Paul Meyer
Paul Meyer | |
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Prénom | Paul |
Nom | Meyer |
Sexe | masculin |
Naissance | 8 juin 1896 (Dossenheim-Kochersberg) |
Décès | 26 mars 1971 (Strasbourg) |
Profession du père | Enseignant |
Profession | Médecin |
Spécialités | Cardiologie |
Paul Meyer (1896-1971) est un médecin et cardiologue alsacien qui a servi comme chef de clinique et chef de policlinique à la clinique médicale B de l’université de Strasbourg. Son parcours est intéressant à plus d’un titre notamment parce qu’il est l’un des pionniers de l’électrocardiographie depuis les années 1920, ce qui lui a valu le surnom « Herzmeyer » (soit « Meyer du cœur » pour faire allusion à sa spécialité médicale)€€€Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518. Voir aussi Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685. Notons au passage que ce sobriquet est déjà repéré en 1951 par Claude Laplatte dans son article « Les sobriquets des Meyer à Strasbourg », in Revue internationale d’Onomastique, 3e année, n° 3, septembre 1951, p. 210. Disponible sur https://www.persee.fr/doc/rio_0048-8151_1951_num_3_3_2391, [en ligne], consulté le 2 mars 2021.€€€. De plus, Paul Meyer est également l’un des Alsaciens et Mosellans qui s’inscrivent dans la continuité observable dans le milieu hospitalier de part et d’autre de la période d’annexion de l’Alsace par le Reich nazi. Comme d’autres médecins autochtones, Meyer a en effet pu retrouver un poste similaire à celui d’avant-guerre au sein de la nouvelle administration allemande et a été nommé, dès la fin de l’année 1940, « médecin-chef provisoire » (kommissarischer Chefarzt) au sein de la clinique médicale A, grâce aux avis favorables des autorités nationales-socialistes en faveur de sa nomination. Conservant ce poste de chef de clinique jusqu’à l’inauguration de la Reichsuniversität Strassburg en 1941 et le cédant à son confrère allemand Gunnar Berg (1907-1974), Meyer devient ensuite assistant scientifique dans la même clinique jusqu’au printemps de l’année 1942. À partir de ce moment-là, il quitte visiblement l’hôpital civil et se consacre plus pleinement à ses activités de médecin de ville, possédant son cabinet de cardiologie en plein cœur du centre-ville de Strasbourg.
Après la guerre, visé par des enquêtes de la section d’épuration de l’Ordre des médecins et des services des Renseignements Généraux, Paul Meyer est lavé de tout soupçon d’intelligence avec l’ennemi et aucune sanction n’est prise à son encontre pour son comportement durant l’Occupation. Reprenant un poste d’attaché à la clinique médicale B, Paul Meyer se forge un nom et une réputation dans le milieu médical et scientifique. Engagé dans le milieu sportif en tant que chef d’un centre médico-sportif strasbourgeois et membre de plusieurs sociétés médicales et scientifiques, Meyer devient chargé de cours à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg en 1956. Son parcours scientifique, consacré au développement de l’électrocardiographie, connaît alors une sorte de couronnement par la mise en place d’un enseignement spécialisé proposé aux futurs médecins strasbourgeois, ce qui lui vaut, entre autres distinctions, d’être fait chevalier dans l’ordre des Palmes académiques en 1958.
Biographie
Originaire du nord de l’Alsace et fils d’un enseignant, Paul Meyer grandit dans sa région natale alors rattachée au Reich wilhelmien et effectue l’ensemble de sa scolarité sous le système éducatif allemand. Âgé de dix-huit ans au début de la Première Guerre mondiale en 1914, il n’est pas mobilisé, mais débute rapidement ses études de médecine à la Kaiser-Wilhelm-Universität qui l’amènent à travailler comme chef de clinique, puis chef de policlinique ainsi que chef du service de cardiographie à la clinique médicale B de l’université française de Strasbourg dans les années 1920-1930. Finalement, avec le début des hostilités en septembre 1939, Paul Meyer est mobilisé dans l’armée française et sert comme médecin-lieutenant dans un hôpital militaire dans les Vosges.
Enfance et scolarité
Paul Meyer est né le 8 juin 1896 à Dossenheim-Kochersberg, un petit village d’une centaine d’habitants situé dans l’arrondissement de Saverne dans le nord de l’Alsace. À cette époque-là, l’Alsace et la Moselle étaient rattachées à l’Empire wilhelmien et formaient le Reichsland Elsass-Lothringen en application du traité de Francfort (10 mai 1871) mettant fin à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Issu d’un foyer catholique relativement aisé et instruit, Paul Meyer est le fils d’un fonctionnaire. Son père, Alois Meyer, était enseignant (Lehrer) et sa mère, Cäcilia Meyer, née Schott, était femme au foyer€€€ADBR, 4E101/5, État civil de Dossenheim-Kochersberg, Registre des naissances, 1896, Acte n°3/1896.€€€. Les origines du couple Meyer ne sont pas connues, mais Alois et Cäcilia – peut-être d’origine alsacienne – s’installent dans le village de Dossenheim-Kochersberg seulement peu de temps avant la naissance de leur premier enfant, prénommé Alfons. Celui-ci, de deux ans l’aîné de Paul Meyer, est né le 26 juillet 1894 à Dossenheim et est décédé le 11 mars 1966 à Ribeauvillé dans le département du Haut-Rhin€€€ADBR, 4E101/5, État civil de Dossenheim-Kochersberg, Registre des naissances, 1894, Acte n°3/1894. Les parents Meyer ne sont en effet pas originaires de Dossenheim et ne s’y sont pas mariés non plus. De plus, selon l’état du recensement entrepris en 1885, ni l’un, ni l’autre des parents ou des ancêtres ne demeure à Dossenheim (voir ADBR, 294 D/B 101, État civil, Dossenheim-Kochersberg, état du recensement au 1er décembre 1885).€€€.
Il y a tout lieu de penser que Paul Meyer ait grandi dans sa région natale et qu’il ait accompli l’intégralité de cursus scolaire sous le système scolaire du Second Reich allemand, sans aucun doute jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Une fois diplômé du secondaire, vers l’âge de dix-huit ans, il débute immédiatement ses études de médecine en pleine guerre à la Kaiser-Wilhelm-Universität, l’université allemande de Strasbourg entre 1871 et 1918. En effet, il semble que Paul Meyer n’ait pas été mobilisé dans l’armée allemande pour combattre lors de la Première Guerre mondiale, mais qu’il ait pu poursuivre sans interruption son cursus universitaire de médecine. Avec le rattachement de l’Alsace et de la Moselle au territoire national français à l’issue de la Première Guerre mondiale, Paul Meyer poursuit ses études à l’université française de Strasbourg, jusqu’à la soutenance de sa thèse de doctorat au début des années 1920. On remarque également que dans l’entre-deux-guerres, Paul Meyer approche un parti régional conservateur, l’Union populaire républicaine d’Alsace (UPRA ou Elsässische Volkspartei en allemand), dont il devient membre€€€ABDR, 1558 W 58, dossier n°4537 (Paul Meyer), Rapport du Sipo-SD (Einsatzkommando III/1) à la Gauleitung (Personalamt), 26 août 1941 ; ABDR, 1558 W 58, dossier n°4537 (Paul Meyer), Lettre de la Gauleitung (Personalamt) au doyen de la faculté de médecine de la Reichsuniversität Strassburg, 11 septembre 1941.€€€. Il s’agit du parti politique local le plus important de l’époque qui incarne l’Alsace catholique. Enfin, à après avoir obtenu le titre de docteur en médecine, Paul Meyer obtient rapidement un poste de médecin au sein de la clinique médicale B de l’hôpital civil de Strasbourg.
Début de carrière à la clinique médicale B de l’université française de Strasbourg
À la fin de la Première Guerre mondiale, lorsque l’Alsace redevient française, la France reprend le complexe de l’hôpital civil universitaire et municipal. La clinique médicale B ('Zweite medizinische Klinik), créée par la municipalité en mai 1914, faisait partie de ce vaste ensemble, dès lors rattaché à la faculté de médecine française. Dès son rattachement à l’université française de Strasbourg, la direction de la clinique médicale B est confiée au professeur alsacien Léon Blum (1878-1930), qui s’entoure principalement de collaborateurs alsaciens€€€Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 517.€€€. Très rapidement, Paul Meyer intègre l’équipe de Blum et débute sa carrière scientifique à la clinique médicale B. Entre le mois d’avril 1920 et le mois d’octobre 1923, Paul Meyer y travaille comme médecin assistant. Son poste est renouvelé chaque année en vertu d’arrêtés pris par le conseil de la faculté. Son dossier administratif, conservé dans les archives administratives de la faculté de médecine de Strasbourg, atteste en effet qu’à partir du 1er avril 1920, alors qu’il n’a pas encore vingt-quatre ans, Paul Meyer prend ses fonctions d’assistant à la clinique médicale B d’abord de manière temporaire, avant d’être effectivement « nommé » au même poste pour une durée d’un an à compter du 1er novembre de la même année. Son contrat est renouvelé chaque année, d’abord en étant « délégué », puis encore une fois « nommé » le 1er novembre 1922 pour une année supplémentaire. Pendant cette période, le traitement mensuel de Meyer s’élève à 3600 francs.
Le 1er novembre 1923, Paul Meyer est nommé chef de clinique à la clinique médicale B pour un traitement de 2400 francs. Il conserve ce poste jusqu’en octobre 1924, avant d’assurer brièvement la succession du Dr. M. Carlier en qualité d’assistant à la même clinique entre le 1er novembre et le 31 décembre 1925. Son indemnité est alors portée à nouveau à 3600 francs. Dans le même temps, à compter du 1er novembre 1925, il est « délégué » pour l’année 1925-1926 comme « médecin de policlinique » à la clinique médicale B en remplacement du Dr. Kappler, avec un revenu s’élevant à 4000 francs. Son contrat est enfin renouvelé à compter du 1er novembre 1926 et son traitement est porté à 5000 francs au 1er janvier 1927 en vertu d’un décret émis quelques mois plus tôt€€€Archives de la faculté de médecine de l’université de Strasbourg, Dossier administratif de P. Meyer, Carte du personnel de la faculté de médecine.€€€. Depuis 1922, en qualité de médecin spécialiste et plus précisément en tant que cardiologue, Paul Meyer occupe également de manière durable le poste de « chef du service électrocardiographique ». En 1926, l’université lui délivre le titre d’« ancien chef de clinique médicale », puis celui d’« ancien chef de policlinique médicale » deux ans plus tard€€€Archives de la faculté de médecine de l’université de Strasbourg, Dossier administratif de P. Meyer, Notice individuelle initiale, 25 juillet 1955.€€€.
À partir de 1931, le professeur Leo Ambard (1876-1962) succède à Léon Blum (1878-1930) à la tête de la clinique médicale B. Universitaire et chercheur passionné, Ambard consacre la majeure partie de son temps à des travaux scientifiques sur le fonctionnement rénal, la sécrétion des chlorures, l’hypertension artérielle ou encore le diabète. Il mène à la clinique ses recherches et n’accorde que peu d’attention à la pratique clinique quotidienne. En réalité, il déléguait le soin des patients à ses collaborateurs directs, parmi lesquels Jules Stahl (1902-1984), le futur chef de clinique, ainsi que les médecins Jean-Émile Kappler et Paul Meyer. Toujours affecté à la policlinique médicale (dépendant de la clinique médicale B), Meyer est un médecin de terrain, constamment en lien avec les patients. Par ailleurs, il est également un chercheur passionné, qui développe à Strasbourg l’électrocardiographie et qui introduit l’E.C.G. dans la capitale alsacienne dans les années 1930€€€Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : l’essor », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 518 ; Marc Dorner, Henri Jahn, « Clinique médicale B : un haut-lieu de la médecine interne », in Jacques Héran, Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1997, p. 684-685.€€€. En fait, pendant près de vingt ans, Paul Meyer travaille comme médecin à la clinique, jusqu’à sa mobilisation dans l’armée française avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939.
Médecin militaire français durant la guerre de 1939-1940
En ce qui concerne la conscription pourtant obligatoire, le dossier personnel administratif de Paul Meyer conservé aux archives de la faculté de médecine de Strasbourg indique qu’il avait été « réformé » du service militaire pour avoir atteint la « limite d’âge ». Né en 1896, Paul Meyer faisait partie de la classe 1916 et a manifestement pu repousser la conscription en raison de ses études médicales et de ses activités à la clinique. Ainsi, hormis un « service légal » qu’il aurait effectué sur « plusieurs périodes », Meyer n’a pas fait ses classes. En revanche, avec l’ordre de mobilisation générale promulgué en septembre 1939 par le gouvernement français, Paul Meyer est mobilisé dans l’armée française à compter du 11 septembre 1939. Versé dans le corps médical en qualité d’officier, il sert pendant dix mois avec le grade de médecin-lieutenant. Il est plus précisément affecté à « l’hôpital complémentaire de Saint-Joseph » à Épinal dans les Vosges jusqu’à ce qu’il soit fait prisonnier de guerre par les troupes allemandes. Quelques jours après la signature de l’armistice, Paul Meyer est libéré dès le 28 juin 1940€€€Archives de la faculté de médecine de l’université de Strasbourg, Dossier administratif de P. Meyer, Notice individuelle initiale, 25 juillet 1955.€€€. Rendu à la vie civile, Meyer retourne en Alsace et effectue des démarches pour retrouver un emploi dans une Alsace redevenue allemande.
L’EMPLOI À LA REICHSUNIVERSITÄT STRASSBURG
Dès l’hiver 1940, Paul Meyer parvient à obtenir un poste de médecin au sein des hospices civils placés sous administration allemande avec l’annexion de fait de l’Alsace au Reich. Nommé « médecin-chef par intérim », Meyer dirige la clinique médicale A, alors composée essentiellement de médecins alsaciens. Obtenant des autorités nationales-socialistes (Kreisleitung' du parti nazi, Sicherheitsdienst et Gauleitung) les autorisations nécessaires et de pratiquer la médecine et d’être employé dans le milieu hospitalier allemand, Paul Meyer est l’un des médecins alsaciens et mosellans qui s’inscrivent dans la continuité des personnels soignants réinvestis à un poste hospitalier par les Allemands.
La réhabilitation par les autorités allemandes et nationales-socialistes
Un tel recrutement, après la guerre de 1939-1940 et l’annexion de fait de l’Alsace et de la Moselle au territoire du IIIe Reich qui s’en est suivie, ne doit rien au hasard. En effet, avec l’importation en Alsace du régime national-socialiste, de sa politique, de ses instances et de son administration, l’ancienne région française est désormais régie par le Chef de l’administration civile en Alsace (Chef der Zivilverwaltung im Elsass ou Gauleitung), à savoir le Gauleiter Robert Wagner. Par une ordonnance qu’il émet le 13 juillet 1940 par l’entremise du département médical de la Gauleitung (et qu’il fait publier dans la presse locale), Wagner impose à tout médecin de se présenter sans délai à la Gauleitung, dans le bâtiment de l’ancienne préfecture, pour obtenir l’agrément permettant de s’établir comme médecin et ainsi d’exercer sa profession. Dès lors, pour pouvoir travailler comme médecin en Alsace, il fallait en avoir l’autorisation de la part de la nouvelle administration nationale-socialiste, ce qui constituait en soi une première étape de sélection du personnel soignant en poste dans cette nouvelle région allemande . Ayant obtenu l’approbation de la Gauleitung, Meyer est réinvesti dans son poste de chef de clinique aux hospices civils. Grâce aux archives administratives retrouvées, il reprend du service au moins à compter du mois de décembre 1940. En effet, au début de chaque mois, le directeur général des hospices civils de Strasbourg, le Dr. Joseph Oster (1892-1957), transmettait par courrier au Dr. Sprauer, le chef du département de la police et de l’administration au sein de la Gauleitung, une liste du personnel médical alors en fonction à l’hôpital civil. Malgré les lacunes dans la conservation de ces listes, il est certain que Paul Meyer est médecin à la clinique médicale dès le 1er décembre 1940. Sur ce document, qui contient les noms, les fonctions, les titres et les attributions de services de chacun des médecins et assistants, Meyer figure déjà parmi les huit médecins travaillant à la clinique médicale A (medizinische Abteilung A). Plus précisément, Meyer est le « chef de clinique provisoire » (kommissarischer Chefarzt) et à ce moment-là, le service qu’il dirige est composé de six médecins-assistants (Assistenzärzte), les Drs. René Piffert, Théodore Uhl, Paul Matthis, Edgar Riesser, Karl Maurer, Josef Babillotte, ainsi d’un radiologue en la personne du Dr. Friedrich-August Schaaf (1894-1952) . Dans les mois qui suivent et qui correspondent à la phase préparatoire de la création de la Reichsuniversität Strassburg, Paul Meyer parvient à conserver son poste qu’il occupe par intérim, ce qui suggère que l’administration cherchait tout de même à confier cette fonction à un autre médecin, un docteur allemand de toute évidence . D’ailleurs dans ce contexte, on remarque qu’il reste en fonction même après le rattachement de l’ensemble des établissements de l’université de Strasbourg utilisés « pour soigner de la population » dans le giron de la Gauleitung qui en assurait alors l’administration provisoire à compter du 1er avril 1941. Une ordonnance du Gauleiter Robert Wagner, émise le 31 mars et entrant en vigueur le lendemain, prévoit en effet leur gestion par le département « Éducation, enseignement et instruction du peuple » (Abteilung Erziehung, Unterricht und Volksbildung) de la Gauleitung. Tous ces établissements sont alors réunis sous le terme générique de « cliniques hospitalo-universitaires de l’université de Strasbourg » (klinische Anstalten der Universität Strassburg), dans l’attente de la création de la Reichsuniversität Strassburg . Ainsi, durant toute l’année 1941, Meyer dirige la clinique médicale A, avant de céder son poste de chef de clinique à un Allemand, le Dozent Dr. Gunnar Berg (1907-1974), probablement avec l’inauguration de la Reichsuniversität Strassburg en novembre 1941 – et de basculer dans la clinique médicale B (Abteilung II) . Toutefois, en vue de la création de la Reichsuniversität Strassburg à l’automne 1941, le doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein, avait chargé les autorités compétentes de la Gauleitung et du SD de mener une enquête politique afin de vérifier si Meyer était effectivement apte à travailler au sein de la nouvelle université nationale-socialiste de Strasbourg.
L’examen politique : un médecin « compétent » et « loyal »
Comme l’exige la procédure dans le recrutement d’Alsaciens et de Mosellans postulant un emploi au sein de la Reichsuniversität Strassburg, le docteur Paul Meyer n’échappe pas à l’évaluation politique (politische Beurteilung) par les autorités nationales-socialistes compétentes. Il s’agit une enquête menée par les services administratifs de la direction du parti nazi (Kreisleitung) et du SD (Sicherheitsdienst) qui prennent en compte son caractère de manière générale, ses compétences professionnelles, mais surtout ses éventuels engagements politiques d’avant 1940 (afin de vérifier qu’il n’y ait pas de traces rédhibitoires de sentiments francophiles ou antiallemands) et son attitude actuelle vis-à-vis de la germanité et de l’Allemagne nazie. Dans le cas de Meyer, l’enquête est initiée le 9 août 1941 sur la demande du doyen de la faculté de médecine, Johannes Stein (1896-1967). À cet effet, il contacte le bureau du service du personnel (Personalamt) au sein de l’administration civile en Alsace (Gauleitung) pour engager la procédure d’évaluation. Deux jours plus tard, le 11 août, le chef du bureau du personnel au sein de l’administration civile en Alsace charge son homologue de la Kreisleitung du parti nazi de Strasbourg. Il est dès lors clairement indiqué qu’il s’agit de vérifier si Meyer est effectivement apte à être « employé comme chef de clinique par intérim à la clinique médicale A » . Quelques semaines plus tard, le 1er septembre 1941, le Dr. Ludwig Benmann du Sicherheitsdienst (SD) rédige un rapport préliminaire très positif d’un point de vue national-socialiste. Il écrit : « Bon comportement, professionnellement excellent, n’a jamais été francophile, adhésion positive à la germanité » . Le lendemain, certainement sur la base des renseignements fournis par le SD, les bureaux de l’antenne locale du parti nazi (Kreisleitung) rédigent leur rapport détaillé. Le renvoyant aux bureaux du Gauleiter, les fonctionnaires nazis avalisent sans la moindre objection d’ordre politique ou idéologique le recrutement de Paul Meyer dans l’institution hospitalo-universitaire nationale-socialiste. Le rapport, signé par le Kreisleiter et le Kreispersonalamtsleiter, précise les points suivants :
Repères
Localisations
Nationalités
- Allemand (1896 - 1919)
- Français (1919 - 1940)
- Alsacien (1940 - 1944)
- Français (1944 - 1971)
Confessions
Publications
Références