Différences entre les versions de « Bruno Splitt »
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| | |Resume_fr='''« Nous, les communistes, nous sommes là ! Nous demeurerons ! »'''<ref name="e70c5595a03130bf2392b8217662f31fcfab87f3">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 12354.]</ref> | ||
'' | ''Le résistant communiste Bruno Splitt (1898-1981) est l’une des victimes du nazisme que l’on ne s’attendrait pas à trouver à la clinique psychiatrique de la RUS. Depuis le début des années 1920, il participe activement au mouvement ouvrier de la région de la Ruhr. Au moment de l’arrivée au pouvoir du national-socialisme, il poursuit ses activités dans la clandestinité sous d’autres formes puis devient l’une des figures centrales de la résistance communiste à Essen durant la période de réorganisation du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands, Parti communiste allemand). Exposé sans relâche aux répressions du régime nazi, il séjourne au total dans cinq camps de concentration dont, en dernier lieu, celui de Natzweiler en Alsace. Il en sort pour recevoir un traitement ophtalmologique à la clinique psychiatrique de la RUS, ce qui surprend de prime abord, mais s’explique par de simples raisons de sécurité. Bruno Splitt fait partie des 18 prisonniers du camp de concentration de Natzweiler identifiés jusqu’à présent comme ayant suivi un traitement à la RUS. Sa biographie constitue un exemple du lien inhabituel qui existait entre le camp de concentration et la Reichsuniversität.'' | ||
|Resume_de='''„Wir Kommunisten sind da! Wir werden bleiben!“'''<ref name="9b391fd931cadebc2317282ca9b35936ab7a570c">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354</ref> | |||
''Der kommunistische Widerstandkämpfer Bruno Splitt (1898-1981) ist eines der NS-Opfer, die man sicher nicht in der Psychiatrischen Klinik der RUS erwarten würde. Er war seit Beginn der 1920er Jahre in der Arbeiterbewegung des Ruhrgebiets aktiv. Zur Zeit der Machtübernahme führte er seine Tätigkeiten in veränderter Form im Untergrund fort und wurde in Reorganisationsphase der KPD eine zentrale Figur des kommunistischen Widerstandes gegen den Nationalsozialismus in Essen. Unablässig den Repressionen des NS-Regimes ausgesetzt, führte sein Weg über insgesamt fünf Konzentrationslager schließlich ins KZ Natzweiler-Struthof im Elsass. Von dort aus wurde er zur augenärztlichen Behandlung in der Psychiatrischen Klinik der RUS aufgenommen, was zunächst erstaunt, aber aus reinen Sicherheitsgründen geschah. Bruno Splitt war einer von insgesamt 18 bis jetzt identifizierten Natzweiler-Häftlingen, die in der RUS behandelt wurden. Seine Biographie steht exemplarisch für diese ungewöhnliche Verbindung zwischen dem Konzentrationslager und der „Reichsuniversität“.'' | ''Der kommunistische Widerstandkämpfer Bruno Splitt (1898-1981) ist eines der NS-Opfer, die man sicher nicht in der Psychiatrischen Klinik der RUS erwarten würde. Er war seit Beginn der 1920er Jahre in der Arbeiterbewegung des Ruhrgebiets aktiv. Zur Zeit der Machtübernahme führte er seine Tätigkeiten in veränderter Form im Untergrund fort und wurde in Reorganisationsphase der KPD eine zentrale Figur des kommunistischen Widerstandes gegen den Nationalsozialismus in Essen. Unablässig den Repressionen des NS-Regimes ausgesetzt, führte sein Weg über insgesamt fünf Konzentrationslager schließlich ins KZ Natzweiler-Struthof im Elsass. Von dort aus wurde er zur augenärztlichen Behandlung in der Psychiatrischen Klinik der RUS aufgenommen, was zunächst erstaunt, aber aus reinen Sicherheitsgründen geschah. Bruno Splitt war einer von insgesamt 18 bis jetzt identifizierten Natzweiler-Häftlingen, die in der RUS behandelt wurden. Seine Biographie steht exemplarisch für diese ungewöhnliche Verbindung zwischen dem Konzentrationslager und der „Reichsuniversität“.'' | ||
| | |Contexte_fr=Essen, Allemagne, automne 1933.<br> | ||
« Mais comme j’ai vite compris que j’allais être arrêté, j’ai pris la fuite. [...] Je suis resté caché à l’intérieur de la ville. J’ai vécu 8 jours par-ci, 8 jours par-là, parfois je restais plus longtemps au même endroit. »<ref name="51856d56dbc8b885aaff3def7a151b6d2bdac500">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n° 927]</ref> Voilà comment le résistant communiste Bruno Splitt décrit la période qu’il a vécue dans la clandestinité. Les sources ne nous en apprennent guère plus sur cet épisode de sa vie, hormis qu’il a été soumis à des répressions quasi continuelles à partir du printemps 1933, comme nombre de ses camarades. En juin 1933, un mandat d’arrêt est émis à son encontre, de sorte qu’il s’attend à tout moment à être interpellé. Un coup d’œil aux événements d’Essen, un haut lieu du mouvement ouvrier dans la région de la Ruhr, laisse supposer ce que cela pouvait signifier pour lui personnellement. Après la prise de pouvoir nationale-socialiste, la terreur nazie se manifestait quotidiennement sous de nouvelles formes. Aucun des travailleurs organisés n’était plus à l’abri des actes de violence, des incarcérations et de la torture. Les prisons étaient désespérément bondées et beaucoup de travailleurs incarcérés disparaissaient dans les camps de concentration récemment créés. À Bochum, plusieurs fonctionnaires du KPD ont subi des maltraitances physiques et des blessures graves dans une caserne ''SA'' avant d’être traînés à travers les rues puis abandonnés à la vue de tous. La ''SA'' ne reculait pas non plus devant le meurtre : après le démantèlement des syndicats, des promeneurs découvrent dans l’eau le 2 mai 1933 les cadavres de quatre fonctionnaires de l’''Allgemeiner Deutscher Gewerkschaftsbund'' (Confédération générale des syndicats allemands)<ref name="f0bdb9a3d67be6e5d4bc985f217921b2e37bcd78">Detlev Peukert, ''Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945'' (Frankfurt a. M.: Röderberg, 1976). p. 42 ss</ref>. Nous ne rapportons ici que quelques exemples pour refléter la réalité de la terreur. La violence de la Gestapo à l’égard de ses camarades arrêtés n’échappe certainement pas à Bruno Splitt et doit contribuer, parallèlement aux répressions constantes, à créer une atmosphère d’angoisse extrêmement stressante sur le plan psychique. Cette situation s’aggrave encore considérablement en octobre 1933, lorsque la police d’Essen décide de mener à grande échelle des contrôles de cyclistes qui sont obligés de présenter leurs papiers. Afin de procurer à Bruno Splitt une fausse identité et, ce faisant, de le protéger contre la menace d’une arrestation, sa femme Hedwig lui fournit le passe militaire d’une de ses connaissances nommée Fritz Kleta (né le 01.02.1895 à Berlin-Steglitz - ?). Cela ne suffit toutefois pas à protéger Bruno Splitt qui est arrêté à Essen-Bottrop en décembre 1933. La police a découvert sur lui la pièce d’identité qu’il n’a même pas utilisée. Il est possible que la police ait su précisément à quoi ressemblait le fugitif puisque le dossier contient une photographie d’identité de Bruno Splitt.<ref name="ab9e4181d362d5be03649755abcd5d05457362fb">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 1867, interrogatoire de Bruno Splitt le 30.12.1933].</ref> | |||
[[Fichier:Splitt_photo.jpg|frame|''„Landesarchiv NRW – Abteilung Westfalen – Archivsignatur“ (Kurzform: „LAV NRW W, Sig.“), z. B.: LAV NRW W,'' Q 211a/Generalstaatsanwaltschaft Hamm, Erstinstanzliche Strafsachen Nr. 1867]] | |||
'''Mouvement ouvrier et Résistance communiste à Essen'''<br> | |||
Bruno Splitt naît le 4 septembre 1898 à Graudenz en Prusse occidentale (actuellement Grudziądz en Pologne). Il est le fils d’un cordonnier, Ernst, et de son épouse Pauline Splitt.<ref name="e67327fb6aa924dded3d02dc3297d8a2503cb133">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, 2000, Heiratssammelakte, Standesamt Essen-Borbeck. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, 2000, dossier de mariage, état civil d’Essen-Borbeck.]</ref> Il n’existe presque aucune information sur son enfance. Il fréquente l’école primaire de 1907 à 1912, probablement dans son village natal. Il emménage ensuite à Essen<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. Bruno Splitt y travaille d’abord comme garçon de courses puis comme magasinier pour la société Grubenbecker. De 1916 à 1917, il exerce le métier de presseur de métaux pour la société Thyssen.<ref name="ed55f6dcddc5e4b087bac45539b13c65940548b4">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, NW 1005-I/G17, 498. [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, NW 1005-I/G17, 498.]</ref> Il fait son service militaire de septembre 1917 à juillet 1919 et se retrouve sur le front occidental du mois de janvier au 9 avril 1918. Les longues marches lui occasionnent des problèmes aux pieds, aussi est-il renvoyé en Allemagne où il est incorporé au ''Landsturm'' (réserve de l’armée territoriale) de Schlettstadt (aujourd’hui Sélestat) en Alsace<ref name="f0df92226240c9502adeb118dcd98f5fcd8d2407">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]</ref>. À l’issue de la Première Guerre mondiale et de la démobilisation, il travaille d’abord dans une usine à charbon à proximité de la mine Wolfsbank d’Essen<ref name="ed55f6dcddc5e4b087bac45539b13c65940548b4">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, NW 1005-I/G17, 498. [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, NW 1005-I/G17, 498.]</ref>. Il est enregistré avec Ernst et Emil Splitt au 71 ''Germaniastraße'' à Essen.<ref name="e67327fb6aa924dded3d02dc3297d8a2503cb133">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, 2000, Heiratssammelakte, Standesamt Essen-Borbeck. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, 2000, dossier de mariage, état civil d’Essen-Borbeck.]</ref> Le premier est assurément son frère<ref name="d84b114dc7d2282aef0e72f4bac91fc4ac4828f8">Bibliothèque du DHVS, dossier médical n°27/56 Bruno Splitt (1943).</ref> et le second l’est probablement aussi. C’est dans cette période que Bruno Splitt s’engage pour la première fois en politique. Il adhère en 1919 au ''Bergarbeiterverbund Deutschland'' (syndicat des mineurs allemand) puis rejoint le USPD (''Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands'', parti social-démocrate indépendant allemand) en octobre 1920. À la suite du déclin croissant et de la perte de pouvoir de l’USPD, il adhère au KPD nouvellement formé<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref>. Bruno Splitt travaille ensuite à plusieurs reprises pour la société Krupp à Essen (ill. 2) | |||
[[Fichier:Splitt_Krupp.jpg|frame|''Illustration 2 : périodes d’emploi de Bruno Splitt chez Krupp<ref name="aacf011fb9a1002b1d10e2ee1f147858a84cd380">Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 '''.(Abbildungsgenehmigung noch einzuholen)'''</ref>'']] | |||
Illustration 2 : périodes d’emploi de Bruno Splitt chez Krupp.<ref name="0d292cd547fe1b5a8a7799329fee095e890f88b0">Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 [Archives historiques de Krupp, WA 168 / 326] '''(l’autorisation de reproduction doit encore être obtenue)'''</ref> | |||
Il y travaille tout d’abord comme manœuvre, du 16 octobre 1920 à son licenciement le 23 novembre 1923 par « manque de travail », probablement dans le contexte d’hyperinflation et d’occupation franco-belge de la Ruhr. Une situation analogue se répète ensuite, puisqu’il est réemployé du 25 juillet 1927 au 18 septembre 1929, date à laquelle il est de nouveau licencié, probablement en raison de l’aggravation de la crise économique mondiale<ref name="b2a2fb2ca6bedf70ebd309ef8d9849a3ef8591ae">Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 [Archives historiques de Krupp, WA 168 /326]</ref>. Dans l’intervalle, il travaille à la mine de charbon Carolus Magnus à Essen-Bergeborbeck. Il perd cet emploi après un accident de travail au cours duquel il se casse le pouce gauche. S’ensuivent quelques années sans emploi durant lesquelles il vit de « l’allocation chômage »<ref name="c31a923c69014e9f7168d4bcc839c0458d8449c8">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]</ref>. Il se consacre de plus en plus à la politique durant cette période. Il occupe depuis 1927 déjà la fonction de vice-trésorier et responsable de l’organisation du KPD du quartier de Borbeck à Essen et ce, jusqu’au 1er mars 1933<ref name="c31a923c69014e9f7168d4bcc839c0458d8449c8">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]</ref>. Ses activités politiques le font de plus en plus remarquer par la police. Le 29 octobre 1929, Bruno Splitt participe à une manifestation contre l’interdiction de l’organisation paramilitaire ''Roter Frontkämpferbund'' (RFB, Union des combattants du Front rouge). Il est soupçonné d’appartenir à l’une des organisations - également interdites - qui lui ont succédé, raison pour laquelle il est arrêté. Le ''Schöffengericht'' (tribunal échevinal formé d’un magistrat et de deux jurés) compétent l’acquitte néanmoins de toutes les accusations le 21 août 1930<ref name="c31a923c69014e9f7168d4bcc839c0458d8449c8">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]</ref>. Le 27 mai 1930, Bruno Splitt épouse Hedwig Frieda Johanna Rittelmeyer (née le 26 mai 1909 à Essen-Borbeck), employée de maison. Ses parents, restés à Grudziądz, sont déjà décédés au moment de son mariage<ref name="4b8a0f19e87ca896833b864d96af8d49098d7d15">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Heiratsurkunde Nr. 296/1930, Standesamt Essen-Borbeck. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, certificat de mariage n° 296/1930, état civil Essen-Borbeck.]</ref>. | |||
[[Fichier:Splitt_Hedwig_photo.jpg|frame|''Illustration 3 : Hedwig Frieda Splitt, non daté.<ref name="58e7fecb89349f9213eff0dcbf268367992416f7">Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles, '''normalerweise 30 Euro Gebühren bei Publikation, aber für thèse entfallen diese ggf., ANTOINE Olivier, Service de reproduction repor@arch.be nochmal vorher kontaktieren.'''</ref>'']] | |||
Emil Splitt, le témoin de mariage de Bruno Splitt, est l’un de ses parents. Il est mineur de profession. Le 21 mars 1931, Bruno Splitt est impliqué dans une « rixe politique » qui lui vaut d’être condamné le 24 juillet 1931 à une amende de 20 RM et à 4 jours de prison pour blessures corporelles graves. La même année, une enquête est ouverte contre lui pour le port d’un brassard portant l’inscription ''Roter Helfer'' (soutien rouge), mais elle est abandonnée en septembre 1931. Bruno Splitt organise sans relâche des réunions et des manifestations du KPD dans le quartier de Borbeck à Essen, le plus souvent au café ''Brück''<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref>.<br> | |||
Son engagement politique ne se limite pas au travail du parti et à des tâches pratiques. Au début des années 1930, Bruno Splitt assiste à un cours à la ''Reichsparteischule Rosa-Luxemburg'', l’école interne au parti du Reich, à Fichtenau dans le Bade-Wurtemberg<ref name="df638479db886fe1d4630dc810aff5ee30005fca">nformations complémentaires à ce sujet : Willi Persike und Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau), Damals in Fichtenau: Erinnerungen an die zentrale Parteischule der KPD (Fichtenau: Selbstverlag Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau, 1980).</ref>. L’enseignement comprend la présentation et la discussion de la philosophie marxiste-léniniste ainsi que la lecture du ''Capital'' et d’autres ouvrages de Marx, Lénine et d’autres auteurs. L’histoire du mouvement ouvrier, la stratégie et la mise en pratique du travail politique y sont abordés et l’échange d’expériences entre communistes encouragé. Les participants à ce séminaire suivent les cours de chefs du parti tels que Hermann Duncker, Karl-August Wittvogel et Ernst Scheller. Wilhelm Pieck et Ernst Thälmann aussi y tiennent régulièrement des conférences. On ignore qui Bruno Splitt a rencontré personnellement à cette occasion. Pour suivre cette formation, il fallait au préalable lire un ouvrage pour se préparer et rendre un devoir fait à la maison. Les témoins de l’époque disent que l’atmosphère des lieux était marquée par « la soif d’apprendre » et le « pouvoir du savoir »<ref name="9f0a4e5fc4a9b5f8ca5def20c9da5a5b60b739b1">Martin Sabrow, Erich Honecker: das Leben davor: 1912-1945 (München: Beck, 2016). p. 67 f.</ref>. La carrière politique de Bruno Splitt connaît son apogée lors de son élection en 1932 en tant que conseiller municipal d’Essen durant la République de Weimar. Sa mission est désormais de diriger les réunions du parti, c’est pourquoi il organise en décembre 1932 le congrès du parti de la sous-section du KPD à Essen<ref name="9285e06079b76df51f836aec574073e4550a45f7">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 1915.]</ref>. | |||
Comme nous l'avons mentionné plus haut, la carrière politique de Bruno Splitt connaît un arrêt brutal au moment de la prise de pouvoir nationale-socialiste. Il reprend son travail de mineur et vit dans le quartier de Fintrop-Essen, ''Graffweg'' 19<ref name="e470844df0a2d5b6e0b5fb35fbbd6a8b3b1b41b7">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1867.]</ref>. L’annonce de la formation du gouvernement le 30 janvier 1933 incite de nombreuses personnes de la région de la Ruhr à aller exprimer leur colère dans les rues. Des manifestations ont lieu à Essen-Borbeck aussi ; il est donc tout à fait possible que Bruno Splitt y ait pris part<ref name="2cf2323b533efce7747edc76e55f0abe430a344e">Peukert, ''Ruhrarbeiter'' p. 47.</ref>. Lors des élections au ''Reichstag'' en mars 1933, le NSDAP (parti national-socialiste) n'obtient pas non plus la majorité à Essen par la voie démocratique et légale, avec 30,6 % des suffrages exprimés. La direction du district du KPD de la Ruhr déclare à ce propos dans une circulaire : « Par le passé, le développement du fascisme était plutôt de nature quantitative. La chaîne d’actes terroristes sanglants et meurtriers [...] Mais désormais, avec l’intégration légale des nazis et des casques d’acier dans l’appareil étatique, on assiste à un basculement et au développement qualitatif du fascisme, avec l’application légale, réfléchie, centrale et organisée de la terreur fasciste. »<ref name="bbfe62e77300c3a325aea2a8461a25a40351a0e2">Peukert: ''Ruhrarbeiter'' p. 40.</ref> Lors des élections municipales du 12 mars 1933, le NSDAP obtient 31 mandats exactement. Là encore, la majorité n’est pas atteinte mais les nazis se l’approprient de force en supprimant les 12 mandats du KPD, sans les remplacer<ref name="d36ad596c30b5a6464e34c7be2ea528e8dbd266b">Alte Synagoge Essen, dir., ''Verfolgung und Widerstand in Essen, 1933-1945: Dokumentation zur Ausstellung''. Essen: Klartext, 1991. p. 33.</ref>. Au cours des mois qui suivent la prise de pouvoir des nazis, Bruno Splitt est toujours impliqué dans la gestion des finances et des encaissements ainsi que dans la « distribution de tracts »<ref name="c31a923c69014e9f7168d4bcc839c0458d8449c8">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]</ref>. On ignore comment il a vécu toute cette période sur le plan personnel. Cependant, les descriptions d’événements survenus dans les quartiers ouvriers d’Essen donnent une idée de la situation dangereuse dans laquelle lui et ses camarades devaient se trouver. Les SS, les SA et la police encerclent à multiples reprises les pâtés de maisons des ouvriers considérés comme des « centres de la résistance politique » contre les nationaux-socialistes, et fouillent les maisons une par une. Ces expéditions donnent lieu à l’arrestation de personnalités éminentes. Les nazis harcèlent les travailleurs organisés en leur dérobant « livres et journaux politiques » et même les « équipements sportifs et instruments de musique des organisations culturelles ouvrières ». De telles rafles ont lieu du printemps au mois de septembre 1933 dans différents quartiers de la ville d’Essen<ref name="63070c5937662e842a61fb6c7a3397a037eca27c">Alte Synagoge Essen (dir.), ''Widerstand und Verfolgung in Essen, 1933-1945''. 1991, p. 34.</ref>. Le mouvement ouvrier réplique par de nombreux actes de résistance. L’une de leurs actions les plus créatives consiste à apposer pendant la nuit les mots ''Rot Front'' (Front rouge) sur la façade visible de loin d’un immeuble de bureaux du centre-ville<ref name="e09fb3fcdd3d4ec4529fa369815a88bd986f3989">Ernst Schmidt, ''Lichter in der Finsternis Widerstand und Verfolgung in Essen 1933 - 1945. Erlebnisse, Berichte, Forschungen, Gespräche'', 2. Aufl., Bd. 1. Frankfurt am Main: Röderberg, 1980. p. 133 ss</ref>. On ignore toutefois si Bruno Splitt a pris part à cette action ou à d’autres activités similaires<ref name="f259dd2e986bedee26fe59120e617e4df29f9aa1">C’est l’historien local Ernst Schmidt qui offre l’une des descriptions les plus détaillées de la résistance à Essen. Bruno Splitt n’y est toutefois pas mentionné nommément. Cf. : Schmidt.</ref>. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’a de cesse de remanier la structure organisationnelle du KPD et de maintenir sa capacité d’action. Et cela n’est pas sans conséquence. Le tribunal d’instance d’Essen lance un mandat d’arrêt contre Bruno Splitt le 11 juillet 1933. Il est accusé au mois de mai<ref name="5ccc2a1a2d03f9f487c6582b93e7cb8f349816e0">Le mandat d’arrêt indique que les faits ont eu lieu en mai.</ref> de la même année « d’avoir entrepris, en collaboration avec d’autres, de modifier de force la Constitution du ''Reich'' allemand, d’avoir, par le même acte, entrepris d’autres actions préparatoires destinées à une opération de haute trahison - violation des §§ 81, Z. 2, 86, 47, 73 du code pénal allemand. [...] Le soupçon de fuite est légalement fondé car l’un des crimes fait l’objet d’une enquête. Il existe en outre un risque de dissimulation de la participation de plusieurs autres personnes. »<ref name="804cbdd270b0561d94a21af567b1ac5476678aa6">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12359, Haftbefehl vom 11. Juli 1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 12359, mandat d’arrêt du 11 juillet 1933.]</ref> Bruno Splitt est finalement accusé le 11 août 1933 avec quatre autres communistes d’avoir commis en avril<ref name="3fe4e494b2d6b92ee9e5438459523a5d1c820f04">La mise en accusation indique que les faits ont eu lieu en avril.</ref> de la même année les crimes mentionnés dans le mandat d’arrêt cité plus haut. Au moment de l’audience au tribunal, les coaccusés de Bruno Splitt sont tous en détention préventive, tandis qu’il est lui-même toujours caché et hors de portée de la police. Selon la police d’Essen, Bruno Splitt est un « fonctionnaire communiste » et un « partisan fanatique des idées communistes<ref name="fd0d6d62c3277fc08f16c9a6fea4ed9681c0cfe9">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 12354, mise en accusation du 11 août 1933.]</ref> » Selon les motifs du jugement, Bruno Splitt a initié en avril 1933 la diffusion de différents tracts et journaux du KPD. Il en aurait remis 40 exemplaires à son camarade Johann Klaus pour que celui-ci les distribue à son tour<ref name="eba263d0cea891df7b592430fcef230c3a15c390">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354,</ref>. Ces documents imprimés alertaient sur les mesures de répression du régime nazi et réclamaient la libération d’Ernst Thälmann et de tous les autres détenus. L’appel à l’organisation du mouvement ouvrier et la résistance faisaient aussi partie des thèmes abordés<ref name="01af67143be794e005c7ed5080c1a9a20aa49d46">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°12354, mise en accusation du 11 août 1933.]</ref>. La mise en accusation qualifiait la distribution de ces écrits de « préparation à la haute trahison » car le KPD visait l’instauration d’une « dictature des prolétaires sur le modèle soviétique russe ». Conformément à l’accusation, tous ses camarades sont reconnus coupables et écopent d’une peine de réclusion d’un an et neuf mois. Bruno Splitt ne figure pas dans le jugement<ref name="4cda265c0e739846c8aeefacbe27cae6ff2be35f">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Urteil vom 21.20.1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°12354, jugement du 21/10/1933].</ref> car il est toujours en fuite. Après son arrestation, il est conduit à la maison d’arrêt d’Essen. Sa femme Hedwig lui rend visite quelques jours avant Noël 1933<ref name="ef45403a6ea5a149cbd6177a9705f10798fcdf64">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1867, interrogatoire de Bruno Splitt le 30/12/1933].</ref>. On ignore s’il a revu son épouse après cela. | |||
Au cours de l’année 1933, le groupe de résistance auquel appartient Bruno Splitt ne se laisse manifestement pas intimider par les répressions majeures et poursuit son travail. Après son arrestation en 1934, il est de nouveau poursuivi en justice et comparaît au tribunal avec 83 de ses camarades communistes pour cause de « préparation d’un acte de haute trahison ». Le groupe a repris la reproduction et la distribution d’écrits. Dans le cadre de l’enquête, une machine à écrire, un duplicateur et divers publications et tracts sont saisis par la police. Si l’on en croit les conclusions de la police, Bruno Splitt poursuit ses activités au sein de la résistance communiste après la prise de pouvoir nationale-socialiste<ref name="df7f4d1f55716c4d6f571a9e9ff990cbeac21fbc">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]</ref>. Bruno Splitt était à la « tête de l’organisation » aux côtés de deux autres accusés et a poursuivi sans interruption son action politique à Essen. Dans le texte de la mise en accusation, les membres du groupe décrivent Bruno Splitt comme le « meneur », celui qui prend les initiatives, relie entre eux les différents domaines d’activité et incite aussi d’autres personne à collaborer<ref name="8320480e602aeedd7a36440bd67fb30df258e094">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]</ref>. Dans la tentative de mettre en place un réseau de résistance, la Ruhr a été divisée en six « zones d'instruction ». La ville d’Essen correspondait au ''Bezirk II'' (district II) lui-même divisé en quatre « sous-districts » : Altessen, ouest, centre et Kray-Steele<ref name="5a9ec775e491ff51adefc584f0b4f539cca9c7b5">Peukert: ''Ruhrarbeiter'' p. 68.</ref>. Selon les motifs du jugement, Bruno Splitt a joué un « rôle prépondérant » lors de cette phase de réorganisation. Après la prise de pouvoir nationale-socialiste, il a repris clandestinement l’activité de « dirigeant du sous-district ''Groß-Essen'' » qu’il exerçait depuis octobre 1932 et reconstitué « l’organisation du KPD [...]<ref name="df7f4d1f55716c4d6f571a9e9ff990cbeac21fbc">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]</ref> ». Il aurait poursuivi avec « zèle son activité » dans différents quartiers de la ville d’Essen. Sa mission était de motiver ses camarades à mener des « actions illégales et [de] reprendre des postes de fonctionnaires » comme celui de « caissier », et de gérer leur répartition. Selon les motifs du jugement, il avait commencé à agir de la sorte immédiatement après la prise de pouvoir. Il a joué un rôle déterminant dans l’organisation de la diffusion de « matériel d'information et de propagande ». Il rencontrait régulièrement divers camarades. Il a réussi par ce biais à obtenir des « fonctionnaires du KPD dans presque tous les quartiers de la ville » et à ranimer « l’ancienne organisation ». Il aurait ainsi initié en mai ou juin 1933 la mise en place d'un « bureau de poste » qui serait devenu la plaque tournante de la reproduction et de la distribution des tracts. Le groupe a pu produire et diffuser plusieurs milliers de pamphlets. De plus, de l’argent a été récolté pour venir en aide, entre autres, aux membres du KPD incarcérés et à leurs familles<ref name="df7f4d1f55716c4d6f571a9e9ff990cbeac21fbc">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]</ref>. L’organisation de l’activité illégale n’aurait pas été possible sans moyens financiers. La direction du district de la Ruhr appelait au versement régulier des cotisations car « aujourd’hui, chaque ''Pfennig'' est une munition ». Ainsi, les recettes s’élevaient à l’automne 1933 à près de 1 000 RM par mois, ce qui était considéré à l’époque comme un « sacrifice » de la part des résistants car beaucoup d’entre eux étaient sans emploi<ref name="58923219a464416c22d83584bae31ed6f1e58df9">Peukert: ''Ruhrarbeiter''. p. 61.</ref>. Bruno Splitt reprend également un poste de fonctionnaire dans le sous-district d’Essen, qu’il aurait abandonné en juillet 1933 pour cause de « dépression nerveuse »<ref name="3884e74bb0dedd82d767d94c55a35d1dc19916fa">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915 [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915]</ref>. Il est tout à fait concevable que cela ait été le cas, en réaction au mandat d’arrêt lancé contre lui. Lors d’une rencontre avec d’autres accusés le 13 novembre 1933, il est décidé qu’il reprendra aussi à l’avenir le poste de chef de pôle<ref name="c2f18d7a472e2ca228292ab39c2b99f5b5886d23">Dirigeant politique.</ref> de la « zone d’instruction Gelsenkirchen ». Il n’en eut jamais l’occasion en raison de son arrestation<ref name="df7f4d1f55716c4d6f571a9e9ff990cbeac21fbc">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]</ref>. À l’issue du procès, Bruno Splitt est condamné dans le prononcé d’arrêt du 19 octobre 1934 à deux ans de réclusion pour différentes peines. Les huit mois et deux semaines qu’il a déjà passés en détention provisoire sont déduits de sa peine<ref name="df7f4d1f55716c4d6f571a9e9ff990cbeac21fbc">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]</ref>.<br> | |||
L’activité décrite ici reflète bien les activités de résistance après que le KPD est tombé dans l’illégalité à la suite de l’incendie du ''Reichstag''. De nombreux cadres dirigeants ayant été arrêtés, les groupes locaux n’attendent pas de recevoir des consignes et tentent de leur propre chef de « maintenir la cohésion, collecter des fonds » et créer du « matériel d’information » dont ils organisent la distribution.<ref name="8a9c5b8c4a9d570e11e57c6ea6a4e48879a422f0">Peukert: ''Ruhrarbeiter'' p. 52.</ref> Le matériel (machines à écrire, duplicateurs, matrices et papier) avait été déposé au préalable dans des endroits protégés. L’organe de presse du KPD dans le périmètre d’action de Bruno Splitt se nommait le ''Ruhr-Echo''. Sa reproduction et sa distribution leur sont reprochées, à lui et à ses camarades, dans la mise en accusation<ref name="a0f6b5ab287cefba119d5729bd1b78ce96ab8021">Peukert, ''Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945''. p. 53 ss.</ref>. Même si cette résistance reposait sur une erreur d’appréciation considérable et fatale du KPD, à savoir que le régime nazi pouvait être renversé dans un délai prévisible par un nombre suffisant d’opposants, cela n’enlève rien au courage dont Bruno Splitt et ses compagnons de lutte ont fait preuve. | |||
'''Esterwegen – Sachsenhausen – Natzweiler – Dachau – Neuengamme : une odyssée à travers les camps de concentration'''<br> | |||
Le 25 décembre 1935, Bruno Splitt a purgé sa peine de réclusion à la maison d’arrêt de Münster en Westphalie. L’établissement pénitentiaire fait savoir qu’il « s’est certes bien comporté » mais « qu’il n’a fait preuve d’aucun changement intérieur ». La Gestapo de Düsseldorf, permanence d’Essen, considère Bruno Splitt comme un « communiste particulièrement dangereux ». Le directeur de la prison qualifie en outre Bruno Splitt de « grande gueule ». C’est la raison pour laquelle il est transféré en détention préventive au camp de concentration d’Esterwegen après un passage par la prison d’Essen. Les courriers et évaluations rédigés par la Gestapo d’Essen et le camp de concentration à l’occasion des « audiences de révision de peine » à venir avaient tout de la mascarade et étaient une expression de tyrannie. Sa détention préventive est prolongée à plusieurs reprises, presque indépendamment de la « conduite » de Bruno Splitt dans le camp, et quel que soit le nombre de fois où il a déclaré ne plus vouloir jouer de rôle politique – en aucun cas on ne se fiait à un « communiste agité »<ref name="b9115188dbc08610932501240eeb47a97d83a179">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, Département Rhénanie, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]. Les dossiers de la Gestapo ont été en grande partie détruits, Düsseldorf et Wurzbourg constituent à cet effet de rares exceptions. cf. Claus-Christian W Szejnmann, „Regionalgeschichte und die Erforschung des Nationalsozialismus. Forschungsstand und Forschungsperspektiven“, in Sachsen und der Nationalsozialismus, hg. von Jan Erik Schulte, Günther Heydemann, und Francesca Weil (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2014), 21–40., p. 21.</ref>. Étant donné la documentation rudimentaire dont nous disposons, la reconstitution de son odyssée à travers les camps de concentration se limite malheureusement au point de vue de ses bourreaux. Le nom de Bruno Splitt n’est jamais mentionné dans les nombreux entretiens qui ont été menés avec des survivants des différents camps de concentration. Ainsi, les questions se rapportant au « vécu » personnel et à la « perception » de Bruno Splitt quant à la « société (contrainte) des camps de concentration » restent sans réponse<ref name="d28a6b37cbc201ad4e11200e26798da48b92a698">Ulrike Jureit u. a., ''Überlebensgeschichten: Gespräche mit Überlebenden des KZ-Neuengamme'''. Hamburg: Dölling und Galitz, 1994. p. 153.</ref>. Nous avons tenté de nous faire une image de son quotidien en nous penchant sur la littérature plus générale. | |||
Lorsque le camp de détention préventive Esterwegen est supprimé à l’été 1936, les détenus sont transférés dans le nouveau camp de concentration de Sachsenhausen à Oranienbourg, au nord de Berlin<ref name="4c319f4ce3fe9e34fd13dd57c44b0d795d97b370">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010. p. 22.</ref>. Bruno Splitt est admis à Sachsenhausen comme détenu provisoire portant le matricule 000373. Il loge dans le bloc des détenus n°5 puis dans les blocs 12, 18 et 23<ref name="5a13067d4f59e3e01d8f65323fbdadd61dd29898">Base de données du mémorial de Sachsenhausen, provenance de l’original : Archives militaires d’État russes, Moscou 1367/1/22, f. 616</ref>. À Sachsenhausen, la construction du camp a commencé par le défrichage d’un terrain forestier de 80 hectares. L’année suivante, les détenus construisent une centaine de bâtiments parmi lesquels des baraquements de prisonniers, des casernes de SS, des communs et des maisons d’habitation pour les SS<ref name="5465ea79df6c49056ca58066239a046492adedf5">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 20.</ref>. Bruno Splitt est en 1936 « doyen de chambrée, ''Blockeinkäufer'' (acheteur pour son bloc), puis ''Lagereinkäufer'' (acheteur pour tout le camp) » et occupe en tant que ''Funktionshäftling'' (détenu fonctionnaire) une place privilégiée dans la hiérarchie du camp<ref name="8e812d6dab790d938e620e47281657ac10a97403">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Au printemps 1938, les triangles servant à différencier les détenus sont introduits à Sachsenhausen<ref name="ee66be33df81f2876a5bb484bfda71e3a2b280be">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 33.</ref>. En sa qualité de « détenu provisoire », Bruno Splitt porte très probablement un triangle rouge. | |||
Alors que Bruno Splitt est interné au camp de concentration de Sachsenhausen, sa femme, Hedwig Splitt, s’envole pour Bruxelles via Amsterdam avec un visa touristique. Elle arrive dans la capitale belge en janvier ou février 1937<ref name="e4baa16e13e3f57a010508273919cd8c62f00e6e">Les documents de la Police des étrangers belge renferment des informations divergentes quant à la date exacte.</ref>. Elle y est tout d’abord enregistrée en tant que réfugiée politique mais son statut est sans cesse remis en question par les autorités au cours des années suivantes. Au départ, elle n’obtient qu’une autorisation de séjour limitée qui se termine fin mars 1937. Hedwig Splitt déclare aux autorités qu’elle a fui « à cause d’activités politiques » et qu’elle appartient au mouvement trotskiste [?] depuis 1934. Elle dit avoir choisi la Belgique « car [ses] amis y vivent ». À Bruxelles, elle loge chez la Belge Nora Sachse, probablement l’une des amies en question. Cette dernière la soutient dans ses démarches. Dans un autre questionnaire, Hedwig Splitt explique le motif de sa fuite de la manière suivante : « à cause d’une activité illégale » et « aide à la fuite ». On ignore cependant de quelle fuite il s’agit. Elle prévoit de continuer à travailler en Belgique « si elle le peut ». Les derniers documents qui abordent la question de son statut de résidente datent de 1941. On perd ensuite sa trace<ref name="bbc4996343f36bf7d1ebeff38db85fc70244dbd5">Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles.</ref>. | |||
'''Illustration rose Ordre de détention préventive Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927 (JPEG 0063)''' | |||
Après trois ans de détention au total, Bruno Splitt est libéré de Sachsenhausen peu de temps avant Noël, le 21 ou le 23 décembre 1938, ce qui n’est pas inhabituel à cette époque<ref name="a2b6cc24870aeb6a78c20ebca03437cb58398acc">Base de données du mémorial de Sachsenhausen, provenance de l’original : Archives militaires d’État russes, Moscou 1367/1/22, f. 616, . Également LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Après sa libération, il travaille à la mine de charbon Carolus Magnus à Essen-Bergeborbeck<ref name="daf7bcf0408cf33d2baffa295c65aab99f4098a5">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland NW 1005-I/G17, 498.</ref>. Mais sa période de liberté est de courte durée. Dans le cadre de « l’Action 01/09/1939 », il est de nouveau arrêté sur son lieu de travail<ref name="c31a923c69014e9f7168d4bcc839c0458d8449c8">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]</ref>. Après la guerre, Bruno Splitt a dit être retourné à Sachsenhausen à partir du 8 septembre 1939<ref name="8e812d6dab790d938e620e47281657ac10a97403">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Il fait partie des quelque 800 hommes allemands incarcérés par la Gestapo en tant qu’opposants politiques « selon des listes préparées de longue date » dans le cadre de l’action dite ''A-Kartei'' (Fichier A).<ref name="06fc9c53115a12419590bc4e42ffe1739193a36a">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 66.</ref> Lors de cette deuxième incarcération, il reçoit le matricule 12 146<ref name="d4587e0f5b5fd8ddde09d69847ce56c1646073f8">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. Des tribunaux 267 n°1407.]</ref> En 1939, il travaille d’abord à la « Construction du camp – logements SS » puis comme « acheteur pour l’infirmerie » à partir de février 1940.<ref name="d4587e0f5b5fd8ddde09d69847ce56c1646073f8">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. Des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Il tombe malade plusieurs fois durant son emprisonnement. Du 21 octobre au 4 novembre 1940, il est traité pour un phlegmon puis de nouveau du 10 février au 18 mars 1941 pour un phlegmon au genou<ref name="e46c93ab75535acaef84938e4fea657670715340">Arolsen Archives, Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01012902 oS. [Arolsen Archives, dossiers individuels de détenus du camp de concentration de Natzweiler, 01012902 oS.]</ref>. Une liste d’accès à l’infirmerie datée du 10 février 1941 atteste les faits<ref name="201f087a85f6dfc4a94eb366e327a564921b9d3a">Base de données du mémorial de Sachsenhausen, provenance de l’original : Archives militaires d’État russes, Moscou, 1367/1/54, f. 315</ref>. [''Traitement illisible sur les fiches de détenus des Arolsen Archives''.] | |||
Le 2 octobre 1940, il est affecté à une section disciplinaire car un détenu infirmier l’a dénoncé au chef du bloc, déclarant que Bruno Splitt faisait du « trafic illégal de marchandises de cantine »<ref name="5d80b4e79048d122183fe18d87ef65119a3757ff">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236. [rep. des tribunaux 118 n°236.]</ref>. Bruno Splitt perd alors sa place privilégiée de détenu fonctionnaire. Cela pourrait être lié à des querelles entre les groupes de détenus « politiques » et « criminels » qui se faisaient concurrence pour ces postes<ref name="60b3994120a17e53edeac3e0c2897ac1c908c9f4">Informations complémentaires et détails à ce sujet, cf. : Hans Günther Adler, „Selbstverwaltung und Widerstand in den Konzentrationslagern“, Voerteljahreshefte für Zeitgeschichte 8, Nr. 3 (1960): 221–35.</ref>. Les détenus de cette section disciplinaire se voyaient attribuer des ''kommandos'' de travail particulièrement durs. Les maltraitances continuelles qu’ils subissaient entraînaient bien souvent leur mort<ref name="3d253284d9d3a55553a04d9fd99921e5c822f800">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 38.</ref>. Le directeur du camp condamne Bruno Splitt à « 50 coups de bâton, 2 heures de torture par estrapade et 14 jours de cachot »<ref name="5d80b4e79048d122183fe18d87ef65119a3757ff">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236. [rep. des tribunaux 118 n°236.]</ref>. Il s’agissait de « peines de camp » typiques auxquelles beaucoup de détenus ne survivaient pas. Les reins, physiologiquement bien irrigués, étaient souvent tellement endommagés par la violence de ces actes que les prisonniers se vidaient de leur sang. Le détenu néerlandais Ab Nicolaas raconte avoir eu le « derrière cassé » après la peine de coups de bâton et avoir utilisé des « emballages de margarine » conservés à cet effet pour se soigner « avec beaucoup de précaution »<ref name="b6f19bd569f40135dcdfcbe84562d697b85e82f5">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 30.</ref>. Il est possible que la peine ait été exécutée dans le cachot, ou plus tard, sur l’''Appelplatz'' (place d’appel), à la vue de tous. Les SS ont fait construire le cachot au début de l’année 1937. Il s’agissait d’une prison en forme de T composée de 80 cellules. Les SS y exécutaient les peines et y menaient des interrogatoires<ref name="b6f19bd569f40135dcdfcbe84562d697b85e82f5">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 30.</ref>. Au moment où Bruno Splitt a subi ces maltraitances, les SS les administraient encore eux-mêmes. À partir d’août 1942, ce sont les codétenus qui furent chargés d’exécuter les châtiments corporels<ref name="48e2aac66a74c835cd4a4a318c99785e103a22be">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 31.</ref>. Après avoir purgé cette peine draconienne, Bruno Splitt est affecté en novembre 1940 au tristement célèbre ''Schuhläuferkommando'' (commando des essayeurs de chaussures), auquel il appartient pendant environ cinq semaines<ref name="5d80b4e79048d122183fe18d87ef65119a3757ff">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236. [rep. des tribunaux 118 n°236.]</ref>. Depuis l’été 1940, les détenus de ce ''kommando'' sont contraints de tester les semelles pour le compte de l’industrie de la chaussure. Ces évaluations avaient lieu sur une piste de test des chaussures aménagée à cet effet qui faisait le tour de la place d’appel du camp. Par tous les temps, les détenus devaient parcourir jusqu’à 40 kilomètres par jour en cercle, au pas de course. Ceux qui n’y parvenaient pas subissaient les maltraitances des SS. Bruno Splitt est l’un des seuls à avoir survécu à ces tortures durant les cinq semaines prévues<ref name="8ace99b857ed30db1994b0f991569bb996f06888">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 80.</ref>. | |||
Bruno Splitt est ensuite affecté au ''Lorenkommando'' (commando des wagonnets) jusqu’à la fin de sa période en section disciplinaire, avant son transfert vers Natzweiler le 20 mai 1941<ref name="5d80b4e79048d122183fe18d87ef65119a3757ff">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236. [rep. des tribunaux 118 n°236.]</ref>. Une expertise médicale effectuée après la guerre montre que Bruno Splitt a pour la première fois souffert « d’état[s] de faiblesse » et de « crise[s] cardiaque[s] » durant l’hiver 1939/40<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. Rien d’étonnant à cela, puisque cet hiver-là est considéré comme le premier « hiver de famine » à Sachsenhausen. Fin 1939, la situation dans le camp s’est nettement dégradée par rapport au début de la guerre, en raison des déportations de masse. Le nombre croissant de détenus diminue d’autant les rations alimentaires alors que la terreur quotidienne exercée par les SS augmente. Ainsi, de nombreuses tâches devaient être effectuées au pas de course<ref name="2f8b82559a71d8c1b81f55bfb4bd4e4b94b0f5f6">Günter Morsch, Astrid Ley, dir., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen''. Berlin: Metropol, 2010., p. 74.</ref>. | |||
'''Camp de concentration de Natzweiler et traitement à la RUS'''<br> | |||
Le 22 mai 1941 marque la fin de l’internement de Bruno Splitt à Sachsenhausen<ref name="8e812d6dab790d938e620e47281657ac10a97403">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>, où près de 200 000 détenus au total ont été incarcérés. Seule la moitié de ces détenus a survécu à la terreur quotidienne. Bruno Splitt compte parmi les survivants<ref name="c68d8782fc300728a0fb1b7b004639c3dee2e88b">Studentisches Projekttutorium, Hrsg., Un-Einheitlich. Biographien ehemaliger kommunistischer Häftlinge des Konzentrationslagers Sachsenhausen. (Berlin: Freie Universität, 1998). p. 7.</ref> mais cela ne signifie pas pour autant qu’il est libre. Entretemps, la construction du camp de concentration de Natzweiler a démarré, depuis début mai. Bruno Splitt y est transféré le 23 mai 1941 et enregistré en tant que prisonnier politique sous le matricule 230<ref name="e5f55212de028e442d0103054d2af07475ecb50a">Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives [Dossier individuel du détenu du camp de concentration de Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives]</ref>. Il fait partie du second convoi de construction ayant quitté Sachsenhausen. Josef Kramer (10/11/1906 – 13/12/1945)<ref name="a344fc0137d1834179474d1d30f46fda4ffa2f3e">Josef Kramer est présent à partir de 1934 à Dachau, 1937/38 officier d’ordonnance à Sachsenhausen, 1939 à Mauthausen. En mai 1940 à Auschwitz, à partir d’avril 1941 directeur du camp de détention provisoire de Natzweiler, où il est promu commandant en 1942. À partir de mai 1944, commandant à Auschiwtz-Birkenau et en fin d’année à Bergen-Belsen. Condamné à mort à Lunebourg lors du procès de Belsen. Il est aussi l’instigateur de l’utilisation de gaz d’acide cyanhydrique pour tuer les 86 juifs destinés à la collection de squelettes du professeur Hirt. Ernst Klee, ''Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945'', 4. Aufl. (Frankfurt am Main: Fischer, 2013). p. 334.</ref>, le directeur du camp de détention provisoire de Natzweiler depuis avril 1941, s’était rendu à Sachsenhausen au préalable pour y sélectionner 300 détenus de longue durée à cette fin<ref name="d73b9cba0ec702b35f65753155baedd2acef02ac">Robert Steegmann, Struthof. Le KL-Natzweiler et ses kommandos. Une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin, 1941-1945 (Strasbourg: La nuée bleue, 2005). p. 44.</ref>. Cela laisse supposer que Bruno Splitt devait remplir la fonction de détenu fonctionnaire à Natzweiler et qu’il a été transféré dans ce but<ref name="b78c184e028808d48660442150af71d8a706f1e2">Je remercie le Dr Astrid Ley pour cette classification. Correspondance personnelle par e-mail du 23/12/2020.</ref>. Selon la liste de ses effets personnels, il remet à son arrivée un chapeau, une veste, un pantalon, quatre chemises, un caleçon, trois paires de chaussettes et une paire de chaussures<ref name="e5f55212de028e442d0103054d2af07475ecb50a">Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives [Dossier individuel du détenu du camp de concentration de Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives]</ref>. Il a obtenu son « poste privilégié » par l’entremise de son frère Ernst Splitt d’Essen (alors domicilié ''Zweigstraße'' 11). Il reçoit et écrit plusieurs lettres chaque mois. Les informations sur le quotidien personnel de Bruno Splitt à Natzweiler sont rares. Le 16 avril 1943, il souffre d’une « blessure grave à l’œil » après un « accident du travail ». Il s’agit concrètement d’un « éclat de métal dans l’œil droit »<ref name="5a0a3488c1443038bd542278643b0dac8ad81fa6">Lagerarzt an den Lagerkommandanten 19. April 1943 über Krankenhauseinweisung Bruno Splitts, 01012902 oS / ITS Digital Archive, Arolsen Archives. [Courrier du médecin du camp au commandant du camp le 19 avril 1943 à propos du transfert de Bruno Splitt à l’hôpital, 01012902 oS / ITS Digital Archive, Arolsen Archives.]</ref>. L’accident aurait eu lieu dans la « cuisine des détenus »<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. Les documents témoignant du traitement de Bruno Splitt sont tous signés du médecin du camp et ''SS-Obersturmführer'' Franz von Bodman (ou Bodmann ; 23/03/1908 – 25/05/1945)<ref name="564677d199cebe82934271b6214428e852d9a8ca">Bodmann était SS-Obersturmführer depuis 1941, médecin de camp du camp de concentration de Majdanek depuis juillet 1941, médecin du camp de concentration d’Auschwitz depuis juin 1942 et est considéré comme l’instigateur du meurtre des détenus par injection de phénol ; il aurait lui-même assassiné un détenu de cette façon. À l’automne 1942, il était médecin de camp au camp de concentration de Neuengamme, où il a participé à l’assassinat au Zyklon-B de prisonniers de guerre soviétiques. Il est ensuite devenu le médecin de camp de Natzweiler. En dernier lieu, il a été médecin-chef au camp de concentration de Vavaira (Estonie) et s’est suicidé le 25/05/1945 à l’hôpital militaire de Markt Pongau. Ernst Klee, ''Auschwitz, die NS-Medizin und ihre Opfer''. Frankfurt am Main: Fischer Verlag, 1997. p. 410 (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Paczula vom 27.10.1959 und Bl. 2568, (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Schwalbova vom 21.9.1961, Bl. 10937 und Klee, ''Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945''. p. 57 f.</ref>. Ce dernier ordonne que Bruno Splitt soit transporté à la clinique ophtalmologique de la ''Reichsuniversität Straßburg'' le 19 avril 1943 pour un traitement ambulatoire, afin de faire retirer le corps étranger par voie chirurgicale<ref name="8c9cb2b565e4ea5ac074706929c5346a1b3eb49b">Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, 19. April 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive. [Courrier du médecin de camp à la clinique ophtalmologique universitaire de l’hôpital civil, 19 avril 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive.]</ref>. Manifestement, l’intervention n’est pas un succès. Le 23 avril, Bruno Splitt est admis de nouveau à la RUS pour une « énucléation de l’œil droit »<ref name="b3704c16376abcac5c220bea645c7edcb1b9bd36">Du latin ''ex'' : en retirant et ''nucleus'' : noyau, soit ablation chirurgicale du globe oculaire.</ref> qui nécessite cette fois une hospitalisation. Il est admis à la clinique psychiatrique (service 58) pour éviter qu’il ne s’échappe de l’hôpital civil. « Car une surveillance est impossible à la clinique ophtalmologique », est-il mentionné dans le dossier médical de Bruno Splitt<ref name="d84b114dc7d2282aef0e72f4bac91fc4ac4828f8">Bibliothèque du DHVS, dossier médical n°27/56 Bruno Splitt (1943).</ref>. Il s’agissait apparemment de la procédure habituelle en cas d’hospitalisation à la RUS de détenus de camps de concentration. C’est du moins ce que suggère une note manuscrite du médecin du camp, le docteur Schiedlausky, au dos de la demande d’hospitalisation d’un autre détenu du camp de concentration de Natzweiler. Il y est indiqué : | |||
''« 1) Règles de sécurité : conformément à la procédure actuelle, les détenus doivent être placés dans une cellule du service de psychiatrie. Qui est chargé de la sécurité lors de la mise en œuvre des soins ou ceux-ci peuvent-ils avoir lieu dans la cellule comme pour le détenu Splitt ? »''<ref name="98b7d2efdffb155a5dbfa628991dc21ff6d16def">Lagerkommandant an den Lagerarzt über die Krankenhauseinweisung des Häftlings Max Mahler, 28. August 1943, 1.1.29.2 / 3200307 / ITS Digital Archive, Arolsen Archives [courrier du commandant du camp au médecin du camp à propos du transfert à l’hôpital de Max Mahler, 28 août 1943, 1.1.29.2 / 3200307 / ITS Digital Archive, Arolsen Archives]</ref> | |||
Il s’agit d’une cellule de la clinique psychiatrique que l’on peut fermer à clé et qui servait normalement à isoler les patients agités sur le plan psychomoteur et « violents ». La documentation médicale durant la prise en charge de Bruno Splitt à la clinique ophtalmologique se limite aux observations suivantes : « Vient du camp de concentration de Natzweiler, pour la durée de son traitement à la clinique ophtalmologique [...] ici à titre provisoire. S’est comporté de manière calme, sans particularité. » Le 30 avril 1943, Bruno Splitt est reconduit à Natzweiler<ref name="d84b114dc7d2282aef0e72f4bac91fc4ac4828f8">Bibliothèque du DHVS, dossier médical n°27/56 Bruno Splitt (1943).</ref>. Le 14 mai 1943, il est transféré pour la troisième fois à la RUS par le médecin du camp « pour adaptation d’une prothèse oculaire »<ref name="8c9cb2b565e4ea5ac074706929c5346a1b3eb49b">Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, 19. April 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive. [Courrier du médecin de camp à la clinique ophtalmologique universitaire de l’hôpital civil, 19 avril 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive.]</ref>. Le transfert se fait avec la mise à disposition d’un « accompagnateur sentinelle », probablement affecté à la surveillance de Bruno Splitt. C’est l’administration du camp qui prend en charge l’ensemble du traitement ainsi que le coût de l’œil de verre<ref name="8c9cb2b565e4ea5ac074706929c5346a1b3eb49b">Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, 19. April 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive. [Courrier du médecin de camp à la clinique ophtalmologique universitaire de l’hôpital civil, 19 avril 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive.]</ref>.<br> | |||
Compte tenu du traitement relativement privilégié dont a bénéficié Bruno Splitt, il y a tout lieu de penser qu’il était détenu fonctionnaire à Natzweiler et que les SS avaient par conséquent tout intérêt à préserver sa santé et sa vue. Cette hypothèse est étayée par le fait qu’il était relativement bien nourri puisque son poids entre 1941 et 1943 n’a guère varié, entre 70 et 73 kg<ref name="70e2ce582e42661ea6b82552115485a26676cb84">Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01010602 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives. [Dossiers individuels de détenus du camp de concentration de Natzweiler, 01010602 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives.]</ref>. La procédure décrite ne constitue pas un cas isolé. Au total, 18 détenus du camp de concentration de Natzweiler ont été traités à la RUS durant son existence '''[''lien vers d’autres bios'']'''<ref name="55101727608fbe1067fa2b26633ca5a1734f2b28">L. Lutz, L. Münch: „... in das Bürgerspital nach Straβburg zur weiteren Behandlung überführt." Zur Verbindung zwischen dem Konzentrationslager Natzweiler, dem „Sicherungslager“ Schirmeck und der „Reichsuniversität“ Straβburg. Sammelband zur Geschichte der Medizinischen Fakultät der „Reichsuniversität“ Straßburg 1941-44 (titre provisoire), Hrsg.: Bonah, Christian; Schmaltz, Florian; Weindling, Paul (à paraître).</ref>. Des cas similaires isolés ont aussi été décrits dans d’autres camps de concentration. Ainsi, le détenu polonais Tadeusz Rogowski a aussi reçu une prothèse oculaire, procurée par le directeur du camp de Sachsenhausen<ref name="aa56fa27f609eb63735a3d9157a8ba171540c737">Astrid Ley, Günter Morsch: Medizin und Verbrechen. Das Krankenrevier des KZ Sachsenhausen 1936-1945, Bd. 21, Schriftenreihe der Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten Berlin: Metropol, 2007. p. 91.</ref>. Le communiste Ernst Brinkmann également a bénéficié d’un œil artificiel après une blessure. Au-delà des structures de soins rudimentaires du camp de concentration, on trouve assez couramment des prises en charge médicales privilégiées dans d’autres camps aussi. Près de 100 détenus de Sachsenhausen ont été traités pour d’autres maux à l’hôpital d’État de la police à Berlin. On ignore toutefois l’identité de ces détenus<ref name="9b1da99dde6b117e4ac523d1784c81e12cd1f4cc">Renseignements personnels du Dr Astrid Ley par e-mail du 12.12.2020.</ref>. '''(''Classement définitif du lien entre la RUS et Natzweiler, sous réserve d’autres recherches, plus de 20 détenus traités là-bas...'')'''<ref name="55101727608fbe1067fa2b26633ca5a1734f2b28">L. Lutz, L. Münch: „... in das Bürgerspital nach Straβburg zur weiteren Behandlung überführt." Zur Verbindung zwischen dem Konzentrationslager Natzweiler, dem „Sicherungslager“ Schirmeck und der „Reichsuniversität“ Straβburg. Sammelband zur Geschichte der Medizinischen Fakultät der „Reichsuniversität“ Straßburg 1941-44 (titre provisoire), Hrsg.: Bonah, Christian; Schmaltz, Florian; Weindling, Paul (à paraître).</ref> | |||
Le 21 septembre 1944, Bruno Splitt est transféré au camp de concentration de Dachau avant l’évacuation du camp de concentration de Natzweiler le 23 novembre 1944, puis il est transféré le 22 octobre 1944 de Dachau au camp de concentration de Neuengamme<ref name="47c72165d1b5cfa7cdc956c90f47c6bd1bcb9637">Arolsen Archives, Individuelle Häftlingsunterlagen KL Dachau, 01010602 oS. [Arolsen Archives, dossiers individuels de détenus du camp de concentration de Dachau, 01012902 oS]., Informations complémentaires sur Neuengamme : Fritz Bringmann, ''Neuengamme: Berichte, Erinnerungen, Dokumente''. Frankfurt am Main: Röderberg-Verlag, 1982. et Jureit u. a., ''Überlebensgeschichten''.</ref>. Outre Mauthausen en Autriche, Neuengamme était le dernier camp de concentration à se trouver encore sur le territoire nazi avant la fin imminente de la guerre<ref name="395976689c1cd1f7641df9e1ad43f9ded466ec86">Bringmann, ''Neuengamme'', p. 87</ref>. On ignore comment Bruno Splitt a vécu ses derniers jours d’enfermement et s’il a fait partie d’une marche de la mort. Le 2 mai 1945, Neuengamme est libéré par les Anglais<ref name="7b7c77809b01d8146a9484ab34ddc1a84d7a7efd">Bringmann, ''Neuengamme'' , p. 98 ss</ref>. Jusqu’à la fin de son existence, Bruno Splitt a subi les conséquences sur sa santé de son incarcération de longue durée<ref name="86535157be56870c1f113619209e051e2922ca29">Les conséquences psychiques pour Bruno Splitt à la suite de sa période de détention sont inconnues. Voir à cet sujet : Leo Eitinger, „KZ-Haft und psychische Traumatisierung“, Psyche 44 (1990): 118–32.</ref>. Il a souffert d’un état de faiblesse continuel jusqu’à Noël de la même année<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. | |||
'''L’après-guerre'''<br> | |||
Après une odyssée de plusieurs années à travers cinq camps de concentration différents, Bruno Splitt revient d’abord à Essen. Il est domicilié au ''Zweigstraße'' 25 à partir du 19 décembre 1945. Son épouse Hedwig a également survécu à la guerre. Ils ne se sont manifestement pas retrouvés et le divorce est prononcé le 8 octobre 1947<ref name="b0d06da732b22fae677e1bad3bea27bc2561e0a2">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Standesamt Essen-Borbeck, II, 13.6.-21-10—1930, Nr. 296_279. [Office de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, état civil d’Essen-Borbeck, II, 13.6.-21-10—1930, Nr. 296_279.]</ref>. | |||
Bruno Splitt ne reste pas longtemps à Essen. Il déménage le 8 mai 1946 à Goldkronach (arrondissement de Bayreuth)<ref name="91500d12a315cb27e8540bc9fb5b15066fa1d91e">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Personenkartei 3000, Meldekarte Bruno Splitt. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, fiche du personnel 3000, fiche d’inscription Bruno Splitt.]</ref>, où il est officiellement domicilié à partir du 14 mai 1946<ref name="8fb3f861d9739a899c5faa641dee69f4c83e52da">Stadtarchiv Goldkronach, EAPL 1-15-150, Polizeiliches An- und Abmelderegister vom 1.6.1946 bis 31.12.1949. [Archives de la ville de Goldkronach, EAPL 1-15-150, registre d’inscription et de radiation de la police du 01/06/1946 au 31/12/1949.]</ref>. Son déménagement a probablement été motivé par des raisons professionnelles. Arrivé à Goldkronach, Bruno Splitt devient gérant de la société ''Plantana Heilpflanzen-Anbau-und Verwertungs-GmbH''. Sa mission consiste, entre autres, à coordonner les opérations entre les « cultivateurs de plantes médicinales contractuels » et les « groupes de récolteurs d’herbes sauvages ». Des raisons médicales l’obligent à quitter ce poste le 31 mars 1948<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. À partir du 10 octobre 1946, Bruno Splitt vit à Hof, une petite ville également située dans l'arrondissement de Bayreuth<ref name="8fb3f861d9739a899c5faa641dee69f4c83e52da">Stadtarchiv Goldkronach, EAPL 1-15-150, Polizeiliches An- und Abmelderegister vom 1.6.1946 bis 31.12.1949. [Archives de la ville de Goldkronach, EAPL 1-15-150, registre d’inscription et de radiation de la police du 01/06/1946 au 31/12/1949.]</ref>. Du 1er avril 1948 au 30 septembre 1949, il travaille à Hof comme gérant de la société ''Fränkischen Verbandmittelindustrie''<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. | |||
'''Procédure d’indemnisation'''<br> | |||
Le 17 octobre 1949, Bruno Splitt soumet une demande au ''Landesamt für Wiedergutmachung'' (Service régional d’indemnisation) qui précise à la rubrique « dommages corporels » la « perte de l’œil droit » ainsi qu’une « angine de poitrine ». Dans le langage à la fois bureaucratique et flou de son dossier, ces dommages sont dus à un « traitement inapproprié au camp de concentration de Natzweiler » ou à la « détention dans un camp de concentration et aux méthodes qui y étaient appliquées »<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. Les troubles cardiaques et circulatoires constituaient les atteintes physiques ultérieures les plus fréquentes après une incarcération dans un camp de concentration<ref name="eda05631f6fc65cd9f428c3d343d0f826fdfb6dd">Paul Matussek, ''Die Konzentrationslagerhaft und Ihre Folgen''. Berlin, Heidelberg, New York: Springer, 1971, p. 46.</ref>. Ils étaient d’ailleurs souvent « indépendants de toute symptomatologie clinique, radiologique ou électrocardiographique »<ref name="52a4d6de195e7f6989c09d5bc912f7a862837cf8">R. Targowla, „Die neuropsychischen Folgen der Deportation in deutschen Konzentrationslagern.“ In Max Michel, dir.: ''Gesundheitsschäden durch Verfolgung und Gefangenschaft und ihre Spätfolgen. Zusammenstellung der Referate und Ergebnisse der Internationalen Sozialmedizinischen Konferenz über die Pathologie der ehemaligen Deportierten und Internierten, 5.-7. Juni 1954 in Kopenhagen''. Franfurt a.M.: Röderberg, 1955. p. 34.</ref>. Dès 1947, ces troubles nécessitent une cure. Bruno Splitt réclame alors une « prise en charge thérapeutique », une rente correspondant à la perte de revenus occasionnée et un « capital de 50 000 DM à titre de dédommagement » pour la perte de son œil<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. L’expertise médicale effectuée à l’hôpital municipal de Hof à titre de vérification remet en cause le lien de cause à effet entre ses troubles cardiaques et son incarcération dans un camp de concentration. Une autre expertise médicale, mandatée par les services de santé en 1954, conduit à un résultat similaire, à savoir que sa demande ne se fonde sur aucun « élément objectif ». Indépendamment de cela, sa capacité au travail est estimée à 60 %. À cette période-là, Bruno Splitt travaille à l’heure pour la société Schmitt & Co qui distribue des « friandises ». L’office de la santé de Hof conclut néanmoins que, même s’il n’y a aucun « signe d’atteinte du muscle cardiaque », il faut « convenir en sa faveur que son incarcération de longue durée en camp de concentration, accompagnée d’un excès d’efforts et d’épreuves, a entraîné une faiblesse du muscle cardiaque transitoire [souligné dans l’original] ainsi qu’une grave altération de l’état de santé général avec état de faiblesse ». Compte tenu de la perte de son œil droit, un taux d’invalidité de 50 % lui est finalement accordé en 1955. De plus, il a été prouvé que le « statut social et économique » de Bruno Splitt avant la guerre correspondait à celui d’un « fonctionnaire de niveau intermédiaire »<ref name="df455eeba1b1ef30dede170bafdb31bb64109ee5">Cela correspondait aux préceptes de la ''Bundesergänzungsgesetz zur Entschädigung der Opfer nationalsozialistischer Verfolgung'' (BErG, loi fédérale complémentaire relative à l'indemnisation des victimes des persécutions nazies) du 18/09/1953, selon laquelle les demandeurs étaient « affectés à l’une des quatre classes de fonctionnaires selon leur niveau de revenus avant la persécution. » Constantin Goschler, ''Schuld und Schulden. Die Politik der Wiedergutmachung für NS-Verfolgte seit 1945''. Göttingen: Wallstein, 2005. p.191.</ref>. Le montant de sa rente est calculé sur cette base. Cette indemnisation individuelle avait pour objectif de « rétablir dans une certaine mesure les vies et les positions sociales affectées par la persécution »<ref name="7689e581b01f155270e7e70e9c462e5f86aa62a5">Goschler: ''Schuld und Schulden'', p. 191.</ref>. Bruno Splitt a obtenu de plus un « dédommagement financier pour privation de liberté » de 19 200 DM<ref name="5bae49247a5495002d2a08bb3e756cd940c9b96d">Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]</ref>. La procédure a pris fin en mars 1957 avec le réajustement aux dispositions de la ''Bundesgesetz zur Entschädigung für Opfer der nationalsozialistischen Verfolgung'' (loi fédérale relative à l'indemnisation des victimes des persécutions nazies) promulguée le 29 juin 1956<ref name="7eb337e5edd27e40c0ec2eea1dc1011a36e22525">Goschler: ''Schuld und Schulden'', p. 535.</ref>. | |||
En amont de diverses procédures juridiques lancées après la guerre contre différents membres de la SS, Bruno Splitt a été entendu à plusieurs reprises sur sa détention à Sachsenhausen. Cela a notamment été le cas en août 1961 dans le cadre d’enquêtes en cours contre les ''SS-Scharführer'' Otto Kaiser (1913-1996) et Friedrich Meyerhoff (1916-1987)<ref name="8e812d6dab790d938e620e47281657ac10a97403">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Ils étaient tous les deux chefs de bloc et de commando à Sachsenhausen<ref name="1eb5249b11526125b40f6063b52ffd013a976209">Stephanie Bohra: ''Tatort Sachsenhausen. Strafverfolgung von KZ-Verbrechen in der Bundesrepublik Deutschland'' Berlin: Metropol, 2019. p. 56.</ref>. Une procédure avait été lancée contre Meyerhoff à Cologne en 1959 en raison de sa participation à l’assassinat de prisonniers de guerre soviétiques. Les enquêtes ont abouti en 1964 au premier procès de Sachsenhausen contre ces deux criminels<ref name="f4252d82f6aacd0d068b527fff136eb24a22e6bb">Bohra: ''Tatort Sachsenhausen.'' p. 61 f.</ref>. Bruno Splitt n’a toutefois pas pu fournir de nouvelles informations sur les accusations portées contre eux<ref name="8e812d6dab790d938e620e47281657ac10a97403">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Lors d’une deuxième audition de témoins le 13 octobre 1968, il a été interrogé sur le médecin de camp, Ludwig Ehrsam. Bruno Splitt a admis qu’il se rappelait simplement de ce nom mais ne pouvait rien rapporter de plus précis. Cette retenue est étonnante, dans la mesure où Ludwig Ehrsam, médecin-SS d’abord à Dachau puis à Sachsenhausen, était connu sous le nom de ''Dr Grausam'' (Dr Cruel) pour son traitement particulièrement brutal et inhumain des détenus<ref name="165305cb294419bb149e1b8db7abc2ef485b5e48">Marco Pukrop: ''„SS-Mediziner zwischen Lagerdienst und Fronteinsatz. Die personnelle Besetzung der Medizinischen Abteilung im Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945“'' Diss. phil., Hannover, Gottfried Wilhelm Leibniz Universität, 2015. p. 283 ss. En 1946, Ehrsam avait déjà été condamné à mort par un tribunal militaire soviétique. Cependant, l’incertitude a longtemps régné en République fédérale d’Allemagne sur le lieu où se trouvait Ehrsam, ce qui explique l’interrogatoire. Ibidem p. 297 f.</ref>. Bruno Splitt n’a rien pu ajouter au procès-verbal non plus sur les meurtres en lien avec le ''Schuhläuferkommando''<ref name="8e812d6dab790d938e620e47281657ac10a97403">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]</ref>. Les membres du ''SS-Kommandanturstab'' (état-major) ne se présentaient généralement pas aux détenus par leur nom, de sorte que ces derniers se transmettaient entre détenus. Cela conduisait bien évidemment souvent à des confusions et a considérablement entravé l’identification des auteurs d’atrocités au cours des procédures juridiques d’après-guerre<ref name="52a85b4b1eb5c73bde8f8e0fd3cbef851ae17d1e">Bohra: ''Tatort Sachsenhausen.'', p. 205.</ref>. | |||
On ignore comment Bruno Splitt a vécu les dernières années de sa vie. Il ne s’est pas remarié et n’a pas eu d’enfants. On ne sait pas non plus s’il a repris une activité politique après la guerre<ref name="a436e5fdc09657afc7d3eb535f8bd009c703aad6">Ni la VVN-BdA (association des persécutés du régime nazi) d’Essen ni celle de Hof ne connaissent son nom ni son destin. Correspondance personnelle de l’auteure avec Eva Petermann, VVN-BdA de l’association de l’arrondissement Hof-Wunsiedel.</ref>. Nous n’avons pas retrouvé de camarade qui l’aurait connu personnellement et aurait pu témoigner<ref name="631be8fc79982fed463ca946012b686797aab716">Communication personnelle d’August Ballin, chef de district du DKP (''Deutsche Kommunistische Partei'', Parti communiste allemand) de Bavière du Nord par e-mail du 03/03/2021. Il a transmis la demande au DKP-Hof et à un camarade de 91 ans qui a vécu à proximité de Goldkronach durant la période concernée. Cependant, les membres actuellement en activité à Hof n’ont aucune connaissance de Bruno Splitt, ce qui tient d’une part au fait qu’ils ont emménagé à Hof après son décès et d’autre part au fait que les camarades qui auraient pu le connaître sont déjà décédés.</ref>. Peut-être a-t-il préféré se retirer de la vie publique pour ne pas compromettre ses droits dans la procédure d’indemnisation<ref name="af3b182181403ace8f0777de20f831f130d06600">Selon la loi fédérale complémentaire (''Bundesergänzungsgesetz'') du 1er octobre 1953, est exclu de toute revendication « celui qui combat l’ordre fondamental libéral et démocratique ». Les fonctionnaires du KPD de haut rang surtout étaient visés par cette disposition, moins les simples membres du KPD. Goschler: ''Schuld und Schulden''. p. 192.</ref>. Il est également possible qu’il ait préféré tirer un trait sur son passé. Bruno Splitt est décédé le 21 avril 1981 à Hof<ref name="1ef5bb259d15c39fd69fff2f97960392346f8745">Stadtarchiv Hof, Einwohnermeldekartei [Archives municipales de Hof, fiche de recensement des habitants]</ref>. | |||
Lea Münch | |||
Traduction : Silke Vaissière-Trontin | |||
|Contexte_de='''Essen im Sommer 1933.''' | |||
„Weil ich aber bald merkte, daß ich festgenommen werden sollte, wurde ich flüchtig. [...] Ich hielt mich innerhalb des Stadtgebiets verborgen. Ich habe mal 8 Tage hier und mal 8 Tage dort gewohnt, es kann auch sein, daß ich manchmal an einer Stelle länger gewohnt habe.“<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> So schilderte der kommunistische Widerstandkämpfer Bruno Splitt seine Zeit im Untergrund. Viel mehr ist über diesen Lebensabschnitt Bruno Splitts aus den Quellen nicht zu erfahren – außer, dass er quasi seit dem Frühjahr 1933 wie viele seiner Genoss*innen ständigen Repressionen ausgesetzt war. Im Juni 1933 war ein Haftbefehl gegen ihn erlassen worden, sodass er jederzeit damit rechnen musste, festgesetzt zu werden. Ein Blick auf die Geschehnisse in Essen, eine Hochburg der Arbeiterbewegung im Ruhrgebiet, lässt erahnen, was das für ihn persönlich bedeutet haben muss. Der nationalsozialistische Terror nach der Machtergreifung manifestierte sich täglich aufs Neue. Vor Übergriffen, Gefangennahmen und Folter konnte keiner der organisierten Arbeiter*innen mehr sicher sein. Die Gefängnisse waren hoffnungslos überfüllt und viele verschwanden in den neu entstehenden KZs. In Bochum wurden mehrere KPD-Funktionäre in einer SA-Kaserne physisch misshandelt, schwerverletzt durch die Straßen geschleppt und schließlich dort in der Öffentlichkeit liegen gelassen. Auch vor Mord schreckte die SA nicht zurück: Nach der Zerschlagung der Gewerkschaften am 2. Mai 1933 fanden Spaziergänger*innen die Leichen von vier Funktionären des Allgemeinen Deutschen Gewerkschaftsbunds im Wasser.<ref name="11fde44a13daea7f8ef2c46070efd183d725de84">Detlev Peukert, 'Ruhrarbeiter gegen den Faschismus''. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945 (Frankfurt a. M.: Röderberg, 1976). S. 42 ff.</ref> Damit seien nur einige wenige Beispiele genannt, die die Realität des Terrors widerspiegeln. Der gewaltvolle Umgang der Gestapo mit verhafteten Genoss*innen dürfte Bruno Splitt sicher nicht verborgen geblieben sein und muss mit den fortwährenden Repressionen eine psychisch höchst belastende Atmosphäre der Angst geschaffen haben. Diese Situation spitzte sich im Oktober 1933 noch erheblich zu, als von der Polizei in Essen im großen Umfang Fahrradkontrollen durchgeführt wurden, bei denen sich die betreffende Person ausweisen musste. Um Bruno Splitt eine falsche Identität zu verleihen und damit vor der drohenden Verhaftung zu bewahren, übergab ihm seine Frau Hedwig den Militärpass seines Bekannten mit dem Namen Fritz Kleta (geb. 1.02.1895 in Berlin-Steglitz, - ?). Dies konnte Bruno Splitt jedoch nicht schützen, er wurde in Essen-Bottrop im Dezember 1933 festgenommen. Die Polizei fand den Ausweis bei ihm, den er wohl nicht verwendet hatte. Es ist denkbar, dass die Polizei genau wusste, wie der Gesuchte aussah – die entsprechende Akte enthält ein ziviles Passfoto von Bruno Splitt.<ref name="da9ccc8c49a42daa8a0b940087b19203443a2239">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933.</ref> | |||
[[Fichier:Splitt_photo.jpg|frame|''Abbildung 1: Bruno Splitt, privates Foto, vermutlich um 1930. LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867'']] | |||
'''Arbeiterbewegung und kommunistischer Widerstand in Essen''' | '''Arbeiterbewegung und kommunistischer Widerstand in Essen''' | ||
Bruno Splitt wurde am 4. September 1898 in Graudenz (damals Westpreussen, heute Polen) als Sohn des Schuhmachers Ernst und dessen Ehefrau Pauline Splitt geboren. | Bruno Splitt wurde am 4. September 1898 in Graudenz (damals Westpreussen, heute Polen) als Sohn des Schuhmachers Ernst und dessen Ehefrau Pauline Splitt geboren.<ref name="3eef96fd7c2cab365c9743a1d216de0bdb59013f">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, 2000, Heiratssammelakte, Standesamt Essen-Borbeck</ref> Über seine Kindheit ist fast nichts bekannt. Von 1907 bis 1912 besuchte er die Grundschule, vermutlich in seinem Geburtsort. Danach zog er nach Essen.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Dort angekommen, war Bruno Splitt zuerst als Laufbursche und dann als Lagerist bei der Firma Grubenbecker beschäftigt. Von 1916 bis 1917 arbeitete er als Presser bei der Firma Thyssen.<ref name="efeb5eade7ec17d251f435b6e9010a70a57f8252">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland NW 1005-I/G17, 498</ref> Vom September 1917 bis Juli 1919 war er zum Heeresdienst eingezogen, vom Januar 1918 bis 9. April 1918 befand er sich an der Westfront. Bei den langen Märschen traten gesundheitliche Probleme an seinen Füßen auf und er wurde zurück nach Deutschland zum „Landsturm“ in Schlettstadt im Elsass (heute frz. Sélestat) versetzt.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> Nach Ende des Ersten Weltkrieges und der Demobilisierung arbeitete er zunächst in einer Kohlefabrik in der Nähe der Essener Zeche Wolfsbank.<ref name="efeb5eade7ec17d251f435b6e9010a70a57f8252">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland NW 1005-I/G17, 498</ref> Er war zusammen mit Ernst und Emil Splitt in der Germaniastraße 71 in Essen gemeldet.<ref name="3eef96fd7c2cab365c9743a1d216de0bdb59013f">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, 2000, Heiratssammelakte, Standesamt Essen-Borbeck</ref> Bei erstgenanntem handelt es sich definitiv um seinen Bruder,<ref name="8b70263d3dff591f518bf1192aa35f943d5d2b10">DHVS, Bibliothek Krankenakte Nr: 27/56 Bruno Splitt (1943)</ref> bei zweitgenanntem ist dies ebenso denkbar. In dieser Zeit engagierte Bruno Splitt sich erstmals politisch. Er organisierte sich 1919 gewerkschaftlich im „Bergarbeiterverbund Deutschland“ und trat im Oktober 1920 der USPD bei, um nach deren zunehmenden Verfall und Machtverlust der neu gegründeten KPD anzugehören.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> Bruno Splitt war danach mehrfach bei der Firma Krupp in Essen beschäftigt (Abb. 2). | ||
[[Fichier:Splitt_Krupp.jpg|frame|''Abbildung 2: Beschäftigungszeiten Bruno Splitts bei Krupp.<ref name="475260d49a8a4133b0d050dd4ecc72822a5905e0">Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 '''(Abbildungsgenehmigung noch einzuholen)'''</ref>'']] | |||
Zunächst arbeitete er ab dem 16. Oktober 1920 dort als Hilfsarbeiter, bis er aufgrund von „Arbeitsmangel“ am 23. November 1923 vermutlich im Zuge der Hyperinflation und der gleichzeitigen französisch-belgischen Ruhrbesetzung entlassen wurde. Ähnliches wiederholte sich nachdem er am 25. Juli 1927 eingestellt und am 18. September 1929 vermutlich aufgrund der sich zuspitzenden Weltwirtschaftskrise entlassen wurde.<ref name="3e28554beff6a130f0e405ab6d8dc0716ddeede7">Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326</ref> Zwischenzeitlich fand er als Bergmann auf der Zeche Carolus Magnus, einem Steinkohlebergwerk in Essen-Bergeborbeck wieder Arbeit. Diese Stelle verlor er aufgrund eines Arbeitsunfalls, bei dem er sich den linken Daumen brach. Es folgten einige Jahre der Arbeitslosigkeit währenddessen er von „Erwerbslosenunterstützung“ lebte.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> In dieser Zeit wendete er sich vermehrt der Politik zu. Bereits seit 1927 war er als Unterkassierer und Org.-Leiter der KPD für den Essener Stadtteil Borbeck tätig. Diese Funktion übte er bis zum 1. März 1933 aus.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> Er geriet zunehmend durch seine politischen Aktivitäten ins Visier der Polizei. Am 29. Oktober 1929 nahm Bruno Splitt an einer Demonstration gegen das Verbot des paramilitärischen Roten Frontkämpferbundes (RFB) teil. Er wurde verdächtigt, einer der ebenfalls verbotenen Nachfolgeorganisationen anzugehören, weswegen er verhaftet wurde. Das zuständige Schöffengericht sprach ihn jedoch am 21. August 1930 von allen Vorwürfen frei.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> Am 27. Mai 1930 heiratete Bruno Splitt die Hausangestellte Hedwig Frieda Johanna Rittelmeyer (geboren am 26. Mai 1909 in Essen-Borbeck). Zum Zeitpunkt seiner Hochzeit waren seine Eltern, die in Graudenz verblieben waren, bereits verstorben.<ref name="c4c31de8c2b181c456390fb3464b1809bcebe21b">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Heiratsurkunde Nr. 296/1930, Standesamt Essen-Borbeck,</ref> | |||
[[Fichier:Splitt_Hedwig_photo.jpg|frame|''Abbildung 3: Hedwig Frieda Splitt, undatiert.<ref name="6e598f304b2f3f34af521ff8073b686d4b8cd44b">Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, , Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles '''normalerweise 30 Euro Gebühren bei Publikation, aber für thèse entfallen diese ggf., ANTOINE Olivier, Service de reproduction repor@arch.be nochmal vorher kontaktieren.'''</ref>'']] | |||
Bruno Splitts Trauzeuge war der mit ihm Verwandte Bergmann Emil Splitt. Am 21. März 1931 war Splitt in eine „politische Schlägerei“ verwickelt, die eine Verurteilung zu einer Geldstrafe von 20 RM und 4 Tagen Gefängnis wegen gefährlicher Körperverletzung am 24. Juli 1931 verurteilt. Im gleichen Jahr wurde gegen ihn wegen des Tragens einer Armbinde mit der Aufschrift „Roter Helfer“ ein Erfahren eingeleitet, dass aber im September 1931 eingestellt wurde. Immer wieder leitete Splitt im Essener Stadtteil Borbeck Versammlungen und Kundgebungen der KPD, besonders häufig im Lokal „Brück“.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> | |||
Sein politisches Engagement beschränkte sich nicht auf die Ebene der Parteiarbeit und praktische Aufgabenbereiche. Zu Beginn der 1930er Jahre hat Splitt an einen Kurs an der internen Reichsparteischule Rosa-Luxemburg in Fichtenau (Baden-Württemberg) teilgenommen.<ref name="12738da731bd76dac2864a23a39ce4aa314264a4">Weiterführend dazu: Willi Persike und Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau), Damals in Fichtenau: Erinnerungen an die zentrale Parteischule der KPD (Fichtenau: Selbstverlag Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau, 1980).</ref> Diese diente zur Vermittlung und Diskussion der marxistisch-leninistischen Philosophie und schloss auch die Lektüre des Kapitals und anderer Schriften von Marx sowie Lenin und anderen mit ein. Außerdem wurden die Geschichte der Arbeiterbewegung und Strategie und Praxis der politischen Arbeit thematisiert und ein Erfahrungsaustausch unter den Kommunist*innen angeregt. Die Seminarist*innen wurden von Parteikoryphäen wie Hermann Duncker, Karl- August Wittvogel und Ernst Scheller unterrichtet. Regelmäßig hielten dort auch Wilhelm Pieck und Ernst Thälmann Vorträge. Wen Bruno Splitt dort persönlich getroffen hat, muss offenbleiben. Die Teilnehmer*innen hatten vorab eine Lektüre zur Vorbereitung zu lesen und sich durch eine eingereichte Hausarbeit für die Teilnahme zu qualifizieren. Die Atmosphäre des Ortes wurde von Zeitzeug*innen als von „Lernbegeisterung“ und der „Macht des Wissens“ geprägter Ort beschrieben.<ref name="3b08c8004835104b803a30af4ea0be748bd7a680">Martin Sabrow, ''Erich Honecker: das Leben davor: 1912-1945'' (München: Beck, 2016). S. 67 f.</ref> Bruno Splitts politische Karriere in der Weimarer Republik fand ihren Höhepunkt mit seiner Wahl 1932 zum Stadtverordneten in Essen. Es gehörte nun zu seinen Aufgaben, Versammlungen der Partei zu leiten, so organisierte in führender Position im Dezember 1932 den Unterbezirksparteitag der KPD in Essen.<ref name="e77f61d377a6323112f6f19cc98415f8c0329b93">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> | |||
Wie eingangs bereits deutlich wurde, erfuhr die politische Arbeit Bruno Splitts mit der Machtergreifung eine tiefe Zäsur. Er arbeitete mittlerweile wieder als Bergmann und wohnte in Essen-Fintrop im Graffweg 19.<ref name="184868c71092bfc11f7fd52ba52b92069c441c75">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867</ref> Die Nachricht über die Regierungsbildung am 30. Januar 1933 veranlasste die Menschen in vielen Teilen des Ruhrgebiets dazu, auf der Straße ihrer Empörung Ausdruck zu verleihen. Auch in Essen-Borbeck fanden Demonstrationen statt, bei denen gut denkbar ist, dass Bruno Splitt daran teilnahm.<ref name="79a2be216e41c4fe1b67047dbf5336cfeb28bfdd">Peukert, ''Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945'', . S. 47.</ref> Die NSDAP erreichte bei den Reichstagswahlen im März 1933 auch in Essen mit 30,6 Prozent der abgegebenen Stimme auf dem demokratisch-legalen Weg keine Mehrheit. Die Bezirksleitung Ruhrgebiet der KPD erklärte daraufhin in einem Rundschreiben: „Die Entwicklung des Faschismus in der Vergangenheit trug mehr einen quantitativen Charakter. Die Kette der terroristischen Bluttaten und Mordakte... [...] Nunmehr aber mit der legalen Einbeziehung der Nazis und Stahlhelmer in den Staatsapparat beginnt der Umschlag in die qualitative Entwicklung des Faschismus in der Linie des legalen, wohldurchdachten, zentralen und organisierten Einsatzes der faschistischen Terrorformation.“<ref name="d3a902b0474f127540b2cf3cba4b767fbef46e63">Peukert. S. 40.</ref> In den Gemeindewahlen am 12. März 1933 entfielen auf die NSDAP genau 31 Mandate. Auch hier bedeute dies keine Mehrheit, die sich die Nazis nun aber auf gewaltsamen Weg aneignete, indem sie die 12 Mandate der KPD ersatzlos streichen ließ.<ref name="b9b3a8d7f7ddcc102028c3797817ed43e0dda0f5">Alte Synagoge Essen, Hrsg., ''Verfolgung und Widerstand in Essen, 1933-1945: Dokumentation zur Ausstellung'' (Essen: Klartext, 1991). S. 33.</ref> In den Monaten nach der Machtergreifung war Splitt weiter in der Verwaltung von Finanzen und Kassieren sowie auch beim „Vertrieb von Flugblättern“ involviert.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> Wie Bruno Splitt diese Zeit persönlich erlebt hat, bleibt im Dunkeln. Aber die Schilderungen über die Geschehnisse in den Arbeitervierteln Essens lassen erahnen, in welch bedrohlicher Situation seine Genoss*innen und er sich befunden haben müssen. Die SS, SA und Polizei umzingelte mehrfach die Häuserblocks der Arbeiter*innen, die als „Zentren des politischen Widerstandes“ gegen die Nationalsozialisten galten und durchsuchten sie Haus für Haus, wobei prominente Personen verhaftet wurden. Man versuchte der organisierten Arbeiterschaft zuzusetzen, indem „politische Bücher und Zeitungen“ bis hin zu „Sportgeräte und Musikinstrumente der Arbeiterkulturorganisationen“ entwendet wurden. Derartige Razzien fanden in verschiedenen Stadtteilen Essens vom Frühjahr bis September 1933 statt.<ref name="1a3478b433c91a25a88ac978bd5385d8ca1687a5">Alte Synagoge Essen, ''Widerstand und Verfolgung in Essen, 1933-1945''. S. 34.</ref> Die Arbeiterbewegung beantwortete dies mit mannigfaltigen Widerstandsaktionen. Eine der kreativsten Protestakte bestand darin, über Nacht einen weithin sichtbaren „Rot Front“-Schriftzug an einem zentral gelegenen Bürohaus anzubringen.<ref name="138bb872cff421680b6869c2255a159e613e43ef">Ernst Schmidt, ''Lichter in der Finsternis Widerstand und Verfolgung in Essen 1933 - 1945. Erlebnisse, Berichte, Forschungen, Gespräche'', 2. Aufl., Bd. 1 (Frankfurt am Main: Röderberg, 1980). S. 133 ff.</ref> Ob und wie sich Bruno Splitt an diesen oder ähnlichen Aktionen beteiligte, ist unklar.<ref name="482eb853adde449f792fa741ab345ca3f1def98f">Eine der ausführlichsten Darstellungen des Essener Widerstandes stammt von Lokalhistoriker Ernst Schmidt, bei dem Bruno Splitt aber keine namentliche Erwähnung findet. Vgl.: Schmidt.</ref> Fest steht jedoch, dass Bruno Splitt nicht davon abließ, die Organisationsstruktur der KPD zu reorganisieren und deren Handlungsfähigkeit aufrecht zu erhalten. Dies blieb nicht ohne Konsequenzen. Das Amtsgericht in Essen erließ am 11. Juli 1933 Haftbefehl gegen Bruno Splitt. Er wurde beschuldigt im Mai<ref name="cf53e41e7929ce496fc69e5dc231fefe5cd3d87f">Haftbefehl nennt als Tatzeitraum Mai.</ref> des gleichen Jahres „gemeinschaftlich mit Anderen handelnd, es unternommen zu haben, die Verfassung des Deutschen Reiches gewaltsam zu ändern, durch dieselbe Handlung anders, ein hochverräterisches Unternehmen vorbereitende Handlungen unternommen zu haben, - Verbrechen gegen §§ 81, Z. 2, 86, 47, 73 St.G.B. [...] Fluchtverdacht ist gesetzlich begründet, da ein Verbrechen Gegenstand der Untersuchung bildet. Auch besteht mit Rücksicht auf die Teilnahme mehrerer Verdunklungsgefahr.“<ref name="704442a10d79c658fb49f01d7c6681936ef7f0d0">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12359, Haftbefehl vom 11. Juli 1933.</ref> Schließlich wurde Bruno Splitt am 11. August 1933 mit vier anderen Kommunisten angeklagt, die im oben zitierten Haftbefehl genannten Verbrechen im April<ref name="1f4059dfc7e59fac3697dd35915bf7996595b0dc">Die Anklagschrift nennt als Tatzeitraum April.</ref> des gleichen Jahres begangen zu haben. Zum Zeitpunkt der Gerichtsverhandlung saßen Bruno Splitts mitangeklagte Genossen alle in Untersuchungshaft, er selbst konnte sich noch vor dem Zugriff der Polizei versteckt halten. Aus der Perspektive der Essener Polizei war Bruno Splitt „kommunistischer Funktionär“ und „fanatischer Anhänger der kommunistischen Ideen“.<ref name="74509d06b070822f2b05e57dac664df39027f4ba">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933.</ref> Bruno Splitt initiierte laut der Urteilsbegründung zufolge im April 1933 die Verbreitung von verschiedenen Flugblätter und Zeitschriften der KPD. Er soll 40 Exemplare an seinen Genossen Johann Klaus zur weiteren Verteilung übergeben haben.<ref name="f4c7671cc51ca955dea0d51df86956f6622bb9f8">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Urteil vom 21.10.1933</ref> Die Drucksachen informierten über die Repressionsmaßnahmen des NS-Regimes, forderten eine Freilassung Ernst Thälmanns und aller anderer Inhaftierten. Ebenso waren der Aufruf zur Organisation der Arbeiterbewegung und Widerstand Thema.<ref name="74509d06b070822f2b05e57dac664df39027f4ba">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933.</ref> In der Anklageschrift wurde die Verteilung der Schriften als „Vorbereitung zum Hochverrat“ gewertet, da die KPD die Errichtung einer „Rätediktatur des Proletariats nach sowjet-russischem Vorbild“ anstrebte. Im Sinne der Anklage wurden alle seine Genossen als schuldig befunden und erhielten Zuchthausstrafen von einem Jahr und neun Monaten. Bruno Splitt wird in dem Urteil nicht erwähnt,<ref name="e39977a7d09fbc0039f07378aa44f17daf53a84c">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Urteil vom 21.10.1933.</ref> da er sich wie eingangs beschrieben zunächst versteckt halten konnte. Nach seiner Verhaftung wurde er ins Essener Untersuchungsgefängnis verbracht. Seine Frau Hedwig besuchte ihn dort einige Tage vor Weihnachten 1933.<ref name="da9ccc8c49a42daa8a0b940087b19203443a2239">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933.</ref> Wann und ob er seine Frau danach nochmals wiedergesehen hat, ist ungewiss. | |||
Die Widerstandgruppe um Bruno Splitt hatte sich im Jahr 1933 offensichtlich nicht von den massiven Repressionen einschüchtern lassen und ihre Arbeit fortgesetzt. Nach seiner Verhaftung wurde er im Jahr 1934 nun dafür erneut juristisch verfolgt und stand zusammen mit 83 anderen Kommunist*innen wegen „Vorbereitung zum Hochverrat“ vor Gericht. Der Zusammenschluss hatte die Vervielfältigung von Schriften und deren Verteilung wiederaufgenommen. Im Zuge der Ermittlungen wurden eine Schreibmaschine, ein Vervielfältigungsapparat und diverse Druckschriften und Flugblätter von der Polizei beschlagnahmt. Schenkt man den Ergebnissen der polizeilichen Untersuchungen Glauben, dann sah Bruno Splitts Tätigkeit im kommunistischen Widerstand nach der Machtübernahme folgendermaßen aus.<ref name="161ef636548035d5eb53c652a11fe2e5d04067ab">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> Splitt stand neben zwei anderen Angeklagten an der „Spitze der Organisation“ und war ununterbrochen in Essen politisch aktiv. Im Wortlaut der Anklageschrift bezeichneten die anderen aus der Gruppe Bruno Splitt als den „Macher“, der die Initiative ergriff, die unterschiedlichen Aufgabebereiche miteinander vernetzte und auch andere zur Mitarbeit bewegen konnte.<ref name="184868c71092bfc11f7fd52ba52b92069c441c75">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867</ref> Die Region des Ruhrgebiets wurde bei dem Versuch ein Widerstandsnetz aufzubauen in sechs sogenannte „Instruktionsgebiete“ aufgeteilt. Die Stadt Essen entsprach dem „Bezirk II“ und war wiederum in vier „Unterbezirke“ aufgegliedert: Altessen, West, Mitte und Kray-Steele.<ref name="6543f7a8555401146f5bcf3e93d9fd0d2730a5a0">Peukert, ''Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945'', . S. 68.</ref> Laut der Urteilsbegründung hatte bei dieser Reorganisationsphase Bruno Splitt „eine besondere Rolle“ gespielt. Er habe nach der Machtübernahme seine bereits seit Oktober 1932 wahrgenommene Tätigkeit als „Orgleiter des Unterbezirks Groß-Essen“ im Untergrund wiederaufzunehmen und die „Organisation der KPD [...] wiederherzustellen.<ref name="161ef636548035d5eb53c652a11fe2e5d04067ab">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> Er sei in den verschiedenen Stadtteilen Essens „eifrig tätig“ gewesen. Seine Aufgabe sein es gewesen Genossen zur „illegalen Tätigkeit und zur Übernahme von Funktionärsposten“ wie beispielsweise als „Kassierer“ einzuteilen und zu motivieren. Damit hatte er der Urteilsbegründung zufolge bereits direkt nach der Machtergreifung begonnen. Er war maßgeblich an der Organisation der Verbreitung von „Informations- und Propagandamaterial“ beteiligt. Es folgten regelmäßige Treffen mit diversen Genoss*innen. Es sei ihm dadurch gelungen „in fast allen Stadtteilen Funktionäre für die KPD“ zu gewinnen und die „alte Organisation zu beleben“. Er soll beispielsweise die Einrichtung einer „Postanlaufstelle“ im Mai oder Juni 1933 initiert haben, die zum Dreh- und Angelpunkt der Vervielfältigung und Verteilung der Flugschriften werden sollte. Die Gruppe schaffte es, mehrere tausend Flugblätter herzustellen und zu verbreiten. Weiterhin wurde Geld zur Unterstützung u. a. von inhaftierten Mitgliedern der KPD und deren Familien gesammelt.<ref name="161ef636548035d5eb53c652a11fe2e5d04067ab">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> Auch die Organisation der illegalen Tätigkeit war ohne finanzielle Mittel nicht möglich. Die Bezirksleitung Ruhrgebiet rief dazu auf, regelmäßig die Beiträge zu entrichten, denn „jeder Pfennig ist heute Munition.“ Die Einnahmen beliefen sich beispielsweise im Herbst 1933 monatlich auf rund 1000 RM, das zeitgenössisch als „Opfermut“ der Widerstandkämpfer*innen gedeutet wurde – waren doch viele von ihnen arbeitslos.<ref name="6e03562671df4b467a75cf4b45a2efc32c960952">Peukert, ''Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945'', . S. 61.</ref> Auch übernahm Splitt erneut die Funktion eines Funktionärs im Unterbezirk von Essen, die er angeblich wegen eines „Nervenzusammenbruchs“ im Juli 1933 zwischenzeitlich aufgegeben haben soll.<ref name="161ef636548035d5eb53c652a11fe2e5d04067ab">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> Es liegt nahe, dass er diesen als Reaktion auf den Haftbefehl erlitten hat. In einer Zusammenkunft mit anderen Angeklagten am 13. November 1933 wurde geplant, dass er zukünftig als „Polleiter“<ref name="369ab2214414f86e7682f3bad51134414dac6944">Politischer Leiter</ref> das „Instruktionsgebiet Gelsenkirchen“ ebenfalls übernehmen sollte. Durch seine Festnahme kam es anscheinend aber nicht mehr dazu.<ref name="161ef636548035d5eb53c652a11fe2e5d04067ab">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> Am Ende des Verfahrens wurden in der Urteilsverkündung am 19. Oktober 1934 unterschiedliche Strafen verhängt, Bruno Splitt wurde zu zwei Jahren Zuchthaus verurteilt. Dabei wurden ihm acht Monate und zwei Wochen von der Untersuchungshaft angerechnet.<ref name="161ef636548035d5eb53c652a11fe2e5d04067ab">LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915</ref> | |||
Die beschriebe Tätigkeit ist paradigmatisch für die Widerstandsaktivitäten nach dem Übergang der KPD in die Illegalität zum Zeitpunkt des Reichtagbrandes. Da viele der Führungskader verhaftet waren, warten die örtlichen Gruppen nicht lange auf Weisungen und versuchten auf Eigeninitiative hin den „Zusammenhalt [zu] wahren, Gelder [zu] sammeln“ sowie „Informationsmaterialien“ herzustellen und deren Verteilung zu organisieren.<ref name="35744303559b8aeba9a0c334cef3d4826e507d41">Peukert, ''Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945'', . S. 52.</ref> Bereits im Vorfeld waren Material wie Druckmaschinen, Matrizen, Schreibmaschinen und Papier an geschützten Orten deponiert worden. Das publizistische Organ der KPD im Wirkungskreise Bruno Splitts war das „Ruhr-Echo“, deren Reproduktion und Verteilung seinen Genoss*innen und ihm in der Anklageschrift zur Last gelegt wurde.<ref name="2ea2cbabce00bd440999c6d9b27c829e5cb5d4f1">Peukert. S. 53 ff.</ref> Auch wenn dieser Widerstand auf einer weit verbreiteten, fatalen Fehleinschätzung der KPD beruhte, dass das NS-Regime durch ein nur ausreichendes Aufgebot an Gegenwind in absehbarer Zeit geschlagen werden könne, schmälert dies jedoch nicht dem Mut, den Splitt und seine Mitkämpfer*innen aufgebracht haben. | |||
'''Esterwegen – Sachsenhausen – Natzweiler – Dachau – Neuengamme: Eine Odyssee durch die Konzentrationslager''' | |||
Am 25. Dezember 1935 hatte Bruno Splitt seine Zuchthausstrafe in der Strafanstalt Münster in Westfalen abgesessen. Die Strafanstalt teilte mit, dass er sich „zwar gut geführt hätte“, aber eine „innere Umstellung bei ihm nicht zu erkennen gewesen“ sei. Nach der Einschätzung der zuständigen Gestapo Düsseldorf, Außendienststelle Essen, handelte es sich bei Bruno Splitt um einen „ganz gefährlichen Kommunisten“. Der zuständige Strafanstaltsdirektor in München bezeichnete Splitt darüber hinaus als „Großmaul“. Daher wurde er über das Gefängnis in Essen in Schutzhaft ins KZ Esterwegen eingewiesen. Die von der Gestapo Essen und dem KZ verfassten Schreiben und Beurteilungen anlässlich anstehender „Haftprüfungstermine“ waren Ausdruck der Willkürherrschaft und lesen sich wie bloße Makulatur. Fast gänzlich unabhängig von Bruno Splitt „Führung“ im Lager und egal wie oft er die Aussage tätigte, er wolle sich politisch nicht mehr betätigen – einem einstweilen „rührigen Kommunisten“ glaubte man nicht und die Schutzhaft wurde mehrfach verlängert.<ref name="509c73fe540ec35d282f68d464ff23e08137ac7e">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927. Die Akten der Gestapo sind weitestgehend vernichtet, Düsseldorf und Würzburg bilden hier eine der wenigen Ausnahmen. Vgl. Claus-Christian W Szejnmann, „Regionalgeschichte und die Erforschung des Nationalsozialismus. Forschungsstand und Forschungsperspektiven“, in ''Sachsen und der Nationalsozialismus'', hg. von Jan Erik Schulte, Günther Heydemann, und Francesca Weil (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2014), 21–40., S. 21.</ref> Die Rekonstruktion der folgenden Odyssee durch die Konzentrationslager bleibt leider auf die rudimentären Dokumente aus der Täterperspektive beschränkt. Auch in den zahlreich vorliegenden Gesprächen mit Überlebenden der unterschiedlichen KZs blieb die Person Bruno Splitt unerwähnt. Damit bleiben die Fragestellungen, die sich auf das persönliche „Erleben“ und die „Wahrnehmung“ Bruno Splitts innerhalb der „(Zwangs-)Gesellschaft Konzentrationslager“ beziehen, unbeantwortet.<ref name="549fae4384bddbae1bcce48cbe9a84a4ca647fa9">Ulrike Jureit u. a., ''Überlebensgeschichten: Gespräche mit Überlebenden des KZ-Neuengamme'' (Hamburg: Dölling und Galitz, 1994). S. 153.</ref> Eine Annäherung an seinen Alltag wurde durch den Rückgriff auf allgemeinere Literatur versucht. | |||
Als das Schutzhaftlager Esterwegen im Sommer 1936 aufgelöst wurde, wurden die Häftlinge in das neu entstehende KZ Sachenhausen bei Oranienburg im Norden von Berlin verlegt.<ref name="26c75b29d10f77982af601b6211ed3509c586852">Günter Morsch und Astrid Ley, Hrsg., ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'' (Berlin: Metropol, 2010). S. 22.</ref> Bruno Splitt wurde in Sachsenhausen unter der Häftlingsnummer 000373 als Schutzhäftling registriert und zunächst im Häftlingsblock 5 und später in den Blöcken 12, 18 und 23 untergebracht.<ref name="be82b7450ade236cd2a4fc960229194cca9021b9">Datenbank der Gedenkstätte Sachsenhausen, Provenienz des Originals: Russisches Staatliches Militärarchiv, , Moskau 1367/1/22, Bl. 616</ref> In Sachenhausen begann der Aufbau des KZ mit der Rodung eines 80 Hektar großen Waldstücks. Im folgenden Jahr wurden rund 100 Gebäude von den Häftlingen errichtet, darunter Häftlingsbaracken, SS-Kasernen, Wirtschaftsgebäuden und SS-Siedlungshäuser.<ref name="6f329d84102510b8635fcc9b3ad5d81d126662b9">Morsch und Ley, ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'', . S. 20.</ref> Bruno Splitt hingegen war im Jahr 1936 als „Stubenältester, Blockeinkäufer und später Lagereinkäufer“ tätig und hatte damit in der Lagerhierarche als Funktionshäftling eine recht privilegierte Position.<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Im Frühjahr 1938 wurden in Sachsenhausen die unterschiedlichen Häftlingswinkel eingeführt.<ref name="fed7ee680a06e62fd72c4b55d44ea3276c1170ea">Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. S. 33 f.</ref> Bruno Splitt wird als „Schutzhäftling“ sehr wahrscheinlich einen roten Winkel getragen haben. | |||
Während Bruno Splitt im KZ Sachenhausen interniert war, floh seine Frau Hedwig Splitt mit einem Touristenvisum über Amsterdam nach Brüssel, wo sie irgendwann im Januar oder Februar 1937 ankam.<ref name="e89088f42c4879b14d51518f64081bf3f769c105">In den Dokumenten der belgischen Ausländerbehörde werden unterschiedliche Angaben zum exakten Datum gemacht.</ref> Dort wurde sie zunächst als politischer Flüchtling registriert, wobei dieser Status in den kommenden Jahren immer wieder von den Behörden in Frage gestellt wurde. Zunächst erhielt sie nur eine befristete Aufenthaltsgenehmigung bis zum Ende März 1937. Gegenüber den Behörden gab Hedwig Splitt an, dass sie „wegen politischer Arbeit“ geflüchtet sei, sie gehöre seit 1934 der „Trotzky [?]-Bewegung“ an. Sie habe Belgien gewählt, „weil meine Freunde hier sind“. In Brüssel wohnte sie bei der Belgierin Nora Sachse, die sie in ihren Angelegenheiten unterstützte, vermutlich einer der genannten Freunde. In einem anderen Fragebogen wiederum beantwortete Hedwig Splitt die Frage nach dem Grund für ihre Flucht folgendermaßen: „wegen illegaler Tätigkeit“ und „Beihilfe zur Flucht“. Um welche Flucht es sich handelte, bleibt unklar. Weiterhin beabsichtigte in Belgien zu „arbeiten, wenn es geht“. Die letzten Unterlagen, die sich erneut um ihren Aufenthaltsstatus drehen, datieren auf das Jahr 1941. Danach verliert sich ihre Spur.<ref name="eb13f74c3cc2e949cece36d28ca5a31669d5360a">Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles</ref> | |||
'''''Illustration rosa Schutzhaftbefehl Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), Nr. 927 ( JPEG 0063)''''' | |||
Nach insgesamt dreijähriger Haft wurde Bruno Splitt kurz vor Weihnachten, am 21. oder 23. Dezember 1938 aus Sachenhausen entlassen, was in dieser Zeit nicht unüblich war.<ref name="26a541e45ab64a829106e53a79f8ecc64fb7f421">Datenbank der Gedenkstätte Sachsenhausen, Provenienz des Originals: Russisches Staatliches Militärarchiv, , Moskau 1367/1/22, Bl. 616. Bzw. LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Nach seiner Freilassung arbeitete er als Bergmann auf der Zeche Carolus Magnus, einem Steinkohlebergwerk in Essen-Bergeborbeck.<ref name="efeb5eade7ec17d251f435b6e9010a70a57f8252">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland NW 1005-I/G17, 498</ref> Seine Zeit in Freiheit war nicht von langer Dauer. Im Zuge der „Aktion 1.9.1939“ wurde er auf seiner Arbeitsstelle erneut festgenommen.<ref name="0a743382ac7f39d64e4afa06dfb8b66994349c16">Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927</ref> Bruno Splitt gab in der Nachkriegszeit an, vom 8. September 1939 an erneut in Sachsenhausen gewesen zu sein.<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Damit gehörte er zu den rund 800 deutschen Männern, die von der Gestapo „nach lange vorbereiteten Listen“, die sogenannte Aktion „A-Kartei“ als politische Gegner nach Kriegsbeginn inhaftiert wurden.<ref name="2afc4374d8ec22a5c1773b57baaacb51a74f4fa8">Morsch und Ley, ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'', . S. 66.</ref> Bei dieser zweiten Inhaftierung erhielt er die Nummer 12 146.<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Im Jahr 1939 war er zunächst im „Lagerbau – SS-Siedlung – „tätig und anschließend seit Februar 1940 als „Einkäufer für den Krankenbau“.<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Er ist während seiner Haftzeit mehrmals erkrankt. Vom 21. Oktober 1940 bis 4. November 1940 wurde er wegen einer Phlegmone und erneut vom 10. Februar 1941 bis 18. März 1941 wegen einer Phlegmone am Knie behandelt.<ref name="eeff7df0815cf101fea3730b681845c8d85e515c">Arolsen Archives, , Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler, 01012902 oS</ref> Dies belegt auch eine Liste zum Zugang im Krankenbau am 10. Februar 1941.<ref name="ce774dcecab4335b857c949a01d57ab679f62293">Datenbank der Gedenkstätte Sachsenhausen, Provenienz des Originals: Russisches Staatliches Militärarchiv, , Moskau1367/1/54, Bl. 315</ref> ''[Behandlung in den Häftlingskarten Arolsen unleserlich]'' | |||
Am 2. Oktober 1940 wurde er einer Strafkompanie zugewiesen, da ihn ein Häftlingssanitäter beim Blockführer dieser Strafkompanie denunzierte und angab, Splitt hätte „illegale Geschäfte mit Kantinenware“ betrieben.<ref name="2628680d5ff27ec2b9c9ec7e758075f3c46324eb">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236</ref> Damit verlor Splitt zunächst seine privilegierte Position als Funktionshäftling. Dies könnte im Zusammenhang mit Streitigkeiten der Häftlingsgruppen „Politische“ und „Kriminelle“ stehen, die um diese Posten konkurrierten.<ref name="8a15c466745bde71eb55f11594545003449aadd0">Weiterführend und grundlegen hierzu vgl.: Hans Günther Adler, „Selbstverwaltung und Widerstand in den Konzentrationslagern“, ''Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte 8'', Nr. 3 (1960): 221–35.</ref> Die Häftlinge dieser Strafkompanie wurden besonders harten Arbeitskommandos zugeteilt. In Zusammenhang mit den „ständigen Misshandlungen“ bedeutete dies für viele den Tod.<ref name="d5223e21c802f592234428513c1f95984d56c438">Morsch und Ley, ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'', . S. 38.</ref> Zusätzlich erhielt Splitt „50 Stockschläge, 2 Stunden Pfahlhängen und 14 Tage Zellenbau“ seitens der Lagerleitung.<ref name="2628680d5ff27ec2b9c9ec7e758075f3c46324eb">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236</ref> Dies waren typische „Lagerstrafen“, die viele Häftlinge nicht überlebten. Die physiologischerweise gut durchbluteten Nieren wurden bei diesem Gewaltakt häufig derart in Mitleidenschaft gezogen, dass die Häftlinge schlichtweg verbluteten. Der niederländische Häftling Ab Nicolaas berichtete, dass nach der Prügelstrafe der „kaputtgeschlagene Hintern“ mit Hilfe von eigens zu diesem Zweck aufbewahrten „Margarineverpackungen“ „ganz vorsichtig“ behandelt worden wäre.<ref name="6caf7400e80ba46aab352f6a5c5049bee20b3072">Morsch und Ley, ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'', . S. 30.</ref> Es ist denkbar, dass die Strafe im Zellenbau vollstreckt wurde oder später auch lageröffentlich auf dem Appellplatz. Diesen Zellenbau ließ die SS Anfang 1937 errichten. Es handelte sich um ein T-förmiges Gefängnisgebäude mit 80 Zellen. Die SS vollstreckte in dem Gebäude Strafen und führte Verhöre durch.<ref name="e457f33918eefc53ad31b46e02eaf02c589a75c6">Morsch und Ley. S. 30.</ref> Zum dem Zeitpunkt als Bruno Splitt misshandelt wurde, geschah dies noch durch die SS selbst. Ab August 1942 wurden Mithäftlinge gezwungen die Prügelstrafe zu vollziehen.<ref name="a330afa088789c147cf8ebef3b431db06754f3c0">Morsch und Ley. S. 31.</ref> Nach Verbüßung dieser drakonischen Strafe wurde Bruno Splitt im November 1940 für fünf Wochen dem berüchtigten „Schuhläuferkommando“ zugeteilt, dem er etwa fünf Wochen angehörte.<ref name="2628680d5ff27ec2b9c9ec7e758075f3c46324eb">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236</ref> Seit dem Sommer 1940 wurden die Häftlinge dieses Strafkommandos gezwungen im Auftrag der Schuhindustrie die Sohle der Schuhe zu testen. Dies fand auf einer eigens dafür eingerichteten „Schuhprüfstrecke“ statt, die um den Appellplatz des Lagers herumführte. Bei jeder Witterung mussten die Häftlinge täglich bis zu 40 Kilometer in strammen Schritt im Kreis gehen. Wer dem nicht nachkommen konnte, wurde von der SS misshandelt. Bruno Splitt war einer der wenigen, der diese Torturen über die fünf veranschlagten Wochen überhaupt überlebte.<ref name="10a77ac5ef32da081c667b41bed66e76cec41ada">Morsch und Ley, ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'', . S. 80.</ref> | |||
Bruno | Die restliche Zeit in der Strafkompanie bis zu seiner Verlegung nach Natzweiler am 20. Mai 1941 gehörte Bruno Splitt anschließend dem sogenannten Lorenkommmando an.<ref name="2628680d5ff27ec2b9c9ec7e758075f3c46324eb">LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236</ref> Aus einem ärztlichen Gutachten in der Nachkriegszeit ist bekannt, dass Splitt im Winter 1939/40 erstmals an „Schwächezustände[n]“ und Herzanfälle[n]“ litt.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Dies ist nicht verwunderlich, da dieser Winter als der erste „Hungerwinter“ in Sachsenhausen bezeichnet wird. Ende 1939 hatte sich die Lage angesichts der Masseneinlieferungen seit Kriegsbeginn drastisch verschlechtert. Wegen der wachsenden Häftlingszahlen wurden die Essensrationen mehrfach verkürzt und der alltägliche Terror der SS nahm zu. So mussten viele Arbeiten beispielsweise im Laufschritt erledigt werden.<ref name="0c63e4be5ab21176f93fddaf12b55a7ae23cf62c">Morsch und Ley, ''Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen'', . S. 74.</ref> | ||
'''KZ Natzweiler und die Behandlung in der RUS''' | |||
Am 22. Mai 1941 endete Bruno Splitts Internierung in Sachsenhausen,<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> wo insgesamt rund 200.000 Häftlinge inhaftiert waren. Davon überlebte nur ungefähr die Hälfte den täglichen Terror. Bruno Splitt war einer von ihnen.<ref name="94a2475c16099f227fb05650306d0e19024181b7">Studentisches Projekttutorium, Hrsg., ''Un-Einheitlich. Biographien ehemaliger kommunistischer Häftlinge des Konzentrationslagers Sachsenhausen''. (Berlin: Freie Universität, 1998). S. 7.</ref> Dies bedeutete jedoch keineswegs seine Entlassung. Inzwischen war seit Anfang Mai der Bau des KZ Natzweiler-Struthof im Gange, wohin Splitt am 23. Mai 1941 verbracht und als Politischer Häftling mit der Nummer 230 registriert wurde.<ref name="db8c7a8f4b06da9c81e70f17a9114b523fef0831">Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives</ref> Er war damit Angehöriger des zweiten von insgesamt zwei Aufbau-Transporten, die Sachsenhausen verließen. Josef Kramer (10.11.1906 – 13.12.1945),<ref name="c33ffaaedac24802a9cac57850a8c94e6b4a5f44">Josef Kramer war ab 1934 in Dachau, 1937/38 Adjutant in Sachsenhausen, 1939 in Mauthausen. Im Mai 1940 in Auschwitz, ab April 1941 Schutzhaftlagerführer in Natzweiler, wo er ab 1942 zum Kommandanten aufstieg. Ab Mai 1944 Kommandant in Auschwitz-Birkenau, Ende des Jahres in Bergen-Belsen. Im Belsen-Prozeß in Lüneburg zu Tode verurteilt. Er war es auch, der die 86 Jüd*innen durch das Einleiten von Blausäuregas für Hirts Skelettsammlung ermordete. Ernst Klee, ''Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945'', 4. Aufl. (Frankfurt am Main: Fischer, 2013). S. 334.</ref> der seit April 1941 Schutzhaftlagerführer in Natzweiler war, war zuvor nach Sachsenhausen gereist, um dort 300 langjährige Häftlinge zu diesem Zweck auszuwählen.<ref name="d5d962b5a9fd47584ecf557273eb6204e933a2f2">Robert Steegmann, Struthof. Le KL-Natzweiler et ses kommandos. Une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin, 1941-1945 (Strasbourg: La nuée bleue, 2005). S. 44.</ref> Damit ist anzunehmen, dass Splitt als Funktionshäftling in Natzweiler vorgesehen und eingesetzt worden ist.<ref name="eb3de82b8dee79e1391929b9065081def13077a7">Ich danke Frau Dr. Astrid Ley für diese Einordnung. Persönliche Korrespondenz per Email vom 23.12.2020.</ref> Laut dem Effektenverzeichnis gab er bei der Einlieferung einen Hut, eine Jacke, eine Hose, vier Hemden, 1 Unterhose, drei Paar Strümpfe und ein Paar Schuhe ab.<ref name="db8c7a8f4b06da9c81e70f17a9114b523fef0831">Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives</ref> Seine „bevorzugte Post“ erhielt er von seinem Bruder Ernst Splitt aus Essen (damals wohnhaft Zweigstraße 11). Pro Kalendermonat erhielt und schrieb er mehrere Briefe. Über den persönlichen Alltag Splitts in Natzweiler ist fast nichts bekannt. Am 16. April 1943 erlitt Bruno Splitt in einen „Arbeitsunfall“, bei dem er sich eine „empfindliche Augenverletzung“ zuzog. Konkret handelte es sich um einen „Metallsplitter im rechten Auge“.<ref name="13e1c49a2aa4d02ac1b147ce6b0d86621760d2b3">Lagerarzt an den Lagerkommandanten 19. April 1943 über Krankenhauseinweisung Bruno Splitts, 01012902 oS / ITS Digital Archive, Arolsen Archives</ref> Dieser Unfall hat soll sich in der „Häftlingsküche“ ereignet haben.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Die Dokumente, die von der nachfolgenden Behandlung Splitts zeugen, sind alle von dem Lagerarzt und SS-Obersturmführer Franz von Bodman (auch Bodmann; 23.3.1908 – 25.5.1945) unterzeichnet.<ref name="ab11d979e6e5ccf45410ab6659745b701ee6dc24">Bodmann war SS-Obersturmführer seit 1941, seit Juli 1941 Lagerarzt m KZ Majdanek, seit Juni 1942 Standortarzt in Auschwitz und gilt als Erfinder der Ermordung von Häftlingen mit Phenolspritzen und soll auf diese Weise selbst Häftling ermordet haben. Im Herbst 1942 wurde er Standortarzt im KZ Neuengamme, wo er an der Ermordung sowjetischer Kriegsgefangener mit Zyklon-B beteiligt war. Danach war er als Lagerarzt in Natzweiler tätig. Zuletzt war er Chefarzt im KZ Vavaira (Estland) und beging am 25.5.1945 Suizid im Lazarett Markt Pongau. Ernst Klee, ''Auschwitz, die NS-Medizin und ihre Opfer'' (Frankfurt am Main: Fischer Verlag, 1997). S. 410 (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Paczula vom 27.10.1959 und Bl. 2568, (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Schwalbova vom 21.9.1961, Bl. 10937 und Klee, ''Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945''. S. 57 f.</ref> Bodmann ordnete an, dass Splitt am 19. April 1943 zur ambulanten Behandlung in der Augenklinik der „Reichsuniversität“ Straßburg eingewiesen wurde, um den Fremdkörper dort operativ entfernen zu lassen.<ref name="4ecf5a6db15ed8ef56a577a17306b7e8c6e86116">Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, , 19. April 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive</ref> Der Eingriff verlief offenbar nicht erfolgreich. Am 23. April wurde Brno Splitt zur „Enukleation des rechten Auges“<ref name="58cce5bf39da6672ecc3435bffa7d5911f10f788">lateinisch ex „aus“ und nucleus „Kern“, dt. „Entkernung“; hier chirurgische Entfernung des Augapfels.</ref> erneut in die RUS aufgenommen; diesmal war eine stationäre Behandlung notwendig. Um eine Flucht aus den zivilen Krankenanstalten zu vermeiden, wurde er in der Psychiatrischen Klinik (Station 58) untergebracht. „[W]eil in der Augenklinik keine Überwachung möglich war“, wie dort in Splitts Krankenakte notiert wurde.<ref name="8b70263d3dff591f518bf1192aa35f943d5d2b10">DHVS, Bibliothek Krankenakte Nr: 27/56 Bruno Splitt (1943)</ref> Dies war offenbar die gängige Verfahrensweise bei stationären Behandlungen von KZ-Häftlingen in der RUS. Dies legte eine handschriftliche Notiz des Lagerarztes Dr. Schiedlausky auf der Rückseite des Antrags zur Krankenhausbehandlung eines weiteren KZ-Häftlings aus Natzweiler nahe. Dort heißt es: | |||
''„1) Sicherheit regeln: nach bisheriger Durchführung sollen die Häftlinge in einer Zelle der psych[iatrischen] Abt[ei]l[ung] untergebracht werden. Wer übernimmt die Sicherheit bei Vorführung zur Behandl[un]g oder kann diese in der Zelle zur Durchführung kommen wie bei dem Häftling Splitt?“''<ref name="62898587349662df336ee73de147157a0f32ccaa">Lagerkommandant an den Lagerarzt über die Krankenhauseinweisung des Häftlings Max Mahler, 28. August 1943, 1.1.29.2 / 3200307 / ITS Digital Archive, Arolsen Archives</ref> | |||
Gemeint ist die abschließbare Zelle in der psychiatrischen Klinik, die normalerweise zur Isolierung von psychomotorisch erregten und „gewalttätigen“ Patient*innen diente. Die ärztliche Dokumentation in der Psychiatrie beschränkte sich auf Folgendes „Da aus K.Z. Natzweiler, für die Dauer seiner Behandlung in der Augenklinik [...] hier in Verwahrung. Verhielt sich ruhig, unauffällig.“ Am 30. April 1943 wurde Splitt wieder zurück nach Natzweiler verbracht.<ref name="8b70263d3dff591f518bf1192aa35f943d5d2b10">DHVS, Bibliothek Krankenakte Nr: 27/56 Bruno Splitt (1943)</ref> Am 14. Mai 1943 wurde Splitt vom Lagerarzt ein drittes Mal in die RUS „zur Anpassung eines Kunstauges“ überwiesen.<ref name="a35fd0257e13680680ff7e58865d07dd84d0fecb">Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, , 14. Mai 1943 / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive</ref> Die Überweisung erfolgt unter der Bereitstellung eines „Begleitposten“, der vermutlich für die Überwachung Splitts abgestellt wurde. Für die gesamte Behandlung und auch die Bezahlung des Glasauges kam die Lagerverwaltung auf.<ref name="e4f3f7612f3cedc59429078d5e2936895c67040c">Arolsen Archives, , Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01012902 oS</ref> | |||
Angesichts dieser relativ privilegierten Behandlungsweise liegt der Schluss nahe, dass Splitt Funktionshäftling in Natzweiler war und die SS daher ein Interesse an der Erhaltung seiner Gesundheit und seines Augenlichts hatte. Dafür spricht auch der Umstand, dass er relativ gut mit Nahrungsmitteln versorgt war und sein Gewicht von 1941 bis 1943 relativ konstant um 70-73 Kilo blieb.<ref name="d0f2ee4a889e18e709ca51f5dbf932c024620cc8">Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01010602 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives</ref> Das beschriebene Vorgehen war kein Einzelfall. Während des Bestehens der RUS wurden dort insgesamt 18 Häftlinge aus dem KZ Natzweiler behandelt ''[Link zu anderen Bios]''.<ref name="953c002c86f42cea4cb3265c3ca24623789ee03f">L. Lutz und L. Münch: „... in das Bürgerspital nach Straβburg zur weiteren Behandlung überführt." Zur Verbindung zwischen dem Konzentrationslager Natzweiler, dem „Sicherungslager“ Schirmeck und der „Reichsuniversität“ Straβburg. In: Sammelband zur Geschichte der Medizinischen Fakultät der „Reichsuniversität“ Straßburg 1941-44 (Arbeitstitel), Hrsg.: Bonah, Christian; Schmaltz, Florian; Weindling, Paul (im Erscheinen).</ref> Vergleichbare Fälle finden sich vereinzelt auch in anderen Konzentrationslagern. In Sachsenhausen erhielt der polnische Häftling Tadeusz Rogowski ebenfalls eine Augenprothese, die durch den dortigen Lagerführer besorgt worden war.<ref name="bf8400b0bd1748dee53897382c50a5eb9eedf9e8">Ley, Astrid und Morsch, Günter, ''Medizin und Verbrechen. Das Krankenrevier des KZ Sachsenhausen 1936-1945'', Bd. 21, Schriftenreihe der Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten (Berlin: Metropol, 2007). S. 91.</ref> Auch der Kommunist Ernst Brinkmann wurde nach einer Augenverletzung mit einem Kunstauge versorgt. Eine privilegierte medizinische Behandlung über die rudimentären Versorgungsstrukturen des KZ hinaus, findet sich generell auch in anderen Lagern. Fast 100 Häftlinge aus Sachsenhausen wurden im Staatskrankenhaus der Polizei in Berlin wegen anderer Leiden behandelt. Wer diese Häftlinge waren, ist bisher unbekannt.<ref name="36a07aae4d72f55b53b2995e4349a6f5dfc41114">Persönliche Auskunft von Dr. Astrid Ley per Email vom 12.12.2020.</ref> '''''(Abschließende Einordnung der Verbindung zwischen RUS und Ntzweiler weiteren Forschungen vorbehalten, über 20 Häftlinge dort behandelt...)'''''<ref name="953c002c86f42cea4cb3265c3ca24623789ee03f">L. Lutz und L. Münch: „... in das Bürgerspital nach Straβburg zur weiteren Behandlung überführt." Zur Verbindung zwischen dem Konzentrationslager Natzweiler, dem „Sicherungslager“ Schirmeck und der „Reichsuniversität“ Straβburg. In: Sammelband zur Geschichte der Medizinischen Fakultät der „Reichsuniversität“ Straßburg 1941-44 (Arbeitstitel), Hrsg.: Bonah, Christian; Schmaltz, Florian; Weindling, Paul (im Erscheinen).</ref> | |||
Bruno Splitt wurde am 21. September 1944 vor der Auflösung des KZ Natzweiler am 23 November 1944 ins KZ Dachau verlegt und von dort aus am 22. Oktober 1944 in das KZ Neuengamme.<ref name="fc2ddeadfab5066cc3b8c5ceb3aa10eafdb467d5">Arolsen Archives, , Individuelle Häftlingsunterlagen KL Dachau, 01010602 oS. Weiterführend zu Neuengamme: Fritz Bringmann, ''Neuengamme: Berichte, Erinnerungen, Dokumente'' (Frankfurt am Main: Röderberg-Verlag, 1982). Und Jureit u. a., Überlebensgeschichten.</ref> Neben Mauthausen in Österreich war Neuengamme das letzte KZ, das sich vor dem unmittelbaren Kriegsende noch im Machtbereich der Nazis befand.<ref name="4c39ce9cf2f6268c899a08cfe7d2708440a5cf77">Bringmann, ''Neuengamme''. S. 87.</ref> Wie Bruno Splitt die letzten Tage der Internierung erlebte und ob er auf einen Evakuierungsmarsch geschickt wurde, ist unbekannt. Am 2. Mai 1945 wurde Neuengamme von den Engländern befreit.<ref name="0e972ab7262d3adfc4066d165224541a85e9dafa">Bringmann. S. 98 ff.</ref> Die gesundheitlichen Folgen der jahrelangen Haft begleiteten Bruno Splitt für sein restliches Leben.<ref name="421bebe41fd51db6dacfc3f1907a83dfd2e3a9ed">Welche psychischen Folgen die Haftzeit für Bruno Splitt hatte, ist unbekannt. Grundlegend hierzu siehe: Leo Eitinger, „KZ-Haft und psychische Traumatisierung“, Psyche 44 (1990): 118–32.</ref> Bis Weihnachten des gleichen Jahres litt er immer wieder an Schwächezuständen.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> | |||
'''Nachkriegszeit''' | |||
Nach der jahrelangen Odyssee durch fünf verschiedene Konzentrationslager zog es Bruno Splitt zunächst zurück nach Essen, wo er ab dem 19. Dezember 1945 in der Zweigstraße 25 gemeldet war. Seine Ehefrau Hedwig hatte den Krieg ebenfalls überlebt. Die beiden fanden offenbar jedoch nicht mehr zusammen und die Ehe wurde am 8. Oktober 1947 geschieden.<ref name="36c694a0b62c73d4f031ce4e739b9073b61a45b7">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Standesamt Essen-Borbeck, II, 13.6.-21-10—1930, Nr. 296_279.</ref> | |||
Bruno Splitt blieb nicht lange in Essen und zog am 08. Mai 1946 nach Goldkronach (Kreis Bayreuth),<ref name="78fc96a8f34d65961ae431815939f892f1469b81">Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Personenkartei 3000, Meldekarte Bruno Splitt</ref> wo er ab dem 14. Mai 1946 offiziell gemeldet war.<ref name="8a064d456c03e0771db0979b23fe7c481355b63d">Stadtarchiv Goldkronach, EAPL 1-15-150, Polizeiliches An- und Abmelderegister vom 1.6.1946 bis 31.12.1949</ref> Vermutlich hatte sein Umzug berufliche Hintergründe. In Goldkronach angekommen, begann Bruno Splitt bei der Firma „Plantana Heilpflanzen-Anbau-und Verwertungs-GmbH“ als deren Geschäftsführer zu arbeiten. Seine Aufgabe war es u. a. die Abläufe zwischen den „vertraglichen Anbauern von Heilpflanzen“ und den „Sammlergruppen von Wildkräutern“ zu koordinieren. Gesundheitliche Gründe zwangen ihn, diese Stellung am 31. März 1948 aufzugeben.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Währenddessen war Splitt bereits am 10. Oktober 1946 nach Hof umgezogen, eine kleine Stadt ebenfalls im Kreis Bayreuth.<ref name="8a064d456c03e0771db0979b23fe7c481355b63d">Stadtarchiv Goldkronach, EAPL 1-15-150, Polizeiliches An- und Abmelderegister vom 1.6.1946 bis 31.12.1949</ref> Vom 1. April 1948 bis zum 30. September 1949 arbeitete er in Hof bei der „Fränkischen Verbandmittelindustrie“ als Geschäftsführer.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> | |||
'''Entschädigungsverfahren''' | |||
Am 17. Oktober 1949 stellte Splitt beim „Landesamt für Wiedergutmachung“ einen Antrag und gab als „Körperschäden“ neben dem „Verlust des rechten Auges“ auch eine „Angina pectoris“ an. In der bürokratisch-verschleiernden Sprache seiner Akte werden die Gründe in der „unsachgemässe[n] Behandlung im KZ-Natzweiler“ bzw. in der die „KZ-Haft und die dort angewandten Methoden“ gesehen.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Dabei waren Herz- und Kreislaufbeschwerden eine der häufigsten physischen Spätschäden infolge von KZ-Haft.<ref name="ab6304a6be4d2869f448521f643b36b1902a2f54">Paul Matussek, ''Die Konzentrationslagerhaft und Ihre Folgen'' (Berlin, Heidelberg, New York: Springer, 1971). S. 46.</ref> Diesen waren dabei häufig „unabhängig von jeder klinischen, röntgenologischen oder elektrokardiographischen Symptomatik“.<ref name="3c1784e31737f9d3842cedaeae4675ecf6197119">R. Targowla, „Die neuropsychischen Folgen der Deportation in deutschen Konzentrationslagern.“, in ''Gesundheitsschäden durch Verfolgung und Gefangenschaft und ihre Spätfolgen. Zusammenstellung der Referate und Ergebnisse der Internationalen Sozialmedizinischen Konferenz über die Pathologie der ehemaligen Deportierten und Internierten, 5.-7. Juni 1954 in Kopenhagen'', hg. von Max Michel (Franfurt a.M.: Röderberg, 1955). S. 34.</ref> Bereits 1947 war ein einen Kuraufenthalt wegen dieser Beschwerden notwendig geworden. Nun beantragte Bruno Splitt ein „Heilverfahren“, eine seines Verdienstausfalls entsprechende Rente und eine „Kapitalentschädigung von 50 000 DM“ für sein verlorenes Augenlicht.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Zur Überprüfung wurde ein ärztliches Gutachten im Stadtkrankenhaus in Hof eingeholt, das den kausalen Zusammenhang zwischen seinen Herzbeschwerden und der KZ-Haft infrage stellte. Auch ein weiteres amtsärztliches Gutachten von 1954 kam zu einem ähnlichen Ergebnis und konnte seine Klagen auf keinen „objektiven Befund“ zurückführen. Unabhängig davon wurde seine Erwerbsfähigkeit auf 60 Prozent geschätzt. Zu diesem Zeitpunkt arbeitete Bruno Splitt stundenweise bei der Firma Schmitt & Co, die „Süsswaren“ vertrieb. Dennoch kam das Gesundheitsamt Hof zu dem Schluss, wenngleich „kein Anhalt für einen Herzmuskelschaden“ auszumachen sei, dass man „zu seinen Gunsten annehmen muss, dass durch die langjährige KZ-Haft mit ihrem Übermass an Anstrengungen und Strapazen eine <u>vorübergehende</u> [Hervorhebung im Original] Herzmuskelschwäche sowie eine starke Reduzierung des Allgemeinzustandes mit Schwächezustände bestanden“ hatte. Unter Berücksichtigung des Verlusts des rechten Auges wurde ihm 1955 schlussendlich eine Erwerbsminderung von 50 Prozent zugestanden. Weiterhin wurde als erwiesen angesehen, dass Bruno Splitts „soziale und wirtschaftliche Stellung“ in der Vorkriegszeit der eines „mittleren Beamten“ entsprach.<ref name="663b177cc1d9866d25faa5fc074e6dd6369a95bd">Damit folgte man den Vorgaben des „Bundesergänzungsgesetz zur Entschädigung der Opfer nationalsozialistischer Verfolgung (BErG) vom 18.9.1953, wonach die Antragssteller*innen in „eine von vier Beamtenklassen in Abhängigkeit von ihrem Einkommen vor der Verfolgung eingeteilt wurden.“ Constantin Goschler, ''Schuld und Schulden. Die Politik der Wiedergutmachung für NS-Verfolgte seit 1945'' (Göttingen: Wallstein, 2005). S. 191.</ref> Diese wurde der Bemessung seiner Rentenhöhe zugrunde gelegt. Mit dieser individuellen Entschädigungsleistung wurde angestrebt die durch die „Verfolgung beschädigte Biographien und soziale Positionen in gewissen Umfang zu restaurieren.“<ref name="30bd0dce9c0942ed480d39ee9942f8398c675829">Goschler. S. 191.</ref> Darüber hinaus erhielt er eine „Geldentschädigung für Freiheitsentziehung“ von 19 200 DM.<ref name="8202c9d7885e140939276c660695b703cb2dbd9f">Landesentschädigungsamt München 040998 0357</ref> Das Verfahren endete im März 1957 mit der Anpassung an die Bestimmungen des am 29. Juni 1956 erlassenen „Bundesgesetz zur Entschädigung für Opfer der nationalsozialistischen Verfolgung“ (BEG).<ref name="707afc52b75dc8d1e48082c4a9350f492003784f">Goschler, ''Schuld und Schulden''. Hier S. 535.</ref> | |||
Nachkriegszeit | In der Nachkriegszeit wurde Bruno Splitt mehrfach im Vorfeld diverser juristischer Verfahren gegen verschiedene SS-Angehörige zu seiner Haftzeit in Sachsenhausen befragt. Im August 1961 geschah dies im Zuge laufender Ermittlungen gegen SS-Scharführer Otto Kaiser (1913-1996) und Friedrich Meyerhoff (1916-1987).<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Beide waren Block- und Kommandoführer in Sachsenhausen.<ref name="659f9c6e7508df5f324dc03245e9ae73e501faa7">Stephanie Bohra, ''Tatort Sachsenhausen. Strafverfolgung von KZ-Verbrechen in der Bundesrepublik Deutschland'' (Berlin: Metropol, 2019). S. 56.</ref> Gegen Meyerhoff lief ab 1959 in Köln ein Verfahren wegen dessen Beteiligung an der Ermordung sowjetischer Kriegsgefangener. Die Ermittlungen mündeten 1964 zu einem ersten Sachsenhausen-Prozess gegen die beiden genannten Täter.<ref name="1798a96f76582431d8f92707ee03aeb4d080d148">Bohra. S. 61 f.</ref> Zu den Beschuldigungen gegen die beiden konnte Splitt aber keine weiteren Angaben machen.<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> In einer zweiten Zeugenvernehmung am 13. Oktober 1968 wurde Splitt über den Lagerarzt Dr. Ludwig Ehrsam befragt. Splitt gab an, dass er sich lediglich an dessen Namen erinnern könnte, aber Genaueres könne er nicht berichten. Diese Zurückhaltung ist bemerkenswert, da Ehrsam, der zunächst SS-Arzt zunächst in Dachau und dann in Sachsenhausen gewesen war, für seine besonders brutale und inhumane Behandlung der Häftlinge unter dem Namen Dr. Grausam bekannt geworden ist.<ref name="c7c23f879afe3b0bc293e642841eedadeb3281d3">Marco Pukrop, „SS-Mediziner zwischen Lagerdienst und Fronteinsatz. Die personnelle Besetzung der Medizinischen Abteilung im Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945“ (Diss. phil., Hannover, Gottfried Wilhelm Leibniz Universität, 2015). S. 283 ff. Ehrsam war bereits 1946 durch ein sowjetisches Militärtribunal zu Tode verurteilt worden. Über Ehrsams Verbleib herrschte in der Bundesrepublik jedoch lange Ungewissheit, was die Vernehmung erklärt. Ebd. S. 297 f.</ref> Zu den Verbrechen, die im Zusammenhang mit dem Schuhläuferkommando begangen wurden, konnte Splitt ebenfalls nichts zu Protokoll geben.<ref name="85aa44276680e8548a5aa249e89284037ecdbca1">LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407</ref> Die Angehörigen des SS-Kommandanturstabs stellten sich den Häftlingen gewöhnlich nicht namentlich vor, sodass die Namen von den Häftlingen untereinander weitergegeben wurden. Dies führte verständlicherweise auch oft zu Verwechslungen und erschwerte die Zuordnung der begangenen Gräueltaten in der juristischen Aufarbeitung in der Nachkriegszeit oft erheblich.<ref name="aa0f77f1fc2247bc39116281bfeeb14649677e14">Bohra, ''Tatort Sachsenhausen. Strafverfolgung von KZ-Verbrechen in der Bundesrepublik Deutschland''. S. 205.</ref> | ||
Wie Bruno Splitt seine letzten Lebensjahre verbrachte ist ungewiss. Eine neue Ehe ging er nicht ein und Kinder hatte keine. Ob er sich in der Nachkriegszeit erneut politisch betätigt, ist ebenso nicht bekannt.<ref name="e48b9d5f70ffd78c4d0f26784f6c73ca40a7fabb">Weder dem VVN-BdA in Essen noch in Hof ist sein Name und sein Schicksal bekannt. Persönliche Korrespondenz der Autorin mit Eva Petermann, VVN-BdA Kreisvereinigung Hof-Wunsiedel.</ref> Es ließen sich keine Genoss*innen ausfindig machen, die ihn persönlich gekannt haben und etwas hätten berichten können.<ref name="1276dd5c187476c0728147ca1335448ba9c8063b">Persönliche Auskunft von August Ballin, Bezirksvorsteher der DKP Nordbayern per Email vom 3.03.2021. Er hatte die Anfrage an die DKP-Hof und an einen 91-jährigen Genossen, der in der fraglichen Zeit in der Gegend von Goldkronach gewohnt hatte weitergeleitet. Jedoch haben die heute in Hof aktiven Genossinnen keinerlei Kenntnis über Bruno Splitt, was zum einen daran liegt, dass sie erst nach dem Tod von Bruno Splitt nach Hof gezogen sind und zum anderen das Genoss*innen die ihn gekannt haben könnten schon verstorben sind.</ref> Vielleicht hat er sich ins Private zurückgezogen, um seine Ansprüche im Wiedergutmachungsverfahren nicht zu gefährden.<ref name="d77988b2352607ef53eaa98f69827a1bcbe354c0">Nach dem Bundesergänzungsgesetz (BErG) vom 1. Oktober 1953 von Ansprüchen ausgeschlossen, „wer die freiheitlich demokratische Grundordnung bekämpft. Damit wurde vor allem auf höherrangige KPD-Funktionäre abgezielt, weniger aber auch einfach KPD-Mitglieder. Goschler, ''Schuld und Schulden''. S. 192.</ref> Ebenso erscheint es möglich, dass er mit seiner Vergangenheit abschließen wollte. Bruno Splitt starb am 21. April 1981 in Hof.<ref name="81205caed4abe134f3ad4514f36bf1f73ec9d78f">Stadtarchiv Hof, Einwohnermeldekartei</ref> | |||
Lea Münch | |||
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Version actuelle datée du 26 avril 2022 à 11:25
Bruno Splitt | |
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Prénom | Bruno |
Nom | Splitt |
Sexe | masculin |
Naissance | 4 septembre 1898 (Graudenz, Westpreußen) |
Décès | 21 avril 1981 (Hof, Bayern) |
Profession du père | Schuhmacher |
« Nous, les communistes, nous sommes là ! Nous demeurerons ! »[92]
Le résistant communiste Bruno Splitt (1898-1981) est l’une des victimes du nazisme que l’on ne s’attendrait pas à trouver à la clinique psychiatrique de la RUS. Depuis le début des années 1920, il participe activement au mouvement ouvrier de la région de la Ruhr. Au moment de l’arrivée au pouvoir du national-socialisme, il poursuit ses activités dans la clandestinité sous d’autres formes puis devient l’une des figures centrales de la résistance communiste à Essen durant la période de réorganisation du KPD (Kommunistische Partei Deutschlands, Parti communiste allemand). Exposé sans relâche aux répressions du régime nazi, il séjourne au total dans cinq camps de concentration dont, en dernier lieu, celui de Natzweiler en Alsace. Il en sort pour recevoir un traitement ophtalmologique à la clinique psychiatrique de la RUS, ce qui surprend de prime abord, mais s’explique par de simples raisons de sécurité. Bruno Splitt fait partie des 18 prisonniers du camp de concentration de Natzweiler identifiés jusqu’à présent comme ayant suivi un traitement à la RUS. Sa biographie constitue un exemple du lien inhabituel qui existait entre le camp de concentration et la Reichsuniversität.
Biographie
Essen, Allemagne, automne 1933.
« Mais comme j’ai vite compris que j’allais être arrêté, j’ai pris la fuite. [...] Je suis resté caché à l’intérieur de la ville. J’ai vécu 8 jours par-ci, 8 jours par-là, parfois je restais plus longtemps au même endroit. »[93] Voilà comment le résistant communiste Bruno Splitt décrit la période qu’il a vécue dans la clandestinité. Les sources ne nous en apprennent guère plus sur cet épisode de sa vie, hormis qu’il a été soumis à des répressions quasi continuelles à partir du printemps 1933, comme nombre de ses camarades. En juin 1933, un mandat d’arrêt est émis à son encontre, de sorte qu’il s’attend à tout moment à être interpellé. Un coup d’œil aux événements d’Essen, un haut lieu du mouvement ouvrier dans la région de la Ruhr, laisse supposer ce que cela pouvait signifier pour lui personnellement. Après la prise de pouvoir nationale-socialiste, la terreur nazie se manifestait quotidiennement sous de nouvelles formes. Aucun des travailleurs organisés n’était plus à l’abri des actes de violence, des incarcérations et de la torture. Les prisons étaient désespérément bondées et beaucoup de travailleurs incarcérés disparaissaient dans les camps de concentration récemment créés. À Bochum, plusieurs fonctionnaires du KPD ont subi des maltraitances physiques et des blessures graves dans une caserne SA avant d’être traînés à travers les rues puis abandonnés à la vue de tous. La SA ne reculait pas non plus devant le meurtre : après le démantèlement des syndicats, des promeneurs découvrent dans l’eau le 2 mai 1933 les cadavres de quatre fonctionnaires de l’Allgemeiner Deutscher Gewerkschaftsbund (Confédération générale des syndicats allemands)[94]. Nous ne rapportons ici que quelques exemples pour refléter la réalité de la terreur. La violence de la Gestapo à l’égard de ses camarades arrêtés n’échappe certainement pas à Bruno Splitt et doit contribuer, parallèlement aux répressions constantes, à créer une atmosphère d’angoisse extrêmement stressante sur le plan psychique. Cette situation s’aggrave encore considérablement en octobre 1933, lorsque la police d’Essen décide de mener à grande échelle des contrôles de cyclistes qui sont obligés de présenter leurs papiers. Afin de procurer à Bruno Splitt une fausse identité et, ce faisant, de le protéger contre la menace d’une arrestation, sa femme Hedwig lui fournit le passe militaire d’une de ses connaissances nommée Fritz Kleta (né le 01.02.1895 à Berlin-Steglitz - ?). Cela ne suffit toutefois pas à protéger Bruno Splitt qui est arrêté à Essen-Bottrop en décembre 1933. La police a découvert sur lui la pièce d’identité qu’il n’a même pas utilisée. Il est possible que la police ait su précisément à quoi ressemblait le fugitif puisque le dossier contient une photographie d’identité de Bruno Splitt.[95]
Mouvement ouvrier et Résistance communiste à Essen
Bruno Splitt naît le 4 septembre 1898 à Graudenz en Prusse occidentale (actuellement Grudziądz en Pologne). Il est le fils d’un cordonnier, Ernst, et de son épouse Pauline Splitt.[96] Il n’existe presque aucune information sur son enfance. Il fréquente l’école primaire de 1907 à 1912, probablement dans son village natal. Il emménage ensuite à Essen[97]. Bruno Splitt y travaille d’abord comme garçon de courses puis comme magasinier pour la société Grubenbecker. De 1916 à 1917, il exerce le métier de presseur de métaux pour la société Thyssen.[98] Il fait son service militaire de septembre 1917 à juillet 1919 et se retrouve sur le front occidental du mois de janvier au 9 avril 1918. Les longues marches lui occasionnent des problèmes aux pieds, aussi est-il renvoyé en Allemagne où il est incorporé au Landsturm (réserve de l’armée territoriale) de Schlettstadt (aujourd’hui Sélestat) en Alsace[99]. À l’issue de la Première Guerre mondiale et de la démobilisation, il travaille d’abord dans une usine à charbon à proximité de la mine Wolfsbank d’Essen[98]. Il est enregistré avec Ernst et Emil Splitt au 71 Germaniastraße à Essen.[96] Le premier est assurément son frère[100] et le second l’est probablement aussi. C’est dans cette période que Bruno Splitt s’engage pour la première fois en politique. Il adhère en 1919 au Bergarbeiterverbund Deutschland (syndicat des mineurs allemand) puis rejoint le USPD (Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands, parti social-démocrate indépendant allemand) en octobre 1920. À la suite du déclin croissant et de la perte de pouvoir de l’USPD, il adhère au KPD nouvellement formé[2]. Bruno Splitt travaille ensuite à plusieurs reprises pour la société Krupp à Essen (ill. 2)
Illustration 2 : périodes d’emploi de Bruno Splitt chez Krupp.[102]
Il y travaille tout d’abord comme manœuvre, du 16 octobre 1920 à son licenciement le 23 novembre 1923 par « manque de travail », probablement dans le contexte d’hyperinflation et d’occupation franco-belge de la Ruhr. Une situation analogue se répète ensuite, puisqu’il est réemployé du 25 juillet 1927 au 18 septembre 1929, date à laquelle il est de nouveau licencié, probablement en raison de l’aggravation de la crise économique mondiale[103]. Dans l’intervalle, il travaille à la mine de charbon Carolus Magnus à Essen-Bergeborbeck. Il perd cet emploi après un accident de travail au cours duquel il se casse le pouce gauche. S’ensuivent quelques années sans emploi durant lesquelles il vit de « l’allocation chômage »[104]. Il se consacre de plus en plus à la politique durant cette période. Il occupe depuis 1927 déjà la fonction de vice-trésorier et responsable de l’organisation du KPD du quartier de Borbeck à Essen et ce, jusqu’au 1er mars 1933[104]. Ses activités politiques le font de plus en plus remarquer par la police. Le 29 octobre 1929, Bruno Splitt participe à une manifestation contre l’interdiction de l’organisation paramilitaire Roter Frontkämpferbund (RFB, Union des combattants du Front rouge). Il est soupçonné d’appartenir à l’une des organisations - également interdites - qui lui ont succédé, raison pour laquelle il est arrêté. Le Schöffengericht (tribunal échevinal formé d’un magistrat et de deux jurés) compétent l’acquitte néanmoins de toutes les accusations le 21 août 1930[104]. Le 27 mai 1930, Bruno Splitt épouse Hedwig Frieda Johanna Rittelmeyer (née le 26 mai 1909 à Essen-Borbeck), employée de maison. Ses parents, restés à Grudziądz, sont déjà décédés au moment de son mariage[105].
Emil Splitt, le témoin de mariage de Bruno Splitt, est l’un de ses parents. Il est mineur de profession. Le 21 mars 1931, Bruno Splitt est impliqué dans une « rixe politique » qui lui vaut d’être condamné le 24 juillet 1931 à une amende de 20 RM et à 4 jours de prison pour blessures corporelles graves. La même année, une enquête est ouverte contre lui pour le port d’un brassard portant l’inscription Roter Helfer (soutien rouge), mais elle est abandonnée en septembre 1931. Bruno Splitt organise sans relâche des réunions et des manifestations du KPD dans le quartier de Borbeck à Essen, le plus souvent au café Brück[2].
Son engagement politique ne se limite pas au travail du parti et à des tâches pratiques. Au début des années 1930, Bruno Splitt assiste à un cours à la Reichsparteischule Rosa-Luxemburg, l’école interne au parti du Reich, à Fichtenau dans le Bade-Wurtemberg[107]. L’enseignement comprend la présentation et la discussion de la philosophie marxiste-léniniste ainsi que la lecture du Capital et d’autres ouvrages de Marx, Lénine et d’autres auteurs. L’histoire du mouvement ouvrier, la stratégie et la mise en pratique du travail politique y sont abordés et l’échange d’expériences entre communistes encouragé. Les participants à ce séminaire suivent les cours de chefs du parti tels que Hermann Duncker, Karl-August Wittvogel et Ernst Scheller. Wilhelm Pieck et Ernst Thälmann aussi y tiennent régulièrement des conférences. On ignore qui Bruno Splitt a rencontré personnellement à cette occasion. Pour suivre cette formation, il fallait au préalable lire un ouvrage pour se préparer et rendre un devoir fait à la maison. Les témoins de l’époque disent que l’atmosphère des lieux était marquée par « la soif d’apprendre » et le « pouvoir du savoir »[108]. La carrière politique de Bruno Splitt connaît son apogée lors de son élection en 1932 en tant que conseiller municipal d’Essen durant la République de Weimar. Sa mission est désormais de diriger les réunions du parti, c’est pourquoi il organise en décembre 1932 le congrès du parti de la sous-section du KPD à Essen[109].
Comme nous l'avons mentionné plus haut, la carrière politique de Bruno Splitt connaît un arrêt brutal au moment de la prise de pouvoir nationale-socialiste. Il reprend son travail de mineur et vit dans le quartier de Fintrop-Essen, Graffweg 19[110]. L’annonce de la formation du gouvernement le 30 janvier 1933 incite de nombreuses personnes de la région de la Ruhr à aller exprimer leur colère dans les rues. Des manifestations ont lieu à Essen-Borbeck aussi ; il est donc tout à fait possible que Bruno Splitt y ait pris part[111]. Lors des élections au Reichstag en mars 1933, le NSDAP (parti national-socialiste) n'obtient pas non plus la majorité à Essen par la voie démocratique et légale, avec 30,6 % des suffrages exprimés. La direction du district du KPD de la Ruhr déclare à ce propos dans une circulaire : « Par le passé, le développement du fascisme était plutôt de nature quantitative. La chaîne d’actes terroristes sanglants et meurtriers [...] Mais désormais, avec l’intégration légale des nazis et des casques d’acier dans l’appareil étatique, on assiste à un basculement et au développement qualitatif du fascisme, avec l’application légale, réfléchie, centrale et organisée de la terreur fasciste. »[112] Lors des élections municipales du 12 mars 1933, le NSDAP obtient 31 mandats exactement. Là encore, la majorité n’est pas atteinte mais les nazis se l’approprient de force en supprimant les 12 mandats du KPD, sans les remplacer[113]. Au cours des mois qui suivent la prise de pouvoir des nazis, Bruno Splitt est toujours impliqué dans la gestion des finances et des encaissements ainsi que dans la « distribution de tracts »[104]. On ignore comment il a vécu toute cette période sur le plan personnel. Cependant, les descriptions d’événements survenus dans les quartiers ouvriers d’Essen donnent une idée de la situation dangereuse dans laquelle lui et ses camarades devaient se trouver. Les SS, les SA et la police encerclent à multiples reprises les pâtés de maisons des ouvriers considérés comme des « centres de la résistance politique » contre les nationaux-socialistes, et fouillent les maisons une par une. Ces expéditions donnent lieu à l’arrestation de personnalités éminentes. Les nazis harcèlent les travailleurs organisés en leur dérobant « livres et journaux politiques » et même les « équipements sportifs et instruments de musique des organisations culturelles ouvrières ». De telles rafles ont lieu du printemps au mois de septembre 1933 dans différents quartiers de la ville d’Essen[114]. Le mouvement ouvrier réplique par de nombreux actes de résistance. L’une de leurs actions les plus créatives consiste à apposer pendant la nuit les mots Rot Front (Front rouge) sur la façade visible de loin d’un immeuble de bureaux du centre-ville[115]. On ignore toutefois si Bruno Splitt a pris part à cette action ou à d’autres activités similaires[116]. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’a de cesse de remanier la structure organisationnelle du KPD et de maintenir sa capacité d’action. Et cela n’est pas sans conséquence. Le tribunal d’instance d’Essen lance un mandat d’arrêt contre Bruno Splitt le 11 juillet 1933. Il est accusé au mois de mai[117] de la même année « d’avoir entrepris, en collaboration avec d’autres, de modifier de force la Constitution du Reich allemand, d’avoir, par le même acte, entrepris d’autres actions préparatoires destinées à une opération de haute trahison - violation des §§ 81, Z. 2, 86, 47, 73 du code pénal allemand. [...] Le soupçon de fuite est légalement fondé car l’un des crimes fait l’objet d’une enquête. Il existe en outre un risque de dissimulation de la participation de plusieurs autres personnes. »[118] Bruno Splitt est finalement accusé le 11 août 1933 avec quatre autres communistes d’avoir commis en avril[119] de la même année les crimes mentionnés dans le mandat d’arrêt cité plus haut. Au moment de l’audience au tribunal, les coaccusés de Bruno Splitt sont tous en détention préventive, tandis qu’il est lui-même toujours caché et hors de portée de la police. Selon la police d’Essen, Bruno Splitt est un « fonctionnaire communiste » et un « partisan fanatique des idées communistes[120] » Selon les motifs du jugement, Bruno Splitt a initié en avril 1933 la diffusion de différents tracts et journaux du KPD. Il en aurait remis 40 exemplaires à son camarade Johann Klaus pour que celui-ci les distribue à son tour[121]. Ces documents imprimés alertaient sur les mesures de répression du régime nazi et réclamaient la libération d’Ernst Thälmann et de tous les autres détenus. L’appel à l’organisation du mouvement ouvrier et la résistance faisaient aussi partie des thèmes abordés[122]. La mise en accusation qualifiait la distribution de ces écrits de « préparation à la haute trahison » car le KPD visait l’instauration d’une « dictature des prolétaires sur le modèle soviétique russe ». Conformément à l’accusation, tous ses camarades sont reconnus coupables et écopent d’une peine de réclusion d’un an et neuf mois. Bruno Splitt ne figure pas dans le jugement[123] car il est toujours en fuite. Après son arrestation, il est conduit à la maison d’arrêt d’Essen. Sa femme Hedwig lui rend visite quelques jours avant Noël 1933[124]. On ignore s’il a revu son épouse après cela.
Au cours de l’année 1933, le groupe de résistance auquel appartient Bruno Splitt ne se laisse manifestement pas intimider par les répressions majeures et poursuit son travail. Après son arrestation en 1934, il est de nouveau poursuivi en justice et comparaît au tribunal avec 83 de ses camarades communistes pour cause de « préparation d’un acte de haute trahison ». Le groupe a repris la reproduction et la distribution d’écrits. Dans le cadre de l’enquête, une machine à écrire, un duplicateur et divers publications et tracts sont saisis par la police. Si l’on en croit les conclusions de la police, Bruno Splitt poursuit ses activités au sein de la résistance communiste après la prise de pouvoir nationale-socialiste[125]. Bruno Splitt était à la « tête de l’organisation » aux côtés de deux autres accusés et a poursuivi sans interruption son action politique à Essen. Dans le texte de la mise en accusation, les membres du groupe décrivent Bruno Splitt comme le « meneur », celui qui prend les initiatives, relie entre eux les différents domaines d’activité et incite aussi d’autres personne à collaborer[126]. Dans la tentative de mettre en place un réseau de résistance, la Ruhr a été divisée en six « zones d'instruction ». La ville d’Essen correspondait au Bezirk II (district II) lui-même divisé en quatre « sous-districts » : Altessen, ouest, centre et Kray-Steele[127]. Selon les motifs du jugement, Bruno Splitt a joué un « rôle prépondérant » lors de cette phase de réorganisation. Après la prise de pouvoir nationale-socialiste, il a repris clandestinement l’activité de « dirigeant du sous-district Groß-Essen » qu’il exerçait depuis octobre 1932 et reconstitué « l’organisation du KPD [...][125] ». Il aurait poursuivi avec « zèle son activité » dans différents quartiers de la ville d’Essen. Sa mission était de motiver ses camarades à mener des « actions illégales et [de] reprendre des postes de fonctionnaires » comme celui de « caissier », et de gérer leur répartition. Selon les motifs du jugement, il avait commencé à agir de la sorte immédiatement après la prise de pouvoir. Il a joué un rôle déterminant dans l’organisation de la diffusion de « matériel d'information et de propagande ». Il rencontrait régulièrement divers camarades. Il a réussi par ce biais à obtenir des « fonctionnaires du KPD dans presque tous les quartiers de la ville » et à ranimer « l’ancienne organisation ». Il aurait ainsi initié en mai ou juin 1933 la mise en place d'un « bureau de poste » qui serait devenu la plaque tournante de la reproduction et de la distribution des tracts. Le groupe a pu produire et diffuser plusieurs milliers de pamphlets. De plus, de l’argent a été récolté pour venir en aide, entre autres, aux membres du KPD incarcérés et à leurs familles[125]. L’organisation de l’activité illégale n’aurait pas été possible sans moyens financiers. La direction du district de la Ruhr appelait au versement régulier des cotisations car « aujourd’hui, chaque Pfennig est une munition ». Ainsi, les recettes s’élevaient à l’automne 1933 à près de 1 000 RM par mois, ce qui était considéré à l’époque comme un « sacrifice » de la part des résistants car beaucoup d’entre eux étaient sans emploi[128]. Bruno Splitt reprend également un poste de fonctionnaire dans le sous-district d’Essen, qu’il aurait abandonné en juillet 1933 pour cause de « dépression nerveuse »[129]. Il est tout à fait concevable que cela ait été le cas, en réaction au mandat d’arrêt lancé contre lui. Lors d’une rencontre avec d’autres accusés le 13 novembre 1933, il est décidé qu’il reprendra aussi à l’avenir le poste de chef de pôle[130] de la « zone d’instruction Gelsenkirchen ». Il n’en eut jamais l’occasion en raison de son arrestation[125]. À l’issue du procès, Bruno Splitt est condamné dans le prononcé d’arrêt du 19 octobre 1934 à deux ans de réclusion pour différentes peines. Les huit mois et deux semaines qu’il a déjà passés en détention provisoire sont déduits de sa peine[125].
L’activité décrite ici reflète bien les activités de résistance après que le KPD est tombé dans l’illégalité à la suite de l’incendie du Reichstag. De nombreux cadres dirigeants ayant été arrêtés, les groupes locaux n’attendent pas de recevoir des consignes et tentent de leur propre chef de « maintenir la cohésion, collecter des fonds » et créer du « matériel d’information » dont ils organisent la distribution.[131] Le matériel (machines à écrire, duplicateurs, matrices et papier) avait été déposé au préalable dans des endroits protégés. L’organe de presse du KPD dans le périmètre d’action de Bruno Splitt se nommait le Ruhr-Echo. Sa reproduction et sa distribution leur sont reprochées, à lui et à ses camarades, dans la mise en accusation[132]. Même si cette résistance reposait sur une erreur d’appréciation considérable et fatale du KPD, à savoir que le régime nazi pouvait être renversé dans un délai prévisible par un nombre suffisant d’opposants, cela n’enlève rien au courage dont Bruno Splitt et ses compagnons de lutte ont fait preuve.
Esterwegen – Sachsenhausen – Natzweiler – Dachau – Neuengamme : une odyssée à travers les camps de concentration
Le 25 décembre 1935, Bruno Splitt a purgé sa peine de réclusion à la maison d’arrêt de Münster en Westphalie. L’établissement pénitentiaire fait savoir qu’il « s’est certes bien comporté » mais « qu’il n’a fait preuve d’aucun changement intérieur ». La Gestapo de Düsseldorf, permanence d’Essen, considère Bruno Splitt comme un « communiste particulièrement dangereux ». Le directeur de la prison qualifie en outre Bruno Splitt de « grande gueule ». C’est la raison pour laquelle il est transféré en détention préventive au camp de concentration d’Esterwegen après un passage par la prison d’Essen. Les courriers et évaluations rédigés par la Gestapo d’Essen et le camp de concentration à l’occasion des « audiences de révision de peine » à venir avaient tout de la mascarade et étaient une expression de tyrannie. Sa détention préventive est prolongée à plusieurs reprises, presque indépendamment de la « conduite » de Bruno Splitt dans le camp, et quel que soit le nombre de fois où il a déclaré ne plus vouloir jouer de rôle politique – en aucun cas on ne se fiait à un « communiste agité »[133]. Étant donné la documentation rudimentaire dont nous disposons, la reconstitution de son odyssée à travers les camps de concentration se limite malheureusement au point de vue de ses bourreaux. Le nom de Bruno Splitt n’est jamais mentionné dans les nombreux entretiens qui ont été menés avec des survivants des différents camps de concentration. Ainsi, les questions se rapportant au « vécu » personnel et à la « perception » de Bruno Splitt quant à la « société (contrainte) des camps de concentration » restent sans réponse[134]. Nous avons tenté de nous faire une image de son quotidien en nous penchant sur la littérature plus générale.
Lorsque le camp de détention préventive Esterwegen est supprimé à l’été 1936, les détenus sont transférés dans le nouveau camp de concentration de Sachsenhausen à Oranienbourg, au nord de Berlin[135]. Bruno Splitt est admis à Sachsenhausen comme détenu provisoire portant le matricule 000373. Il loge dans le bloc des détenus n°5 puis dans les blocs 12, 18 et 23[136]. À Sachsenhausen, la construction du camp a commencé par le défrichage d’un terrain forestier de 80 hectares. L’année suivante, les détenus construisent une centaine de bâtiments parmi lesquels des baraquements de prisonniers, des casernes de SS, des communs et des maisons d’habitation pour les SS[137]. Bruno Splitt est en 1936 « doyen de chambrée, Blockeinkäufer (acheteur pour son bloc), puis Lagereinkäufer (acheteur pour tout le camp) » et occupe en tant que Funktionshäftling (détenu fonctionnaire) une place privilégiée dans la hiérarchie du camp[138]. Au printemps 1938, les triangles servant à différencier les détenus sont introduits à Sachsenhausen[139]. En sa qualité de « détenu provisoire », Bruno Splitt porte très probablement un triangle rouge.
Alors que Bruno Splitt est interné au camp de concentration de Sachsenhausen, sa femme, Hedwig Splitt, s’envole pour Bruxelles via Amsterdam avec un visa touristique. Elle arrive dans la capitale belge en janvier ou février 1937[140]. Elle y est tout d’abord enregistrée en tant que réfugiée politique mais son statut est sans cesse remis en question par les autorités au cours des années suivantes. Au départ, elle n’obtient qu’une autorisation de séjour limitée qui se termine fin mars 1937. Hedwig Splitt déclare aux autorités qu’elle a fui « à cause d’activités politiques » et qu’elle appartient au mouvement trotskiste [?] depuis 1934. Elle dit avoir choisi la Belgique « car [ses] amis y vivent ». À Bruxelles, elle loge chez la Belge Nora Sachse, probablement l’une des amies en question. Cette dernière la soutient dans ses démarches. Dans un autre questionnaire, Hedwig Splitt explique le motif de sa fuite de la manière suivante : « à cause d’une activité illégale » et « aide à la fuite ». On ignore cependant de quelle fuite il s’agit. Elle prévoit de continuer à travailler en Belgique « si elle le peut ». Les derniers documents qui abordent la question de son statut de résidente datent de 1941. On perd ensuite sa trace[141].
Illustration rose Ordre de détention préventive Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927 (JPEG 0063)
Après trois ans de détention au total, Bruno Splitt est libéré de Sachsenhausen peu de temps avant Noël, le 21 ou le 23 décembre 1938, ce qui n’est pas inhabituel à cette époque[142]. Après sa libération, il travaille à la mine de charbon Carolus Magnus à Essen-Bergeborbeck[143]. Mais sa période de liberté est de courte durée. Dans le cadre de « l’Action 01/09/1939 », il est de nouveau arrêté sur son lieu de travail[104]. Après la guerre, Bruno Splitt a dit être retourné à Sachsenhausen à partir du 8 septembre 1939[138]. Il fait partie des quelque 800 hommes allemands incarcérés par la Gestapo en tant qu’opposants politiques « selon des listes préparées de longue date » dans le cadre de l’action dite A-Kartei (Fichier A).[144] Lors de cette deuxième incarcération, il reçoit le matricule 12 146[145] En 1939, il travaille d’abord à la « Construction du camp – logements SS » puis comme « acheteur pour l’infirmerie » à partir de février 1940.[145]. Il tombe malade plusieurs fois durant son emprisonnement. Du 21 octobre au 4 novembre 1940, il est traité pour un phlegmon puis de nouveau du 10 février au 18 mars 1941 pour un phlegmon au genou[146]. Une liste d’accès à l’infirmerie datée du 10 février 1941 atteste les faits[147]. [Traitement illisible sur les fiches de détenus des Arolsen Archives.]
Le 2 octobre 1940, il est affecté à une section disciplinaire car un détenu infirmier l’a dénoncé au chef du bloc, déclarant que Bruno Splitt faisait du « trafic illégal de marchandises de cantine »[148]. Bruno Splitt perd alors sa place privilégiée de détenu fonctionnaire. Cela pourrait être lié à des querelles entre les groupes de détenus « politiques » et « criminels » qui se faisaient concurrence pour ces postes[149]. Les détenus de cette section disciplinaire se voyaient attribuer des kommandos de travail particulièrement durs. Les maltraitances continuelles qu’ils subissaient entraînaient bien souvent leur mort[150]. Le directeur du camp condamne Bruno Splitt à « 50 coups de bâton, 2 heures de torture par estrapade et 14 jours de cachot »[148]. Il s’agissait de « peines de camp » typiques auxquelles beaucoup de détenus ne survivaient pas. Les reins, physiologiquement bien irrigués, étaient souvent tellement endommagés par la violence de ces actes que les prisonniers se vidaient de leur sang. Le détenu néerlandais Ab Nicolaas raconte avoir eu le « derrière cassé » après la peine de coups de bâton et avoir utilisé des « emballages de margarine » conservés à cet effet pour se soigner « avec beaucoup de précaution »[151]. Il est possible que la peine ait été exécutée dans le cachot, ou plus tard, sur l’Appelplatz (place d’appel), à la vue de tous. Les SS ont fait construire le cachot au début de l’année 1937. Il s’agissait d’une prison en forme de T composée de 80 cellules. Les SS y exécutaient les peines et y menaient des interrogatoires[151]. Au moment où Bruno Splitt a subi ces maltraitances, les SS les administraient encore eux-mêmes. À partir d’août 1942, ce sont les codétenus qui furent chargés d’exécuter les châtiments corporels[152]. Après avoir purgé cette peine draconienne, Bruno Splitt est affecté en novembre 1940 au tristement célèbre Schuhläuferkommando (commando des essayeurs de chaussures), auquel il appartient pendant environ cinq semaines[148]. Depuis l’été 1940, les détenus de ce kommando sont contraints de tester les semelles pour le compte de l’industrie de la chaussure. Ces évaluations avaient lieu sur une piste de test des chaussures aménagée à cet effet qui faisait le tour de la place d’appel du camp. Par tous les temps, les détenus devaient parcourir jusqu’à 40 kilomètres par jour en cercle, au pas de course. Ceux qui n’y parvenaient pas subissaient les maltraitances des SS. Bruno Splitt est l’un des seuls à avoir survécu à ces tortures durant les cinq semaines prévues[153]. Bruno Splitt est ensuite affecté au Lorenkommando (commando des wagonnets) jusqu’à la fin de sa période en section disciplinaire, avant son transfert vers Natzweiler le 20 mai 1941[148]. Une expertise médicale effectuée après la guerre montre que Bruno Splitt a pour la première fois souffert « d’état[s] de faiblesse » et de « crise[s] cardiaque[s] » durant l’hiver 1939/40[97]. Rien d’étonnant à cela, puisque cet hiver-là est considéré comme le premier « hiver de famine » à Sachsenhausen. Fin 1939, la situation dans le camp s’est nettement dégradée par rapport au début de la guerre, en raison des déportations de masse. Le nombre croissant de détenus diminue d’autant les rations alimentaires alors que la terreur quotidienne exercée par les SS augmente. Ainsi, de nombreuses tâches devaient être effectuées au pas de course[154].
Camp de concentration de Natzweiler et traitement à la RUS
Le 22 mai 1941 marque la fin de l’internement de Bruno Splitt à Sachsenhausen[138], où près de 200 000 détenus au total ont été incarcérés. Seule la moitié de ces détenus a survécu à la terreur quotidienne. Bruno Splitt compte parmi les survivants[155] mais cela ne signifie pas pour autant qu’il est libre. Entretemps, la construction du camp de concentration de Natzweiler a démarré, depuis début mai. Bruno Splitt y est transféré le 23 mai 1941 et enregistré en tant que prisonnier politique sous le matricule 230[156]. Il fait partie du second convoi de construction ayant quitté Sachsenhausen. Josef Kramer (10/11/1906 – 13/12/1945)[157], le directeur du camp de détention provisoire de Natzweiler depuis avril 1941, s’était rendu à Sachsenhausen au préalable pour y sélectionner 300 détenus de longue durée à cette fin[158]. Cela laisse supposer que Bruno Splitt devait remplir la fonction de détenu fonctionnaire à Natzweiler et qu’il a été transféré dans ce but[159]. Selon la liste de ses effets personnels, il remet à son arrivée un chapeau, une veste, un pantalon, quatre chemises, un caleçon, trois paires de chaussettes et une paire de chaussures[156]. Il a obtenu son « poste privilégié » par l’entremise de son frère Ernst Splitt d’Essen (alors domicilié Zweigstraße 11). Il reçoit et écrit plusieurs lettres chaque mois. Les informations sur le quotidien personnel de Bruno Splitt à Natzweiler sont rares. Le 16 avril 1943, il souffre d’une « blessure grave à l’œil » après un « accident du travail ». Il s’agit concrètement d’un « éclat de métal dans l’œil droit »[160]. L’accident aurait eu lieu dans la « cuisine des détenus »[97]. Les documents témoignant du traitement de Bruno Splitt sont tous signés du médecin du camp et SS-Obersturmführer Franz von Bodman (ou Bodmann ; 23/03/1908 – 25/05/1945)[161]. Ce dernier ordonne que Bruno Splitt soit transporté à la clinique ophtalmologique de la Reichsuniversität Straßburg le 19 avril 1943 pour un traitement ambulatoire, afin de faire retirer le corps étranger par voie chirurgicale[162]. Manifestement, l’intervention n’est pas un succès. Le 23 avril, Bruno Splitt est admis de nouveau à la RUS pour une « énucléation de l’œil droit »[163] qui nécessite cette fois une hospitalisation. Il est admis à la clinique psychiatrique (service 58) pour éviter qu’il ne s’échappe de l’hôpital civil. « Car une surveillance est impossible à la clinique ophtalmologique », est-il mentionné dans le dossier médical de Bruno Splitt[100]. Il s’agissait apparemment de la procédure habituelle en cas d’hospitalisation à la RUS de détenus de camps de concentration. C’est du moins ce que suggère une note manuscrite du médecin du camp, le docteur Schiedlausky, au dos de la demande d’hospitalisation d’un autre détenu du camp de concentration de Natzweiler. Il y est indiqué :
« 1) Règles de sécurité : conformément à la procédure actuelle, les détenus doivent être placés dans une cellule du service de psychiatrie. Qui est chargé de la sécurité lors de la mise en œuvre des soins ou ceux-ci peuvent-ils avoir lieu dans la cellule comme pour le détenu Splitt ? »[164]
Il s’agit d’une cellule de la clinique psychiatrique que l’on peut fermer à clé et qui servait normalement à isoler les patients agités sur le plan psychomoteur et « violents ». La documentation médicale durant la prise en charge de Bruno Splitt à la clinique ophtalmologique se limite aux observations suivantes : « Vient du camp de concentration de Natzweiler, pour la durée de son traitement à la clinique ophtalmologique [...] ici à titre provisoire. S’est comporté de manière calme, sans particularité. » Le 30 avril 1943, Bruno Splitt est reconduit à Natzweiler[100]. Le 14 mai 1943, il est transféré pour la troisième fois à la RUS par le médecin du camp « pour adaptation d’une prothèse oculaire »[162]. Le transfert se fait avec la mise à disposition d’un « accompagnateur sentinelle », probablement affecté à la surveillance de Bruno Splitt. C’est l’administration du camp qui prend en charge l’ensemble du traitement ainsi que le coût de l’œil de verre[162].
Compte tenu du traitement relativement privilégié dont a bénéficié Bruno Splitt, il y a tout lieu de penser qu’il était détenu fonctionnaire à Natzweiler et que les SS avaient par conséquent tout intérêt à préserver sa santé et sa vue. Cette hypothèse est étayée par le fait qu’il était relativement bien nourri puisque son poids entre 1941 et 1943 n’a guère varié, entre 70 et 73 kg[165]. La procédure décrite ne constitue pas un cas isolé. Au total, 18 détenus du camp de concentration de Natzweiler ont été traités à la RUS durant son existence [lien vers d’autres bios][166]. Des cas similaires isolés ont aussi été décrits dans d’autres camps de concentration. Ainsi, le détenu polonais Tadeusz Rogowski a aussi reçu une prothèse oculaire, procurée par le directeur du camp de Sachsenhausen[167]. Le communiste Ernst Brinkmann également a bénéficié d’un œil artificiel après une blessure. Au-delà des structures de soins rudimentaires du camp de concentration, on trouve assez couramment des prises en charge médicales privilégiées dans d’autres camps aussi. Près de 100 détenus de Sachsenhausen ont été traités pour d’autres maux à l’hôpital d’État de la police à Berlin. On ignore toutefois l’identité de ces détenus[168]. (Classement définitif du lien entre la RUS et Natzweiler, sous réserve d’autres recherches, plus de 20 détenus traités là-bas...)[166]
Le 21 septembre 1944, Bruno Splitt est transféré au camp de concentration de Dachau avant l’évacuation du camp de concentration de Natzweiler le 23 novembre 1944, puis il est transféré le 22 octobre 1944 de Dachau au camp de concentration de Neuengamme[169]. Outre Mauthausen en Autriche, Neuengamme était le dernier camp de concentration à se trouver encore sur le territoire nazi avant la fin imminente de la guerre[170]. On ignore comment Bruno Splitt a vécu ses derniers jours d’enfermement et s’il a fait partie d’une marche de la mort. Le 2 mai 1945, Neuengamme est libéré par les Anglais[171]. Jusqu’à la fin de son existence, Bruno Splitt a subi les conséquences sur sa santé de son incarcération de longue durée[172]. Il a souffert d’un état de faiblesse continuel jusqu’à Noël de la même année[97].
L’après-guerre
Après une odyssée de plusieurs années à travers cinq camps de concentration différents, Bruno Splitt revient d’abord à Essen. Il est domicilié au Zweigstraße 25 à partir du 19 décembre 1945. Son épouse Hedwig a également survécu à la guerre. Ils ne se sont manifestement pas retrouvés et le divorce est prononcé le 8 octobre 1947[173].
Bruno Splitt ne reste pas longtemps à Essen. Il déménage le 8 mai 1946 à Goldkronach (arrondissement de Bayreuth)[174], où il est officiellement domicilié à partir du 14 mai 1946[175]. Son déménagement a probablement été motivé par des raisons professionnelles. Arrivé à Goldkronach, Bruno Splitt devient gérant de la société Plantana Heilpflanzen-Anbau-und Verwertungs-GmbH. Sa mission consiste, entre autres, à coordonner les opérations entre les « cultivateurs de plantes médicinales contractuels » et les « groupes de récolteurs d’herbes sauvages ». Des raisons médicales l’obligent à quitter ce poste le 31 mars 1948[97]. À partir du 10 octobre 1946, Bruno Splitt vit à Hof, une petite ville également située dans l'arrondissement de Bayreuth[175]. Du 1er avril 1948 au 30 septembre 1949, il travaille à Hof comme gérant de la société Fränkischen Verbandmittelindustrie[97].
Procédure d’indemnisation
Le 17 octobre 1949, Bruno Splitt soumet une demande au Landesamt für Wiedergutmachung (Service régional d’indemnisation) qui précise à la rubrique « dommages corporels » la « perte de l’œil droit » ainsi qu’une « angine de poitrine ». Dans le langage à la fois bureaucratique et flou de son dossier, ces dommages sont dus à un « traitement inapproprié au camp de concentration de Natzweiler » ou à la « détention dans un camp de concentration et aux méthodes qui y étaient appliquées »[97]. Les troubles cardiaques et circulatoires constituaient les atteintes physiques ultérieures les plus fréquentes après une incarcération dans un camp de concentration[176]. Ils étaient d’ailleurs souvent « indépendants de toute symptomatologie clinique, radiologique ou électrocardiographique »[177]. Dès 1947, ces troubles nécessitent une cure. Bruno Splitt réclame alors une « prise en charge thérapeutique », une rente correspondant à la perte de revenus occasionnée et un « capital de 50 000 DM à titre de dédommagement » pour la perte de son œil[97]. L’expertise médicale effectuée à l’hôpital municipal de Hof à titre de vérification remet en cause le lien de cause à effet entre ses troubles cardiaques et son incarcération dans un camp de concentration. Une autre expertise médicale, mandatée par les services de santé en 1954, conduit à un résultat similaire, à savoir que sa demande ne se fonde sur aucun « élément objectif ». Indépendamment de cela, sa capacité au travail est estimée à 60 %. À cette période-là, Bruno Splitt travaille à l’heure pour la société Schmitt & Co qui distribue des « friandises ». L’office de la santé de Hof conclut néanmoins que, même s’il n’y a aucun « signe d’atteinte du muscle cardiaque », il faut « convenir en sa faveur que son incarcération de longue durée en camp de concentration, accompagnée d’un excès d’efforts et d’épreuves, a entraîné une faiblesse du muscle cardiaque transitoire [souligné dans l’original] ainsi qu’une grave altération de l’état de santé général avec état de faiblesse ». Compte tenu de la perte de son œil droit, un taux d’invalidité de 50 % lui est finalement accordé en 1955. De plus, il a été prouvé que le « statut social et économique » de Bruno Splitt avant la guerre correspondait à celui d’un « fonctionnaire de niveau intermédiaire »[178]. Le montant de sa rente est calculé sur cette base. Cette indemnisation individuelle avait pour objectif de « rétablir dans une certaine mesure les vies et les positions sociales affectées par la persécution »[179]. Bruno Splitt a obtenu de plus un « dédommagement financier pour privation de liberté » de 19 200 DM[97]. La procédure a pris fin en mars 1957 avec le réajustement aux dispositions de la Bundesgesetz zur Entschädigung für Opfer der nationalsozialistischen Verfolgung (loi fédérale relative à l'indemnisation des victimes des persécutions nazies) promulguée le 29 juin 1956[180].
En amont de diverses procédures juridiques lancées après la guerre contre différents membres de la SS, Bruno Splitt a été entendu à plusieurs reprises sur sa détention à Sachsenhausen. Cela a notamment été le cas en août 1961 dans le cadre d’enquêtes en cours contre les SS-Scharführer Otto Kaiser (1913-1996) et Friedrich Meyerhoff (1916-1987)[138]. Ils étaient tous les deux chefs de bloc et de commando à Sachsenhausen[181]. Une procédure avait été lancée contre Meyerhoff à Cologne en 1959 en raison de sa participation à l’assassinat de prisonniers de guerre soviétiques. Les enquêtes ont abouti en 1964 au premier procès de Sachsenhausen contre ces deux criminels[182]. Bruno Splitt n’a toutefois pas pu fournir de nouvelles informations sur les accusations portées contre eux[138]. Lors d’une deuxième audition de témoins le 13 octobre 1968, il a été interrogé sur le médecin de camp, Ludwig Ehrsam. Bruno Splitt a admis qu’il se rappelait simplement de ce nom mais ne pouvait rien rapporter de plus précis. Cette retenue est étonnante, dans la mesure où Ludwig Ehrsam, médecin-SS d’abord à Dachau puis à Sachsenhausen, était connu sous le nom de Dr Grausam (Dr Cruel) pour son traitement particulièrement brutal et inhumain des détenus[183]. Bruno Splitt n’a rien pu ajouter au procès-verbal non plus sur les meurtres en lien avec le Schuhläuferkommando[138]. Les membres du SS-Kommandanturstab (état-major) ne se présentaient généralement pas aux détenus par leur nom, de sorte que ces derniers se transmettaient entre détenus. Cela conduisait bien évidemment souvent à des confusions et a considérablement entravé l’identification des auteurs d’atrocités au cours des procédures juridiques d’après-guerre[184].
On ignore comment Bruno Splitt a vécu les dernières années de sa vie. Il ne s’est pas remarié et n’a pas eu d’enfants. On ne sait pas non plus s’il a repris une activité politique après la guerre[185]. Nous n’avons pas retrouvé de camarade qui l’aurait connu personnellement et aurait pu témoigner[186]. Peut-être a-t-il préféré se retirer de la vie publique pour ne pas compromettre ses droits dans la procédure d’indemnisation[187]. Il est également possible qu’il ait préféré tirer un trait sur son passé. Bruno Splitt est décédé le 21 avril 1981 à Hof[188].
Lea Münch
Traduction : Silke Vaissière-Trontin
Repères
Localisations
Nationalités
- Allemand (1898 - 1981)
Confessions
Publications
Références
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354
- ↑ 2,00 2,01 2,02 2,03 2,04 2,05 2,06 2,07 2,08 2,09 et 2,10 Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927
- ↑ Detlev Peukert, 'Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945 (Frankfurt a. M.: Röderberg, 1976). S. 42 ff.
- ↑ 4,0 et 4,1 LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933.
- ↑ 5,0 et 5,1 Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, 2000, Heiratssammelakte, Standesamt Essen-Borbeck
- ↑ 6,0 6,1 6,2 6,3 6,4 6,5 6,6 6,7 et 6,8 Landesentschädigungsamt München 040998 0357
- ↑ 7,0 7,1 et 7,2 Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland NW 1005-I/G17, 498
- ↑ 8,0 8,1 et 8,2 DHVS, Bibliothek Krankenakte Nr: 27/56 Bruno Splitt (1943)
- ↑ Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 (Abbildungsgenehmigung noch einzuholen)
- ↑ Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326
- ↑ Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Heiratsurkunde Nr. 296/1930, Standesamt Essen-Borbeck,
- ↑ Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, , Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles normalerweise 30 Euro Gebühren bei Publikation, aber für thèse entfallen diese ggf., ANTOINE Olivier, Service de reproduction repor@arch.be nochmal vorher kontaktieren.
- ↑ Weiterführend dazu: Willi Persike und Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau), Damals in Fichtenau: Erinnerungen an die zentrale Parteischule der KPD (Fichtenau: Selbstverlag Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau, 1980).
- ↑ Martin Sabrow, Erich Honecker: das Leben davor: 1912-1945 (München: Beck, 2016). S. 67 f.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915
- ↑ 16,0 et 16,1 LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867
- ↑ Peukert, Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945, . S. 47.
- ↑ Peukert. S. 40.
- ↑ Alte Synagoge Essen, Hrsg., Verfolgung und Widerstand in Essen, 1933-1945: Dokumentation zur Ausstellung (Essen: Klartext, 1991). S. 33.
- ↑ Alte Synagoge Essen, Widerstand und Verfolgung in Essen, 1933-1945. S. 34.
- ↑ Ernst Schmidt, Lichter in der Finsternis Widerstand und Verfolgung in Essen 1933 - 1945. Erlebnisse, Berichte, Forschungen, Gespräche, 2. Aufl., Bd. 1 (Frankfurt am Main: Röderberg, 1980). S. 133 ff.
- ↑ Eine der ausführlichsten Darstellungen des Essener Widerstandes stammt von Lokalhistoriker Ernst Schmidt, bei dem Bruno Splitt aber keine namentliche Erwähnung findet. Vgl.: Schmidt.
- ↑ Haftbefehl nennt als Tatzeitraum Mai.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12359, Haftbefehl vom 11. Juli 1933.
- ↑ Die Anklagschrift nennt als Tatzeitraum April.
- ↑ 26,0 et 26,1 LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Urteil vom 21.10.1933
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Urteil vom 21.10.1933.
- ↑ 29,0 29,1 29,2 29,3 29,4 et 29,5 LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915
- ↑ Peukert, Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945, . S. 68.
- ↑ Peukert, Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945, . S. 61.
- ↑ Politischer Leiter
- ↑ Peukert, Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945, . S. 52.
- ↑ Peukert. S. 53 ff.
- ↑ Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927. Die Akten der Gestapo sind weitestgehend vernichtet, Düsseldorf und Würzburg bilden hier eine der wenigen Ausnahmen. Vgl. Claus-Christian W Szejnmann, „Regionalgeschichte und die Erforschung des Nationalsozialismus. Forschungsstand und Forschungsperspektiven“, in Sachsen und der Nationalsozialismus, hg. von Jan Erik Schulte, Günther Heydemann, und Francesca Weil (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2014), 21–40., S. 21.
- ↑ Ulrike Jureit u. a., Überlebensgeschichten: Gespräche mit Überlebenden des KZ-Neuengamme (Hamburg: Dölling und Galitz, 1994). S. 153.
- ↑ Günter Morsch und Astrid Ley, Hrsg., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen (Berlin: Metropol, 2010). S. 22.
- ↑ Datenbank der Gedenkstätte Sachsenhausen, Provenienz des Originals: Russisches Staatliches Militärarchiv, , Moskau 1367/1/22, Bl. 616
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen, . S. 20.
- ↑ 40,0 40,1 40,2 40,3 40,4 40,5 40,6 et 40,7 LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. S. 33 f.
- ↑ In den Dokumenten der belgischen Ausländerbehörde werden unterschiedliche Angaben zum exakten Datum gemacht.
- ↑ Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles
- ↑ Datenbank der Gedenkstätte Sachsenhausen, Provenienz des Originals: Russisches Staatliches Militärarchiv, , Moskau 1367/1/22, Bl. 616. Bzw. LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen, . S. 66.
- ↑ Arolsen Archives, , Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler, 01012902 oS
- ↑ Datenbank der Gedenkstätte Sachsenhausen, Provenienz des Originals: Russisches Staatliches Militärarchiv, , Moskau1367/1/54, Bl. 315
- ↑ 48,0 48,1 48,2 et 48,3 LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236
- ↑ Weiterführend und grundlegen hierzu vgl.: Hans Günther Adler, „Selbstverwaltung und Widerstand in den Konzentrationslagern“, Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte 8, Nr. 3 (1960): 221–35.
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen, . S. 38.
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen, . S. 30.
- ↑ Morsch und Ley. S. 30.
- ↑ Morsch und Ley. S. 31.
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen, . S. 80.
- ↑ Morsch und Ley, Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen, . S. 74.
- ↑ Studentisches Projekttutorium, Hrsg., Un-Einheitlich. Biographien ehemaliger kommunistischer Häftlinge des Konzentrationslagers Sachsenhausen. (Berlin: Freie Universität, 1998). S. 7.
- ↑ 57,0 et 57,1 Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives
- ↑ Josef Kramer war ab 1934 in Dachau, 1937/38 Adjutant in Sachsenhausen, 1939 in Mauthausen. Im Mai 1940 in Auschwitz, ab April 1941 Schutzhaftlagerführer in Natzweiler, wo er ab 1942 zum Kommandanten aufstieg. Ab Mai 1944 Kommandant in Auschwitz-Birkenau, Ende des Jahres in Bergen-Belsen. Im Belsen-Prozeß in Lüneburg zu Tode verurteilt. Er war es auch, der die 86 Jüd*innen durch das Einleiten von Blausäuregas für Hirts Skelettsammlung ermordete. Ernst Klee, Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945, 4. Aufl. (Frankfurt am Main: Fischer, 2013). S. 334.
- ↑ Robert Steegmann, Struthof. Le KL-Natzweiler et ses kommandos. Une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin, 1941-1945 (Strasbourg: La nuée bleue, 2005). S. 44.
- ↑ Ich danke Frau Dr. Astrid Ley für diese Einordnung. Persönliche Korrespondenz per Email vom 23.12.2020.
- ↑ Lagerarzt an den Lagerkommandanten 19. April 1943 über Krankenhauseinweisung Bruno Splitts, 01012902 oS / ITS Digital Archive, Arolsen Archives
- ↑ Bodmann war SS-Obersturmführer seit 1941, seit Juli 1941 Lagerarzt m KZ Majdanek, seit Juni 1942 Standortarzt in Auschwitz und gilt als Erfinder der Ermordung von Häftlingen mit Phenolspritzen und soll auf diese Weise selbst Häftling ermordet haben. Im Herbst 1942 wurde er Standortarzt im KZ Neuengamme, wo er an der Ermordung sowjetischer Kriegsgefangener mit Zyklon-B beteiligt war. Danach war er als Lagerarzt in Natzweiler tätig. Zuletzt war er Chefarzt im KZ Vavaira (Estland) und beging am 25.5.1945 Suizid im Lazarett Markt Pongau. Ernst Klee, Auschwitz, die NS-Medizin und ihre Opfer (Frankfurt am Main: Fischer Verlag, 1997). S. 410 (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Paczula vom 27.10.1959 und Bl. 2568, (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Schwalbova vom 21.9.1961, Bl. 10937 und Klee, Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945. S. 57 f.
- ↑ Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, , 19. April 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive
- ↑ lateinisch ex „aus“ und nucleus „Kern“, dt. „Entkernung“; hier chirurgische Entfernung des Augapfels.
- ↑ Lagerkommandant an den Lagerarzt über die Krankenhauseinweisung des Häftlings Max Mahler, 28. August 1943, 1.1.29.2 / 3200307 / ITS Digital Archive, Arolsen Archives
- ↑ Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, , 14. Mai 1943 / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive
- ↑ Arolsen Archives, , Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01012902 oS
- ↑ Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01010602 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives
- ↑ 69,0 et 69,1 L. Lutz und L. Münch: „... in das Bürgerspital nach Straβburg zur weiteren Behandlung überführt." Zur Verbindung zwischen dem Konzentrationslager Natzweiler, dem „Sicherungslager“ Schirmeck und der „Reichsuniversität“ Straβburg. In: Sammelband zur Geschichte der Medizinischen Fakultät der „Reichsuniversität“ Straßburg 1941-44 (Arbeitstitel), Hrsg.: Bonah, Christian; Schmaltz, Florian; Weindling, Paul (im Erscheinen).
- ↑ Ley, Astrid und Morsch, Günter, Medizin und Verbrechen. Das Krankenrevier des KZ Sachsenhausen 1936-1945, Bd. 21, Schriftenreihe der Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten (Berlin: Metropol, 2007). S. 91.
- ↑ Persönliche Auskunft von Dr. Astrid Ley per Email vom 12.12.2020.
- ↑ Arolsen Archives, , Individuelle Häftlingsunterlagen KL Dachau, 01010602 oS. Weiterführend zu Neuengamme: Fritz Bringmann, Neuengamme: Berichte, Erinnerungen, Dokumente (Frankfurt am Main: Röderberg-Verlag, 1982). Und Jureit u. a., Überlebensgeschichten.
- ↑ Bringmann, Neuengamme. S. 87.
- ↑ Bringmann. S. 98 ff.
- ↑ Welche psychischen Folgen die Haftzeit für Bruno Splitt hatte, ist unbekannt. Grundlegend hierzu siehe: Leo Eitinger, „KZ-Haft und psychische Traumatisierung“, Psyche 44 (1990): 118–32.
- ↑ Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Standesamt Essen-Borbeck, II, 13.6.-21-10—1930, Nr. 296_279.
- ↑ Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Personenkartei 3000, Meldekarte Bruno Splitt
- ↑ 78,0 et 78,1 Stadtarchiv Goldkronach, EAPL 1-15-150, Polizeiliches An- und Abmelderegister vom 1.6.1946 bis 31.12.1949
- ↑ Paul Matussek, Die Konzentrationslagerhaft und Ihre Folgen (Berlin, Heidelberg, New York: Springer, 1971). S. 46.
- ↑ R. Targowla, „Die neuropsychischen Folgen der Deportation in deutschen Konzentrationslagern.“, in Gesundheitsschäden durch Verfolgung und Gefangenschaft und ihre Spätfolgen. Zusammenstellung der Referate und Ergebnisse der Internationalen Sozialmedizinischen Konferenz über die Pathologie der ehemaligen Deportierten und Internierten, 5.-7. Juni 1954 in Kopenhagen, hg. von Max Michel (Franfurt a.M.: Röderberg, 1955). S. 34.
- ↑ Damit folgte man den Vorgaben des „Bundesergänzungsgesetz zur Entschädigung der Opfer nationalsozialistischer Verfolgung (BErG) vom 18.9.1953, wonach die Antragssteller*innen in „eine von vier Beamtenklassen in Abhängigkeit von ihrem Einkommen vor der Verfolgung eingeteilt wurden.“ Constantin Goschler, Schuld und Schulden. Die Politik der Wiedergutmachung für NS-Verfolgte seit 1945 (Göttingen: Wallstein, 2005). S. 191.
- ↑ Goschler. S. 191.
- ↑ Goschler, Schuld und Schulden. Hier S. 535.
- ↑ Stephanie Bohra, Tatort Sachsenhausen. Strafverfolgung von KZ-Verbrechen in der Bundesrepublik Deutschland (Berlin: Metropol, 2019). S. 56.
- ↑ Bohra. S. 61 f.
- ↑ Marco Pukrop, „SS-Mediziner zwischen Lagerdienst und Fronteinsatz. Die personnelle Besetzung der Medizinischen Abteilung im Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945“ (Diss. phil., Hannover, Gottfried Wilhelm Leibniz Universität, 2015). S. 283 ff. Ehrsam war bereits 1946 durch ein sowjetisches Militärtribunal zu Tode verurteilt worden. Über Ehrsams Verbleib herrschte in der Bundesrepublik jedoch lange Ungewissheit, was die Vernehmung erklärt. Ebd. S. 297 f.
- ↑ Bohra, Tatort Sachsenhausen. Strafverfolgung von KZ-Verbrechen in der Bundesrepublik Deutschland. S. 205.
- ↑ Weder dem VVN-BdA in Essen noch in Hof ist sein Name und sein Schicksal bekannt. Persönliche Korrespondenz der Autorin mit Eva Petermann, VVN-BdA Kreisvereinigung Hof-Wunsiedel.
- ↑ Persönliche Auskunft von August Ballin, Bezirksvorsteher der DKP Nordbayern per Email vom 3.03.2021. Er hatte die Anfrage an die DKP-Hof und an einen 91-jährigen Genossen, der in der fraglichen Zeit in der Gegend von Goldkronach gewohnt hatte weitergeleitet. Jedoch haben die heute in Hof aktiven Genossinnen keinerlei Kenntnis über Bruno Splitt, was zum einen daran liegt, dass sie erst nach dem Tod von Bruno Splitt nach Hof gezogen sind und zum anderen das Genoss*innen die ihn gekannt haben könnten schon verstorben sind.
- ↑ Nach dem Bundesergänzungsgesetz (BErG) vom 1. Oktober 1953 von Ansprüchen ausgeschlossen, „wer die freiheitlich demokratische Grundordnung bekämpft. Damit wurde vor allem auf höherrangige KPD-Funktionäre abgezielt, weniger aber auch einfach KPD-Mitglieder. Goschler, Schuld und Schulden. S. 192.
- ↑ Stadtarchiv Hof, Einwohnermeldekartei
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 12354.]
- ↑ Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n° 927]
- ↑ Detlev Peukert, Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945 (Frankfurt a. M.: Röderberg, 1976). p. 42 ss
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 1867, interrogatoire de Bruno Splitt le 30.12.1933].
- ↑ 96,0 et 96,1 Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, 2000, Heiratssammelakte, Standesamt Essen-Borbeck. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, 2000, dossier de mariage, état civil d’Essen-Borbeck.]
- ↑ 97,0 97,1 97,2 97,3 97,4 97,5 97,6 97,7 et 97,8 Landesentschädigungsamt München 040998 0357. [Office régional d’indemnisation Munich 040998 0357.]
- ↑ 98,0 et 98,1 Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, NW 1005-I/G17, 498. [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, NW 1005-I/G17, 498.]
- ↑ Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, département Rhénanie, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]
- ↑ 100,0 100,1 et 100,2 Bibliothèque du DHVS, dossier médical n°27/56 Bruno Splitt (1943).
- ↑ Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 .(Abbildungsgenehmigung noch einzuholen)
- ↑ Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 [Archives historiques de Krupp, WA 168 / 326] (l’autorisation de reproduction doit encore être obtenue)
- ↑ Historisches Archiv Krupp, WA 168 / 326 [Archives historiques de Krupp, WA 168 /326]
- ↑ 104,0 104,1 104,2 104,3 et 104,4 Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]
- ↑ Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Heiratsurkunde Nr. 296/1930, Standesamt Essen-Borbeck. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, certificat de mariage n° 296/1930, état civil Essen-Borbeck.]
- ↑ Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles, normalerweise 30 Euro Gebühren bei Publikation, aber für thèse entfallen diese ggf., ANTOINE Olivier, Service de reproduction repor@arch.be nochmal vorher kontaktieren.
- ↑ nformations complémentaires à ce sujet : Willi Persike und Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau), Damals in Fichtenau: Erinnerungen an die zentrale Parteischule der KPD (Fichtenau: Selbstverlag Gedenk- und Bildungsstätte (Schöneiche-Fichtenau, 1980).
- ↑ Martin Sabrow, Erich Honecker: das Leben davor: 1912-1945 (München: Beck, 2016). p. 67 f.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 1915.]
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1867.]
- ↑ Peukert, Ruhrarbeiter p. 47.
- ↑ Peukert: Ruhrarbeiter p. 40.
- ↑ Alte Synagoge Essen, dir., Verfolgung und Widerstand in Essen, 1933-1945: Dokumentation zur Ausstellung. Essen: Klartext, 1991. p. 33.
- ↑ Alte Synagoge Essen (dir.), Widerstand und Verfolgung in Essen, 1933-1945. 1991, p. 34.
- ↑ Ernst Schmidt, Lichter in der Finsternis Widerstand und Verfolgung in Essen 1933 - 1945. Erlebnisse, Berichte, Forschungen, Gespräche, 2. Aufl., Bd. 1. Frankfurt am Main: Röderberg, 1980. p. 133 ss
- ↑ C’est l’historien local Ernst Schmidt qui offre l’une des descriptions les plus détaillées de la résistance à Essen. Bruno Splitt n’y est toutefois pas mentionné nommément. Cf. : Schmidt.
- ↑ Le mandat d’arrêt indique que les faits ont eu lieu en mai.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12359, Haftbefehl vom 11. Juli 1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 12359, mandat d’arrêt du 11 juillet 1933.]
- ↑ La mise en accusation indique que les faits ont eu lieu en avril.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n° 12354, mise en accusation du 11 août 1933.]
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354,
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Anklageschrift vom 11. August 1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°12354, mise en accusation du 11 août 1933.]
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 12354, Urteil vom 21.20.1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°12354, jugement du 21/10/1933].
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867, Vernehmung Bruno Splitts am 30.12.1933. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1867, interrogatoire de Bruno Splitt le 30/12/1933].
- ↑ 125,0 125,1 125,2 125,3 et 125,4 LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1867. [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915.]
- ↑ Peukert: Ruhrarbeiter p. 68.
- ↑ Peukert: Ruhrarbeiter. p. 61.
- ↑ LA NRW Q 211a Generalstaatsanwaltschaft Hamm, , Erstinstanzliche Strafsachen, Nr. 1915 [Parquet général de Hamm, affaires pénales de première instance, n°1915]
- ↑ Dirigeant politique.
- ↑ Peukert: Ruhrarbeiter p. 52.
- ↑ Peukert, Ruhrarbeiter gegen den Faschismus. Dokumentation über den Widerstand im Ruhrgebiet 1933-1945. p. 53 ss.
- ↑ Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland, RW 0058 (Geheime Staatspolizei – Staatspolizeileitstelle Düsseldorf), , Nr. 927 [Archives régionales de Rhénanie du Nord-Westphalie, Département Rhénanie, RW 0058 (police secrète d’État - poste de contrôle de la police d’État Düsseldorf), n°927]. Les dossiers de la Gestapo ont été en grande partie détruits, Düsseldorf et Wurzbourg constituent à cet effet de rares exceptions. cf. Claus-Christian W Szejnmann, „Regionalgeschichte und die Erforschung des Nationalsozialismus. Forschungsstand und Forschungsperspektiven“, in Sachsen und der Nationalsozialismus, hg. von Jan Erik Schulte, Günther Heydemann, und Francesca Weil (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 2014), 21–40., p. 21.
- ↑ Ulrike Jureit u. a., Überlebensgeschichten: Gespräche mit Überlebenden des KZ-Neuengamme'. Hamburg: Dölling und Galitz, 1994. p. 153.
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010. p. 22.
- ↑ Base de données du mémorial de Sachsenhausen, provenance de l’original : Archives militaires d’État russes, Moscou 1367/1/22, f. 616
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 20.
- ↑ 138,0 138,1 138,2 138,3 138,4 et 138,5 LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 33.
- ↑ Les documents de la Police des étrangers belge renferment des informations divergentes quant à la date exacte.
- ↑ Dossier individuel de Hedwig Splitt A228.156, Archives de la Police des étrangers, Archives Générales du Royaume, Bruxelles.
- ↑ Base de données du mémorial de Sachsenhausen, provenance de l’original : Archives militaires d’État russes, Moscou 1367/1/22, f. 616, . Également LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. des tribunaux 267 n°1407.]
- ↑ Landesarchiv NRW Abteilung Rheinland NW 1005-I/G17, 498.
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 66.
- ↑ 145,0 et 145,1 LAV NRW R Gerichte Rep. 267 Nr. 1407. [rep. Des tribunaux 267 n°1407.]
- ↑ Arolsen Archives, Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01012902 oS. [Arolsen Archives, dossiers individuels de détenus du camp de concentration de Natzweiler, 01012902 oS.]
- ↑ Base de données du mémorial de Sachsenhausen, provenance de l’original : Archives militaires d’État russes, Moscou, 1367/1/54, f. 315
- ↑ 148,0 148,1 148,2 et 148,3 LAV NRW R Gerichte Rep. 118 Nr. 236. [rep. des tribunaux 118 n°236.]
- ↑ Informations complémentaires et détails à ce sujet, cf. : Hans Günther Adler, „Selbstverwaltung und Widerstand in den Konzentrationslagern“, Voerteljahreshefte für Zeitgeschichte 8, Nr. 3 (1960): 221–35.
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 38.
- ↑ 151,0 et 151,1 Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 30.
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 31.
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 80.
- ↑ Günter Morsch, Astrid Ley, dir., Das Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945. Ereignisse und Entwicklungen. Berlin: Metropol, 2010., p. 74.
- ↑ Studentisches Projekttutorium, Hrsg., Un-Einheitlich. Biographien ehemaliger kommunistischer Häftlinge des Konzentrationslagers Sachsenhausen. (Berlin: Freie Universität, 1998). p. 7.
- ↑ 156,0 et 156,1 Individuelle Häftlingsunterlagen KZ Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives [Dossier individuel du détenu du camp de concentration de Natzweiler Bruno Splitt, 01012902 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives]
- ↑ Josef Kramer est présent à partir de 1934 à Dachau, 1937/38 officier d’ordonnance à Sachsenhausen, 1939 à Mauthausen. En mai 1940 à Auschwitz, à partir d’avril 1941 directeur du camp de détention provisoire de Natzweiler, où il est promu commandant en 1942. À partir de mai 1944, commandant à Auschiwtz-Birkenau et en fin d’année à Bergen-Belsen. Condamné à mort à Lunebourg lors du procès de Belsen. Il est aussi l’instigateur de l’utilisation de gaz d’acide cyanhydrique pour tuer les 86 juifs destinés à la collection de squelettes du professeur Hirt. Ernst Klee, Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945, 4. Aufl. (Frankfurt am Main: Fischer, 2013). p. 334.
- ↑ Robert Steegmann, Struthof. Le KL-Natzweiler et ses kommandos. Une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin, 1941-1945 (Strasbourg: La nuée bleue, 2005). p. 44.
- ↑ Je remercie le Dr Astrid Ley pour cette classification. Correspondance personnelle par e-mail du 23/12/2020.
- ↑ Lagerarzt an den Lagerkommandanten 19. April 1943 über Krankenhauseinweisung Bruno Splitts, 01012902 oS / ITS Digital Archive, Arolsen Archives. [Courrier du médecin du camp au commandant du camp le 19 avril 1943 à propos du transfert de Bruno Splitt à l’hôpital, 01012902 oS / ITS Digital Archive, Arolsen Archives.]
- ↑ Bodmann était SS-Obersturmführer depuis 1941, médecin de camp du camp de concentration de Majdanek depuis juillet 1941, médecin du camp de concentration d’Auschwitz depuis juin 1942 et est considéré comme l’instigateur du meurtre des détenus par injection de phénol ; il aurait lui-même assassiné un détenu de cette façon. À l’automne 1942, il était médecin de camp au camp de concentration de Neuengamme, où il a participé à l’assassinat au Zyklon-B de prisonniers de guerre soviétiques. Il est ensuite devenu le médecin de camp de Natzweiler. En dernier lieu, il a été médecin-chef au camp de concentration de Vavaira (Estonie) et s’est suicidé le 25/05/1945 à l’hôpital militaire de Markt Pongau. Ernst Klee, Auschwitz, die NS-Medizin und ihre Opfer. Frankfurt am Main: Fischer Verlag, 1997. p. 410 (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Paczula vom 27.10.1959 und Bl. 2568, (Ausschwitz-Verfahren Verf. 4 Js 444/59 Oberstaatsanwaltschaft Frankfurt a. M.) Aussage Schwalbova vom 21.9.1961, Bl. 10937 und Klee, Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945. p. 57 f.
- ↑ 162,0 162,1 et 162,2 Lagerarzt an die Universitäts-Augen-Klinik, Bürgerspital, 19. April 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive. [Courrier du médecin de camp à la clinique ophtalmologique universitaire de l’hôpital civil, 19 avril 1943, / 01012902 oS/ ITS Digital Archive, Arolsen Archive.]
- ↑ Du latin ex : en retirant et nucleus : noyau, soit ablation chirurgicale du globe oculaire.
- ↑ Lagerkommandant an den Lagerarzt über die Krankenhauseinweisung des Häftlings Max Mahler, 28. August 1943, 1.1.29.2 / 3200307 / ITS Digital Archive, Arolsen Archives [courrier du commandant du camp au médecin du camp à propos du transfert à l’hôpital de Max Mahler, 28 août 1943, 1.1.29.2 / 3200307 / ITS Digital Archive, Arolsen Archives]
- ↑ Individuelle Häftlingsunterlagen KL Natzweiler, 01010602 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives. [Dossiers individuels de détenus du camp de concentration de Natzweiler, 01010602 oS, ITS Digital Archive, Arolsen Archives.]
- ↑ 166,0 et 166,1 L. Lutz, L. Münch: „... in das Bürgerspital nach Straβburg zur weiteren Behandlung überführt." Zur Verbindung zwischen dem Konzentrationslager Natzweiler, dem „Sicherungslager“ Schirmeck und der „Reichsuniversität“ Straβburg. Sammelband zur Geschichte der Medizinischen Fakultät der „Reichsuniversität“ Straßburg 1941-44 (titre provisoire), Hrsg.: Bonah, Christian; Schmaltz, Florian; Weindling, Paul (à paraître).
- ↑ Astrid Ley, Günter Morsch: Medizin und Verbrechen. Das Krankenrevier des KZ Sachsenhausen 1936-1945, Bd. 21, Schriftenreihe der Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten Berlin: Metropol, 2007. p. 91.
- ↑ Renseignements personnels du Dr Astrid Ley par e-mail du 12.12.2020.
- ↑ Arolsen Archives, Individuelle Häftlingsunterlagen KL Dachau, 01010602 oS. [Arolsen Archives, dossiers individuels de détenus du camp de concentration de Dachau, 01012902 oS]., Informations complémentaires sur Neuengamme : Fritz Bringmann, Neuengamme: Berichte, Erinnerungen, Dokumente. Frankfurt am Main: Röderberg-Verlag, 1982. et Jureit u. a., Überlebensgeschichten.
- ↑ Bringmann, Neuengamme, p. 87
- ↑ Bringmann, Neuengamme , p. 98 ss
- ↑ Les conséquences psychiques pour Bruno Splitt à la suite de sa période de détention sont inconnues. Voir à cet sujet : Leo Eitinger, „KZ-Haft und psychische Traumatisierung“, Psyche 44 (1990): 118–32.
- ↑ Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Standesamt Essen-Borbeck, II, 13.6.-21-10—1930, Nr. 296_279. [Office de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, état civil d’Essen-Borbeck, II, 13.6.-21-10—1930, Nr. 296_279.]
- ↑ Haus der Essener Geschichte/Stadtarchiv, Personenkartei 3000, Meldekarte Bruno Splitt. [Bureau de l’histoire/des archives de la ville d’Essen, fiche du personnel 3000, fiche d’inscription Bruno Splitt.]
- ↑ 175,0 et 175,1 Stadtarchiv Goldkronach, EAPL 1-15-150, Polizeiliches An- und Abmelderegister vom 1.6.1946 bis 31.12.1949. [Archives de la ville de Goldkronach, EAPL 1-15-150, registre d’inscription et de radiation de la police du 01/06/1946 au 31/12/1949.]
- ↑ Paul Matussek, Die Konzentrationslagerhaft und Ihre Folgen. Berlin, Heidelberg, New York: Springer, 1971, p. 46.
- ↑ R. Targowla, „Die neuropsychischen Folgen der Deportation in deutschen Konzentrationslagern.“ In Max Michel, dir.: Gesundheitsschäden durch Verfolgung und Gefangenschaft und ihre Spätfolgen. Zusammenstellung der Referate und Ergebnisse der Internationalen Sozialmedizinischen Konferenz über die Pathologie der ehemaligen Deportierten und Internierten, 5.-7. Juni 1954 in Kopenhagen. Franfurt a.M.: Röderberg, 1955. p. 34.
- ↑ Cela correspondait aux préceptes de la Bundesergänzungsgesetz zur Entschädigung der Opfer nationalsozialistischer Verfolgung (BErG, loi fédérale complémentaire relative à l'indemnisation des victimes des persécutions nazies) du 18/09/1953, selon laquelle les demandeurs étaient « affectés à l’une des quatre classes de fonctionnaires selon leur niveau de revenus avant la persécution. » Constantin Goschler, Schuld und Schulden. Die Politik der Wiedergutmachung für NS-Verfolgte seit 1945. Göttingen: Wallstein, 2005. p.191.
- ↑ Goschler: Schuld und Schulden, p. 191.
- ↑ Goschler: Schuld und Schulden, p. 535.
- ↑ Stephanie Bohra: Tatort Sachsenhausen. Strafverfolgung von KZ-Verbrechen in der Bundesrepublik Deutschland Berlin: Metropol, 2019. p. 56.
- ↑ Bohra: Tatort Sachsenhausen. p. 61 f.
- ↑ Marco Pukrop: „SS-Mediziner zwischen Lagerdienst und Fronteinsatz. Die personnelle Besetzung der Medizinischen Abteilung im Konzentrationslager Sachsenhausen 1936-1945“ Diss. phil., Hannover, Gottfried Wilhelm Leibniz Universität, 2015. p. 283 ss. En 1946, Ehrsam avait déjà été condamné à mort par un tribunal militaire soviétique. Cependant, l’incertitude a longtemps régné en République fédérale d’Allemagne sur le lieu où se trouvait Ehrsam, ce qui explique l’interrogatoire. Ibidem p. 297 f.
- ↑ Bohra: Tatort Sachsenhausen., p. 205.
- ↑ Ni la VVN-BdA (association des persécutés du régime nazi) d’Essen ni celle de Hof ne connaissent son nom ni son destin. Correspondance personnelle de l’auteure avec Eva Petermann, VVN-BdA de l’association de l’arrondissement Hof-Wunsiedel.
- ↑ Communication personnelle d’August Ballin, chef de district du DKP (Deutsche Kommunistische Partei, Parti communiste allemand) de Bavière du Nord par e-mail du 03/03/2021. Il a transmis la demande au DKP-Hof et à un camarade de 91 ans qui a vécu à proximité de Goldkronach durant la période concernée. Cependant, les membres actuellement en activité à Hof n’ont aucune connaissance de Bruno Splitt, ce qui tient d’une part au fait qu’ils ont emménagé à Hof après son décès et d’autre part au fait que les camarades qui auraient pu le connaître sont déjà décédés.
- ↑ Selon la loi fédérale complémentaire (Bundesergänzungsgesetz) du 1er octobre 1953, est exclu de toute revendication « celui qui combat l’ordre fondamental libéral et démocratique ». Les fonctionnaires du KPD de haut rang surtout étaient visés par cette disposition, moins les simples membres du KPD. Goschler: Schuld und Schulden. p. 192.
- ↑ Stadtarchiv Hof, Einwohnermeldekartei [Archives municipales de Hof, fiche de recensement des habitants]