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Charles Apffel

De Commission Historique


Charles Apffel
Prénom Charles
Nom Apffel
Sexe masculin
Naissance 22 avril 1910 (Masevaux)
Décès 23 mars 1985 (United states)
Profession Arzt

Titre Dr. med.

Identités Apffel Karl
Spécialités Kinderheilkunde


Biographie

Charles Apffel est né le 22 avril 1910 à Masevaux près de Thann dans le Haut-Rhin. Son père Jean (Johann), né à Wissembourg le 2 février 1873, était administrateur de domaine (majordome / Rentamtmann). En juin 1908, Jean épouse à Wissembourg Anna Weigand, née le 17 février 1884 à Rosheim[1]. La famille est de confession protestante. Charles épouse le 24 novembre 1938 à La Broque (Vorbruck, Kreis Molsheim) Magdalena Bassetti, né le 21 septembre 1915 à Malaga en Espagne. Le père de Magdalena est né le 10 novembre 1881 à Sesto-Calende en Italie et sa mère, d’origine alsacienne, est née à Colmar le 2 mai 1880. Le père de Magdalena est entrepreneur en bâtiment. Charles et Magdalena ont un premier fils, Daniel, né le 28 mai 1939, ainsi qu’un deuxième enfant né en 1941.

Charles grandit à Masevaux avec ses parents et son plus jeune frère (né en août 1914) jusqu’à l’arrivée des troupes françaises qui déportent la famille en 1914 dans un camp de prisonniers à St Maximin (Var) puis à Cuisery (Saône-et-Loire). La famille est rapatriée sans le père en 1917 dans un échange de prisonniers via la Suisse. Son père revient en 1918. Ils s’installent à Wissembourg où Charles fréquente la Volksschule (école élémentaire) pendant un an. Il poursuit sa scolarité en français en 1918 à Wissembourg puis en 1919 à Brumath. En 1919 il devient Français par réintégration (Alsaciens restés sur place), comme toute la famille. Il fréquente le lycée à Strasbourg en 1920 avant que son père ne soit transféré à Metz où Charles termine sa scolarité par le baccalauréat en 1926 (première partie) et en 1927 (seconde partie). Il est attiré en particulier par les humanités et les langues anciennes (grec et latin). Comme de coutume en France, il prépare d’abord à la faculté des sciences son certificat physique, chimie, sciences naturelles (PCN) avant de s’inscrire à la faculté de médecine de Nancy en 1928. Il poursuit ses études à Strasbourg à partir de novembre 1929 après une distanciation d’avec sa famille.

En 1929, alors qu’il fait ses études de médecine à Strasbourg, il adhère au Burschenschaft Wilhelmitana, une association étudiante à orientation autonomiste alsacienne dont il est le délégué lors des fêtes de fondation des camarades allemands (réunion allemande des corporations estudiantines) à Heidelberg en juin 1929[2]. Dans le questionnaire à l’intention de l’administration de l’université de Strasbourg qu’il remplit pour être employé à la clinique infantile, il souligne le 26 novembre 1940, dans un effort pour se faire bien voir, que c’est à cette occasion que des étudiants allemands l’ont familiarisé avec le NSDAP. Les corporations étudiantes alsaciennes doivent s’orienter selon les indications du NSD-Studentenbund à partir de 1940.

De 1931 à 1933, suite à sa réussite au concours d’externat puis d’internat, il travaille comme externe des hôpitaux aux Hospices Civils et termine ses études en juillet 1933. De 1933 à 1934, il exerce comme interne des hôpitaux à la clinique infantile sous la direction du professeur Paul Rohmer. En octobre 1934, Charles Apffel accomplit son service militaire comme médecin auxiliaire en Tunisie. À son retour en septembre 1935, il reprend ses fonctions d’interne en médecine interne avant de retourner à la clinique des maladies infantiles. Il complète ses études en chimie biologique à la faculté de sciences pendant 4 semestres. Le 1er avril 1938 il devient chef de clinique à la clinique infantile. Il y travaille à l’institut de puériculture et comme conférencier pour l’association de santé publique et de protection infantile d’Alsace-Lorraine[3].

Dès le début d les hostilités Apffel est mobilisé. Il sert comme médecin lieutenant du 4 septembre 1939 au jusqu’à la signature de l’armistice de Compiègne le 22 juin 1940 dans une unité stationnée en Alsace. De retour, Apffel cherche à reprendre ses anciennes occupations à la clinique infantile.

Le 2 juillet 1940, le ministre de l’éducation et de la culture de Bade (Badischer Kultusminister) Schmitthenner demande oralement à Ernst Anrich d’engager les préparatifs pour créer une université allemande à Strasbourg[4]. Quelques jours auparavant, le 29 juin, Robert Ernst, le futur Generalreferent et Oberstadtkommissar, ainsi que fondateur du Elsaessischer Hilfsdienst (EHD), avait demandé une première liste d’enseignants et de chefs de clinique de l’université française susceptibles d’être réemployés dans la nouvelle université allemande. En octobre 1940, Charles Apffel se trouve sur la première liste d’Ernst Anrich qui contient les noms des concernant les professeurs et chefs de clinique dont les compétences et la fiabilité national-socialiste intéressent la Zivilverwaltung pour une reprise d’emploi à la faculté de médecine de la RUS (MFRUS). Dès le début il fait partie des 19 chefs de cliniques qu’Ernst Anrich et le doyen Johannes Stein, nommé doyen « fondateur » depuis le 16 août, envisagent de solliciter[5]. Ils transmettent cette liste de noms le 12 octobre 1940 à Louis Bennmann au Sicherheitsdienst pour examen de leur attitude politique antérieure (politische Überprüfung) et de leur aptitude à servir l’institution allemande[6].

Tableau 1 : Évaluation politique de Charles Apffel par le SD en août 1941. Source : ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles
Nom/Critère Charakterliche Haltung Frankophile Einstellung Bekenntnis zum deutschen Volkstum Fachliche Eignung Texte de l’en-tête
Charles Apffel, 1910 Als gut bezeichnet Nicht vorhanden Gehörte Studentenverbindung Wilhelmitana an. Bekennt sich zum Deutschtum und ist einsatzbereit. Als gut bezeichnet Gegen Verwendung keine Bedenken

Apffel adhère très tôt au Elsaessischer Hilfsdienst (dès sa création le 20 juin 1940). Il y œuvre comme Blockleiter (responsable de quartier). De plus, il rejoint dès sa création en automne 1940 l’Opferring où il remplit momentanément la fonction de Zellenleiter (responsable de cellule). Ainsi, pendant une première période de l’occupation, de septembre 1940 à novembre 1941, Charles Apffel manifeste une attitude très favorable au nouveau régime. Selon un rapport des Renseignements Généraux (RG) de 1948, il déploie « une grande activité dans son Ortsgruppe et a fait notamment une conférence sur l’origine allemande de l’Alsace »[7]. Son épouse adhère en 1941 à la NS-Frauenschaft.

Dès leur entretien mi-octobre 1940, aussi bien Johannes Stein qu’Ernst Anrich considèrent qu’il convient de soumettre tous les candidats alsaciens à un poste au sein de la MFRUS à un séjour préalable de six à douze mois dans une clinique universitaire allemande. L’objectif recherché consiste à les « familiariser avec les circonstances médicales et politiques allemandes » et cela sous la direction de médecins dont le NSD-DB considère qu’ils « sont compétents pour une telle éducation des chefs de cliniques alsaciens d’un point de vue tant scientifique qu’idéologique, mais aussi psychologique »[8]. Cette mesure de rééducation et d’intégration reste cependant secrète. Elle est différée en hiver 1940 en raison des besoins sanitaires sur place. Dans un premier temps, fin 1940 et début 1941, Les médecins alsaciens sont employés comme faisant fonction de chefs de clinique ou chefs de service. Il s’agit d’un double jeu: leur proposer un poste, ici de chef de clinique, permet de de couvrir rapidement les besoins en médecins et de faire miroiter leur intégration. Le faire comme « faisant de fonction » (kommissarisch) implique que leur emploi est transitoire, à moins de se plier aux exigences croissantes des maîtres allemands et à défaut d’un candidat allemand préféré. Avec la construction progressive du corps enseignant de la MFRUS, la question de leur séjour de « formation » dans le Reich redevient d’actualité en automne 1941, au moment de l’ouverture réelle de la RUS. La pleine compréhension de la signification de ce double jeu par les candidats alsaciens provoquera leur distanciation en novembre 1941 comme nous le verrons.

À partir de début novembre 1940, Johannes Stein s’emploie à attacher les médecins-enseignants alsaciens souhaitables dans les services des hôpitaux civils en transition pour préparer leur intégration future à la RUS et assurer en même temps la couverture des besoins sanitaires de la population revenue de l'intérieur de la France (à la suite de l’évacuation de 1939) ou arrivée d’Allemagne dans le cadre de la politique de « colonisation » du Rasse- und Siedlungshauptamt (RuSHA Generalsiedlungsplan für die Besiedlung des Volksraumes), en vue de la germanisation et nazification des terres. Ainsi concernant Charles Apffel, il déclare dans un rapport :

« À la clinique universitaire pour les maladies des enfants, le Dr Apffel s'est vu confier par moi la fonction d’Oberarzt dès ma prise de fonction comme doyen [11/10/1940]. J’ai fait cela volontiers à l'époque, car le Dr Apffel m’était décrit comme l'un des hommes les plus germanophiles parmi les médecins alsaciens. De plus, le Dr Bennmann, avec qui j’ai toujours un amical échange d'idées, était très attaché au fait que le Dr Apffel reste à la clinique infantile. »[9]

Charles Apffel signe le 26 novembre 1940 une déclaration préétablie de loyauté à Hitler et à la « Grande-Allemagne » nationale-socialiste, un formulaire type pour les fonctionnaires potentiels des territoires annexés. En même temps, il renseigne le questionnaire du Kurator de l’Universität Straβburg pour le recensement des « fonctionnaires, assistants, employés et ouvriers de [l’ancienne] Université de Strasbourg ». Il est nommé fin novembre 1940 faisant fonction de chef de clinique (Kommissarischer Oberarzt) à l’institut de puériculture et médecin assistant à l’office municipal de santé (Städtisches Gesundheitsamt).

Dans l’immédiat, cela signifie que l’ancien chef de clinique de la faculté de médecine française retrouve un poste comme Oberarzt par intérim de l’institut de puériculture à la clinique infantile de l’hôpital civil. Il perçoit un salaire indexé sur ses émoluments de la période française et il est sur la voie d’une intégration dans les cliniques universitaires (klinische Universitätsanstalten, KA) de la RUS. Après la décision d’Hitler (Führerentscheid) du 9 avril 1941, les affaires concernant la RUS passent sous la responsabilité du ministère de l’éducation à Berlin (Reichserziehungsministerium, REM) et la Zivilverwaltung cède de manière rétroactive, à compter du 31 mars 1941, la gestion et la rémunération des salaires des employés de l’hôpital à l’administration universitaire des instituts cliniques (KA).

La situation de Charles Apffel reflète bien les efforts d’intégration des médecins alsaciens déployés par les professeurs allemands de la faculté de médecine, mais aussi les limites de celle-ci. Recruté comme Oberarzt par intérim par le doyen Stein en novembre 1940, l’arrivée du nouveau directeur de la clinique infantile Kurt Hofmeier en septembre 1941 et l’ouverture prochaine de l’université mettent un terme à cette situation de transition[10]. Une déclaration à décharge de Hofmeier, recueilli par lui-même dans le cadre de sa démarche pour un réemploi à l’université de Mayence en 1947, permet de clarifier un peu la situation. La première assistante allemande arrivée en avril 1941 à la clinique infantile, Hermine von Bentheim, décrit l’arrivée de Hofmeier en septembre 1941 comme un « changement de direction » (den Wechsel in der Kinderklinik). Dans sa description von Bentheim mentionne Charles Apffel parmi les médecins assistants. Il est donc de facto déclassé d’Oberarzt par interim à assistant, même si elle ajoute « Dr. Apffel était considéré parmi nous assistants comme le préféré de Prof. Hofmeister. Il se disait aussi qu’il avait la possibilité de préparer son habilitation sous sa direction pour devenir Oberarzt».[11]

Hofmeier endosse la politique d’intégration opportuniste des Alsaciens germanophiles de Johannes Stein, à condition qu’elle se fasse selon les usages et les requis universitaires allemands. Ceci est perçu par l’assistante allemande comme une « préférence » et par Hofmeier et Stein comme un soutien maximal:

« Personne n'aurait pu proposer mieux dans le Reich que ce que nous venons de faire pour le Dr Apffel ici, à Straβburg. Nous lui avons permis d'obtenir très rapidement son doctorat à Fribourg, le professeur Hofmeier l'a accompagné dans sa rédaction de thèse de médecine et nous lui avons confié par intérim la fonction d’Oberarzt, bien qu'il soit encore loin de répondre aux exigences habituelles pour ce genre de poste dans le Reich. Nous l'avons également encouragé à soumettre son habilitation dès que possible, afin qu'il puisse devenir Dozent dans les plus brefs délais.»[9]

La même situation est ressentie par Charles Apffel et d’autres Alsaciens dans la même situation comme un déclassement et comme un camouflet après dix mois de travail à la clinique sous administration allemande.

Pour un temps Charles Apffel se plie aux exigences et soutient en 1941 sa thèse de médecine devant la faculté de médecine de Freiburg afin de pouvoir envisager son maintien lors de l’ouverture de la RUS en novembre. Le 12 août 1941, le Kurator de la RUS adresse à nouveau une demande d’enquête concernant l’évaluation politique (politische Beurteilung) d’Apffel au bureau du personnel de la Zivilverwaltung. La procédure fait partie des préparatifs pour l’ouverture de la RUS et vise à confirmer la possibilité d’emploi définitif dans cette institution. La liste des candidats pour un emploi aux KA de la RUS comme assistant scientifique ou chef de clinique mentionne, outre Apffel, Frédéric Auguste Schaaff, Robert Welsch, Frédéric Woringer et Frédéric Fröhlich. Le Kurator note le 22 octobre 1940 que Wohringer et Fröhlich ont quitté leurs fonctions cliniques et que seuls les dossiers Apffel, Schaaff et Welsch restent d’actualité. Le Dr Louis Bennmann atteste le 1er septembre 1941 que Apffel est « excellent du point de vue de son caractère, politiquement et professionnellement ».[12]

Or, en novembre 1941, deux semaines avant l’ouverture de la Reichsuniversität pour laquelle Charles Apffel est pressenti comme l’un des éléments alsaciens en tant que chef de clinique en pédiatrie, il prend des distances avec son supérieur hiérarchique, le directeur de la clinique infantile Hofmeier. Comme Adolphe Jung, il démissionne de ses fonctions à l’hôpital et refuse d’assister à l’inauguration de la MFRUS. Hofmeier en informe le doyen Stein par une note administrative :

« Le 25 du mois présent Monsieur le Dr. Karl Apffel vint me voir pour m’annoncer qu’il envisage de quitter ses fonctions à la clinique en date du 1er décembre. À ma grande surprise, lorsque je lui demandai la raison de cette décision, il répondit de manière peu assurée que son avenir ici [à la clinique infantile] lui semblaient être d’évidence très mauvais et que je lui avais indiqué moi-même qu’il ne pourrait être envisagé comme Oberarzt avant un an.»[13]

Il semble que, l’ouverture de la RUS le 23 novembre se profilant, le REM ait maintenu son exigence initialement exprimée par Anrich et Stein d’imposer aux Alsaciens ré-employables un séjour de six à douze mois auprès d’un médecin-chef engagé politiquement pour leur « initiation et rééducation » (Umschulung). Cette méfiance et mise au pas après presqu’un an de service intérim à l’hôpital civil avant l’ouverture de la RUS représentent un seuil décisif pour nombre de candidats alsaciens à un emploi en hiver 1941. Elles mettent définitivement fin à un rêve alsacien concernant la possibilité d’une certaine autonomie alsacienne au sein de la RUS, comme en novembre 1872 l’ouverture de la Kaiser-Wilhelms-Universität (KWU, 1872-1918) avait mis un terme au rêve d’une école autonome de médecine de Schützenberger[14]. Elles signalent que même après une participation active et une intégration dans l’EHD et l’Opferring, les Alsaciens ne pourront jamais donner assez de preuves de leur loyauté à la cause nationale-socialiste.

L’ouverture de la RUS représente une rupture. Il y a une première période d’accommodement où les futurs responsables de la RUS construisent les structures de l’université allemande et pourvoient les postes. C’est aussi un temps où ils composent avec les candidats alsaciens potentiels et leur « sensibilité » particulière. Ce temps de composition prend fin en novembre 1941 et met en demeure les Alsaciens de choisir entre un alignement de plus en plus important ou une mise en retrait, avec toutes les conséquences qu’elle implique. Le doyen Stein informe ainsi le Kurator en novembre 1941:

« À dater de ce jour, le Dr Apffel a également démissionné sans préavis. La veille de la cérémonie d'ouverture de l'université, il a refusé les deux billets que je lui avais donnés en remarquant qu'il ne pouvait pas participer à la cérémonie parce qu'un nombre insuffisant d'Alsaciens aurait été pris en compte dans la construction de l'université »[15]

La réaction et la rétraction des Alsaciens comme Charles Apffel ou Adolphe Jung provoquent de la déception du côté des directeurs de la MFRUS et sont ressenties comme une trahison. Les doutes sur la « fiabilité » des Alsaciens sont renforcés. Le 28 novembre 1941, soit 5 jours après l’inauguration officielle de l’université, dans une lettre de deux pages concernant des « incidents graves », le doyen Stein rapporte confidentiellement à Schuppel, du bureau du personnel de l’administration civile, que « le Dr Apffel a soudainement déclaré qu'il ne voulait plus travailler à la clinique universitaire des maladies des enfants »[16]. La double démission de Charles Apffel et Adolphe Jung qui renvoient leurs cartons d’invitation pour la cérémonie d’ouverture semble être justifiée, selon Stein, par la récrimination selon laquelle « pas assez d'Alsaciens auraient été pris en considération dans la construction de l'université »[17]. Johannes Stein qualifie l’attitude du docteur Apffel et du professeur Jung de « danger et de désaveu des mesures nationalse-socialistes »[18] et craint de voir apparaître des rumeurs selon lesquelles on aurait « évincé les deux enseignants alsaciens » au moment de l’ouverture de la RUS. Louis Bennmann est sérieusement contrarié par le comportement d’Apffel et Jung[19]. Pour Kurt Hofmeier[20] la démission d’Apffel est d’autant plus décevante que depuis son arrivée et sa prise de direction de la clinique en septembre 1941 il avait placé un certain espoir en lui où comme le formule après-guerre du point de vue des assistants Hermine von Bentheim « Dr. Apffel était considéré parmi nous assistants comme le préféré de Prof. Hofmeister ».[11]

Johannes Stein cherche à limiter les sanctions contre ces derniers pour ne pas totalement compromettre une intégration ultérieure et surtout pour protéger la réputation de l’université à peine ouverte et limiter les rumeurs négatives parmi la population locale. Suivant son plan initial, il propose d’affecter Adolphe Jung à la Charité à Berlin comme chef de clinique sous la responsabilité du Geheimrat Prof. Sauerbruch mais Jung décline aussi cette proposition d’une situation « prometteuse et prestigieuse ». Quant à Charles Apffel, il envisage, malgré sa démission soudaine, de maintenir sa rémunération de chef de clinique pendant trois mois (jusqu’au 1er mars 1942) et il ne notifie pas encore son départ à la direction des KA. Ce n’est que le 20 janvier 1942 que Johannes Stein informe finalement l’administration qu’Apffel a quitté ses fonctions à l’institut de puériculture le 26 novembre 1941. Le Kurator, visiblement irrité, enquête pour savoir pourquoi Apffel a quitté ses fonctions sans préavis légal. Il souhaite connaître les raisons précises de son départ et surtout découvrir pourquoi cette démission ne lui a pas été signalée immédiatement. Très mécontent, le fonctionnaire note à la main dans la marge de l’échange de courrier avec le doyen Stein : « il convient de signaler fermement [au doyen] que cette manière d’agir est proprement irrégulière ». Dans un courrier au directeur de la clinique infantile Hofmeier transmis au doyen Stein pour suivre la voie hiérarchique, l’administrateur se réserve le droit de demander la restitution des sommes perçues indument puisque « Apffel a quitté son service de sa propre décision » et sans respecter le préavis légal.

Le 14 février 1942, Hofmeier répond à l’enquête de l’administration des KA en adressant une longue lettre d’explication au Kurator dans laquelle il indique que son rapport au Doyen de novembre 1941 lui avait semblé suffire pour informer sa hiérarchie. Hofmeier joint à cette lettre les notes qu’il a prises sur ses entretiens avec Charles Apffel les 25 et 26 novembre 1941. De son deuxième entretien il dit :

« Puis le 26.11, il [Apffel] est revenu me voir. Il m'a dit que sa décision d'hier n’avait pas changé : il voulait partir. Je lui ai répondu que je regrettais beaucoup cette décision et que, je ne pouvais pas envisager qu’elle soit dans son intérêt. Mais je devais maintenant exiger qu'il m’en donne les vraies raisons car ce qu'il avait dit jusqu'à présent ne justifiait nullement son souhait de partir maintenant. Il a alors dit, d'une manière assez peu claire et même confuse, qu'on avait l'impression que les Alsaciens étaient éliminés de manière plus ou moins brutale... Je lui ai répondu que je n'avais aucune raison de croire que de telles intentions existent et qu'au contraire, surtout en ce qui le concernait le recteur et le doyen - sans parler de moi-même – lui étaient également très favorables. J’ai ajouté que je devais supposer qu'il y avait ici une susceptibilité excessive que je percevais comme une action de protestation à notre égard mais qui ne pouvait cependant en aucun cas être liée à mon propre comportement. J’ai insisté sur le fait que je n'avais pas l'intention de le faire changer d'avis maintenant tout en lui disant que je ne pensais pas que cette décision soit dans son intérêt et dans celui de ses compatriotes. ...J'étais toujours convaincu qu'il ne me donnait pas ses vraies raisons. M. Apffel s'est comporté de manière essentiellement négative au cours de cette conversation et ne m'a pas donné d'informations claires, son comportement était hésitant et dissimulateur. »[21]

Le retrait public de la cérémonie d’ouverture de la RUS rend toute collaboration inenvisageable et la protection au nom de l’appartenance à l’université caduque. Johannes Stein conclut :

« Je regrette beaucoup cette démarche du Dr Apffel mais je vois un danger dans son rejet désormais très clair des mesures politiques en Alsace. Je crains également que la rumeur selon laquelle Apffel aurait été évincé de l'université ne se répande hors du milieu hospitalier. (…) Sa démarche n'est donc compréhensible que si l’on suppose qu'il n'est pas d'accord avec les principes mêmes des mesures prises ici. »[22]

En mettant à mal les intérêts de l’université, Charles Apffel perd la protection de ses responsables qui le lâchent en constatant que « son comportement a détruit toute base de confiance »[23]. Le doyen Stein entérine la décision de le laisser partir avec maintien de sa paie pendant trois mois, décision prise dans l’intérêt de la réputation de la RUS. Apffel se retrouve désormais face à la Zivilverwaltung et au Sicherheitsdienst et il est dans l’impossibilité d’ouvrir un cabinet de pédiatrie en ville dans l’immédiat[24]. Malgré sa démission comme chef de clinique en pédiatrie, Apffel rejoint le NSDAP le 1er février 1942 sous le matricule 8.732.880. Le rapport de son Ortsgruppenleiter en 1943 établit que :

« Le Dr Apffel était jusqu’en janvier 1942 membre de la direction de mon Ortsgruppe comme responsable des formations (Schulungsleiter). De février à août 1942, le Dr Apffel intervient comme bénévole de la Kreisleitung [du NSDAP]. Depuis août 1942, le Dr. Apffel est employé comme médecin de protection aérienne (Luftschutzarzt) par le RLB. Depuis cette date, il ne participe plus de manière active aux affaires du parti. Son engagement politique positif du début est considéré aujourd’hui par la direction du parti comme douteux (undurchsichtig) voire oppositionnel (ablehnend). Il a refusé à plusieurs reprises et malgré les interpellations du Zellenleiter de porter son insigne du NSDAP. »[25]

Nous savons qu’en automne 1943 Apffel est établi comme médecin spécialiste pour les maladies d’enfants au 12, rue Gustave Klotz à Strasbourg puisqu’il perçoit des paiements par les caisses d’assurance maladie allemandes.[26] Au même moment, une nouvelle évaluation politique conclut qu’il est impossible de déterminer son engagement politique. Le responsable de la Ortsgruppe Gutenberg rapporte :

« Son ancienne bonne attitude politique est maintenant décrite par les dirigeants politiques comme opaque voire négative. Il ne porte pas l'insigne du parti malgré les demandes répétées du chef de cellule ».[27]

Son « enthousiasme initial » est réinterprété en octobre 1943 comme étant motivé uniquement par sa recherche d’avantages personnels. La Gauleitung du NSDAP se pose la question de son adoption de la nationalité allemande. Le Kreisleiter Schall constate qu’Apffel est en retard pour sa demande de la nationalité et le convoque au Gauhaus le 10 septembre 1943. Apffel déclare vouloir encore attendre. Un nouveau délai de rigueur passe. Apffel est obligé de fournir une déclaration. Il justifie son refus d’obtempérer le 17 novembre en affirmant :

« Le fait que l'Alsace, en tant que composante ethnique de la communauté allemande, soit à nouveau complètement intégrée à l'État allemand après la défaite française, me semble tellement évident que je ne peux pas vraiment envisager de participer [en prenant la nationalité allemande] lorsque cela va de pair avec le découpage de la population en catégories. Je suis lié depuis ma naissance au destin de ma patrie et je me sens trop solidaire de l'ensemble de sa population pour demander un traitement préférentiel et différencié. Je n'ai pas pu décider de changer cette position depuis lors et je demande qu'en temps voulu, mon cas soit inclus dans la mesure qui s'appliquera à l'ensemble de la population. »[28]

La pression politique s’intensifie. En novembre 1943, il est exclu du NSDAP et le 15 février 1944, le Personalamt der Zivilverwaltung note que le Kreisamt du NSDAP a décidé que suite à son refus de prendre la nationalité allemande, Apffel a été signalé au Sicherheitsdienst pour être déplacé de force (Absiedlung) en Allemagne.

Le 18 juillet 1944, l’Oberstadtkommissar Robert Ernst sollicite son informateur, Frédéric Trensz, dans le cadre du « cas Apffel ». Frédéric Trensz déclare personnellement que :

« le Dr Apffel a été très actif dans la Ortsgruppe Gutenberg au début. En raison de déceptions de nature professionnelle survenues plus tard, il est devenu plus réservé. Le Dr Apffel était médecin-chef à l'hôpital pour enfants à l'époque française et aurait dû être repris à cette place sous le régime allemand avec une habilitation ultérieure. Cependant, cela ne s'est pas produit ; l'université a plutôt évincé le Dr Apffel et un certain nombre de ses collègues de la clinique. »[29]

Bien que membre de la faculté de médecine allemande et directeur de l’institut régional des examens bactériologiques, Trensz critique prudemment la conduite des autorités de la faculté de médecine à son ouverture en novembre 1941 devant l’'Oberstadtkommissar. S’efforçant de dédouaner Apffel par rapport aux accusations de la Gauleitung, il ajoute une description plus personnelle de son collègue et confrère :

« En outre, le Dr Apffel était professionnellement très surchargé au moment où la question de la nationalité s'est posée. À l'époque, la polio sévissait à Strasbourg et son propre enfant en était également gravement atteint. Le Dr Apffel est une personne très sensible et il avait traversé une phase dépressive à cette époque. »[29]

Le Dr Trensz suppose que sa décision à ce moment-là était due à toutes ces circonstances. Si Trensz fait usage de son influence de collaborateur et d’informateur pour le NSDAP pour intercéder pour le maintien d’Apffel en Alsace, son rôle ne se limite pas exclusivement à l’assistance à un compatriote en difficulté. Frédéric Trensz ajoute dans sa déposition qu'à Strasbourg, il y a peu de pédiatres par rapport à la forte demande. Il considère que du côté de l’université « il semble y avoir un désir de s'en débarrasser ». Il remarque que le Dr Wohringer a déjà été expulsé vers le Reich et que le Dr Apffel est sur le point de l’être. Un autre pédiatre « très compétent » selon Trensz, le Dr Schneegans, a été enrôlé (dienstverpflichtet) à Flensburg car il n’y avait apparemment pas suffisamment de raisons de le déplacer de force (Umsiedlung). Trensz, dans une deuxième charge contre le doyen Stein et les représentants de la faculté de médecine, proteste contre ces déplacements répétés :

« [que] des efforts doivent [y] être opposés à tout prix, faute de quoi la question des soins pédiatriques à Strasbourg devrait se transformer en catastrophe. Il [Trensz] a l'impression que c’est le but qui est particulièrement poursuivi par l'université, qui veut prendre le dessus sur la profession médicale de Strasbourg. »[29]

Le Dr Trensz demande à Robert Ernst d’intervenir en faveur des Dr Apffel et Dr Schneegans.[30] Il ajoute que des mesures similaires ont été envisagées contre un pédiatre à Mulhouse, mais M. Mass, le maire de Mulhouse, est intervenu au nom de la personne concernée et, se référant à la situation critique qui en résulte dans les soins pédiatriques, a obtenu la levée de la sanction. Trensz ajoute le 1er août 1944 qu’une intervention est urgente puisque Apffel devait partir le lendemain. Selon Louis Bennmann les mesures prises contre les pédiatres ne relevaient pas du fait local, mais des ordres de Berlin.[31]

Malgré l’intervention de Frédéric Trensz, le Befehlshaber der Sicherheitspolizei et SS-Obersturmabannführer Tellunt refuse la demande de clémence le 8 aout 1944 en soulignant qu’en tant qu’universitaire, Apffel devait être conscient de la portée de son acte. Recherché par la Gestapo en août 1944, Charles Apffel cesse son activité médicale et se réfugie en Moselle pour échapper aux recherches des autorités allemandes qui décrètent la mise en application de son déplacement.

Le sentiment et le comportement de Charles Apffel évoluent donc entre août 1940 et fin 1941/ début 1942, à une période où ce changement ne peut pas encore être attribué à l’évolution de la situation globale de la guerre et où « l’enthousiasme pour la victoire allemande » est à son apogée. Le fait qu’il se détourne de la cause nazie, malgré un positionnement germanophile et autonomiste initial, relève d’une désillusion « professionnelle » comme l’affirme Trensz. À partir de début 1942, Apffel prend ses distances par rapport à la « nouvelle Allemagne » en alternant entre un retrait intérieur (en ayant soins de garder ses opinions pour lui) et la nécessité d’une participation vécue et ressentie comme « forcée ». Cette alternance peut être qualifiée d’existence parallèle à l’appareil politique de l’université et de la Zivilverwaltung. Dans une note du 4 août 1945, les enquêteurs de la police et du service des Renseignements Généraux français commentent ce positionnement par la formule suivante : « (qu’)il s’est rendu compte de son erreur ».[7] Dans une troisième phase, à partir du printemps 1944, les pressions allemandes qui obligent à choisir un camp font que tout acte qui ne s’aligne pas avec le système du NSDAP est interprété comme une opposition de fait et doit donc être réprimé en conséquence. Ainsi le refus d’Apffel de prendre la nationalité allemande pendant plus d’un an devient en août 1944 une cause suffisante pour que son déplacement forcé vers l’Allemagne soit ordonné. La Gestapo le recherche alors activement pour ce faire. La radicalisation des demandes d’alignement et d’allégeance fait des germanophiles initiaux et de ceux qui se sont retranchés dans la sphère privée des opposants malgré eux, comme c’est le cas pour Charles Apffel.

Après la Libération, Charles Apffel revient à Strasbourg et continue à exercer comme pédiatre jusqu’en mai 1945. Il soutiendra une deuxième fois sa thèse en français devant la faculté de médecine de Strasbourg le 21 novembre 1945.

À la Libération, Apffel fait l’objet d’une information judiciaire pour intelligence avec l’ennemi. Le 25 juin 1945, le commissaire régional de la République à Strasbourg demande à l’inspecteur Robert Camy du secrétariat général à la police pour le Bas-Rhin d’ouvrir une enquête sur Charles Apffel pour faits de collaboration et renseignements peu favorables. Le rapport de l’inspecteur relate qu’Apffel a posé sa candidature comme Politischer Leiter au NSDAP le 18 mars 1941. En automne 1941, toujours selon ce rapport, Apffel remplit une notice de renseignements destinée au Ortsgruppenleiter concernant son immeuble où il se désigne comme seul locataire. Il y porte la mention Reichsdeutscher. Enfin, Apffel reconnaît en présence d’un membre du comité médical de Libération avoir indiqué aux nouveaux maîtres de la faculté de médecine les Alsaciens susceptibles d’être maintenus en fonction.[32] Il ajoute qu’il a pris part à des défilés, porté l’uniforme, participé à de nombreuses réunions politiques et pris la parole à plusieurs reprises au cours de conférences tenues par la Ortsgruppe Gutenberg au restaurant « La Mauresse » pour traiter de sujets politiques. L’inspecteur résume son propos en fin de rapport :

« Apffel, qui jouit d’une mauvaise considération dans le corps médical de notre ville, fut l’homme de confiance des Allemands jusqu’à la fin de l’année 1942. Par la suite, il adopta une attitude conforme à la situation générale. »[32]

Le 8 novembre 1945, le syndicat des médecins de Strasbourg lance également une procédure. Le conseil régional des médecins de Strasbourg, section d’épuration des médecins, demande une instruction de son cas en vertu de l’ordonnance du ministère de la Santé publique en date du 18 janvier 1945 relative à l’épuration des médecins.

Les deux procédures retiennent pour l’essentiel qu’après une période où il « s’enthousiasme pour les idées nationales-socialistes »[7], Charles Apffel se montre par la suite « déçu » et comme Adolphe Jung, s’en écarte à partir d’octobre 1941, juste avant l’ouverture de la RUS. Bien qu’inscrits sur les documents officiels, les deux médecins alsaciens refusent d’entrer dans l’institution et dédaignent la cérémonie d’ouverture. Puis, les rapports notent qu’en 1943, Charles Apffel refuse catégoriquement la nationalité allemande et est de ce fait traqué à partir de ce moment par la Gestapo pour le compte du Sicherheitsdienst qui veut lui infliger une déportation dans le Reich.

Par ordonnance du 5 décembre 1946, le Commissaire du Gouvernement près de la Cour de Justice du Bas-Rhin classe l’affaire sans suite alors que le Ministre de la Population, sur demande de la section d’épuration du conseil régional des médecins, lui inflige le 31 juillet 1946, une suspension du droit d’exercer la médecine et l’exclusion des fonctions hospitalières et administratives pour une durée de trois ans moins un jour ».[7] Suite à sa condamnation, Apffel quitte l’Alsace et se rend à Périgueux en Dordogne dès 1946. En mars 1948, il réside toujours à Périgueux et sollicite un emploi à l’Hôpital Français de Tanger au Maroc. Dans ce cadre, la direction générale de la Sûreté Nationale établit une note de renseignements en date du 18 mars 1948 qui conclut qu’« il ne semble guère possible, vu l’arrêté ministériel pris à son encontre, de prendre sa demande en considération ».


Bibliographie:

ADBR, 1558_W_229 Affaire n° 16473_Apffel_Charles.

Bonah, Christian, Instruire, guérir, servir. Formation, recherche et pratique médicales en France et en Allemagne pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000.

Honorar des 3. Vierteljahres 1943: Apffel RM 3.000.- (Q.: Kassenärztliche Bundesvereinigung. Splitterbestand Reichsärztekammer und Kassenärztliche Vereinigung Deutschlands (KVD). KVD-Bilanzen (Kolmar, Mülhausen, Straßburg). Nr. 126, Bl. 3.

Muschalek, Marie: Die Zivilverwaltung im Elsass 1940-1944, in: Engehausen, Frank u.a. (Hg.): Die badischen und württembergischen Landesministerien in der Zeit des Nationalsozialismus (2 Bände). Erster Teilband, Stuttgart 2019, 435-538

Moehler, 2019.

Notice NDBA : pas d’entrée.


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  • Allemand (1910 - 1919)
  • Français (1919 - 1940)

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Références

À propos de cette page

Rédaction : ©Christian Bonah



  1. Note de renseignements, Strasbourg le 18 mars 1948. Établie par la direction générale de la Sûreté Nationale. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles
  2. Moehler, p. 694. Bordmann, Joseph [Marie-Joseph Bopp]/Otto lmgart: Straßburger Studentenleben zur Zeit des ersten Kaiserreichs, in: Quellen und Darstellungen zur Geschichte der Burschenschaft und der deutschen Einheitsbewegung, Heidelberg 1938, p. 217-261. Wahl, Alfred, Les autonomistes en Alsace 1871-1939, Orbe, Editions du Château, 2019, p. 272. La Wilhemitana avec l’Alsatia et l’Argentina sont trois associations d’étudiants militants à l’Université de Strasbourg à orientation germanique qui se fédèrent en le Studentischen Heimatbund. Leur objectif consiste à préserver le Deutschtum en Alsace. Cette organisation se structure à partir de 1931 pour devenir la E-L-Jungmanschaft avec uniforme (chemise brune et brassard noir), chants et groupes locaux. Rattaché à la Landespartei cette organisation est animée par les deux jeunes avocats Hermann Bickler et Peter Bieber et d'orientation pronazie, ne prônant non plus un autonomisme, mais un séparatisme en préparant un Anschluss
  3. Thèse med Rohmer
  4. Moehler, p. 717.
  5. Anrich, III 427. Cité selon Moehler
  6. Anrich III 49 et Anrich III 511
  7. 7,0 7,1 7,2 et 7,3 Note de renseignements, Strasbourg le 15 mars 1948. Établie par la direction générale de la Sûreté Nationale. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles
  8. Anrich an NSDDB Schultze, 19.10.1940: NL Anrich 1/283. Cité selon Moehler, p. 727
  9. 9,0 et 9,1 Note de l’Inspecteur Robert Camy à Monsieur le Commissaire Principal, Chef du Service des Renseignements Généraux, le 4 août 1945, . Citation du rapport de Johannes Stein du 28 novembre 1941. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 19
  10. Pour Kurt Hofmeier voir : Shalvey, 2021 ; Moehler, 2019 et la fiche dans ce Wiki
  11. 11,0 et 11,1 Centre des Archives Diplomatiques du Ministère des Affaires étrangères Courneuve, Archives de l’Occupation Française en Allemagne et en Autriche, AC0134/4, Lettre de Hermine von Bentheim, 18 mars 1947
  12. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p.6
  13. Aktennotiz Hofmeier 27 novembre 1941, ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 15
  14. Bonah, Christian, Instruire, guérir, servir. Formation, recherche et pratique médicales en France et en Allemagne pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000
  15. Note de l’Inspecteur Robert Camy à Monsieur le Commissaire Principal, Chef du Service des Renseignements Généraux, le 4 août 1945, . Citation du rapport de Johannes Stein du 28 novembre 1941. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 19. « Dr. Apffel an der Universitäts-Kinderklink wurde von mir sofort nach Übernahme der Dekanatsgeschäfte [11/10/1940] mit der Funktion eines Oberarztes betraut. Ich habe dies damals sehr gerne getan, weil mit Dr. Apffel als einer der deutschbewusstesten Männer unter den elsässischen Ärzten geschildert wurde und weil Dr. Bennmann mit den ich ständig in kameradschaftlichem Gedankenaustausch stehe, Wert darauf legte, dass gerade Dr. Apffel an der Klinik belassen werde. Nun hat auch Dr. Apffel fristlos gekündigt. Am Tage vor der feierlichen Eröffnung der Universität lehnte er die Annahme der ihm von mir zur Verfügung gestellten 2 Karten mit der Bemerkung ab, dass er an der Feier nicht teilnehmen könnte, weil beim Aufbau der Universität nicht genügend Elsässer berücksichtigt worden wären. »
  16. ADBR, 1558 W385, N° 65. “Berichtet du Doyen Stein, le 28 novembre 1941 (5 jours après l’ouverture de la RUS) à Schuppel au Gaupersonalamt „Dr Apffel plötzlich erklärt hat an der Universitätskinderklinik keinen Dienst mehr leisten zu wollen“
  17. « beim Aufbau der Universität nicht genügend Elsässer berücksichtigt worden wären »
  18. « ganz eindeutigen Ablehnung der politischen Maßnahmen im Elsass eine Gefahr »
  19. ADBR, 1558 W385, N° 64
  20. Pour Kurt Hofmeier voir son entrée dans ce Wiki et Shalvey, Aisling, History of Paediatric Treatment in the Reichsuniversität Straβburg (1941-1944), Strasbourg : Thèse en Histoire Contemporaine Université de Strasbourg, 2021
  21. Aktennotiz Hofmeier, 27 novembre 1941, ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 15. « Am 26.11 war er [Apffel] dann wieder bei mir und sagte, sein Entschluss von gestern sei der gleiche, er wolle gehen. Ich erwiderte, dass ich diesen Entschluss sehr bedauerte, und dass ich ihn nicht in seinem Interesse gefasst ansehen könnte. Ich müsse aber jetzt verlangen, dass er mir die wahren Gründe sage, denn das, was er bisher angeführt habe, gäbe keinerlei Grundlage dafür, dass er jetzt weggehen wolle. Er sagte dann in ziemlich unklarer und verworrener Weise etwas davon, dass der Eindruck bestände, dass man die Elsässers mehr oder weniger gewaltsam ausschalten wollte … Ich erwiderte ihm, dass ich keinerlei Anhaltspunkte dafür hätte, dass solche Absichten bestünden, dass im Gegenteil, gerade, besonders was seine Person anbelange- ganz abgesehen von meiner Person- auch der Rektor und der Dekan ihm sehr wohlwollend gegenüberstünden. Ich müsse annehmen, dass hier irgendwie eine übermäßige Empfindlichkeit bestünde, und dass ich für uns als eine Protestaktion empfinden müsse, die allerdings unter keinen Umständen auf mein eigenes Verhalten beziehen könne. Ich hätte nicht die Absicht, ihn nunmehr noch umzustimmen, aber ich glaubte nicht, dass dieser Entschluss seinen Interessen und den Interessen seiner Landsleute entspräche. …Nach wie vor war ich überzeugt, dass er mir die wahren Gründe nicht mitteilte. Herr Apffel verhielt sich während dieser Unterredung im Wesentlichen negativ und gab mir keine klaren Auskünfte, sein Verhalten war unsicher und nicht aufrichtig »
  22. Note de l’Inspecteur Robert Camy à Monsieur le Commissaire Principal, Chef du Service des Renseignements Généraux, le 4 août 1945. Citation du rapport de Johannes Stein du 28 novembre 1941. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 19. « Ich bedauere diesen Schritt Dr. Apffels außerordentlich, sehe aber in seiner nun ganz eindeutigen Ablehnung der politischen Massnahmen im Elsass eine Gefahr. Ich befürchte auch hier, dass außerhalb des Klinikbereichs das Gerücht verbreitet werden wird, Apffel sei von der Hochschule entfernt worden. Mehr als gerade für Dr. Apffel in Straßburg geschehen ist, hätte an keiner anderen Stelle des Reiches geschehen können. Wir haben ihm eine sehr schnelle Promotion in Freiburg ermöglicht, Prof. Hofmeier ist ihm bei der Abfassung seiner Doktorarbeit behilflich gewesen, wir haben ihm die Funktion eines Oberarztes erteilt, obwohl er den reichsgültigen Bestimmungen noch keineswegens genügt. Wir haben ihn ferner veranlasst, sobald wie möglich eine Habilitationsschrift einzureichen, damit er in kürzester Zeit Dozent werden kann. Sein Schritt ist daher nur verständig, wenn er annimmt, dass er grundsätzlich mit den hier getroffenen Maßnahmen nicht einverstanden ist »
  23. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 15
  24. La note de renseignements des RG du 18 mars 1948 établit que « Le 1er janvier 1942 l’intéressé s’est établi comme médecin spécialiste pour maladies d’enfants. Il a tenu son cabinet jusqu’en août 1944, époque à laquelle il s’est caché dans le département de la Moselle pour se soustraire à la recherche des autorités allemandes qui avaient envisagé sa déportation. » ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles
  25. Fragebogen zur politischen Begutachtung, 31 octobre 1943. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles
  26. Honorar des 3. Vierteljahres 1943: Apffel RM 3.000.- (Q.: Kassenärztliche Bundesvereinigung. Splitterbestand Reichsärztekammer und Kassenärztliche Vereinigung Deutschlands (KVD). KVD-Bilanzen (Kolmar, Mülhausen, Straßburg). Nr. 126, Bl. 3
  27. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, p. 18. « Seine frühere gute politische Einstellung wird heute von der Politischen Leitung als undurchsichtig bis ablehnend bezeichnet. Das Tragen des Parteiabzeichens wird trotz mehrmaliger Aufforderung des Zellenleiters nicht befolgt. »
  28. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, sp. « Dass das Elsass als ethnischer Bestandteil der deutschen Gemeinschaft nach der französischen Niederlage wieder lückenlos in den deutschen Staat eingereiht wird, empfinde ich als dermaßen selbstverständlich, dass ich eine Teilnahme, die mit der Zertrennung der Bevölkerung in Kategorien einhergeht, nicht richtig verstehen konnte. Ich bin von Geburt an mit dem Schicksal meiner Heimat verbunden und fühle mich mit ihrer Bevölkerung als Ganzes zu solidarisch um eine bevorzugte und differenzierte Behandlung zu beantragen. Ich konnte mich seither nicht zu einer Änderung dieser Stellungnahme entschließen und bitte darum, dass zu gegebener Zeit mein Fall in die Maßnahme einbegriffen wird, die über die Gesamtheit der Bevölkerung statuieren wird. »
  29. 29,0 29,1 et 29,2 Aktennotiz (für Herrn Dr. Ernst), ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, sp.
  30. Aktennotiz (für Herrn Dr. Ernst), ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, sp.
  31. Aktennotiz (für Herrn Dr. Ernst), 1 août 1944. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles, sp.
  32. 32,0 et 32,1 Note de renseignements Inspecteur Robert Camy, Strasbourg le 4 août 1945. Établie par le secrétariat général à la police pour le Bas-Rhin. ADBR, 1558_W_229_16473_Apffel_Charles