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Différences entre les versions de « Friedrich/Frédéric Trensz »

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|Contexte_fr===Naissance et formation==
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Frédéric/Friedrich Albert Trensz est né le 8 mai 1901 à Volksberg près de Saverne. Son père porte le même nom que lui et est pasteur à Volksberg. Il épouse Marie Hamm qui est également de confession protestante<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Trensz fait ses études secondaires au lycée de Bouxwiller jusqu’en 1918. Il ne participe pas à la Première Guerre mondiale. En 1919, il acquiert la nationalité française par réintégration et commence ses études supérieures à la faculté de médecine de Strasbourg de 1919 à 1924. Il travaille comme externe des hôpitaux en 1923 sous la direction du professeur Ehret en médecine interne, puis comme interne en 1924 auprès du professeur Stoltz en chirurgie. En 1925, il poursuit ses études à l’Institut Pasteur à Paris dans le domaine de la médecine et de l’hygiène tropicale. Il y obtient le diplôme de médecin colonial le 24 décembre 1925. De janvier 1926 à février 1927, il exerce à l’hôpital tropical de Lambaréné (Gabon) comme assistant d’Albert Schweitzer, un ami de ses parents avec qui il reste en contact pendant le reste de sa vie. Leur correspondance en langue allemande est régulière et s’étend de 1925 à 1962 . Rapatrié pour raisons de santé en 1927, il devient l’assistant de René Leriche en chirurgie et suit en même temps les cours de bactériologie d’Amédée Borrel à l’institut d’hygiène de Strasbourg où il soutient sa thèse de doctorat en médecine le 29 mai 1928 avec un travail intitulé ''Étude sur une diarrhée épidémique à vibrions observée au Gabon'' . Appelé sous les drapeaux dans le courant de la même année, il est affecté, en tant que médecin sous-lieutenant, au service de santé militaire d’Alger où, après son retour à la vie civile, il devient assistant, puis en 1934 chef de laboratoire d’Edmond Sergent à l’Institut Pasteur d’Alger . En 1933, il est invité par la fondation Rockefeller comme boursier à Rome où il travaille avec le professeur Missiroli. Puis il retourne à Alger. En 1938, une atteinte tuberculeuse sévère lui impose un séjour prolongé dans un sanatorium à Leysin en Suisse. À l’issue de sa cure héliothérapique, il reprend son poste à l’Institut Pasteur d’Alger avant sa mutation à Paris en 1939/40, plus particulièrement à Garches au pavillon ouvert Boivin sous la direction de Gaston Ramon où il dirige la production sérothérapique et la production de tétanos formoltioxoide . C’est dans la capitale qu’il vit les évènements de l’été 1940.
Frédéric/Friedrich Albert Trensz est né le 8 mai 1901 à Volksberg près de Saverne. Son père porte le même nom que lui et est pasteur à Volksberg. Il épouse Marie Hamm qui est également de confession protestante<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Trensz fait ses études secondaires au lycée de Bouxwiller jusqu’en 1918. Il ne participe pas à la Première Guerre mondiale. En 1919, il acquiert la nationalité française par réintégration et commence ses études supérieures à la faculté de médecine de Strasbourg de 1919 à 1924. Il travaille comme externe des hôpitaux en 1923 sous la direction du professeur Ehret en médecine interne, puis comme interne en 1924 auprès du professeur Stoltz en chirurgie. En 1925, il poursuit ses études à l’Institut Pasteur à Paris dans le domaine de la médecine et de l’hygiène tropicale. Il y obtient le diplôme de médecin colonial le 24 décembre 1925. De janvier 1926 à février 1927, il exerce à l’hôpital tropical de Lambaréné (Gabon) comme assistant d’Albert Schweitzer, un ami de ses parents avec qui il reste en contact pendant le reste de sa vie. Leur correspondance en langue allemande est régulière et s’étend de 1925 à 1962<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Rapatrié pour raisons de santé en 1927, il devient l’assistant de René Leriche en chirurgie et suit en même temps les cours de bactériologie d’Amédée Borrel à l’institut d’hygiène de Strasbourg où il soutient sa thèse de doctorat en médecine le 29 mai 1928 avec un travail intitulé ''Étude sur une diarrhée épidémique à vibrions observée au Gabon''<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Appelé sous les drapeaux dans le courant de la même année, il est affecté, en tant que médecin sous-lieutenant, au service de santé militaire d’Alger où, après son retour à la vie civile, il devient assistant, puis en 1934 chef de laboratoire d’Edmond Sergent à l’Institut Pasteur d’Alger<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. En 1933, il est invité par la fondation Rockefeller comme boursier à Rome où il travaille avec le professeur Missiroli. Puis il retourne à Alger. En 1938, une atteinte tuberculeuse sévère lui impose un séjour prolongé dans un sanatorium à Leysin en Suisse. À l’issue de sa cure héliothérapique, il reprend son poste à l’Institut Pasteur d’Alger avant sa mutation à Paris en 1939/40, plus particulièrement à Garches au pavillon ouvert Boivin sous la direction de Gaston Ramon où il dirige la production sérothérapique et la production de tétanos formoltioxoide<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. C’est dans la capitale qu’il vit les évènements de l’été 1940.


Frédéric/Friedrich Trensz épouse Marguerite Rubenstrunk née le 16 novembre 1912 à Düsseldorf en Allemagne. Le couple a trois enfants dont le premier, une fille du nom d’Annemarie, naît le 7 juillet 1935 à Strasbourg.
Frédéric/Friedrich Trensz épouse Marguerite Rubenstrunk née le 16 novembre 1912 à Düsseldorf en Allemagne. Le couple a trois enfants dont le premier, une fille du nom d’Annemarie, naît le 7 juillet 1935 à Strasbourg.
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==Mobilisation et retour en Alsace==
==Mobilisation et retour en Alsace==


Frédéric/Friedrich Trensz n’est pas mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il arrive de son propre gré en Alsace occupée autour du 18 août 1940 avec son épouse et sa fille. Il n’est pas membre de l’université de Strasbourg mais travaille à l’institut Pasteur à Paris. Sur la recommandation du candidat pour la chaire de professeur d’hygiène, le professeur Ernst Rodenwaldt de la faculté de médecine de Heidelberg (qui ne viendra finalement pas à Strasbourg), qui connait ses travaux scientifiques antérieurs, Trensz est nommé dès son arrivée en Alsace  directeur par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires (''Staatliche Medizinaluntersuchungsanstalt, MedUA'') . L’Office d’État d’analyses médico-sanitaires est réouvert, pour des raisons de surveillance épidémique, dès le 19 août 1940. Jusqu’au 30 septembre 1940, l’Office est rattaché aux cliniques universitaires (''Bürgerspital''). Le 1er octobre 1940, le chef de l’administration civile détache l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires de l’hôpital et de l’université pour l’intégrer directement au ministère de l’intérieur de l’administration civile. Cette réglementation donne une certaine indépendance à son directeur, d’abord intérimaire, Fréderic/Friedrich Trensz. Nous reviendrons sur cette spécificité plus loin .
Frédéric/Friedrich Trensz n’est pas mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il arrive de son propre gré en Alsace occupée autour du 18 août 1940 avec son épouse et sa fille. Il n’est pas membre de l’université de Strasbourg mais travaille à l’institut Pasteur à Paris. Sur la recommandation du candidat pour la chaire de professeur d’hygiène, le professeur Ernst Rodenwaldt de la faculté de médecine de Heidelberg (qui ne viendra finalement pas à Strasbourg), qui connait ses travaux scientifiques antérieurs, Trensz est nommé dès son arrivée en Alsace  directeur par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires (''Staatliche Medizinaluntersuchungsanstalt, MedUA'')<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. L’Office d’État d’analyses médico-sanitaires est réouvert, pour des raisons de surveillance épidémique, dès le 19 août 1940. Jusqu’au 30 septembre 1940, l’Office est rattaché aux cliniques universitaires (''Bürgerspital''). Le 1er octobre 1940, le chef de l’administration civile détache l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires de l’hôpital et de l’université pour l’intégrer directement au ministère de l’intérieur de l’administration civile. Cette réglementation donne une certaine indépendance à son directeur, d’abord intérimaire, Fréderic/Friedrich Trensz. Nous reviendrons sur cette spécificité plus loin<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.




==Médecin en Alsace annexée==
==Médecin en Alsace annexée==


Le 12 octobre 1940, alors qu’une partie de la population et des enseignants de l’université (française) de Strasbourg sont revenus en Alsace, le chargé d’affaires Ernst Anrich et le doyen Johannes Stein transmettent au docteur Ludwig Benmann, ''SS-Obersturmbannführer'', du service de sécurité de la ''NSDAP'' (''Sicherheitsdienst, SD''), une liste révisée qui contient désormais 36 noms de médecins alsaciens pour examen de leur attitude politique antérieure (''politische Überprüfung'') et de leur aptitude à servir l’institution allemande . Parmi les neuf professeurs (''Ordinarien''), huit chargés de cours (''Extraordinarien'') et dix-neuf chefs de clinique (''Ober- u. Assistenzärzte'') figure Frédéric/Friedrich Trensz (chef de clinique en bactériologie) .
Le 12 octobre 1940, alors qu’une partie de la population et des enseignants de l’université (française) de Strasbourg sont revenus en Alsace, le chargé d’affaires Ernst Anrich et le doyen Johannes Stein transmettent au docteur Ludwig Benmann, ''SS-Obersturmbannführer'', du service de sécurité de la ''NSDAP'' (''Sicherheitsdienst, SD''), une liste révisée qui contient désormais 36 noms de médecins alsaciens pour examen de leur attitude politique antérieure (''politische Überprüfung'') et de leur aptitude à servir l’institution allemande<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Parmi les neuf professeurs (''Ordinarien''), huit chargés de cours (''Extraordinarien'') et dix-neuf chefs de clinique (''Ober- u. Assistenzärzte'') figure Frédéric/Friedrich Trensz (chef de clinique en bactériologie)<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.


Les premières évaluations des médecins alsaciens par l’administration civile, le ''Reichsministerium für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung'' (''REM'', ministère de la Science, de l’Éducation et de la Formation populaire du ''Reich'') et les responsables de la faculté de médecine de la ''RUS'' s’échelonnent entre octobre 1940 et août 1941. Les évaluations des plus diplômés, par exemple des professeurs [[Alfred Schwartz]] et [[Adolphe Jung]] (professeur agrégé), datent de 1940 alors que les moins avancés dans leur carrière, [[Auguste Gunsett]] (chargé de cours), Friedrich/Frdéric Trensz (chef de laboratoire) et [[Charles Apffel]] (chef de clinique), sont évalués seulement en 1941. Ce sont les priorités de la faculté qui se préoccupe d’abord du recrutement des professeurs, qui semblent s’exprimer ici. L’évaluation de Friedrich/Frédéric Trensz montre qu’en juin 1941 il est déjà activement engagé dans l’''Opferring'', l’une des premières organisations nationales-socialistes en Alsace, alors que d’autres comme [[Adolphe Jung]] se tiennent à distance de ces organisations. Par conséquent, dans la conclusion de son évaluation, cette adhésion lui vaut la mention « favorable à la cause nazie » et son employabilité est qualifiée de non problématique et « sans avis contraire ». Ces évaluations reflètent (uniquement) l’avis des autorités allemandes sur le positionnement de Trensz. Une deuxième appréciation du ''SD'' en mars 1943 confirme son adhésion à la cause nationale-socialiste par son entrée dans le ''NSDAP'' le 1er février 1942 et son appartenance au collège des enseignants nationaaux-socialistes (''NS-Dozentenbund'') conditionnant favorablement ses possibilités d’emploi par le régime.  
Les premières évaluations des médecins alsaciens par l’administration civile, le ''Reichsministerium für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung'' (''REM'', ministère de la Science, de l’Éducation et de la Formation populaire du ''Reich'') et les responsables de la faculté de médecine de la ''RUS'' s’échelonnent entre octobre 1940 et août 1941. Les évaluations des plus diplômés, par exemple des professeurs [[Alfred Schwartz]] et [[Adolphe Jung]] (professeur agrégé), datent de 1940 alors que les moins avancés dans leur carrière, [[Auguste Gunsett]] (chargé de cours), Friedrich/Frdéric Trensz (chef de laboratoire) et [[Charles Apffel]] (chef de clinique), sont évalués seulement en 1941. Ce sont les priorités de la faculté qui se préoccupe d’abord du recrutement des professeurs, qui semblent s’exprimer ici. L’évaluation de Friedrich/Frédéric Trensz montre qu’en juin 1941 il est déjà activement engagé dans l’''Opferring'', l’une des premières organisations nationales-socialistes en Alsace, alors que d’autres comme [[Adolphe Jung]] se tiennent à distance de ces organisations. Par conséquent, dans la conclusion de son évaluation, cette adhésion lui vaut la mention « favorable à la cause nazie » et son employabilité est qualifiée de non problématique et « sans avis contraire ». Ces évaluations reflètent (uniquement) l’avis des autorités allemandes sur le positionnement de Trensz. Une deuxième appréciation du ''SD'' en mars 1943 confirme son adhésion à la cause nationale-socialiste par son entrée dans le ''NSDAP'' le 1er février 1942 et son appartenance au collège des enseignants nationaaux-socialistes (''NS-Dozentenbund'') conditionnant favorablement ses possibilités d’emploi par le régime.  
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Pour Frédéric/Friedrich Trensz qui poursuit sa volonté d’intégration à la ''MFRUS'', il est nécessaire de remplir clairement les critères fixés par [[Ernst Anrich]], [[Johannes Stein]] et le ministère de l’Enseignement et de la Recherche allemand. La nomination comme professeur ordinaire ou extraordinaire ainsi que la fonction de ''Dozent'' (droit d’enseigner à l’université) nécessitent en principe l’obtention préalable de la nationalité allemande, étant donné qu’il s’agit de postes de fonctionnaire, et la validation d’une habilitation pour accéder à la fonction d’enseignant universitaire. Cette règle ne s’applique pas pour la nomination comme professeur honoraire. L’obtention d’une habilitation requiert la reconnaissance préalable des acquis universitaires non allemands autorisée par le REM depuis mars 1941, et la rédaction d’une thèse d’habilitation.
Pour Frédéric/Friedrich Trensz qui poursuit sa volonté d’intégration à la ''MFRUS'', il est nécessaire de remplir clairement les critères fixés par [[Ernst Anrich]], [[Johannes Stein]] et le ministère de l’Enseignement et de la Recherche allemand. La nomination comme professeur ordinaire ou extraordinaire ainsi que la fonction de ''Dozent'' (droit d’enseigner à l’université) nécessitent en principe l’obtention préalable de la nationalité allemande, étant donné qu’il s’agit de postes de fonctionnaire, et la validation d’une habilitation pour accéder à la fonction d’enseignant universitaire. Cette règle ne s’applique pas pour la nomination comme professeur honoraire. L’obtention d’une habilitation requiert la reconnaissance préalable des acquis universitaires non allemands autorisée par le REM depuis mars 1941, et la rédaction d’une thèse d’habilitation.


En août 1942, un décret autorise les « Allemands de souche des territoires de l’Ouest » (''Volksdeutsche der Westgebiete'')  à faire simplement leur demande de nationalité allemande. Seule cette naturalisation (''Einbürgerung'') permet l’intégration définitive comme fonctionnaire. Frédéric/Friedrich Trensz s’engage dans cette voie. Il fait sa demande en 1942 et devient ensuite ''Dozent'', c’est-à-dire enseignant titulaire de la RUS.
En août 1942, un décret autorise les « Allemands de souche des territoires de l’Ouest » (''Volksdeutsche der Westgebiete'')<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>  à faire simplement leur demande de nationalité allemande. Seule cette naturalisation (''Einbürgerung'') permet l’intégration définitive comme fonctionnaire. Frédéric/Friedrich Trensz s’engage dans cette voie. Il fait sa demande en 1942 et devient ensuite ''Dozent'', c’est-à-dire enseignant titulaire de la RUS.


Dans un rapport secret du 28 novembre 1941 au chef de l’administration civile Robert Wagner concernant « l’affaire [[Apffel]] et [[Jung]] », le doyen [[Johannes Stein]] conclut :
Dans un rapport secret du 28 novembre 1941 au chef de l’administration civile Robert Wagner concernant « l’affaire [[Apffel]] et [[Jung]] », le doyen [[Johannes Stein]] conclut :


« Les médecins âgés qui sont encore présents à l’hôpital civil prendront peut-être le même chemin [de la démission volontaire]. Mais il ne s’en trouve parmi eux aucun qui soit particulièrement qualifié. Il s’agit surtout d’assistants surannés, de bien plus de cinquante ans qui n’étaient pas ''Dozent'' et de ce fait ne pourront jamais occuper une fonction d’''Oberarzt''. Les docteurs Trensz et Heintz constituent une exception louable. Ils se sont mis entièrement au service de la cause, dans un bon esprit allemand. Tous deux font preuve d’un talent exceptionnel et j’essaierai par tous les moyens de les maintenir à leur poste à l’université. J’ai demandé la nomination immédiate du Dr Trensz au poste de chargé de cours et j’ai demandé au Dr Heintz de passer immédiatement son habilitation. J’espère que ce sera bientôt le cas . »
« Les médecins âgés qui sont encore présents à l’hôpital civil prendront peut-être le même chemin [de la démission volontaire]. Mais il ne s’en trouve parmi eux aucun qui soit particulièrement qualifié. Il s’agit surtout d’assistants surannés, de bien plus de cinquante ans qui n’étaient pas ''Dozent'' et de ce fait ne pourront jamais occuper une fonction d’''Oberarzt''. Les docteurs Trensz et Heintz constituent une exception louable. Ils se sont mis entièrement au service de la cause, dans un bon esprit allemand. Tous deux font preuve d’un talent exceptionnel et j’essaierai par tous les moyens de les maintenir à leur poste à l’université. J’ai demandé la nomination immédiate du Dr Trensz au poste de chargé de cours et j’ai demandé au Dr Heintz de passer immédiatement son habilitation. J’espère que ce sera bientôt le cas<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. »


Protégé par [[Ernst Anrich]] et soutenu par [[Johannes Stein]], Trensz, qui est revenu en Alsace depuis Paris, est cependant considéré avec davantage de circonspection par le ''REM''. Le ''SD'' ne dispose pas de renseignements concernant son attitude avant 1940. Dans un premier temps il n’obtient pas sa ''venia legendi'' (droit d’enseigner) et doit d’abord produire une qualification adéquate sous forme d’une habilitation. Contrairement à d’autres médecins alsaciens, Frédéric/Friedrich Trensz persévère dans son engagement en faveur du national-socialisme.
Protégé par [[Ernst Anrich]] et soutenu par [[Johannes Stein]], Trensz, qui est revenu en Alsace depuis Paris, est cependant considéré avec davantage de circonspection par le ''REM''. Le ''SD'' ne dispose pas de renseignements concernant son attitude avant 1940. Dans un premier temps il n’obtient pas sa ''venia legendi'' (droit d’enseigner) et doit d’abord produire une qualification adéquate sous forme d’une habilitation. Contrairement à d’autres médecins alsaciens, Frédéric/Friedrich Trensz persévère dans son engagement en faveur du national-socialisme.
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Devant le refus du ''REM'' de lui octroyer une charge de cours, Trensz remplit successivement toutes les conditions posées par le ministère et l’administration civile. Il prépare son habilitation sous la direction de [[Johannes Stein]] et l’obtient le 16 janvier 1942.
Devant le refus du ''REM'' de lui octroyer une charge de cours, Trensz remplit successivement toutes les conditions posées par le ministère et l’administration civile. Il prépare son habilitation sous la direction de [[Johannes Stein]] et l’obtient le 16 janvier 1942.


Après son entrée rapide à l’''Opferring'', il adhère, le 1er février 1942, au ''NSDAP'' sous le matricule 8 733 311. Enfin, le 17 février 1943, il obtient, à sa demande, la nationalité allemande. Il remplit désormais toutes les conditions requises pour s’assurer une position permanente comme fonctionnaire allemand et comme enseignant titulaire à la ''MFRUS''. Il est engagé dans la ligue des enseignants nationaux-socialistes (''NSDDB'') et son épouse Marguerite est membre de la ''NS-Frauenschaft''. À partir du semestre d’été 1942, il est admis comme ''Dozent'' et dispense un cours sur les maladies et l’hygiène tropicales jusqu’à la fermeture de la ''MFRUS'' . Le 22 janvier 1944, il devient définitivement directeur de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires et le terme « faisant fonction de » disparaît de son dossier pour laisser la place au titre d’''Obermedizinalrat'' (Conseiller Médical Supérieur). Parmi les médecins alsaciens revenus, Trensz est clairement parmi ceux qui « réussissent » le mieux leur insertion dans l’appareil politique national-socialiste puisqu’il obtient un poste véritable et non pas subalterne dans la ''MFRUS''. Du 1er juillet au 30 septembre 1944, il bénéficie d’un financement de recherche par le ''Reichsforschungsrat'' (Conseil de la recherche du Reich) accordé sur avis du directeur de la section « Recherches sur le cancer » Kurt Blome pour un projet qui a pour titre ''Influence des produits du métabolisme bactérien sur la croissance cancérigène'' . Son intégration se parachève par sa proposition comme professeur hors cadre (''außerplanmäßiger Professor'') en juin 1944, nomination qui est finalement validée en date du 23 novembre 1944, le jour de la libération de Strasbourg.
Après son entrée rapide à l’''Opferring'', il adhère, le 1er février 1942, au ''NSDAP'' sous le matricule 8 733 311. Enfin, le 17 février 1943, il obtient, à sa demande, la nationalité allemande. Il remplit désormais toutes les conditions requises pour s’assurer une position permanente comme fonctionnaire allemand et comme enseignant titulaire à la ''MFRUS''. Il est engagé dans la ligue des enseignants nationaux-socialistes (''NSDDB'') et son épouse Marguerite est membre de la ''NS-Frauenschaft''. À partir du semestre d’été 1942, il est admis comme ''Dozent'' et dispense un cours sur les maladies et l’hygiène tropicales jusqu’à la fermeture de la ''MFRUS''<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Le 22 janvier 1944, il devient définitivement directeur de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires et le terme « faisant fonction de » disparaît de son dossier pour laisser la place au titre d’''Obermedizinalrat'' (Conseiller Médical Supérieur). Parmi les médecins alsaciens revenus, Trensz est clairement parmi ceux qui « réussissent » le mieux leur insertion dans l’appareil politique national-socialiste puisqu’il obtient un poste véritable et non pas subalterne dans la ''MFRUS''. Du 1er juillet au 30 septembre 1944, il bénéficie d’un financement de recherche par le ''Reichsforschungsrat'' (Conseil de la recherche du Reich) accordé sur avis du directeur de la section « Recherches sur le cancer » Kurt Blome pour un projet qui a pour titre ''Influence des produits du métabolisme bactérien sur la croissance cancérigène''<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Son intégration se parachève par sa proposition comme professeur hors cadre (''außerplanmäßiger Professor'') en juin 1944, nomination qui est finalement validée en date du 23 novembre 1944, le jour de la libération de Strasbourg.


La liste des employés alsaciens des instituts de recherche et des cliniques universitaires de la ''MFRUS'' comporte au moins 92 médecins, enseignants et chercheurs pour la période 1941-44. Cela correspond à 40 % de l’ensemble du corps des enseignants-chercheurs de la ''MFRUS'' (92 Alsaciens sur un total de 230). Parmi les étudiants inscrits à la ''MFRUS'', on trouve, pour le semestre d’été 1943, 42 % d’Alsaciens et au semestre d’hiver 1943/44, 54,5 %. Par ailleurs, parmi les 292 thèses de médecine soutenues 28 (9,6 %) l’ont été par des médecins nés en Alsace . Ainsi, le pourcentage de collaborateurs alsaciens à la ''MFRUS'' correspond sensiblement à celui des étudiants de la faculté. Loin d’indiquer une participation « rare » des personnes « alsaciennes », on constate que ce pourcentage correspond à une part significative de la ''MFRUS''. Le comportement de ces Alsaciensvarie largement d’une franche résistance et d’une désillusion après un engagement en faveur du national-socialisme à un opportunisme voire un alignement ou une véritable collaboration. Dans cet éventail de comportements, Frédéric/ Friedrich Trensz se situe clairement dans un groupe de personnes qui non seulement suit le mouvement mais y participe activement. Il se met au service des Allemands et est nommé, dès septembre 1940, directeur par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires. Ainsi, Frédéric/ Friedrich Trensz occupe son poste bien avant la nomination du professeur d’hygiène et de bactériologie Eugène Haagen qui est nommé à Strasbourg seulement le 10 octobre 1941, soit un an après l’arrivée de Trensz. Bien que sa nomination soit acquise, la position de Eugen Haagen reste débattue par le l’Organisation Allemande Nationale-Socialiste des Professeurs et la confirmation définitive dans son poste n’est annoncée qu’en décembre 1943 . Cette nomination définitive ainsi que la promotion de Frédéric/ Friedrich Trensz, le 22 janvier 1944, comme directeur de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires et ''Obermedizinalrat'' mènent début 1944 à une dispute hiérarchique et financière entre Haagen et Trensz. Dans les locaux de l’Institut de bactériologie et d’hygiène de la ''MFRUS'', l’Office est administrativement indépendant de ce dernier. S’il partage ses locaux avec l’institut universitaire d’hygiène et de bactériologie, son directeur, Friedrich / Frédéric Trensz, n’est que partiellement sous les ordres du titulaire de la chaire de bactériologie et d’hygiène, Eugen Haagen.  
La liste des employés alsaciens des instituts de recherche et des cliniques universitaires de la ''MFRUS'' comporte au moins 92 médecins, enseignants et chercheurs pour la période 1941-44. Cela correspond à 40 % de l’ensemble du corps des enseignants-chercheurs de la ''MFRUS'' (92 Alsaciens sur un total de 230). Parmi les étudiants inscrits à la ''MFRUS'', on trouve, pour le semestre d’été 1943, 42 % d’Alsaciens et au semestre d’hiver 1943/44, 54,5 %. Par ailleurs, parmi les 292 thèses de médecine soutenues 28 (9,6 %) l’ont été par des médecins nés en Alsace <ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Ainsi, le pourcentage de collaborateurs alsaciens à la ''MFRUS'' correspond sensiblement à celui des étudiants de la faculté. Loin d’indiquer une participation « rare » des personnes « alsaciennes », on constate que ce pourcentage correspond à une part significative de la ''MFRUS''. Le comportement de ces Alsaciensvarie largement d’une franche résistance et d’une désillusion après un engagement en faveur du national-socialisme à un opportunisme voire un alignement ou une véritable collaboration. Dans cet éventail de comportements, Frédéric/ Friedrich Trensz se situe clairement dans un groupe de personnes qui non seulement suit le mouvement mais y participe activement. Il se met au service des Allemands et est nommé, dès septembre 1940, directeur par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires. Ainsi, Frédéric/ Friedrich Trensz occupe son poste bien avant la nomination du professeur d’hygiène et de bactériologie Eugène Haagen qui est nommé à Strasbourg seulement le 10 octobre 1941, soit un an après l’arrivée de Trensz. Bien que sa nomination soit acquise, la position de Eugen Haagen reste débattue par le l’Organisation Allemande Nationale-Socialiste des Professeurs et la confirmation définitive dans son poste n’est annoncée qu’en décembre 1943<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. Cette nomination définitive ainsi que la promotion de Frédéric/ Friedrich Trensz, le 22 janvier 1944, comme directeur de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires et ''Obermedizinalrat'' mènent début 1944 à une dispute hiérarchique et financière entre Haagen et Trensz. Dans les locaux de l’Institut de bactériologie et d’hygiène de la ''MFRUS'', l’Office est administrativement indépendant de ce dernier. S’il partage ses locaux avec l’institut universitaire d’hygiène et de bactériologie, son directeur, Friedrich / Frédéric Trensz, n’est que partiellement sous les ordres du titulaire de la chaire de bactériologie et d’hygiène, Eugen Haagen.  


Dès 1941, les médecins ''SS'' du camp de Natzweiler sollicitent l’Office pour analyser régulièrement des échantillons de selles de détenus ou de gardiens dans un but de surveillance épidémiologique. Ainsi Friedrich / Frédéric Trensz est en contact régulier avec les médecins ''SS'' du ''KL-Natzweiler'' et il fait partie du réseau de médecins de la ''MFRUS'' qui entretiennent des liens multiples avec le camp dont ils connaissent non seulement l’existence mais aussi le fonctionnement et les réalités épidémiques.
Dès 1941, les médecins ''SS'' du camp de Natzweiler sollicitent l’Office pour analyser régulièrement des échantillons de selles de détenus ou de gardiens dans un but de surveillance épidémiologique. Ainsi Friedrich / Frédéric Trensz est en contact régulier avec les médecins ''SS'' du ''KL-Natzweiler'' et il fait partie du réseau de médecins de la ''MFRUS'' qui entretiennent des liens multiples avec le camp dont ils connaissent non seulement l’existence mais aussi le fonctionnement et les réalités épidémiques.
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==Après-guerre==
==Après-guerre==


Après la guerre, il devient évident que Frédéric/ Friedrich Trensz a entretenu des relations étroites avec ses supérieurs hiérarchiques de la faculté et en particulier le doyen [[Johannes Stein]] et le ''SD'' et qu’il leur a régulièrement servi d’informateur. De même, en 1948, une main lave l’autre puisque Trensz établit des certificats de bonne conduite édulcorés (''Persilschein'') pour [[Ernst Anrich]] dans le cadre de sa dénazification en octobre 1948 en Allemagne .
Après la guerre, il devient évident que Frédéric/ Friedrich Trensz a entretenu des relations étroites avec ses supérieurs hiérarchiques de la faculté et en particulier le doyen [[Johannes Stein]] et le ''SD'' et qu’il leur a régulièrement servi d’informateur. De même, en 1948, une main lave l’autre puisque Trensz établit des certificats de bonne conduite édulcorés (''Persilschein'') pour [[Ernst Anrich]] dans le cadre de sa dénazification en octobre 1948 en Allemagne<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>.


Le 22 septembre 1945, le président de la section d’épuration des médecins et conseiller à la cour d’appel de Colmar ouvre une instruction contre Frédéric/Friedrich Trensz au sujet de son attitude pendant l’occupation allemande. Le 11 mai 1946, la section d’épuration des médecins décide de proposer au ministre de la Santé publique comme sanction contre Trensz l’exclusion temporaire des fonctions universitaires, hospitalières et administratives pour une durée de 3 ans moins un jour, le même verdict que pour [[Charles Apffel]]. Le préfet et la chambre civile ne sont pas saisis de son cas.
Le 22 septembre 1945, le président de la section d’épuration des médecins et conseiller à la cour d’appel de Colmar ouvre une instruction contre Frédéric/Friedrich Trensz au sujet de son attitude pendant l’occupation allemande. Le 11 mai 1946, la section d’épuration des médecins décide de proposer au ministre de la Santé publique comme sanction contre Trensz l’exclusion temporaire des fonctions universitaires, hospitalières et administratives pour une durée de 3 ans moins un jour, le même verdict que pour [[Charles Apffel]]. Le préfet et la chambre civile ne sont pas saisis de son cas.
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Le Dr Trensz, fut cependant à même de démontrer que non seulement il n’avait commis aucun acte de caractère antinational, mais qu’il avait sans cesse agi de manière à soustraire son personnel alsacien à l’emprise de certains professeurs allemands, dont le Dr Haagen, titulaire de la chaire d’hygiène et de bactériologie, nazi acharné, qui fut poursuivi après la Libération comme criminel de guerre.
Le Dr Trensz, fut cependant à même de démontrer que non seulement il n’avait commis aucun acte de caractère antinational, mais qu’il avait sans cesse agi de manière à soustraire son personnel alsacien à l’emprise de certains professeurs allemands, dont le Dr Haagen, titulaire de la chaire d’hygiène et de bactériologie, nazi acharné, qui fut poursuivi après la Libération comme criminel de guerre.


En conclusion, il est hors de doute que le Dr Trensz donnera à l’Association de l’Hôpital du Dr Schweitzer, dont il est le Président, une orientation favorable aux intérêts français . »
En conclusion, il est hors de doute que le Dr Trensz donnera à l’Association de l’Hôpital du Dr Schweitzer, dont il est le Président, une orientation favorable aux intérêts français<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>. »


Divorcé à la fin de la guerre, Frédéric/Friedrich Trensz épouse en seconde noce, le 18 février 1950, Marieluise Hettich, née le 16 mars 1921 à Mannheim. Marieluise est venue en Alsace pendant l’occupation et a trouvé un emploi à l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires. Elle extériorise, selon un rapport des renseignements généraux en date du 22 août 1952, des sentiments pro-nazis et est membre du ''Bund deutscher Mädchen'' (Jeunes filles nationales-socialistes) depuis 1935. Elle retourne en Allemagne lors de la défaite de ce pays. Elle revient en France courant de l’année 1947 pour travailler comme bonne à tout faire chez le docteur Schoch. Le motif réel de son retour est de reprendre sa liaison avec Frédéric/Friedrich Trensz, son ex-chef. Un fils, du nom de Jean, naît de leur union, le 25 février 1952 à Strasbourg.
Divorcé à la fin de la guerre, Frédéric/Friedrich Trensz épouse en seconde noce, le 18 février 1950, Marieluise Hettich, née le 16 mars 1921 à Mannheim. Marieluise est venue en Alsace pendant l’occupation et a trouvé un emploi à l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires. Elle extériorise, selon un rapport des renseignements généraux en date du 22 août 1952, des sentiments pro-nazis et est membre du ''Bund deutscher Mädchen'' (Jeunes filles nationales-socialistes) depuis 1935. Elle retourne en Allemagne lors de la défaite de ce pays. Elle revient en France courant de l’année 1947 pour travailler comme bonne à tout faire chez le docteur Schoch. Le motif réel de son retour est de reprendre sa liaison avec Frédéric/Friedrich Trensz, son ex-chef. Un fils, du nom de Jean, naît de leur union, le 25 février 1952 à Strasbourg.


Le couple est décrit par les Renseignements généraux (RG) comme « peu communicatifs avec leur voisinage, ils vivent très retirés et ne reçoivent chez eux que quelques amis choisis, des confrères strasbourgeois, parmi lesquels des praticiens dont le comportement politique durant l’occupation a fait l’objet de critiques par la suite  ».
Le couple est décrit par les Renseignements généraux (RG) comme « peu communicatifs avec leur voisinage, ils vivent très retirés et ne reçoivent chez eux que quelques amis choisis, des confrères strasbourgeois, parmi lesquels des praticiens dont le comportement politique durant l’occupation a fait l’objet de critiques par la suite<ref name="1ac627d976216d2e102d3e07113ad86020f634f1">référence.</ref>  ».


Frédéric/Friedrich Trensz décède le 9 juillet 1990 d’un infarctus lors de vacances à Titisee-Neustadt (Allemagne).
Frédéric/Friedrich Trensz décède le 9 juillet 1990 d’un infarctus lors de vacances à Titisee-Neustadt (Allemagne).

Version du 2 mai 2022 à 10:18


Friedrich/Frédéric Trensz
Prénom Friedrich/Frédéric
Nom Trensz
Sexe masculin
Naissance 8 mai 1901[2] (Volksberg (Bas-Rhin))
Décès 9 juillet 1990
Profession du père Pasteur

These Étude sur une diarrhée épidémique à vibrions observée au Gabon (Reichsuniversität Straβburg, 1928)
Directeur de thèse Amédée Borrel
Titre Medizinalbeamter, Forscher

Spécialités Hygiene, Bakteriologie


Biographie

Naissance et formation

Frédéric/Friedrich Albert Trensz est né le 8 mai 1901 à Volksberg près de Saverne. Son père porte le même nom que lui et est pasteur à Volksberg. Il épouse Marie Hamm qui est également de confession protestante[1]. Trensz fait ses études secondaires au lycée de Bouxwiller jusqu’en 1918. Il ne participe pas à la Première Guerre mondiale. En 1919, il acquiert la nationalité française par réintégration et commence ses études supérieures à la faculté de médecine de Strasbourg de 1919 à 1924. Il travaille comme externe des hôpitaux en 1923 sous la direction du professeur Ehret en médecine interne, puis comme interne en 1924 auprès du professeur Stoltz en chirurgie. En 1925, il poursuit ses études à l’Institut Pasteur à Paris dans le domaine de la médecine et de l’hygiène tropicale. Il y obtient le diplôme de médecin colonial le 24 décembre 1925. De janvier 1926 à février 1927, il exerce à l’hôpital tropical de Lambaréné (Gabon) comme assistant d’Albert Schweitzer, un ami de ses parents avec qui il reste en contact pendant le reste de sa vie. Leur correspondance en langue allemande est régulière et s’étend de 1925 à 1962[1]. Rapatrié pour raisons de santé en 1927, il devient l’assistant de René Leriche en chirurgie et suit en même temps les cours de bactériologie d’Amédée Borrel à l’institut d’hygiène de Strasbourg où il soutient sa thèse de doctorat en médecine le 29 mai 1928 avec un travail intitulé Étude sur une diarrhée épidémique à vibrions observée au Gabon[1]. Appelé sous les drapeaux dans le courant de la même année, il est affecté, en tant que médecin sous-lieutenant, au service de santé militaire d’Alger où, après son retour à la vie civile, il devient assistant, puis en 1934 chef de laboratoire d’Edmond Sergent à l’Institut Pasteur d’Alger[1]. En 1933, il est invité par la fondation Rockefeller comme boursier à Rome où il travaille avec le professeur Missiroli. Puis il retourne à Alger. En 1938, une atteinte tuberculeuse sévère lui impose un séjour prolongé dans un sanatorium à Leysin en Suisse. À l’issue de sa cure héliothérapique, il reprend son poste à l’Institut Pasteur d’Alger avant sa mutation à Paris en 1939/40, plus particulièrement à Garches au pavillon ouvert Boivin sous la direction de Gaston Ramon où il dirige la production sérothérapique et la production de tétanos formoltioxoide[1]. C’est dans la capitale qu’il vit les évènements de l’été 1940.

Frédéric/Friedrich Trensz épouse Marguerite Rubenstrunk née le 16 novembre 1912 à Düsseldorf en Allemagne. Le couple a trois enfants dont le premier, une fille du nom d’Annemarie, naît le 7 juillet 1935 à Strasbourg.


Mobilisation et retour en Alsace

Frédéric/Friedrich Trensz n’est pas mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il arrive de son propre gré en Alsace occupée autour du 18 août 1940 avec son épouse et sa fille. Il n’est pas membre de l’université de Strasbourg mais travaille à l’institut Pasteur à Paris. Sur la recommandation du candidat pour la chaire de professeur d’hygiène, le professeur Ernst Rodenwaldt de la faculté de médecine de Heidelberg (qui ne viendra finalement pas à Strasbourg), qui connait ses travaux scientifiques antérieurs, Trensz est nommé dès son arrivée en Alsace directeur par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires (Staatliche Medizinaluntersuchungsanstalt, MedUA)[1]. L’Office d’État d’analyses médico-sanitaires est réouvert, pour des raisons de surveillance épidémique, dès le 19 août 1940. Jusqu’au 30 septembre 1940, l’Office est rattaché aux cliniques universitaires (Bürgerspital). Le 1er octobre 1940, le chef de l’administration civile détache l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires de l’hôpital et de l’université pour l’intégrer directement au ministère de l’intérieur de l’administration civile. Cette réglementation donne une certaine indépendance à son directeur, d’abord intérimaire, Fréderic/Friedrich Trensz. Nous reviendrons sur cette spécificité plus loin[1].


Médecin en Alsace annexée

Le 12 octobre 1940, alors qu’une partie de la population et des enseignants de l’université (française) de Strasbourg sont revenus en Alsace, le chargé d’affaires Ernst Anrich et le doyen Johannes Stein transmettent au docteur Ludwig Benmann, SS-Obersturmbannführer, du service de sécurité de la NSDAP (Sicherheitsdienst, SD), une liste révisée qui contient désormais 36 noms de médecins alsaciens pour examen de leur attitude politique antérieure (politische Überprüfung) et de leur aptitude à servir l’institution allemande[1]. Parmi les neuf professeurs (Ordinarien), huit chargés de cours (Extraordinarien) et dix-neuf chefs de clinique (Ober- u. Assistenzärzte) figure Frédéric/Friedrich Trensz (chef de clinique en bactériologie)[1].

Les premières évaluations des médecins alsaciens par l’administration civile, le Reichsministerium für Wissenschaft, Erziehung und Volksbildung (REM, ministère de la Science, de l’Éducation et de la Formation populaire du Reich) et les responsables de la faculté de médecine de la RUS s’échelonnent entre octobre 1940 et août 1941. Les évaluations des plus diplômés, par exemple des professeurs Alfred Schwartz et Adolphe Jung (professeur agrégé), datent de 1940 alors que les moins avancés dans leur carrière, Auguste Gunsett (chargé de cours), Friedrich/Frdéric Trensz (chef de laboratoire) et Charles Apffel (chef de clinique), sont évalués seulement en 1941. Ce sont les priorités de la faculté qui se préoccupe d’abord du recrutement des professeurs, qui semblent s’exprimer ici. L’évaluation de Friedrich/Frédéric Trensz montre qu’en juin 1941 il est déjà activement engagé dans l’Opferring, l’une des premières organisations nationales-socialistes en Alsace, alors que d’autres comme Adolphe Jung se tiennent à distance de ces organisations. Par conséquent, dans la conclusion de son évaluation, cette adhésion lui vaut la mention « favorable à la cause nazie » et son employabilité est qualifiée de non problématique et « sans avis contraire ». Ces évaluations reflètent (uniquement) l’avis des autorités allemandes sur le positionnement de Trensz. Une deuxième appréciation du SD en mars 1943 confirme son adhésion à la cause nationale-socialiste par son entrée dans le NSDAP le 1er février 1942 et son appartenance au collège des enseignants nationaaux-socialistes (NS-Dozentenbund) conditionnant favorablement ses possibilités d’emploi par le régime.

Pour Frédéric/Friedrich Trensz qui poursuit sa volonté d’intégration à la MFRUS, il est nécessaire de remplir clairement les critères fixés par Ernst Anrich, Johannes Stein et le ministère de l’Enseignement et de la Recherche allemand. La nomination comme professeur ordinaire ou extraordinaire ainsi que la fonction de Dozent (droit d’enseigner à l’université) nécessitent en principe l’obtention préalable de la nationalité allemande, étant donné qu’il s’agit de postes de fonctionnaire, et la validation d’une habilitation pour accéder à la fonction d’enseignant universitaire. Cette règle ne s’applique pas pour la nomination comme professeur honoraire. L’obtention d’une habilitation requiert la reconnaissance préalable des acquis universitaires non allemands autorisée par le REM depuis mars 1941, et la rédaction d’une thèse d’habilitation.

En août 1942, un décret autorise les « Allemands de souche des territoires de l’Ouest » (Volksdeutsche der Westgebiete)[1]  à faire simplement leur demande de nationalité allemande. Seule cette naturalisation (Einbürgerung) permet l’intégration définitive comme fonctionnaire. Frédéric/Friedrich Trensz s’engage dans cette voie. Il fait sa demande en 1942 et devient ensuite Dozent, c’est-à-dire enseignant titulaire de la RUS.

Dans un rapport secret du 28 novembre 1941 au chef de l’administration civile Robert Wagner concernant « l’affaire Apffel et Jung », le doyen Johannes Stein conclut :

« Les médecins âgés qui sont encore présents à l’hôpital civil prendront peut-être le même chemin [de la démission volontaire]. Mais il ne s’en trouve parmi eux aucun qui soit particulièrement qualifié. Il s’agit surtout d’assistants surannés, de bien plus de cinquante ans qui n’étaient pas Dozent et de ce fait ne pourront jamais occuper une fonction d’Oberarzt. Les docteurs Trensz et Heintz constituent une exception louable. Ils se sont mis entièrement au service de la cause, dans un bon esprit allemand. Tous deux font preuve d’un talent exceptionnel et j’essaierai par tous les moyens de les maintenir à leur poste à l’université. J’ai demandé la nomination immédiate du Dr Trensz au poste de chargé de cours et j’ai demandé au Dr Heintz de passer immédiatement son habilitation. J’espère que ce sera bientôt le cas[1]. »

Protégé par Ernst Anrich et soutenu par Johannes Stein, Trensz, qui est revenu en Alsace depuis Paris, est cependant considéré avec davantage de circonspection par le REM. Le SD ne dispose pas de renseignements concernant son attitude avant 1940. Dans un premier temps il n’obtient pas sa venia legendi (droit d’enseigner) et doit d’abord produire une qualification adéquate sous forme d’une habilitation. Contrairement à d’autres médecins alsaciens, Frédéric/Friedrich Trensz persévère dans son engagement en faveur du national-socialisme.

Une note des renseignements généraux du 13 juillet 1951 précise le parcours de Trensz entre 1940 et 1944. Dès son arrivée en Alsace le 18 août 1940, il est nommé directeur de l’office racial (Leiter des Amts Rassenhygiene) et médecin chef par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires (Staatliche Medizinaluntersuchungsanstalt, l’ancien laboratoire régional de bactériologie).

Devant le refus du REM de lui octroyer une charge de cours, Trensz remplit successivement toutes les conditions posées par le ministère et l’administration civile. Il prépare son habilitation sous la direction de Johannes Stein et l’obtient le 16 janvier 1942.

Après son entrée rapide à l’Opferring, il adhère, le 1er février 1942, au NSDAP sous le matricule 8 733 311. Enfin, le 17 février 1943, il obtient, à sa demande, la nationalité allemande. Il remplit désormais toutes les conditions requises pour s’assurer une position permanente comme fonctionnaire allemand et comme enseignant titulaire à la MFRUS. Il est engagé dans la ligue des enseignants nationaux-socialistes (NSDDB) et son épouse Marguerite est membre de la NS-Frauenschaft. À partir du semestre d’été 1942, il est admis comme Dozent et dispense un cours sur les maladies et l’hygiène tropicales jusqu’à la fermeture de la MFRUS[1]. Le 22 janvier 1944, il devient définitivement directeur de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires et le terme « faisant fonction de » disparaît de son dossier pour laisser la place au titre d’Obermedizinalrat (Conseiller Médical Supérieur). Parmi les médecins alsaciens revenus, Trensz est clairement parmi ceux qui « réussissent » le mieux leur insertion dans l’appareil politique national-socialiste puisqu’il obtient un poste véritable et non pas subalterne dans la MFRUS. Du 1er juillet au 30 septembre 1944, il bénéficie d’un financement de recherche par le Reichsforschungsrat (Conseil de la recherche du Reich) accordé sur avis du directeur de la section « Recherches sur le cancer » Kurt Blome pour un projet qui a pour titre Influence des produits du métabolisme bactérien sur la croissance cancérigène[1]. Son intégration se parachève par sa proposition comme professeur hors cadre (außerplanmäßiger Professor) en juin 1944, nomination qui est finalement validée en date du 23 novembre 1944, le jour de la libération de Strasbourg.

La liste des employés alsaciens des instituts de recherche et des cliniques universitaires de la MFRUS comporte au moins 92 médecins, enseignants et chercheurs pour la période 1941-44. Cela correspond à 40 % de l’ensemble du corps des enseignants-chercheurs de la MFRUS (92 Alsaciens sur un total de 230). Parmi les étudiants inscrits à la MFRUS, on trouve, pour le semestre d’été 1943, 42 % d’Alsaciens et au semestre d’hiver 1943/44, 54,5 %. Par ailleurs, parmi les 292 thèses de médecine soutenues 28 (9,6 %) l’ont été par des médecins nés en Alsace [1]. Ainsi, le pourcentage de collaborateurs alsaciens à la MFRUS correspond sensiblement à celui des étudiants de la faculté. Loin d’indiquer une participation « rare » des personnes « alsaciennes », on constate que ce pourcentage correspond à une part significative de la MFRUS. Le comportement de ces Alsaciensvarie largement d’une franche résistance et d’une désillusion après un engagement en faveur du national-socialisme à un opportunisme voire un alignement ou une véritable collaboration. Dans cet éventail de comportements, Frédéric/ Friedrich Trensz se situe clairement dans un groupe de personnes qui non seulement suit le mouvement mais y participe activement. Il se met au service des Allemands et est nommé, dès septembre 1940, directeur par intérim de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires. Ainsi, Frédéric/ Friedrich Trensz occupe son poste bien avant la nomination du professeur d’hygiène et de bactériologie Eugène Haagen qui est nommé à Strasbourg seulement le 10 octobre 1941, soit un an après l’arrivée de Trensz. Bien que sa nomination soit acquise, la position de Eugen Haagen reste débattue par le l’Organisation Allemande Nationale-Socialiste des Professeurs et la confirmation définitive dans son poste n’est annoncée qu’en décembre 1943[1]. Cette nomination définitive ainsi que la promotion de Frédéric/ Friedrich Trensz, le 22 janvier 1944, comme directeur de l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires et Obermedizinalrat mènent début 1944 à une dispute hiérarchique et financière entre Haagen et Trensz. Dans les locaux de l’Institut de bactériologie et d’hygiène de la MFRUS, l’Office est administrativement indépendant de ce dernier. S’il partage ses locaux avec l’institut universitaire d’hygiène et de bactériologie, son directeur, Friedrich / Frédéric Trensz, n’est que partiellement sous les ordres du titulaire de la chaire de bactériologie et d’hygiène, Eugen Haagen.

Dès 1941, les médecins SS du camp de Natzweiler sollicitent l’Office pour analyser régulièrement des échantillons de selles de détenus ou de gardiens dans un but de surveillance épidémiologique. Ainsi Friedrich / Frédéric Trensz est en contact régulier avec les médecins SS du KL-Natzweiler et il fait partie du réseau de médecins de la MFRUS qui entretiennent des liens multiples avec le camp dont ils connaissent non seulement l’existence mais aussi le fonctionnement et les réalités épidémiques.


Après-guerre

Après la guerre, il devient évident que Frédéric/ Friedrich Trensz a entretenu des relations étroites avec ses supérieurs hiérarchiques de la faculté et en particulier le doyen Johannes Stein et le SD et qu’il leur a régulièrement servi d’informateur. De même, en 1948, une main lave l’autre puisque Trensz établit des certificats de bonne conduite édulcorés (Persilschein) pour Ernst Anrich dans le cadre de sa dénazification en octobre 1948 en Allemagne[1].

Le 22 septembre 1945, le président de la section d’épuration des médecins et conseiller à la cour d’appel de Colmar ouvre une instruction contre Frédéric/Friedrich Trensz au sujet de son attitude pendant l’occupation allemande. Le 11 mai 1946, la section d’épuration des médecins décide de proposer au ministre de la Santé publique comme sanction contre Trensz l’exclusion temporaire des fonctions universitaires, hospitalières et administratives pour une durée de 3 ans moins un jour, le même verdict que pour Charles Apffel. Le préfet et la chambre civile ne sont pas saisis de son cas.

En 1945, ayant quitté l’Alsace, Trensz entre comme chef de service à l’institut prophylactique, rue d’Assas à Paris. Il complète sa formation en 1947 à la faculté de médecine de Paris par un certificat d’études supérieures d’hématologie et de parasitologie. En 1948, il ouvre à la clinique Sainte-Barbe, rue du Faubourg national à Strasbourg, un laboratoire de biologie et d’analyses médicales qui emploie environ 125 médecins, laborantines et autres employés en 1966, et qui compte parmi les plus importants de l’Est de la France. Spécialiste réputé en biologie, hématologie et parasitologie et membre de différentes sociétés savantes, Trensz poursuit aussi des travaux de recherche dans son laboratoire privé. Au début des années 1960, l’Organisation mondiale de la santé lui confie une mission officielle en Roumanie ayant pour but l’enseignement de certaines techniques en sérologie. En 1966, Trensz est titulaire d’une médaille de bronze et d’argent des épidémies du ministère de la Guerre, de la médaille de bronze de l’Académie de médecine et lauréat du prix Montajou de médecine et de chirurgie de l’Académie de médecine pour l’ensemble de ses travaux de sérologie palustre. Une note des renseignements généraux datée du 15 juillet 1966 conclut :

« Néanmoins, au lendemain de la dernière guerre, certains de ses confrères lui reprochèrent, à tort ou à raison, ce conformisme excessif, selon eux, dont il avait fait preuve à l’égard des autorités occupantes.

Le Dr Trensz, fut cependant à même de démontrer que non seulement il n’avait commis aucun acte de caractère antinational, mais qu’il avait sans cesse agi de manière à soustraire son personnel alsacien à l’emprise de certains professeurs allemands, dont le Dr Haagen, titulaire de la chaire d’hygiène et de bactériologie, nazi acharné, qui fut poursuivi après la Libération comme criminel de guerre.

En conclusion, il est hors de doute que le Dr Trensz donnera à l’Association de l’Hôpital du Dr Schweitzer, dont il est le Président, une orientation favorable aux intérêts français[1]. »

Divorcé à la fin de la guerre, Frédéric/Friedrich Trensz épouse en seconde noce, le 18 février 1950, Marieluise Hettich, née le 16 mars 1921 à Mannheim. Marieluise est venue en Alsace pendant l’occupation et a trouvé un emploi à l’Office d’État d’analyses médico-sanitaires. Elle extériorise, selon un rapport des renseignements généraux en date du 22 août 1952, des sentiments pro-nazis et est membre du Bund deutscher Mädchen (Jeunes filles nationales-socialistes) depuis 1935. Elle retourne en Allemagne lors de la défaite de ce pays. Elle revient en France courant de l’année 1947 pour travailler comme bonne à tout faire chez le docteur Schoch. Le motif réel de son retour est de reprendre sa liaison avec Frédéric/Friedrich Trensz, son ex-chef. Un fils, du nom de Jean, naît de leur union, le 25 février 1952 à Strasbourg.

Le couple est décrit par les Renseignements généraux (RG) comme « peu communicatifs avec leur voisinage, ils vivent très retirés et ne reçoivent chez eux que quelques amis choisis, des confrères strasbourgeois, parmi lesquels des praticiens dont le comportement politique durant l’occupation a fait l’objet de critiques par la suite[1]  ».

Frédéric/Friedrich Trensz décède le 9 juillet 1990 d’un infarctus lors de vacances à Titisee-Neustadt (Allemagne).


Repères

Localisations

Nationalités

  • Alsacien (1901 - 1943)
  • Allemand (1901 - 1919)
  • Français (1919 - 1943)
  • Allemand (1943 - 1945)
  • Français (1945 - 1990)

Confessions

  • Protestant

Publications

Liens à institutions

Université de Strasbourg, UdS, 1918-1939

Faculté de médecine, UdS, 1918-1939

Hôpital Tropical de Lambaréné

Institut Pasteur de Paris

Annexe de Garches

Institut prophylactique de Paris

1901-05-08T00:00:00Z
Vie privée
Naissance
1990-07-09T00:00:00Z
Vie privée
Décès
1928-01-01T00:00:00Z
Vie privée
Thèse
1925-01-01T00:00:00Z
1925-01-01T00:00:00Z
Carrière
1925-01-01T00:00:00Z
1927-01-01T00:00:00Z
Carrière
1919-01-01T00:00:00Z
1924-01-01T00:00:00Z
Carrière
1923-01-01T00:00:00Z
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Carrière
1924-01-01T00:00:00Z
1924-01-01T00:00:00Z
Carrière
1927-01-01T00:00:00Z
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Carrière
1940-01-01T00:00:00Z
1940-01-01T00:00:00Z
Carrière
Annexe de Garches, Chef de laboratoire,
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1947-01-01T00:00:00Z
Carrière
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Références

À propos de cette page

Rédaction : ©Marquart



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  2. edTrensz, Frédéric Albert. , . https://wbis.degruyter.com/biographic-document/F346378, Page consultée le2019-02-20 00:00:00. Who's who in France 1959-1960 : Dictionnaire biographique paraissant tous les deux ans (France - Communautés et Français de l'Étranger). - 4e éd. - Paris : J. Lafitte, 1959.