Wilhelm Frangen
Wilhelm Frangen | |
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Prénom | Wilhelm |
Nom | Frangen |
Sexe | masculin |
Naissance | 26 octobre 1889 (Düsseldorf) |
Décès | 23 janvier 1945 (KL-Dachau) |
Wilhelm Frangen (1889-1945) est un détenu allemand originaire de Düsseldorf qui a été déporté dans les camps de concentration nazis de Natzweiler (janvier 1943 – septembre 1944), puis de Dachau (septembre 1944 – janvier 1945), après avoir notamment transité par la prison d’Ensisheim dans le Haut-Rhin.
Durant sa déportation à Natzweiler, où il souffrait de cécité, il est admis en ambulatoire à la clinique ophtalmologique de la Reichsuniversität Straßburg – sur ordre du médecin SS et du commandant du camp –, pour obtenir un avis médical spécialisé. Il est l’un des dix-huit détenus du KL-Natzweiler hospitalisés dans les cliniques universitaires de la Reichsuniversität Straßburg, illustrant ainsi des liens inhabituels et rares entretenus par le camp avec le monde extérieur.
Biographie
Origines et famille
Wilhelm Frangen est né le 26 octobre 1889 à Düsseldorf dans le bassin industriel de la Ruhr. Les sources parvenues jusqu’à nous sont trop lacunaires pour reconstituer précisément les origines et l’enfance de Wilhelm Frangen. On sait toutefois qu’il est issu d’une famille allemande de confession protestante (evangelisch). Son père, également prénommé Wilhelm, avait épousé Berta Lammert et demeurait à Düsseldorf. Il travaillait comme brasseur (Brauer), puis comme ouvrier d’usine (Fabrikarbeiter) et comme contremaître (Vorarbeiter)[1]. Domicilié avec ses parents au Kruppstraße 1 à Düsseldorf, Wilhelm Frangen devient quant à lui commerçant (Kaufmann)[1].
De la prison au KL-Natzweiler
Jusqu’à présent, les sources sont trop peu nombreuses pour déterminer la cause de l’arrestation de Wilhelm Frangen ou pour préciser son parcours carcéral. Selon les archives des camps de concentration, il semble qu’il ait été catégorisé parmi les prisonniers de droit commun. Par ailleurs, on sait qu’il a transité par la prison d’Ensisheim (Haut-Rhin) en Alsace annexée. En effet, le 4 janvier 1943 à 17 heures, la police criminelle de Mulhouse émet un télex à l’attention du commandant du camp de concentration de Natzweiler. Il est réceptionné cinq minutes plus tard. Il y est question du transfert de détenus placés en détention préventive policière (in polizeilicher Vorbeugungshaft) :
« Conformément à l’ordre de l’Office de la police criminelle du Reich de Berlin, 79 détenus doivent être transférés de la maison d’arrêt d’Ensisheim dans votre camp en détention préventive policière. Le convoi partira le 5 janvier 1943 à 9h06 du matin à Ensisheim et arrivera à la gare de Rothau à 17h29 »[1].
Conformément aux ordres, Wilhelm Frangen est envoyé au KL-Natzweiler, où il arrive au soir du 5 janvier 1943. Comme ses codétenus, il est immatriculé comme Berufsverbrecher et plus précisément comme Sicherungsverwahrte. Il reçoit donc un triangle vert et porte le matricule 2012[1].
Le traitement au Revier et à l’admission à la clinique ophtalmologique de Strasbourg
Le jour même de son arrivée à Natzweiler, Wilhelm Frangen est admis à l’infirmerie du camp (Revier) pour cause de cécité (erblindet). Il est placé en convalescence jusqu’au 2 février. Quelques jours plus tard, le 19 février 1943, le médecin l’affecte au Block des convalescents (Schonungsblock) de manière définitive (dauernd) pour la même raison[1].
Environ un an plus tard, Wilhelm Frangen bénéficie d’un traitement de faveur tout à fait rare dans le système concentrationnaire. En effet, le 12 janvier 1944, le médecin-chef SS du camp, le Dr Richard Krieger, demande au commandant du camp, Josef Kramer, la permission d’envoyer cinq détenus du camp à la clinique ophtalmologique de la Reichsuniversität Straßburg, à savoir Hans Haner, Johann Zollstab, Heinrich Debortoli, Michail Tereschtschenko et Wilhelm Frangen. En ce qui concerne les trois derniers, Dr Krieger écrit à leur sujet qu’ils sont « en train de perdre la vue ou que leur vision a presque disparu » et qu’il y a besoin d’un examen médical spécialisé, ce dernier ne pouvant être réalisé qu’à Strasbourg, précise-t-il. Le commandant Kramer prend connaissance de la requête le jour même et ajoute dans la marge, au crayon à papier rouge, le mot « ja » (oui) avant de parapher le document.
Une fois l’aval du commandant obtenu, Frangen et les autres détenus pouvaient être soignés à la clinique universitaire en ambulatoire[1]. Le Dr Krieger rédige ensuite une ordonnance d’hospitalisation pour Wilhelm Frangen, Heinrich Debortoli et MichailTereschtschenko. Pour Frangen, Krieger écrit à l’attention de ses confrères de la clinique ophtalmologique de Strasbourg, que ce détenu « souffrait précédemment d’une rétinite » et qu’il soupçonne à présent chez lui « une aggravation de sa pathologie »[1]. Si Frangen a été admis à la clinique, on ne sait toutefois rien sur les soins qu’il a reçus sur place, hormis le fait que les frais engagés pour les soins étaient pris en charge par l’administration SS.
De l’évacuation du KL-Natzweiler au décès à Dachau
Retournant ensuite au camp principal du KL-Natzweiler, Wilhelm Frangen y reste jusqu’au début de l’évacuation dans la nuit du 2 au 3 septembre 1944[1]. Les plus de 6000 déportés entassés dans les baraquements du camp principal sont alors mis rapidement sur les rails. Trois grands convois partent en direction du camp de concentration de Dachau, en Bavière, au début du mois. Wilhelm Frangen fait partie du premier convoi, comptant précisément 2.400 hommes, arrivant à Dachau le 4 septembre 1944[1]. Immatriculé le lendemain en tant que « SV », il reçoit le matricule 98445[1].
Wilhelm Frangen reste de toute évidence au camp principal de Dachau, où il décède le 23 janvier 1945, environ quatre mois après son arrivée. Le Kriminalsekretär (chef du service politique et représentant de la Gestapo) du KL-Dachau, Otto Kloppmann, en avertit le service d’état civil compétent qui enregistre officiellement le décès deux jours plus tard. La cause officielle du décès, au terme de deux années de déportation, est la suivante : « insuffisance cardiaque aigüe » (akute Herzschwäche)[1].
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