Jules Stahl
Jules Stahl | |
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Prénom | Jules |
Nom | Stahl |
Sexe | masculin |
Naissance | 6 octobre 1902 (Barr (Bas-Rhin)) |
Décès | 14 mars 1984 (Strasbourg (Bas-Rhin)) |
Profession du père | Pharmacien (Apotheker) |
These | Recherches sur un principe hyperglycémiant d’origine pancréatique (1931) |
Directeur de thèse | Léon Ambard |
Profession | Médecin des hôpitaux, Professeur des universités, Agrégé de médecine, Directeur de la clinique médicale B |
Titre | Professeur |
Spécialités | Médecine interne |
Jules Stahl (1902-1984) est un médecin alsacien, clinicien des hôpitaux, professeur des universités et directeur de la clinique médicale B de Strasbourg dans l’après-guerre. Fils d’un pharmacien formé à la Kaiser-Wilhelms-Universität de Strasbourg et gérant d’une officine située à Barr au centre-Alsace, Jules Stahl effectue ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1920, de l’externat (1923-1925) à l’internat (1925-1931) et au clinicat (1931-1933). Il intègre l’équipe de la clinique médicale B en 1926 et travaille aux côtés des professeurs Léon Blum (1878-1930) et Léon Ambard (1876-1962), soutenant sa thèse sous la direction de ce dernier en 1931.
Officier du corps médical dans la réserve militaire française dans l’entre-deux-guerres, Jules Stahl se rend aux États-Unis entre 1933 et 1934 comme Rockefeller fellow au Columbia Presbyterian Medical Center de New-York. De retour en Alsace, il continue sa carrière médicale et scientifique à la Clinique médicale B jusqu’à devenir délégué dans les fonctions d’agrégé en 1938. La guerre vient alors bouleverser son parcours.
Quelques mois après l’annexion de fait de l’Alsace au Reich nazi et la réouverture de l’hôpital civil de Strasbourg par les Allemands, Jules Stahl fait l’objet d’une attention des autorités nazies, afin de l’employer au sein de la future université allemande que les Allemands envisagent de créer à Strasbourg. D’octobre 1940 à janvier 1941, il est nommé kommissarischer Chefarzt, c’est-à-dire chef de service par intérim du service de médecine interne de l’hôpital civil allemand, assurant en même temps la direction de la clinique médicale B. Quittant l’hôpital, il cède sa place à l’Allemand Werner Jordan (1912-1996), venu d’Heidelberg, mais reste néanmoins en Alsace durant toute la période d’annexion et se consacre à son cabinet médical et à son activité de chef du service de médecine à la clinique Bethesda de Strasbourg.
Aux lendemains de la guerre, Jules Stahl est réinvesti dans ses fonctions d’avant-guerre, à savoir d’agrégé délégué. En 1946, il est nommé agrégé de médecine générale et de pathologie générale, puis accède au poste de professeur des universités en 1948. Pendant vingt-cinq ans, de 1948 à 1974, il dirige en qualité de chef de service la clinique médicale B de l’université de Strasbourg, intégrant en 1963 le corps enseignant et hospitalier du CHU de Strasbourg. Médecin passionné, scientifique dévoué et enseignant hors-pair, il joue un grand rôle à la reconnaissance de la médecine interne comme discipline médicale à part entière. À l’écoute des patients, il incarne une pratique de la médecine qui a participé à la formation de plusieurs générations de médecins, grâce à ses visites quotidiennes au chevet des patients, plaçant toujours la prise en charge globale de l’homme malade au centre de la pratique.
Jules Stahl était en outre président de la Commission permanente médicale, président de l’Association européenne de médecine interne d’ensemble (1969-1973) et président du Conseil régional d’Alsace de l’Ordre des médecins (jusqu’1981). Nommé professeur des universités honoraire quinze jours après son départ en retraite, il est aussi officier de l’Ordre de la Légion d’honneur (1977) et officier de l’ordre des Palmes académiques (1949).
Biographie
Devenir médecin
Né dans une famille alsacienne ayant obtenu la nationalité allemande à la suite du rattachement de l’Alsace au Reich wilhelmien en 1871, Jules Stahl grandit à Barr, une petite ville du centre-Alsace. Côtoyant le milieu médical très jeune avec son père pharmacien, Jules Stahl débute ses études de médecine dans les années 1920 à l’université française de Strasbourg. Étudiant brillant, il accomplit son externat, puis son internat des hôpitaux, entrant à la clinique médicale B et débutant sa carrière sa carrière scientifique aux côtés des professeurs Léon Blum (1878-1930) et Léon Ambard (1876-1962).
La famille Stahl
Jules Stahl, de son nom de naissance Julius Stahl, est né le 6 octobre 1902 à Barr . Issu d’une famille alsacienne de confession protestante, son père, également prénommé Jules (1871-1951) , était un pharmacien strasbourgeois (Apotheker). Il avait fait ses études à la Kaiser-Wilhelms-Universität, l’université impériale de Strasbourg entre le semestre d’été 1894 et 1895 . Le 24 mai 1899 , il épouse à Épinal dans les Vosges Bertha Schmidt (1875-1939), la fille d’un pharmacien , puis s’installe à Barr dans le centre-Alsace pour ouvrir une officine au centre-ville, dans l’actuelle rue des Maréchaux. Le couple Stahl donne naissance à deux enfants Édouard Henri (1900-1979) et Jules (1902-1984). À la naissance des frères Stahl, l’Alsace faisait partie intégrante du Reich wilhelmien depuis la signature du Traité de Francfort du 10 mai 1871 qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Jules Stahl et son frère grandissent à Barr et suivent leur scolarité à l’école allemande jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. Ensuite, avec le retour de l’Alsace à la France à l’issue de la Grande Guerre, la famille Stahl obtient la nationalité française par « réintégration » .
Les études de médecine et le début de la carrière à la Médicale B
Les études de médecine : de l’externat au clinicat
Au début des années 1920, Jules Stahl s’inscrit à l’université française de Strasbourg et débute un cursus universitaire de médecine. Comme le prévoit la législation en France, il commence par préparer le certificat Physique, Chimie, Sciences naturelles (PCN) à la faculté des sciences. Il entre ensuite à la faculté de médecine et réussit, en 1923, le concours de l’externat, étant alors aussitôt recruté comme externe des hôpitaux à Strasbourg . En 1925, il débute son internat des hôpitaux à Strasbourg . En 1926, Jules Stahl intègre l’équipe de la clinique médicale B de l’hôpital civil de Strasbourg et devient l’un des collaborateurs du professeur Léon Blum (1878-1930). Fils d’un rabbin de Fegersheim (Bas-Rhin), Léon Blum est le premier titulaire de la chaire de clinique médicale de l’université française réinstallée à Strasbourg aux lendemains de la Première Guerre mondiale. L’école de Léon Blum a sans aucun doute marqué durablement sa conception et sa pratique de la médecine. Avec le décès du professeur Blum en 1930, la direction de la clinique médicale B est ensuite confiée au professeur Léon Ambard (1876-1962). Jules Stahl termine alors son internat et prépare, sous la direction de cet éminent interniste, une thèse de doctorat de médecine intitulée « Recherches sur un principe hyperglycémiant d’origine pancréatique » . Il soutient sa thèse en juillet 1931, à l’âge de vingt-huit ans . Au sujet des travaux de Stahl, les internistes strasbourgeois Jean-Marie Brogard et Jean-Frédéric Blickle : « Les expériences à l’origine de son travail mettaient en évidence une élévation initiale et franche de la glycémie chez le lapin soumis à l’injection d’extraits de pancréas bovin. Ce principe hyperglycémiant n’était rien d’autre que le glucagon contaminant les anciennes préparations d’insuline, insuffisamment purifiées à l’époque » .
Une parenthèse : le service militaire
Avec le service et l’obligation militaires, la carrière médicale de Jules Stahl est doublée, dans l’entre-deux-guerres, par une préparation militaire et un engagement au service de la patrie. Étant né en 1902, Jules Stahl faisait partie de la classe de mobilisation de 1922, mais en raison de ses études, il avait pu obtenir un report du service. Néanmoins, en octobre 1927, alors qu’il était âgé de vingt-cinq ans et qu’il était rattaché au bureau de recrutement de Sélestat, il obtient son brevet de préparation militaire supérieure (section médecine) . Il semble d’ailleurs qu’il effectue son service militaire en Afrique du Nord au cours de l’année 1928 en qualité de médecin officier. En effet, dans un décret publié au Journal officiel de la République française au début de l’année 1929, on apprend que Stahl, qui faisait alors partie des « troupes du Maroc », était à présent affecté à la 20e région militaire, conservant son grade de médecin sous-lieutenant. Il a donc été versé dans le corps sanitaire de la réserve militaire de l’armée française et a été officier de réserve durant les années 1930 .
Le début de la carrière scientifique
À l’issue de son clinicat, Jules Stahl se rend pendant une année aux États-Unis comme Rockefeller Fellow (en 1933-1934). Rattaché au Columbia Presbyterian Medical Center de New-York, il collabore avec les Drs. Robert F. Loeb (1895-1973) et Dana W. Atchley (1892-1982), avec qui il noue une grande amitié et publie deux articles scientifiques en 1935 et 1936 . C’est une période-clé dans sa propre formation scientifique et dans la construction de son approche de la pratique de la médecine interne : il est alors convaincu que la physiopathologie et l’investigation clinique sont essentielles et fondamentales dans la formation des internistes. La médecine interne devient à ce moment-là sa discipline de prédilection et ses trois principaux domaines de recherches dans sa carrière restent associés à ses premières expériences : la pathogénèse de l’œdème, les effets du glucagon sur le foie, ainsi que l’ammoniac sanguin et les pathologies hépatiques . De retour en Alsace en 1934, il travaille comme médecin de polyclinique à la Médicale B aux côtés du Dr. Cahn, visiblement jusqu’en 1937 . D’ailleurs, en 1935, il ouvre un cabinet de médecine interne à son domicile au 10 allée de la Robertsau, proposant des consultations de 14 heures à 16 heures et sur rendez-vous . Dès le départ, Jules Stahl développe un grand intérêt pour la recherche médicale et scientifique. Comme la recherche sur le diabète et l’insulinothérapie est l’un des grands thème de recherches associé à la clinique médicale B à travers les âges , il se retrouve très tôt confronté à la recherche dans ce domaine. En 1930, il avait débuté pour sa thèse une étude expérimentale sur un facteur hyperglycémiante reconnu par la suite comme étant le glucagon. Par la suite, il collabore à de multiples études ayant trait à l’intoxication au monoxyde de carbone, à la thyroïde ou encore aux problèmes physiopathologiques de l’hypochlorémie, . Il collabore notamment avec professeur et histologiste Max Aron (1892-1974), qui s’intéressait toujours aux travaux sur la thyroïde, précisant notamment la pathogénie de la maladie de Basedow. Avec Jules Stahl et Camille van Caulaert, Aron avait mis au point une méthode biologique de dosage urinaire et sanguin de la thyréostimuline . L’année 1938 marque pour Jules Stahl son entrée en fonction dans l’Éducation nationale et l’enseignement supérieur. En effet, à la suite de la nomination du Dr. Vaucher comme professeur titulaire en 1938, le poste d’agrégé qu’il occupait jusque-là était devenu vacant à la Médicale B. Ainsi, à l’occasion d’un vote organisé lors de la séance du Conseil de la Faculté de médecine de Strasbourg du 16 juin 1938, Jules Stahl a été désigné pour remplir les fonctions d’agrégé . Il est alors « chargé de la suppléance dans les fonctions d’agrégé » et reste, en sa qualité d’agrégé délégué, l’un des principaux collaborateurs du professeur Ambard. Celui-ci s’intéressant davantage à la recherche scientifique qu’à la pratique clinique quotidienne, il reléguait en réalité le soin des malades à ses assistants, parmi lesquels Stahl ou encore les médecins de polyclinique Jean-Émile Kappler et Paul Meyer. Précisément, Stahl devient une personnalité très engagée dans la vie du service, très présente auprès des patients et occupe une place prééminente à la Médicale B . Toutefois, la Seconde Guerre mondiale représente un point de rupture dans la carrière médicale du Dr. Stahl.
Médecin en Alsace annexée
À la suite de l’annexion de fait de l’Alsace au territoire de l’Allemagne nazie à l’été 1940, le Dr. Stahl fait partie des premiers médecins sélectionnés par les Allemands pour intégrer le corps médical de la future Reichsuniversität Strassburg. S’il débute sa carrière comme chef de service par intérim, il quitte ensuite le milieu de l’hôpital civil et se livre à la pratique médicale privée à son cabinet et à la clinique privée de Bethesda à Strasbourg. La guerre et l’arrivée des Allemands à Strasbourg avaient en réalité marqué un coup d’arrêt à sa carrière médicale et scientifique engagée dès les années 1930.
Le recrutement par les Allemands en 1940
Dès l’annexion de fait de l’Alsace au Reich, les nazis engagent des préparatifs liminaires en vue d’instituer une université du Reich (Reichsuniversität) à Strasbourg, devant supplanter l’université française qui s’était par ailleurs réfugiée à Clermont-Ferrand au début du conflit. Dans ce contexte d’installation du régime national-socialiste en Alsace et d’application des premières politiques de mise au pas de la population et du territoire alsaciens, il s’agit tout particulièrement de remettre rapidement en fonction l’hôpital civil, qui s’était lui aussi replié en France, à Clairvivre en Dordogne . Les autorités nationales-socialistes avaient rapidement constaté qu’il y avait un besoin « urgent » (dringend) en personnel médical en Alsace pour assurer les soins de la population civile . Jules Stahl compte ainsi parmi les médecins recrutés au cours d’une deuxième vague de recrutement, à l’automne 1940. Quand bien même la nomination des médecins alsaciens dans la nouvelle institution hospitalière allemande n’était que « provisoire » (kommissarisch) – dans l’attente d’un examen politique approfondi du postulant –, il s’agissait en réalité d’une première sélection d’ordre politique. En vertu d’une ordonnance promulguée le 13 juillet 1940 par le département médical l’administration civile en Alsace (également appelée Gauleitung), il était alors obligatoire d’obtenir au préalable une autorisation de la Gauleitung pour pouvoir exercer la médecine dans cette terre du Reich . Le recrutement du Dr. Stahl est en réalité le fruit d’une réflexion engagée sur le temps long par de nombreux acteurs chargés par le régime de préparer la création de la nouvelle université allemande de Strasbourg. Le 29 juin – seulement dix jours après l’entrée des troupes allemandes à Strasbourg –, Robert Ernst, le futur Generalreferent et Oberstadtkommissar de la ville de Strasbourg et fondateur du Elsässischer Hilfsdienst (EHD), demande à ce qu’on établisse une première liste d’enseignants et de chefs de clinique de l’université française susceptible d’être réemployés dans la future université allemande. Quelques jours plus tard, le 2 juillet 1940, le ministre l’Éducation et de la Culture de Bade, Paul Schmitthenner (1884-1972), charge l’Alsacien Ernst Anrich, doyen fondateur de la faculté de philosophie et cheville ouvrière de la création de la RUS, d’engager les préparatifs de la création de la Reichsuniversität Strassburg . Après plusieurs mois de préparations, à la mi-octobre 1940, Anrich établit une première liste, contenant les noms de trente-six médecins et universitaires alsaciens, dont les compétences et la fiabilité nationale-socialiste intéressent la Gauleitung pour une reprise de fonctions à la future faculté de médecine allemande. Le nom de Jules Stahl, spécialiste en médecine interne (Innere Medizin), est l’un d’eux . Dès le début, il fait partie des huit professeurs extraordinaires (Extraordinarien) qu’Ernst Anrich et le doyen-fondateur de la faculté de médecine, Johannes Stein (nommé le 16 août), envisagent de solliciter . Le 12 octobre 1940, Anrich et Stein transmettent cette liste à Ludwig Bennmann au Sicherheitsdienst (SD) afin d’entreprendre un examen de leur attitude politique antérieure (politische Überprüfung) et de leur aptitude à servir l’institution allemande .
Chef de service à la Medizinische Klinik
Si l’hôpital civil de Strasbourg est rouvert par les Allemands dès le 12 août 1940, le Dr. Jules Stahl y est rapidement recruté et obtient une véritable promotion. Au début du mois d’octobre 1940, le premier chef de la clinique médicale, Alfred Doldé (1886-1965), quitte son poste pour se consacrer à son cabinet médical privé. C’est le Dr. Stahl qui le remplace, officiellement à partir du 7 octobre, en qualité de kommissarischer Chefarzt, c’est-à-dire de chef de service par intérim du service de médecine interne et en assurant une fonction de directeur de la clinique médicale . À son arrivée, Jules Stahl s’appuie sur une équipe composée de sept assistants-médecins alsaciens (Assistenzärzte), parmi lesquels Paul Meyer (1896-1971), Pierre Barthelmé (1907-1971), Daniel Kuhlmann (1908-2006), Charles Maurer (1910-1975), Alice Fitzenkamm (1912-1972) et Paul Kern (1916-1989) . Dans le contexte de réorganisation des hospices civils et de spécialisation des services, la direction générale de l’hôpital avait envisagé et décidé très tôt la division, de la clinique médicale originelle en deux cliniques différenciées. Le 10 octobre 1940, quelques jours après l’arrivée de Stahl, le directeur général des hospices civils écrit : « La clinique médicale sera divisée, car dans son état actuel, elle est devenue trop grande. Monsieur le Dr. [Jules] Stahl assurera la direction par intérim de l’Abteilung située au rez-de-chaussée et Monsieur le Dr. Paul Meyer assurera la direction par intérim de l’Abteilung située au premier étage » . Précisément, le 20 novembre 1940, la Médicale A se sépare de la clinique existante, qui devient la Médicale B. L’une est dirigée par Paul Meyer et l’autre Jules Stahl, deux confrères qui ont travaillé ensemble à la Médicale B de l’époque française dans les années 1930 . Jusqu’en décembre 1940, seule une poignée de médecins alsaciens sont en poste en médecine interne aux côtés du Chefarzt Jules Stahl . Ce dernier reste en poste jusqu’au début de l’année 1941 – au moins jusqu’en janvier –, cédant alors son poste à l’Allemand Werner Jordan (1912-1996), venu d’Heidelberg en vue de la création de la Reichsuniversität Strassburg. Jusqu’à ce jour, les motivations du Dr. Stahl ayant déterminé son départ de l’institution hospitalière allemande restent inconnues. Si certains ont dû quitter l’Alsace après avoir subi des mesures de déplacement de la part des autorités nationales-socialistes ou après avoir émigré, d’autres ont démissionné de leur poste sans préavis avant même l’inauguration de l’université nazie, parfois pour des raisons idéologiques, politiques ou personnelles. Quoi qu’il en soit, le Dr. Stahl a pu rester en Alsace après sa démission de l’hôpital et poursuivre une activité médicale.
La clinique de Bethesda et la pratique privée
Après avoir quitté son poste à l’hôpital civil, le Dr. Stahl reste en Alsace annexée et se consacre pleinement à la pratique libérale de la médecine en gérant son cabinet strasbourgeois et sa patientèle. Il était parvenu à conserver son cabinet médical installé en ville, au 10 allée de la Robertsau (Ruprechtsauer Allee 10) . Comme beaucoup, la guerre et la période d’annexion avaient marqué un coup d’arrêt à sa carrière hospitalière. Néanmoins, Jules Stahl ne rompt pas entièrement avec le milieu hospitalier, car dès l’année 1941, il cumule la gestion de son cabinet avec une fonction à la clinique Bethesda, à Strasbourg-Schiltigheim. Durant la période d’annexion de l’Alsace, les Allemands avaient ordonné la suppression de tous les établissements hospitaliers confessionnels strasbourgeois et la mise à disposition de leurs lits pour les hospices civils de Strasbourg. Dans ce cadre, seule la clinique Bethesda avait pu conserver son activité de clinique privée . À Bethesda, le Dr. Stahl occupe une fonction de médecin interniste et de chef de service (Leitender Arzt) du service de médecine ; son confrère le Dr. Jean Kuntzmann obtient quant à lui la gestion du service de chirurgie. Jules Stahl reste en poste jusqu’à la Libération de l’Alsace à l’automne 1944, échappant notamment à l’attaque aérienne qui a visé Strasbourg le 25 septembre 1944. Ce jour-là, trois bombes avaient atteint la clinique, tuant trois sœurs de la clinique (Catherine Divoux, Anna Froels et Louise Ritzenthaler), ainsi que trois pensionnaires de la clinique . Avec la Libération de l’Alsace par les Alliés et le départ des Allemands, le Dr. Stahl parvient à reprendre une fonction à l’hôpital civil de Strasbourg redevenu français.