Différences entre les versions de « Eugène Wallner »
m (Enregistré en utilisant le bouton "Sauvegarder et continuer" du formulaire) |
m (Enregistré en utilisant le bouton "Sauvegarder et continuer" du formulaire) |
||
Ligne 45 : | Ligne 45 : | ||
Le 28 juillet 1941, Eugène Wallner est transféré à l’asile psychiatrique de Stephansfeld. Sa maladie, à savoir une « dépression sénile », semble avoir à elle seule conduit à son internement durant des années à l’asile psychiatrique, comme l’atteste le résumé du médecin sur l’état d’Eugène Wallner après deux semaines d’hospitalisation : « atteinte des capacités mentales, idées délirantes de nature [h]ypochondriaque » et « labilité émotionnelle »10. Le dossier médical mentionne à de très nombreuses reprises que le patient croit souffrir de différentes maladies graves et qu’il n’en démord pas : « J’aurais en réalité dû aller au service de chirurgie. J’ai une attaque cérébrale du plus haut niveau. Je ne peux pas dormir. Je peux perdre la vie d’une minute à l’autre. Il faut achever l’attaque, une piqûre matin et soir. »11 Ou encore ailleurs : « J’ai des palpitations. Je tremble de rage. Je suis perdu. »12 Au départ, le personnel le considère comme « un malade sénile plutôt calme. »13. Cela change progressivement durant l’année 1942. Ainsi, les notes prises par le médecin dans son dossier médical précisent : « a des revendications concernant la nourriture. Le pain sec lui écorche la gorge. Il réclame plus à manger pour pouvoir arrêter de prendre le pain sec. Il pense qu’il va mourir ». Il est indiqué à plusieurs reprises qu’ « il geint ». Par ailleurs, Eugène Wallner dit à propos de lui-même : « Sa compréhension est encore bonne, elle est très importante. » Et plus loin : « Personne n’aime mourir. Une mort dure et laide m’attend. Je veux avoir plus à manger, des choses consistantes. Je crache des glaires, tout ça à cause du pain dur. »14 Si l'on en croit son dossier, son état d’agitation ne cesse d’empirer et ses plaintes ainsi que ses troubles sont progressivement décrits comme une charge pour le personnel de l’asile. Au début de l’année 1943, Eugène Wallner « se plaint sans cesse de maltraitance » et il exprime le souhait de quitter l’établissement. « Il dit qu’il peut faire n’importe quel travail. Il pense qu’on veut l’enfermer à vie [,] le garder en captivité ». Il prétend s’être fait battre et avoir été bousculé dans la salle. 15 Cela étant, on ignore si ses descriptions répétées de violence physique par le personnel ou d’autres malades sont le fruit de ses symptômes psychotiques ou le reflet de la réalité ; les deux sont concevables. | Le 28 juillet 1941, Eugène Wallner est transféré à l’asile psychiatrique de Stephansfeld. Sa maladie, à savoir une « dépression sénile », semble avoir à elle seule conduit à son internement durant des années à l’asile psychiatrique, comme l’atteste le résumé du médecin sur l’état d’Eugène Wallner après deux semaines d’hospitalisation : « atteinte des capacités mentales, idées délirantes de nature [h]ypochondriaque » et « labilité émotionnelle »10. Le dossier médical mentionne à de très nombreuses reprises que le patient croit souffrir de différentes maladies graves et qu’il n’en démord pas : « J’aurais en réalité dû aller au service de chirurgie. J’ai une attaque cérébrale du plus haut niveau. Je ne peux pas dormir. Je peux perdre la vie d’une minute à l’autre. Il faut achever l’attaque, une piqûre matin et soir. »11 Ou encore ailleurs : « J’ai des palpitations. Je tremble de rage. Je suis perdu. »12 Au départ, le personnel le considère comme « un malade sénile plutôt calme. »13. Cela change progressivement durant l’année 1942. Ainsi, les notes prises par le médecin dans son dossier médical précisent : « a des revendications concernant la nourriture. Le pain sec lui écorche la gorge. Il réclame plus à manger pour pouvoir arrêter de prendre le pain sec. Il pense qu’il va mourir ». Il est indiqué à plusieurs reprises qu’ « il geint ». Par ailleurs, Eugène Wallner dit à propos de lui-même : « Sa compréhension est encore bonne, elle est très importante. » Et plus loin : « Personne n’aime mourir. Une mort dure et laide m’attend. Je veux avoir plus à manger, des choses consistantes. Je crache des glaires, tout ça à cause du pain dur. »14 Si l'on en croit son dossier, son état d’agitation ne cesse d’empirer et ses plaintes ainsi que ses troubles sont progressivement décrits comme une charge pour le personnel de l’asile. Au début de l’année 1943, Eugène Wallner « se plaint sans cesse de maltraitance » et il exprime le souhait de quitter l’établissement. « Il dit qu’il peut faire n’importe quel travail. Il pense qu’on veut l’enfermer à vie [,] le garder en captivité ». Il prétend s’être fait battre et avoir été bousculé dans la salle. 15 Cela étant, on ignore si ses descriptions répétées de violence physique par le personnel ou d’autres malades sont le fruit de ses symptômes psychotiques ou le reflet de la réalité ; les deux sont concevables. | ||
La dernière observation sur l edossier médical à Stephansfeld date du 5 janvier 1944 et a été ajoutée à la main. Elle est lapidaire : « état inchangé »16. Vers la fin de l’année 1943, les asiles psychiatriques alsaciens de Stephansfeld et Hoerdt ayant atteint leur capacité d’accueil maximale, les lits disponibles viennent à manquer17. C’est la raison pour laquelle Ludwig Sprauer (1884-1962), ''oberster Medizinalbeamte'' (directeur général de l’Office régional des affaires sanitaires et sociales) de Bade, ordonne le transfert de 50 patients de chacun des asiles vers l’établissement de Hadamar (Hesse). Le 5 janvier 1944, les 100 patients sont déportés vers Hadamar lors d’un voyage en train qui dure vingt-deux heures18. Eugène Wallner fait partie du convoi. On ignore comment il a vécu ce transfert. Arrivé à Hadamar, son dossier médical indique à la date du 1er février : « Dégradation rapide ces derniers jours. [...] Très faible. Collapsus ce matin. »19 Et le jour suivant : « Ne récupérera pas. Décès ce jour par marasme sénile »20. Sur le certificat de décès, la cause de la mort qui est indiquée est la suivante : « faiblesse due à l’âge »21. Durant cette phase de l’extermination des malades, il s’agissait d’un diagnostic courant qui était censé suggérer une mort naturelle aux proches de la victime. Le taux de décès à l’asile psychiatrique de Hadamar s’élevait à plus de 70 pour cent à cette époque. On ignore si la date indiquée correspond bien au jour du meurtre car les dates de décès étaient elles aussi fréquemment falsifiées22. Il n’existe à ce jour aucune information sur les derniers jours d’Eugène Wallner hormis ces données qu'il faut à prendre avec prudence. | La dernière observation sur l edossier médical à Stephansfeld date du 5 janvier 1944 et a été ajoutée à la main. Elle est lapidaire : « état inchangé »16. Vers la fin de l’année 1943, les asiles psychiatriques alsaciens de Stephansfeld et Hoerdt ayant atteint leur capacité d’accueil maximale, les lits disponibles viennent à manquer17. C’est la raison pour laquelle Ludwig Sprauer (1884-1962), ''oberster Medizinalbeamte'' (directeur général de l’Office régional des affaires sanitaires et sociales) de Bade, ordonne le transfert de 50 patients de chacun des asiles vers l’établissement de Hadamar (Hesse). Le 5 janvier 1944, les 100 patients sont déportés vers Hadamar lors d’un voyage en train qui dure vingt-deux heures18. Eugène Wallner fait partie du convoi. On ignore comment il a vécu ce transfert. Arrivé à Hadamar, son dossier médical indique à la date du 1er février : « Dégradation rapide ces derniers jours. [...] Très faible. Collapsus ce matin. »19 Et le jour suivant : « Ne récupérera pas. Décès ce jour par marasme sénile »20. Sur le certificat de décès, la cause de la mort qui est indiquée est la suivante : « faiblesse due à l’âge »21. Durant cette phase de l’extermination des malades, il s’agissait d’un diagnostic courant qui était censé suggérer une mort naturelle aux proches de la victime. Le taux de décès à l’asile psychiatrique de Hadamar s’élevait à plus de 70 pour cent à cette époque. On ignore si la date indiquée correspond bien au jour du meurtre car les dates de décès étaient elles aussi fréquemment falsifiées22. Il n’existe à ce jour aucune information sur les derniers jours d’Eugène Wallner hormis ces données qu'il faut à prendre avec prudence. | ||
Lea Münch | |||
Traduction : Silke Vaissière-Trontin | |||
|Contexte_de=Der 51-jährige Eugène Wallner kam auf Anraten eines niedergelassenen Arztes am 21. Mai 1941 in die Psychiatrische Klinik der „Reichsuniversität“ Straßburg. Dort notierte der behandelnde Arzt Frey ''[Querverweis zu Bio im Wiki]'' kurz und knapp den folgenden Befund: „leichter Erregungszustand, spricht zusammenhangslos, hypochondrische Ideen“. Weiterhin wurde vermerkt: „gibt keinen Alkoholmissbrauch zu, aber es scheint nicht zu stimmen.“ Erklärend wurde hinzugefügt, wie man zu diesem Schluss kam: „Tremor der Extremitäten“.€€€Anamnese, undatiert, ADHVS Psychiatrische Krankenakte RUS Wallner, Eugen; nicht nummeriert (1941)€€€ Eine Verbesserung seines Gesundheitszustandes wurde während des Klinikaufenthalts nicht erreicht, sodass er am 28. Juli 1941 mit der Diagnose „Senile Psychose“ in die Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld überwiesen wurde.€€€Aktendeckel, ADHVS Psychiatrische Krankenakte RUS Wallner, Eugen; nicht nummeriert (1941)€€€ Glaubt man dem Untersuchungsbefund, muss man sich Eugène Wallner als vorzeitig gealterten, bereits gebrechlichen Mann, mit weißen Haaren und vornübergebeugter Haltung vorstellen.€€€Körperliche Untersuchung vom 30.07.1941, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Ein Foto enthält die Krankenakte nicht. | |Contexte_de=Der 51-jährige Eugène Wallner kam auf Anraten eines niedergelassenen Arztes am 21. Mai 1941 in die Psychiatrische Klinik der „Reichsuniversität“ Straßburg. Dort notierte der behandelnde Arzt Frey ''[Querverweis zu Bio im Wiki]'' kurz und knapp den folgenden Befund: „leichter Erregungszustand, spricht zusammenhangslos, hypochondrische Ideen“. Weiterhin wurde vermerkt: „gibt keinen Alkoholmissbrauch zu, aber es scheint nicht zu stimmen.“ Erklärend wurde hinzugefügt, wie man zu diesem Schluss kam: „Tremor der Extremitäten“.€€€Anamnese, undatiert, ADHVS Psychiatrische Krankenakte RUS Wallner, Eugen; nicht nummeriert (1941)€€€ Eine Verbesserung seines Gesundheitszustandes wurde während des Klinikaufenthalts nicht erreicht, sodass er am 28. Juli 1941 mit der Diagnose „Senile Psychose“ in die Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld überwiesen wurde.€€€Aktendeckel, ADHVS Psychiatrische Krankenakte RUS Wallner, Eugen; nicht nummeriert (1941)€€€ Glaubt man dem Untersuchungsbefund, muss man sich Eugène Wallner als vorzeitig gealterten, bereits gebrechlichen Mann, mit weißen Haaren und vornübergebeugter Haltung vorstellen.€€€Körperliche Untersuchung vom 30.07.1941, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Ein Foto enthält die Krankenakte nicht. | ||
Ligne 52 : | Ligne 56 : | ||
Der letzte Eintrag in der Krankengeschichte in Stephansfeld am 5. Januar 1944 stellt lapidar fest: „Zustand unverändert“.€€€Eintragung in Krankengeschichte vom 5.01.1944, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Gegen Ende des Jahres 1943 war in den elsässischen Heil- und Pflegeanstalten Stephansfeld und Hördt die Vollbelegung erreicht worden und es zeichnete sich Bettenknappheit ab.€€€Heinz Faulstich, ''Hungersterben in der Psychiatrie 1914-1949 mit einer Topographie der NS-Psychiatrie'' (Freiburg im Breisgau: Lambertus, 1998). S. 362.€€€ Daher ordnete der oberste badische Medizinalbeamte, Ludwig Sprauer (1884-1962) an, jeweils 50 Patienten aus den beiden Anstalten nach in die hessische Anstalt Hadamar zu verlegen. Am 5. Januar 1944 wurden die 100 Patienten in einer über 22-stündigen Zugreise nach Hadamar deportiert.€€€Murielle Habay, Geneviève Herberich-Marx, und Freddy Raphaël, „L’identité-stigmate: l’extermination de malades mentaux et d’asociaux alsaciens durant la seconde guerre mondiale“, ''Revue des sciences sociales de la France de l’Est'', Nr. 18 (1991): 38–62. S. 57.€€€ Dazu gehörte auch Eugène Wallner. Wie er die Verlegung erlebt hat, bleibt im Dunkeln. In Hadamar angekommen ist am 1. Februar in der Krankenakte zu lesen: „Zerfiel in den letzten Tagen rapid. [...] Ganz schwach. Heute morgen Kollaps.“€€€Eintragung in Krankengeschichte vom 1.02.1944, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, Krankengeschichte in Hadamar weitergeführt. in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Und einen Tag später: „Erholt sich nicht mehr. Heute Exitus an Marasmus senilis“€€€Eintragung in Krankengeschichte vom 2.02.1944, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, Krankengeschichte in Hadamar weitergeführt. in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ In der Sterbeurkunde wurde als Todesursache „Altersschwäche“ angegeben.€€€Sterbeurkunde vom 2.02.1944, Krankenakte Wallner, Eugen, Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Dies war eine gängige Diagnose in dieser Phase der Krankenmorde, die den Angehörigen einen natürlichen Tod suggerieren sollte. Die Anstalt Hadamar hatte in dieser Zeit eine Sterberate von über 70 Prozent. Ob es sich bei dem angegebenen Datum tatsächlich um den Tag der Ermordung handelt, muss offenbleiben, da der Todeszeitpunkt ebenfalls oft gefälscht wurde.€€€Weiterführend: Dorothea Roer und Dieter Henkel, Hrsg., Psychiatrie im Faschismus. Die Anstalt Hadamar 1933-1945, 5. (Frankfurt am Main: Mabuse, 1996). Uta George, Hadamar: Heilstätte, Tötungsanstalt, Therapiezentrum (Marburg: Jonas-Verlag, 2006).€€€ Außer diesen fragwürdigen Angaben ist über die letzten Lebenstage Eugène Wallner nichts zu erfahren. | Der letzte Eintrag in der Krankengeschichte in Stephansfeld am 5. Januar 1944 stellt lapidar fest: „Zustand unverändert“.€€€Eintragung in Krankengeschichte vom 5.01.1944, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Gegen Ende des Jahres 1943 war in den elsässischen Heil- und Pflegeanstalten Stephansfeld und Hördt die Vollbelegung erreicht worden und es zeichnete sich Bettenknappheit ab.€€€Heinz Faulstich, ''Hungersterben in der Psychiatrie 1914-1949 mit einer Topographie der NS-Psychiatrie'' (Freiburg im Breisgau: Lambertus, 1998). S. 362.€€€ Daher ordnete der oberste badische Medizinalbeamte, Ludwig Sprauer (1884-1962) an, jeweils 50 Patienten aus den beiden Anstalten nach in die hessische Anstalt Hadamar zu verlegen. Am 5. Januar 1944 wurden die 100 Patienten in einer über 22-stündigen Zugreise nach Hadamar deportiert.€€€Murielle Habay, Geneviève Herberich-Marx, und Freddy Raphaël, „L’identité-stigmate: l’extermination de malades mentaux et d’asociaux alsaciens durant la seconde guerre mondiale“, ''Revue des sciences sociales de la France de l’Est'', Nr. 18 (1991): 38–62. S. 57.€€€ Dazu gehörte auch Eugène Wallner. Wie er die Verlegung erlebt hat, bleibt im Dunkeln. In Hadamar angekommen ist am 1. Februar in der Krankenakte zu lesen: „Zerfiel in den letzten Tagen rapid. [...] Ganz schwach. Heute morgen Kollaps.“€€€Eintragung in Krankengeschichte vom 1.02.1944, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, Krankengeschichte in Hadamar weitergeführt. in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Und einen Tag später: „Erholt sich nicht mehr. Heute Exitus an Marasmus senilis“€€€Eintragung in Krankengeschichte vom 2.02.1944, Psychiatrische Krankenakte Heil- und Pflegeanstalt Stephansfeld Nr. 157, Krankengeschichte in Hadamar weitergeführt. in: Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ In der Sterbeurkunde wurde als Todesursache „Altersschwäche“ angegeben.€€€Sterbeurkunde vom 2.02.1944, Krankenakte Wallner, Eugen, Archiv des Landeswohlfahrtsarchivs Hessen 12, 407€€€ Dies war eine gängige Diagnose in dieser Phase der Krankenmorde, die den Angehörigen einen natürlichen Tod suggerieren sollte. Die Anstalt Hadamar hatte in dieser Zeit eine Sterberate von über 70 Prozent. Ob es sich bei dem angegebenen Datum tatsächlich um den Tag der Ermordung handelt, muss offenbleiben, da der Todeszeitpunkt ebenfalls oft gefälscht wurde.€€€Weiterführend: Dorothea Roer und Dieter Henkel, Hrsg., Psychiatrie im Faschismus. Die Anstalt Hadamar 1933-1945, 5. (Frankfurt am Main: Mabuse, 1996). Uta George, Hadamar: Heilstätte, Tötungsanstalt, Therapiezentrum (Marburg: Jonas-Verlag, 2006).€€€ Außer diesen fragwürdigen Angaben ist über die letzten Lebenstage Eugène Wallner nichts zu erfahren. | ||
Lea Münch | |||
|etatEn=Draft | |etatEn=Draft | ||
|etatDe=Entwurf | |etatDe=Entwurf | ||
|etatFr=Brouillon | |etatFr=Brouillon | ||
}} | }} |
Version du 4 janvier 2022 à 09:06
Eugène Wallner | |
---|---|
Prénom | Eugène |
Nom | Wallner |
Sexe | masculin |
Naissance | 24 mai 1879 (Strasbourg) |
Décès | 2 février 1944 (Hadamar) |
Profession du père | Tagner |
Identités | Wallner, Eugen Alfred |
« Je suis tout seul maintenant, mais je ne baisse pas les bras pour autant. »
Eugène Alfred Wallner (24 mai 1879 – 2 février 1944)
Eugène (Eugen) Alfred Wallner est l’une des trois victimes du programme d« euthanasie » national-socialiste originaires d’Alsace dont le passage dans les établissements hospitalo-universitaires de la RUS a débuté par une admission à la clinique psychiatrique de l’hôpital civil de Strasbourg en 1941 et dont l’identité a pu être retrouvée grâce aux travaux de la commission. Après l’annexion de l’Alsace en novembre 1940 au mépris du droit international, les établissements de soins psychiatriques ont aussi subi une réorganisation. La clinique a d’abord été dirigée, à titre provisoire, par l’Alsacien Charles Buhecker (1903-1989). Toutes les cliniques de l’hôpital civil ont officiellement été placées sous la responsabilité du chef de l’administration civile en Alsace€€€AVES, 7 AH 008, n. pag. [photographie 79]€€€ au 1er avril 1941, et la « Reichsuniversität » Straßburg a été inaugurée le 23 novembre 1941. La chaire de psychiatrie et de neurologie a alors été attribuée à August Bostroem(1886- 1944), effectivement présent sur les lieux au cours du semestre d’hiver 1942/43€€€Reichsuniversität Straßburg. Personal- und Vorlesungsverzeichnis. Wintersemester 1942/43. Heitz&Co, Strassburg, 1943, S. 37. [Annuaire du personnel et catalogues de cours. Semestre d’hiver 1942/43. Heitz&Co, Strasbourg, 1943, p. 37.]€€€. Après son rattachement au Gau de Bade, l’Alsace comptait deux asiles psychiatriques voués à la prise en charge des patients souffrant de pathologies psychiatriques chroniques et situés dans la périphérie de Strasbourg : Stephansfeld et Hoerdt. Entre 1941 et 1944, près de 15 % des patients admis à la clinique psychiatrique de la RUS ont été transférés vers l’établissement de Stephansfeld€€€Lea Münch: Von Straßburg nach Hadamar. NS-Psychiatrie und Patient*innenschicksale im Elsass. In: Bonah, Schmaltz, Weindling: RUS-Sammelband. (à paraître) €€€. Eugène Wallner était l’un d’entre eux. Il a été assassiné durant l’hiver 1944 à l’asile psychiatrique d’Hadamar€€€Sterbeurkunde von Eugène Wallner, Akte Nr. 105/1944, ITS Digital Archive, Arolsen Archives, 2.2.2.2, Dok. 76896163. [Certificat de décès d’Eugène Wallner, dossier n°105/1944, ITS Digital Archive, Arolsen Archives, 2.2.2.2, Dok. 76896163.]€€€.
Biographie
Eugène Wallner est admis le 21 mai 1941 à la clinique psychiatrique de la Reichsuniversität Straßburg sur les conseils d’un médecin en cabinet privé ; il est alors âgé de 51 ans. Le médecin qui le reçoit, le docteur Frey [Querverweis zu Bio im Wiki], note simplement la brève observation suivante : « état d’agitation léger, discours incohérent, idées hypocondriaques. » Et plus loin : « n’admet pas d’abus d’alcool, mais cela semble incorrect. » L’explication ayant conduit à cette conclusion est mentionnée : « tremblement des membres »1. Comme aucune amélioration de son état de santé n’est constatée pendant son hospitalisation, le diagnostic de « psychose sénile » est formulé et il est transféré le 28 juillet 1941 à l’asile psychiatrique de Stephansfeld2. Si l’on en croit le résultat de l’examen, Eugène Wallner fait plus vieux que son âge ; c’est un homme déjà affaibli, aux cheveux blancs, qui se tient penché en avant3. Le dossier médical ne contient aucune photographie.
Eugène Wallner naît le 24 mai 1879 à Strasbourg, ville qui appartient alors à l’Empire germanique4. Son père Guillaume (Wilhelm) Wallner est originaire de Rixingen en Moselle (Réchicourt-le-Château) et sa mère Célestine, née Adam, vient de Schiltigheim, une commune à la périphérie de Strasbourg. Il a quatre frères et sœurs dont une sœur jumelle, Emilie Maria, et la famille vit Metzgergießen 30 (rue des bouchers) à Strasbourg5. Il existe peu d’informations sur sa vie avant la maladie, hormis la précision que ce travailleur journalier célibataire n’a pas de « domicile fixe »6. À un médecin qui lui demande pourquoi il ne s’est jamais marié, il rétorque : « j’ai eu quelque chose un jour, mais ensuite ils m’ont cherché des noises et j’ai laissé tomber. Je suis tout seul maintenant, mais je ne baisse pas les bras pour autant. » À la fin, il faisait des petits boulots : « il aidait à déblayer la neige, ce genre de choses. » Mais parfois il ne trouvait aucun travail. « Il m’est arrivé de dormir sous les ponts ou au poste de police » explique-t-il. Le reste de la documentation sur sa vie se résume à une note concise : « a toujours travaillé de manière irrégulière. »7 La fiche de renseignements personnels annexée à tout dossier médical indique par ailleurs qu’il n’avait « plus aucune famille » au moment de son admission en psychiatrie. À côté de cette information, celle qui concerne son état civil est aussi soulignée en rouge8. En revanche, une entrée sur les pages suivantes du Zeugnis für die Ortspolizeibehörde über die Aufnahme in eine öffentliche Irrenanstalt (certificat d’admission dans un asile psychiatrique public à destination des autorités de police locale) indique que « l’un des frères du malade serait domicilié à Graffenstaden. Son adresse est inconnue. »9
Le 28 juillet 1941, Eugène Wallner est transféré à l’asile psychiatrique de Stephansfeld. Sa maladie, à savoir une « dépression sénile », semble avoir à elle seule conduit à son internement durant des années à l’asile psychiatrique, comme l’atteste le résumé du médecin sur l’état d’Eugène Wallner après deux semaines d’hospitalisation : « atteinte des capacités mentales, idées délirantes de nature [h]ypochondriaque » et « labilité émotionnelle »10. Le dossier médical mentionne à de très nombreuses reprises que le patient croit souffrir de différentes maladies graves et qu’il n’en démord pas : « J’aurais en réalité dû aller au service de chirurgie. J’ai une attaque cérébrale du plus haut niveau. Je ne peux pas dormir. Je peux perdre la vie d’une minute à l’autre. Il faut achever l’attaque, une piqûre matin et soir. »11 Ou encore ailleurs : « J’ai des palpitations. Je tremble de rage. Je suis perdu. »12 Au départ, le personnel le considère comme « un malade sénile plutôt calme. »13. Cela change progressivement durant l’année 1942. Ainsi, les notes prises par le médecin dans son dossier médical précisent : « a des revendications concernant la nourriture. Le pain sec lui écorche la gorge. Il réclame plus à manger pour pouvoir arrêter de prendre le pain sec. Il pense qu’il va mourir ». Il est indiqué à plusieurs reprises qu’ « il geint ». Par ailleurs, Eugène Wallner dit à propos de lui-même : « Sa compréhension est encore bonne, elle est très importante. » Et plus loin : « Personne n’aime mourir. Une mort dure et laide m’attend. Je veux avoir plus à manger, des choses consistantes. Je crache des glaires, tout ça à cause du pain dur. »14 Si l'on en croit son dossier, son état d’agitation ne cesse d’empirer et ses plaintes ainsi que ses troubles sont progressivement décrits comme une charge pour le personnel de l’asile. Au début de l’année 1943, Eugène Wallner « se plaint sans cesse de maltraitance » et il exprime le souhait de quitter l’établissement. « Il dit qu’il peut faire n’importe quel travail. Il pense qu’on veut l’enfermer à vie [,] le garder en captivité ». Il prétend s’être fait battre et avoir été bousculé dans la salle. 15 Cela étant, on ignore si ses descriptions répétées de violence physique par le personnel ou d’autres malades sont le fruit de ses symptômes psychotiques ou le reflet de la réalité ; les deux sont concevables. La dernière observation sur l edossier médical à Stephansfeld date du 5 janvier 1944 et a été ajoutée à la main. Elle est lapidaire : « état inchangé »16. Vers la fin de l’année 1943, les asiles psychiatriques alsaciens de Stephansfeld et Hoerdt ayant atteint leur capacité d’accueil maximale, les lits disponibles viennent à manquer17. C’est la raison pour laquelle Ludwig Sprauer (1884-1962), oberster Medizinalbeamte (directeur général de l’Office régional des affaires sanitaires et sociales) de Bade, ordonne le transfert de 50 patients de chacun des asiles vers l’établissement de Hadamar (Hesse). Le 5 janvier 1944, les 100 patients sont déportés vers Hadamar lors d’un voyage en train qui dure vingt-deux heures18. Eugène Wallner fait partie du convoi. On ignore comment il a vécu ce transfert. Arrivé à Hadamar, son dossier médical indique à la date du 1er février : « Dégradation rapide ces derniers jours. [...] Très faible. Collapsus ce matin. »19 Et le jour suivant : « Ne récupérera pas. Décès ce jour par marasme sénile »20. Sur le certificat de décès, la cause de la mort qui est indiquée est la suivante : « faiblesse due à l’âge »21. Durant cette phase de l’extermination des malades, il s’agissait d’un diagnostic courant qui était censé suggérer une mort naturelle aux proches de la victime. Le taux de décès à l’asile psychiatrique de Hadamar s’élevait à plus de 70 pour cent à cette époque. On ignore si la date indiquée correspond bien au jour du meurtre car les dates de décès étaient elles aussi fréquemment falsifiées22. Il n’existe à ce jour aucune information sur les derniers jours d’Eugène Wallner hormis ces données qu'il faut à prendre avec prudence.
Lea Münch
Traduction : Silke Vaissière-Trontin
Repères
Localisations
Nationalités
- Alsacien (1879 - 1944)
- Allemand (1879 - 1919)
- Français (1919 - 1944)
Confessions
- Catholique
Publications
Références