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Victimes

From Commission Historique

Nommer les victimes

Les procès conduits par la justice militaire des Alliés – de celui qui se tient à Nuremberg du 9 décembre 1946 au 20 août 1947 sous l’égide du Tribunal militaire américain au « procès Struthof médical » engagé par la justice militaire française entre le 16 et le 24 décembre 1952 avec un jugement en appel en juin 1954 à Lyon – cherchent à condamner les responsables de crimes de guerre « médicaux ». La place des victimes dans ces procès est restreinte. Bien qu’ils aient été contraints de participer aux recherches biomédicales par des médecins nazis, leur rôle devant les tribunaux se résume pour l’essentiel à celui de témoins. Des détenus survivants témoignent parfois dans des écrits immédiatement après la Libération, mais leurs récits sont souvent publiés à compte d’auteur et restent assez confidentiels. Après trois décennies d’oubli et de refoulement, la recherche historique se tourne progressivement aussi vers l’histoire des victimes de la médecine sous le national-socialisme. Elle cherche à les identifier, à écrire leurs histoires de vie, à décrire leurs souffrances et à contribuer à préserver leur mémoire. Elle vise à renverser l’inhumaine réduction des personnes à des sujets, puis à des objets de recherche et à leur réduction à des matricules déshumanisés. La production d’une telle connaissance historique impliquée vise à ouvrir sur une reconnaissance et sur la mémoire des victimes.

Il a fallu presque 60 ans avant de retrouver l’identité des 86 Juifs et Juives exécutés sur l’ordre d’August Hirt. Les noms et le sort de nombreuses victimes des expérimentations médicales au KL Natzweiler restent encore incertains à ce jour. Pour poursuivre leur identification et leur redonner une humanité personnelle et concrète, nous avons rassemblé ici les listes des noms connus aujourd’hui.

Au total et d’après nos connaissances actuelles, ces expérimentations médicales ont coûté la vie, directement (mort pendant ou immédiatement après l’expérimentation) ou indirectement (mort lors de la préparation ou suite aux expérimentation mais à plus long terme), à au moins 144 personnes. Au moins 178 autres personnes ont subi des préjudices corporels. Les travaux de la Commission pour l’histoire de la faculté de médecine de la Reichsuniversität Straβburg (2016-2022), auxquels les auteurs ont contribué, ont cherché à établir quels détenus ont été exposés avec certitude et sous la contrainte aux expérimentations, et lesquels l’ont probablement été, mais sans certitude absolue. Ils poursuivent l’identification des victimes et retracent leurs biographies.

Sont comprises dans les victimes les personnes réellement incluses dans les expériences, celles qui ont été maltraitées et celles qui sont décédées dans le cadre de leur préparation ou à leur suite (transport, maladies, conditions de détention, maladies et préjudices chroniques à distance des expériences, etc.)