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Différences entre les versions de « Paul Buck »

De Commission Historique
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''La ''Notdienstverpflichtung'', les représailles et la fuite vers la France libre''
''La ''Notdienstverpflichtung'', les représailles et la fuite vers la France libre''


En réalité, sur décret du département pour l’administration et la police au sein de la ''Gauleitung'' du 15 septembre 1942 concernant le service médical obligatoire destiné à assurer la continuité des soins à la population civile, Paul Buck est contraint de quitter l’Alsace. Il est en effet ''notdienstverpflichtet'', c’est-à-dire qu’il est muté dans le Reich pour accomplir un service médical aux côtés de médecins allemands. Il est informé le 19 septembre 1942 de la décision des autorités et apprend qu’il doit se rendre, à partir du 25 septembre, à Stetten am kalten Markt dans le pays de Bade, à une cinquantaine de kilomètres au nord du Lac de Constance<ref name="c9a1927cbe13f71936993843e15052db01c456d5">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du ''Polizeipräsident'' de Strasbourg au ''Einsatzkommando III/1'' (''Gestapo''), 15 octobre 1942. Sur la ''Notdienstverpflichtung'', voir ADBR, 126 AL 37, dossier 1..</ref>. Toutefois, ce même jour, Paul Buck rassemble ses vêtements, sa lingerie et certains objets personnels pour les entreposer chez ses parents à Ittenheim. Il semble que son père, Charles Buck, ait demandé à l’un de ses employés à la boucherie de se rendre à Strasbourg avec une fourgonnette pour récupérer les effets personnels de Paul Buck. Pendant quelques jours, Paul retourne chez ses parents, il ne retourne plus dans son appartement à la clinique, mais continue de travailler à la clinique jusqu’au mercredi 23 septembre. Ce jour-là, il demande à son chef de service, le Dr. Langemeier, l’autorisation de quitter son poste au motif qu’il serait « refroidi » (''erkältet''). En fait, « depuis ce moment-là, il ne se serait plus montré » et aurait quitté l’hôpital. L’enquête réalisée par les services de police aboutit à la conclusion selon laquelle Paul Buck aurait en réalité quitté l’Alsace. Les policiers interrogent plusieurs personnes, notamment des « médecins de l’hôpital civil », donc des collègues de Buck, qui expriment la conjecture selon laquelle « se serait, selon toute probabilité, rendu en France libre ». Les langues se déliant, beaucoup de témoins entendus dévoilent des éléments à charge à l’encontre de Buck. Ainsi, on apprend par exemple que Buck n’aurait pas été « irréprochable d’un point de vue politique » et il n’aurait « jamais salué avec le salut allemand "''Heil Hitler''" »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
En réalité, sur décret du département pour l’administration et la police au sein de la ''Gauleitung'' du 15 septembre 1942 concernant le service médical obligatoire destiné à assurer la continuité des soins à la population civile, Paul Buck est contraint de quitter l’Alsace. Il est en effet ''notdienstverpflichtet'', c’est-à-dire qu’il est muté dans le Reich pour accomplir un service médical aux côtés de médecins allemands. Il est informé le 19 septembre 1942 de la décision des autorités et apprend qu’il doit se rendre, à partir du 25 septembre, à Stetten am kalten Markt dans le pays de Bade, à une cinquantaine de kilomètres au nord du Lac de Constance<ref name="c9a1927cbe13f71936993843e15052db01c456d5">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du ''Polizeipräsident'' de Strasbourg au ''Einsatzkommando III/1'' (''Gestapo''), 15 octobre 1942. Sur la ''Notdienstverpflichtung'', voir ADBR, 126 AL 37, dossier 1..</ref>. Toutefois, ce même jour, Paul Buck rassemble ses vêtements, sa lingerie et certains objets personnels pour les entreposer chez ses parents à Ittenheim. Il semble que son père, Charles Buck, ait demandé à l’un de ses employés à la boucherie de se rendre à Strasbourg avec une fourgonnette pour récupérer les effets personnels de Paul Buck. Pendant quelques jours, Paul retourne chez ses parents, il ne retourne plus dans son appartement à la clinique, mais continue de travailler à la clinique jusqu’au mercredi 23 septembre. Ce jour-là, il demande à son chef de service, le Dr. Langemeier, l’autorisation de quitter son poste au motif qu’il serait « refroidi » (''erkältet''). En fait, « depuis ce moment-là, il ne se serait plus montré » et aurait quitté l’hôpital. L’enquête réalisée par les services de police aboutit à la conclusion selon laquelle Paul Buck aurait en réalité quitté l’Alsace. Les policiers interrogent plusieurs personnes, notamment des « médecins de l’hôpital civil », donc des collègues de Buck, qui expriment la conjecture selon laquelle « se serait, selon toute probabilité, rendu en France libre ». Les langues se déliant, beaucoup de témoins entendus dévoilent des éléments à charge à l’encontre de Buck. Ainsi, on apprend par exemple que Buck n’aurait pas été « irréprochable d’un point de vue politique » et il n’aurait « jamais salué avec le salut allemand "''Heil Hitler''" »<ref name="ab3a35edb78ac1a97f632ec6833448e71e47759b">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du ''Polizeipräsident'' de Strasbourg au ''Einsatzkommando III/1'' (''Gestapo''), 15 octobre 1942..</ref>.


Très vite, Charles Buck est accusé d’avoir aidé son fils Paul Buck à franchir la frontière et à quitter l’Alsace, quand bien même celui-ci nie tout lien dans cette affaire<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. De ce fait, un certain Kürzenhauser, membre du service du personnel de la ''Gauleitung'', en charge de la gestion de cette affaire, souhaite que des mesures de représailles (''Repressalien'') soient prises à l’encontre du père. Mais il est particulièrement intéressant de noter que plusieurs hauts responsables du parti et de l’administration nazis en Alsace s’opposent à de lourdes mesures punitives contre Charles Buck. Le responsable de l’antenne locale du parti, le ''Kreisleiter'' Bickler estime que « dans un territoire allemand, et c’est bien ce qu’est l’Alsace, aucune mesure de représailles ne devrait être prise. Soit l’on punit le coupable, soit l’on peut, au maximum, faire pression sur la famille pour que de tels cas, non souhaitables pour nous, ne se reproduisent ». Après ces propos liminaires qui dévoilent son point de vue sur l’idée de punir le père Buck, le Bickler ajoute que le comportement de Paul Buck ne peut être imputé qu’à Paul Buck lui-même. D’une part, il précise que la famille est très bien vue au village et que son père, « qui est l’un de nos meilleurs villageois », n’était certes pas un « défenseur des droits de sa patrie » (''Heimatrechtler'') ou un autonomiste, mais ne « s’est jamais opposé aux partisans de notre cause, très nombreux en Alsace ». En fait, il semblerait que la politique n’ait jamais intéressé Charles Buck et que celui-ci ne s’intéressait qu’à sa boucherie. D’autre part, si Paul Buck a« sans aucun doute élevé dans un milieu français », son attitude n’aurait en rien été déterminée par « l’influence de son père », mais bien « par celle de l’école et de tout son milieu », dans le sens où il a été formé par l’école républicaine et l’université française. Concernant les mesures à adopter, Bickler considère comme l’''Ortsgruppenleiter'' Barth – « l’un de ses meilleurs hommes » –, qu’il ne faudrait pas expulser (''Absiedlung'') le père Buck. Au contraire, il propose une punition qu’il a déjà soumise au ''Gauleiter'' Wagner, à savoir la confiscation d’une partie de sa fortune qui devrait revenir un jour en héritage à Paul Buck<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
Très vite, Charles Buck est accusé d’avoir aidé son fils Paul Buck à franchir la frontière et à quitter l’Alsace, quand bien même celui-ci nie tout lien dans cette affaire<ref name="a6f0add75988de14aee20c8e15f0a33fe1499aac">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du ''Polizeipräsident'' de Strasbourg au ''Einsatzkommando III/1'' (''Gestapo''), 15 octobre 1942. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de la ''Reichsärztekammer Baden'' (Dr. Benmann) à Kürzenhauser, ''Gaupersonalamtsleiter'', 9 novembre 1942..</ref>. De ce fait, un certain Kürzenhauser, membre du service du personnel de la ''Gauleitung'', en charge de la gestion de cette affaire, souhaite que des mesures de représailles (''Repressalien'') soient prises à l’encontre du père. Mais il est particulièrement intéressant de noter que plusieurs hauts responsables du parti et de l’administration nazis en Alsace s’opposent à de lourdes mesures punitives contre Charles Buck. Le responsable de l’antenne locale du parti, le ''Kreisleiter'' Bickler estime que « dans un territoire allemand, et c’est bien ce qu’est l’Alsace, aucune mesure de représailles ne devrait être prise. Soit l’on punit le coupable, soit l’on peut, au maximum, faire pression sur la famille pour que de tels cas, non souhaitables pour nous, ne se reproduisent ». Après ces propos liminaires qui dévoilent son point de vue sur l’idée de punir le père Buck, le Bickler ajoute que le comportement de Paul Buck ne peut être imputé qu’à Paul Buck lui-même. D’une part, il précise que la famille est très bien vue au village et que son père, « qui est l’un de nos meilleurs villageois », n’était certes pas un « défenseur des droits de sa patrie » (''Heimatrechtler'') ou un autonomiste, mais ne « s’est jamais opposé aux partisans de notre cause, très nombreux en Alsace ». En fait, il semblerait que la politique n’ait jamais intéressé Charles Buck et que celui-ci ne s’intéressait qu’à sa boucherie. D’autre part, si Paul Buck a« sans aucun doute élevé dans un milieu français », son attitude n’aurait en rien été déterminée par « l’influence de son père », mais bien « par celle de l’école et de tout son milieu », dans le sens où il a été formé par l’école républicaine et l’université française. Concernant les mesures à adopter, Bickler considère comme l’''Ortsgruppenleiter'' Barth – « l’un de ses meilleurs hommes » –, qu’il ne faudrait pas expulser (''Absiedlung'') le père Buck. Au contraire, il propose une punition qu’il a déjà soumise au ''Gauleiter'' Wagner, à savoir la confiscation d’une partie de sa fortune qui devrait revenir un jour en héritage à Paul Buck<ref name="0d8399da00a055b24f00355917268c7bb6025ed8">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du ''Kreisleiter'' Bickler au ''Gaustabsamtsleiter'' Schuppel, 30 novembre 1942..</ref>.


Enfin, l’enquête concernant la fuite de Paul Buck poursuit son cours encore pendant quelques semaines. Le 6 janvier 1943, un rapport interne de la Sipo de Strasbourg et plus précisément du service de la police criminelle au bureau de la Gestapo, confirme officiellement l’« émigration illégale » (''illegale Abwanderung'') de Paul Buck. Le ''SS-Hauptsturmführer'' et ''Kriminalkommissar'' Klenke est alors certain qu’il a « illégalement émigré vers la France »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.  En fait, s’il ne fait aucun doute que Buck a bien gagné la France libre en septembre 1942, il semble qu’il ait même fait partie de la Résistance, comme le suggère Louis-François Hollender en précisant qu’il avait en réalité rejoint l’Afrique du Nord<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Officiellement licencié de la clinique chirurgicale de la ''Reichsuniversität Strassburg'' au 30 septembre 1942 – pour que son salaire ne soit plus versé –, Paul Buck ne revient en Alsace qu’après la Libération en 1944-1945<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
Enfin, l’enquête concernant la fuite de Paul Buck poursuit son cours encore pendant quelques semaines. Le 6 janvier 1943, un rapport interne de la Sipo de Strasbourg et plus précisément du service de la police criminelle au bureau de la Gestapo, confirme officiellement l’« émigration illégale » (''illegale Abwanderung'') de Paul Buck. Le ''SS-Hauptsturmführer'' et ''Kriminalkommissar'' Klenke est alors certain qu’il a « illégalement émigré vers la France »<ref name="b24cb4bb5f7940b68f9645d9b223ab7b4e0abcc2">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Rapport interne de la ''Sicherheitspolizei Einsatzkommando III/1'' (''Kriminalpolizei'' à la ''Gestapo''), 6 janvier 1943. On remarquera que sur ce formulaire pré-imprimé, plusieurs mentions ont été rayées, comme la précision « d’un français francophile vers la France » dans l’objet du rapport concernant l’« émigration illégale » ou encore la justification « pour se soustraire au service du travail obligatoire (''Arbeitsdienstpflicht'') ou au service militaire (''Wehrpflicht'') »..</ref>.  En fait, s’il ne fait aucun doute que Buck a bien gagné la France libre en septembre 1942, il semble qu’il ait même fait partie de la Résistance, comme le suggère Louis-François Hollender en précisant qu’il avait en réalité rejoint l’Afrique du Nord<ref name="ef4a8e3e4c966904d1c498956cc8db86727ffd63">Louis-François Hollender, « Quand la clinique chirurgicale était dirigée depuis la Chirurgie B », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609..</ref>. Officiellement licencié de la clinique chirurgicale de la ''Reichsuniversität Strassburg'' au 30 septembre 1942 – pour que son salaire ne soit plus versé –, Paul Buck ne revient en Alsace qu’après la Libération en 1944-1945<ref name="204975099089094761e2afd0c7f031b044c1a29a">ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de l’administration de l’hôpital civil au ''Kurator'', 21 octobre 1942..</ref>.




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''La thèse de doctorat de médecine''
''La thèse de doctorat de médecine''


Dans l’après-guerre, Paul Buck commence par achever son cursus universitaire qu’il n’avait pas pu mener à terme en raison de la déclaration de guerre et de la mobilisation générale fin 1939. De manière particulièrement inédite compte tenu de la situation politique en Alsace entre 1918 et 1945 notamment, Paul Buck est l’un des médecins alsaciens qui restent en poste à l’université française. Après la Libération, la faculté de médecine française de Strasbourg autorise en effet son réemploi dans sa clinique chirurgicale, quand bien même il avait travaillé pour l’université allemande quelques années plus tôt. Dès 1945, le professeur alsacien René Fontaine (1899-1979) reçoit la chaire de thérapeutique chirurgicale ainsi que la direction de la clinique chirurgicale A. Très rapidement, il récupère Paul Buck dans son équipe chirurgicale. Sous la direction de son maître, Paul Buck commence à s’intéresser à la plaquettose et à la coagulation sanguine. Plus précisément, il travaille sur une pathologie cardiovasculaire potentiellement dangereuse appelée artérite oblitérante, également connue sous le nom d’artériopathie oblitérante. Cette pathologie artérielle, qui touche essentiellement les membres inférieurs du corps humain, se caractérise par l’occlusion ou le rétrécissement du calibre d’une artère (principalement iliaque, fémorale et tibiale). Le corolaire en est la mauvaise irrigation (ischémie) des tissus, dont l’origine est bien souvent due à une athérosclérose, à savoir un dépôt de graisses sur la paroi interne des artères. Dans l’établissement du diagnostic, le bilan médical et clinique est précisément complété par un bilan biologique, notamment à la recherche d’un trouble de la coagulation, des globules rouges ou des plaquettes, comme s’y intéresse Buck. En réalité, dès ce moment-là, Paul Buck se spécialise dans le domaine de la chirurgie circulatoire et vasculaire, un domaine dont il est par la suite devenu l’un des plus grands spécialistes strasbourgeois. Enfin, le 16 juin 1947, Buck devant la faculté de médecine de Strasbourg sa thèse de doctorat de médecine intitulée « Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes », qui marque un nouveau départ dans sa carrière médicale scientifique<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
Dans l’après-guerre, Paul Buck commence par achever son cursus universitaire qu’il n’avait pas pu mener à terme en raison de la déclaration de guerre et de la mobilisation générale fin 1939. De manière particulièrement inédite compte tenu de la situation politique en Alsace entre 1918 et 1945 notamment, Paul Buck est l’un des médecins alsaciens qui restent en poste à l’université française. Après la Libération, la faculté de médecine française de Strasbourg autorise en effet son réemploi dans sa clinique chirurgicale, quand bien même il avait travaillé pour l’université allemande quelques années plus tôt. Dès 1945, le professeur alsacien René Fontaine (1899-1979) reçoit la chaire de thérapeutique chirurgicale ainsi que la direction de la clinique chirurgicale A. Très rapidement, il récupère Paul Buck dans son équipe chirurgicale. Sous la direction de son maître, Paul Buck commence à s’intéresser à la plaquettose et à la coagulation sanguine. Plus précisément, il travaille sur une pathologie cardiovasculaire potentiellement dangereuse appelée artérite oblitérante, également connue sous le nom d’artériopathie oblitérante. Cette pathologie artérielle, qui touche essentiellement les membres inférieurs du corps humain, se caractérise par l’occlusion ou le rétrécissement du calibre d’une artère (principalement iliaque, fémorale et tibiale). Le corolaire en est la mauvaise irrigation (ischémie) des tissus, dont l’origine est bien souvent due à une athérosclérose, à savoir un dépôt de graisses sur la paroi interne des artères. Dans l’établissement du diagnostic, le bilan médical et clinique est précisément complété par un bilan biologique, notamment à la recherche d’un trouble de la coagulation, des globules rouges ou des plaquettes, comme s’y intéresse Buck. En réalité, dès ce moment-là, Paul Buck se spécialise dans le domaine de la chirurgie circulatoire et vasculaire, un domaine dont il est par la suite devenu l’un des plus grands spécialistes strasbourgeois. Enfin, le 16 juin 1947, Buck devant la faculté de médecine de Strasbourg sa thèse de doctorat de médecine intitulée « Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes », qui marque un nouveau départ dans sa carrière médicale scientifique<ref name="599e15ad2c3dba1a45a487a19373652449338bc5">Paul Buck, ''Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes'', thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université de Strasbourg, n°40, 1947. Voir aussi Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative..</ref>.


''Nouveau départ de la carrière scientifique : de chef de clinique à l’agrégation''
''Nouveau départ de la carrière scientifique : de chef de clinique à l’agrégation''


La fin des années 1940 est une période durant laquelle la carrière médicale de Paul Buck est catalysée. Dès le 1er mai 1946, l’université le nomme chef de clinique adjoint délégué à titre honorifique dans le domaine de la clinique chirurgicale thérapeutique. Avant la fin de l’année, un nouvel arrêté du recteur de l’université le nomme chef de clinique délégué pour une période d’un an (1946-1947) en remplacement du Dr. Pilla. Il est renouvelé dans la même fonction pour l’année 1947-1948, avant d’être nommé chef de clinique pour l’année 1948-1949<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. C’est également une période riche pour le développement de la carrière scientifique de Paul Buck puisqu’il est notamment associé à une expérimentation scientifique réalisée avec Max Aron et René Fontaine à la fin des années 1940. Tous les trois ont mis au point un test sérologique du cancer basé sur le principe que l’association d’un antigène dérivé de l’urine d’un patient cancéreux avec l’anticorps d’un patient cancéreux produit une opacité de l’urine<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Ce test, qui porte le nom de « réaction de Aron » ou de « test de Fontaine-Aron-Buck », a été présenté dans un article intitulé « Réaction sérologique de diagnostic du cancer (les résultats statistiques) » que Aron, Fontaine et Buck ont publié en 1949 dans la revue scientifique suisse ''Schweizerische medizinische Wochenschrift''<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. En fait, il convient de préciser que le médecin, biologiste et histologiste français Max Aron (1892-1974) travaillait déjà depuis plusieurs années sur la mise en évidence d’un principe spécifique dans l’urine des patients atteints d’un cancer permettant ainsi de faciliter l’établissement du diagnostic du cancer<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
La fin des années 1940 est une période durant laquelle la carrière médicale de Paul Buck est catalysée. Dès le 1er mai 1946, l’université le nomme chef de clinique adjoint délégué à titre honorifique dans le domaine de la clinique chirurgicale thérapeutique. Avant la fin de l’année, un nouvel arrêté du recteur de l’université le nomme chef de clinique délégué pour une période d’un an (1946-1947) en remplacement du Dr. Pilla. Il est renouvelé dans la même fonction pour l’année 1947-1948, avant d’être nommé chef de clinique pour l’année 1948-1949<ref name="349f6fc69c44a63e238ed19861fec460b276b014">Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative..</ref>. C’est également une période riche pour le développement de la carrière scientifique de Paul Buck puisqu’il est notamment associé à une expérimentation scientifique réalisée avec Max Aron et René Fontaine à la fin des années 1940. Tous les trois ont mis au point un test sérologique du cancer basé sur le principe que l’association d’un antigène dérivé de l’urine d’un patient cancéreux avec l’anticorps d’un patient cancéreux produit une opacité de l’urine<ref name="c4920c928f7616a54cf95eadc1de4d3e7486649a">Voir http://www.whonamedit.com/synd.cfm/1529.html, [en ligne], consulté le 15 mars 2021..</ref>. Ce test, qui porte le nom de « réaction de Aron » ou de « test de Fontaine-Aron-Buck », a été présenté dans un article intitulé « Réaction sérologique de diagnostic du cancer (les résultats statistiques) » que Aron, Fontaine et Buck ont publié en 1949 dans la revue scientifique suisse ''Schweizerische medizinische Wochenschrift''<ref name="eed195e79aa0f3d6bd0a00fd44c1fbd83739dcc5">René Fontaine, Max Aron, Paul Buck, « Réaction sérologique de diagnostic du cancer (les résultats statistiques) », ''Schweizerische medizinische Wochenschrift'', n°79, 1949, p. 227-230..</ref>. En fait, il convient de préciser que le médecin, biologiste et histologiste français Max Aron (1892-1974) travaillait déjà depuis plusieurs années sur la mise en évidence d’un principe spécifique dans l’urine des patients atteints d’un cancer permettant ainsi de faciliter l’établissement du diagnostic du cancer<ref name="25060f01dc7fc6751f14a8b0d7e8104bc423a380">Voir par exemple Max Aron, ''Technique pour la mise en évidence d'un principe spécifique dans l'urine des cancéreux, résultats statistiques, signification théorique et pratique de la réaction du cancer'', Paris, Masson, 1934 ; Marx, Aron, « Présence d'un principe spécifique dans l'urine des individus atteints de cancer », ''La presse médicale'', n°42, 1934, p. 833- 836 ; Max Aron, « Essai d'une méthode histologique de diagnostic du cancer. Essai d'interprétation », ''Comptes rendus de la Société de biologie'', n°115, 1934, p. 403- 406..</ref>.


De plus, si Buck a occupé une fonction de chef de clinique en chirurgie A entre 1946 et 1949, il n’est pas renouvelé dans ce poste pour l’année scolaire suivante, car il venait d’être admis à l’agrégation de chirurgie (section 2, chirurgie générale). Dès lors, à compter du 1er octobre 1949, Paul Buck est « institué et nommé agrégé pour une période de neuf ans […] à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg » en vertu d’un arrêté ministériel pris le 31 décembre 1949 avec effet rétroactif. Chaque année, son poste d’agrégé est renouvelé pour l’année scolaire suivante et ce, jusqu’en 1957-1958. Pour les deux dernières années de sa fonction d’agrégé, il obtient également une charge d’enseignement en chirurgie générale<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Paul Buck était en réalité le premier agrégé du professeur Fontaine de la clinique chirurgicale A et comme un agrégé de chirurgie maîtrisait plusieurs spécialités chirurgicales dans les années 1950, Buck était devenu maître tout à la fois en chirurgie vasculaire, cardiaque, thoracique, générale et même en chirurgie orthopédique. Toutefois, comme le poste d’agrégé est limité à neuf ans, à l’issue de ces neuf années de pratique, l’agrégé est contraint de trouver une autre clinique d’accueil. Ainsi, à la fin des années 1950, il effectue pendant quelques temps une activité libérale, recevant des patients à son cabinet et opérant dans certaines cliniques privées ou confessionnelles de la ville de Strasbourg. Sa carrière se poursuit ensuite au début des années 1960 avec son arrivée au centre de traumatologie de Strasbourg et sa nomination en qualité de professeur titulaire en chirurgie infantile<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
De plus, si Buck a occupé une fonction de chef de clinique en chirurgie A entre 1946 et 1949, il n’est pas renouvelé dans ce poste pour l’année scolaire suivante, car il venait d’être admis à l’agrégation de chirurgie (section 2, chirurgie générale). Dès lors, à compter du 1er octobre 1949, Paul Buck est « institué et nommé agrégé pour une période de neuf ans […] à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg » en vertu d’un arrêté ministériel pris le 31 décembre 1949 avec effet rétroactif. Chaque année, son poste d’agrégé est renouvelé pour l’année scolaire suivante et ce, jusqu’en 1957-1958. Pour les deux dernières années de sa fonction d’agrégé, il obtient également une charge d’enseignement en chirurgie générale<ref name="349f6fc69c44a63e238ed19861fec460b276b014">Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative..</ref>. Paul Buck était en réalité le premier agrégé du professeur Fontaine de la clinique chirurgicale A et comme un agrégé de chirurgie maîtrisait plusieurs spécialités chirurgicales dans les années 1950, Buck était devenu maître tout à la fois en chirurgie vasculaire, cardiaque, thoracique, générale et même en chirurgie orthopédique. Toutefois, comme le poste d’agrégé est limité à neuf ans, à l’issue de ces neuf années de pratique, l’agrégé est contraint de trouver une autre clinique d’accueil. Ainsi, à la fin des années 1950, il effectue pendant quelques temps une activité libérale, recevant des patients à son cabinet et opérant dans certaines cliniques privées ou confessionnelles de la ville de Strasbourg. Sa carrière se poursuit ensuite au début des années 1960 avec son arrivée au centre de traumatologie de Strasbourg et sa nomination en qualité de professeur titulaire en chirurgie infantile<ref name="6034b83700cd4fdfbabf2a04b1c657c098ae4870">Ivan Kempf, Pierre Kehr, Claude Karger, Jean-Michel Clavret, « Histoire de l’orthopédie pédiatrique à Strasbourg », ''La Gazette de la Société française d’orthopédie pédiatrique'', n°26, février-mars 2009, p. 6-8..</ref>.




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''Le centre de traumatologie et d’orthopédie''
''Le centre de traumatologie et d’orthopédie''


Entre 1963 et 1967, Paul Buck devient directeur du centre de traumatologie strasbourgeois, prenant la succession du professeur Edgard Stulz (1893-1963) décédé le 6 juillet 1963. Hérité de l’''Unfallkrankenhaus'' allemand, le centre de traumatologie doit beaucoup à son ancien chirurgien-chef Edgar Stulz et au docteur René Cayet (1884-1968) qui ont participé tous deux à l’essor, aux transformations et à la spécialisation de ce qui avait été appelé la « clinique des Assurances sociales » au sortir de la guerre, puis « Centre de traumatologie » en 1946. Exclusivement dédié à la chirurgie générale, mais plus encore à la traumatologie, il s’agit en réalité du premier centre de traumatologie établi en France. Dans cette œuvre, Stulz s’était appuyé sur deux de ses collaborateurs, le docteur Gaston Pfister et le docteur Ivan Kempf (qui met en place un « service d’ambulances de grand secours » pour chercher les polytraumatisés et autres accidentés à Strasbourg)<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
Entre 1963 et 1967, Paul Buck devient directeur du centre de traumatologie strasbourgeois, prenant la succession du professeur Edgard Stulz (1893-1963) décédé le 6 juillet 1963. Hérité de l’''Unfallkrankenhaus'' allemand, le centre de traumatologie doit beaucoup à son ancien chirurgien-chef Edgar Stulz et au docteur René Cayet (1884-1968) qui ont participé tous deux à l’essor, aux transformations et à la spécialisation de ce qui avait été appelé la « clinique des Assurances sociales » au sortir de la guerre, puis « Centre de traumatologie » en 1946. Exclusivement dédié à la chirurgie générale, mais plus encore à la traumatologie, il s’agit en réalité du premier centre de traumatologie établi en France. Dans cette œuvre, Stulz s’était appuyé sur deux de ses collaborateurs, le docteur Gaston Pfister et le docteur Ivan Kempf (qui met en place un « service d’ambulances de grand secours » pour chercher les polytraumatisés et autres accidentés à Strasbourg)<ref name="17e156a55e8672b93e82234cb3dd2cfc2f7f9ad4">Ivan Kempf, Janine Pinelli, « La clinique des Assurances sociales devient le Centre de traumatologie », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 728-729..</ref>.


Nommé à sa direction en 1963, Paul Buck conserve la vocation chirurgicale et traumatologique du centre. Durant les quatre années de son passage – et ayant à ses côtés le docteur Ivan Kempf comme agrégé après être passé à l’hôpital orthopédique Stéphanie à Strasbourg –, Buck développe de manière significative l’activité de chirurgie orthopédique pédiatrique ainsi que le traitement des fractures de l’enfant. De plus, selon l’un de ses anciens élèves, Jean-Michel Clavert, Buck était « le grand spécialiste des fentes labio-palatines »<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Quatre ans plus tard, avec sa nomination comme professeur de chirurgie infantile et étant nommé directeur du service infantile au CHU de Strasbourg, la direction médicale du centre de traumatologie revient au professeur Ivan Kempf, qui entreprend de réorganiser le service en affirmant davantage la spécialisation du centre dans le domaine de l’orthopédie et en supprimant notamment les lits de chirurgie générale<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.
Nommé à sa direction en 1963, Paul Buck conserve la vocation chirurgicale et traumatologique du centre. Durant les quatre années de son passage – et ayant à ses côtés le docteur Ivan Kempf comme agrégé après être passé à l’hôpital orthopédique Stéphanie à Strasbourg –, Buck développe de manière significative l’activité de chirurgie orthopédique pédiatrique ainsi que le traitement des fractures de l’enfant. De plus, selon l’un de ses anciens élèves, Jean-Michel Clavert, Buck était « le grand spécialiste des fentes labio-palatines »<ref name="6034b83700cd4fdfbabf2a04b1c657c098ae4870">Ivan Kempf, Pierre Kehr, Claude Karger, Jean-Michel Clavret, « Histoire de l’orthopédie pédiatrique à Strasbourg », ''La Gazette de la Société française d’orthopédie pédiatrique'', n°26, février-mars 2009, p. 6-8..</ref>. Quatre ans plus tard, avec sa nomination comme professeur de chirurgie infantile et étant nommé directeur du service infantile au CHU de Strasbourg, la direction médicale du centre de traumatologie revient au professeur Ivan Kempf, qui entreprend de réorganiser le service en affirmant davantage la spécialisation du centre dans le domaine de l’orthopédie et en supprimant notamment les lits de chirurgie générale<ref name="17e156a55e8672b93e82234cb3dd2cfc2f7f9ad4">Ivan Kempf, Janine Pinelli, « La clinique des Assurances sociales devient le Centre de traumatologie », ''in'' Jacques Héran (dir.), ''Histoire de la médecine à Strasbourg'', Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 728-729..</ref>.


''La chaire de « clinique chirurgicale des enfants » et le service de chirurgie infantile''
''La chaire de « clinique chirurgicale des enfants » et le service de chirurgie infantile''

Version du 8 avril 2024 à 11:41


Paul Buck
Prénom Paul
Nom Buck
Sexe masculin
Naissance 24 mai 1915 (Ittenheim)
Décès 24 juin 1998 (Strasbourg)
Profession du père Maître-boucher

These Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes (Université de Strasbourg, UdS, post-1945, 1947)
Directeur de thèse René Fontaine
Profession Médecin

Titre Prof. Dr. med.

Spécialités Chirurgie, Chirurgie infantile, Chirurgie orthopédique


Paul Buck (1915-1998) est un médecin et chirurgien né en Alsace durant la Première Guerre mondiale. Avec son frère aîné Frédéric (1913-2006), également devenu chirurgien à la faculté de médecine de Strasbourg et à la Reichsuniversität Strassburg, Paul Buck grandit en Alsace effectue ses études de médecine de 1933 à 1939. En novembre 1936, il réussit le concours d’externat des hôpitaux et commence aussitôt à travailler successivement dans les cliniques chirurgicale A, médicale A, neurologique et infantile, obtenant en même temps un poste de moniteur, puis d’aide d’anatomie. En novembre 1938, il est reçu troisième au concours d’internat des hôpitaux et travaille en tant que tel à la clinique médicale B jusqu’à la fin de ses études et le déclenchement de la guerre. Mobilisé dans l’armée, il ne parvient pas à préparer et à soutenir sa thèse de doctorat de médecine, mais sert comme sous-officier du corps médical, vraisemblablement à Clairvivre (Dordogne), où s’était replié l’hôpital civil de Strasbourg.

Fait prisonnier par les Allemands, il est rapidement libéré du camp de prisonniers de guerre et obtient un poste de chirurgien à la clinique chirurgicale de l’hôpital civil allemand de Strasbourg dès le 15 juillet 1940. Au cœur d’une Alsace annexée de fait par le IIIe Reich, Paul Buck poursuit sa carrière médicale et scientifique au sein des hospices civils (1940-1941), puis de la Reichsuniversität Strassburg (1941-1942), gagnant la confiance du nouveau régime. Cependant, après avoir célébré la Fête nationale française le 14 juillet 1942, Paul Buck est frappé d’une mesure punitive par les autorités nazies, qui décident de l’envoyer dans le Reich en septembre 1942 pour quelques mois afin de le « rééduquer » et le gagner à la cause nationale-socialiste. Voulant se soustraire à la Notdienstverpflichtung, une sorte de service médical obligatoire qui a touché de nombreux médecins Alsaciens et Mosellans, Buck émigre et fuit en France, d’où il regagne manifestement l’Afrique du nord (et donc probablement la Résistance).

De retour à Strasbourg à la Libération, Paul Buck reprend ses fonctions à la clinique chirurgicale A redevenue partie intégrante de l’université française de Strasbourg. Collaborateur de René Fontaine, il occupe d’abord un poste de chef de clinique de 1946 à 1949, termine son cursus universitaire en soutenant sa thèse de doctorat en juin 1947, avant de devenir agrégé de chirurgie générale pendant neuf ans, entre 1949 et 1958. Exerçant pendant quelques temps une activité libérale et opérant dans les cliniques privées ou confessionnelles strasbourgeoises, Paul Buck occupe ensuite la fonction de directeur du centre de traumatologie de Strasbourg entre 1963 et 1967. En avril 1967, il est nommé professeur titulaire de la chaire de clinique chirurgicale des enfants créée sur mesure pour lui, et dirige également le service de chirurgie infantile au CHU de Strasbourg. Professeur pendant plus de dix-sept ans, encadrant quarante-cinq travaux de doctorats de médecine, il finit par prendre sa retraite le 30 septembre 1984, après une vie entièrement consacrée à la santé publique, à la médecine, à la chirurgie, à la recherche et à l’enseignement, ce qui lui a valu plusieurs distinctions honorifiques, parmi lesquelles la Légion d’honneur (chevalier, 1974) et que les Palmes académiques (chevalier, 1959 ; officier, 1969).

Biographie

Un médecin issu d’une famille alsacienne modeste

Né au cours de la Première Guerre mondiale dans une Alsace intégrée au Reichsland Elsass-Lothringen depuis 1871, Paul Buck est le fils d’une lignée de maîtres-bouchers alsaciens. Effectuant toute sa scolarité dans le système éducatif français dans l’entre-deux-guerres, il fréquente l’école élémentaire de son village natal, puis le lycée Bartholdi à Colmar, avant d’accomplir un cursus universitaire de médecine entre 1933 et 1939 à l’université française de Strasbourg. Confronté très tôt à la pratique clinique et hospitalière de la médecine avec son externat (1936), puis son internat (1938), il ne parvient cependant pas à parachever sa formation universitaire en soutenant sa thèse de doctorat de médecine en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale fin 1939.


La famille et la scolarité de Paul Buck

La famille Buck

Paul Buck est né le 24 mai 1915 à Ittenheim, un petit village alsacien situé dans le Kochersberg, à l’ouest de la ville de Strasbourg, qui compte environ 800 habitants[1]. Il naît avec la nationalité allemande, car à ce moment-là, l’Alsace et la Moselle formaient le Reichsland Elsass-Lothringen, c’est-à-dire qu’elles étaient rattachées au Reich allemand de Guillaume II en vertu du traité de Francfort du 10 mai 1871 qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Avec son frère aîné Frédéric (né en 1913), Paul Buck est issu d’une famille alsacienne qui avait choisi la nationalité allemande après la guerre de 1870. De confession protestante, la famille Buck est établie en Alsace depuis plusieurs générations, dans la petite ville bas-rhinoise de Bouxwiller sous l’Empire de Napoléon I, puis dans le petit village d’Ittenheim vers la moitié du XIXe siècle. De plus, dans la famille Buck, la profession de boucher est un héritage ancestral, plusieurs membres masculin de la lignée possédant ce savoir-faire et devenant même « maître-boucher »[2].

Bien qu’allemand de naissance, leur père, Charles (Karl Johann) Buck, né le 26 juin 1890 est lui-même issu d’une famille française[3]. En effet, les grands-parents paternels des frères Buck sont deux Alsaciens nés sous la Deuxième République. Le grand-père, également prénommé Charles Buck, est né le 27 novembre 1850 à Ittenheim et exerçait la profession de maître-boucher (Metzgermeister)[4]. Au moment de la conscription, il était affecté comme zouave au 2e régiment à Oran en Algérie française, mais avec la cession de l’Alsace au Reich allemand, Charles Buck fait partie de ceux qui ont « opté » pour la nationalité allemande le 3 juin 1872[5]. De retour dans son village natal alsacien devenu allemand, il développe son activité de boucher et fonde un foyer en épousant sa fiancée, Barbara Hamm (3 mai 1853, Handschuheim – 25 décembre 1920, Ittenheim), qui est déjà enceinte d’une première fille. De cette union, célébrée à Ittenheim le 24 juillet 1876[6], naissent six enfants, quatre filles et deux garçons, parmi lesquels Charles Buck – le père des deux médecins, Frédéric et Paul Buck – est le benjamin de la fratrie[7]. Charles Buck père, premier gérant de la boucherie, meurt le 9 octobre 1927, après avoir cédé son affaire à son fils, Charles Buck fils[8].

Justement, ce dernier suit fidèlement les traces de son père en devenant lui-aussi maître-boucher. À l’âge de vingt-trois ans, il épouse à Ittenheim Maria Siess, une jeune femme de deux ans son aînée issue d’une famille de paysans et d’agriculteurs (Landwirt). Née le 23 août 1888 à Vendenheim au nord-ouest de Strasbourg, Maria Siess est la fille du paysan Georg Siess (28 novembre 1857, Waltenheim – 25 novembre 1923, Vendenheim) et de Carolina Lobstein (10 août 1868, Vendenheim – 7 octobre 1923, Vendenheim), des Alsaciens d’origine et de confession protestante. En réalité, quand Charles Buck épouse Maria Siess le 21 août 1913, cette dernière porte déjà le premier enfant du couple, Frédéric, qui voit le jour le 21 novembre 1913. Paul, qui naît le 24 mai 1915, est ainsi le second enfant de la fratrie[9]. Enfin, ajoutons que les parents Buck décèdent après la Seconde Guerre mondiale, le père dans sa soixante et unième année le 20 février 1952 et la mère le 12 décembre 1970 à l’âge de quatre-vingt-deux ans[10].

Vers l’âge adulte

À la suite de l’armistice du 11 novembre 1918 qui met un terme à la Première Guerre mondiale, l’Alsace et la Moselle redeviennent françaises. La famille Buck reste établie dans la région de Strasbourg et Paul Buck obtient la nationalité française par réintégration en en application du traité de Versailles[11]. Dans l’entre-deux-guerres, les frères Buck suivent l’intégralité de leur scolarité dans le système scolaire français, fréquentant apparemment des cercles français voire francophiles, comme cela a été reproché à Paul par les nazis en 1941. D’abord scolarisé à l’école élémentaire de son village natal à Ittenheim, Paul poursuit son cursus dans le secondaire. Comme son frère, il entre au lycée Bartholdi de Colmar dans le Haut-Rhin[12]. Très bon élève, il réussit la première partie de l’examen du baccalauréat littéraire (philosophie) en juin 1932 et obtient la seconde partie le 6 juillet 1933, à l’âge de dix-huit ans[13]. Suivant encore l’exemple de son frère, Paul Buck débute aussitôt des études supérieures afin de devenir médecin.


Les études de médecine à l’université de Strasbourg

Le cursus médical

Dès la rentrée universitaire suivant l’obtention de son baccalauréat, Paul Buck s’inscrit à l’université de Strasbourg. À partir du mois d’octobre 1933, il commence par préparer le certificat d’études physiques, chimiques et naturelles (PCN) à la faculté des sciences, comme c’est de coutume en France. Instauré sous la Troisième République par un décret du 31 juillet 1893, ce diplôme était un prérequis aux formations médicales, marquant plus précisément l’entrée en première année de médecine. La réorganisation du cursus universitaire de médecine prévoyait désormais que l’obtention de ce diplôme – en plus de la réussite préalable à l’examen du baccalauréat – était obligatoire au futur médecin pour prétendre à la première inscription en médecine[14]. Après une année de préparation, Paul Buck obtient le certificat PCN le 4 juillet 1934 et s’inscrit aussitôt à la faculté de médecine de Strasbourg et commence ses études de médecine à proprement parler à partir de la rentrée universitaire 1934[13]. À cette époque, conformément à un autre décret adopté sous la Troisième République le 11 janvier 1909, la durée des études avait été allongée d’une année supplémentaire, portant désormais la durée totale du cursus à cinq ans. Il était aussi prévu que les études cumulent à la fois des enseignements théoriques, pratiques ainsi que des activités hospitalières, ces dernières étant rendues obligatoires à partir de la troisième année de la formation. Ainsi, année du PCN comprise, le cursus complet durait six ans[15]. C’est précisément la durée totale des études supérieures effectuée par Paul Buck, entre 1933 et 1939.

La formation pratique et clinique

Comme le prévoyait la législation, parallèlement à l’enseignement théorique qu’il reçoit lors des cours magistraux et des travaux dirigés sur les bancs de l’université française, Paul Buck complète sa formation médicale en étant confronté très tôt à la pratique quotidienne de la médecine au sein des cliniques universitaires. Le 1er novembre 1936, au terme de la deuxième année de médecine, il réussit le concours d’externat. La clinique étant alors un lieu d’apprentissage de la médecine, Paul Buck entre à ce moment-là dans une période de formation pratique où il est en contact permanent tout à la fois avec les patients, ses maîtres et ses camarades. Il commence les deux années de son externat à la clinique chirurgicale A (novembre 1936 – avril 1937), puis bascule à la clinique médicale A (avril – novembre 1937). Il sert ensuite à la clinique neurologique (novembre 1937 – avril 1938), et conclut son externat à la clinique infantile (avril– novembre 1938)[16].

Étudiant brillant, Paul Buck est reçu troisième de sa promotion au concours de l’internat des hôpitaux, qu’il réussit le 16 novembre 1938. Il entre immédiatement en fonction à la clinique médicale B du professeur Leo Ambard (1876-1962)[17]. Ce dernier, nommé à la tête de la Médecine B en 1931 à la suite du décès du professeur Léon Blum (1878-1930), est connu comme un universitaire et chercheur passionné, consacrant la majeure partie de son temps aux travaux scientifiques et déléguant le soin des patients essentiellement à ses collaborateurs à la clinique[18]. D’ailleurs, sa période d’internat coïncide avec la date à laquelle il quitte son village natale d’Ittenheim et s’installe dans un appartement mis à disposition par l’hôpital civil[19].

Il convient également de préciser qu’entre 1936 et 1939, Paul Buck cumule non seulement avec ses fonctions d’externe, puis d’interne, un poste à l’institut d’anatomie de la faculté de médecine de Strasbourg. En effet, le 1er novembre 1936, le même jour de sa nomination comme externe en chirurgie A, il obtient également un poste de « moniteur d’anatomie ». Un premier arrêté pris en août 1937 avant la rentrée universitaire prévoit le renouvellement de son contrat pour l’année scolaire 1937-1938, mais avec la démission de R. Aron quelques semaines plus tard, Buck est élevé au rang d’« aide d’anatomie » dès le 1er novembre 1937 pour l’année en cours, en vertu d’un second arrêté pris en novembre 1937. Son contrat est renouvelé pour une année supplémentaire, jusque fin septembre 1939, tandis qu’il termine ses études de médecine la même année[16]. Dans un curriculum vitae, Paul Buck date la fin de sa formation universitaire au mois de juin 1939 et l’obtention de ses « examens cliniques » (klinische Examen) au 18 novembre 1939, au moment de sa mobilisation[12]. On remarque enfin qu’il n’a pas pu préparer ni soutenir de thèse de doctorat de médecine – a contrario de son frère –, probablement en raison du déclenchement de la guerre et de son incorporation dans l’armée française à la fin de l’année 1939.

Le service militaire et la guerre

Né en 1915, Paul Buck est de la classe de mobilisation 1935. Jusque-là, rien n’indique qu’il ait accomplit son service militaire, mais avec le déclenchement de la guerre en septembre 1939, Paul Buck est rapidement incorporé dans l’armée française. Versé dans le corps médical, il précise par la suite (en employant le mot allemand) avoir servi en qualité d’Unterarzt, c’est-à-dire qu’il était médecin sous-officier. Malheureusement, il ne nous est pas possible de localiser précisément son affectation et sa fonction précise pendant la guerre. Il est cependant probable que Buck ait fait partie du corps médical qui a suivi le repli de l’université de Strasbourg vers Clermont-Ferrand et celui de l’hôpital civil vers Clairvivre lors de l’évacuation de l’Alsace fin 1939. De toute évidence, il aurait été mis à disposition de l’hôpital civil, comme cela ressort d’un rapport de la police allemande concernant l’émigration de Buck vers la France libre en 1942. Il y est évoqué le fait que

« Buck avait déjà l’intention de ne pas revenir du tout à Strasbourg après l’évacuation. Ce serait uniquement par amour pour ses parents qu’il serait rentré en Alsace. On peut supposer que le Dr. [sic.] Buck se soit rendu à la clinique universitaire à Clermont-Ferrand (France), où il avait exercé pendant l’évacuation et où il peut immédiatement retrouver un poste comme médecin »[20].

Si la ville de Clermont-Ferrand est ici mentionnée, il y a tout lieu de croire qu’en tant que médecin de la clinique médicale B à Strasbourg jusqu’en 1939, Paul Buck ait été envoyé non pas dans la ville du Puy-de-Dôme, mais bien à Clairvivre en Dordogne. Fait prisonnier de guerre par les troupes allemandes de la Wehrmacht, il aurait interné que pour une courte période, peut-être seulement quelques semaines. Dans un curriculum vitae rédigé en 1941 pour appuyer sa candidature afin d’être promu assistant scientifique à la clinique chirurgicale A de Strasbourg, il précise qu’« en tant qu’Alsacien, [il a] été libéré du camp de prisonniers [de guerre] ». Cette libération anticipée, somme toute commune aux Alsaciens et Mosellans, lui a permis de reprendre ses activités médicales dès le mois de juillet 1940 à l’hôpital civil allemand de Strasbourg[12].


La réhabilitation d’un médecin alsacien par le régime national-socialiste à l’été 1940

Une fois libéré du camp de prisonniers de guerre en juillet 1940, Paul Buck obtient un poste de chirurgien à la clinique chirurgicale de l’hôpital civil placé sous administration allemande comme le reste de l’Alsace. Faisant partie des tout premiers médecins en poste dans cette période-clé de l’histoire régionale, il réussit à poursuivre sa carrière à Strasbourg, étant bien vu par l’Occupant. D’une clinique chirurgicale encore embryonnaire en juillet 1940, il intègre la chirurgie A dès sa réouverture et reste en fonction au cours de la phase de transition et d’installation de la Reichsuniversität Strassburg (inaugurée en novembre 1941).


Le réemploi à l’hôpital civil allemand

Le retour en Alsace

Avec l’annexion de fait de l’Alsace et de la Moselle au Reich allemand à l’été 1940 s’engage une politique de germanisation, de nazification et plus généralement de mise au pas de la population alsacienne et du territoire reconquis. Paul Buck tout au plus quelques semaines dans un camp de prisonniers de guerre, étant donné que la libération des Alsaciens et des Mosellans est l’une des premières mesures appliquées par les Allemands. Comme le rappelle l’historien Jean-Noël Grandhomme, d’un point de vue national-socialiste, ces soldats « d’origine allemande » avaient été enrôlés dans une armée dite « étrangère » (l’armée française). Très rapidement donc – dès l’été 1940 –, leur extraction des Stalag et des Oflag avait été planifiée et exécutée par les Allemands[21]. Il faut rappeler qu’à cette époque, notamment en raison de l’évacuation de l’Alsace et du repli du personnel soignant, des malades et du matériel vers Clermont-Ferrand et Clairvivre, il y avait un besoin « urgent » (drigend) de personnel médical pour assurer les soins de la population civile en Alsace. Ainsi, dès la mi-juillet 1940, le département médical (Gesundheitswesen) de la nouvelle administration civile en Alsace – ou Gauleitung –, dirigée par le Gauleiter Robert Wagner, s’affaire à obtenir des autorités militaires au sujet de la libération des médecins militaires alsaciens et mosellans retenus dans les camps[22]. Dans ce contexte singulier, Paul Buck obtient un poste de médecin assistant à la clinique chirurgicale, vraisemblablement à partir du 15 juillet 1940, à une époque où la clinique était dirigée provisoirement par le Dr Frédéric Froehlich (1908-1989), futur chef de clinique en chirurgie A[23]. Précisons également que si Paul Buck a pu obtenir un poste si vite, c’est bien parce que la nouvelle administration nationale-socialiste établie en Alsace l’avait bien voulu. Le département médical de la Gauleitung avait en effet promulgué une ordonnance dès le 13 juillet 1940 en vertu de laquelle tous les médecins et autres personnels médicaux rentrant à Strasbourg et désireux d’ouvrir un cabinet étaient obligés de recevoir au préalable une autorisation en bonne et due forme par les services du Gauleiter[24].

Début de carrière à l’hôpital civil allemand comme chirurgien

S’il est indéniable que les frères Buck ont fait partie des tout premiers médecins, chirurgiens et personnels soignants à intégrer les services de l’hôpital civil devenu allemand à l’été 1940, nous ne pouvons attester sa présence en chirurgie qu’à partir du 15 août 1940. En effet, chaque mois, le directeur général des hospices civils, le Dr. Josef Oster, transmettait aux services de la nouvelle administration nazie en Alsace (Gauleitung), une liste du personnel médical alors employé à l’hôpital. Le premier document retrouvé dévoile les noms et fonctions du personnel précisément en poste au 15 août 1940. À ce moment-là, le service hospitalier est en pleine restructuration et le personnel manque encore fortement, d’autant que les bâtiments sont réquisitionnés pour l’armée et les soins aux militaires. Ainsi, la clinique chirurgicale (Chirurgische Abteilung) est alors située à l’école des sages-femmes (Hebammenschule) et que les praticiens hospitaliers ne sont, en totalité, qu’au nombre de vingt-quatre. Plus précisément, la chirurgie strasbourgeoise, qui compte huit médecins (soit un tiers de l’effectif médical des hospices), est dirigée par le professeur Edmond Allenbach (1885-1968) qui est secondé par son premier médecin assistant (1. Assistenzarzt), le Dr. Theodor Biedermann (1911-1985). Quatre médecins assistants (Assistenzärzte) complètent les rangs à savoir les frères Buck, Frédéric (1913-2006) et Paul (1915-1998), le Dr. Robert Ungerer et le Dr. Paul Steimlé (1912-2004). Enfin, les Drs. Frédéric Bilger (1894-1981) et Frédéric Froehlich (1908-1989) sont respectivement affectés aux services de policlinique chirurgicale et d’urologie[25].

La liste du personnel médical en poste à l’hôpital au 28 août 1940 apporte des renseignements très intéressants sur ce contexte de réorganisation des établissements hospitalo-universitaires par les Allemands. En quinze jours, neuf nouveaux médecins ont été employés, ce qui porte leur nombre total à trente-trois, dont treize sont employés en chirurgie (39%). Il est également indiqué qu’à partir 2 septembre 1940, la clinique chirurgicale A rouvrait ses portes. Désormais, deux cliniques sont créées, toutes deux dénommées sous le titre de « chirurgische Abteilung », l’une – la chirurgicale B – restant dans le bâtiment de l’ancienne école des sages-femmes (frühere Hebammenschule), tandis que l’autre se séparant physiquement et reprenant sa place dans le bâtiment de la clinique chirurgicale A. Dirigée par le Chefarzt Edmond Allenbach, la première est composée du Dr. René Keller (1907-1985) à la policlinique et des médecins-assistants Paul Steimlé, Theodor Biedermann, Frédéric Buck et Ungerer. La seconde, dirigée par Frédéric Froehlich, emploie le Dr. Gaston Pfister en policlinique, les médecins-assistants Éric Hurter, Frédéric Stéphan, Paul Buck, Kopp, ainsi que le Dr. Frédéric Bilger en urologie[26]. Après avoir travaillé quelques semaines ensemble, les frères Buck sont alors séparés : Paul retourne dans la spécialité par laquelle il avait débuté sa première année d’externat en 1936-1937 en chirurgie A, tandis que Frédéric rejoint la chirurgie B.

Tous deux poursuivent leur carrière scientifique et médicale au cœur de l’hôpital civil qui se développe considérablement avant la fin de l’année 1940, avec un doublement du personnel en trois mois, portant l’effectif total à 64 médecins (parmi lesquels quatre femmes), dont la moitié est attachée dans les cliniques chirurgicale (19 hommes, 30%) et médicale (13 hommes, 20%)[27]. Dans les mois qui suivent – et qui correspondent à la phase préparatoire de la création de la Reichsuniversität Strassburg –, Paul Buck parvient à conserver son poste. En fait, à compter du 1er avril 1941, tous les établissements de l’université de Strasbourg alors utilisés « pour soigner de la population » sont placés dans le giron de la Gauleitung qui en assure désormais alors l’administration provisoire. Une ordonnance du Gauleiter Robert Wagner, émise le 31 mars et entrant en vigueur le lendemain, prévoyait en effet leur gestion par le département « Éducation, enseignement et instruction du peuple » (Abteilung Erziehung, Unterricht und Volksbildung) de la Gauleitung. Tous ces établissements sont alors réunis sous le terme générique de « cliniques hospitalo-universitaires de l’université de Strasbourg » (klinische Anstalten der Universität Strassburg), dans l’attente de la création de la Reichsuniversität Strassburg inaugurée quelques mois plus tard, en novembre 1941[28]. Ainsi, durant toute l’année 1941, Paul Buck travaille comme Volontärassistent[29]. Mais avec les préparatifs de l’instauration de la Reichsuniversität Strassburg, les autorités nationales-socialistes entreprennent la réalisation d’un examen politique de Paul Buck dès l’été 1941.


Un Alsacien « apte » à travailler à la clinique hospitalo-universitaire allemande

Comme l’exige la procédure dans le recrutement d’Alsaciens et de Mosellans postulant un emploi au sein de la Reichsuniversität Strassburg, Paul Buck (de même que son frère) n’échappe pas à l’évaluation politique (politische Beurteilung) entreprise par les services administratifs de la direction du parti nazi (Kreisleitung) et du SD (Sicherheitsdienst). Concrètement, l’appareil bureaucratique national-socialiste est chargé d’enquêter sur le caractère général du postulant, sur ses compétences professionnelles, mais surtout sur ses éventuels engagements politiques d’avant 1940 (afin de vérifier qu’il n’y ait pas de traces rédhibitoires de sentiments francophiles ou antiallemands) et son attitude actuelle vis-à-vis de la germanité et de l’Allemagne nazie. L’enquête est initiée au début du mois d’août 1941 sur la demande du doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein (1896-1967), qui contacte à cet effet le bureau du service du personnel (Personalamt) au sein de l’administration civile en Alsace (Gauleitung). Dans le cas de Buck, cette procédure habituelle s’entremêle avec celle déjà engagée depuis le mois de juin 1941 visant à lui attribuer le titre d’assistant scientifique. Toujours est-il que le 12 août, le chef du bureau du personnel au sein de l’administration civile en Alsace renvoie l’affaire à son homologue de la Kreisleitung du parti nazi de Strasbourg. Il est dès lors clairement indiqué qu’il s’agit de vérifier si Buck est effectivement apte à être « employé comme Assistent à l’institut d’anatomie »[30]. Quelques semaines plus tard, le 1er septembre 1941, le Dr. Ludwig Benmann du Sicherheitsdienst (SD) rédige un rapport préliminaire en demi-teinte d’un point de vue national-socialiste, soulignant les antécédents francophiles du médecin. Il écrit au sujet de Buck : « en ordre sur la plan caractériel et professionnel. Il a certes eu des liens avec les milieux francophiles de par son éducation, mais il est aujourd’hui très ouvert politiquement et se reconnaît dans la communauté germanique allemande »[31]. Le 8 septembre, les fonctionnaires nazis du bureau de l’antenne locale du parti nazi (Kreisleitung) transmettent un rapport à la Gauleitung qui avalise le maintien en poste de Paul Buck dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Signé par le Kreisleiter et le Kreispersonalamtsleiter, ce rapport précise les points suivants :



Enfin, après avoir réceptionné les différents rapports détaillés et plutôt favorables de la Kreisleitung du parti nazi et du Sipo-SD, la Gauleitung envoie au doyen Stein son avis final sur le recrutement de Buck à l’hôpital civil allemand. Signé le 17 octobre 1941, ce rapport avalise certes son maintien en poste, mais évoque tout de même certains très importants aux yeux de l’administration nationale-socialiste :

« Buck avait bien certains liens avec des cercles français de par son éducation, mais il se montre aujourd’hui très ouvert politiquement et se reconnaît dans la communauté du peuple allemand. D’après les informations à notre disposition, rien ne s’oppose à la poursuite de son utilisation comme médecin assistant à l’hôpital civil. Dans ce contexte, j’aurais tout de même souhaité que Buck contribue activement à l’œuvre de reconstruction en Alsace [Aufbauarbeiten] »[32].

Ainsi, aux yeux des autorités civiles et politiques, Paul Buck est considéré comme un alsacien relativement acquis à la cause nationale-socialiste, sans toutefois être un membre pleinement actif à la réalisation des projets du régime nazi installé en Alsace. Même s’il est entaché par un comportement antérieur plutôt proche des milieux francophiles dans l’entre-deux-guerres (il avait notamment reçu la nationalité française en 1919 et combattu du côté français en 1939), le dossier politique de Buck est suffisamment convaincant pour autoriser son maintien en poste dans l’institution hospitalo-universitaire allemande et ensuite dans la nouvelle Reichsuniversität Strassburg inaugurée en novembre 1941. De plus, cette procédure d’évaluation politique, qui se déroule entre août et octobre 1941, se croise avec une autre procédure initiée par les services administratifs de l’université dès le mois de juin 1941 et officialisée par la demande de recrutement de Buck au poste d’assistant scientifique en septembre 1941.


La carrière à la Reichsuniversität Strassburg

Considéré comme étant apte à poursuivre ses fonctions à la future université modèle du IIIe Reich, Paul Paul Buck continue sa carrière médicale entre 1941 et 1942 en gagnant la confiance des Allemands et étant même promu à un poste de faisant fonction d’assistant scientifique. Cependant, après avoir célébré la Fête nationale française en 1942, il attire l’attention des autorités nazies qui le frappent d’une mesure de rééducation et obligé de se rendre dans le Reich pour un service médical obligatoire. Quelques jours avant la date prévue de son départ, il arrive à prendre la fuite, à émigrer en France libre et à gagner l’Afrique du nord.


Le recrutement comme faisant fonction d’assistant scientifique

Une procédure initiée par le doyen de la faculté de médecine Johannes Stein

Environ un mois et demi avant qu’une évaluation politique soit demandée par le doyen de la faculté de médecine aux autorités nazies, on voit que Paul Buck attire l’attention des services administratifs de l’université en vue d’une promotion. Dans le cadre de la restructuration des hospices civils intégrés dans l’ensemble des « établissements hospitalo-universitaires » dirigés par la faculté de médecine, la direction administrative de l’hôpital entreprend des démarches afin d’accorder une promotion à Paul Buck. Le 6 juin 1941, le doyen de la faculté de médecine émis la demande que les médecins alsaciens Paul Buck et Frédéric Stéphan obtiennent temporairement un poste de faisant fonction d’assistant scientifique. Le 20 juin, Lemke, le directeur administratif par intérim des cliniques hospitalo-universitaires de Strasbourg (kommissarischer Verwaltungsdirektor) transmet la demande à l’administrateur en chef de l’université (Kurator) qui n’y voit aucune objection à condition que la demande soit établie en bonne et due forme via la procédure classique[33]. Quelques jours plus tard, Lemke répond au doyen en lui demandant de préparer ce changement de statut :

« Les médecins Paul Buck et Fritz Stephan, exerçant à la clinique chirurgicale A, ont été catégorisés comme Volontär-Assistenten avec la restructuration [du 1er avril 1941] en prenant en compte le fait qu’ils avaient débuté leurs études en 1933. Ils n’ont toutefois pas obtenu de diplôme de doctorat. D’un autre côté, l’assistant [allemand] Dr. Hermann Fell, qui exerce également à la clinique chirurgicale A, a été recruté comme assistant scientifique, car il avait déjà débuté ses études le 1er mai 1932, soutenu sa thèse le 14 décembre 1938 et reçu son diplôme de doctorat en octobre 1939. Je vous prie d’examiner la possibilité que Messieurs Paul Buck et Fritz Stephan puissent désormais, après avoir travaillé un certain temps comme Volontär-Assistenten, être employés comme faisant fonction d’assistant scientifique à compter du 1er juillet 1941 »[34].

À son courrier, Lemke joint également les formulaires nécessaires en vue du calcul du traitement qui reviendrait à ces deux médecins au regard de leur expérience médicale et professionnelle acquise dans le milieu clinique et hospitalier depuis les années 1930. Il semble également que la Gauleitung ne soit pas opposée à cette promotion, puisque Lemke a également contacté le Dr. Sprauer, chef du service de l’administration interne (Abteilung Innere Verwaltung) au sein de la Gauleitung, à ce sujet et les deux hommes avaient discuté par téléphone de cette affaire[35]. Ainsi, durant l’été 1941, Paul Buck prépare avec sa hiérarchie à l’hôpital tous les éléments de son dossier. Il produit notamment un curriculum vitae reprenant les principales étapes de son cursus universitaire et hospitalier, puis remplit divers formulaires concernant son ascendance ou encore son parcours politique et certifie sur l’honneur n’être membre ou adepte d’aucune loge ou organisation similaire[36]. Il se soumet enfin à une visite médicale qui ne révèle aucun problème de santé, au contraire, le médecin qui l’ausculte le juge « en bonne santé » et « apte » à devenir médecin assistant, ajoutant qu’il est de « bonne constitution » et qu’il a une « forte musculature »[37].

La procédure officielle de recrutement

Tous les documents rassemblés par Paul Buck durant l’été 1941 servent de fondement à la demande de recrutement de Buck comme assistant scientifique qui a été officiellement déclenchée le 15 septembre 1941 par le professeur Ludwig Zukschwerdt, directeur de la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg. Il souhaite offrir à Buck un poste de faisant fonction d’assistant scientifique (Verwalter einer wissenschaftlichen Assistentenstelle) à compter du 1er octobre suivant et cela, « jusqu’à la fin de la guerre » (bis Kriegsende). Comme l’exige la procédure, le formulaire rempli par Zukschwerdt remonte les différentes voies hiérarchiques et chemine jusqu’au recteur de l’université. Dès le lendemain, le doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein, donne son aval tout comme le Dozentenschaftsleiter, Anrich quelques jours plus tard. Anrich émet une réserve, liée au fait que Buck n’ait pas encore subi de mesure de rééducation en Allemagne. Il ne voit en effet aucune objection au « recrutement temporaire » (vorläufige Einstellung), mais précise que « comme Monsieur le Dr. [sic.] Buck n’était pas encore dans le Reich, il sera nécessaire de déposer une nouvelle demande avant son recrutement définitif », ce qui signifie que l’administration nationale-socialiste souhaitait qu’il fasse d’abord ses preuves[38]. Le 31 octobre, le recteur de l’université officialise le recrutement et notifie à l’administrateur en chef de l’université (Kurator) le changement du statut, afin que Paul Buck puisse être rémunéré en conséquence[39].

Le 1er décembre, Buck est informé par courrier de sa nomination au poste de faisant fonction d’assistant scientifique avec effet rétroactif au 1er octobre 1941. On lui précise également que cette promotion ne lui conférait pas le statut de fonctionnaire, mais qu’en vertu des lois et réglementations en vigueur en Alsace, son traitement mensuel brut allait s’élever à 323,68 Reichsmarks, versés par la Caisse de l’administration des établissements hospitalo-universitaires (Kasse der Verwaltung der klinischen Universitätsanstalten). Enfin, il faut ajouter qu’à son courrier, le Kurator ordonne également à Buck la production de l’ensemble des certificats ou de l’Ahnenpass obligatoires pour authentifier son « ascendance germanique » (deutschblütige Abstammung)[40]. C’est un point qui a été un véritable sujet de tension entre l’administration de l’université et Paul Buck, ce dernier ne donnant jamais suite aux relances vaines du Kurator cherchant à obtenir ces certificats. Un premier rappel est envoyé à Paul Buck (via Zukschwerdt !) le 19 mars 1942, puis un deuxième le 20 avril, un troisième le 30 mai, un quatrième le 2 juin, un cinquième le 10 juillet, un sixième le 10 août et enfin un septième le 10 octobre 1942 (quelques jours après son départ vers la France libre). Tous sont restés sans réponse et malgré le fait qu’il défie dans une certaine mesure l’administration nazie, Paul Buck parvient à poursuivre sa carrière médicale dans la nouvelle Reichsuniversität Strassburg[41]. D’ailleurs, il obtient même de la direction de l’hôpital la mise à disposition d’un appartement au sein de la clinique chirurgicale[42].


Chirurgien à la Reichsuniversität Strassburg (1941-1942)

Poursuite de la carrière au service aseptique de la clinique chirurgicale

Avec l’inauguration de la Reichsuniversität Strassburg en novembre 1941, la restructuration des services se poursuit et on observe une refonte de la chirurgie strasbourgeoise, désormais réunie sous un même nom, celui de « clinique chirurgicale » (chirurgische Klinik). Désormais on compte cinq services distincts : le service aseptique, le service septique, le service de policlinique chirurgicale, le service radiologique et le service d’urologie, le tout placé sous la direction du professeur Ludwig Zukschwerdt et de son premier médecin-chef, le Dr. René Keller. Paul Buck est alors affecté au service aseptique et au début, celui-ci est exclusivement composé de médecins alsaciens et mosellans. En janvier 1942, le chef du service aseptique (Abteilungoberarzt) est l’Alsacien Theodor Biedermann, secondé par deux autres alsaciens faisant fonction d’assistants scientifiques, Paul Buck et Paul Steimlé. Le Mosellan Erwin Wiest et l’Alsacien Renatus Kopp, respectivement Volontärassistent et Pflichtassistent, complètent les rangs[43].

Très vite, la faculté de médecine trouve un remplaçant allemand à Biedermann. Le Dr. Karl Langemeyer, un médecin-capitaine de la Wehrmacht, est alors spécialement détaché à la clinique pour reprendre la direction du service aseptique. Toutefois, ce dernier ne dirige véritablement le service qu’en mars et en mai 1942, tandis que le reste du temps, Langemeyer est affecté (kommandiert) au département de chirurgie d’un hôpital militaire (Reserve-Lazarett) strasbourgeois qui dépendait de la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg. En avril 1942, c’est ainsi Paul Buck qui est temporairement chargé de direction de la chirurgie aseptique[44]. La composition du service change quelque peu au cours de l’année 1942 et trois nouveaux médecins sont affectés aux côtés de Langemeyer en mai 1942. On remarque notamment l’arrivée du frère aîné de Paul Buck, le Dr. Frédéric Buck, arrivé de la policlinique chirurgicale, qui permute avec le médecin alsacien Gaston Pfister. De même, le médecin Adalbert Dietrich, venu de chirurgie septique échange son poste avec Wiest, tandis que Georg Rieve – un chirurgien danois nouvellement arrivé depuis Heidelberg – prend ses fonctions dans l’équipe. Par la suite, la composition du service reste inchangée jusqu’à la fin du mois de septembre 1942, à l’exception notoire du remplacement de Langemeyer par Theodor Biedermann, noté entretemps sur les listes du personnel comme « momentanément absent » (zur Zeit abwesend) entre mars et mai 1942, et de l’absence du Volontärassistent Anton Schüler, envoyé « au front » (zur Zeit im Felde) à partir de juillet 1942[45].

Arrêt sur image : la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg en 1942

Afin de mieux cerner l’état de la chirurgie strasbourgeoise durant la présence de Paul Buck à la Reichsuniversität Strassburg, il est intéressant de faire un instantané de la composition du personnel de la clinique chirurgicale. La continuité permise par le régime national-socialiste dans le recrutement de médecins autochtones aboutit à une réelle originalité. Sur les vingt-et-un médecins qui composent l’effectif médical de la clinique chirurgicale universitaire de la faculté de médecine de la Reichsuniversität Strassburg au 1er janvier 1942, il est frappant de remarquer que les Alsaciens, au nombre de treize (60%) représentent plus de la moitié du personnel. Aux Alsaciens s’ajoutent deux Mosellans (9,5%), ce qui porte le nombre de médecins issus des régions annexées à près de 75% de l’ensemble. La direction de la clinique est placée sous les ordres d’un professeur allemand, en revanche les Allemands du Reich (RD) ne représentent qu’un quart de l’effectif et ceux-ci n’occupent pas forcément les postes à responsabilités les plus élevés. Tous les chefs de service (Abteilungsoberarzt) sont en effet des médecins alsaciens[46]. De plus, les dernières recherches permettent de mettre en évidence qu’une majorité du personnel autochtone avait été employé dans les cliniques et instituts de la faculté de médecine. Ce même mois, on compte au moins cinquante Alsaciens (42%) et quatre Mosellans (3%) au sein de toutes les cliniques et de tous les instituts hospitalo-universitaires, ce qui signifie que plus de la moitié (45%) des postes de médecins attribués à la faculté de médecine sont revenus à des Alsaciens et à des Mosellans. La majorité d’entre eux travaillent d’ailleurs en chirurgie et en médecine, où ils représentent respectivement 71% et 57% des médecins employés dans ces cliniques, mais également 26% et 32% du total des Alsaciens et Mosellans identifiés dans l’ensemble des cliniques et instituts de la Reichsuniversität Strassburg[47].

Le tableau ci-dessous est un extrait de la liste du personnel de la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg au 1er janvier 1942. Comme sur le document original établi par la direction de l’hôpital, nous présentons ici les différents médecins en fonction de leur statut et de leur service de rattachement, mais également en fonction de leur nationalité, telle qu’elle a été ajoutée à la main sur le document.



De plus, l’image de la clinique chirurgicale que nous donnent les sources est également celle d’une clinique saturée. L’étude du taux d’occupation de la chirurgie strasbourgeoise est possible grâce à des tableaux envoyés chaque mois par la direction de l’hôpital à la Gauleitung, en même temps que la liste du personnel. Bien sûr, les chiffres indiqués ne révèlent l’état de la clinique qu’à un moment donné, à une date précise (généralement le neuvième ou le premier jour du mois) et ne fournissent malheureusement pas de données chiffrées pour l’ensemble du mois. Néanmoins, l’étude statistique témoigne de la saturation des services chirurgicaux – hors hôpital orthopédique Stéphanie –, avec un taux d’occupation dépassant 90% pour seulement 425 lits chirurgicaux disponibles entre mars et août 1942, un nombre porté à 451 le mois suivant, puis à 459 jusqu’à la fin de l’année 1942.



Poursuivant sa carrière médicale à une époque où l’activité chirurgicale s’intensifie à Strasbourg, avec un afflux de patients et un manque de personnel, Paul Buck s’attire rapidement des ennuis de la part des autorités nationales-socialistes en raison d’un comportement jugé francophile qui rompt la confiance que le régime a placé en lui lors de son recrutement.


De la célébration de la Fête nationale française de 1942 à la fuite

Le 14 juillet 1942 et le choix d’une sanction contre un médecin francophile

S’il parvenait jusque-là à mener une carrière réussie au sein d’une université modèle du IIIe Reich, obtenant des autorités nationales-socialistes des avis favorables à son emploi à la Reichsuniversität Strassburg, la situation commence à se dégrader pour Paul Buck à partir de l’été 1942. L’élément déclencheur en est la célébration de la Fête nationale française le 14 juillet 1942. Avec un groupe d’étudiants, Paul Buck avait fait ce jour-là une excursion dans la petite ville de La Wantzenau, située au nord de Strasbourg. Pour les pouvoirs nazis, il ne fait aucun doute qu’il ait célébré le 14 juillet[48]. Très rapidement, des enquêtes internes sont conduites par les services de polices et les bureaux du parti, sollicitant plusieurs personnalités et fonctionnaires nazis pour organiser des représailles ou tout au moins des mesures punitives et rééducatives. Il faut rappeler ici que dès l’automne 1941, au moment où Ludwig Zukschwerdt souhaitait confier à Paul Buck un « poste d’assistant scientifique par intérim pour toute la durée de la guerre » (Vertretung der Stelle eines wissenschaftlichen Assistenten während Kriegsdauer), le Leiter der Dozentenschaft, Anrich, avait déjà émis une réserve de principe quant à sa nomination définitive. Comme Buck n’avait pas encore été envoyé dans le Reich », Anrich avait averti que son recrutement ne pouvait être que temporaire[49].

En moins d’un mois, le Kreisleiter du parti nazi de Strasbourg est averti « d’une source très fiable que Buck doit être considéré comme un francophile (Französling) ». Dès le 4 août, le Kreispersonalamtsleiter Beck estime que « pour des raisons politiques, il n’est pas acceptable de laisser le susnommé en poste comme chirurgien ». Comme punition, il souhaite que « sa mutation dans le Reich soit ordonnée » et cela, « même si le professeur Zukschwerdt ne souhaiterait pas se séparer de Buck en raison du manque de personnel »[50]. Prenant l’affaire très au sérieux, la Gauleitung ordonne à la Kreisleitung que l’allégation selon laquelle Buck aurait « sans aucun doute célébré la Fête nationale française » devait absolument être vérifiée avant qu’une « mesure aussi grave, à savoir muter Buck dans l’Ancien Reich, soit prise »[51]. Contrainte de mener une enquête plus approfondie, le Kreispersonalamtsleiter Beck convoque le principal intéressé, Paul Buck, à la direction locale du parti nazi ('NSDAP-Kreisleitung) pour interrogatoire. Le rapport d’interrogatoire, rédigé le 14 août 1942, est particulièrement défavorable :

« Je viens juste d’interroger le susnommé. Il admet avoir été à La Wanzenau ce jour-là avec quelques étudiants. Cependant, selon ses dires, il n’aurait pas choisi spécifiquement le 14 juillet. Mais on ne pouvait s’attendre à rien d’autre qu’une excuse aussi facile. Buck a servi dans l’armée française en 1939-1940 et a été libéré comme Unterarzt ; aujourd’hui, il sert comme Assistenzarzt à l’hôpital civil. Selon ses déclarations, il n’appartient à aucune organisation, il est uniquement membre du NS-Ärztebund et n’a fréquenté jusque-là que rarement les réunions du NSDAP. Son apparence raciale n’est pas spécialement favorable. L’impression qu’il donne laisse à penser que ses sympathies se trouvent toujours aujourd’hui du côté de la France.

Sur le plan du caractère, Buck est un faible et lui donner une orientation politique est une nécessité urgente. Selon ses dires, le professeur Zukschwerdt aurait déjà déposé une demande auprès de l’Ordre des médecins pour transférer Buck à Vienne. Cette mutation devrait durer entre trois à six mois. Pour son remplaçant, qui est censé venir de Vienne, une demande de détachement est actuellement en cours auprès du Commandement suprême de la Wehrmacht.

À la fin de notre entrevue, Buck était lui-même d’accord avec une mutation, ce qui ne sera pas difficile pour ce jeune médecin ; au contraire, cela ne pourrait représenter pour lui qu’un avancement professionnel. Je vous prie de bien vouloir entrer en contact avec les autorités compétentes pour la mutation de Buck dans le Reich »[52].

L’idée d’affecter Paul Buck au sein d’un établissement médical ou hospitalier hors d’Alsace semble faire consensus à tous les échelons décisionnels de la machine administrative nazie. Dès le 22 août, le chef du service du personnel de la Gauleitung écrit au Dr. Pychlau à l’antenne alsacienne de l’Ordre des médecins (Reichsärtzekammer Baden-Nebenstelle Elsaß) pour confirmer cette décision :

« Maintenant que Buck a manifesté un comportement qui laisse à penser que ses sympathies se trouvent du côté de la France, j’estime nécessaire qu’il soit transféré pour un certain temps dans l’Altreich »[53].

La Notdienstverpflichtung, les représailles et la fuite vers la France libre

En réalité, sur décret du département pour l’administration et la police au sein de la Gauleitung du 15 septembre 1942 concernant le service médical obligatoire destiné à assurer la continuité des soins à la population civile, Paul Buck est contraint de quitter l’Alsace. Il est en effet notdienstverpflichtet, c’est-à-dire qu’il est muté dans le Reich pour accomplir un service médical aux côtés de médecins allemands. Il est informé le 19 septembre 1942 de la décision des autorités et apprend qu’il doit se rendre, à partir du 25 septembre, à Stetten am kalten Markt dans le pays de Bade, à une cinquantaine de kilomètres au nord du Lac de Constance[54]. Toutefois, ce même jour, Paul Buck rassemble ses vêtements, sa lingerie et certains objets personnels pour les entreposer chez ses parents à Ittenheim. Il semble que son père, Charles Buck, ait demandé à l’un de ses employés à la boucherie de se rendre à Strasbourg avec une fourgonnette pour récupérer les effets personnels de Paul Buck. Pendant quelques jours, Paul retourne chez ses parents, il ne retourne plus dans son appartement à la clinique, mais continue de travailler à la clinique jusqu’au mercredi 23 septembre. Ce jour-là, il demande à son chef de service, le Dr. Langemeier, l’autorisation de quitter son poste au motif qu’il serait « refroidi » (erkältet). En fait, « depuis ce moment-là, il ne se serait plus montré » et aurait quitté l’hôpital. L’enquête réalisée par les services de police aboutit à la conclusion selon laquelle Paul Buck aurait en réalité quitté l’Alsace. Les policiers interrogent plusieurs personnes, notamment des « médecins de l’hôpital civil », donc des collègues de Buck, qui expriment la conjecture selon laquelle « se serait, selon toute probabilité, rendu en France libre ». Les langues se déliant, beaucoup de témoins entendus dévoilent des éléments à charge à l’encontre de Buck. Ainsi, on apprend par exemple que Buck n’aurait pas été « irréprochable d’un point de vue politique » et il n’aurait « jamais salué avec le salut allemand "Heil Hitler" »[55].

Très vite, Charles Buck est accusé d’avoir aidé son fils Paul Buck à franchir la frontière et à quitter l’Alsace, quand bien même celui-ci nie tout lien dans cette affaire[56]. De ce fait, un certain Kürzenhauser, membre du service du personnel de la Gauleitung, en charge de la gestion de cette affaire, souhaite que des mesures de représailles (Repressalien) soient prises à l’encontre du père. Mais il est particulièrement intéressant de noter que plusieurs hauts responsables du parti et de l’administration nazis en Alsace s’opposent à de lourdes mesures punitives contre Charles Buck. Le responsable de l’antenne locale du parti, le Kreisleiter Bickler estime que « dans un territoire allemand, et c’est bien ce qu’est l’Alsace, aucune mesure de représailles ne devrait être prise. Soit l’on punit le coupable, soit l’on peut, au maximum, faire pression sur la famille pour que de tels cas, non souhaitables pour nous, ne se reproduisent ». Après ces propos liminaires qui dévoilent son point de vue sur l’idée de punir le père Buck, le Bickler ajoute que le comportement de Paul Buck ne peut être imputé qu’à Paul Buck lui-même. D’une part, il précise que la famille est très bien vue au village et que son père, « qui est l’un de nos meilleurs villageois », n’était certes pas un « défenseur des droits de sa patrie » (Heimatrechtler) ou un autonomiste, mais ne « s’est jamais opposé aux partisans de notre cause, très nombreux en Alsace ». En fait, il semblerait que la politique n’ait jamais intéressé Charles Buck et que celui-ci ne s’intéressait qu’à sa boucherie. D’autre part, si Paul Buck a« sans aucun doute élevé dans un milieu français », son attitude n’aurait en rien été déterminée par « l’influence de son père », mais bien « par celle de l’école et de tout son milieu », dans le sens où il a été formé par l’école républicaine et l’université française. Concernant les mesures à adopter, Bickler considère comme l’Ortsgruppenleiter Barth – « l’un de ses meilleurs hommes » –, qu’il ne faudrait pas expulser (Absiedlung) le père Buck. Au contraire, il propose une punition qu’il a déjà soumise au Gauleiter Wagner, à savoir la confiscation d’une partie de sa fortune qui devrait revenir un jour en héritage à Paul Buck[57].

Enfin, l’enquête concernant la fuite de Paul Buck poursuit son cours encore pendant quelques semaines. Le 6 janvier 1943, un rapport interne de la Sipo de Strasbourg et plus précisément du service de la police criminelle au bureau de la Gestapo, confirme officiellement l’« émigration illégale » (illegale Abwanderung) de Paul Buck. Le SS-Hauptsturmführer et Kriminalkommissar Klenke est alors certain qu’il a « illégalement émigré vers la France »[58]. En fait, s’il ne fait aucun doute que Buck a bien gagné la France libre en septembre 1942, il semble qu’il ait même fait partie de la Résistance, comme le suggère Louis-François Hollender en précisant qu’il avait en réalité rejoint l’Afrique du Nord[59]. Officiellement licencié de la clinique chirurgicale de la Reichsuniversität Strassburg au 30 septembre 1942 – pour que son salaire ne soit plus versé –, Paul Buck ne revient en Alsace qu’après la Libération en 1944-1945[60].


Après-guerre

Dès l’immédiat après-guerre, Paul Buck et son frère aîné Frédéric –, font partie des médecins alsaciens qui parviennent à récupérer leur poste à l’hôpital civil de Strasbourg et à s’inscrire dans la continuité inédite du personnel médical à travers les différents changements de régimes qu’a connus l’Alsace aux XIXe-XXe siècles. De retour à Strasbourg après la Libération, Paul Buck présente sa thèse de doctorat de médecine et poursuit sa carrière médicale et scientifique au sein de la clinique chirurgicale strasbourgeoise. Nommé tout d’abord chef de clinique adjoint (1946), puis délégué (1946) avant d’être titularisé (1948), il est ensuite nommé agrégé de chirurgie générale pour neuf ans (1949-1958) et termine sa carrière comme professeur, obtenant une chaire de « clinique chirurgicale des enfants ».


La réhabilitation à la faculté de médecine française de Strasbourg

La thèse de doctorat de médecine

Dans l’après-guerre, Paul Buck commence par achever son cursus universitaire qu’il n’avait pas pu mener à terme en raison de la déclaration de guerre et de la mobilisation générale fin 1939. De manière particulièrement inédite compte tenu de la situation politique en Alsace entre 1918 et 1945 notamment, Paul Buck est l’un des médecins alsaciens qui restent en poste à l’université française. Après la Libération, la faculté de médecine française de Strasbourg autorise en effet son réemploi dans sa clinique chirurgicale, quand bien même il avait travaillé pour l’université allemande quelques années plus tôt. Dès 1945, le professeur alsacien René Fontaine (1899-1979) reçoit la chaire de thérapeutique chirurgicale ainsi que la direction de la clinique chirurgicale A. Très rapidement, il récupère Paul Buck dans son équipe chirurgicale. Sous la direction de son maître, Paul Buck commence à s’intéresser à la plaquettose et à la coagulation sanguine. Plus précisément, il travaille sur une pathologie cardiovasculaire potentiellement dangereuse appelée artérite oblitérante, également connue sous le nom d’artériopathie oblitérante. Cette pathologie artérielle, qui touche essentiellement les membres inférieurs du corps humain, se caractérise par l’occlusion ou le rétrécissement du calibre d’une artère (principalement iliaque, fémorale et tibiale). Le corolaire en est la mauvaise irrigation (ischémie) des tissus, dont l’origine est bien souvent due à une athérosclérose, à savoir un dépôt de graisses sur la paroi interne des artères. Dans l’établissement du diagnostic, le bilan médical et clinique est précisément complété par un bilan biologique, notamment à la recherche d’un trouble de la coagulation, des globules rouges ou des plaquettes, comme s’y intéresse Buck. En réalité, dès ce moment-là, Paul Buck se spécialise dans le domaine de la chirurgie circulatoire et vasculaire, un domaine dont il est par la suite devenu l’un des plus grands spécialistes strasbourgeois. Enfin, le 16 juin 1947, Buck devant la faculté de médecine de Strasbourg sa thèse de doctorat de médecine intitulée « Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes », qui marque un nouveau départ dans sa carrière médicale scientifique[61].

Nouveau départ de la carrière scientifique : de chef de clinique à l’agrégation

La fin des années 1940 est une période durant laquelle la carrière médicale de Paul Buck est catalysée. Dès le 1er mai 1946, l’université le nomme chef de clinique adjoint délégué à titre honorifique dans le domaine de la clinique chirurgicale thérapeutique. Avant la fin de l’année, un nouvel arrêté du recteur de l’université le nomme chef de clinique délégué pour une période d’un an (1946-1947) en remplacement du Dr. Pilla. Il est renouvelé dans la même fonction pour l’année 1947-1948, avant d’être nommé chef de clinique pour l’année 1948-1949[16]. C’est également une période riche pour le développement de la carrière scientifique de Paul Buck puisqu’il est notamment associé à une expérimentation scientifique réalisée avec Max Aron et René Fontaine à la fin des années 1940. Tous les trois ont mis au point un test sérologique du cancer basé sur le principe que l’association d’un antigène dérivé de l’urine d’un patient cancéreux avec l’anticorps d’un patient cancéreux produit une opacité de l’urine[62]. Ce test, qui porte le nom de « réaction de Aron » ou de « test de Fontaine-Aron-Buck », a été présenté dans un article intitulé « Réaction sérologique de diagnostic du cancer (les résultats statistiques) » que Aron, Fontaine et Buck ont publié en 1949 dans la revue scientifique suisse Schweizerische medizinische Wochenschrift[63]. En fait, il convient de préciser que le médecin, biologiste et histologiste français Max Aron (1892-1974) travaillait déjà depuis plusieurs années sur la mise en évidence d’un principe spécifique dans l’urine des patients atteints d’un cancer permettant ainsi de faciliter l’établissement du diagnostic du cancer[64].

De plus, si Buck a occupé une fonction de chef de clinique en chirurgie A entre 1946 et 1949, il n’est pas renouvelé dans ce poste pour l’année scolaire suivante, car il venait d’être admis à l’agrégation de chirurgie (section 2, chirurgie générale). Dès lors, à compter du 1er octobre 1949, Paul Buck est « institué et nommé agrégé pour une période de neuf ans […] à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg » en vertu d’un arrêté ministériel pris le 31 décembre 1949 avec effet rétroactif. Chaque année, son poste d’agrégé est renouvelé pour l’année scolaire suivante et ce, jusqu’en 1957-1958. Pour les deux dernières années de sa fonction d’agrégé, il obtient également une charge d’enseignement en chirurgie générale[16]. Paul Buck était en réalité le premier agrégé du professeur Fontaine de la clinique chirurgicale A et comme un agrégé de chirurgie maîtrisait plusieurs spécialités chirurgicales dans les années 1950, Buck était devenu maître tout à la fois en chirurgie vasculaire, cardiaque, thoracique, générale et même en chirurgie orthopédique. Toutefois, comme le poste d’agrégé est limité à neuf ans, à l’issue de ces neuf années de pratique, l’agrégé est contraint de trouver une autre clinique d’accueil. Ainsi, à la fin des années 1950, il effectue pendant quelques temps une activité libérale, recevant des patients à son cabinet et opérant dans certaines cliniques privées ou confessionnelles de la ville de Strasbourg. Sa carrière se poursuit ensuite au début des années 1960 avec son arrivée au centre de traumatologie de Strasbourg et sa nomination en qualité de professeur titulaire en chirurgie infantile[65].


Professeur d’université

Le centre de traumatologie et d’orthopédie

Entre 1963 et 1967, Paul Buck devient directeur du centre de traumatologie strasbourgeois, prenant la succession du professeur Edgard Stulz (1893-1963) décédé le 6 juillet 1963. Hérité de l’Unfallkrankenhaus allemand, le centre de traumatologie doit beaucoup à son ancien chirurgien-chef Edgar Stulz et au docteur René Cayet (1884-1968) qui ont participé tous deux à l’essor, aux transformations et à la spécialisation de ce qui avait été appelé la « clinique des Assurances sociales » au sortir de la guerre, puis « Centre de traumatologie » en 1946. Exclusivement dédié à la chirurgie générale, mais plus encore à la traumatologie, il s’agit en réalité du premier centre de traumatologie établi en France. Dans cette œuvre, Stulz s’était appuyé sur deux de ses collaborateurs, le docteur Gaston Pfister et le docteur Ivan Kempf (qui met en place un « service d’ambulances de grand secours » pour chercher les polytraumatisés et autres accidentés à Strasbourg)[66].

Nommé à sa direction en 1963, Paul Buck conserve la vocation chirurgicale et traumatologique du centre. Durant les quatre années de son passage – et ayant à ses côtés le docteur Ivan Kempf comme agrégé après être passé à l’hôpital orthopédique Stéphanie à Strasbourg –, Buck développe de manière significative l’activité de chirurgie orthopédique pédiatrique ainsi que le traitement des fractures de l’enfant. De plus, selon l’un de ses anciens élèves, Jean-Michel Clavert, Buck était « le grand spécialiste des fentes labio-palatines »[65]. Quatre ans plus tard, avec sa nomination comme professeur de chirurgie infantile et étant nommé directeur du service infantile au CHU de Strasbourg, la direction médicale du centre de traumatologie revient au professeur Ivan Kempf, qui entreprend de réorganiser le service en affirmant davantage la spécialisation du centre dans le domaine de l’orthopédie et en supprimant notamment les lits de chirurgie générale[66].

La chaire de « clinique chirurgicale des enfants » et le service de chirurgie infantile

Un décret adopté le 20 août 1964 nomme Paul Buck « professeur titulaire à titre personnel à la date fixant l’intégration effective de l’intéressé ». Environ trois ans plus tard, la faculté de médecine lui confie la chaire de « clinique chirurgicale des enfants », créée spécialement et sur mesure pour lui. En effet, sa nomination en tant que professeur titulaire de la chaire de clinique chirurgicale des enfants ne prend effet qu’au 1er avril 1967, en vertu du décret pris le 30 novembre 1966 et publié au journal officiel de la République le 4 décembre[67]. À ce moment-là, en 1967, lorsque cette chaire est créée, la faculté de médecine de Strasbourg compte précisément trente-cinq chaires, soit treize de plus qu’en 1945, ce qui témoigne bien du contexte de développement, de modernisation et de perfectionnement des enseignements dans lequel se trouve la faculté[67]. Ainsi, Paul Buck est précisément l’un des acteurs de ce contexte, choisi spécialement pour ses compétences reconnues et appréciées. C’est notamment ce que confirme l’un de ses anciens élèves et doctorants, le docteur Jean-Michel Clavert (né le 29 mai 1950 et fils du doyen Jean Clavert), qui précise que cette nomination est intervenue « en raison de ses compétences reconnues en matière de chirurgie des fentes labio-palatines, mais aussi de ses compétences en chirurgie osseuse, viscérale, thoracique et plastique ». Il ajoute : « il appartenait à cette race de chirurgiens d’après-guerre qui savait bien faire beaucoup de chirurgies différentes »[67].

Dans le même temps, à son départ du centre de traumatologie – dont il cède la direction au docteur Ivan Kempf – en 1967, Paul Buck se voit confier le service de chirurgie infantile naissant. Il s’entoure de plusieurs médecins qui participent à l’essor de la discipline, notamment le Dr. Paul Sauvage (né en 1938, l’un de ses doctorants), le Dr. Jean-Berger, chef de clinique en chirurgie B, le Dr. Jean Meyer, chirurgien de ville et le Dr. Jean-Michel Clavert qui prend la succession de Buck à son départ en retraite[67]. En tant qu’ancien élève de Buck, Jean-Michel Clavert a livré un témoignage intéressant sur la pratique chirurgicale de son maître dans une interview accordée à la revue médicale Maîtrise orthopédique. Il déclare que Buck avait réparti à ses collaborateurs de multiples branches spécifiques de la chirurgie au sein de son service, si bien qu’il avait confié aux docteurs Jean-Michel Clavert et Paul Sauvage respectivement l’orthopédie pédiatrique et l’urologie pédiatrique, tandis que lui-même gardait en son giron la chirurgie viscérale et plastique[67].

De plus, Buck prend ses fonctions à une époque où le doyen de la faculté de médecine, Jean Clavert, avait impulsé un processus visant à remplacer les grandes cliniques de médecine et de chirurgie par des services spécialisés qui correspondent à autant de disciplines médicales et chirurgicales que l’on connaît aujourd’hui. C’est justement dans ce contexte singulier qu’était née le service de chirurgie infantile en 1967, rattachée l’année suivante au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg. La mission confiée à Buck était donc d’engager le processus de regroupement, sous son autorité, de toutes les activités de chirurgie orthopédique pédiatrique disséminées dans les anciennes cliniques strasbourgeoises – un processus achevé qu’au tournant du XXe et du XXIe siècles[67]. En effet, la restructuration de l’hôpital civil de Strasbourg, s’affranchissant sur le temps long de l’héritage et du tissu hospitalier allemand, a mis du temps à s’opérer. En effet, même après la création du service de chirurgie infantile de Buck, les autres établissements où était pratiquée la chirurgie orthopédique ont continué d’exister, notamment à l’hôpital Stéphanie (fermé en 1995) et au centre de traumatologie (duquel est venu le Dr. Claude Karger en 2002). Comme le précise le Dr. Jean-Michel Clavert, le service de chirurgie infantile a quitté le pavillon Leriche situé dans l’enceinte de l’hôpital civil pour rejoindre le nouvel hôpital de Hautepierre dès 1978, où il a pris place au sein de l’hôpital « mère-enfants »[67].

Enfin, la carrière de Paul Buck suit son cours pendant près de dix-sept ans. À sa prise de fonction en avril 1967, il avait été intégré dans le corps professoral en qualité de chirurgien des hôpitaux et chef de service. Au regard de son parcours et de son expérience, il avait été « rangé » dans le troisième échelon des professeurs du « groupe hors échelle C chevron 1 ». D’autres décrets et dispositions des autorités politiques – ministérielles notamment – lui permettent d’évoluer dans la grille indiciaire de calcul des salaires de la fonction publique, passant dans le groupe hors échelle C chevron 2 dès le 1er avril 1968, avant d’être promu au chevron 3 l’année suivante. La fonction hospitalo-universitaire de Paul Buck est prolongée jusqu’au 24 mai 1984 en vertu d’une lettre ministérielle datée du 29 juillet 1981, mais en réalité, il est maintenu en activité et continue d’exercer jusqu’au 30 septembre 1984. C’est ainsi qu’à compter du 25 mai 1984, Buck est admis à faire valoir ses droits à la retraite, mais il décide de quitter l’université, son service, ses patients et ses étudiants qu’à la fin de l’année universitaire en septembre 1984, à l’âge de soixante-neuf ans. En totalité, depuis son externat en novembre 1936, Paul Buck a travaillé à l’hôpital civil de Strasbourg pendant quarante-huit ans[67].

Entre 1967 et 1984, Paul Buck encadre exactement quarante-cinq travaux de thèses de doctorat de médecine à l’université de Strasbourg, dont certains sont spécifiquement liés à des cas cliniques observés au centre de traumatologie quand Buck en était le directeur. Buck est aussi le coauteur avec son ancien doctorant Paul Sauvage de deux manuels intitulés chirurgie infantile : DCEM 2 destinés aux étudiants de médecine de deuxième cycle[67]. Ajoutons enfin qu’au titre de sa carrière de recherche médicale et d’enseignement ainsi qu’au titre de ses fonctions hospitalo-universitaires, Paul Buck est un médecin que la République française a récompensé par plusieurs distinctions honorifiques. En 1959, il est fait chevalier dans l’ordre des Palmes académiques par décret du 9 juillet 1959, puis est élevé au grade d’officier dix ans plus tard, par décret du 11 décembre 1969. En 1974, il est investi dans l’ordre de la Légion d’honneur avec le grade de chevalier, sur décret du 22 août 1974[67].


Vie privée

Célibataire jusqu’à l’âge de trente-trois ans, Paul Buck épouse Marie Paule Guillaume le 6 octobre 1948 à Strasbourg. Malheureusement, dans l’état actuel des recherches, nous ne disposons pas de beaucoup d’informations sur cette jeune femme, hormis l’origine géographique de ses parents. Le père serait en effet originaire l’un de Brest en Bretagne, tandis que la mère serait issue de Noiron-sur-Bèze en Côte d’or. Enfin, Paul et Marie Paule Buck donnent naissance à cinq enfants. Toujours domicilié à Strasbourg, Paul Buck y décède le 24 juin 1998 à l’âge de quatre-vingt-trois ans[67].


Repères

Localisations

Nationalités

Confessions

Publications

  • BUCK Paul, Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes, thèse de doctorat de médecine, réalisée sous la direction du professeur René Fontaine, 1947.
  • FONTAINE René, ARON Max, BUCK Paul, « Réaction sérologique de diagnostic du cancer (les résultats statistiques) », Schweizerische medizinische Wochenschrift, n°79, 1949, p. 227-230.
  • BUCK Paul, SAUVAGE Paul, Chirurgie infantile : D.C.E.M. 2, Strasbourg, Amicale des étudiants en médecine de Strasbourg, 1977.
  • BUCK Paul, SAUVAGE Paul, Chirurgie infantile : D.C.E.M. 2, Strasbourg, Amicale des étudiants en médecine de Strasbourg, 1978.

Liens à institutions

Université de Strasbourg, UdS, post-1945

1915-05-24T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1998-06-24T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1947-01-01T00:00:00Z
Vie privée
Thèse
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Références

  • ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck)
  • ADBR, 4E225/4, État civil d’Ittenheim, Acte de mariage de Carl Buck et Barbara Hamm, Acte n°2/1876.
  • ADBR, 4E225/4 et 4E225/6, État civil d’Ittenheim, Registre des naissances, Actes n°26/1876, n°25/1878, n°28/1879, n°23/1882, n°44/1886 et n°11/1890.
  • ADBR, 4E506/6, État civil d’Ittenheim, Acte de naissance de Maria Siess, acte n° 26/1888.
  • ADBR, 4E225/6, État civil d’Ittenheim, Acte de naissance de Charles Buck, acte n° 11/1890.
  • ADBR, 4E482/1282, État civil de Strasbourg, Table des mariages, mariage de P. Buck, Acte n°828/1945.
  • ADBR, 4E900/52, État civil d’Ittenheim, Table des naissances (1913-1922), Acte n°22/1913.
  • ADBR, 4E900/52, État civil d’Ittenheim, Table des naissances (1913-1922), Acte n°6/1915.
  • ADBR, 126 AL 37, dossier 1.
  • ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg (1941-1943).
  • ADBR, 126 AL 37, dossier n°4, Meldung über die Zahl der in unserem Klinikum beschäftigten Assistenzärzte und Ärztinnen (1942).
  • ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 15. August 1940.
  • « Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 031. März 1941 », in Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass, n°12, 4 avril 1941, p. 242.
  • Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1942, Strasbourg, Heitz & Co., 1942, p. 32
  • LAUTSCH H., DORNEDDEN H. (dir.), Verzeichnis der deutschen Ärzte und Heilanstalten (vormals Reichs-Medizinal-Kalender für Deutschland, Teil II), Nachtrag 8 zum Ärzteverzeichnis 193, Leipzig, Georg Thieme Verlag, 1942.
  • Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative.
  • Archives municipales d’Ittenheim, Acte de naissance de Charles Buck (père), acte n°19/1850.
  • Centre national des archives historiques, BB/31/508-510, BB/31/531, Répertoire des Alsaciens-Lorrains ayant opté pour la nationalité allemande (1872-1873) : « Buck (Charles) né le 27 novembre 1850 à Ittenheim (Bas-Rhin) zouave au 2e régiment, date d’option : 3 juin 1872 domicile : Oran (Algérie) ». Disponible via http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/BB31%20508-510%20et%20531.pdf, [en ligne], consulté le 15 mars 2021.
  • CHATELUS Didier, Certificats d’aptitudes aux grades universitaires (1810-1905), Professions de santé (médecins, officiers de santé, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), Répertoire numérique des articles F/17/6084 à F/17/6570, Archives nationales, dossier réalisé sous la direction d’Anne Lejeune, 1993, p. 2-3 . Disponible via : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/F17%206084-6570.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.
  • DELANEAU Jean, Avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles sur le projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale après déclaration d’urgence, portant diverses mesures d’ordre social, présenté par M. Jean Delaneau, Sénateur, Sénat, Seconde session ordinaire de 1986-1987, Annexe au procès-verbal de la séance du 18 juin 1987, n°298, p. 5-8. On renvoie ici à la première partie (les dispositions relatives aux études médicales) et plus précisément à la section I (rappel historique) et au titre I (l’organisation des études médicales avant la réforme de 1958). Disponible en ligne sur le site du Sénat via : https://www.senat.fr/rap/1986-1987/i1986_1987_0298.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.
  • DORNER Marc, JAHN Henri, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518.
  • DORNER Marc, JAHN Henri, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.
  • GRANDHOMME Jean-Noël, « La "mise au pas" (Gleichschaltung) de l’Alsace-Moselle en 1940-1942 », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, n°46-2, 2014, p. 443-465.
  • HERAN Jacques, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997.
  • HOLLENDER Louis-François, DURING-HOLLENDER Emmanuelle, « Anmerkungen zur Geschichte der Chirurgie in Strassburg », Zentralblatt für Chirurgie, vol. 126, n°7, 2001.
  • HOLLENDER Louis-François, « Quand la clinique chirurgicale était dirigée depuis la Chirurgie B », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609.
  • KEMPF Ivan, PINELLI Janine, « La clinique des Assurances sociales devient le Centre de traumatologie », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 728-729.
  • KEMPF Ivan, KEHR Pierre, KARGER Claude, CLAVRET Jean-Michel, « Histoire de l’orthopédie pédiatrique à Strasbourg », La Gazette de la Société française d’orthopédie pédiatrique, n°26, février-mars 2009.
  • HERAN Jacques, VINCENTE Gilbert, « Les mutation de la faculté depuis 1945 », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 639.
  • HERAN Jacques, « Cliniques chirurgicales A et B : leur héritage et l’extension des nouvelles spécialités chirurgicales », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 694.
  • « Entretien : Jean-Michel Clavert », Maîtrise orthopédique, n°198, novembre 2010.
  • Fiche Généanet de la famille Buck, https://gw.geneanet.org/bguillaume?lang=en&pz=bernard&nz=guillaume&ocz=1&p=marie



  1. ADBR, 4E900/52, État civil d’Ittenheim, Table des naissances (1913-1922), Acte n°6/1915..
  2. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen über die Abstammung, 21 juillet 1941. Archives municipales d’Ittenheim, Acte de naissance de Charles Buck (père), acte n°19/1850. Cet acte de naissance montre que la famille Buck tire ses origines géographiques dans la petite ville de Bouxwiller dans le nord-ouest de l’Alsace, puisque son propre père, Jacques Buck, également boucher de profession, y était né sous le Ier Empire et s’était établi par la suite dans le village natal de sa femme à Ittenheim..
  3. ADBR, 4E225/6, État civil d’Ittenheim, Acte de naissance de Charles Buck, acte n° 11/1890..
  4. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen über die Abstammung, 21 juillet 1941. Archives municipales d’Ittenheim, Acte de naissance de Charles Buck (père), acte n°19/1850..
  5. Voir Centre national des archives historiques, BB/31/508-510, BB/31/531, Répertoire des Alsaciens-Lorrains ayant opté pour la nationalité allemande (1872-1873) : « Buck (Charles) né le 27 novembre 1850 à Ittenheim (Bas-Rhin) zouave au 2e régiment, date d’option : 3 juin 1872 domicile : Oran (Algérie) ». Disponible via http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/BB31%20508-510%20et%20531.pdf, [en ligne], consulté le 15 mars 2021..
  6. ADBR, 4E225/4, État civil d’Ittenheim, Acte de mariage de Carl Buck et Barbara Hamm, Acte n°2/1876..
  7. Un premier enfant voit le jour trois mois après le mariage de Carl et Barbara : Maria Barbara (née le 29 octobre 1876), suivie de Carl Jacob (né le 8 septembre 1878), de Catharina Carolina (née le 29 novembre 1879), d’Emilie Salomea (née le 10 août 1882), de Salomea Friedericka (née le 19 décembre 1886) et enfin de Johann Karl (né le 26 juin 1890. Voir ADBR, 4E225/4 et 4E225/6, État civil d’Ittenheim, Registre des naissances, Actes n°26/1876, n°25/1878, n°28/1879, n°23/1882, n°44/1886 et n°11/1890..
  8. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen über die Abstammung, 21 juillet 1941..
  9. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen über die Abstammung, 21 juillet 1941. ADBR, 4E900/52, État civil d’Ittenheim, Table des naissances (1913-1922), Acte n°22/1913..
  10. Voir les notes marginales sur les actes de naissance des parents : ADBR, 4E225/6, État civil d’Ittenheim, Acte de naissance de Charles Buck, acte n° 11/1890 et ADBR, 4E506/6, État civil d’Ittenheim, Acte de naissance de Maria Siess, acte n° 26/1888..
  11. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Certificat (Bescheinigung) du maire d’Ittenheim au sujet de l’acquisition de la nationalité française de Paul Buck par réintégration, 16 août 1941. Le maître précise que cette information est inscrite dans le « registre des réintégrations », sous le numéro 86..
  12. 12,0 12,1 et 12,2 ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lebenslauf, 24 juillet 1941..
  13. 13,0 et 13,1 ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Vorläufige Festsetzung des Diätendienstalters für den Assistenten, 16 janvier 1941..
  14. Voir Didier Chatelus, Certificats d’aptitudes aux grades universitaires (1810-1905), Professions de santé (médecins, officiers de santé, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), Répertoire numérique des articles F/17/6084 à F/17/6570, Archives nationales, dossier réalisé sous la direction d’Anne Lejeune, 1993, p. 2-3 . Disponible via : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/F17%206084-6570.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021..
  15. Jean Delaneau, Avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles sur le projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale après déclaration d’urgence, portant diverses mesures d’ordre social, présenté par M. Jean Delaneau, Sénateur, Sénat, Seconde session ordinaire de 1986-1987, Annexe au procès-verbal de la séance du 18 juin 1987, n°298, p. 5-8. On renvoie ici à la première partie (les dispositions relatives aux études médicales) et plus précisément à la section I (rappel historique) et au titre I (l’organisation des études médicales avant la réforme de 1958). Disponible en ligne sur le site du Sénat via : https://www.senat.fr/rap/1986-1987/i1986_1987_0298.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021..
  16. 16,0 16,1 16,2 et 16,3 Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative..
  17. Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative. Voir aussi ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lebenslauf, 24 juillet 1941. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Vorläufige Festsetzung des Diätendienstalters für den Assistenten, 16 janvier 1941..
  18. Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518 ; Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685..
  19. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen, 31 juillet 1941..
  20. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Rapport du Polizeipräsident au SD-Einsatzkommando III/1 de Strasbourg (Gestapo), 15 octobre 1942 : « Es konnte in Erfahrung gebracht werden, daß Dr. [sic.] Buck schon die Absicht hatte, überhaupt nicht aus der Evakuierung nach Strassburg zurückzukehren. Er sei lediglich seinen Eltern zu Liebe wieder hierher zurückgekehrt. Es ist anzunehmen, daß sich Dr. [sic.] Buck nach der Universitätsklinik in Clermont-Ferrand (Frankreich), wo er während der Evakuierung tätig war und dort sofort wieder eine Stelle als Arzt antreten kann, begeben hat »..
  21. Jean-Noël Grandhomme, « La "mise au pas" (Gleichschaltung) de l’Alsace-Moselle en 1940-1942 », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, n°46-2, 2014, p. 443-465..
  22. Voir ADBR, 126 AL 37, dossier 1..
  23. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lebenslauf, 24 juillet 1941. Sur Frédéric Froehlich, voir sa fiche personnelle sur ce Wikipédia..
  24. ADBR, 126 AL 37, dossier 1, Anordnung des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass (Gesundheitswesen), 13 juillet 1940. Cet ordre a été transmis aux services des Strassburger Neueste Nachrichten qui ont publié un article à ce sujet dès le 20 juillet..
  25. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 15. August 1940..
  26. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Ärzteverzeichnis des Strassburger Bürgerspitals, Stand vom 28. August 1940..
  27. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Ärzteverzeichnis der Zivilhospizien zu Strassburg, Stand vom 1. Dezember 1940..
  28. « Verordnung über die klinischen Anstalten der Universität Straßburg vom 31. März 1941 », in Verordnungsblatt des Chefs der Zivilverwaltung im Elsass, n°12, 4 avril 1941, p. 242..
  29. ADBR, 126 AL 114, dossier n°10, Liste des ärztlichen Personals des Bürgerspitals, Stand vom 1. März 1941. ADBR, 126 AL 37, dossier 4, Ärzteverzeichnis der Zivilhospizien zu Strassburg, Stand vom 1. April 1941..
  30. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Demande de Politische Beurteilung par la Gauleitung à la Kreisleitung der NSDAP de Strasbourg (Personalamt), 12 août 1941..
  31. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Politische Beurteilung, 1er septembre 1941 : « Charakterlich und fachlich in Ordnung. Hatte früher durch seine Erziehung wohl Bindung an frankophile Kreise, ist aber heute politisch sehr aufgeschlossen und bekennt sich zum deutschen Volkstum »..
  32. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de la Gauleitung (Personalamt) au doyen de la faculté de médecine de la Reichsuniversität Strassburg, 17 octobre 1941: « Buck hatte früher durch seine Erziehung wohl gewisse Bindungen an französische Kreise, zeigt sich aber heute politisch sehr aufgeschlossen und bekennt sich zum deutschen Volkstum. Nach Sachlage steht seiner weiteren Verwendung als Assistent am Bürgerspital nichts im Wege. Ich hätte es in diesem Zusammenhange noch begrüsst, wenn sich Buck aktiv den Aufbauarbeiten zur Verfügung stellt »..
  33. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de Lemke au Kurator, 20 juin 1941. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Kurator à Lemke, 26 juin 1941..
  34. ADBR, 126 AL 114, dossier n°1, Lettre de Lemke au doyen de la faculté de médecine allemande de Strasbourg, 23 juin 1941 : « Die an der chirurgischen Klinik A tätigen Ärzte Paul Buck und Fritz Stephan wurden bei der Überleitung als Volontär-Assistent eingestuft mit Rücksicht darauf, daß ihr Studium im Jahre 1933 begonnen wurde. Ein Doktor-Diplom haben beide Ärzte nicht erhalten. Dagegen wurde der Assistent Dr. Hermann Fell, der ebenfalls an der Chirurgischen Klinik A tätig ist, als wissenschaftlicher Assistent eingestellt, da er sein Studium bereits am 1.5.1932 begonnen hatte, am 14.12.1938 promovierte und im Oktober 1939 das Doktor-Diplom erhielt. Ich bitte, bei Herrn Paul Buck und Herrn Fritz Stefan die Möglichkeit zu prüfen, ob sie nunmehr, nachdem eine gewisse Zeit als Volontär-Assistent verbracht wurde, als Verwalter einer wissenschaftlichen Assistentenstelle vom 1 Juli 1941 ab übernommen werden können »..
  35. ADBR, 126 AL 114, dossier n°1, Lettre de Lemke au Dr. Sprauer, chef de l’Abteilung Innere Verwaltung de la Gauleitung, 25 juin 1941..
  36. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lebenslauf, 24 juillet 1941. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Personalfragebogen, 31 juillet 1941. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen, 31 juillet 1941. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Fragebogen über die Abstammung, 31 juillet 1941. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Erklärung über die Logenzugehörigkeit, 31 juillet 1941..
  37. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Amtsärztliches Zeugnis, 31 juillet 1941..
  38. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Antrag auf Einstellung eines Assistenten, 1941. Il s’agit d’un formulaire pré-imprimé sur lequel chaque étape du processus de recrutement est décomposée. Le document commence par la demande faite par le directeur de la clinique, qui le transmet au doyen de la faculté de médecine, pouvant approuver ou refuser la demande auquel cas la procédure s’arrête. Dans le cas où le doyen donne son aval, il transmet le formulaire au Leiter der Dozentenschaft qui, au verso prend position (Stellungnahme) d’un point de vue politique, et envoie enfin le dossier au Rektor qui, en dernier lieu, a le pouvoir d’approuver ou de rejeter le recrutement..
  39. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Rektor de la Reichsuniversität Strassburg au Kurator de la Reichsuniversität Strassburg, 31 octobre 1941..
  40. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Kurator de la Reichsuniversität Strassburg à Paul Buck, 1er décembre 1941..
  41. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettres du Kurator de la Reichsuniversität Strassburg à Paul Buck, 19 mars, 20 avril, 30 mai, 2 juin, 10 juillet, 10 août et 10 octobre 1942..
  42. Voir Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis, Sommer-Semester 1942, Strasbourg, Heitz & Co., 1942, p. 32. On remarque qu’une erreur a été commise en ajoutant le titre « Dr. med. » à Paul Buck, alors qu’il n’a soutenu sa thèse qu’en 1947..
  43. ADBR, 126 AL 37, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. Januar 1942..
  44. ADBR, 126 AL 37, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. Januar 1942 bis 1. Oktober 1942..
  45. ADBR, 126 AL 37, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. Januar 1942 bis 1. Oktober 1942. Voir aussi BArch, R4901/13518 et H. Lautsch, H. Dornedden (dir.), Verzeichnis der deutschen Ärzte und Heilanstalten (vormals Reichs-Medizinal-Kalender für Deutschland, Teil II), Nachtrag 8 zum Ärzteverzeichnis 193, Leipzig, Georg Thieme Verlag, 1942, ainsi que Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis. Sommer-Semester 1942, Strasbourg, Heitz & Co., 1942, p. 32..
  46. Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609 sqq. ; Louis-François Hollender, Emmanuelle During-Hollender, « Anmerkungen zur Geschichte der Chirurgie in Strassburg », Zentralblatt für Chirurgie, vol. 126, n°7, 2001..
  47. D’après ADBR, 126 AL 37, Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, Stand vom 1. Januar 1942, on compte très exactement 120 noms, auxquels il faut retrancher celui de Bickenbach, qui apparaît dans deux services (Abteilung III et institut de recherche de la clinique médicale). On obtient ainsi 119 médecins, dont 51 Allemands (RD), 50 Alsaciens, 4 Mosellans, 4 Luxembourgeois et 10 personnes dont la nationalité n’a pas pu être identifiée. Les cliniques qui ont le plus de personnels sont les cliniques médicale (30), chirurgicale (21), infantile (13) et gynécologique (12), comptant respectivement 56%, 71%, 38% et 33% de médecins issus des régions nouvellement annexées. D’autres cliniques, disposant de bien moins de personnel, comme la dermatologie (5 médecins), la psychiatrie-neurologie (4) ou l’orthopédie (2), affichent bien souvent une surreprésentation d’Alsaciens (respectivement 80%, 75% et 100%). On remarque enfin qu’au 1er janvier 1942, aucun Alsacien et aucun Mosellan ne travaille à la clinique ORL ou à la clinique ophtalmologique..
  48. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Kreispersonalamtsleiter Beck à la Gauleitung (Personalamt), 4 août 1942..
  49. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Dossier de recrutement de Paul Buck comme assistant scientifique, Stellungnahme des Leiters der Dozentenschaft, 28 octobre 1941..
  50. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Kreispersonalamtsleiter Beck à la Gauleitung (Personalamt), 4 août 1942 : « Dem Kreisleiter wird neuerdings von ganz zuverlässiger Seite mitgeteilt, daß Buck als Französling anzusehen sei [...]. Die Weiterbelassung des Genannten als Chirurg bei der Universitätsklinik ist aus politischen Gründen nicht tragbar. Ich bitte daher seine Versetzung in das Reich in die Wege leiten zu wollen. Selbst wenn der Prof. Zukschwerdt im Hinblick auf den Kräftemangel auf Buck nicht verzichten möchte, soll seine Versetzung durchgeführt werden »..
  51. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de la Gauleitung (Personalamt) au Kreispersonalamtsleiter Beck, 6 août 1942 : « Bevor ein so schwerwiegender Schritt, wie, daß Buck ins Altreich versetzt wird, vorgenommen wird, muß diese Tatsache eindeutig festgelegt sein »..
  52. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Kreispersonalamtsleiter Beck à la Gauleitung (Personalamt), 14 août 1942 : « Ich habe soeben den Vorgenannten vernommen. Er gibt zu, daß er an diesem Tag mit einigen Studenten in Wanzenau war. Nach seinen Angaben hat er jedoch nicht speziell den 14. Juli gewählt. Diese an und für sich billige Ausrede war ja nicht anders zu erwarten. Buck diente von 1939-40 in der franz[ösischen] Armee und wurde als Unterarzt entlassen, z. Zt. als Assistenzarzt im Bürgerspital. Er ist nach seinen Angaben nirgends organisiert, gehört lediglich dem NS-Ärztebund an, und besuchte bisher selten die Veranstaltungen der NSDAP. Sein rassisches Aussehen ist nicht besonders günstig. Der von ihm gewonnene Eindruck lässt ohne Zweifel darauf schliessen, dass seine Sympathien heute noch auf Seiten Frankreichs liegen. Buck ist ein weicher Charakter, für den eine politische Ausrichtung dringend notwendig ist. Nach seinen Angaben hat der Prof. Zukschwerdt bereits bei der Ärztekammer einen Antrag auf Versetzung des Buck nach Wien vorgelegt. Diese Versetzung ist etwa auf 3-6 Monate gedacht. Für den Ersatzmann, der aus Wien hierher kommen soll, läuft z. Zt. beim OKW ein UK-Antrag. Buck selbst war am Schluß meiner Unterredung mit einer Versetzung einverstanden, was ja für ihn als junger Mediziner ohne weiteres keine Härte bedeutet, im Gegenteil, es kann für ihn nur eine berufliche Förderung sein. Ich möchte Sie bitte, in entsprechender Form bei der zuständigen Stelle für eine Versetzung des Buck in das Reich eintreten zu wollen »..
  53. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de la Gauleitung au Dr. Pychlau (Reichsärztekammer Baden – Nebenstelle Elsass), 22 août 1942 : « Nachdem nun Buck inzwischen ein Verhalten gezeigt hat, das darauf schließen läßt, daß seine Sympathien auf Seiten Frankreichs liegen, halte ich für zwecksmäßig, wenn er eine zeitlang in das Altreich versetzt wird »..
  54. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Polizeipräsident de Strasbourg au Einsatzkommando III/1 (Gestapo), 15 octobre 1942. Sur la Notdienstverpflichtung, voir ADBR, 126 AL 37, dossier 1..
  55. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Polizeipräsident de Strasbourg au Einsatzkommando III/1 (Gestapo), 15 octobre 1942..
  56. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Polizeipräsident de Strasbourg au Einsatzkommando III/1 (Gestapo), 15 octobre 1942. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de la Reichsärztekammer Baden (Dr. Benmann) à Kürzenhauser, Gaupersonalamtsleiter, 9 novembre 1942..
  57. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre du Kreisleiter Bickler au Gaustabsamtsleiter Schuppel, 30 novembre 1942..
  58. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Rapport interne de la Sicherheitspolizei Einsatzkommando III/1 (Kriminalpolizei à la Gestapo), 6 janvier 1943. On remarquera que sur ce formulaire pré-imprimé, plusieurs mentions ont été rayées, comme la précision « d’un français francophile vers la France » dans l’objet du rapport concernant l’« émigration illégale » ou encore la justification « pour se soustraire au service du travail obligatoire (Arbeitsdienstpflicht) ou au service militaire (Wehrpflicht) »..
  59. Louis-François Hollender, « Quand la clinique chirurgicale était dirigée depuis la Chirurgie B », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609..
  60. ADBR, 1558 W 93, dossier n°7502 (Paul Buck), Lettre de l’administration de l’hôpital civil au Kurator, 21 octobre 1942..
  61. Paul Buck, Contribution à l’étude de la coagulation sanguine par des recherches sur la plaquettose dans les artérites oblitérantes, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université de Strasbourg, n°40, 1947. Voir aussi Archives de la faculté de médecine de Strasbourg, dossier administratif de Paul Buck, carte nominative..
  62. Voir http://www.whonamedit.com/synd.cfm/1529.html, [en ligne], consulté le 15 mars 2021..
  63. René Fontaine, Max Aron, Paul Buck, « Réaction sérologique de diagnostic du cancer (les résultats statistiques) », Schweizerische medizinische Wochenschrift, n°79, 1949, p. 227-230..
  64. Voir par exemple Max Aron, Technique pour la mise en évidence d'un principe spécifique dans l'urine des cancéreux, résultats statistiques, signification théorique et pratique de la réaction du cancer, Paris, Masson, 1934 ; Marx, Aron, « Présence d'un principe spécifique dans l'urine des individus atteints de cancer », La presse médicale, n°42, 1934, p. 833- 836 ; Max Aron, « Essai d'une méthode histologique de diagnostic du cancer. Essai d'interprétation », Comptes rendus de la Société de biologie, n°115, 1934, p. 403- 406..
  65. 65,0 et 65,1 Ivan Kempf, Pierre Kehr, Claude Karger, Jean-Michel Clavret, « Histoire de l’orthopédie pédiatrique à Strasbourg », La Gazette de la Société française d’orthopédie pédiatrique, n°26, février-mars 2009, p. 6-8..
  66. 66,0 et 66,1 Ivan Kempf, Janine Pinelli, « La clinique des Assurances sociales devient le Centre de traumatologie », in Jacques Héran (dir.), Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 728-729..
  67. 67,00 67,01 67,02 67,03 67,04 67,05 67,06 67,07 67,08 67,09 et 67,10 référence.