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Version du 6 février 2024 à 11:49


Paul Steimlé
Prénom Paul
Nom Steimlé
Sexe masculin
Naissance 9 février 1912 (Rio-Blanco)
Décès 22 décembre 2004 (Mexico)
Profession du père Chimiste

These Contribution à l’étude de l’épreuve rotatoire en labyrinthologie (Université de Strasbourg, UdS, 1918-1939, 1938)
Directeur de thèse Jean-Alexandre Barré
Profession Médecin

Titre Dr. med.

Spécialités Oto-rhino-laryngologie


Paul Steimlé (1912-2004) est un médecin et chirurgien d’origine alsacienne né au Mexique. Il a effectué l’intégralité de ses études de médecine à l’université française de Strasbourg dans les années 1930 jusqu’à l’obtention de son doctorat. Travaillant comme externe, puis comme interne à l’hôpital civil de Strasbourg, il participe également à la Seconde Guerre mondiale en étant enrôlé dans le service médical de l’armée de terre française. En tant qu’Alsacien d’origine et en tant que médecin, il est rapidement libéré par les Allemands du camp de prisonniers de guerre (moins d’un mois après l’armistice) et retrouve ses activités civiles médicales.

Il est aussi l’un de ces Alsaciens et Mosellans qui parviennent à retrouver leur poste au sein de l’hôpital civil de Strasbourg désormais placé sous administration allemande dans cette Alsace annexée de facto par le IIIe Reich. Paul Steimlé poursuit ainsi sa carrière médicale et scientifique à la Reichsuniversität Strassburg, d’abord comme Volontärassistent, puis comme Pflichtassistent, comme faisant fonction d’assistant scientifique (Verwalter einer wissenschaftlichen Assistentenstelle) à la clinique chirurgicale avant d’être titularisé à ce même poste. Comme nombre d’Alsaciens et de Mosellans, il subit les mesures de rééducation imposées par les autorités allemandes à l’égard des médecins autochtones : il est notamment envoyé à l’école médicale Alt-Rehse et se retrouve en passe d’être incorporé dans la Wehrmacht.

Biographie

De l’enfance aux études de médecine

Paul Steimlé, de son nom complet Paul Friedrich Raul Steimlé, est né le 9 février 1912 à Rio Blanco, une municipalité située dans l’État de Veracruz au Mexique. Issu d’un foyer très riche et d’une famille alsacienne aux origines françaises, allemandes et suisses, Paul est baptisé dans la foi catholique, comme toute sa lignée maternelle. Steimlé passe une grande partie de son enfance au Mexique, puis la famille Steimlé retourne s’établir en Alsace via les États-Unis en 1925. Après le baccalauréat, il se destine à des études médicales et devient chirurgien.

La famille Steimlé

Une famille alsacienne aux origines multiples

Le père de Paul Steimlé, prénommé Frédéric (Friedrich « Fritz » Johann), est né le 15 décembre 1879 à Mulhouse, dans le sud de l’Alsace. À cette époque, l’Alsace faisait partie intégrante du Second Reich allemand en application du traité de Francfort de 1871 qui avait mis fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Son propre père, Jean-Frédéric Steimlé, boucher de profession (Metzger), est né le 27 janvier 1850 à Wildberg en Allemagne et est décédé le 16 juin 1927 à Sainte-Marie-aux-Mines dans le Haut-Rhin. Jean-Frédéric avait épousé Frédérique Mock, née le 7 février 1854 à Heiligenstein dans le Bas-Rhin et est morte en février 1915 à Mulhouse . Frédéric Steimlé est ainsi élevé dans la foi protestante, au sein d’une famille relativement modeste. Il grandit en Alsace, bénéficie tout d’abord d’une instruction élémentaire à l’école allemande, puis quitte le système scolaire à l’âge de quatorze ans pour commencer à travailler dans l’affaire de son père. Ne s’y plaisant manifestement pas et aspirant à une carrière de chimiste, Frédéric parvient à convaincre son père de lui permettre d’entrer dans le secondaire et d’entreprendre ensuite des études supérieures. Après avoir réussi l’examen du baccalauréat en 1901 à l’âge de vingt-deux ans, Frédéric est aussitôt admis à l’institut polytechnique de Zurich en Suisse (Eidgenössische Technische Hochschule) créée une quarantaine d’années auparavant (1854). En 1906, à l’issue de cinq ans d’études de chimie, il obtient le titre d’ingénieur chimiste. Il s’inscrit ensuite à l’École Supérieure de Chimie à Mulhouse et travaille comme assistant et plus précisément comme préparateur auprès du professeur Emilio Noelting, le directeur de l’école. Il poursuit ses travaux de recherches en chimie et devient docteur ès-science et obtient le titre de docteur en chimie (Dr. phil. chem.) délivré à l’issue de la soutenance de sa thèse à l’université de Zurich. Sa thèse de doctorat est intitulée : « I- Essais sur la formation de corps indazclés à partir des o-anisidines nitratées et bromo-nitratées ; II- Sur la formation de l’indazol à partir des toluidines bromurées et des m-xylidines » . Installé dans le sud de l’Alsace une fois diplômé de l’école polytechnique de Zurich, Frédéric Steimlé fait la connaissance de Mathilde Vorburger quelques temps plus tard et l’épouse le 4 novembre 1909. Née le 25 septembre 1888 à Voegtlinshoffen au sud de Colmar dans le Haut-Rhin, Mathilde est issue d’une famille de confession catholique dont les parents sont nés dans l’Alsace du Second Empire. Son père, Ludwig Vorburger, gourmet (Weinsticher) de profession, est né le 1er février 1857 dans le même village alsacien, et est décédé le 7 octobre 1921 à Bâle en Suisse. Ludwig Vorbruger s’était marié avec Mélanie Karcher, une jeune Alsacienne née le 24 octobre 1856 à Weckolsheim, au sud-est de Colmar, et décédée le 7 octobre 1898 à Voegtlinshoffen . Peu de temps après s’être mariés, Frédéric et Mathilde Steimlé émigrent au Mexique, où le couple donne naissance à deux garçons, Paul et Raoul, nés respectivement le 19 février 1912 et le 7 novembre 1922 .

Une famille riche installée au Mexique (1911-1924)

Après avoir obtenu son doctorat de chimie, Frédéric Steimlé accomplit son service militaire à Colmar, puis commence à travailler dans l’industrie privée en tant qu’ingénieur textile à la firme mulhousienne « Mer Rouge ». Il se voit proposer divers postes, notamment à Berlin et à Moscou, mais selon son fils Paul Steimlé, il aurait refusé le premier car, « comme tout bon Alsacien français, [il] ne voulait rien savoir des Allemands » et aurait également refusé le second, « sa femme craignant les grands froids russes ». Étant néanmoins tenté par la conquête d’un nouveau pays et d’un nouveau continent, il quitte son Alsace natale à destination de Veracruz au Mexique. Frédéric Steimlé et son épouse Mathilde arrivent à Rio Blanco le 11 novembre 1911, sans présager que cette petite ville était le « berceau de la révolution mexicaine », depuis l’appel, environ un an plus tôt, de Francisco Madero à une insurrection contre l’autoritarisme du général Porfirio Diaz. Dans cette région où l’industrie textile est en plein essor, Frédéric Steimlé travaille en qualité de premier chimiste et directeur technique de la société « La CIDOSA » (Compañía Industrial de Orizaba S.A.) sise à Rio Blanco. Il s’installe avec sa femme dans l’enceinte fortifiée de l’usine, et le couple Steimlé donne naissance à son fils aîné, Paul Steimlé, en février 1912 .



Décidant de ne pas renouveler son contrat arrivé à son terme, Frédéric Steimlé effectue un cours voyage à New-York, aux États-Unis, afin d’y explorer les possibilités et les opportunités d’emploi. Dans le même temps, il envoie sa femme et son jeune fils en Alsace pour visiter la famille. Ne trouvant « rien à son goût » aux États-Unis, Frédéric Steimlé retourne au Mexique et s’engage dans la société de la capitale mexicaine, « Cia. Veylan-Jean », dans l’arrondissement de la Magdalena Contreras. À partir de 1914, et jusqu’en 1923, toute la famille Steimlé vit ainsi à Mexico, à une époque où la révolution mexicaine bat son plein. Demeurant tantôt dans un logement de l’usine, tantôt dans un domicile privé à la Place de San Jacinto, dans le quartier riche de San Angel ou à la rue de Chihuahua en pleine capitale, la famille Steimlé mène une vie de gens riches, entourée de leurs domestiques d’origine alsacienne, suisse et mexicaine. Dans ses mémoires, Paul Steimlé se souvient qu’« une fois la situation en ville devenue moins agressive, [s]es parents [ont] lou[é] un appartement à la rue du Général Prim, juste en face des bureaux du ministère de l’intérieur », avant de déménager à la rue Velasquez de Léon après que Mathilde Steimlé ait fait une fausse couche. À la fin de la Première Guerre mondiale, le père Steimlé devient gérant de la Société française de produits chimiques (Cia Francesa de Productos Quimicos), et les Steimlé s’installent dans l’une des maisons de la firme .

À ce moment-là, Frédéric Steimlé sollicite auprès de la chambre de commerce française du Mexique une lettre de recommandation pour pouvoir intégrer la de la Société des Alsaciens-Lorrains de New-York. La lettre, signée par Adrien Jean Rueff et Alexandre Rueff, respectivement président et secrétaire de la chambre de commerce française du Mexique, vante et loue les qualités de Steimlé ainsi que son patriotisme français. Travaillant alors comme chimiste « dans une grande filature et fabrique de tissus appartenant à l’une des principales maisons françaises » du pays, il est précisé que cette firme « n’a jamais eu qu’à se louer de ses services, tant au point de vue technique que sous le rapport de l’honorabilité et du loyalisme ». On y lit notamment que « Frédéric Steimlé, de nationalité alsacienne, a toujours donné des preuves manifestes de ses sentiments de fidélité à la France ». De plus, il apparaît également que Frédéric rejoint diverses sociétés françaises à Mexico et qu’il a « toujours souscrit à toutes les œuvres de secours aux victimes de la guerre organisées jusqu’à présent à Mexico ». En conséquence, la chambre de commerce ne peut que « le recommander sans réserve » auprès de la société new-yorkaise .

En 1920, le jeune Paul Steimlé et sa mère Mathilde effectuent un long voyage en France. Pendant neuf mois, ils rendent visite à des membres de leur famille, puis retournent à Mexico en janvier 1921. À ce moment-là, alors qu’il âgé de presque neuf ans, Paul Steimlé débute sa scolarité. S’il avait bénéficié jusqu’alors de l’éducation de ses parents, il se retrouve très tôt séparé de ses parents, puisqu’il entre à l’internat de l’école de San Borja, un institut franco-anglais où Frédéric Steimlé avait décidé d’inscrire son fils. Si Paul Steimlé qualifie sa première année d’école comme ayant été « très agréable », il déclare que la seconde fut à l’inverse « comme aux enfers », à tel point que Paul Steimlé « a prié [s]es parents de [l]e changer d’institut ». Par la suite, il devient pensionnaire dans une école de la ville d’Orizaba, ce qui lui permet de passer les fins de semaines chez ses parents à Santa-Rosa (Ciudad Mendoza) . Le jeune Paul Steimlé grandit ainsi au cœur d’un pays et d’une ville en proie à la révolution, mais le niveau de vie aisé de la famille, lui permet néanmoins de profiter de son enfance et même de pratiquer du poney, un animal qui lui avait été offert par un ami de son père .

Une journée traumatisante qui précipite le départ du Mexique : le 28 janvier 1924

Le lundi 28 janvier 1924 à 7 heures du matin, à quelques jours de son douzième anniversaire, Paul Steimlé et sa famille vivent une « journée sanglante » qui est à l’origine de leur départ du Mexique. En effet, alors que Frédéric Steimlé s’apprêtait à quitter la maison de Santa Rosa et conduire son fils Paul Steimlé à l’école d’Orizaba, les troupes fédérales « Los Federales », qui venaient de vaincre les troupes révolutionnaires de Guadalupe Sanchez et de De La Huerta à Esperanza, pénètrent « avec grand fracas » dans le logement de la famille . En effet, deux factions politico-militaires se disputaient le pouvoir à Santa Rosa : les Obregonistas d’une part et les Delahuertistas d’autre part . Dans ses mémoires, Paul précise : « un premier groupe de cinq hommes a maltraité mon père, l’un d’eux a tiré sur lui, grâce à l’intervention de la domestique Éloisa (la balle lui frôlant le crâne), il ne fut que blessé à l’épaule gauche ». Apparemment, ce serait l’« appel de la trompette », probablement ordonné par leurs supérieurs, qui aurait précipité la fuite de ces soldats, mais quelques instants plus tard, un second groupe de soldats entrent dans le logis, dépouillent la famille et répétent aux Steimlé qu’ils allaient les « ajusilar [ou afusilar] », c’est-à-dire les fusiller .

L’escalade de violence se poursuit et, après avoir que la famille Steimlé ait été rassemblée dans la cour de la maison, un soldat a frappé le père de Paul à la tempe droite, si bien qu’il se mit à « saigner de manière impressionnante ». Dans ses souvenirs, Paul Steimlé se souvient également que toute la famille, « papa, maman avec mon petit frère Raoul dans ses bras, et moi, marchions devant eux [les soldats] », jusqu’à ce que l’un d’entre eux ordonne au jeune Paul de « chercher les clés dans l’écurie ». Enhardi, l’enfant aurait alors répondu au militaire qu’« en aucun cas, [il] n’abandonnerai [s]a famille », ce qui lui vaut d’être immédiatement menacé d’exécution. C’est alors qu’un officier à cheval, le lieutenant Luna, est arrivé au domicile des Steimlé. Selon les souvenirs de Paul Steimlé, cet officier interpella les soldats qui étaient en train de les maltraiter et leur dit : « qu’allez-vous faire avec ces gens ? Ils n’ont rien à voir avec la révolution ! Laissez-les tranquilles ! ». En définitive, pour Paul Steimlé, il ne fait aucun doute que le « lieutenant Luna [leur] sauva la vie » ce jour-là . À la suite de cet événement traumatisant, les Steimlé quittent précipitamment Santa Rosa et s’enfuient à Orizaba et ensuite quelques jours à Mexico. Le père retrouve brièvement du travail, mais cette journée du 28 janvier 1924 a déterminé le départ de la famille vers les États-Unis d’Amériques quelques mois plus tard, en juin 1924 . Ainsi, Paul effectue le début de sa scolarité au Mexique jusqu’en 1924 , puis, après bref séjour à Ellis Island, les Steimlé s’installent sur la côte est des États-Unis le 14 juillet de la même année. Paul Steimlé y poursuit brièvement sa scolarité pendant quelques mois et fréquente plusieurs écoles d’État (Staatschule) . Toutefois, ne trouvant pas de « situation attrayante », le père Steimlé décide de rapatrier sa famille en France. Débarqués au Havre le 10 avril 1925, Frédéric, Mathilde, Paul et Raoul Steimlé rejoignent ensuite l’Alsace et s’établissent à Sainte-Marie-aux-Mines dans le Haut-Rhin .

Le retour en Alsace (1924-1931)

De retour en Alsace avec sa femme et ses deux fils, Frédéric Steimlé travaille comme administrateur et directeur aux entreprises « Riboud » à Sainte-Marie-aux-Mines jusqu’en 1929, après avoir vécu brièvement à Mulhouse. Plus précisément un rapport de l’inspecteur principal Rebre de la Direction générale de la sûreté nationale émis le 8 juin 1945 faisant suite à une demande d’enquête émise par la Préfecture du Bas-Rhin le 10 avril, « cette famille était établie de 1911 à 1925 au Mexique où le chef [de famille] occupait une situation assez importante dans une usine de teinture et jusqu’en 1930 à S[ain]te-Marie-aux-Mines, où M. Steimlé assurait les fonctions de directeur de la teinturerie "Riboud" » . Paul Steimlé reprend alors sa scolarité dans le secondaire dans système scolaire français et commence à mener « une vie studieuse de lycéen » . En juin 1929, il réussit la première partie de son baccalauréat. L’année suivante, il réussit l’examen d’entrée à l’école de chimie de Mulhouse (Chemie-Schule) en 1930 et finit par valider la seconde partie baccalauréat de sciences (mathématiques) juin 1931 à l’âge de dix-huit ans . Enfin, après un passage à Bâle en Suisse, la famille Steimlé s’établit à Strasbourg en 1931. Deux ans plus tard, en septembre 1933, Frédéric Steimlé, né en 1879 dans une Alsace allemande, obtient la nationalité française par naturalisation . Un rapport de police de 1945 précise que jusqu’en 1939, le père Steimlé « ne s’est plus livré à aucune occupation, sa fortune assez considérable, dit-on, lui permettant de vivre de ses rentes. Depuis 1932 [sic. 1933], il est propriétaire de l’immeuble qu’il occupe et estimé avant la guerre à une valeur d’un million environ » . Dans un premier temps, la famille s’installe au 16 rue du général Ducrot, jusqu’à ce que le père de famille fasse construire un nouvel immeuble au 11 rue Beethoven (Beethovenstraße 11) entre 1931 et 1933 . Paul Steimlé demeure au domicile familial pendant toute la durée de ses études et plus précisément jusqu’à l’âge de 32 ans, au moment où il se marie et emménage au 35, boulevard Tauler (Taulerring 35) à Strasbourg dès le 15 février 1941 .


Les études de médecine à l’université de Strasbourg

Après avoir présenté la famille Steimlé, ses origines socio-professionnelles, ses pérégrinations au fil des années, et après avoir examiné le contexte familial, social, politique et historique dans lequel Paul Steimlé a grandi et évolué, considérons à présent le début de sa carrière médicale avec ses études de médecine à l’université française de Strasbourg.

Le cursus médical

À la suite de l’obtention de son baccalauréat en juin 1931, Paul Steimlé débute son cursus universitaire à compter du 1er novembre 1931. Comme de coutume en France, il commence par préparer le certificat d’études physiques, chimiques et naturelles (PCN) à la faculté des sciences, un diplôme instauré sous la Troisième République qui était un prérequis aux formations médicale. Le décret adopté le 31 juillet 1893 avait en effet organisé une année préparatoire aux études de médecine et le certificat PCN marquait l’entrée en première année. La formation médicale avait alors la particularité que l’obtention de ce diplôme – en plus de l’admission préalable à l’examen du baccalauréat – était obligatoire au futur médecin pour prétendre à la première inscription en médecine . Une fois le certificat PCN obtenu en juin 1932 , Paul Steimlé s’inscrit aussitôt à la faculté de médecine de l’université française de Strasbourg et y débute sa formation médicale à proprement parler dès la rentrée 1932. À cette époque, conformément à un autre décret adopté sous la Troisième République le 11 janvier 1909, la durée des études avait été allongée d’une année supplémentaire, portant désormais la durée totale du cursus à cinq ans. Il était aussi prévu que les études cumulent à la fois des enseignements théoriques, pratiques ainsi que des activités hospitalières, ces dernières étant rendues obligatoires à partir de la troisième année de la formation. Ainsi, année du PCN comprise, le cursus complet durait six ans, puis sept à la suite d’une mesure adoptée par décret le 6 mars 1934 . Au total, Paul a suivi sept ans d’études, entre 1931 et 1938.

La formation pratique

Comme le prévoyait la législation, parallèlement à l’enseignement théorique qu’il reçoit lors des cours magistraux et des travaux dirigés sur les bancs de l’université française, Paul Steimlé complète sa formation en étant confronté très tôt à la pratique de la médecine au sein des cliniques universitaires. Il accomplit notamment un long stage universitaire en milieu hospitalier (Famulus) entre le 1er novembre 1933 et le 1er octobre 1935. Il commence en effet par passer dix-huit mois dans les différentes cliniques médicales de la faculté de médecine, puis sert pendant cinq mois à la clinique chirurgicale A. En octobre 1935, au terme de la troisième année de médecine, Paul Steimlé réussit le concours d’externat et devient « externe des hôpitaux » (Volontärarzt) et obtient aussitôt un poste en tant que tel à la clinique chirurgicale A pendant cinq mois supplémentaires. Ensuite, du 1er mars au 1er novembre 1936, il rejoint la clinique médicale A et cumule parallèlement avec le poste d’un Assistenzarzt faisant également « fonction d’interne » (Verwalter einer "Interne"-Stelle) entre le 11 mars et le 1er septembre. Du 1er novembre 1936 au 1er mars 1937, il poursuit sa formation et travaille brièvement comme externe à la clinique gynécologique, puis à la clinique infantile. Du 1er mars 1937 au 1er novembre 1937, Paul Steimlé est recruté en qualité d’externe à la clinique neurologique (neurologische Klinik) et cumule à nouveau pendant une courte période un poste faisant fonction d’interne (Verwalter einer Interne-Stelle). À ce moment-là, en juin 1937, Paul Steimlé réussit l’examen d’État (Staatsexamen) qu’il identifie dans les documents nazis à l’Approbation, c’est-à-dire l’autorisation d’exercice et de pratique de la médecine. Enfin, entre 1er novembre 1937 et le 19 avril 1938, Steimlé termine sa formation médicale en qualité d’externe à la clinique oto-rhino-laryngologique, mais parvient également à poursuivre ses activités à la clinique neurologique durant la préparation de sa thèse de doctorat de médecine. En janvier 1938, il réussit le dernier examen clinique de sa formation et dépose le manuscrit de sa thèse de doctorat de médecine qu’il soutient le 12 juillet 1938, alors même qu’il est engagé dans l’armée et qu’il accomplit son service militaire. Sa thèse, réalisée sous la direction de Jean-Alexandre Barré (1880-1967), professeur de neurologie à l’université de Strasbourg depuis 1919, est intitulée : « Contribution à l’étude de l’épreuve rotatoire en labyrinthologie » . À l’issue de la soutenance, le jury de thèse lui a accordé la mention « très honorable, et félicitations du Jury » . Comme l’indique le doyen dans un courrier adressé au chef de la clinique chirurgicale B en 1946 pour lui notifier la nomination honorifique de Steimlé au poste de chef de clinique adjoint, il s’avère que Steimlé a « accompli toutes ses études médicales à la faculté de médecine de Strasbourg dans de très bonnes conditions ». Par ailleurs, il est aussi connu que Steimlé a « acquis une formation chirurgicale très complète » . Par ailleurs, on note que Paul Steimlé est très doué dans les langues, une capacité vraisemblablement développée par ses nombreux voyages, puisque dans un curriculum vitae de décembre 1943, il précise qu’il a « passé la plus grande partie de ses vacances universitaires à voyager en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en Italie et en Suisse, afin d’entretenir et perfectionner ses compétences linguistiques » .

Le service militaire et la guerre

Le 20 avril 1938, alors qu’il vient tout juste de terminer les sept ans de son cursus médical, le jeune médecin entre dans l’armée pour effectuer son service militaire, vraisemblablement comme aspirant ou sous-lieutenant. En tant que médecin, Steimlé est versé dans le corps médical de l’armée de terre. Dans un premier temps, il sert en qualité de chirurgien à l’hôpital militaire Gaujot dans le quartier de la Krutenau à Strasbourg et soutient peu de temps après sa thèse de doctorat le 12 juillet 1938. Au début de l’année 1939, le Dr. Steimlé est affecté pendant deux mois dans un autre hôpital militaire dans la capitale alsacienne. À compter du 1er avril jusqu’à la fin du mois d’août 1939, il travaille à temps partiel (halbtagstätig) à la policlinique chirurgicale B de Strasbourg .


Repères

Localisations

Nationalités

  • Français

Confessions

  • Catholique

Publications

  • STEIMLE Paul, Contribution à l’étude de l’épreuve rotatoire en labyrinthologie, thèse de doctorat de médecine réalisée sous la direction du Professeur Jean-Alexandre Barré, Université de Strasbourg, n°24, 1938.

Liens à institutions

Université de Strasbourg, UdS, 1918-1939

1912-02-09T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
2004-12-22T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1938-01-01T00:00:00Z
Vie privée
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Références

  • Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 1558 W 101, dossier n°8220 (Paul Steimlé).
  • Archives départementales du Bas-Rhin (ADBR), 126 AL 37 (Ärzteverzeichnis der klinischen Universitäts-Anstalten Strassburg, avril 1941-novembre 1943).
  • Archives de la faculté de médecine, Cave 2, dossier personnel de Paul Steimlé.
  • Bundesarchiv (BArch), R 21/800.
  • Bundesarchiv (BArch), R 4901/13192.
  • Fiche Généafrance d’Erwin Wiest, disponible via : https://geneafrance.com/france/deces/?deces=7885214, [en ligne], consulté le 25 janvier 2021.
  • Journal officiel de la République française. Édition des lois et décrets, vol. 94, Paris, 1962, p. 12213. Voir https://books.google.fr/books?hl=fr&id=Hv4KAQAAMAAJ&dq=résultats
  • Journal officiel de la République française. Recueil des textes officiels intéressant la Santé publique et la population, fascicule hebdomadaire (du 16 au 22 avril 1964), n°14, Paris, 1964, p. 57. Voir https://books.google.fr/books?id=od-VEOraPIMC&q=wiest
  • LAUTSCH H., DORNEDDEN H. (dir.), Verzeichnis der deutschen Ärzte und Heilanstalten (vormals Reichs-Medizinal-Kalender für Deutschland, Teil II), Nachtrag 8 zum Ärzteverzeichnis 193, Leipzig, Georg Thieme Verlag, 1942.
  • Reichsuniversität Strassburg, Personal- und Vorlesungsverzeichnis. Sommer-Semester 1942, Strasbourg, Heitz & Co., 1942, p. 32.
  • BISCHOFF Georges, KLEINSCHMAGER Richard, L'Université de Strasbourg: cinq siècles d'enseignement et de recherche, Strasbourg, La Nuée bleue, 2010, p. 111.
  • BURGUN René, HERAN Jacques, « Les médecins restés à Strasbourg face à la politique hitlérienne », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 618.
  • CHATELUS Didier, Certificats d’aptitudes aux grades universitaires (1810-1905), Professions de santé (médecins, officiers de santé, chirurgiens-dentistes, pharmaciens), Répertoire numérique des articles F/17/6084 à F/17/6570, Archives nationales, dossier réalisé sous la direction d’Anne Lejeune, 1993, p. 2-3 . Disponible via : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/chan/chan/pdf/sm/F17%206084-6570.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.
  • DELANEAU Jean, Avis présenté au nom de la commission des affaires culturelles sur le projet de loi adopté par l’Assemblée Nationale après déclaration d’urgence, portant diverses mesures d’ordre social, présenté par M. Jean Delaneau, Sénateur, Sénat, Seconde session ordinaire de 1986-1987, Annexe au procès-verbal de la séance du 18 juin 1987, n°298, p. 5-8. Disponible en ligne sur le site du Sénat via : https://www.senat.fr/rap/1986-1987/i1986_1987_0298.pdf, [en ligne], consulté le 26 janvier 2021.
  • GRANDHOMME Jean-Noël, « La "mise au pas" (Gleichschaltung) de l’Alsace-Moselle en 1940-1942 », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, n°46-2, 2014, p. 443-465.
  • HERAN Jacques, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609 sqq.
  • HOLLENDER Louis-François, « Quand la clinique chirurgicale de la faculté allemande était dirigée depuis la Chirurgie B », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 609.
  • HOLLENDER Louis-François, DURING-HOLLENDER Emmanuelle, « Anmerkungen zur Geschichte der Chirurgie in Strassburg », Zentralblatt für Chirurgie, vol. 126, n°7, 2001.
  • MÖHLER Rainer, Die Reichsuniversität Strassburg. 1940-1944. Eine nationalsozialistische Musteruniversität zwischen Wissenschaft, Volkstumspolitik und Verbrechen, thèse d’habilitation, Sarrebruck, Université de la Sarre, 2019, p. 735.
  • WECHSLER Patrick, La faculté de médecine de la "Reichsuniversität Strassburg" (1941-1945) à l’heure nationale-socialiste, thèse de doctorat de médecine, Strasbourg, Université Louis Pasteur, 1991.