversität Strassburg'' (inaugurée en novembre 1941). Le formulaire, destiné aux services du ''Kurator'' de l’université, est intitulé « ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'' ». Dans celui-ci, l’administration de l’université allemande souhaite obtenir quantité d’informations sur son état civil, ses origines, sa nationalité, sur ses parents et son épouse, afin de vérifier son aptitude politique, raciale et professionnelle pour un tel poste. Il doit renseigner les étapes de son parcours scolaire, universitaire et professionnel, le type d’examen obtenu et le type d’établissement fréquenté, en faisant une distinction entre les institutions ou les diplômes français et allemands. Il lui est d’ailleurs demandé d’indiquer son parcours en tant que fonctionnaire, puis de renseigner le parcours militaire au cours des guerres de 1914-1918 et de 1939-1940, avec les éventuelles périodes d’internement et les médailles obtenues. Enfin, plusieurs rubriques concernent ses appartenances et adhésions à différentes organisations, associations et partis politiques, religieux voire maçonniques, le tout étant complété par un curriculum vitae détaillé signé sur l’honneur.
De plus, il semble même qu’il ait réussi à redevenir fonctionnaire, dans la mesure où il remplit, en novembre 1940, le formulaire de recrutement des fonctionnaires et autres employés de l’université de Strasbourg dans la période de transition et d’installation de la ''Reichsuniversität Strassburg'' (inaugurée en novembre 1941). Le formulaire, destiné aux services du ''Kurator'' de l’université, est intitulé « ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'' ». Dans celui-ci, l’administration de l’université allemande souhaite obtenir quantité d’informations sur son état civil, ses origines, sa nationalité, sur ses parents et son épouse, afin de vérifier son aptitude politique, raciale et professionnelle pour un tel poste. Il doit renseigner les étapes de son parcours scolaire, universitaire et professionnel, le type d’examen obtenu et le type d’établissement fréquenté, en faisant une distinction entre les institutions ou les diplômes français et allemands. Il lui est d’ailleurs demandé d’indiquer son parcours en tant que fonctionnaire, puis de renseigner le parcours militaire au cours des guerres de 1914-1918 et de 1939-1940, avec les éventuelles périodes d’internement et les médailles obtenues. Enfin, plusieurs rubriques concernent ses appartenances et adhésions à différentes organisations, associations et partis politiques, religieux voire maçonniques, le tout étant complété par un curriculum vitae détaillé signé sur l’honneur<ref name="b2b184ef0c82a4f8b52a769d484c46aebf2e83f9">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940. Les informations fournies dans ce formulaire, fiables et pour la plupart vérifiables par croisement de sources, servent de base à la présente notice biographique..</ref>.


S’il n’est pas possible de dire avec certitude que Welsch ait été fonctionnaire allemand sous l’Occupation, on trouve un indice singulier dans ce formulaire, où il rappelle lui-même avoir été fonctionnaire français et avoir été rangé dans la classe de rémunération 1 (''Besoldungsstufe 1'') depuis 1935. Apparemment, même avec l’annexion, il continuait de percevoir son salaire, qui s’élevait alors à 313,53 RM mensuels à l’automne 1940. En tous les cas, durant l’année de transition et d’établissement de la ''Reichsuniversität Strassburg'', Robert Welsch est bel est bien médecin dans l’institution allemande. Dans les documents administratifs de l’époque, il est présenté dans les documents administratifs comme un « médecin spécialiste » (''Facharzt''), ce qui renvoie à sa spécialisation en radiologie. D’ailleurs, il est le chef du service radiologique de la clinique chirurgicale B II, installé au rez-de-chaussée depuis la Première Guerre mondiale (''Chirurgische Abteilung B II Erdgeschoss''). Au 1er décembre 1940, il fait partie des 64 médecins en poste à l’hôpital (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié d’entre eux est affectée dans les cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%). De plus, en ce qui concerne son statut, un indice est révélé dans les listes du personnel de l’hôpital au mois de mars et au mois d’avril 1941 : il a été recruté comme radiologue « faisant fonction d’assistant scientifique » (''Verwalter einer wissenschaftlichen Assistentenstelle''). Ajoutons qu’à compter du 1er avril 1941, tous les établissements de l’université de Strasbourg alors utilisés « pour soigner de la population » sont placés dans le giron de la ''Gauleitung'' qui en assure désormais alors l’administration provisoire. Une ordonnance du Gauleiter Robert Wagner, émise le 31 mars et entrant en vigueur le lendemain, prévoyait en effet leur gestion par le département « Éducation, enseignement et instruction du peuple » (''Abteilung Erziehung, Unterricht und Volksbildung'') de la ''Gauleitung''. Tous ces établissements sont alors réunis sous le terme générique de « cliniques hospitalo-universitaires de l’université de Strasbourg » (''klinische Anstalten der Universität Strassburg''), dans l’attente de la création de la ''Reichsuniversität Strassburg''. Ainsi, durant toute l’année 1941, Robert Welsch travaille comme radiologue aux Hospices civils, ne rencontrant aucune hostilité des autorités allemandes. Mais avec les préparatifs de l’instauration de la ''Reichsuniversität Strassburg'', les autorités nationales-socialistes soumettent tout de même Welsch, comme tous les autres médecins alsaciens et mosellans, à un examen politique.  
S’il n’est pas possible de dire avec certitude que Welsch ait été fonctionnaire allemand sous l’Occupation, on trouve un indice singulier dans ce formulaire, où il rappelle lui-même avoir été fonctionnaire français et avoir été rangé dans la classe de rémunération 1 (''Besoldungsstufe 1'') depuis 1935. Apparemment, même avec l’annexion, il continuait de percevoir son salaire, qui s’élevait alors à 313,53 RM mensuels à l’automne 1940<ref name="9cd568425ee4b549527f0ea2b1be349b600c2f18">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940..</ref>. En tous les cas, durant l’année de transition et d’établissement de la ''Reichsuniversität Strassburg'', Robert Welsch est bel est bien médecin dans l’institution allemande. Dans les documents administratifs de l’époque, il est présenté dans les documents administratifs comme un « médecin spécialiste » (''Facharzt''), ce qui renvoie à sa spécialisation en radiologie. D’ailleurs, il est le chef du service radiologique de la clinique chirurgicale B II, installé au rez-de-chaussée depuis la Première Guerre mondiale (''Chirurgische Abteilung B II Erdgeschoss''). Au 1er décembre 1940, il fait partie des 64 médecins en poste à l’hôpital (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié d’entre eux est affectée dans les cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%)<ref name="90731d3649d7150b0ab7a708d3eb3856ab9b19f0">ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, ''Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. Dezember 1940''..</ref>. De plus, en ce qui concerne son statut, un indice est révélé dans les listes du personnel de l’hôpital au mois de mars et au mois d’avril 1941 : il a été recruté comme radiologue « faisant fonction d’assistant scientifique » (''Verwalter einer wissenschaftlichen Assistentenstelle'')<ref name="94df5d21e507e06264faf624f73eaedfdda774d6">ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, ''Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. März 1941'' ; ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, ''Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. April 1941''..</ref>. Ajoutons qu’à compter du 1er avril 1941, tous les établissements de l’université de Strasbourg alors utilisés « pour soigner de la population » sont placés dans le giron de la ''Gauleitung'' qui en assure désormais alors l’administration provisoire. Une ordonnance du Gauleiter Robert Wagner, émise le 31 mars et entrant en vigueur le lendemain, prévoyait en effet leur gestion par le département « Éducation, enseignement et instruction du peuple » (''Abteilung Erziehung, Unterricht und Volksbildung'') de la ''Gauleitung''. Tous ces établissements sont alors réunis sous le terme générique de « cliniques hospitalo-universitaires de l’université de Strasbourg » (''klinische Anstalten der Universität Strassburg''), dans l’attente de la création de la ''Reichsuniversität Strassburg''<ref name="57ac0ab4b72b8987f2a3f10b9d5c91cfa19b57ae">« Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 31. März 1941 », in ''Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass'', n°12, 4 avril 1941, p. 242..</ref>. Ainsi, durant toute l’année 1941, Robert Welsch travaille comme radiologue aux Hospices civils, ne rencontrant aucune hostilité des autorités allemandes<ref name="56bf3f5a375bec2f9f1e5a5dbcc6f2df5d806b2c">ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, ''Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. März 1941''. ADBR, 126 AL 37, dossier 4, ''Ärzteverzeichnis der Zivilhospizien zu Strassburg, Stand vom 1. April 1941''. Voir aussi H. Lautsch, H. Dornedden (dir.), ''Verzeichnis der deutschen Ärzte und Heilanstalten (vormals Reichs-Medizinal-Kalender für Deutschland, Teil II)'', Nachtrag 8 zum Ärzteverzeichnis 193, Leipzig, Georg Thieme Verlag, 1942..</ref>. Mais avec les préparatifs de l’instauration de la ''Reichsuniversität Strassburg'', les autorités nationales-socialistes soumettent tout de même Welsch, comme tous les autres médecins alsaciens et mosellans, à un examen politique.  




===L’« évaluation politique » (1941-1942)===
===L’« évaluation politique » (1941-1942)===


Comme tous les médecins alsaciens et les mosellans en poste à la ''Reichsuniversität Strassburg'', Robert Welsch est soumis à la procédure habituelle d’« évaluation politique » (''politische Beurteilung''). L’objectif est de vérifier que la personnalité de Welsch, ses antécédents, ses convictions politiques, idéologiques et confessionnelles, ainsi que son comportement vis-à-vis de l’Allemagne, du national-socialisme et de la germanité dans son ensemble sont compatibles avec son emploi dans une université conçue, pensée et voulue comme un modèle du IIIe Reich. Après tout, si cette université est conçue, pensée et vue par le régime comme une vitrine du ''Reich'' et de la science nationale-socialiste, il était primordial de vérifier que le personnel qui y travaillait ou qui était amené à y travailler était en harmonie avec la politique générale et la vision du monde nazies. Il s’agit en quelque sorte de la troisième vérification effectuée par les Allemands, après que Welsch ait dû obtenir l’autorisation de la ''Gauleitung'' pour s’implanter comme médecin en Alsace (été 1940) et qu’il ait rempli le formulaire d’emploi comme fonctionnaire de l’université (novembre 1940). Comme à l’accoutumée, dans le cadre de cette nouvelle procédure, c’est le doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein, qui en est l’instigateur. Dès le 9 août 1941, celui-ci charge le service du personnel (''Personalamt'') de la ''Gauleitung'' d’enclencher la procédure et de contacter les autorités et services compétents. Deux jours plus tard, les fonctionnaires de la ''Gauleitung'' chargent leurs homologues de la direction locale du parti nazi (''Kreisleitung der NSDAP'') de mener l’enquête de terrain et de fournir un rapport précis sur Welsch. Le but est clairement indiqué : il s’agit de vérifier si Welsch est apte à être « employé comme radiologiste à la clinique chirurgicale B ». Le ''Sicherheitsdienst'', qui est également chargé de l’affaire, est le premier à rendre un rapport. En effet, dès le 1er septembre 1941, le Dr. Benmann, du ''SD'', écrit :
Comme tous les médecins alsaciens et les mosellans en poste à la ''Reichsuniversität Strassburg'', Robert Welsch est soumis à la procédure habituelle d’« évaluation politique » (''politische Beurteilung''). L’objectif est de vérifier que la personnalité de Welsch, ses antécédents, ses convictions politiques, idéologiques et confessionnelles, ainsi que son comportement vis-à-vis de l’Allemagne, du national-socialisme et de la germanité dans son ensemble sont compatibles avec son emploi dans une université conçue, pensée et voulue comme un modèle du IIIe Reich. Après tout, si cette université est conçue, pensée et vue par le régime comme une vitrine du ''Reich'' et de la science nationale-socialiste, il était primordial de vérifier que le personnel qui y travaillait ou qui était amené à y travailler était en harmonie avec la politique générale et la vision du monde nazies. Il s’agit en quelque sorte de la troisième vérification effectuée par les Allemands, après que Welsch ait dû obtenir l’autorisation de la ''Gauleitung'' pour s’implanter comme médecin en Alsace (été 1940) et qu’il ait rempli le formulaire d’emploi comme fonctionnaire de l’université (novembre 1940). Comme à l’accoutumée, dans le cadre de cette nouvelle procédure, c’est le doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein, qui en est l’instigateur. Dès le 9 août 1941, celui-ci charge le service du personnel (''Personalamt'') de la ''Gauleitung'' d’enclencher la procédure et de contacter les autorités et services compétents. Deux jours plus tard, les fonctionnaires de la ''Gauleitung'' chargent leurs homologues de la direction locale du parti nazi (''Kreisleitung der NSDAP'') de mener l’enquête de terrain et de fournir un rapport précis sur Welsch. Le but est clairement indiqué : il s’agit de vérifier si Welsch est apte à être « employé comme radiologiste à la clinique chirurgicale B »<ref name="7c8f2fee692d31880df7a0cd4713e82a64b453e7">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Demande d’évaluation politique de la ''Gauleitung'' (''Personalamt'') à la ''Kreisleitung der NSDAP'' (''Personalamt''), 11 août 1941..</ref>. Le ''Sicherheitsdienst'', qui est également chargé de l’affaire, est le premier à rendre un rapport. En effet, dès le 1er septembre 1941, le Dr. Benmann, du ''SD'', écrit :


« D’un point de vue caractériel et professionnel, le Dr. Welsch est en ordre. Il n’a jamais existé chez lui de sentiments francophiles. Il est très réservé [vis-à-vis de la politique nazie], mais son attitude envers la germanité est positive ».
« D’un point de vue caractériel et professionnel, le Dr. Welsch est en ordre. Il n’a jamais existé chez lui de sentiments francophiles. Il est très réservé [vis-à-vis de la politique nazie], mais son attitude envers la germanité est positive »<ref name="df419e4d4d098a3832c951a420b7bbac7e1f8a8d">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique du Dr. Benmann (''SD''), 1er septembre 1941 : « ''Dr. Welsch ist charakterlich und fachlich in Ordnung. Frankophile Einstellung hat nie bestanden. Er ist sehr zurückhaltend, aber das Verhältnis zum deutschen Volkstum ist positiv'' »..</ref>.


Le lendemain, vraisemblablement sur la base des renseignements fournis par le ''SD'' et sans doute aussi sur la base d’une enquête de voisinage menée par les fonctionnaires du parti nazi dans les différents découpages territoriaux du parti (notamment le ''Blockleiter'' et le ''Zellenleiter''), la ''Kreisleitung'' rend à son tour son rapport. Les fonctionnaires nazis avalisent sans la moindre objection de principe le maintien en poste de Robert Welsch dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Pour justifier un tel avis, le ''Kreisleiter'' et le ''Kreispersonalamtsleiter'' s’appuient sur les points suivants :
Le lendemain, vraisemblablement sur la base des renseignements fournis par le ''SD'' et sans doute aussi sur la base d’une enquête de voisinage menée par les fonctionnaires du parti nazi dans les différents découpages territoriaux du parti (notamment le ''Blockleiter'' et le ''Zellenleiter''), la ''Kreisleitung'' rend à son tour son rapport. Les fonctionnaires nazis avalisent sans la moindre objection de principe le maintien en poste de Robert Welsch dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Pour justifier un tel avis, le ''Kreisleiter'' et le ''Kreispersonalamtsleiter'' s’appuient sur les points suivants :


<div align="center">{{tra:Welsch-Ta-1}}</div>


 
<div align="center">{{tra:Welsch-Ta-2}}</div>


De plus, après avoir traité dans un premier temps par le Dr. Ludwig Benmann au ''SD'', l’enquête transite aussi par le bureau du ''SS-Obersturmbannführer'' Paul Hirschberg (1901-1999). Cet Alsacien, membre de la ''SS'' et du parti nazi de longue date, est le chef du ''Einsatzkommando III/1'' du ''Sipo-SD'' de Strasbourg. En cette qualité, il produit un rapport détaillé sur Welsch le 3 novembre 1941 :
De plus, après avoir traité dans un premier temps par le Dr. Ludwig Benmann au ''SD'', l’enquête transite aussi par le bureau du ''SS-Obersturmbannführer'' Paul Hirschberg (1901-1999). Cet Alsacien, membre de la ''SS'' et du parti nazi de longue date, est le chef du ''Einsatzkommando III/1'' du ''Sipo-SD'' de Strasbourg. En cette qualité, il produit un rapport détaillé sur Welsch le 3 novembre 1941 :


« S’il n’était effectivement pas actif politiquement par le passé, Welsch a toujours une attitude de rejet vis-à-vis de la nouvelle situation. Jusqu’à présent, il n’a pas adhéré une organisation du parti nazi. Il est irréprochable en ce qui concerne le caractère. Il possède une bonne réputation et vit dans une situation familiale ordonnée. Compte tenu de ses compétences professionnelles, il est proposé de le muter dans l’''Altreich'', puisque son comportement politique le rend incompatible avec le projet de reconstruction politique en Alsace (''Aufbauarbeiten im Elsass'') ».
« S’il n’était effectivement pas actif politiquement par le passé, Welsch a toujours une attitude de rejet vis-à-vis de la nouvelle situation. Jusqu’à présent, il n’a pas adhéré une organisation du parti nazi. Il est irréprochable en ce qui concerne le caractère. Il possède une bonne réputation et vit dans une situation familiale ordonnée. Compte tenu de ses compétences professionnelles, il est proposé de le muter dans l’''Altreich'', puisque son comportement politique le rend incompatible avec le projet de reconstruction politique en Alsace (''Aufbauarbeiten im Elsass'') »<ref name="8698e6e95728d6d1b636f95febab8ba96bc157e9">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique du ''SS-Obersturmbannführer'' Hirschberg (''Einsatzkommando III/1'' du ''Sipo-SD'' de Strasbourg) à la ''Gauleitung'' (''Personalamt''), 3 novembre 1941 : « ''Welsch hat sich zwar früher politisch nicht betätigt, nimmt aber auch den heutigen veränderten Verhältnissen gegenüber noch eine ablehnende Haltung ein. Einer Parteigliederung hat er sich bis bisher nicht angeschlossen. Charakterlich ist er einwandfrei. Er besitzt einen guten Leumund, lebt in geordneten Familienverhältnissen. Unter Berücksichtigung der fachlichen Fähigkeiten des Welsch wird vorgeschlagen, ihn nach dem Altreich zu versetzen, da er seiner politischen Haltung wegen für die Aufbau-Arbeiten im Elsass ungeeignet ist'' »..</ref>.


Le 12 novembre, environ trois mois après en avoir eu la demande par le doyen, le service du personnel de la ''Gauleitung'' envoie à Stein son rapport :
Le 12 novembre, environ trois mois après en avoir eu la demande par le doyen, le service du personnel de la ''Gauleitung'' envoie à Stein son rapport :


« Le Dr. Welsch n’a pas manifesté de convictions francophiles durant la période française de l’entre-deux-guerres. Malgré sa réserve, son attitude vis-à-vis de la germanité est positive. Je consens à ce qu’il continue d’être employé comme radiologiste au sein des cliniques universitaires. J’appelle cependant à ce que le Dr. Welsch soit encore incité à se mettre à disposition du parti dans le cadre de l’œuvre de construction politique nationale-socialiste en cours en Alsace [''Aufbauarbeiten'']. J’attends toujours la délivrance d’un certificat en ce sens ».
« Le Dr. Welsch n’a pas manifesté de convictions francophiles durant la période française de l’entre-deux-guerres. Malgré sa réserve, son attitude vis-à-vis de la germanité est positive. Je consens à ce qu’il continue d’être employé comme radiologiste au sein des cliniques universitaires. J’appelle cependant à ce que le Dr. Welsch soit encore incité à se mettre à disposition du parti dans le cadre de l’œuvre de construction politique nationale-socialiste en cours en Alsace [''Aufbauarbeiten'']. J’attends toujours la délivrance d’un certificat en ce sens »<ref name="f05247d4a2370618cfe170044dc64ded6ace7434">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique de la ''Gauleitung'' (''Personalamt'') adressé au doyen de la faculté de médecine, 12 novembre 1941 : « ''Dr. Welsch war während der Franzosenzeit nicht frankophil eingestellt. Trotz seiner Zurückhaltung ist seine Einstellung dem Deutschtum gegenüber positiv. Ich stimme seiner weiteren Verwendung als Röntgenarzt an den Universitätskliniken zu, bitte aber, Dr. Welsch noch zu veranlassen, dass er sich den allenthalben zu lösenden Aufbauarbeiten der Partei zur Verfügung stellt. Einer entsprechenden Bescheinigung hierüber sehe ich noch entgegen'' »..</ref>.


Notons enfin que le même courrier est renvoyé par la ''Gauleitung'' à Stein le 4 mars 1942, ce qui laisse subodorer que Robert Welsch n’ait pas fait véritablement d’efforts en faveur du régime et de la politique nazis. Loin de s’être investi dans les projets politiques et idéologiques du parti nazi, il semble faire montre d’une grande passivité, d’un désintérêt voire d’un total rejet de la politique.
Notons enfin que le même courrier est renvoyé par la ''Gauleitung'' à Stein le 4 mars 1942, ce qui laisse subodorer que Robert Welsch n’ait pas fait véritablement d’efforts en faveur du régime et de la politique nazis. Loin de s’être investi dans les projets politiques et idéologiques du parti nazi, il semble faire montre d’une grande passivité, d’un désintérêt voire d’un total rejet de la politique<ref name="258007b866ffca9cf92c95056bb5d318a7c4301b">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique de la ''Gauleitung'' (''Personalamt'') adressé au doyen de la faculté de médecine, 4 mars 1942 : « ''Dr. Welsch war während der Franzosenzeit nicht frankophil eingestellt. Trotz seiner Zurückhaltung ist seine Einstellung dem Deutschtum gegenüber positiv. Ich stimme seiner weiteren Verwendung als Röntgenarzt an den Universitätskliniken zu, bitte aber, Dr. Welsch noch zu veranlassen, dass er sich den allenthalben zu lösenden Aufbauarbeiten der Partei zur Verfügung stellt. Einer entsprechenden Bescheinigung hierüber sehe ich noch entgegen'' »..</ref>.




===Radiologue à la clinique chirurgicale de la ''Reichsuniversität Strassburg''===
===Radiologue à la clinique chirurgicale de la ''Reichsuniversität Strassburg''===


Avec la création de la ''Reichsuniversität Strassburg'', les cliniques chirurgicales sont fusionnées et passent sous la direction du professeur allemand Ludwig Zukschwerdt (1902-1974) qui s’entoure dans un premier temps de médecins alsaciens. Malgré les réticences émises par la direction locale du parti nazi, le ''SD'' et la ''Gauleitung'', Robert Welsch a pu conserver son poste à la ''Reichsuniversität Strassburg'', faisant ainsi partie de la cinquantaine de médecin alsaciens et mosellans qui ont été réinvestis dans leurs fonctions par les Allemands. La continuité permise par le régime national-socialiste dans le recrutement de médecins autochtones aboutit à une réelle originalité. Afin de mieux cerner l’état de la chirurgie strasbourgeoise durant la présence de Robert Welsch à la ''Reichsuniversität Strassburg'', il est intéressant de faire un instantané de la composition du personnel de la clinique chirurgicale. Sur les vingt-et-un médecins qui composent l’effectif médical de la clinique chirurgicale universitaire de la faculté de médecine de la ''Reichsuniversität Strassburg'' au 1er janvier 1942, il est frappant de remarquer que les Alsaciens, au nombre de treize (60%) représentent plus de la moitié du personnel. Aux Alsaciens s’ajoutent deux Mosellans (9,5%), ce qui porte le nombre de médecins issus des régions annexées à près de 75% de l’ensemble. La direction de la clinique est placée sous les ordres d’un professeur allemand, en revanche les Allemands du Reich (''RD'') ne représentent qu’un quart de l’effectif et ceux-ci n’occupent pas forcément les postes à responsabilités les plus élevés. Tous les chefs de service (''Abteilungsoberarzt'') sont en effet des médecins alsaciens à ce moment-là. De plus, les dernières recherches permettent de mettre en évidence qu’une majorité du personnel autochtone avait été réemployée dans les cliniques et instituts de la faculté de médecine. Ce même mois, on compte au moins cinquante Alsaciens (42%) et quatre Mosellans (3%) au sein de toutes les cliniques et de tous les instituts hospitalo-universitaires, ce qui signifie que plus de la moitié (45%) des postes de médecins attribués à la faculté de médecine sont revenus à des Alsaciens et à des Mosellans. La majorité d’entre eux travaillent d’ailleurs en chirurgie et en médecine, où ils représentent respectivement 71% et 57% des médecins employés dans ces cliniques, mais également 26% et 32% du total des Alsaciens et Mosellans identifiés dans l’ensemble des cliniques et instituts de la ''Reichsuniversität Strassburg''.
Avec la création de la ''Reichsuniversität Strassburg'', les cliniques chirurgicales sont fusionnées et passent sous la direction du professeur allemand Ludwig Zukschwerdt (1902-1974) qui s’entoure dans un premier temps de médecins alsaciens. Malgré les réticences émises par la direction locale du parti nazi, le ''SD'' et la ''Gauleitung'', Robert Welsch a pu conserver son poste à la ''Reichsuniversität Strassburg'', faisant ainsi partie de la cinquantaine de médecin alsaciens et mosellans qui ont été réinvestis dans leurs fonctions par les Allemands<ref name="eca864aa17314c396607e93bce39d89989fc18a9">Rainer Möhler, ''Die Reichsuniversität Strassburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen'', thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019, p. 541 et 735..</ref>. La continuité permise par le régime national-socialiste dans le recrutement de médecins autochtones aboutit à une réelle originalité. Afin de mieux cerner l’état de la chirurgie strasbourgeoise durant la présence de Robert Welsch à la ''Reichsuniversität Strassburg'', il est intéressant de faire un instantané de la composition du personnel de la clinique chirurgicale. Sur les vingt-et-un médecins qui composent l’effectif médical de la clinique chirurgicale universitaire de la faculté de médecine de la ''Reichsuniversität Strassburg'' au 1er janvier 1942, il est frappant de remarquer que les Alsaciens, au nombre de treize (60%) représentent plus de la moitié du personnel. Aux Alsaciens s’ajoutent deux Mosellans (9,5%), ce qui porte le nombre de médecins issus des régions annexées à près de 75% de l’ensemble. La direction de la clinique est placée sous les ordres d’un professeur allemand, en revanche les Allemands du Reich (''RD'') ne représentent qu’un quart de l’effectif et ceux-ci n’occupent pas forcément les postes à responsabilités les plus élevés. Tous les chefs de service (''Abteilungsoberarzt'') sont en effet des médecins alsaciens à ce moment-là<ref name="8e4c680d156fde2300a6d1084a5f39796008bf54">Jacques Héran, ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609 ''sqq''. ; Louis-François Hollender, Emmanuelle During-Hollender, « Anmerkungen zur Geschichte der Chirurgie in Strassburg », ''Zentralblatt für Chirurgie'', vol. 126, n°7, 2001..</ref>. De plus, les dernières recherches permettent de mettre en évidence qu’une majorité du personnel autochtone avait été réemployée dans les cliniques et instituts de la faculté de médecine. Ce même mois, on compte au moins cinquante Alsaciens (42%) et quatre Mosellans (3%) au sein de toutes les cliniques et de tous les instituts hospitalo-universitaires, ce qui signifie que plus de la moitié (45%) des postes de médecins attribués à la faculté de médecine sont revenus à des Alsaciens et à des Mosellans. La majorité d’entre eux travaillent d’ailleurs en chirurgie et en médecine, où ils représentent respectivement 71% et 57% des médecins employés dans ces cliniques, mais également 26% et 32% du total des Alsaciens et Mosellans identifiés dans l’ensemble des cliniques et instituts de la ''Reichsuniversität Strassburg''<ref name="261b0711b8e4e6f6afb4aff24a92a3ec4fcc6eaa">D’après ADBR, 126 AL 37, ''Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. Januar 1942'', on compte très exactement 120 noms, auxquels il faut retrancher celui de Bickenbach, qui apparaît dans deux services (''Abteilung III'' et institut de recherche de la clinique médicale). On obtient ainsi 119 médecins, dont 51 Allemands (RD), 50 Alsaciens, 4 Mosellans, 4 Luxembourgeois et 10 personnes dont la nationalité n’a pas pu être identifiée. Les cliniques qui ont le plus de personnels sont les cliniques médicale (30), chirurgicale (21), infantile (13) et gynécologique (12), comptant respectivement 56%, 71%, 38% et 33% de médecins issus des régions nouvellement annexées. D’autres cliniques, disposant de bien moins de personnel, comme la dermatologie (5 médecins), la psychiatrie-neurologie (4) ou l’orthopédie (2), affichent bien souvent une surreprésentation d’Alsaciens (respectivement 80%, 75% et 100%). On remarque enfin qu’au 1er janvier 1942, aucun Alsacien et aucun Mosellan ne travaille à la clinique ORL ou à la clinique ophtalmologique..</ref>.


Le tableau ci-dessous est un extrait de la liste du personnel de la clinique chirurgicale de la ''Reichsuniversität Strassburg'' au 1er janvier 1942. Comme sur le document original établi par la direction de l’hôpital, nous présentons ici les différents médecins en fonction de leur statut et de leur service de rattachement, mais également en fonction de leur nationalité, telle qu’elle a été ajoutée à la main sur le document. Il offre un instantané, un arrêt sur image du personnel en poste à ce moment-là :
Le tableau ci-dessous est un extrait de la liste du personnel de la clinique chirurgicale de la ''Reichsuniversität Strassburg'' au 1er janvier 1942. Comme sur le document original établi par la direction de l’hôpital, nous présentons ici les différents médecins en fonction de leur statut et de leur service de rattachement, mais également en fonction de leur nationalité, telle qu’elle a été ajoutée à la main sur le document. Il offre un instantané, un arrêt sur image du personnel en poste à ce moment-là :


 
<div align="center">{{tra:Personnel-Clinique-Chirurgicale-1942-01-01-Ta-1}}</div>
 


De plus, l’image de la clinique chirurgicale que nous donnent les sources est également celle d’une clinique saturée, fonctionnant à flux tendu et permettant d’imaginer le quotidien de Robert Welsch et de ses confrères. L’étude du taux d’occupation de la chirurgie strasbourgeoise est possible grâce à des tableaux envoyés chaque mois par la direction de l’hôpital à la ''Gauleitung'', en même temps que la liste du personnel. Bien sûr, les chiffres indiqués ne révèlent l’état de la clinique qu’à un moment donnée, à une date précise (généralement le neuvième ou le premier jour du mois) et ne fournissent malheureusement pas de données chiffrées pour l’ensemble du mois, ce qui permettrait des calculs plus précis et justes. Néanmoins, l’étude statistique témoigne sans aucun doute de la saturation des services chirurgicaux – hors hôpital orthopédique Stéphanie –, avec un taux d’occupation dépassant 90% pour seulement 425 lits chirurgicaux disponibles entre mars et août 1942, un nombre porté à 451 le mois suivant, puis à 459 jusqu’à la fin de l’année 1942.
De plus, l’image de la clinique chirurgicale que nous donnent les sources est également celle d’une clinique saturée, fonctionnant à flux tendu et permettant d’imaginer le quotidien de Robert Welsch et de ses confrères. L’étude du taux d’occupation de la chirurgie strasbourgeoise est possible grâce à des tableaux envoyés chaque mois par la direction de l’hôpital à la ''Gauleitung'', en même temps que la liste du personnel. Bien sûr, les chiffres indiqués ne révèlent l’état de la clinique qu’à un moment donnée, à une date précise (généralement le neuvième ou le premier jour du mois) et ne fournissent malheureusement pas de données chiffrées pour l’ensemble du mois, ce qui permettrait des calculs plus précis et justes. Néanmoins, l’étude statistique témoigne sans aucun doute de la saturation des services chirurgicaux – hors hôpital orthopédique Stéphanie –, avec un taux d’occupation dépassant 90% pour seulement 425 lits chirurgicaux disponibles entre mars et août 1942, un nombre porté à 451 le mois suivant, puis à 459 jusqu’à la fin de l’année 1942.


<div align="center">{{tra:Occupation-lits-Clinique-Chirurgicale-1942-Ta-1}}</div>


[[File:Welsch_graphique_1.jpg|frame|center|alt=Alt text|<div style="text-align: center"><u>Graphique 1 :</u> Taux d’occupation des lits chirurgicaux à la Reichsuniversität Strassburg entre mars et décembre 1942 (en %)<ref name="a0dc66db3c564f242440056e661e0bdf7b1e3ab0">ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, ''Meldung über die Zahl der in unserem Klinikum beschäftigten Assistenzärzte und Ärztinnen, Stand vom 9. März, 9. April, 9. Mai, 9. Juni, 9. Juli, 1. August, 1. September, 1. Oktober, 1. November und 1. Dezember 1942''. Pour simplifier la lecture du graphique et mieux percevoir le pourcentage de lits chirurgicaux encore disponibles, nous avons volontairement fait commencer la graduation des pourcentages à 70%. En moyenne, sur toute la période considérée, il y a environ trente-huit lits non occupés à la clinique chirurgicale (en mars à peine dix-huit et en avril quatre-vingt-treize).</ref></div>]]


[[File:Installation_Roentgenabteilung.jpg|thumb|''Figure 4 : © Héran, p. 690.'']]


C’est donc dans ce contexte que Robert Welsch, poursuit sa carrière médicale à la ''Reichsuniversität Strassburg'', durant les trois années de son existence. Dans l’état actuel des recherches, il semble que Welsch n’ait jamais subi la mesure de rééducation que prévoyaient le ''SD'', la ''Kreisleitung'' et la ''Gauleitung'' dès 1941. N’ayant donc jamais été envoyé en Allemagne dans le cadre du service médical obligatoire (''Notdienstverpflichtung'') comme certains de ses confrères alsaciens, Welsch aurait été affecté durant toute la guerre à la clinique chirurgicale de Zukschwerdt. Jusque fin 1944, il travaillait au service de radiologie (''Röntgenabteilung'') et occupait plus précisément la fonction de chef de ce service (''Oberarzt der Röntgenabteilung''), n’ayant eu apparemment aucun collaborateur à ses côtés.
C’est donc dans ce contexte que Robert Welsch, poursuit sa carrière médicale à la ''Reichsuniversität Strassburg'', durant les trois années de son existence. Dans l’état actuel des recherches, il semble que Welsch n’ait jamais subi la mesure de rééducation que prévoyaient le ''SD'', la ''Kreisleitung'' et la ''Gauleitung'' dès 1941. N’ayant donc jamais été envoyé en Allemagne dans le cadre du service médical obligatoire (''Notdienstverpflichtung'') comme certains de ses confrères alsaciens, Welsch aurait été affecté durant toute la guerre à la clinique chirurgicale de Zukschwerdt. Jusque fin 1944, il travaillait au service de radiologie (''Röntgenabteilung'') et occupait plus précisément la fonction de chef de ce service (''Oberarzt der Röntgenabteilung''), n’ayant eu apparemment aucun collaborateur à ses côtés<ref name="0b1f50fe899cde4cff19331560392c0b949e18ed">Voir ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Liste du personnel médical des cliniques et instituts de la ''Reichsuniversität Strassburg'', état du 1er janvier 1942 au 1er novembre 1943. Voir également Reichsuniversität Strassburg, ''Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1943'', Strasbourg, P. Heitz & Co., 1943, p. 37 ; Reichsuniversität Strassburg, ''Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Winter-Semester 1943-1944'', Strasbourg, P. Heitz & Co., 1943, p. 37; Reichsuniversität Strassburg, ''Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1944'', Strasbourg, P. Heitz & Co., 1944, p. 37 ; Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, ''Winter-Semester 1944-1945'', Strasbourg, P. Heitz & Co., 1944, p. 42..</ref>.


C’est dans le cadre de ces fonctions qu’il rencontre au moins deux détenus du camp de Natzweiler, Stefan Grün et Georg Lütz (matricules 180 et 205), qui sont admis dans son service en décembre 1941 pour la réalisation de clichés radiographiques à la suite de fractures, lors de leur hospitalisation à la clinique chirurgicale de la ''RUS''.
C’est dans le cadre de ces fonctions qu’il rencontre au moins deux détenus du camp de Natzweiler, Stefan Grün et Georg Lütz (matricules 180 et 205), qui sont admis dans son service en décembre 1941 pour la réalisation de clichés radiographiques à la suite de fractures, lors de leur hospitalisation à la clinique chirurgicale de la ''RUS''.
Avec l’évacuation de la ''Reichsuniversität Strassburg'' outre-Rhin en novembre 1944, Robert Welsch fait enfin partie des médecins alsaciens qui « restent à Strasbourg » et qui ne suivent pas le personnel allemand à Tübingen.
 
Avec l’évacuation de la ''Reichsuniversität Strassburg'' outre-Rhin en novembre 1944, Robert Welsch fait enfin partie des médecins alsaciens qui « restent à Strasbourg » et qui ne suivent pas le personnel allemand à Tübingen<ref name="2a9d96dbb9308b50b413241f921c472b16e828e3">BArch, R 76/IV 27, Annuaire du personnel de la ''Reichsuniversität Strassburg'' repliée à Tübingen, 26 mars 1945..</ref>.




Ligne 144 : Ligne 154 :
===Retour à la clinique chirurgicale B===
===Retour à la clinique chirurgicale B===


En juin 1945, le professeur Alfred Weiss (1898-1979) revient de Clermont-Ferrand et rouvre la clinique chirurgicale B dont il assure désormais la direction. S’entourant d’une équipe de chirurgiens essentiellement alsaciens – parmi lesquels René Keller (1907-1985), Frédéric Buck (1913-2006), Paul Steimlé (1912-2004), Frédéric Hurter rejoint par d’autres médecins de l’équipe clermontoise –, Weiss réorganise sa clinique dans l’immédiat après-guerre. L’un de ses anciens élèves, le chirurgien Louis-François Hollender, indique que dans cette entreprise de réorganisation et de modernisation de sa clinique, Weiss s’était inspiré de ce qu’il avait vu aux États-Unis. Il cherchait à exporter et à appliquer à Strasbourg ce qu’il avait observé au cours de ses voyages répétés, notamment comme « ''Rockfeller fellow'' » et avait fini par diriger un vaste complexe chirurgical composé de quelque 320 lits chirurgicaux et d’une grande équipe spécialisée. On note par exemple la création, sous son impulsion, du premier service de soins intensifs et de réanimation en France (alors appelé « décochage »). Une unité de pointe en neurochirurgie est confiée à Demeter Philippidès (1907-1999) et Bernard Montrieul (1919-1979), tandis que Louis-François Hollender (1922-2011) est chargé de l’unité de chirurgie digestive, biblio-pancréatique et colorectale. Les Alsaciens Jean-Paul Witz (1922-2018) et Philippe Reys (1928-) s’occupent quant à eux de la chirurgie thoracique et œsophagienne, alors que Eugène Schvingt (1925-1996) prend en charge la chirurgie osseuse, en particulier des fractures et des affections de la hanche. Enfin, d’anciens services spécialisés sont conservés, comme la policlinique chirurgicale, aux mains du Mosellan Lucien Molé (1921-1980) puis de Norbert Aprosio (1919-2009), ou encore l’unité d’urologie, où servent les Drs. Marcel Heller et Eugène Blum. De même, la clinique chirurgicale B conserve son propre service de radiologie, dont la gestion reste l’apanage du Dr. Robert Welsch et de son adjoint Jean-Paul Wagner.
[[File:Robert_Welsch_radiologue_chirurgicale_B.jpg|thumb|''Figure 5 © Héran, p. 691.'']]
 
En juin 1945, le professeur Alfred Weiss (1898-1979) revient de Clermont-Ferrand et rouvre la clinique chirurgicale B dont il assure désormais la direction. S’entourant d’une équipe de chirurgiens essentiellement alsaciens – parmi lesquels René Keller (1907-1985), Frédéric Buck (1913-2006), Paul Steimlé (1912-2004), Frédéric Hurter rejoint par d’autres médecins de l’équipe clermontoise –, Weiss réorganise sa clinique dans l’immédiat après-guerre. L’un de ses anciens élèves, le chirurgien Louis-François Hollender, indique que dans cette entreprise de réorganisation et de modernisation de sa clinique, Weiss s’était inspiré de ce qu’il avait vu aux États-Unis. Il cherchait à exporter et à appliquer à Strasbourg ce qu’il avait observé au cours de ses voyages répétés, notamment comme « ''Rockfeller fellow'' » et avait fini par diriger un vaste complexe chirurgical composé de quelque 320 lits chirurgicaux et d’une grande équipe spécialisée. On note par exemple la création, sous son impulsion, du premier service de soins intensifs et de réanimation en France (alors appelé « décochage »). Une unité de pointe en neurochirurgie est confiée à Demeter Philippidès (1907-1999) et Bernard Montrieul (1919-1979), tandis que Louis-François Hollender (1922-2011) est chargé de l’unité de chirurgie digestive, biblio-pancréatique et colorectale. Les Alsaciens Jean-Paul Witz (1922-2018) et Philippe Reys (1928-) s’occupent quant à eux de la chirurgie thoracique et œsophagienne, alors que Eugène Schvingt (1925-1996) prend en charge la chirurgie osseuse, en particulier des fractures et des affections de la hanche. Enfin, d’anciens services spécialisés sont conservés, comme la policlinique chirurgicale, aux mains du Mosellan Lucien Molé (1921-1980) puis de Norbert Aprosio (1919-2009), ou encore l’unité d’urologie, où servent les Drs. Marcel Heller et Eugène Blum. De même, la clinique chirurgicale B conserve son propre service de radiologie, dont la gestion reste l’apanage du Dr. Robert Welsch et de son adjoint Jean-Paul Wagner<ref name="e6f56a53e579ea9de80bc3941d5e4ab8ec4aa9d0">Louis-François Hollender, « La clinique chirurgicale B d’Alfred Weiss », ''in'' Jacques Héran, ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 690-691..</ref>.




===Un médecin décoré===
===Un médecin décoré===


De plus, la carrière de Robert Welsch est également couronnée d’une prestigieuse distinction honorifique de la République française. Dès le mois de mars 1948, le préfet du Bas-Rhin charge le service des Renseignements Généraux de Strasbourg de réaliser une enquête sur Welsch dans le cadre du dépôt d’un dossier de candidature visant à lui accorder les « palmes d’officier de l’instruction publique ». Un rapport interne établi le même mois par l’inspecteur Albert Andlauer confirme que « les renseignements recueillis sur le susnommé au point de vue national sont favorables » et que la « proposition le concernant mérite d’être prise en considération ». En outre, il souligne que « pendant l’occupation, l’intéressé ne s’est pas compromis avec l’Occupant. Il n’a appartenu à aucune formation nationale-socialiste et son attitude générale pendant cette période n’a donné lieu à aucune remarque particulière », si bien que le service des Renseignements Généraux ne voit aucune objection à ce qu’on lui décerne la médaille. Grâce à cet avis favorable, Édouard Depreux (1898-1981), l’éphémère ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Schuman I, prend un arrêté ministériel qui officialise sa nomination. Robert Welsch est effectivement décoré de la croix d’officier de l’instruction publique lors d’une cérémonie organisée le 14 juillet 1948. Signalons qu’à la même cérémonie de remise de la médaille, son confrère radiologue de la clinique médicale A Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952) et son confrère de la clinique neurologique Louis Crusem (1890-?), alors tous deux « assistant[s] à la faculté de médecine » comme lui, sont aussi distingués par la République. Ainsi, s’il avait été nommé officier d’académie en juillet 1939 (cf. supra), c’est-à-dire l’équivalent du grade de chevalier des Palmes académiques, en 1948, il est à présent élevé au grade d’officier d’instruction publique, ce qui correspond aujourd’hui au grade d’officier des Palmes académiques. Tout cela laisse donc à penser que parallèlement à ses activités cliniques, Robert Welsch possédait également une charge d’enseignement, lui permettant de transmettre son savoir et sa longue expérience aux étudiants strasbourgeois.
De plus, la carrière de Robert Welsch est également couronnée d’une prestigieuse distinction honorifique de la République française. Dès le mois de mars 1948, le préfet du Bas-Rhin charge le service des Renseignements Généraux de Strasbourg de réaliser une enquête sur Welsch dans le cadre du dépôt d’un dossier de candidature visant à lui accorder les « palmes d’officier de l’instruction publique »<ref name="fb4444972f5e6e4b4583e4750db8efad700d9880">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Lettre du Préfet du Bas-Rhin au Commissaire divisionnaire, chef du service des Renseignements Généraux de Strasbourg, 18 mars 1948..</ref>. Un rapport interne établi le même mois par l’inspecteur Albert Andlauer confirme que « les renseignements recueillis sur le susnommé au point de vue national sont favorables » et que la « proposition le concernant mérite d’être prise en considération ». En outre, il souligne que « pendant l’occupation, l’intéressé ne s’est pas compromis avec l’Occupant. Il n’a appartenu à aucune formation nationale-socialiste et son attitude générale pendant cette période n’a donné lieu à aucune remarque particulière », si bien que le service des Renseignements Généraux ne voit aucune objection à ce qu’on lui décerne la médaille<ref name="6c12e11825d6f97d5700744211b6ecc6374d4c55">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport de l’inspecteur Andlauer au Commissaire divisionnaire, chef du service des Renseignements Généraux de Strasbourg, 23 mars 1948..</ref>. Grâce à cet avis favorable, Édouard Depreux (1898-1981), l’éphémère ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Schuman I, prend un arrêté ministériel qui officialise sa nomination. Robert Welsch est effectivement décoré de la croix d’officier de l’instruction publique lors d’une cérémonie organisée le 14 juillet 1948. Signalons qu’à la même cérémonie de remise de la médaille, son confrère radiologue de la clinique médicale A Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952) et son confrère de la clinique neurologique Louis Crusem (1890-?), alors tous deux « assistant[s] à la faculté de médecine » comme lui, sont aussi distingués par la République<ref name="737f9f56469d95999f6dbd06dcbb93338532a44f">Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Robert Welsch, carte nominative. Voir également ''Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces'', année 84, n°178, 29 juillet 1948, p. 7496. Robert Welsch fait partie de la même promotion que Louis Crusem et Auguste Schaaf, alors tous deux « assistant[s] à la faculté de médecine de Strasbourg », à être nommés officiers de l’instruction publique..</ref>. Ainsi, s’il avait été nommé officier d’académie en juillet 1939 (cf. ''supra''), c’est-à-dire l’équivalent du grade de chevalier des Palmes académiques, en 1948, il est à présent élevé au grade d’officier d’instruction publique, ce qui correspond aujourd’hui au grade d’officier des Palmes académiques. Tout cela laisse donc à penser que parallèlement à ses activités cliniques, Robert Welsch possédait également une charge d’enseignement, lui permettant de transmettre son savoir et sa longue expérience aux étudiants strasbourgeois.




===Fin de carrière===
===Fin de carrière===
   
   
Dès le mois d’août 1957, ayant l’ancienneté et l’âge nécessaires, Robert Welsch est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Toutefois, ne souhaitant pas encore quitter l’hôpital et son service radiologique dans lequel il a fait carrière, il obtient un report et ainsi que plusieurs maintiens en fonction grâce à des arrêtés ministériels publiés au Journal officiel de la République française. Il poursuit donc sa carrière en qualité d’« assistant à la Faculté de médecine de l’université de Strasbourg » jusqu’à ce qu’il prenne finalement sa retraite au 30 septembre 1959 à l’âge de soixante-sept ans, après avoir encore bénéficié d’une promotion qu’il lui assurait une belle rente. En poste en clinique depuis septembre 1915, Robert Welsch a passé en totalité quarante-quatre ans à l’hôpital civil de Strasbourg, connaissant au final trois changement d’administrations : allemande jusqu’en 1919, française dans l’entre-deux-guerres, à nouveau allemande entre 1940 et 1944 et enfin à nouveau française depuis la Libération. Présent au service de radiologie de la clinique chirurgicale B depuis 1920, Welsch a passé près de quarante ans dans ce service, un record aussi impressionnant que celui de son confrère Frédéric-Auguste Schaaf en radiologie de la médecine A. Enfin, ajoutons qu’au départ de Robert Welsch de la clinique, puis de son adjoint Jean-Paul Wagner, c’est le Dr. Pierre Bloch qui assure la direction du service de radiologie de la chirurgie B dans les années 1960.
Dès le mois d’août 1957, ayant l’ancienneté et l’âge nécessaires, Robert Welsch est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Toutefois, ne souhaitant pas encore quitter l’hôpital et son service radiologique dans lequel il a fait carrière, il obtient un report et ainsi que plusieurs maintiens en fonction grâce à des arrêtés ministériels publiés au Journal officiel de la République française. Il poursuit donc sa carrière en qualité d’« assistant à la Faculté de médecine de l’université de Strasbourg » jusqu’à ce qu’il prenne finalement sa retraite au 30 septembre 1959 à l’âge de soixante-sept ans, après avoir encore bénéficié d’une promotion qui lui assurait une belle rente<ref name="f18fec2e216b0c84ce3884a321c2fc3eff47a9c9">Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative. En totalité, Robert Welsch fait l’objet de trois arrêtés ministériels lui permettant à chaque fois, « par ancienneté d’âge et de service » de faire valoir ses droits à la retraite, le premier à compter du 6 août 1957, le deuxième à compter du 6 août 1958 et le troisième à compter du 6 août 1959, mais bénéficiant à chaque fois d’un maintien en fonction jusqu’au 30 septembre de l’année en cours. À deux reprises, le 12 août 1957 et le 17 juin 1958, le ministre prend un décret qui permet à Welsch de poursuivre sa carrière. En ce qui concerne son traitement, signalons que l’année précédant son départ, le ministre l’a « rangé au 1er octobre 1958 en 1e classe des assistants catégorie 7 par décret du 22 novembre 1958 avec une ancienneté de 14 ans, 5 mois et 4 jours » (arrêté ministériel du 30 janvier 1959)..</ref>. En poste en clinique depuis septembre 1915, Robert Welsch a passé en totalité quarante-quatre ans à l’hôpital civil de Strasbourg, connaissant au final trois changement d’administrations : allemande jusqu’en 1919, française dans l’entre-deux-guerres, à nouveau allemande entre 1940 et 1944 et enfin à nouveau française depuis la Libération. Présent au service de radiologie de la clinique chirurgicale B depuis 1920, Welsch a passé près de quarante ans dans ce service, un record aussi impressionnant que celui de son confrère Frédéric-Auguste Schaaf en radiologie de la médecine A. Enfin, ajoutons qu’au départ de Robert Welsch de la clinique, puis de son adjoint Jean-Paul Wagner, c’est le Dr. Pierre Bloch qui assure la direction du service de radiologie de la chirurgie B dans les années 1960<ref name="e6f56a53e579ea9de80bc3941d5e4ab8ec4aa9d0">Louis-François Hollender, « La clinique chirurgicale B d’Alfred Weiss », ''in'' Jacques Héran, ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 690-691..</ref>.




===Vie privée===
===Vie privée===


En ce qui concerne la vie privée et personnel de Robert Welsch, signalons uniquement qu’il s’est marié le 4 novembre 1922 à Strasbourg avec Johanna Rothhan, née le 1er mai 1889 à Strasbourg dans une famille alsacienne et allemande modeste. De leur union est né un garçon, prénommé Robert Heinrich, le 24 août 1929. Domicilié dans un appartement situé au 2, rue Fischart dans le cœur historique de la ville de Strasbourg depuis les années 1930, Robert Welsch mène une vie de famille assez calme, son fils étant scolarisé au Gymnase Jean-Sturm, une école confessionnelle protestante où il avait lui-même étudié une quarantaine d’année auparavant, ce qui semble témoigner d’un attachement assez profond avec la religion, sans aucun doute hérité de l’éducation qu’il a reçue de ses parents. Enfin, le 16 février 1972, Robert Welsch s’éteint à Strasbourg à l’âge de soixante-dix-neuf ans.
En ce qui concerne la vie privée et personnel de Robert Welsch, signalons uniquement qu’il s’est marié le 4 novembre 1922 à Strasbourg avec Johanna Rothhan, née le 1er mai 1889 à Strasbourg dans une famille alsacienne et allemande modeste. De leur union est né un garçon, prénommé Robert Heinrich, le 24 août 1929. Domicilié dans un appartement situé au 2, rue Fischart dans le cœur historique de la ville de Strasbourg depuis les années 1930, Robert Welsch mène une vie de famille assez calme, son fils étant scolarisé au Gymnase Jean-Sturm, une école confessionnelle protestante où il avait lui-même étudié une quarantaine d’année auparavant, ce qui semble témoigner d’un attachement assez profond avec la religion, sans aucun doute hérité de l’éducation qu’il a reçue de ses parents<ref name="7d93f18790eb99b7cc252ab0593464892438902f">ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), ''Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg'', 24 novembre 1940. Voir aussi ADBR, 4E482/206, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de J. Rothhan, Acte n°1350/1889. Concernant les beaux-parents de Robert Welsch, précisons que le père de Johanna, Michael Rothhan, est né le 29 août 1853 à Haguenau et est décédé le 14 octobre 1894 à Strasbourg. Exerçant la profession de brasseur (''Bierbrauer''), il avait épousé en 1878 à Strasbourg une Allemande, Luise Metz, née le 1er juillet 1859 à Oberotterbach en Rhénanie-Palatinat et décédée le 11 janvier 1926 à Strasbourg). Si le père était de confession catholique, la mère était protestante, comme Johanna d’ailleurs..</ref>. Enfin, le 16 février 1972, Robert Welsch s’éteint à Strasbourg à l’âge de soixante-dix-neuf ans<ref name="194ecb0aa4de025d9da634365b9e16266c90e586">ADBR 4E482/233, 4E482/234, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de R. Welsch, Acte n°2273/1892..</ref>.
 
 
==Lebenslauf “brut” 24/11/1940==
 
Geboren und wohnhaft zu Straßburg, besuchte ich der protestantische Gymnasium von der Vorschule bis zur Reifeprüfung. Anschließend widmete ich mich dem ärztlichen Studium an der Universität Straßburg, wo ich dann auch das Staatsexamen ablegte und unter Dekan Keibel zum Dr. med. promovierte. Gesundheitlich zum Heeresdienst untauglich, war ich in den ersten Jahren des letzten Weltkrieges als Hilfsarzt im damaligen Festungslazarett XI (Lehrerseminar) in Straßburg tätig.
 
Mit 1. September 1915 begann ich meine unterbrochene, jetzt 25-jährige klinische Tätigkeit an der Universitätskliniken im Bürgerspitale zu Straßburg: zweieinhalb Jahre in der chirurgischen Universitätsklinik (Prof. Madelung), ein Jahr in der medizinischen Universitätsklinik (Prof. Erich Meyer); seit 1919 in der chirurgischen Universitätsklinik (Prof. Stolz) und zwar als Röntgenologe der Klinik in der Staatsstellung als Universitätsbeamter des Lokalkaders mit Pensionsberechtigung vom 1. September 1915, entsprechend meiner Anstellung durch den Kurator der Kaiser-Wilhelms-Universität.
 
Nachdem ich so in Chirurgie und innerer Medizin spezialistisch ausgebildet und dabei schon nebenbei internistisch in der chirurgischen Universitätsklinik A, sowie in der Röntgenzentrale (Prof. Dietlen) röntgenologisch tätig gewesen, leite ich seit 20 Jahren die Röntgenabteilung der chirurgischen Universitätsklinik B (3000-4000 Patienten pro Jahr), sowie nebenbei das Laboratorium der Klinik.
 
Mit Kriegsausbruch 1939 wurde ich den im Hohwald (Elsass) verbleibenden Spitalabteilungen der Zivilhospizien von Straßburg zugeteilt.
Seit August 1940 leitete ich die Wiederinstandsetzungsarbeiten der mir unterstellten Abteilungen der Chirurgischen Klinik B und versehe wieder meinen Dienst seit der Wiederöffnung der Krankenabteilung der Klinik durch die Spitalverwaltung.
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Robert Welsch
Robert Welsch

Prénom Robert
Nom Welsch
Sexe masculin
Naissance 6 août 1892 (Strasbourg)
Décès 16 février 1972 (Strasbourg)
Profession du père Pasteur

These Ein Beitrag zur Kenntnis der Komplikationen der Neurofibromatose (Kaiser-Wilhelms-Universität Straβburg, KWU, 1918)
Profession Arzt

Titre Dr. med.


Robert Welsch (1892-1972) est un médecin et radiologiste alsacien. Né à Strasbourg en 1892 sous le Reich de Guillaume II, il fait ses études à la Kaiser-Wilhelm-Universität entre 1913 et 1918, soutenant sa thèse de doctorat quelques jours après l’armistice, le 28 novembre 1918. En parallèle de ses études médicales, il est appelé dans l’armée allemande en 1914 et sert en qualité de Hilfsarzt dans un hôpital militaire strasbourgeois, avant d’être rendu à la vie civile au 1er septembre 1915. Débutant alors sa carrière médicale, hospitalière et scientifique à ce moment-là, il commence à travailler comme Assistent à la clinique chirurgicale et devient élève du professeur Otto Wilhelm Madelung (1846-1926) jusqu’en mai 1918. Après un passage à la clinique médicale du professeur Erich Meyer (1874-1927) jusqu’en mai 1919, il retourne à la clinique chirurgicale B de l’hôpital civil redevenu français après la Première Guerre mondiale. 1919.

Obtenant la nationalité française par réintégration, Robert Welsch poursuit sa carrière à la faculté de médecine de l’université française de Strasbourg, d’abord comme assistant radiologiste, puis comme chef du service de radiologie et responsable du laboratoire de radiologie de la chirurgie B du professeur Albert Stolz (1870-1948). Prenant également en charge le service radiologique de l’hôpital confessionnel (protestant) des diaconesses de Strasbourg en avril 1929, Robert Welsch poursuit sa carrière à la clinique dans l’entre-deux-guerres. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, l’évacuation de l’Alsace et le repli de l’université vers Clermont-Ferrand et de l’hôpital civil à Clairvivre, Welsch fait partie de ceux qui restent en Alsace. À partir de septembre 1939, il est affecté au Hohwald, un petit village de montagne dans le centre de l’Alsace, où une partie des hospices civils avait été déplacée. Il y sert jusqu’en 1940, recevant un congé pour raisons de santé entre la mi-avril et la mi-juillet 1940, ce qui signifie qu’il était à Strasbourg lors de l’armistice et l’annexion de l’Alsace qui s’en est suivie.

Avec l’annexion de fait de l’Alsace et de la Moselle au territoire du IIIe Reich à l’été 1940, Robert Welsch fait partie des médecins alsaciens et mosellans qui ont pu obtenir un poste au sein de l’hôpital civil désormais allemand. Après de multiples vérifications et procédures d’évaluation politique, Welsch a été reconnu apte à continuer de diriger le service de radiologie de la clinique chirurgicale entre 1940 et 1944, placée notamment sous la direction du professeur allemand Ludwig Zukschwerdt (1902-1974) en 1941. Malgré certaines réserves des autorités nationales-socialistes suggérant de faire subir une mesure de « rééducation » outre-Rhin – commune aux médecins Alsaciens –, Robert Welsch réussit à conserver sa fonction durant toute l’Occupation et l’existence de la Reichsuniversität Strassburg, sans faire l’objet de la moindre mesure disciplinaire. Après la Libération, il parvient à poursuivre sa carrière à la clinique chirurgicale B de la faculté de médecine strasbourgeoise. Collaborateur d’Alfred Weiss (1898-1979), il continue d’assurer la gestion du service de radiologie jusqu’à son départ en retraite en septembre 1959, après quarante-quatre ans d’activité et plus de quarante ans comme radiologiste en chirurgie B.

Biographie

Un médecin alsacien à la Kaiser-Wilhelm-Universität et à l’université française de Strasbourg

Fils d’un missionnaire protestant, Robert Welsch grandit au cœur de son Alsace natale annexée au Reich wilhelmien. Élevé dans la confession protestante, puis scolarisé sous le système éducatif allemand, il fait ses études de médecine à l’université allemande de Strasbourg, la Kaiser-Wilhelm-Universität, d’où il ressort avec un doctorat de médecine en novembre 1918. Avec le retour à la France de l’Alsace en général, mais également de l’université et de l’hôpital civil en particulier, Welsch poursuit sans interruption sa carrière médicale à la clinique chirurgicale B, où il se spécialise en radiologie dans l’entre-deux-guerres.


La famille Welsch

Robert Ernst Welsch est né le 6 août 1892 à Strasbourg[1]. Issu d’une famille alsacienne de confession protestante, Robert Welsch est le fils d’un pasteur protestant. Son père, Jacques (Jakob) Welsch est né sous la Deuxième République le 22 août 1848 à Bosselshausen, un petit village alsacien de quelque trois cents âmes, situé près de Bouxwiller dans le département du Bas-Rhin[2]. Français de naissance comme ses propres parents, Jacques Welsch, était plus précisément missionnaire et représentant de la société missionnaire (Vertreter der Missionsgesellschaft zu Basel) de Bâle en Suisse (fondée en 1815)[3]. En 1871, à l’âge de vingt-trois ans, il est envoyé dans l’ouest de Inde, où il rencontre sa future femme, Karolina Sophia Vonthron, née le 14 décembre 1849 à Fréland dans le Haut-Rhin (Urbach bei Kaysersberg)[4]. Elle avait également été envoyée en mission depuis sa terre natale alsacienne, en 1872. La même année, le 9 décembre, Jacques et Caroline se marient en Inde, à Hubli (Süd-Mahratta)[5]. Bien que français de naissance, tous deux faisaient partie de ce corps missionnaire de la Deutsch-Evangelische Missionsgesellschaft, parlant ainsi le français, l’allemand, mais aussi la langue autochtone.

Jacques et son épouse ont passé plusieurs années en Inde à prêcher, à enseigner et à convertir les populations locales à la foi protestante. Le rapport annuel de la Mission de Bâle publié en 1875 fait état de leur présence parmi les « travailleurs européens » (europäische Arbeiter) et précise qu’ils auraient été en charge de la paroisse (Gemeinde)[6]. Ajoutons d’ailleurs qu’ au 1er janvier 1875, la mission était composée au total de 103 missionnaires (cinquante étant mariés), contre 108 l’année précédente. La majorité d’entre eux étaient affectés en Inde, avec 63 missionnaires (dont 35 étaient mariés), les autres étant envoyés en Afrique (29), en Chine (10) et en Perse (1)[7]. Au départ, le couple Welsch est établi à la mission (Station) de Hubli dans la province du Süd-Mahratta. Elle avait été créée en 1839 et se trouvait à quatre heures de routes de Dharwad. Tous deux rejoignent ensuite Dharwad, où les chrétiens se sont installés dès 1837. Les biens de la mission (Missionsgehöfte) étaient situés à l’extrême sud de la ville et comportait une église, deux logements pour les missionnaires, des bâtiments annexes (cuisines, étables), mais aussi un cimetière et des bâtiments pour l’enseignement[8]. Ainsi, pendant plusieurs années, Jacques et Caroline Welsch vivent dans la maison missionnaire de Dharwad et consacrent leurs efforts à la prédication[9]. Comme l’écrit l’inspecteur de la mission, Josef Josenhans dans son rapport annuel pour l’année 1875,

« la province de Südmahratta, au nord de Kanara, est depuis plusieurs années la région qui affiche le plus faible résultat de notre mission en Inde orientale (das unfruchtbarste Arbeitsfeld unserer ostindischen Mission). Au cours de l’année écoulée, elle a commencé à déployer plus d’activité spirituelle et de vie (mehr Regsamkeit und Leben) que jamais auparavant, comptant vingt-quatre nouvelles âmes ayant rejoint la communauté, parmi lesquelles sept nouveaux baptisés parmi les païens. Le nombre de chrétiens, en augmentation, s’élève à 436. Les écoles comptent 510 élèves, soit quatre de plus que l’an passé »[10].

En ce qui concerne les deux territoires (Stationen) où les époux Welsch ont fait œuvre de missionnaires, le rapport annuel de la mission permet d’obtenir davantage d’informations sur le contexte. À Dharwad, où Jakob Welsch était missionnaire à cette époque, un catéchiste (Katechist) venait d’arriver, une salle de catéchisme (Katechistenhaus) venait d’être construite et une école dominical (Sonntagsschule) pour les Indiens de l’est ainsi qu’une école confessionnelle pour filles étaient ouvertes. À Hubli, où Jakob prêchait quelques années auparavant, il semble que les missionnaires obtiennent un certain succès, avec « beaucoup d’auditeurs désireux et peu d’opposition » (viele willige Zuhörer, wenig Widerspruch)[11]. De plus, le rapport annuel de 1875 contient plusieurs rapports de missionnaires, évoquant des moments particuliers de leur prédication. L’un d’entre eux, intitulé « la tempête à Hebbali » (Der Sturm in Hebbali), est rédigé par Jacques Welsch lui-même. Faisant état des péripéties vécues en avril 1875 à Hebbali, une ville libre située à trois heures de route à l’est de Dharwad, son récit évoque le déroulement de sa prédication dans cette localité, où il s’était établi pendant quelques jours pour prêcher. Après un certain succès rencontré les deux premiers jours – ayant pu vendre les tracts religieux pour deux Rupies, il a ensuite rencontré une forte opposition de la part de certains habitants, notamment les brahmanes – une caste sacerdotale hindoue –, les contraignant de revenir sur leurs pas. Jacques Welsch y voit là purement et simplement l’action du Diable : « le méchant joue son jeu, en ce sens qu’il utilise les Brahmines comme ses instruments. Le pouvoir des brahmanes est grand, mais celui du Seigneur est encore plus grand »[12]. Enfin, un autre récit permet d’approcher les activités de « frère Welsch », qui proposait également des cours en vue d’obtenir de baptême (Taufunterricht). Dans un autre récit, Welsch rapporte notamment le cas d’un jeune indien qui a « quitté ses proches et amis, païens, pour venir ici, afin de rester chez nous » et qui s’est fait publiquement baptiser en juillet 1875[13].

Jusque-là, la fin de l’activité missionnaire de Jacques Welsch en Inde n’a pas pu être datée précisément, mais il semble qu’il soit toujours en Inde en 1881. Chargé de missions éducatives (educational) et de « prédication en langue vernaculaire » (vernacular preaching), Jacques Welsch était alors domicilié à Guledgudda (Guledgud) dans la région de Karnataka, à une centaine de kilomètres au nord-est de Dharwad[14]. Toujours est-il qu’avant le début des années 1890 (au plus tard), le couple Welsch regagne leur Alsace natale, devenue allemande avec la fin de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Si le couple était resté sans enfant jusque-là, il finit par donner naissance, tardivement, à un fils, prénommé Robert Ernst. À la naissance de Robert, la famille Welsch est installée à Strasbourg et le père continue visiblement une certaine activité pastorale, puisqu’il est présenté sur l’acte de naissance de Robert comme étant un « Missionsprediger »[1]. Remarquons enfin que les parents Welsch décèdent dans l’entre-deux-guerres à Strasbourg : Caroline meurt le 7 septembre 1919 dans sa soixante-neuvième année et Jacques s’éteint dix ans plus tard, le 3 août 1929 à près de quatre-vingt-un ans.


La scolarité et les études de médecine

Établie à Strasbourg depuis la fin de leur voyage missionnaire en Inde, la famille Welsch demeure dans un appartement situé sur les quais de l’Ill à Strasbourg. Élevé dans la foi protestante par des parents très investis dans la religion, Robert Welsch grandit et passe toute son enfance dans sa ville natale. L’Alsace faisant alors partie du Reichsland Elsaß-Lothringen, il effectue l’intégralité de son cursus scolaire obligatoire dans le système éducatif allemand. Il commence par fréquenter la Vorschule, un type d’école assimilable à une école maternelle qui prépare à l’entrée au Gymnasium. Robert Welsch est ensuite scolarisé Gymnase Jean Sturm (protestantisches Gymnasium) au centre-ville de Strasbourg, un établissement scolaire confessionnel privé où il étudie jusqu’à l’obtention de son baccalauréat (deutsches Abitur) en 1913, à l’âge de vingt-et-un ans. Élevé dans une famille cultivée, Robert Welsch est un élève brillant qui est aussi parfaitement bilingue, parlant et écrivant à la fois l’allemand (sa langue maternelle), mais également le français, une « langue étrangère » qu’il parle « parfaitement », comme il l’écrit dans un formulaire administratif nazi de 1940[5].

Aussitôt son baccalauréat obtenu, Robert Welsch se « tourne vers des études médicales » et s’inscrit à la faculté de médecine de la Kaiser-Wilhelm-Universität de Strasbourg. Il suit à Strasbourg les cinq années de son cursus universitaire, entre le 6 mai 1913 et le 13 février 1918. Signalons qu’il n’a jamais accompli son service militaire (gedient). Né en 1892, il fait partie de la classe de mobilisation 1912, mais au moment de la conscription, il avait été classé inapte au service (dienstuntauglich) pour « raisons de santé » (Gesundheitlich zum Heeresdienst untauglich). En revanche, avec la mobilisation générale lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, Welsch est incorporé dans l’armée allemande dès le 1er septembre 1914. Plus précisément, il a servi pendant un an comme médecin auxiliaire dans un hôpital militaire de la ville de Strasbourg. Dans son curriculum vitae de 1940, destiné à appuyer sa candidature à un poste de fonctionnaire de l’administration nationale-socialiste, Robert Welsch précise avoir servi comme « Hilfsarzt im Festungslazarett XI zu Strassburg »[15]. Strasbourg étant devenue une « ville hôpital » durant la Première Guerre mondiale, plusieurs bâtiments avaient perdu leur fonction originelle pour devenir un hôpital militaire de la place-forte de Strasbourg. Ainsi, l’École normale (Lehrerseminar), centre de formation des instituteurs, avait été transformée durant la Grande guerre en Festungslazarett XI, l’un des plus de quarante hôpitaux militaires qui prenaient en charge les blessés de guerre à Strasbourg[16].

Le 31 août 1915, Robert Welsch cesse officiellement de servir dans l’armée allemande. Alors qu’il est démobilisé, il débute en réalité une carrière médicale en clinique. À compter du 1er septembre 1915, le Kurator de l’université le nomme « assistant auxiliaire (Hilfsassistent) à la clinique universitaire de chirurgie de Strasbourg » (Bestallung durch den Kurator). Élève du professeur Otto Wilhelm Madelung (1846-1926), il sert comme Assistent à la clinique chirurgicale de l’hôpital civil de Strasbourg pendant deux ans et demi, du 1er septembre 1915 au 14 mai 1918. Madelung est décrit comme un médecin dont la morale, l’éthique et les valeurs étaient exemplaires, ayant fait son maximum pour que les blessés, qu’ils soient français ou allemands, soient soignés de la même façon. Quittant momentanément la chirurgie pour la médecine interne, Robert Welsch travaille ensuite comme Assistent à la clinique médicale du professeur Erich Meyer (1874-1927) pendant un an, entre le 15 mai 1918 et 15 mai 1919[5].

Finalement, fréquentant à la fois les bans de l’université tout en étant confronté à la pratique clinique de la médecine – d’abord dans un hôpital militaire, puis à l’hôpital civil –, Robert Welsch obtient sa ärztliche Prüfung (ou Staatsexamen) le 13 avril 1918[5]. Présenté lors du dernier semestre, cet examen médical d’État conclut le cursus universitaire et son obtention est nécessaire à la délivrance de l’autorisation de pratiquer la médecine (Approbation). Aussi, durant les derniers mois de son cursus, qui s’accomplit indépendamment de la situation militaire, Robert Welsch prépare une thèse de doctorat de médecine intitulée « Une contribution à la connaissance des complications de la neurofibromatose » (Ein Beitrag zur Kenntnis der Komplikationen der Neurofibromatose)[17]. Son sujet semble témoigner d’un intérêt davantage centré sur la dermatologie et l’oncologie que sur la radiologie qui est par la suite devenue sa spécialité. En effet, la neurofibromatose, également connue sous le nom de maladie de Von Recklinghausen, est une pathologie génétique qui se caractérise par les tâches café au lait sur la peau et les tumeurs situées le long des nerfs (neurofibromes). En fonction de leur taille, de leur nombre et de leur emplacement, ces derniers peuvent entraîner des complications sérieuses et prédisposant au développement de tumeurs du système nerveux. Le 28 novembre 1918, quelques jours après l’armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et alors que l’Alsace est encore allemande et que la faculté de médecine est toujours dirigée par le doyen allemand Franz Keibel (1861-1929), Robert Welsch soutient sa thèse de doctorat (Doktorpromotion) et obtient alors le titre de docteur en médecine (Dr. med.)[18].


La carrière de radiologue à l’hôpital civil français de Strasbourg (1919-1940)

Avec le retour de l’Alsace, de l’université et des cliniques à la France après la Première Guerre mondiale, Robert Welsch s’oriente vers une nouvelle spécialité médicale et débute une carrière médicale à l’hôpital civil français de Strasbourg. Dès le 15 mai 1919, il obtient un poste à la clinique chirurgicale B, où il avait déjà travaillé entre septembre 1915 et mai 1918. Selon ses propres mots, il sert désormais en qualité d’« assistant-radiologiste », une fonction qu’il lui-même traduit par Röntgenologe dans le formulaire de 1940. Obtenant la nationalité française par réintégration comme tous les autres Alsaciens restés sur place, Welsch entre également dans la fonction publique en étant nommé fonctionnaire du cadre local, avec un droit à la pension de retraite calculée à compter du 1er septembre 1915 (Staatsstellung als Universitätsbeamter des Lokalkaders mit Pensionsberechtigung vom 1. September 1915)[18]. Il s’agit ici de la date à laquelle Welsch avait commencé son activité médicale civile à la clinique chirurgicale de la Kaiser-Wilhelm-Universität, après avoir été dégagé du service militaire actif. D’ailleurs, dans son curriculum vitae rédigé en 1940 dans le cadre de sa candidature officielle à un poste de fonctionnaire à l’hôpital civil allemand, il écrit :

« Après m’être spécialisé de la sorte en chirurgie et en médecine interne [entre 1915 et 1919] et avoir également occupé un poste d’interniste à la clinique chirurgicale universitaire (A) et à la centrale de radiologie (professeur Dietlen), je dirige depuis vingt ans le service de radiologie de la clinique chirurgicale universitaire B (3000-4000 patients par an) et le laboratoire de la clinique »[19].

Ce témoignage olographe indique que Robert Welsch aurait commencé à assurer un poste de direction à la radiologie de la Chirurgie B apparemment dès 1920. Il faut rappeler que la radiologie à Strasbourg est un héritage de la Kaiser-Wilhelm-Universität, une université pionnière en la matière. Si Wilhelm Conrad Röntgen (1845-1923) a inventé les rayons X à Wurtzbourg en 1895, il ne faut pas oublier qu’il avait eu un poste de Dozent, puis de professeur extraordinaire à Strasbourg au cours des années 1870. Le retentissement de cette découverte majeure a pour conséquence l’ouverture, dès 1901, d’une salle de radiologie (Röntgenzimmer) à la clinique médicale (A) de Bernhard Naunyn (1839-1925) et en 1914, de la nomination du Dr. Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952) comme assistant de radiologie à la clinique médicale A, où il a servi comme radiologue pendant près de quarante ans. Le premier professeur de radiologie à Strasbourg était le Dozent Hans Dietlen (1879-1955) ; c’est lui qui a fondé le service central de radiologie (Institut für Roentgenologie und physikalische Therapie). Cumulant à la fois les fonctions polyvalentes de service de radiodiagnostic, de physiothérapie avec bain médicinal et de radiothérapie – faisant ainsi fonction de centre anticancéreux –, l’institut de Dietlen était véritablement un centre d’avant-garde[20]. Arrivé à Strasbourg en 1907, Dietlen avait passé son habilitation en 1909 et avait reçu une chaire de Roentgenologie en 1915. Véritable pionnier, il s’était spécialisé sur les pathologies cardiaques et pulmonaires et dirigeait un institut de radiologie considéré comme « exemplaire », avant de quitter l’Alsace à la fin de la Première Guerre mondiale et de s’investir, notamment, dans la stérilisation de force (Zwangssterilisierung) par radiation (Strahlenbehandlung) sous le national-socialisme[21]. Dans l’entre-deux-guerres, le service central de radiologie de l’hôpital civil est confié au docteur Auguste Gunsett (1876-1970)[22], qui en assure la direction depuis le retour à la France de l’hôpital et de l’université en 1919. Il obtient certes une charge d’enseignement de la part de la faculté de médecine en 1921, mais aucune chaire de radiologie n’est créée (elle n’a été instituée qu’en 1954), si bien qu’à ce moment-là, la radiologie est plus ou moins « mise en sommeil ». Par rapport à la période allemande de la Kaiser-Wilhelm-Universität, l’essor de la radiologie universitaire est moindre à cette époque. Toutefois, un centre anticancéreux est créé en 1922 dans l’enceinte de l’hôpital civil, utilisant notamment le radium que Gunsett a personnellement introduit à Strasbourg. De plus, les grandes cliniques hospitalo-universitaires strasbourgeoises disposent toutes de leur propre service de radiologie : les Drs. Frédéric Auguste Schaaf (1884-1952), Joseph Ohlmann (1892-1942) et Robert Welsch (1892-1972) travaillent respectivement à la clinique médicale A, à la clinique médicale B et à la clinique chirurgicale B[23].

Figure 2 © Héran, p. 527.

Le service de radiologie dirigé par Welsch se situe dans le complexe du bâtiment de la Chirurgie B, une clinique non universitaire construite en 1912 dans l’enceinte de l’hôpital civil. Avec le retour de l’Alsace à la France, cette clinique, qui prend le nom de clinique chirurgicale B, est alors dirigé par le professeur Albert Stolz (1870-1948). Résolument moderne et comptant quelque 320 lits d’hospitalisation, la clinique comprenait dès 1914 au rez-de-chaussée une vaste policlinique chirurgicale et un service de radiologie ; un laboratoire, une bibliothèque et une salle de réunion au premier étage ; et deux grandes salles d’opération. Dirigeant la clinique de 1919 à 1938, Stolz s’entoure d’une équipe spécialisée composée des Drs. Georges Sackenreiter (1886-1956) en tant que chirurgien chef de policlinique (jusqu’en 1938), Marcel Meyer en tant que chargé de cours de chirurgie orthopédique, mais également des Drs. Jacques Kuhlmann, Ernest Irrmann, Jean Kuntzmann (futur directeur du centre anticancéreux), Marcel Heller (chirurgien adjoint de policlinique et créateur du service d’urologie) et de celui qui était alors le plus jeune agrégé de France, Alfred-Georges Weiss (1898-1979). Au sein de cette équipe, Robert Welsch est le responsable du laboratoire et de la radiologie[24].

Figure 3 Robert Welsch au service de radiologie de la clinique chirurgicale B en 1921. © Héran, p. 528.

Plus précisément, ce qui concerne ses titres et activités à la faculté de médecine française de Strasbourg, Robert Welsch débute sa carrière médicale française en chirurgie. Au 1er novembre 1919, il est en effet nommé « préparateur à la clinique chirurgicale B » d’abord pour une année, avant d’obtenir un renouvellement de son contrat pour les deux années suivantes, jusqu’au 31 octobre 1922, avec un traitement s’élevant à 6000 francs. À compter du 1er novembre 1922, Welsch est ensuite délégué pour un an, puis renouvelé comme « préparateur stagiaire au laboratoire de pathologie externe » (novembre 1922-octobre 1924). Il est finalement nommé « préparateur titulaire » au même laboratoire à partir du 1er novembre 1924 et conserve de toute évidence ce poste dans les années qui suivent, bénéficiant quasiment chaque année d’une évolution de sa rémunération. Il est en effet régulièrement versé dans une nouvelle classe de rémunération : de 6000 francs, il gravit très rapidement les échelons pour finir en 1935, à quarante-trois ans, avec un traitement s’élevant à 33000 francs[25]. Par ailleurs, à partir du 1er avril 1929, Robert Welsch prend aussi en charge le service de radiologie de l’hôpital confessionnel (protestant) des diaconesses de Strasbourg. Sa mission sur place est d’effectuer des examens radiologiques (Röntgenuntersuchungen) et perçoit pour cela une rémunération d’un directeur médical (Vergütung der ärztlichen Leitung)[26]. De plus, en sa qualité d’« assistant au laboratoire de pathologie externe de Strasbourg », Robert Welsch est nommé « officier d’académie » le 14 juillet 1939 par Jean Zay (1904-1944), le ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts du gouvernement Daladier IV sous le Front populaire. Il s’agit ici d’une décoration honorifique de la République française correspondant au grade de chevalier des Palmes académiques (créée en 1955) et qui laisse subodorer que Welsch ait eu un rôle important, reconnu et apprécié dans l’enseignement de la radiologie à la faculté de médecine française de Strasbourg[27].

Enfin, ajoutons qu’à la fin de la Première Guerre mondiale, Robert Welsch n’avait pas été versé dans la réserve militaire de l’armée française, comme cela était le cas pour de nombreux Alsaciens qui avaient combattu dans l’armée allemande durant le conflit. Resté à la vie civile et poursuivant ses activités médicales, il ne participe pas non plus à la guerre de 1939-1940. Âgé de quarante-sept ans en 1939, il conserve son poste civil de radiologiste à l’hôpital civil, malgré la mobilisation générale de septembre 1939. Toutefois, avec l’évacuation de l’Alsace, le repli de l’université de Strasbourg à Clermont-Ferrand et celui des hospices civils à Clairvivre en Dordogne, Robert Welsch fait partie des médecins qui restent en Alsace[28]. En effet, le 4 septembre 1939, il est affecté au Hohwald, un petit village de montagne dans le centre de l’Alsace, où une partie des hospices civils avait été déplacée. Il semble qu’il travaille sur place durant la « Drôle de guerre », jusqu’à ce qu’il obtienne un congé maladie au printemps 1940. En effet, le recteur de l’université lui avait accordé un « congé pour raisons de santé » du 15 avril au 14 juillet 1940, bénéficiant pendant ce trimestre d’absence d’un maintien total de son salaire et conservant son « traitement intégral »[29]. Finalement, à la suite de l’armistice de Compiègne du 22 juin 1940, l’Alsace devient allemande et Robert Welsch reste à Strasbourg où il réussit à poursuivre sa carrière à l’hôpital civil.


La carrière de radiologue à la clinique chirurgicale allemande de Strasbourg (1940-1944)

L’annexion de l’Alsace par les Allemands à l’été 1940 ne marque pas de rupture dans la carrière médicale et scientifique de Robert Welsch. Ce fonctionnaire français, allemand de naissance, formé à l’école et à l’université allemandes, est très rapidement réhabilité par l’administration nationale-socialiste qui lui offre un poste de radiologue à la clinique chirurgicale de l’hôpital civil allemand durant l’année de préparatifs de la création de la Reichsuniversität Strassburg (1940-1941), puis durant les trois années de son existence à Strasbourg (1941-1944).


La réhabilitation par les autorités nationales-socialistes (1940)

Robert Welsch fait partie des médecins alsaciens qui sont très rapidement rétablis dans leurs précédentes fonctions au sein de l’hôpital civil désormais allemand. Dans le cadre de la politique de défrancisation, de décléricalisation, de germanisation, de nazification et au final de mise au pas de la population alsacienne au cœur de ce territoire reconquis et rattaché au IIIe Reich, le régime nazi avait effectué des purges dans le personnel des administrations. S’agissant des médecins, l’administration civile en Alsace (ou Gauleitung), dirigée par le Gauleiter Robert Wagner, pris des dispositions pour contrôler le personnel soignant qui exerce ou exercerait en Alsace. En effet, si Robert Welsch a pu retrouver son poste si vite, c’est uniquement parce que la nouvelle administration nationale-socialiste établie en Alsace l’avait bien voulu. Dès le 13 juillet 1940, une ordonnance promulguée par le département médical (Gesundheitswesen) de la Gauleitung, prévoyait que tous les médecins désireux d’ouvrir un cabinet ou d’obtenir un poste en Alsace étaient obligés de recevoir, au préalable, une autorisation en bonne et due forme par les services du Gauleiter. Dès lors, seuls les médecins agréés par les fonctionnaires nazis pouvaient exercer leur art en Alsace, ce qui constituait une première étape de sélection[30]. Dans le curriculum vitae qu’il écrit dans le formulaire de candidature à un poste de fonctionnaire à l’université allemande de Strasbourg en novembre 1940, Robert Welsch précise :

« Depuis le mois d’août 1940, je suis en charge des préparatifs de remise en route des services de la clinique chirurgicale B qui me sont subordonnés et j’exerce à nouveau mon travail depuis la réouverture des services de soins (Krankenabteilungen) par l’administration de l’hôpital »[31].

Si Robert Welsch indique organiser les préparatifs de remise en marche de la clinique chirurgicale B et de tous ses services depuis le mois d’août 1940, on peut légitiment accorder du crédit à ses dires, quand bien même il ne figure pas sur la liste du personnel médical des hospices civils à cette période. On ne trouve son nom ni sur la liste du 15 août, ni sur celle du 28 août, mais on remarquera que sur cette dernière, la chirurgie strasbourgeoise est déjà séparée en deux. En effet, en plus de la « 1. Chirurgische Abteilung » dirigée par le Dr. Edmond Allenbach et qui est installée dans le bâtiment de l’ancienne école de sages-femmes (frühere Hebammenschule), il est déjà indiqué l’ouverture (Eröffnung) de la « 2. Chirurgische Abteilung » était prévue au 2 septembre 1940. Dirigée par le Dr. Frédéric Froehlig, cette dernière était de toute évidence l’ancienne clinique chirurgicale A[32]. Ayant gagné la confiance des Allemands, comme d’autres médecins alsaciens alors en poste à l’hôpital dans ce contexte singulier, Robert Welsch parvient ainsi à continuer sa carrière médicale à l’université allemande.

De plus, il semble même qu’il ait réussi à redevenir fonctionnaire, dans la mesure où il remplit, en novembre 1940, le formulaire de recrutement des fonctionnaires et autres employés de l’université de Strasbourg dans la période de transition et d’installation de la Reichsuniversität Strassburg (inaugurée en novembre 1941). Le formulaire, destiné aux services du Kurator de l’université, est intitulé « Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg ». Dans celui-ci, l’administration de l’université allemande souhaite obtenir quantité d’informations sur son état civil, ses origines, sa nationalité, sur ses parents et son épouse, afin de vérifier son aptitude politique, raciale et professionnelle pour un tel poste. Il doit renseigner les étapes de son parcours scolaire, universitaire et professionnel, le type d’examen obtenu et le type d’établissement fréquenté, en faisant une distinction entre les institutions ou les diplômes français et allemands. Il lui est d’ailleurs demandé d’indiquer son parcours en tant que fonctionnaire, puis de renseigner le parcours militaire au cours des guerres de 1914-1918 et de 1939-1940, avec les éventuelles périodes d’internement et les médailles obtenues. Enfin, plusieurs rubriques concernent ses appartenances et adhésions à différentes organisations, associations et partis politiques, religieux voire maçonniques, le tout étant complété par un curriculum vitae détaillé signé sur l’honneur[33].

S’il n’est pas possible de dire avec certitude que Welsch ait été fonctionnaire allemand sous l’Occupation, on trouve un indice singulier dans ce formulaire, où il rappelle lui-même avoir été fonctionnaire français et avoir été rangé dans la classe de rémunération 1 (Besoldungsstufe 1) depuis 1935. Apparemment, même avec l’annexion, il continuait de percevoir son salaire, qui s’élevait alors à 313,53 RM mensuels à l’automne 1940[5]. En tous les cas, durant l’année de transition et d’établissement de la Reichsuniversität Strassburg, Robert Welsch est bel est bien médecin dans l’institution allemande. Dans les documents administratifs de l’époque, il est présenté dans les documents administratifs comme un « médecin spécialiste » (Facharzt), ce qui renvoie à sa spécialisation en radiologie. D’ailleurs, il est le chef du service radiologique de la clinique chirurgicale B II, installé au rez-de-chaussée depuis la Première Guerre mondiale (Chirurgische Abteilung B II Erdgeschoss). Au 1er décembre 1940, il fait partie des 64 médecins en poste à l’hôpital (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié d’entre eux est affectée dans les cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%)[34]. De plus, en ce qui concerne son statut, un indice est révélé dans les listes du personnel de l’hôpital au mois de mars et au mois d’avril 1941 : il a été recruté comme radiologue « faisant fonction d’assistant scientifique » (Verwalter einer wissenschaftlichen Assistentenstelle)[35]. Ajoutons qu’à compter du 1er avril 1941, tous les établissements de l’université de Strasbourg alors utilisés « pour soigner de la population » sont placés dans le giron de la Gauleitung qui en assure désormais alors l’administration provisoire. Une ordonnance du Gauleiter Robert Wagner, émise le 31 mars et entrant en vigueur le lendemain, prévoyait en effet leur gestion par le département « Éducation, enseignement et instruction du peuple » (Abteilung Erziehung, Unterricht und Volksbildung) de la Gauleitung. Tous ces établissements sont alors réunis sous le terme générique de « cliniques hospitalo-universitaires de l’université de Strasbourg » (klinische Anstalten der Universität Strassburg), dans l’attente de la création de la Reichsuniversität Strassburg[36]. Ainsi, durant toute l’année 1941, Robert Welsch travaille comme radiologue aux Hospices civils, ne rencontrant aucune hostilité des autorités allemandes[37]. Mais avec les préparatifs de l’instauration de la Reichsuniversität Strassburg, les autorités nationales-socialistes soumettent tout de même Welsch, comme tous les autres médecins alsaciens et mosellans, à un examen politique.


L’« évaluation politique » (1941-1942)

Comme tous les médecins alsaciens et les mosellans en poste à la Reichsuniversität Strassburg, Robert Welsch est soumis à la procédure habituelle d’« évaluation politique » (politische Beurteilung). L’objectif est de vérifier que la personnalité de Welsch, ses antécédents, ses convictions politiques, idéologiques et confessionnelles, ainsi que son comportement vis-à-vis de l’Allemagne, du national-socialisme et de la germanité dans son ensemble sont compatibles avec son emploi dans une université conçue, pensée et voulue comme un modèle du IIIe Reich. Après tout, si cette université est conçue, pensée et vue par le régime comme une vitrine du Reich et de la science nationale-socialiste, il était primordial de vérifier que le personnel qui y travaillait ou qui était amené à y travailler était en harmonie avec la politique générale et la vision du monde nazies. Il s’agit en quelque sorte de la troisième vérification effectuée par les Allemands, après que Welsch ait dû obtenir l’autorisation de la Gauleitung pour s’implanter comme médecin en Alsace (été 1940) et qu’il ait rempli le formulaire d’emploi comme fonctionnaire de l’université (novembre 1940). Comme à l’accoutumée, dans le cadre de cette nouvelle procédure, c’est le doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein, qui en est l’instigateur. Dès le 9 août 1941, celui-ci charge le service du personnel (Personalamt) de la Gauleitung d’enclencher la procédure et de contacter les autorités et services compétents. Deux jours plus tard, les fonctionnaires de la Gauleitung chargent leurs homologues de la direction locale du parti nazi (Kreisleitung der NSDAP) de mener l’enquête de terrain et de fournir un rapport précis sur Welsch. Le but est clairement indiqué : il s’agit de vérifier si Welsch est apte à être « employé comme radiologiste à la clinique chirurgicale B »[38]. Le Sicherheitsdienst, qui est également chargé de l’affaire, est le premier à rendre un rapport. En effet, dès le 1er septembre 1941, le Dr. Benmann, du SD, écrit :

« D’un point de vue caractériel et professionnel, le Dr. Welsch est en ordre. Il n’a jamais existé chez lui de sentiments francophiles. Il est très réservé [vis-à-vis de la politique nazie], mais son attitude envers la germanité est positive »[39].

Le lendemain, vraisemblablement sur la base des renseignements fournis par le SD et sans doute aussi sur la base d’une enquête de voisinage menée par les fonctionnaires du parti nazi dans les différents découpages territoriaux du parti (notamment le Blockleiter et le Zellenleiter), la Kreisleitung rend à son tour son rapport. Les fonctionnaires nazis avalisent sans la moindre objection de principe le maintien en poste de Robert Welsch dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Pour justifier un tel avis, le Kreisleiter et le Kreispersonalamtsleiter s’appuient sur les points suivants :

Tableau 1 : Politische Beurteilung[40]
Charakterliche Haltung Frankophile Einstellung Bekenntnis zum deutschen Volkstum Fachliche Eignung Beurteilung
Kann als sehr gut bezeichnet werden. Nichts Nachteiliges bekannt. Pol[itisch] nicht betätigt. Verhält sich heute sehr passiv. Kennt nur seinen Beruf. Längere Tätigkeit. Gegen die Verwendung bestehen keine grundsätzlichen Bedenken.
Tableau 2 : Politische Beurteilung (traduction française)[40]
Caractère et attitude Convictions francophiles Adhésion à la germanité (Volkstum) Compétences professionnelles Évaluation
Peuvent être décrits comme très bons. Rien de négatif n’a été rapporté. N’a jamais été actif politiquement. Se comporte aujourd’hui de manière très passive. Ne connaît que son travail. Longue expérience. Aucune réserve de principe à son recrutement.

De plus, après avoir traité dans un premier temps par le Dr. Ludwig Benmann au SD, l’enquête transite aussi par le bureau du SS-Obersturmbannführer Paul Hirschberg (1901-1999). Cet Alsacien, membre de la SS et du parti nazi de longue date, est le chef du Einsatzkommando III/1 du Sipo-SD de Strasbourg. En cette qualité, il produit un rapport détaillé sur Welsch le 3 novembre 1941 :

« S’il n’était effectivement pas actif politiquement par le passé, Welsch a toujours une attitude de rejet vis-à-vis de la nouvelle situation. Jusqu’à présent, il n’a pas adhéré une organisation du parti nazi. Il est irréprochable en ce qui concerne le caractère. Il possède une bonne réputation et vit dans une situation familiale ordonnée. Compte tenu de ses compétences professionnelles, il est proposé de le muter dans l’Altreich, puisque son comportement politique le rend incompatible avec le projet de reconstruction politique en Alsace (Aufbauarbeiten im Elsass) »[41].

Le 12 novembre, environ trois mois après en avoir eu la demande par le doyen, le service du personnel de la Gauleitung envoie à Stein son rapport :

« Le Dr. Welsch n’a pas manifesté de convictions francophiles durant la période française de l’entre-deux-guerres. Malgré sa réserve, son attitude vis-à-vis de la germanité est positive. Je consens à ce qu’il continue d’être employé comme radiologiste au sein des cliniques universitaires. J’appelle cependant à ce que le Dr. Welsch soit encore incité à se mettre à disposition du parti dans le cadre de l’œuvre de construction politique nationale-socialiste en cours en Alsace [Aufbauarbeiten]. J’attends toujours la délivrance d’un certificat en ce sens »[42].

Notons enfin que le même courrier est renvoyé par la Gauleitung à Stein le 4 mars 1942, ce qui laisse subodorer que Robert Welsch n’ait pas fait véritablement d’efforts en faveur du régime et de la politique nazis. Loin de s’être investi dans les projets politiques et idéologiques du parti nazi, il semble faire montre d’une grande passivité, d’un désintérêt voire d’un total rejet de la politique[43].


Radiologue à la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg

Avec la création de la Reichsuniversität Strassburg, les cliniques chirurgicales sont fusionnées et passent sous la direction du professeur allemand Ludwig Zukschwerdt (1902-1974) qui s’entoure dans un premier temps de médecins alsaciens. Malgré les réticences émises par la direction locale du parti nazi, le SD et la Gauleitung, Robert Welsch a pu conserver son poste à la Reichsuniversität Strassburg, faisant ainsi partie de la cinquantaine de médecin alsaciens et mosellans qui ont été réinvestis dans leurs fonctions par les Allemands[44]. La continuité permise par le régime national-socialiste dans le recrutement de médecins autochtones aboutit à une réelle originalité. Afin de mieux cerner l’état de la chirurgie strasbourgeoise durant la présence de Robert Welsch à la Reichsuniversität Strassburg, il est intéressant de faire un instantané de la composition du personnel de la clinique chirurgicale. Sur les vingt-et-un médecins qui composent l’effectif médical de la clinique chirurgicale universitaire de la faculté de médecine de la Reichsuniversität Strassburg au 1er janvier 1942, il est frappant de remarquer que les Alsaciens, au nombre de treize (60%) représentent plus de la moitié du personnel. Aux Alsaciens s’ajoutent deux Mosellans (9,5%), ce qui porte le nombre de médecins issus des régions annexées à près de 75% de l’ensemble. La direction de la clinique est placée sous les ordres d’un professeur allemand, en revanche les Allemands du Reich (RD) ne représentent qu’un quart de l’effectif et ceux-ci n’occupent pas forcément les postes à responsabilités les plus élevés. Tous les chefs de service (Abteilungsoberarzt) sont en effet des médecins alsaciens à ce moment-là[45]. De plus, les dernières recherches permettent de mettre en évidence qu’une majorité du personnel autochtone avait été réemployée dans les cliniques et instituts de la faculté de médecine. Ce même mois, on compte au moins cinquante Alsaciens (42%) et quatre Mosellans (3%) au sein de toutes les cliniques et de tous les instituts hospitalo-universitaires, ce qui signifie que plus de la moitié (45%) des postes de médecins attribués à la faculté de médecine sont revenus à des Alsaciens et à des Mosellans. La majorité d’entre eux travaillent d’ailleurs en chirurgie et en médecine, où ils représentent respectivement 71% et 57% des médecins employés dans ces cliniques, mais également 26% et 32% du total des Alsaciens et Mosellans identifiés dans l’ensemble des cliniques et instituts de la Reichsuniversität Strassburg[46].

Le tableau ci-dessous est un extrait de la liste du personnel de la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg au 1er janvier 1942. Comme sur le document original établi par la direction de l’hôpital, nous présentons ici les différents médecins en fonction de leur statut et de leur service de rattachement, mais également en fonction de leur nationalité, telle qu’elle a été ajoutée à la main sur le document. Il offre un instantané, un arrêt sur image du personnel en poste à ce moment-là :

Tableau 3 : Liste du personnel de la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg au 1er janvier 1942[47]
Service Nationalité Nom, Prénom Statut
Leitung RD Prof. Dr. Zukschwerdt Ludwig Direktor
Elsässer Dr. Keller Renatus Oberarzt
Aseptische Abteilung Elsässer Biedermann Theodor Wiss. Ass. (Abteilungsoberarzt)
Elsässer Bück Paul Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
Elsässer Dr. Steimle Paul Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
Lothringer Wiest Erwin Volontärassistent
Elsässer Kopp Renatus Pflichtassistent
Septische Abteilung Elsässer Wilhelm Josef Wiss. Ass. (Abteilungsoberarzt)
RD Dr. Rentsch August Kommandiert zur Klinik
RD Dr. Fell Hermann Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
Elsässer Dr. Dietrich Adalbert Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
RD Dr. Schumann Hans Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
Poliklinik Elsässer Dr. Buck Fritz Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle (Poliklinischer Oberarzt)
RD Dr. Voll Siegfried Volontärassistent
Elsässer Aprill Georg Pflichtassistent
Röngtenabteilung Elsässer Dr. Welsch Robert Oberarzt der Röntgenabteilung
Urologie Elsässer Dr. Bilger Fritz Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
RD Dr. Selbach Paul Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
Zur Zeit abwesend Elsässer Pfister Gaston Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle
Lothringer Grosse Arthur Volontärarzt
Elsässer Stephan Fritz Verwalter einer wiss. Ass.-Stelle

De plus, l’image de la clinique chirurgicale que nous donnent les sources est également celle d’une clinique saturée, fonctionnant à flux tendu et permettant d’imaginer le quotidien de Robert Welsch et de ses confrères. L’étude du taux d’occupation de la chirurgie strasbourgeoise est possible grâce à des tableaux envoyés chaque mois par la direction de l’hôpital à la Gauleitung, en même temps que la liste du personnel. Bien sûr, les chiffres indiqués ne révèlent l’état de la clinique qu’à un moment donnée, à une date précise (généralement le neuvième ou le premier jour du mois) et ne fournissent malheureusement pas de données chiffrées pour l’ensemble du mois, ce qui permettrait des calculs plus précis et justes. Néanmoins, l’étude statistique témoigne sans aucun doute de la saturation des services chirurgicaux – hors hôpital orthopédique Stéphanie –, avec un taux d’occupation dépassant 90% pour seulement 425 lits chirurgicaux disponibles entre mars et août 1942, un nombre porté à 451 le mois suivant, puis à 459 jusqu’à la fin de l’année 1942.

Tableau 4 : Taux d’occupation des lits à la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg en 1942 (mars à décembre)[48]
Mois Lits disponibles Lits occupés Taux d’occupation (%)
Mars 425 437 95,76
Avril 425 332 78,12
Mai 425 400 94,12
Juin 425 394 92,71
Juillet 425 378 88,94
Août 425 381 89,65
Septembre 425 413 91,57
Octobre 451 420 91,50
Novembre 459 438 95,42
Décembre 459 431 93,90
Moyenne 438 399 91,17
Alt text
Graphique 1 : Taux d’occupation des lits chirurgicaux à la Reichsuniversität Strassburg entre mars et décembre 1942 (en %)[49]
Figure 4 : © Héran, p. 690.

C’est donc dans ce contexte que Robert Welsch, poursuit sa carrière médicale à la Reichsuniversität Strassburg, durant les trois années de son existence. Dans l’état actuel des recherches, il semble que Welsch n’ait jamais subi la mesure de rééducation que prévoyaient le SD, la Kreisleitung et la Gauleitung dès 1941. N’ayant donc jamais été envoyé en Allemagne dans le cadre du service médical obligatoire (Notdienstverpflichtung) comme certains de ses confrères alsaciens, Welsch aurait été affecté durant toute la guerre à la clinique chirurgicale de Zukschwerdt. Jusque fin 1944, il travaillait au service de radiologie (Röntgenabteilung) et occupait plus précisément la fonction de chef de ce service (Oberarzt der Röntgenabteilung), n’ayant eu apparemment aucun collaborateur à ses côtés[50].

C’est dans le cadre de ces fonctions qu’il rencontre au moins deux détenus du camp de Natzweiler, Stefan Grün et Georg Lütz (matricules 180 et 205), qui sont admis dans son service en décembre 1941 pour la réalisation de clichés radiographiques à la suite de fractures, lors de leur hospitalisation à la clinique chirurgicale de la RUS.

Avec l’évacuation de la Reichsuniversität Strassburg outre-Rhin en novembre 1944, Robert Welsch fait enfin partie des médecins alsaciens qui « restent à Strasbourg » et qui ne suivent pas le personnel allemand à Tübingen[51].


Après-guerre : fin de carrière de radiologue à la chirurgie B strasbourgeoise

Échappant aux mesures d’épuration du corps médical dans l’après-guerre, Robert Welsch poursuit sa carrière médicale et scientifique à l’université française de Strasbourg. Fort d’une solide expérience pratique dans son domaine, ainsi que d’une bonne réputation, il est réinvesti dans ses fonctions par la faculté de médecine française de Strasbourg et évolue même rapidement dans les échelons de la fonction publique.


Retour à la clinique chirurgicale B

Figure 5 © Héran, p. 691.

En juin 1945, le professeur Alfred Weiss (1898-1979) revient de Clermont-Ferrand et rouvre la clinique chirurgicale B dont il assure désormais la direction. S’entourant d’une équipe de chirurgiens essentiellement alsaciens – parmi lesquels René Keller (1907-1985), Frédéric Buck (1913-2006), Paul Steimlé (1912-2004), Frédéric Hurter rejoint par d’autres médecins de l’équipe clermontoise –, Weiss réorganise sa clinique dans l’immédiat après-guerre. L’un de ses anciens élèves, le chirurgien Louis-François Hollender, indique que dans cette entreprise de réorganisation et de modernisation de sa clinique, Weiss s’était inspiré de ce qu’il avait vu aux États-Unis. Il cherchait à exporter et à appliquer à Strasbourg ce qu’il avait observé au cours de ses voyages répétés, notamment comme « Rockfeller fellow » et avait fini par diriger un vaste complexe chirurgical composé de quelque 320 lits chirurgicaux et d’une grande équipe spécialisée. On note par exemple la création, sous son impulsion, du premier service de soins intensifs et de réanimation en France (alors appelé « décochage »). Une unité de pointe en neurochirurgie est confiée à Demeter Philippidès (1907-1999) et Bernard Montrieul (1919-1979), tandis que Louis-François Hollender (1922-2011) est chargé de l’unité de chirurgie digestive, biblio-pancréatique et colorectale. Les Alsaciens Jean-Paul Witz (1922-2018) et Philippe Reys (1928-) s’occupent quant à eux de la chirurgie thoracique et œsophagienne, alors que Eugène Schvingt (1925-1996) prend en charge la chirurgie osseuse, en particulier des fractures et des affections de la hanche. Enfin, d’anciens services spécialisés sont conservés, comme la policlinique chirurgicale, aux mains du Mosellan Lucien Molé (1921-1980) puis de Norbert Aprosio (1919-2009), ou encore l’unité d’urologie, où servent les Drs. Marcel Heller et Eugène Blum. De même, la clinique chirurgicale B conserve son propre service de radiologie, dont la gestion reste l’apanage du Dr. Robert Welsch et de son adjoint Jean-Paul Wagner[52].


Un médecin décoré

De plus, la carrière de Robert Welsch est également couronnée d’une prestigieuse distinction honorifique de la République française. Dès le mois de mars 1948, le préfet du Bas-Rhin charge le service des Renseignements Généraux de Strasbourg de réaliser une enquête sur Welsch dans le cadre du dépôt d’un dossier de candidature visant à lui accorder les « palmes d’officier de l’instruction publique »[53]. Un rapport interne établi le même mois par l’inspecteur Albert Andlauer confirme que « les renseignements recueillis sur le susnommé au point de vue national sont favorables » et que la « proposition le concernant mérite d’être prise en considération ». En outre, il souligne que « pendant l’occupation, l’intéressé ne s’est pas compromis avec l’Occupant. Il n’a appartenu à aucune formation nationale-socialiste et son attitude générale pendant cette période n’a donné lieu à aucune remarque particulière », si bien que le service des Renseignements Généraux ne voit aucune objection à ce qu’on lui décerne la médaille[54]. Grâce à cet avis favorable, Édouard Depreux (1898-1981), l’éphémère ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Schuman I, prend un arrêté ministériel qui officialise sa nomination. Robert Welsch est effectivement décoré de la croix d’officier de l’instruction publique lors d’une cérémonie organisée le 14 juillet 1948. Signalons qu’à la même cérémonie de remise de la médaille, son confrère radiologue de la clinique médicale A Frédéric-Auguste Schaaf (1884-1952) et son confrère de la clinique neurologique Louis Crusem (1890-?), alors tous deux « assistant[s] à la faculté de médecine » comme lui, sont aussi distingués par la République[55]. Ainsi, s’il avait été nommé officier d’académie en juillet 1939 (cf. supra), c’est-à-dire l’équivalent du grade de chevalier des Palmes académiques, en 1948, il est à présent élevé au grade d’officier d’instruction publique, ce qui correspond aujourd’hui au grade d’officier des Palmes académiques. Tout cela laisse donc à penser que parallèlement à ses activités cliniques, Robert Welsch possédait également une charge d’enseignement, lui permettant de transmettre son savoir et sa longue expérience aux étudiants strasbourgeois.


Fin de carrière

Dès le mois d’août 1957, ayant l’ancienneté et l’âge nécessaires, Robert Welsch est admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite. Toutefois, ne souhaitant pas encore quitter l’hôpital et son service radiologique dans lequel il a fait carrière, il obtient un report et ainsi que plusieurs maintiens en fonction grâce à des arrêtés ministériels publiés au Journal officiel de la République française. Il poursuit donc sa carrière en qualité d’« assistant à la Faculté de médecine de l’université de Strasbourg » jusqu’à ce qu’il prenne finalement sa retraite au 30 septembre 1959 à l’âge de soixante-sept ans, après avoir encore bénéficié d’une promotion qui lui assurait une belle rente[56]. En poste en clinique depuis septembre 1915, Robert Welsch a passé en totalité quarante-quatre ans à l’hôpital civil de Strasbourg, connaissant au final trois changement d’administrations : allemande jusqu’en 1919, française dans l’entre-deux-guerres, à nouveau allemande entre 1940 et 1944 et enfin à nouveau française depuis la Libération. Présent au service de radiologie de la clinique chirurgicale B depuis 1920, Welsch a passé près de quarante ans dans ce service, un record aussi impressionnant que celui de son confrère Frédéric-Auguste Schaaf en radiologie de la médecine A. Enfin, ajoutons qu’au départ de Robert Welsch de la clinique, puis de son adjoint Jean-Paul Wagner, c’est le Dr. Pierre Bloch qui assure la direction du service de radiologie de la chirurgie B dans les années 1960[52].


Vie privée

En ce qui concerne la vie privée et personnel de Robert Welsch, signalons uniquement qu’il s’est marié le 4 novembre 1922 à Strasbourg avec Johanna Rothhan, née le 1er mai 1889 à Strasbourg dans une famille alsacienne et allemande modeste. De leur union est né un garçon, prénommé Robert Heinrich, le 24 août 1929. Domicilié dans un appartement situé au 2, rue Fischart dans le cœur historique de la ville de Strasbourg depuis les années 1930, Robert Welsch mène une vie de famille assez calme, son fils étant scolarisé au Gymnase Jean-Sturm, une école confessionnelle protestante où il avait lui-même étudié une quarantaine d’année auparavant, ce qui semble témoigner d’un attachement assez profond avec la religion, sans aucun doute hérité de l’éducation qu’il a reçue de ses parents[57]. Enfin, le 16 février 1972, Robert Welsch s’éteint à Strasbourg à l’âge de soixante-dix-neuf ans[1].


Lebenslauf “brut” 24/11/1940

Geboren und wohnhaft zu Straßburg, besuchte ich der protestantische Gymnasium von der Vorschule bis zur Reifeprüfung. Anschließend widmete ich mich dem ärztlichen Studium an der Universität Straßburg, wo ich dann auch das Staatsexamen ablegte und unter Dekan Keibel zum Dr. med. promovierte. Gesundheitlich zum Heeresdienst untauglich, war ich in den ersten Jahren des letzten Weltkrieges als Hilfsarzt im damaligen Festungslazarett XI (Lehrerseminar) in Straßburg tätig.

Mit 1. September 1915 begann ich meine unterbrochene, jetzt 25-jährige klinische Tätigkeit an der Universitätskliniken im Bürgerspitale zu Straßburg: zweieinhalb Jahre in der chirurgischen Universitätsklinik (Prof. Madelung), ein Jahr in der medizinischen Universitätsklinik (Prof. Erich Meyer); seit 1919 in der chirurgischen Universitätsklinik (Prof. Stolz) und zwar als Röntgenologe der Klinik in der Staatsstellung als Universitätsbeamter des Lokalkaders mit Pensionsberechtigung vom 1. September 1915, entsprechend meiner Anstellung durch den Kurator der Kaiser-Wilhelms-Universität.

Nachdem ich so in Chirurgie und innerer Medizin spezialistisch ausgebildet und dabei schon nebenbei internistisch in der chirurgischen Universitätsklinik A, sowie in der Röntgenzentrale (Prof. Dietlen) röntgenologisch tätig gewesen, leite ich seit 20 Jahren die Röntgenabteilung der chirurgischen Universitätsklinik B (3000-4000 Patienten pro Jahr), sowie nebenbei das Laboratorium der Klinik.

Mit Kriegsausbruch 1939 wurde ich den im Hohwald (Elsass) verbleibenden Spitalabteilungen der Zivilhospizien von Straßburg zugeteilt. Seit August 1940 leitete ich die Wiederinstandsetzungsarbeiten der mir unterstellten Abteilungen der Chirurgischen Klinik B und versehe wieder meinen Dienst seit der Wiederöffnung der Krankenabteilung der Klinik durch die Spitalverwaltung.


Repères

Localisations

Nationalités

  • Allemand (1892 - 1919)
  • Français (1919 - 1972)

Confessions

  • Protestant

Publications

Liens à institutions

Kaiser-Wilhelms-Universität Straβburg, KWU

1892-08-06T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1972-02-16T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1918-01-01T00:00:00Z
Vie privée
Thèse
1892-01-01T00:00:00Z
1919-01-01T00:00:00Z
Vie privée
1919-01-01T00:00:00Z
1972-01-01T00:00:00Z
Vie privée
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Références

  • Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative.
  • ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch).
  • ADBR 4E482/233, 4E482/234, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de R. Welsch, Acte n°2273/1892.
  • ADBR 4E57/2, État civil de Bosselshausen, Acte de naissance de J. Welsch, Acte n°9/1848.
  • ADBR, 126 AL 37, dossier n°4.
  • ADBR, 126 AL 114, dossier n°10.
  • ADHR, 5E172, État civil de Fréland (1831-1862), acte de naissance de K. Vonthron, acte n°43/1849, p. 368.
  • BArch, R 76/IV 27, Annuaire du personnel de la Reichsuniversität Strassburg repliée à Tübingen, 26 mars 1945.
  • Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, année 84, n°178, 29 juillet 1948, p. 7496.
  • Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, 71e année, n°165, 14 juillet 1939, p. 9017.
  • LAUTSCH H., DORNEDDEN H. (dir.), Verzeichnis der deutschen Ärzte und Heilanstalten (vormals Reichs-Medizinal-Kalender für Deutschland, Teil II), Nachtrag 8 zum Ärzteverzeichnis 193, Leipzig, Georg Thieme Verlag, 1942.
  • New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses, Box 17:19:2, Strasbourg, France (H00514949T), via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514649T.pdf.
  • « Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 31. März 1941 », in Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass, n°12, 4 avril 1941, p. 242.
  • Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1943, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1943, p. 37.
  • Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Winter-Semester 1943-1944, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1943, p. 37.
  • Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1944, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1944, p. 37.
  • Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Winter-Semester 1944-1945, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1944, p. 42.
  • http://cassini.ehess.fr/fr/html/fiche.php?select_resultat=5010
  • http://www.baselmission.org
  • http://digitallibrary.usc.edu/cdm/search/field/subjec/searchterm/Welsch,%20Jakob%20(Mr)/mode/exact
  • BRENTON, BADLEY Hamline, Indian Missionary Directory and Memorial Volume, Lucknow, Methodist Episcopal Church Press, New-York, Philipps and Hunt, 1881, p. 148.
  • HOLLENDER Louis-François, « La clinique chirurgicale B d’Alfred Weiss », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 690-691.
  • HOLLENDER Louis-François, « Les débuts de la clinique chirurgicale B », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 525-528.
  • HOLLENDER Louis-François, DURING-HOLLENDER Emmanuelle, « Anmerkungen zur Geschichte der Chirurgie in Strassburg », Zentralblatt für Chirurgie, vol. 126, n°7, 2001.
  • JOSEHANS Joseph, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875.
  • MÖHLER Rainer, Die Reichsuniversität Strassburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen, thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019, p. 541 et 735.
  • WACKENHEIM Auguste, « Strasbourg et l’invention de la radiologie », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 414-416.
  • WACKENHEIM Auguste, « La mise en sommeil de la radiologie universitaire et la fondation du centre anticancéreux », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 505.
  • WOEHRLE Christophe, La Cité silencieuse, Strasbourg-Clairvivre (1939-1945), Beaumontis-en-Périgord, Les Éditions Secrets de Pays, 2019.
  • WENZ Werner, ELKE Manfred, WACKENHEIM Auguste, Radiologie am Oberrhein, 1895 bis heute, Berlin, Schering, 1987, 208 p.



À propos de cette page

Rédaction : ©Loïc Lutz



  1. 1,0 1,1 et 1,2 ADBR 4E482/233, 4E482/234, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de R. Welsch, Acte n°2273/1892..
  2. ADBR 4E57/2, État civil de Bosselshausen, Acte de naissance de J. Welsch, Acte n°9/1848. Jacques Welsch est le fils d’un journalier né à Kirrwiller, Michael Welsch, et de son épouse Marguerite Mehl, originaire du village voisin de Bosselshausen..
  3. Sur la Mission bâloise, voir notamment http://www.baselmission.org, [en ligne], consulté le 28 mars 2021..
  4. ADHR, 5E172, État civil de Fréland (1831-1862), acte de naissance de K. Vonthron, acte n°43/1849, p. 368. Signalons que Karolina Sophia Vonthron porte le patronyme de sa mère, « non mariée » lors de l’accouchement. Couturière de trente-deux ans, elle était originaire du petit village de Diebolsheim. Le nom du père est inconnu..
  5. 5,0 5,1 5,2 5,3 et 5,4 ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg, 24 novembre 1940..
  6. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. XIV..
  7. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. VIII-IX et p. 24. Au début de ce rapport annuel, on trouve un tableau listant les missionnaires et de leurs femmes (le cas échéant) présentant l’état du personnel de la mission au 1er janvier 1875 en fonction de leur lieu d’affectation..
  8. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 45-46..
  9. On signale au passage l’existence de plusieurs photographies de la mission, parmi lesquelles une photographie d’identité de Jakob Welsch, une autre de la maison missionnaire où logeait Welsch et sa femme et une troisième qui présente le groupe des missionnaires à l’occasion de la Missionsfest de 1904. Voir http://digitallibrary.usc.edu/cdm/search/field/subjec/searchterm/Welsch,%20Jakob%20(Mr)/mode/exact, [en ligne], consulté le 25 mars 2021. Les photographies sont conservées aux archives de la mission protestante de Bâle, International Mission Photography Archives, Historical Photographs from the Basel Mission, QS-30.001, mission 21, Basel Mission..
  10. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 6-7 : « Die Provinz Südmahratta im Norden von Kanara, seit vielen Jahren das unfruchtbarste Arbeitsfeld unserer ostindischen Mission, hat im verflossenen Jahr mehr Regsamkeit und Leben zu entfalten begonnen, als längere Zeit, auch einen Gemeindezuwachs von 24 Seelen aufzuweisen, darunter 7 Neugetaufte aus den Heiden. Die Zahl der Christen ist auf 436 gestiegen. Die Schulen enthalten 510 Schüler, 4 mehr als voriges Jahr »..
  11. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 6-7..
  12. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 54-55..
  13. Joseph Josenhans, Sechzigster Jahresbericht der evangelischen Missionsgesellschaft zu Basel auf 1. Juli 1875, Bâle, Felix Schneider, 1875, p. 47-48..
  14. Brenton, Hamline Badley, Indian Missionary Directory and Memorial Volume, Lucknow, Methodist Episcopal Church Press, New-York, Philipps and Hunt, 1881, p. 148..
  15. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg, 24 novembre 1940. Robert Welsch précise que le Festungslazarett était situé dans le bâtiment du Lehrerseminar..
  16. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Lebenslauf, 24 novembre 1940. Voir aussi Philippe Hurtscher, François Hoff, Les fortifications allemandes d’Alsace-Lorraine, 1870-1918, Paris, Histoire et Collections, 2009, p. 50-51, p. 56-57..
  17. Robert Welsch, Ein Beitrag zur Kenntnis der Komplikationen der Neurofibromatose, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Kaiser-Wilhelm-Universität, 1918. Voir New York Academy of Medicine Collection of International Medical Theses, Box 17:19:2, Strasbourg, France (H00514949T), via http://archives.hsl.unc.edu/nyamtheses/nyamcovers/H00514649T.pdf, [en ligne], consulté le 23 mars 2021. Notons au passage que c’est bien en 1918 qu’il soutient sa thèse et non pas en 1914 comme on peut le lire dans la littérature scientifique disponible..
  18. 18,0 et 18,1 ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Lebenslauf, 24 novembre 1940..
  19. ADBR, 1558 W 47, dossier 3878 (Robert Welsch), Lebenslauf, 24 novembre 1940 : « Nachdem ich so in Chirurgie und innerer Medizin spezialistisch ausgebildet und dabei schon nebenbei internistisch in der chirurgischen Universitätsklinik (A), sowie in der Röntgenzentrale (Prof. Dietlen) röntgenologisch tätig gewesen, leite ich seit 20 Jahren die Röntgenzentrale der chirurgischen Universitätsklinik B (3000-4000 Patienten pro Jahr), sowie nebenbei das Laboratorium der Klinik »..
  20. Auguste Wackenheim, « Strasbourg et l’invention de la radiologie », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 414-416..
  21. Sur Hans Dietlen, voir par exemple sa notice biographique via https://www.dgim-history.de/biografie/Dietlen;Hans;1122, [en ligne], consulté le 29 mars 2021. Voir aussi Heinz Lossen, « Prof. Dr. Hans Dietlen, 75 Jahre alt », RöFo, vol. 80, n°4, 1954, p. 535-526..
  22. On renvoie ici à la notice biographique d’Auguste Gunsett rédigée par Christian Bonah sur ce Wikipédia pour en savoir plus sur l’œuvre de Gunsett dans le domaine de la radiothérapie (Strahlentherapie, roentgenthérapie, curiethérapie et radiumthérapie), mais aussi sur le contexte historique et scientifique..
  23. Auguste Wackenheim, « La mise en sommeil de la radiologie universitaire et la fondation du centre anticancéreux », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 505..
  24. Louis-François Hollender, « Les débuts de la clinique chirurgicale B », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 525-528..
  25. Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative..
  26. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg, 24 novembre 1940. Voir aussi Werner Wenz, Manfred Elke, Auguste Wackenheim, Radiologie am Oberrhein, 1895 bis heute, Berlin, Schering, 1987, p. 159..
  27. Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, 71e année, n°165, 14 juillet 1939, p. 9017..
  28. Sur le repli de l’hôpital civil en Dordogne, voir Christophe Woehrle, La Cité silencieuse, Strasbourg-Clairvivre (1939-1945), Beaumontis-en-Périgord, Les Éditions Secrets de Pays, 2019..
  29. Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative.
  30. ADBR, 126 AL 37, dossier 1, Anordnung des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass (Gesundheitswesen), 13 juillet 1940. Cet ordre a été transmis aux services des Strassburger Neueste Nachrichten qui ont publié un article à ce sujet dès le 20 juillet..
  31. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Lebenslauf, 24 novembre 1940 : « Seit August 1940 leitete ich die Wiederinstandsetzungsarbeiten der mir unterstellten Abteilungen der chirurgischen Klinik B und versehe wieder meinen Dienst seit der Wiedereröffnung der Krankenabteilungen der Klinik durch die Spitalverwaltung »..
  32. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 15. und 28. August 1940..
  33. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg, 24 novembre 1940. Les informations fournies dans ce formulaire, fiables et pour la plupart vérifiables par croisement de sources, servent de base à la présente notice biographique..
  34. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. Dezember 1940..
  35. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. März 1941 ; ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. April 1941..
  36. « Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 31. März 1941 », in Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass, n°12, 4 avril 1941, p. 242..
  37. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. März 1941. ADBR, 126 AL 37, dossier 4, Ärzteverzeichnis der Zivilhospizien zu Strassburg, Stand vom 1. April 1941. Voir aussi H. Lautsch, H. Dornedden (dir.), Verzeichnis der deutschen Ärzte und Heilanstalten (vormals Reichs-Medizinal-Kalender für Deutschland, Teil II), Nachtrag 8 zum Ärzteverzeichnis 193, Leipzig, Georg Thieme Verlag, 1942..
  38. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Demande d’évaluation politique de la Gauleitung (Personalamt) à la Kreisleitung der NSDAP (Personalamt), 11 août 1941..
  39. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique du Dr. Benmann (SD), 1er septembre 1941 : « Dr. Welsch ist charakterlich und fachlich in Ordnung. Frankophile Einstellung hat nie bestanden. Er ist sehr zurückhaltend, aber das Verhältnis zum deutschen Volkstum ist positiv »..
  40. 40,0 et 40,1 ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Évaluation politique de la Kreisleitung der NSDAP, 2 septembre 1941..
  41. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique du SS-Obersturmbannführer Hirschberg (Einsatzkommando III/1 du Sipo-SD de Strasbourg) à la Gauleitung (Personalamt), 3 novembre 1941 : « Welsch hat sich zwar früher politisch nicht betätigt, nimmt aber auch den heutigen veränderten Verhältnissen gegenüber noch eine ablehnende Haltung ein. Einer Parteigliederung hat er sich bis bisher nicht angeschlossen. Charakterlich ist er einwandfrei. Er besitzt einen guten Leumund, lebt in geordneten Familienverhältnissen. Unter Berücksichtigung der fachlichen Fähigkeiten des Welsch wird vorgeschlagen, ihn nach dem Altreich zu versetzen, da er seiner politischen Haltung wegen für die Aufbau-Arbeiten im Elsass ungeeignet ist »..
  42. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique de la Gauleitung (Personalamt) adressé au doyen de la faculté de médecine, 12 novembre 1941 : « Dr. Welsch war während der Franzosenzeit nicht frankophil eingestellt. Trotz seiner Zurückhaltung ist seine Einstellung dem Deutschtum gegenüber positiv. Ich stimme seiner weiteren Verwendung als Röntgenarzt an den Universitätskliniken zu, bitte aber, Dr. Welsch noch zu veranlassen, dass er sich den allenthalben zu lösenden Aufbauarbeiten der Partei zur Verfügung stellt. Einer entsprechenden Bescheinigung hierüber sehe ich noch entgegen »..
  43. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport d’évaluation politique de la Gauleitung (Personalamt) adressé au doyen de la faculté de médecine, 4 mars 1942 : « Dr. Welsch war während der Franzosenzeit nicht frankophil eingestellt. Trotz seiner Zurückhaltung ist seine Einstellung dem Deutschtum gegenüber positiv. Ich stimme seiner weiteren Verwendung als Röntgenarzt an den Universitätskliniken zu, bitte aber, Dr. Welsch noch zu veranlassen, dass er sich den allenthalben zu lösenden Aufbauarbeiten der Partei zur Verfügung stellt. Einer entsprechenden Bescheinigung hierüber sehe ich noch entgegen »..
  44. Rainer Möhler, Die Reichsuniversität Strassburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen, thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019, p. 541 et 735..
  45. Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609 sqq. ; Louis-François Hollender, Emmanuelle During-Hollender, « Anmerkungen zur Geschichte der Chirurgie in Strassburg », Zentralblatt für Chirurgie, vol. 126, n°7, 2001..
  46. D’après ADBR, 126 AL 37, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. Januar 1942, on compte très exactement 120 noms, auxquels il faut retrancher celui de Bickenbach, qui apparaît dans deux services (Abteilung III et institut de recherche de la clinique médicale). On obtient ainsi 119 médecins, dont 51 Allemands (RD), 50 Alsaciens, 4 Mosellans, 4 Luxembourgeois et 10 personnes dont la nationalité n’a pas pu être identifiée. Les cliniques qui ont le plus de personnels sont les cliniques médicale (30), chirurgicale (21), infantile (13) et gynécologique (12), comptant respectivement 56%, 71%, 38% et 33% de médecins issus des régions nouvellement annexées. D’autres cliniques, disposant de bien moins de personnel, comme la dermatologie (5 médecins), la psychiatrie-neurologie (4) ou l’orthopédie (2), affichent bien souvent une surreprésentation d’Alsaciens (respectivement 80%, 75% et 100%). On remarque enfin qu’au 1er janvier 1942, aucun Alsacien et aucun Mosellan ne travaille à la clinique ORL ou à la clinique ophtalmologique..
  47. ADBR, 126 AL 37, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Straβburg, Stand vom 1. Januar 1942.
  48. ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Meldung über die Zahl der in unserem Klinikum beschäftigten Assistenzärzte und Ärztinnen, Stand vom 9. März, 9. April, 9. Mai, 9. Juni, 9. Juli, 1. August, 1. September, 1. Oktober, 1. November und 1. Dezember 1942. Ces rapports sont établis par le kommissarischer Verwaltungsdirektor (Bracker puis Barthelme) et transmis qui l’envoie à la Gauleitung (Polizei- und Verwaltungsabteilung), parfois via le Städtisches Gesundheitsamt Strassburg..
  49. ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Meldung über die Zahl der in unserem Klinikum beschäftigten Assistenzärzte und Ärztinnen, Stand vom 9. März, 9. April, 9. Mai, 9. Juni, 9. Juli, 1. August, 1. September, 1. Oktober, 1. November und 1. Dezember 1942. Pour simplifier la lecture du graphique et mieux percevoir le pourcentage de lits chirurgicaux encore disponibles, nous avons volontairement fait commencer la graduation des pourcentages à 70%. En moyenne, sur toute la période considérée, il y a environ trente-huit lits non occupés à la clinique chirurgicale (en mars à peine dix-huit et en avril quatre-vingt-treize).
  50. Voir ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Liste du personnel médical des cliniques et instituts de la Reichsuniversität Strassburg, état du 1er janvier 1942 au 1er novembre 1943. Voir également Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1943, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1943, p. 37 ; Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Winter-Semester 1943-1944, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1943, p. 37; Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1944, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1944, p. 37 ; Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Winter-Semester 1944-1945, Strasbourg, P. Heitz & Co., 1944, p. 42..
  51. BArch, R 76/IV 27, Annuaire du personnel de la Reichsuniversität Strassburg repliée à Tübingen, 26 mars 1945..
  52. 52,0 et 52,1 Louis-François Hollender, « La clinique chirurgicale B d’Alfred Weiss », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 690-691..
  53. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Lettre du Préfet du Bas-Rhin au Commissaire divisionnaire, chef du service des Renseignements Généraux de Strasbourg, 18 mars 1948..
  54. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Rapport de l’inspecteur Andlauer au Commissaire divisionnaire, chef du service des Renseignements Généraux de Strasbourg, 23 mars 1948..
  55. Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Robert Welsch, carte nominative. Voir également Journal officiel de la République française. Lois et décrets. Arrêtés, circulaires, avis, communications, informations et annonces, année 84, n°178, 29 juillet 1948, p. 7496. Robert Welsch fait partie de la même promotion que Louis Crusem et Auguste Schaaf, alors tous deux « assistant[s] à la faculté de médecine de Strasbourg », à être nommés officiers de l’instruction publique..
  56. Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, Dossier administratif de R. Welsch, Carte nominative. En totalité, Robert Welsch fait l’objet de trois arrêtés ministériels lui permettant à chaque fois, « par ancienneté d’âge et de service » de faire valoir ses droits à la retraite, le premier à compter du 6 août 1957, le deuxième à compter du 6 août 1958 et le troisième à compter du 6 août 1959, mais bénéficiant à chaque fois d’un maintien en fonction jusqu’au 30 septembre de l’année en cours. À deux reprises, le 12 août 1957 et le 17 juin 1958, le ministre prend un décret qui permet à Welsch de poursuivre sa carrière. En ce qui concerne son traitement, signalons que l’année précédant son départ, le ministre l’a « rangé au 1er octobre 1958 en 1e classe des assistants catégorie 7 par décret du 22 novembre 1958 avec une ancienneté de 14 ans, 5 mois et 4 jours » (arrêté ministériel du 30 janvier 1959)..
  57. ADBR, 1558 W 47, dossier n°3878 (Robert Welsch), Fragebogen zur Erfassung der Beamten, Assistenten, Angestellten und Arbeiter an der Universität Straßburg, 24 novembre 1940. Voir aussi ADBR, 4E482/206, État civil de Strasbourg, Acte de naissance de J. Rothhan, Acte n°1350/1889. Concernant les beaux-parents de Robert Welsch, précisons que le père de Johanna, Michael Rothhan, est né le 29 août 1853 à Haguenau et est décédé le 14 octobre 1894 à Strasbourg. Exerçant la profession de brasseur (Bierbrauer), il avait épousé en 1878 à Strasbourg une Allemande, Luise Metz, née le 1er juillet 1859 à Oberotterbach en Rhénanie-Palatinat et décédée le 11 janvier 1926 à Strasbourg). Si le père était de confession catholique, la mère était protestante, comme Johanna d’ailleurs..